En même temps, le voile du temple se déchira
en deux depuis le haut jusqu'en bas. Le Père commence
de rendre témoignage à son Fils par des miracles symboliques. Le lieu
très saint, où se trouvaient l'arche de l'alliance et le
propitiatoire, était séparé du lieu saint par un voile de trente
coudées de longueur et de quatre doigts d'épaisseur. Ce voile devait
rappeler au peuple que ce sont leurs péchés qui ont fait la séparation
entre eux et leur Dieu, et que les pécheurs ne peuvent avoir aucun
accès auprès de lui. Il était permis au seul souverain sacrificateur
d'entrer une fois l'année dans le lieu très saint, avec le sang qu'il
offrait pour les péchés. C'était une image de ce qui s'est accompli en
Golgotha. Le vrai souverain sacrificateur, Jésus-Christ, est entré
avec le sang du sacrifice de lui-même dans le sanctuaire céleste,
après avoir délivré son âme du voile de sa chair. Les pécheurs qui
étaient séparés de Dieu, ont maintenant, grâce au sang de la
réconciliation offert par le Fils de Dieu, un libre accès an lieu très
saint du ciel et au coeur paternel de Dieu. Le déchirement du voile du
temple signifie que les sacrifices de l'Ancien Testament. n'ont plus
aucune valeur, puisque le Père a accepté le sacrifice parfait, et que
le souverain sacrificateur, Jésus, peut toujours sauver ceux qui
s'approchent de Dieu par lui.
La terre trembla et les rochers
se fendirent. C'est là un témoignage de deuil et
d'honneur que le Tout-puissant fait rendre à son Fils. L'ancien et
puissant Jéhovah, le dominateur des forces de la nature, montre qu'il
vit encore. Il prêche par l'organe des pierres. Ce qu'il y a de plus
solide et de plus dur se brise à la mort de Christ ; mais les
coeurs des hommes sont plus durs que les rochers. Bien peu en furent
émus. Des sépulcres s'ouvrirent et plusieurs
des corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent ; et
étant sortis de leurs sépulcres après la résurrection, ils
entrèrent dans la sainte cité et furent vus de plusieurs personnes.
Le Prince de la vie, le vainqueur de la mort, brise les prisons de la
mort, pour montrer qu'il lui a ravi sa puissance et qu'il a mis en évidence
la vie et l'immortalité. Les os desséchés commencent à faire entendre
un bruissement qui est le langage de la grande résurrection des morts.
C'étaient des saints qui ressuscitaient, non qu'ils fussent sans
péchés, mais parce que le Saint-Esprit les avait amenés à croire au
Sauveur des pécheurs et à mettre en lui toute leur espérance. Il y en
avait certainement parmi eux qui avaient connu Jésus, qui avaient cru
en lui, et étaient morts avant lui. Ils devaient aussi être connus de
ceux dont leur résurrection était destinée à fortifier la foi. Car ce
que le mauvais riche avait souhaité pour ses frères, était arrivé à
plusieurs habitants de Jérusalem.
Et le centenier et ceux, qui
gardaient Jésus avec lui, ayant vu le tremblement de terre et tout
ce qui était arrivé, furent fort effrayés et dirent :
Certainement cet homme était juste, c'était le Fils de Dieu.
Un centurion impérial, qui est en même temps un confesseur et un
adorateur de Christ, comme cela est précieux ! Y a-t-il
aujourd'hui beaucoup de pareils officiers ? Espérons qu'il y en a
plus que nous ne le pensons. Et tout le
peuple qui s'était assemblé à ce spectacle, voyant les choses qui
étaient arrivées, s'en retournait en se frappant la poitrine.
Le merveilleux langage du Dieu tout-puissant n'avait cependant pas été
complètement oublié ; il avait agi sur les coeurs des habitants,
et les avait préparés à écouter la prédication de Pierre le jour de la
Pentecôte. Faut-il donc que les coeurs des chrétiens d'aujourd'hui
soient plus épais que le voile du temple, plus insensibles que la
terre, plus durs que les rochers, plus fermés que les sépulcres, plus
incrédules que les païens ?
Or les Juifs, de peur que les
corps ne demeurassent sur la croix le jour du Sabbat, (car c'en
était la préparation, et, ce Sabbat était un jour fort solennel)
prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes et qu'on les ôtât.
Ils ont crucifié le Seigneur de la
loi et ils ne se tiennent pas pour souillés. Maintenant ils
se montrent zélés pour la loi qui défend de laisser les corps attachés
à la croix pendant la nuit, de peur que le pays ne soit souillé
pendant la journée de la pâque sabbatique ! C'est pourquoi ils
prient Pilate de faire rompre les jambes des suppliciés et de
permettre qu'on descende leurs corps de la croix.
Les soldats vinrent donc et
rompirent les jambes au premier et ensuite de l'autre qui était
crucifié avec lui. Mais lorsqu'ils vinrent à Jésus, voyant qu'il
était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais
un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en
sortit du sang et de l'eau. Le corps de Jésus, qui
était sur le point d'être glorifié par la résurrection, ne devait plus
être maltraité ni mutilé. Le côté ouvert du Seigneur est une source
abondante, permanente et inépuisable de consolations, de forces et de
salut. Comme signe de la mort du Sauveur, son sang s'était décomposé
et l'élément aqueux s'était séparé.
Et celui qui l'a vu en a rendu
témoignage (et son témoignage est véritable, et il sait qu'il dit
vrai) afin que vous croyiez. Jean déclare, comme témoin
oculaire, que Jésus a été crucifié sous ses yeux et qu'il est mort. Et
c'est en souvenir de ce qu'il a vu sur la croix, qu'il écrit dans son
Épître : « C'est ce même Jésus, le Christ, qui est venu avec
l'eau et avec le sang : non seulement avec l'eau, mais avec l'eau
et avec le sang » (l
Jean V, 6). On a eu parfaitement raison de dire que les
sacrements de l'Eglise sont découlés du flanc ouvert de Jésus. L'eau
est celle du baptême, et le sang celui de la nouvelle alliance dans la
sainte Cène.
Or, cela arriva, afin. que cette
parole de l'Écriture fût accomplie. « Aucun de ses os ne sera
rompu. » Et ailleurs l'Écriture dit encore :
« Ils verront celui qu'ils ont percé.
Quiconque refuse de le contempler sur la croix, avec un coeur
repentant pendant le temps de grâce sera obligé de le reconnaître à
ses cicatrices lorsqu'il viendra dans son corps glorifié, avec une
grande puissance et une grande gloire. » Voici il vient sur les
nuées du ciel, et tout oeil le verra, même ceux qui l'ont percé ;
et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine en le
voyant. Oui, amen ! (Apoc.
I, 7).
Jésus mourut entre trois et quatre heures de l'après-midi, et
la loi ordonnait que les corps fussent enlevés de la croix à six
heures du soir. Et le soir étant venu, comme
c'était le jour de la préparation,
c'est-à-dire la veille du Sabbat, un homme riche, appelé Joseph,
qui était d'Arimathée, ville de Judée, et qui était sénateur,
homme de bien, et juste, qui n'avait point consenti au dessein des
autres, qui attendait aussi le règne de Dieu, qui était disciple
de Jésus, mais en secret, parce qu'il craignait les Juifs, vint
avec hardiesse vers Pilate et lui demanda le corps de Jésus pour
l'ensevelir. Lorsque Pilate eut appris par le centenier que Jésus
était déjà mort, il donna le corps à Joseph, et Joseph ayant
acheté un linceul, le descendit de la croix. Nicodème, qui au
commencement était venu de nuit vers Jésus, y vint aussi,
apportant environ cent livres d'une composition de myrrhe et
d'aloès, comme les Juifs ont accoutumé d'ensevelir.
Joseph et Nicodème étaient tous deux des hommes timides. Depuis
longtemps ils aimaient Jésus, mais leur crainte des Juifs les
empêchait de le confesser. Maintenant leur foi cachée se montre
subitement. Ils n'osèrent pas la manifester, aussi longtemps que Jésus
vivait, enseignait et faisait des miracles. Mais en ce moment où tout
est fini, où les plus forts sont tombés, où les plus fidèles se sont
éloignés de la croix pour se livrer à leur tristesse dans une solitude
silencieuse, en ce moment, ceux qui jusqu'ici avaient été craintifs,
se montrent et se déclarent publiquement pour le crucifié. Celui que
leurs coeurs aimaient, qu'ils n'ont pas confessé pendant sa vie, ils
le confessent en face du monde entier, maintenant qu'il est l'objet de
la réprobation générale.
On avait l'intention d'enterrer Jésus comme un méchant,
et d'enfouir ses os dans le sable, mais il est arrivé, comme
l'Écriture l'avait prédit, « qu'il a été avec le riche en sa
mort ». (Ésaïe
LIII, 9.) Jésus a été enrichi deux fois dans sa pauvreté,
d'abord à sa naissance, lorsque les mages d'Orient lui offrirent leur
or, puis à sa mort. Du reste, il n'avait pas un lieu où reposer sa
tête. C'est Pilate, le gouverneur païen qui livre le corps de Jésus,
puisque les Juifs l'ont rejeté. Pilate le remet aux mains d'un
sénateur Juif. C'est ainsi que les Juifs ont repoussé Jésus et que les
païens l'ont reçu. Lorsque la plénitude des païens sera entrée dans le
royaume de Dieu, alors ils le rendront aux Juifs et ainsi tout Israël
se convertira et sera sauvé.
Joseph et Nicodème n'ont pas honte des membres sanglants
du Sauveur. Ils descendirent le corps de la croix. C'était un
douloureux travail que d'arracher ces clous l'un après l'autre, afin
de dégager le corps du Crucifié. - Les péchés des enfants sont autant
de clous enfoncés dans le cercueil de leurs parents. - De même nos
péchés sont les clous qui ont attaché Jésus à la croix. Quiconque sent
cela avec honte et douleur, se joint à Joseph d'Arimathée pour les
arracher. Nous en retirons un chaque fois que, après avoir commis une
faute, nous l'arrosons des larmes de la repentance. Et lorsque cette
repentance nous porte à nous frapper la poitrine et à nous
écrier : « 0 Dieu, sois apaisé envers moi qui suis
pécheur », et que nous ouvrons les bras de notre foi pour
embrasser le Sauveur crucifié, alors nous le descendons de la croix
pour le faire habiter dans nos coeurs.
Or, il y avait un jardin au lieu
où il avait été crucifié, et dans ce jardin un sépulcre neuf que
Joseph avait fait tailler pour lui-même dans le roc, et où
personne n'avait été mis. Jésus, qui est mort pour des
péchés commis par d'autres, est inhumé dans un jardin appartenant à un
autre. Celui qui est mort pour les malfaiteurs, repose dans le tombeau
du pieux Joseph. C'est ainsi que Jésus meurt encore spirituellement
aujourd'hui dans les coeurs des méchants et repose dans les coeurs des
justes. Jésus a été déposé dans un sépulcre neuf où il se trouve
seul : c'est ainsi qu'il veut aussi tout seul occuper et remplir
nos coeurs. Il ne souffre rien d'autre à côté de lui. Du sépulcre neuf
de Joseph s'échappe un rayon de gloire qui brille sur tous nos
sépulcres. Dès lors, nos tombeaux ne sont plus les prisons de la mort,
des lieux qui remplissent d'horreur ; ce sont des semences de
résurrection, ce sont les portes de la vie éternelle.
Et les femmes qui étaient venues
de la Galilée avec Jésus, Marie-Madeleine et Marie mère de Jose,
étaient là assises vis-à-vis du sépulcre, et elles remarquèrent où
il était et comment le corps de Jésus y avait été mis.
Les femmes furent plus fidèles à Jésus que les hommes. Elles sont les
dernières au pied de la croix et au sépulcre et les premières à le
voir après sa résurrection. Joseph roula une
pierre à l'entrée du sépulcre. Et s'en étant allées, elles
préparèrent des drogues aromatiques et des parfums, et elles se
reposèrent le jour du sabbat, selon la loi. Elles
voulaient préserver le corps du Sauveur des profanations des méchants.
Si le sabbat n'eût pas été aussi rapproché, Joseph et Nicodème
l'eussent certainement transporté beaucoup plus loin pour le mettre en
sûreté ; mais à cause de la proximité du sabbat, il avait fallu
faire usage de ce sépulcre, qui était tout près du lieu du supplice.
Du moins, ils voulurent protéger ces précieux restes contre les
injures des ennemis, en fermant l'entrée du caveau par une fort grande
pierre. - Lorsque Christ fut sorti vivant du tombeau, le sabbat de
l'Ancienne-Alliance fut aboli par Dieu lui-même. Ainsi celui
qu'observèrent ces femmes était le dernier. Le peuple de Dieu célèbre
le jour de la résurrection comme le jour de repos de la
Nouvelle-Alliance.
Le jour suivant, qui était le
lendemain de la préparation du sabbat, les principaux
sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble vers Pilate et
lui dirent : Seigneur, nous nous souvenons que quand ce
séducteur vivait, il disait : Je ressusciterai le troisième
jour. Ils traitent Jésus de séducteur. Nous l'appelons,
nous, un guide qui conduit au salut. Le Christ mort leur cause
presque, plus de frayeur que le Christ vivant. Il parait maintenant
qu'ils avaient très bien compris la parole de Jésus relative à la
reconstruction du temple au bout de trois jours. Ils l'avaient donc
tordue intentionnellement pour en faire un sujet de condamnation.
Commande donc que le sépulcre
soit gardé sûrement jusqu'au troisième jour, de peur que ses
disciples ne viennent de nuit et n'enlèvent son corps, et qu'ils
ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette
dernière séduction serait pire que la première. La
parole du Seigneur était restée dans leurs coeurs comme une épine
acérée et douloureuse, puisqu'ils se demandaient : « Que
serait-ce si cela était vrai ? Que serait-ce s'il était
réellement le Messie et qu'il fût ressuscité ? Que nous
arriverait-il ? » Les ennemis actuels de la croix de Christ
ne sont pas non plus exempts de ces soucis rongeurs dans les
profondeurs de leur conscience. Ils cherchent bien à calmer cette
inquiétude de leurs coeurs ; ils regimbent contre l'aiguillon.
Mais nul ne peut parvenir à la ferme assurance que
tout l'Évangile n'est que mensonge et tromperie. Ils sont incapables
de chasser cette pensée qui revient toujours : « Cet
Évangile pourrait cependant être vrai ! »
Pilate leur dit : Vous avez
la garde : allez, et faites-le garder comme vous l'entendrez.
Les Juifs espèrent par ce moyen empêcher le Seigneur de ressusciter.
« Quelque action, disent-ils, telle qu'en commettent les
méchants, s'est attachée à lui, et celui qui est couché ne se relèvera
plus ! » Mais après que le sabbat
fut passé, comme le premier jour de la semaine commençait à luire,
il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur
descendit du ciel et vint rouler la pierre de devant l'entrée du
sépulcre ; et de la frayeur que les gardes en eurent, ils
furent tout émus et devinrent comme morts. Mais quelques-uns de
ceux de la garde vinrent en ville et rapportèrent aux principaux
sacrificateurs tout ce qui était arrivé. Cette
déposition de leurs propres témoins leur suffit à peine pour calmer
leur conscience angoissée. Alors ils
s'assemblèrent avec les sénateurs, et après qu'ils eurent
délibéré, ils donnèrent une bonne somme d'argent aux soldats et
leur dirent : Dites : Ses disciples sont venus de nuit
et ont dérobé son corps pendant que nous dormions. Et si ceci
vient à la connaissance du gouverneur, nous l'apaiserons et nous
vous tirerons de peine. Et les soldats ayant pris l'argent, firent
comme ils avaient été instruits ; et ce bruit a été divulgué
parmi les Juifs jusqu'à aujourd'hui. Ce que les Juifs
font pour empêcher la propagation de ce prétendu mensonge, Dieu s'en
sert pour établir d'autant plus fortement la vérité.
Ils ont gardé le sépulcre et scellé la pierre ! - Ce
que les Juifs font par une incrédulité hostile, nous voulons le faire
par une fidélité convaincue. Si nous avons reçu Christ dans nos
coeurs, nous voulons l'y enfermer par le sceau des sacrements, et
prier le Saint-Esprit de le garder lui-même. Le sépulcre n'a pas pu
retenir le Seigneur de gloire. Nous n'adorons pas une grandeur tombée
qui repose dans la poussière. Nous avons un Sauveur vivant.
Alléluia ! Il s'est assis à la droite
du Père. À lui soit gloire d'éternité en éternité !
Amen !
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