Les antagonismes s'accentuent de plus en plus. Les pharisiens et les
docteurs de la loi s'efforcent de persuader au peuple que Jésus
n'est pas le Christ, le Messie promis. Ils cherchent avec ardeur une
occasion de prouver publiquement que, non seulement il n'observe pas
lui-même fidèlement la loi de Dieu, mais encore qu'il enseigne ses
disciples à la violer. De son côté, le Seigneur ne cherche nullement à
dissimuler cette rupture. Il met ouvertement ses disciples en garde
contre ces aveugles, conducteurs d'aveugles, et leur adresse cet
avertissement décisif : Laissez-les. Dès ce moment, Jésus
ne réside plus en Galilée d'une manière permanente ; il se
transporte d'un lieu à l'autre, tantôt sur le bord oriental de la mer
de Tibériade, tantôt au nord-est, près de Césarée de Philippe, ou bien
au nord, vers les frontières de Tyr et de Sidon.
Alors des scribes et des
pharisiens vinrent de Jérusalem à Jésus, et lui dirent :
Pourquoi les disciples transgressent-ils la tradition des
anciens ? car ils ne se lavent point les mains, lorsqu'ils
prennent leurs repas ? Peut-être avaient-ils
entendu parler de la multiplication des pains et de l'enthousiasme que
ce miracle avait excité parmi le peuple ; et ils étaient venus de
Jérusalem pour surveiller attentivement les faits et gestes du
Seigneur. Ils virent alors que ses disciples ne se lavaient pas les
mains avant de prendre leurs repas, et transgressaient ainsi la
tradition des anciens. Les pharisiens ne se contentaient pas de la loi
de Moïse ; ils ajoutaient aux ordonnances contenues dans cette
loi, des traditions humaines, c'est-à-dire des prescriptions formulées
par leurs ancêtres. Ces prescriptions, ils les mettaient au niveau, et
même au-dessus des commandements de Dieu. Ils enseignaient que
l'observation de ces traditions rentrait dans le service de Dieu et
était indispensable pour obtenir le salut. Le Seigneur s'inscrit en
faux contre ces doctrines et renvoie leurs auteurs à la loi divine.
Des ordonnances humaines peuvent aussi être introduites
dans la forme extérieure de la vie chrétienne, mais, en ces matières,
il y a deux choses à remarquer. Premièrement, ces ordonnances ne
doivent jamais être en opposition avec la Parole de Dieu ;
secondement, il ne faut pas qu'elles oppriment la conscience,
c'est-à-dire il ne faut jamais en exiger l'observation, comme si la
vie et le salut en dépendaient. De pareilles ordonnances peuvent être
négligées par les chrétiens. D'un autre côté, le
chrétien n'a pas le droit de s'opposer à la constitution historique de
l'Église, à ses coutumes, à ses usages, parce qu'ils ne sont peut-être
pas expressément ordonnés par la Parole de Dieu. Pourvu qu'ils ne lui
soient pas opposés, on peut les laisser subsister. La coutume de se
laver les mains avant le repas, pouvait être observée comme une
salutaire discipline extérieure, comme une juste exhortation à n'user
des dons de Dieu qu'avec des mains pures. Mais comme les pharisiens
imposaient cette coutume aux consciences, et lui attribuaient la même
autorité qu'à la loi divine, le Seigneur en avait dispensé ses
disciples. Il leur répondit : Et vous,
pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre
tradition ? C'était là précisément la conduite des
pharisiens. Ils se faisaient un scrupule de faire des choses dans
lesquelles la conscience n'était nullement engagée, et ils passaient
légèrement sur celles qui auraient dû la blesser. D'abord, ils avaient
mis les traditions des hommes au niveau des commandements de Dieu, et
peu à peu ils les avaient élevées au dessus de ces commandements.
Car Dieu, a donné ce
commandement : Honore ton père et la mère, et que celui qui
maudira son père ou sa mère soit puni de mort. Mais vous
dites : Si quelqu'un dit à son père ou à sa mère : Tout
ce dont je pourrais t'assister est un don consacré à Dieu, n'est
pas coupable, quoiqu'il n'honore pas son père ou sa mère. Vous ne
lui permettez plus de rien faire pour son père ou sa mère, et
ainsi vous anéantissez le commandement de Dieu par votre tradition.
Parmi les nombreux commandements de Dieu transgressés par les
pharisiens, le Seigneur choisit le premier qui ait une promesse. Sous
ce précepte : « Honore ton père. et ta mère », sont
compris tous les secours et tous les soins que l'amour peut inspirer
aux enfants pour leurs parents. Les pharisiens enseignaient que celui
qui donne en offrande au temple tout ce qu'il a économisé, fait une
oeuvre pieuse et agréable à Dieu, plus pieuse même et plus agréable
que si, dans l'obscurité du cercle de famille, il en assistait les
auteurs de ses jours. Ils prétendaient ainsi servir Dieu, mais, en
réalité, ils supprimaient son commandement pour établir leur
tradition. Le Seigneur prononcerait le même blâme sur la conduite d'une
jeune fille qui, pour se rendre à une réunion de travail au profit des
missions, néglige de donner à sa mère les soins qu'elle lui doit. Il
agira de la même manière envers une domestique qui se montre pieuse et
humble dans une réunion, et qui est revêche et orgueilleuse dans ses
rapports avec ses maîtres. Il nous adressera le même reproche à nous
tous, si nous négligeons les devoirs de la charité, sous prétexte
qu'en les remplissant, nous sommes empêchés de vaquer à nos exercices
de piété.
Hypocrites ! Ésaïe a bien
prophétisé de vous, lorsqu'il a dit : Ce peuple s'approche de
moi de sa bouche et m'honore de ses lèvres mais leur coeur est
bien éloigné de moi ; mais ils m'honorent en vain, en
enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements
d'hommes. Tout service divin, tout acte d'adoration,
qui ne vient que des lèvres, est en abomination devant Dieu. Que
chacun s'éprouve pour savoir si la prière qu'il lit ou le cantique
qu'il chante, est bien l'expression du sentiment de son coeur, ou si
ce ne sont pas plutôt des paroles vides de pensées, dépourvues de
dévotion, de simples répétitions de prières et de cantiques, sans une
véritable élévation du coeur vers le Dieu vivant. Le coeur seul de
l'homme trouve le chemin du coeur de Dieu. C'est pourquoi il doit
toujours être. d'accord avec la bouche dans la prière et l'action de
grâces.
Et ayant appelé le peuple, il
leur dit : Écoutez et comprenez ceci : Ce n'est point ce
qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui sort de
la bouche, c'est ce qui souille l'homme. Ce que Christ
dit ici de la pureté et de la souillure, est dirigé avant tout contre
la folie des pharisiens, qui prétendaient qu'un homme peut plaire à
Dieu, par la seule action extérieure de se laver les mains. Mais ces
paroles répandent aussi une vive lumière sur toutes les prescriptions
de purification renfermées dans la loi de Moïse qui prédisaient la
vraie purification par le sang du Fils de Dieu, dans lequel elles
trouvent leur accomplissement. Ce qui fait la vraie pureté de l'homme,
ce n'est ni son activité extérieure, ni, ses habitudes morales, ni la
conduite qu'il tient vis-à-vis des hommes, mais uniquement ses
dispositions intérieures envers Dieu : l'adoration du coeur et la
soumission de la volonté. La bienséance et l'honnêteté
extérieures n'ont de valeur que si elles sont la fidèle expression de
la pureté du coeur et ont pour objet de la conserver. Lorsque les gens
grossiers se prévalent de cette parole, que rien de ce qui entre dans
la bouche ne souille l'homme, pour se livrer à l'intempérance et à
l'ivrognerie, leur jugement est écrit dans Tite
1,
15 : Leur esprit et leur
conscience sont souillés. Et ce qui les souille, ce
n'est pas ce qui entre dans leur bouche, c'est le penchant à
l'intempérance et à l'ivrognerie qui est dans leur coeur.
Alors ses disciples
s'approchant, lui dirent : N'as-tu pas remarqué que les
pharisiens ont été scandalisés, lorsqu'ils ont ouï ce
discours ? Selon les disciples, Jésus aurait bien
dû user de plus de ménagements envers les pharisiens. Mais quoique son
plaisir soit d'affermir le roseau froissé et de rallumer le lumignon
qui fume encore, cependant il lui était impossible de s'associer avec
ces hommes que le Père ne lui avait pas donnés, et qui n'étaient pas
de Dieu (Jean
VIII, 47). Les plantes que le Père n'a pas plantées doivent être
arrachées, malgré tous les ménagements et toutes les précautions. Dieu
les laisse croître dans son champ avec le froment, mais leur esprit de
contradiction prouve qu'il les a déjà jugées. L'attitude décidée que
le Seigneur prend vis-à-vis des pharisiens, et de leurs traditions,
montre clairement quel cas il faut faire des affirmations de
l'incrédulité, d'après lesquelles Jésus se serait accommodé aux
préjugés et aux superstitions de son temps. Il est vrai qu'il n'a pas
proclamé dès le commencement certaines vérités, parce que les
disciples n'étaient pas en état de les comprendre ; mais il n'est
jamais entré dans aucun accommodement. Il n'a jamais rien exprimé ni
rien répété qui ne fût fondé dans la vérité. Il n'a non plus rien
laissé passer de ce qui était en contradiction avec les salutaires
desseins de Dieu, sans le signaler et le combattre. Là où il
s'agissait de conduire les âmes dans le chemin de la paix, il n'a
jamais hésité à lutter ouvertement contre les chefs du peuple les plus
influents.
Laissez-les, ce sont des
aveugles qui conduisent des aveugles ; que si un aveugle
conduit un autre aveugle, ils tomberont tous les deux dans la
fosse. Quiconque veut suivre Jésus, doit renoncer à
toute considération humaine. Alors, c'étaient les suffrages des
pharisiens dont il ne fallait point se
soucier ; aujourd'hui, c'est de ce qu'on appelle l'opinion
publique qu'il faut s'affranchir. L'aveuglement des pharisiens n'était
pas une maladie douloureuse, qui leur arrachait des soupirs ;
c'était la suite de l'endurcissement de leur coeur. Si un pareil
aveugle veut encore montrer le chemin à un autre aveugle, ils
tomberont tous deux dans la perdition.
Répondant à Pierre, qui leur demande l'explication de
cette parole, Jésus leur dit : Vous
aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? Ne comprenez-vous
pas que tout ce qui entre dans la bouche s'en va dans le ventre et
est jeté aux lieux secrets ? Mais ce qui sort de la bouche
vient du coeur ; c'est là ce qui souille l'homme.
L'homme n'est pas souillé par ce qui passe de la bouche dans le
ventre, mais bien par ce qui, venant du coeur, sort de la bouche. Le
coeur, cette source de la vie morale, ce siège de la pensée, de la
volonté, de la sensibilité, devait être le temple du Saint-Esprit,
orné de toutes les vertus, et il est devenu le réceptacle de toutes
les abominations, car c'est du coeur que
viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les
fornications, les larcins, les faux témoignages, les blasphèmes.
Le coeur naturel ne renferme rien de bon (Rom.
VII, 8), car l'imagination du coeur des hommes est mauvaise dès
leur jeunesse (Gen.
VIII, 21). C'était là le péché originel, la source de toutes les
actions coupables. Ce sont ces choses-là qui
souillent l'homme, mais de manger sans s'être lavé les mains, cela
ne souille point l'homme. Que notre fidèle Sauveur nous
donne des coeurs qui se laissent purifier chaque jour par l'efficace
de son précieux sang !
Beaucoup de chrétiens sincères, qui se livrent chaque
jour à un sérieux examen de conscience, sentent quelquefois monter du
fond de leur coeur corrompu des pensées mauvaises, peut-être même
blasphématoires. Alors ils se demandent avec inquiétude s'ils sont
réellement reçus en grâce, et perdent ainsi le joyeux courage
nécessaire pour le combat, surtout si ces pensées les assiègent
pendant qu'ils prient ou pendant qu'ils écoutent la Parole de Dieu.
C'est à eux que s'adresse cette consolante déclaration de
Luther : « Si les oiseaux du ciel volent au-dessus de la
tête, cela ne le cause aucun dommage, et tu ne peux pas les en
empêcher. Prends seulement garde qu'ils ne fassent leur nid dans tes
cheveux. » Que les âmes ainsi tentées
s'examinent soigneusement, pour voir si elles prennent encore plaisir
à ces pensées. Si elles n'en éprouvent que du dégoût, elles peuvent
sans crainte chercher un refuge au pied de la croix de Golgotha.
Prier de coeur, se nourrir de la Parole de Dieu,
participer fréquemment au corps et au sang du Seigneur, tels sont les
meilleurs moyens de combattre de pareilles tentations. L'ennemi
darde-t-il contre nous ses traits enflammés ? opposons-lui le
bouclier de la foi et poursuivons joyeusement notre course, comme des
enfants de Dieu, rachetés par le sang de Jésus, qui ne sont en
eux-mêmes que péché et corruption, mais qui, en lui, jouissent d'une
grâce dans les profondeurs mystérieuses de laquelle les regards des
anges mêmes ne peuvent pénétrer.
Pour échapper aux embûches des pharisiens, Jésus s'était retiré
vers les frontières des contrées païennes de Tyr et de Sidon. C'est là
qu'il vit apparaître une vive lumière, après avoir jeté un coup d'oeil
dans les ténèbres du coeur des pharisiens. Une femme cananéenne devait
faire l'heureuse expérience de la puissance du Seigneur sur Satan. Étant
entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût
(Marc VII, 24). Après un travail fatigant, Jésus cherchait le silence
et la solitude ; mais il ne put être
caché, car une femme, qui venait de ces quartiers-là,
s'écria : Seigneur, fils de David, aie pitié de moi, ma fille
est misérablement tourmentée par le démon. La détresse
a tourné le coeur de cette femme vers le Sauveur. Elle avait entendu
parler de lui, et avait celle confiance qu'il pouvait et voulait la
secourir. Ce n'était pas facile. Le tentateur avait certainement
essayé de la détourner de la démarche qu'elle avait résolu de faire.
« Ne va pas à lui », lui avait-il dit sans doute. « Tu
n'appartiens pas à son peuple, il n'est pas venu pour toi. » Une
des ruses de Satan est d'inspirer de la défiance à l'égard de Jésus,
aux coeurs qui ont le plus besoin de lui. Malgré cela, cette femme se
hasarde à adresser sa prière au Sauveur.
Mais il ne lui répondit rien.
Quelle déception ! un refus catégorique, une parole dure,
n'eussent pas été aussi douloureux. Jésus se montrait partout empressé
à secourir. Ici, pas même une parole de sympathie ! Est-ce
peut-être de l'indifférence, un manque d'amour ? Oh ! non
assurément ! Il est l'amour même, quand il demande comme quand il
donne, quand il se tait comme quand il parle. Il veut, non pas
éteindre le lumignon de la foi de cette femme, mais le ranimer par son
silence. Pour l'élever à une foi plus grande, il la prend à son école.
Son silence devait humilier cette femme suppliante ; elle se
laisse humilier et au lieu de se décourager elle continue à prier.
C'est au point que les disciples en sont touchés et intercèdent pour
elle. Renvoie-la, disent-ils, car
elle crie après nous. Mais les disciples aussi reçoivent une réponse
défavorable : Je ne suis envoyé qu'aux
brebis perdues de la maison d'Israël.
Eh quoi ! Jésus n'est-il pas aussi le Sauveur des
païens ? Sans doute. Mais dans le règne de Dieu, il faut de
l'ordre. L'activité personnelle du Sauveur sur la terre devait être
limitée au peuple élu qu'il avait lui-même préparé depuis des siècles
pour le salut. C'est seulement lorsque les Juifs l'auront rejeté,
qu'il sera offert aux païens. Cependant elle continue à espérer et à
prier. Elle se prosterna en disant : Seigneur,
aide-moi ! Mais il répondit : Il
n'est pas juste de prendre le pain des enfants pour le donner aux
petits chiens. Les chiens ! leur place est
derrière la porte, car ils ne font pas partie de la famille. D'après
la loi, les chiens sont des animaux impurs. « Dehors sont les
chiens » (Apoc.
XXII, 15). Le bonheur est réservé aux enfants de la maison. Tous
les autres sont exclus ; ils restent dehors.
Ici tout semble décidément perdu ; la femme espère
cependant encore. Elle se cramponne précisément à cette dernière
parole du Sauveur. Elle ne le contredit point, et ne cherche pas à
s'élever. Mais elle dit : Il est vrai,
Seigneur ; cependant les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. Sans hésiter,
elle donne raison à Jésus. « Oui Seigneur ! » Cette
parole la sauve. Puissions-nous nous laisser instruire par elle !
C'est ainsi que plus d'un coeur soupire après la paix et en demeure
privé, sans avoir une idée de la cause de son
inquiétude. Pour l'obtenir, il faut que nous donnions raison à Dieu,
même lorsqu'il nous reproche nos péchés. La consolation n'est que pour
ceux qui se laissent reprendre. Si, aux accusations de la Parole de
Dieu, nous répondons : Non, Seigneur, je ne suis cependant pas
aussi méchant, ni aussi corrompu, ni aussi misérable que tu le dis,
nous nous privons de toute paix et de toute vraie consolation. Sans
doute ce : « Oui, Seigneur ! » est profondément
douloureux à prononcer. C'est l' « Amen » qui ratifie notre
condamnation, c'est semblable au mot de Caïn : « Mon péché
est trop grand pour pouvoir m'être pardonné. »
Apprenons encore à répéter avec cette femme :
« Les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. » Elle
vainc le Seigneur par ses propres paroles. Les chiens sont dehors et
n'ont encore aucun des droits des enfants. Cette femme le reconnaît
volontiers. Elle ne réclame pas non plus ses droits ; elle
demande seulement au Sauveur de la traiter comme on traite les chiens.
Or, les chiens, on les nourrit. Car le juste a égard à la vie de
sa bête (Prov.
XII, 10). Ce que les enfants laissent tomber de leur table et
foulent aux pieds, les chiens le recueillent avec reconnaissance. La
femme s'est profondément humiliée ; elle renonce à toute espèce
de droit, elle ne fait appel qu'à la grâce. Dans ces conditions, le
Seigneur peut la secourir. Ce « cependant » est le
chef-d'oeuvre de sa foi, par laquelle elle vainc Jésus, en le liant
par ses propres paroles.
Alors Jésus répondant lui dit : O
femme, ta foi est grande, qu'il le soit fait comme tu le désires.
Et à celle heure même sa fille fut guérie. Telle est la
victoire de la foi de cette femme, et la récompense de son ardent
amour. Le Seigneur, qui brise partout la volonté propre, la laisse
subsister dans cette pauvre mère, et même il l'approuve. Si Jésus
trouvait en nous une foi humble et suppliante comme dans cette
femme ; si, comme elle, nous nous attachions fortement à lui, il
nous donnerait aussi toujours ce que notre coeur désire.
Le Seigneur revient près de la mer de Galilée, en traversant les
contrées de la Décapole, où il a l'occasion d'opérer de nombreuses
guérisons. Des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés et
plusieurs autres malades et infirmes furent mis à ses pieds, et il
leur rendit à tous la santé et l'usage de leurs membres (Matth.
XV, 30). On lui amena,
entre autres, un homme sourd qui avait la
parole empêchée, et on le pria de lui imposer les mains.
Ce sourd-muet ne pouvait pas venir à Jésus de son propre mouvement,
car il n'avait jamais entendu sa parole. Il n'avait pas pu apprendre
non plus ce qu'on disait autour de lui des grands miracles que le
Sauveur opérait. Mais ses parents connaissaient Jésus, et ils lui
amenèrent ce malheureux. Conduire un homme à Jésus, c'est le plus
grand service que la charité puisse lui rendre. Quiconque a des
oreilles pour entendre la Parole de Dieu, et une langue pour lui
rendre grâces et publier ses louanges, a pour devoir sacré de conduire
à Jésus ceux qui n'ont pas encore expérimenté son amour.
La Parole sainte serait beaucoup mieux écoutée, les
prières s'élèveraient infiniment plus ferventes vers le ciel, si tous
ceux qui aiment le Sauveur lui présentaient, dans de fidèles
intercessions, ceux qui sont encore loin de lui, qui n'ont point
d'oreilles pour l'entendre ni de langue pour le louer. Vous, parents,
conduisez-vous ainsi vos enfants à Jésus ? les déposez-vous
chaque jour sur son coeur ? Ou bien êtes-vous vous-mêmes sourds à
sa voix et muets pour la prière ? Vous, parrains et marraines,
remplissez-vous vos devoirs envers vos filleuls, en les présentant
chaque jour à Jésus ? Lui avez-vous déjà dit : Seigneur,
prends cette âme à toi ? Il est toujours prêt à secourir là où il
trouve seulement une étincelle de foi dans le coeur !
Mais le sourd-muet ne peut pas croire, car il ne sait
rien de Jésus. Or, il faut que la foi naisse dans son âme : c'est
d'elle que dépend tout ce que le Seigneur est
disposé à faire pour lui. Ordinairement la foi vient de la prédication
de la Parole. Mais il faut qu'avec ce sourd-muet, le Sauveur suive une
tout autre voie, puisque ce malheureux ne peut l'entendre. C'est
pourquoi il cherche à, gagner sa confiance en parlant à ses yeux. Il
s'exprime par des signes. Il commence par le tirer de la foule,
à part, afin qu'il ne soit pas distrait par la multitude qui l'entoure
et puisse ne voir devant lui que Jésus seul. Lorsque le Seigneur nous
retire ainsi du bruit, lorsqu'il nous couche sur un lit de maladie,
lorsqu'il nous conduit dans un chemin solitaire, ne murmurons
pas ; mais disons-nous qu'il veut révéler en nous la merveilleuse
puissance de son amour, afin de nous faire entendre et comprendre la
Parole de sa miséricorde, qui surpasse toute intelligence. Ainsi le
sourd-muet eut l'occasion de voir la face de ce Seigneur plein d'amour
et de bonté. On dit avec raison que le regard reflète l'âme de
l'homme. De quelle clarté céleste et de quelle gloire divine le regard
de Jésus ne devait-il donc pas briller ! Par ce regard, le
sourd-muet reçoit l'impression de l'amour compatissant en même temps
que de la glorieuse majesté du Sauveur. Cependant il ne sait pas
encore que Jésus veut le guérir.
Alors il lui mil les doigts dans
les oreilles, et ayant pris de la salive, il lui en toucha la
langue. Ces signes n'étaient intelligibles que pour le
malade. Le Seigneur lui disait par là : C'est ici le siège de ton
infirmité et de ta misère. Je les connais. Un nouveau regard jeté sur
ce bien-aimé Sauveur apprend au sourd-muet ce qu'il veut lui faire. Puis,
levant les yeux au ciel, il soupira. Le sourd-muet suit
du regard les yeux de Jésus, et reconnaît que le secours lui viendra
d'en-haut. Il lève, lui aussi, les yeux au ciel en priant et il espère
avec certitude n'être point trompé dans son attente. C'est ainsi que
le Seigneur l'a amené à la foi sans lui adresser une parole. À ce
moment le malade est prêt à recevoir le secours avec un coeur croyant.
Le Seigneur dit : Ephphatah,
c'est-à-dire ouvre-toi, et sa langue fut déliée et il parlait sans
crainte. Un monde nouveau s'ouvre devant ce malheureux.
Une nouvelle ère commence pour lui lorsque la parole humaine, avec ses
accents d'amour et de douleur, pénètre pour la
première fois jusqu'à son coeur, lorsqu'il peut exprimer les pensées
et les sentiments qui remplissent son âme.
Comme notre bouche chantera de joie, comme notre langue
glorifiera le Seigneur, lorsqu'un jour il fera retentir son appel
tout-puissant, que les tombeaux s'ouvriront et que ceux qui sont
enchaînés par la mort se lèveront ! Alors les rachetés viendront
avec des cris de triomphe ; ils seront dans la joie. « Une
allégresse éternelle sera sur leur tête » (Ésaïe
XXXV, 10). Alléluia ! Et il leur
défendit de le dire à qui que ce fût ; mais plus il le leur
défendait, plus ils le publiaient. Et frappés d'étonnement, ils
disaient : Tout ce qu'il fait est admirable ! Il fait
ouïr les sourds et parler les muets.
Ces gens avaient sans doute de bonnes intentions en
agissant contrairement à la parole du Seigneur. Cependant ces bonnes
intentions ne changent pas leur désobéissance en obéissance. Ce ne
sont pas nos intentions qui rendent nos actions agréables au
Sauveur ; c'est notre soumission à sa volonté. Toutefois, nous
pouvons nous associer à cette louange : « Tout ce qu'il fait
est admirable. » Laissons le Seigneur Jésus faire de nous tout ce
qu'il veut, et il se trouvera qu'il nous aura traités comme nous
avions besoin de l'être, et que tout sera admirable. Lorsque là-haut,
dans la gloire, nous connaîtrons comme nous avons été connus de
lui ; lorsque nous examinerons de nouveau ses dispensations à
notre égard et reconnaîtrons que toutes ses voies n'ont été qu'amour
et fidélité ; lorsque, dans la lumière céleste, nous jetterons un
regard rétrospectif sur les sentiers par lesquels il aura fait passer
les individus et les peuples de la terre, alors retentira dans le
ciel, comme le bruit des grosses eaux, le cantique éternellement
nouveau des bienheureux, qui sera en mérite temps la conclusion de
toute l'histoire du monde : « Tout ce qu'il a fait est
admirable. »
Un père de famille, âgé et infirme, était assis tout seul
un dimanche dans sa chambre et lisait l'histoire du sourd-muet. Tout
en lisant, il pensait : Que les gens étaient heureux au temps de
Jésus, de pouvoir lui amener leurs malades ! Et malgré lui, ses
yeux se remplirent de larmes, car il était, depuis plusieurs années
complètement sourd ; il n'entendait absolument rien, et c'est
pour cela qu'il n'avait pas accompagné sa femme et ses enfants à
l'église.
C'était pour lui une grande privation, car il aimait de
tout son coeur le Seigneur et sa Parole. Il était donc là assis, et
ses larmes tombaient sur ses mains jointes. Il soupirait profondément
et disait en lui-même : Ah ! cher Sauveur, si tu étais
encore ici-bas, j'irais immédiatement à toi, et te prierais de
prononcer ton puissant Ephphatah à mon oreille fermée, afin que je
puisse de nouveau aller à l'église et entendre la précieuse Parole. À
peine eut-il exprimé ce voeu, qu'il s'arrêta effrayé, se jeta à genoux
et pria d'un coeur ému : « Ah ! cher Sauveur,
pardonne-moi de t'avoir parlé d'une manière si insensée, comme si tu
n'étais plus avec nous. Je sais que tu tiens ta promesse :
« Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du
monde » (Matth.
XXVIII, 20). Je crois fermement que ton oreille n'est pas
alourdie, que ton bras n'est pas raccourci, et que tu peux toujours
délivrer ceux qui viennent à toi en priant avec foi ! Oui,
Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre l'ouïe, Amen ! »
Le vieillard se releva consolé, s'assit en silence et attendit le
retour des siens. Au moment où son fils rentrait, la porte lui échappa
et un coup de vent la ferma bruyamment. Le père tressaillit et
dit : Chers enfants, ne frappez donc pas ainsi les portes. Toute
la famille fut étonnée de ce qu'il avait entendu ce bruit, et lui-même
fit la précieuse expérience que le Seigneur avait exaucé sa prière. Jésus
est le même hier, aujourd'hui et le sera éternellement.
En ces jours-là, il y avait avec Jésus une
grande multitude de gens. Et comme ils n'avaient rien à manger, il
appela ses disciples et leur dit : J'ai compassion de ce
peuple ; car il y a trois jours qu'ils ne me quittent point,
et ils n'ont rien à manger. Une grande multitude !
C'est un délicieux spectacle pour Dieu, pour les saints anges et pour
tous les hommes pieux, lorsque des foules affamées de salut, se
pressent autour de Jésus. Ceux-là étaient demeurés trois jours avec
lui au désert, contemplant ses miracles et écoutant les paroles de vie
qui sortaient de sa bouche. Pendant ces trois jours, ils avaient
vécu dans la communion du Sauveur. Comme cet heureux laps de temps dut
leur paraître court ! Ils avaient reçu grâce sur grâce et leur
âme avait été restaurée. Et voici que Jésus apprécie leur séjour
auprès de lui comme s'ils lui avaient rendu service on accordé quelque
faveur. Et cependant, c'était pure grâce de sa part de les avoir
supportés si longtemps et de les avoir nourris spirituellement. C'est
ainsi que parle l'amour divin, qui, dans son humilité, attribue
toujours à la foi ce que sa toute-puissance opère. Nous voyons ici que
l'amour persévérant pour la Parole de Dieu a une grande récompense.
Trois jours ! Ces gens n'avaient pas du tout
remarqué que le temps s'était si vite écoulé, tant ils étaient affamés
de cette Parole. Et nous, gardons-nous d'abréger les moments que nous
passons près du Seigneur ! Si notre coeur est assez attaché au
Sauveur, pour que nous fassions du salut de notre âme et de notre paix
intérieure les principaux objets de nos préoccupations, il nous
enlèvera tout souci relativement aux choses de la terre. Trois
jours ! Cher lecteur, trouves-tu au moins trois minutes
chaque jour pour être auprès de Jésus et pour entendre de sa bouche
une parole de bénédiction ? Ah ! Seigneur, donne-nous une
véritable faim de ta Parole ! Trois jours ! Toute
notre vie se compose de trois jours : la jeunesse, l'âge mûr et
la vieillesse. Si nous demeurons auprès de Jésus durant ces trois
jours, il nous demandera, au soir de la vie et au matin de
l'éternité : Avez-vous manqué de quelque chose ? Et tous
ceux qui seront demeurés auprès de lui, répondront : « Non,
Seigneur. » (Luc
XXII, 35.)
J'ai compassion de ce peuple.
Quiconque n'a pas lu ces mots dans le coeur de Jésus, ne le connaît
pas. Il faut que nous répétions ces paroles devant la crèche de
Bethléem, autrement nous ne connaîtrons pas l'enfant qui y est couché.
J'ai compassion de ce peuple.
Telle est l'âme de toutes les paroles du Sauveur, de toutes ses
actions, de toutes ses souffrances. N'entends-tu pas retentir, à
travers ces paroles, les prières ardentes et arrosées de larmes qu'il
offrit à Dieu en Gethsémané ? Son crucifiement en Golgotha, son
cri douloureux : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné » ? demeurent pour toi un insoluble problème si
les mots : J'ai compassion de ce peuple
ne t'apparaissent pas comme l'inscription du divin amour, gravée en
caractères de feu sur son coeur déchiré.
Le Sauveur, dont la grande préoccupation consiste à
apaiser la faim des âmes, est ému à la pensée que ces gens n'ont rien
à manger, et que s'il les renvoie à jeun dans leurs maisons, les
forces leur manqueront en chemin. Quelles fausses idées ne se
fait-on pas, la plupart du temps, du coeur de Jésus ! Se
trouve-t-on dans la détresse relativement aux choses de la terre, dans
la maladie, dans l'indigence ? Alors on se dit : Pour les
intérêts de l'âme, lorsqu'il s'agit de la paix du coeur, du pardon des
péchés, de la félicité éternelle, je puis bien m'adresser à lui, mais
je n'ose pas le fatiguer en lui parlant des choses de cette vie. Ayons
seulement confiance en lui. Nos besoins terrestres lui tiennent aussi
à coeur.
Ses disciples lui répondirent : D'où pourrait-on
avoir des pains pour les rassasier dans ce lieu désert ? D'où
pourrait-on avoir des pains ? Cette question
tourmente encore ceux qui ne croient pas au miséricordieux amour de
Jésus. Des pères et des mères de famille se l'adressent, lorsqu'ils
doivent remplir les mains que leurs nombreux enfants tendent vers eux,
parce qu'ils croient que leur travail seul doit leur suffire. D'où
pourrait-on avoir des pains ? C'est ce que se demandent les
pauvres, mais c'est ce que se demandent aussi les riches. Dès que la
foi fait défaut, les richesses même n'empêchent pas qu'on ne s'adresse
cette question. » Pour le moment, elles suffisent, mais d'où
pourrait-on prendre des pains pour l'avenir, pour les enfants ?
Les inquiétudes ne sont pas calmées par de grands biens, mais par une
grande foi.
La question a cependant lieu de nous étonner dans la
bouche des disciples, qui avaient vu peu de temps auparavant le
Seigneur rassasier miraculeusement cinq mille personnes, et avaient
même coopéré à cet acte de la toute-puissance de leur Maître.
Maintenant c'est comme s'ils l'avaient complètement oublié. Cela ne
paraîtra extraordinaire qu'à ceux qui ignorent combien le coeur humain
a la mémoire courte. Il est cependant certaines choses que nous nous
rappelons parfaitement. Ainsi, le prétendu bien que nous avons fait,
l'ingratitude avec laquelle on l'a méconnu, les blessures infligées
à notre amour-propre, toutes choses que nous oublions difficilement.
Mais les offenses dont nous nous sommes rendus coupables envers le
Dieu saint, les preuves de sa miséricorde, dont nous avons fait
l'expérience, disparaissent bien vite de notre mémoire. Nous ferions
bien de répéter souvent la prière du Psalmiste : « Mon âme,
bénis l'Éternel, et n'oublie pas un de ses bienfaits (Ps.
CIII, 1. 2). » Les disciples se rappelaient certainement
cette distribution des cinq pains aux cinq mille hommes. Tous les
détails de ce mémorable événement étaient présents à leur esprit, en
sorte qu'ils auraient pu les raconter à quiconque leur aurait témoigné
le désir de les connaître ; mais leur coeur n'en avait retiré
aucun profit dans l'intérêt de leur foi. Voilà pourquoi, en ce moment,
où ils se trouvent absolument dans la même situation que lors du
premier miracle, ils exposent au Seigneur leur embarras, au lieu de
lui dire avec une joyeuse confiance : « Seigneur, si tu le
veux, tu peux leur donner à manger. »
Toutefois, Jésus ne se laisse pas arrêter dans ses
intentions miséricordieuses par le manque de mémoire de ses disciples.
Il leur demanda : Combien avez-vous de
pains ? Et ils dirent : Nous en avons sept. Alors il
commanda aux troupes de s'asseoir à terre. Toutes les
inquiétudes étaient dès lors dissipées. Tous étaient attentifs à ce
que le Seigneur allait faire. C'est ainsi que nous devons, nous aussi,
nous asseoir à ses pieds avec une foi pleine d'espérance. Mais
celui-là seul peut le faire, qui a déjà une certaine connaissance de
sa Parole, et dont le coeur n'est plus complètement étranger à sa
miséricorde. Et ayant pris les sept pains et
rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les
distribuer. Ils avaient aussi quelques petits poissons, et Jésus,
ayant rendu grâces, ordonna qu'on les leur présentât.
Les pains, bénis par l'action de grâces du Seigneur, se multiplient
entre ses mains. Jésus rend grâces au Père, dans la certitude qu'il
sera exaucé. Il rend grâces pour ce peu de chétive nourriture. C'est
ce que nous négligeons trop souvent. Nous devons apprécier ce que Dieu
nous a donné, et le recevoir avec action de grâces, et alors ce peu se
multipliera. Une joyeuse reconnaissance est le moyen d'obtenir des
bénédictions toujours plus riches, tandis que l'ingratitude et les plaintes
en tarissent la source. Jésus donne les pains à ses disciples, ceux-ci
les distribuent au peuple et l'abondance est inépuisable. Peut-on
avoir une meilleure nourriture que celle qui vient de la main de
Jésus ? C'est pourquoi, n'oublions jamais de rendre grâces avant
nos repas.
De ces deux multiplications miraculeuses des pains, l'une
est de trop aux yeux de l'incrédulité. Elle déclare péremptoirement
qu'il n'y en a eu qu'une seule, et que, par conséquent, les récits
évangéliques sont erronés. D'après elle, les disciples auraient
raconté deux fois le même événement, afin d'avoir à citer un plus
grand nombre de miracles de Jésus. Ces gens avisés oublient que peu
après avoir rassasié cette seconde multitude, le Sauveur parle
expressément de deux multiplications des pains. N'avez-vous
point d'intelligence, dit-il à ses disciples, et ne vous
souvenez-vous plus des cinq pains et des cinq mille personnes, et
combien vous en remportâtes de paniers, ni des sept pains et des
quatre mille personnes, et combien vous en remportâtes de
corbeilles ? (Matth.
XVI, 9. 10.)
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