Les disciples allaient être témoins d'une nouvelle manifestation de
la gloire de leur Maître en approchant avec lui de Naïn, charmante
petite ville, dont le nom signifie la belle. Mais, ce jour-là,
un voile de deuil s'étend sur elle et ses environs. Lorsque le coeur
est oppressé par le chagrin et la douleur, le plus ravissant paysage
est incapable de le réjouir, car les blessures du coeur ne sauraient
être guéries par la contemplation des beautés de la nature. Lorsque le
monde croit pouvoir célébrer le service divin au sein de la création,
sa pensée renferme une part de vérité, car le Dieu tout-puissant qui
se révèle à nous par sa Parole, en a aussi tracé les caractères dans
la création. Toutefois, quiconque n'a pas appris d'abord à connaître
Dieu dans sa Parole et dans son Fils unique, est incapable de
reconnaître ses traits dans la nature. Et même ceux qui savent lire
dans les oeuvres majestueuses de Dieu, y chercheraient en vain la
consolation de leur coeur, l'apaisement des souffrances de leur âme.
Naïn la belle n'offre aucune consolation au coeur
déchiré de cette mère, que marche derrière le cercueil de son fils
unique, au moment où Jésus fait son entrée. Et
comme il approchait de la ville, il arriva qu'on portait en terre
un mort, fils unique de sa mère qui était veuve ; et il y
avait avec elle un grand nombre de gens de la ville. La
mort détruit l'intime union de l'âme et du corps. Elle déchire les
plus tendres liens. Les douleurs, les larmes, les inquiétudes, les
chagrins forment son funèbre cortège. Une fois déjà cette mère avait
dû faire ce triste chemin. C'est lorsque son mari lui avait été
enlevé. Que de douleurs dans le veuvage ! C'est pourquoi Dieu
prend un soin tout particulier des veuves. Celle-ci du
moins avait une consolation dans son fils. Elle espérait qu'il
apporterait quelque soulagement dans sa vie pleine de tristesse, et
serait son soutien dans ses vieux jours. Mais elle devait apprendre
par une cruelle expérience que les pensées de Dieu différaient des
siennes. Elle avait espéré que ce fils lui fermerait un jour les yeux,
ces yeux fatigués par les larmes, et voici qu'il expire dans ses
bras ! Une veuve suivant le cercueil de son fils unique ! On
devrait croire que c'est trop de maux à la fois. Est-ce qu'un coeur
humain peut supporter tant de douleurs ? N'y a-t-il donc aucun
consolateur dans cette affliction, aucun secours dans cette
extrémité ?
Jésus est là ! Il apporte consolation et secours.
Hors de Jésus, toute la terre n'est qu'un immense champ de mort, la
vie n'est que souci et tourment, larmes et lamentations. Et
le Seigneur l'ayant vue, fui touché de compassion pour elle, et il
lui dit : Ne pleure point. Comme l'oeil du médecin
est fixé sur la blessure d'un membre malade, de même l'oeil et le
coeur du Sauveur sont constamment attentifs aux maux de ceux qui
souffrent. Et comme l'or et tout ce qui brille attire les regards des
enfants du monde, excite leur envie et provoque leurs efforts pour se
les approprier, de même les douleurs et les larmes des coeurs affligés
attirent le Seigneur Jésus et lui inspirent pour nous une
miséricordieuse pitié. - Il fut touché de compassion pour elle.
Il voit la désolation de cette veuve, et son amour compatissant fait
passer cette douleur étrangère dans son propre coeur. Il nous fallait
un tel souverain sacrificateur, qui compatit à nos faiblesses, à nos
besoins. Il nous a été donné, nous savons que nous pouvons lui dire
sans crainte tout ce qui nous chagrine et nous afflige. Nous savons
qu'il nous comprend, qu'il éprouve nos sentiments, souffre avec nous
et a pitié de nous. Ne pleure pas, dit-il à cette femme affligée.
C'est l'expression de son amour. Aux hommes pleins de leur propre
justice, il dit : Pleurez, lamentez-vous, menez deuil (Jacq.
IV, 9 ; V,
1). Lorsqu'il dit : ne pleure point, c'est qu'il veut
consoler et secourir ; lorsqu'il dit : Pleurez, il veut
aussi secourir, en amenant les âmes à connaître leurs péchés et les
consoler par le pardon. - Et s'étant
approché, il toucha la bière ; et ceux qui la portaient
s'arrêtèrent, et il dit : Jeune homme, je te le dis,
lève-toi. Et celui qui était mort s'assit et commença
à parler. Quelle émotion durent éprouver les morts en
entendant la voix du Prince de la vie ! Elle résonna à leurs
oreilles comme s'il avait dit : Mort, je veux être ta perte (Osée
XIII, 14) ! L'âme du jeune homme l'entendit aussi ;
elle reconnut la voix du Seigneur, et rentra docilement dans le corps
qu'elle venait de quitter. Pour le moment, Jésus n'a appelé que le
jeune homme, et celui-ci s'est levé. S'il ne s'était pas adressé à lui
personnellement, tous les morts auraient dû ressusciter à sa voix
toute-puissante.
C'est ce qui arrivera un jour. Car il reviendra et
touchera l'immense cercueil de la terre. Et les morts qui dorment
doucement dans leurs sépulcres, comme l'enfant dans son berceau, se
lèveront et commenceront à parler ; les uns prononceront des
paroles de joyeux ravissement, les autres jetteront des cris de
terreur et de désespoir. - Et il le rendit à
sa mère. Les larmes maternelles sont séchées ! Les
hommes comptent sur la réunion avec ceux qui les ont précédés dans la
tombe, et cet espoir les console. Mais il n'est fondé que lorsque ceux
qui meurent et ceux qui survivent ont cru en Jésus et sont enracinés
en Lui comme dans le Prince de la vie. Le mauvais riche, au milieu de
ses tourments, a bien revu le pauvre Lazare ; mais ce revoir ne
lui a apporté aucune consolation, aucune joie.
Nous contemplons avec larmes nos bien-aimés qui nous ont
quittés, et nous voudrions bien qu'ils nous fussent rendus déjà sur
cette terre. Toutefois, quiconque voit les choses comme elles sont, ne
demande rien de pareil. Ceux qui ont trouvé ici-bas le rocher sur
lequel leur navire peut être solidement amarré, ceux qui ont lavé leur
robe dans le sang de l'Agneau, et qui sont entrés dans les tabernacles
éternels, ceux-là ne désirent pas plus revenir dans cette vallée de
larmes, que le prisonnier libéré ne demande à rentrer dans son cachot.
Et ceux qui ont réellement aimé les êtres chéris qui les ont quittés,
les félicitent d'être entrés dans le repos réservé, au peuple de Dieu.
Ils comprennent ce que Luther disait de sa chère petite Madeleine,
qu'il a si amèrement pleurée. Il n'aurait pas voulu la rappeler même
si elle lui eût apporté un empire.
Et la crainte les saisit tous,
et ils glorifiaient Dieu en disant : Un grand prophète s'est
levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. Et
le bruit de ce miracle se répandit dans toute la Judée et dans
tous les pays d'alentour. Oui, le bienheureux évangile
de Jésus doit parvenir jusqu'aux extrémités de la terre. Il faut que
toute créature sache qu'il est la résurrection et la vie, et que
quiconque croit en lui vivra quand même il serait mort ( Jean
XI, 25. 26). Aucun âge ne peut éviter la mort. L'enfant au
berceau, le jeune homme dans la fleur de la jeunesse, l'homme parvenu
au complet épanouissement de sa force, deviennent la proie de ce roi
des épouvantements. Mais Jésus le suit pas à pas et détruit ses
oeuvres. Thalitha coumi ! c'est ainsi qu'il rappelle l'enfant à
la vie. Jeune homme je te le dis : lève-toi ! C'est ainsi
qu'il réveille le jeune homme. Et il arrache l'homme mûr à la mort par
cet appel victorieux : Lazare, sors dehors ! C'est ainsi
qu'il la vainc, quel que soit l'état auquel elle a réduit sa proie. Il
rappelle la fille de Jaïrus sur son lit de mort. Il fait sortir le
jeune homme de Naïn de son cercueil. Il retire Lazare du sépulcre où
il était depuis quatre jours. Tous ces exemples doivent être pour nous
une précieuse preuve que Jésus est le vainqueur de la mort sous tous
ses aspects et dans tous les lieux.
Le Sauveur est constamment entouré de malades. La détresse et
la misère se pressent autour de lui. D'ailleurs, il les cherche
lui-même. Car consoler et secourir, sauver et délivrer, ce n'est pas
seulement sa vocation, c'est aussi sa joie de Sauveur. C'est pourquoi
il va de ville en ville, et, à travers la misère corporelle, son
regard plein d'amour découvre les plaies de l'âme : Et
voyant la multitude du peuple, il fut ému de compassion envers
eux, de ce qu'ils étaient dispersés et errants, comme des brebis
qui n'ont point de berger. Être dispersé et privé de
berger, c'est aux yeux de Jésus une misérable vie, tandis que le coeur
de l'homme insensé regarde précisément comme un grand bonheur de vivre
sans berger, d'être indépendant et maître de ses actions. Il n'y a
cependant de vraiment heureux que le coeur qui a conscience d'être
l'objet des soins du Bon Berger. Mais ces troupeaux, courbés sous le
poids des douleurs corporelles, misérables et
dispersés, sont privés des tendres soins du berger ; ce spectacle
émeut profondément le coeur de Jésus. Comme il aimerait être partout
où se trouvent la détresse et la misère, afin de tendre à tous une
main secourable ! Alors il dit à ses
disciples : La moisson est grande, mais il y a peu
d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des
ouvriers dans sa moisson.
La moisson est grande, car elle est partout où il y a des
âmes pécheresses à chercher et à sauver. Il y a peu d'ouvriers. Il
semble que le Bon Berger soit le seul ; mais dans son humilité,
il comprend les apôtres avec lui. Mais même tous ensemble, qu'est-ce
pour tant de gens ? Il faudrait des troupeaux
d'évangélistes ! Le céleste Maître de la moisson veut bien
susciter et envoyer des ouvriers, mais il veut qu'on le lui demande.
Le manque d'ouvriers prouve le manque d'hommes qui prient. C'est par
la prière ayant pour objet l'envoi des ouvriers, que les disciples se
trouvent disposés à se rendre à l'appel de leur Maître. Et
ayant appelé les douze disciples, il leur donna le pouvoir de
chasser les esprits immondes, et de guérir toutes les maladies et
toutes les infirmités. Le nombre douze avait déjà sa
signification dans l'Ancien Testament. Les enfants de Jacob étaient
douze ; ils ont été les ancêtres d'Israël, et les représentants
de tout le peuple de l'Alliance. C'est pourquoi le Seigneur appelle
aussi douze apôtres, qui seront à leur tour les représentants du
peuple de la Nouvelle Alliance, de l'Eglise de Christ. Jésus ne charge
pas seulement les disciples d'annoncer la Bonne Nouvelle, il leur
donne aussi le pouvoir sur les puissances ennemies. Par eux-mêmes, ils
étaient incapables d'accomplir l'oeuvre que leur Maître leur confiait,
lui seul a ce pouvoir; mais il le leur communique. En sorte que par
leur parole et par leur action, sa voix et sa main secourable
s'étendent jusqu'à ceux dont il ne pouvait s'approcher corporellement.
Il les envoya deux à deux (Marc
VI,
7), afin de se fortifier mutuellement, lorsque l'un d'eux
tomberait dans le découragement. C'est ainsi qu'ils purent dès le
commencement faire l'expérience des douceurs de la communion
fraternelle. D'abord le Seigneur leur assigne leur champ de
travail : N'allez pas vers les Gentils
et n'entrez dans aucune ville des Samaritains ; mais allez
plutôt vers les
brebis de la maison d'Israël qui sont perdues. Les
païens et les Samaritains doivent avoir part, eux aussi, au royaume
des cieux, mais seulement plus tard. Pour le moment, les disciples
sont envoyés dans le champ bien connu du peuple juif, auquel sont
faites les promesses de l'Ancien Testament. De cette manière, le début
de leur activité leur sera facilité. C'est seulement après là mort du
Seigneur et l'effusion du Saint-Esprit, qu'ils seront envoyés à tous
les peuples de la terre.
Puis le Seigneur leur dit en quoi doit consister leur
travail. Et quand vous serez partis, prêchez
et dites : Que le royaume des cieux approche. Les
disciples doivent débuter dans leur prédication, de la même manière
que Jean-Baptiste et que Jésus lui-même, c'est-à-dire, de façon à ce
que le royaume des cieux soit annoncé à tous. Jésus, sans se réfugier
dans un silence complet, se tient provisoirement à l'écart. Toutefois,
il accompagne la prédication de ses disciples par les miracles qu'il
opère par leurs mains. Guérissez les
malades, nettoyez les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les
démons. Vous l'avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement.
Ils devaient gagner les âmes des hommes et non leur argent. Il ne faut
pas que le royaume des cieux qu'ils annoncent, soit traité comme un
objet de commerce.
À la vérité, ceux qui entendent la Parole sont tenus
d'entretenir celui qui la leur apporte, car l'ouvrier est digne de sa
nourriture (Matth.
10. 8), et le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent
l'Évangile vivent de l'Évangile (I
Cor. IX, 14). Toutefois, il leur est interdit de trafiquer de la
Bonne nouvelle. Leur équipement extérieur doit être aussi simple que
possible. Ne prenez ni or, ni argent, ni
monnaie dans vos ceintures, ni sac pour le voyage, ni deux habits,
ni souliers, ni bâton. On se munit ordinairement
d'argent et de vêtements pour voyager. Et les disciples pouvaient être
tentés de se pourvoir de provisions, puisqu'ils devaient donner
gratuitement ce qu'ils avaient reçu gratuitement. Mais le Seigneur
veut qu'ils ne prennent que ce qui leur est absolument nécessaire,
afin que leur marche, exempte de toute espèce d'embarras, soit prompte
et facile. Malgré cela, ils peuvent être sans inquiétude ; il
sera pourvu à leur entretien.
Leur maître règle également leur séjour. Et
dans quelque ville ou dans quelque bourgade que vous entriez,
informez-vous qui est digne de vous recevoir, et demeurez-y
jusqu'à ce que vous partiez de ce lieu-là. Quels sont
ceux qui étaient dignes d'entendre le message du royaume des
cieux ? - C'étaient ceux qui attendaient la consolation d'Israël.
Les disciples devaient les chercher et demeurer chez eux, jusqu'à ce
que leur travail fût terminé dans cette localité. Il leur était
interdit de choisir leur gîte, et d'élever aucune prétention. Ils
devaient se garder de paraître chercher leur commodité, et la faveur
des hommes, ou d'avoir l'air de préférer la maison du riche à celle du
pauvre. - Et quand vous entrerez dans une
maison, saluez-la, et si la maison en est digne, que votre paix
vienne sur elle ; mais si elle n'en est pas digne, que votre
paix retourne à vous. Leur souhait de paix ne devait
pas être un vain son, ni une formule privée de force, mais leur paix
devait réellement être communiquée (Luc
X, 6) à ceux qui soupiraient après la paix de Dieu. S'ils se
jugeaient eux-mêmes indignes de la vie éternelle, les disciples
retiraient pourtant une bénédiction de leur offre de paix. Leur
mission ne les appelait pas à agir sur les multitudes, mais à poser le
fondement du royaume des cieux dans la famille.
Et partout où l'on ne vous
recevra pas et où l'on n'écoutera pas vos paroles, en sortant de
celle maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos
pieds ; je vous dis en vérité que Sodome et Gomorrhe seront
traitées moins rigoureusement que celle ville là, au jour du
jugement. Il faut que les disciples se préparent à ne
pas être reçus partout amicalement, mais à voir se fermer devant eux
plus d'une porte à laquelle ils auront heurté. Ils devaient secouer la
poussière de leurs pieds pour témoigner aux habitants qu'ils ne
demandaient pas même un atome de leur poussière, mais ne voulaient que
sauver leurs âmes. C'est ainsi que le jugement est dénoncé à ceux qui
méprisent l'Évangile. Ce ne sera pas la gravité du péché, qui servira
de mesure à ce jugement, mais la grandeur de la grâce offerte et le
mépris avec lequel on l'aura refusée. Ce refus sera accompagné pour
les apôtres de persécutions de toutes sortes, que le Seigneur leur
annonce dès maintenant.
Voici, je vous envoie comme des
brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents
et simples comme des colombes. Cet avertissement ne
s'adresse pas seulement aux apôtres, mais aussi à tous les croyants.
La voie que les disciples du Seigneur ont à suivre est une voie
douloureuse. Il n'a pas promis des jours agréables, mais des croix à
ceux qu'il invite à marcher après lui. Mais ces brebis sont protégées
par le puissant Berger, dont la gloire consiste à se montrer fort dans
les faibles. Entourés d'ennemis pleins de méchanceté et de furie, les
disciples doivent conserver un visage serein et un coeur doux et
bienveillant. La prudence est l'application de toutes les
forces morales à l'accomplissement de la tâche dont on est
chargé ; elle n'est pas un mal ; elle est au contraire un
devoir moral. Mais en quoi Jésus voit-il de la prudence dans le
serpent ? Ce n'est certainement pas dans sa fausseté, dont nous
ne savons rien. La prudence du serpent consiste à attendre le
moment le plus favorable pour saisir sa proie, et ce moment venu, à le
mettre immédiatement à profit. Cette innocente prudence, le
Seigneur lui-même en fait usage pour gagner les âmes. Voilà pourquoi
il la recommande à ses disciples.
Ces deux dispositions : la prudence du serpent
et la simplicité de la colombe ne doivent pas être séparées,
mais continuellement réunies. Prudence de l'esprit et simplicité du
coeur. Une prudence qui reconnaît les dangers dont elle est menacée,
et les difficultés dont elle est entourée, qui éprouve les esprits et
ne se laisse pas tromper. Et avec cela, une simplicité de coeur, qui
va au-devant même de son ennemi, sans arrière-pensée, avec une entière
confiance et ne demande qu'à lui rendre tous les services commandés
par la charité. La prudence du serpent dans le choix des moyens à
employer pour détruire les ruses de Satan ; la simplicité de la
colombe dans un but de divine charité, pour surmonter le mal par le
bien. La prudence du serpent qui ne se laisse pas tromper ni
maltraiter inutilement ; la simplicité de la colombe, qui ne veut
ni maltraiter les autres, ni leur causer aucun dommage. La prudence du
serpent, qui, repoussé d'un côté, revient de l'autre, pour essayer de
faire du bien ; la simplicité de la colombe qui ne s'engage
jamais dans une mauvaise voie pour arriver à ses fins. La prudence
du serpent qui agit comme saint Paul, lequel se faisait Juif avec les
Juifs et Grec avec les Grecs, afin d'en gagner quelques-uns ; la
simplicité de la colombe qui, en agissant ainsi, n'abandonne jamais la
vérité. La prudence du serpent, qui ne cherche pas les dangers en
annonçant l'Évangile, et ne s'y jette pas aveuglément ; la
simplicité de la colombe, qui ne craint pas non plus, quand cela est
nécessaire, de sacrifier ses biens et son sang pour le Seigneur.
La prudence du serpent sans la simplicité de la colombe,
rendrait facilement le coeur faux et méchant, rusé et rampant ;
la simplicité de la colombe, sans la prudence du serpent, serait
exposée à se sacrifier sans aucun profit, et pourrait être plus
nuisible qu'utile à la cause qu'elle défend. Il est très difficile de
réunir ces deux dispositions, mais notre Seigneur les a réunies en
lui, et il peut et veut nous rendre capables de les réunir en nous, et
d'en faire usage ! Cette prudence et cette simplicité seront
d'autant plus nécessaires aux disciples, qu'ils
sont menés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de
Jésus, pour lui rendre témoignage devant eux et devant les nations.
Mais le Seigneur leur recommande de ne point être en peine de ce
qu'ils diront ni comment ils parleront, car l'Esprit du Père céleste
parlera par eux.
La haine contre les croyants sera plus forte que les
liens du sang. Or, le frère livrera son
frère à la mort et le père son enfant, et les enfants se
soulèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront
mourir. Vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui
persévérera jusqu'à la fin, c'est celui-là qui sera sauvé.
Il y a deux puissances qui sont plus fortes que l'amour naturel. C'est
la haine contre Jésus, qui détruit l'amour du père, de l'enfant, du
frère, et l'amour pour Jésus, qui ne se laisse pas arrêter par l'amour
terrestre. de la famille, qui reste fidèle au Seigneur, même dans les
persécutions, parce qu'il sait que son salut dépend de sa fidélité.
Cependant, il ne faut pas que les disciples se jettent inconsidérément
dans le danger. Lorsqu'ils sont persécutés dans une ville, il leur est
permis de fuir dans une autre. D'un autre côté, ils ne doivent pas
trouver étrange d'être persécutés à cause de Jésus. Car
le disciple n'est pas plus que son Maître, ni le serviteur plus
que son Seigneur ; il suffit au disciple
d'être comme son Maître et au serviteur d'être comme son Seigneur.
S'ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus
appelleront-ils ainsi les serviteurs ! Quiconque
veut être le disciple de celui qui a sauvé le monde en mourant sur une
croix, doit se préparer à porter sa croix après lui.
Bien que le coeur naturel soit tenu dans la servitude par
la crainte de la mort (Héb.
II, 15) ; bien qu'il lui répugne d'être haï, cependant le
croyant peut être sans crainte. Ne les
craignez donc point, car il n'y a rien de secret qui ne doive être
découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu. Ce que je
vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; ce que
je vous dis à l'oreille, prêchez-le sur le haut des maisons.
Le Seigneur a répété ces sérieuses paroles dans diverses
occasions ; et la plupart du temps elle empruntent au contexte
une nouvelle lumière. Il faut que tout ce qui est caché vienne à la
lumière et soit manifesté. Il est donc parfaitement inutile de vouloir
cacher quoi que ce soit aux regards de celui dont les yeux sont comme
des flammes de feu. Confessons franchement nos péchés, afin qu'ils
nous soient pardonnés et que la colère de Dieu ne demeure pas sur
nous. Il faut, que tout ce qui est caché
vienne à la lumière et soit manifesté.
Notre vie est cachée avec Christ en Dieu et toute la félicité que nous
goûtons dans la communion avec Christ, ne saurait se communiquer. Son
esprit fait entendre à notre esprit maintes paroles de la plus douce
consolation ; mais ce sont des paroles ineffables. C'est
seulement lorsqu'ils paraîtront avec lui dans la gloire, que la vie
cachée des chrétiens sera manifestée et brillera de l'incomparable
éclat du soleil de la grâce. Il faut que tout ce qui est caché
vienne à la lumière et soit manifesté.
Il est vrai qu'il y a eu pour l'Église chrétienne des
temps où l'Évangile, comme le trésor caché dans le champ, a dû se
dérober aux regards ; où les disciples de Jésus se réunissaient
en assemblées secrètes autour de la Parole de Dieu ; où ils
priaient et chantaient des cantiques en l'honneur de leur Maître dans
des retraites cachées, dans le désert et dans les forêts, dans des
cavernes où derrière des portes barricadées. Mais on ne peut pas
mettre la lumière du soleil sous le boisseau. L'éclat de la Divinité
perce tous les obstacles et finira par éclairer toute la terre. Il
faut que tout ce qui est caché vienne à la
lumière et soit manifesté. La crainte des hommes pouvait bien
intimider et décourager le coeur des chrétiens, au point qu'ils
s'écriaient avec Jérémie : « Je ne ferai plus mention de lui
et je ne parlerai plus en son nom, car la Parole de l'Éternel m'est
tournée en opprobre et en moquerie tout le jour. » Mais celui qui
a reçu l'Évangile dans son coeur et non pas seulement dans sa
tête ; celui qui, comme les Samaritains, a appris à connaître
Jésus, non seulement pour avoir entendu parler de lui, mais par une
bienheureuse expérience, celui-là ne peut pas par crainte des hommes
garder pour lui ce qu'il a reçu, ni taire ce qu'il sait de Jésus. Il
dit avec le même Jérémie : « Mais il y a dans mon coeur
comme un feu ardent renfermé dans mes os, et je suis las de souffrir
et je n'en puis plus (Jérémie
XX, 8. 9).
Et ne craignez pas ceux qui
ôtent la vie du corps et qui ne peuvent rien faire à l'âme ;
mais craignez plutôt celui qui peut perdre le corps et l'âme dans
la géhenne. Le plus grand mal que les hommes puissent
nous faire, c'est de tuer notre corps. Là s'arrête leur pouvoir.
Combien n'est-il donc pas insensé de se laisser dominer par la crainte
qu'ils inspirent, au point de renier Dieu, dont la puissance s'étend
jusque dans l'éternité ! Lorsqu'on voulait forcer l'évêque
Polycarpe de renier Jésus en face du bûcher, il répondit :
« Ce feu-ci s'éteindra, mais celui de l'autre vie brûlera
éternellement. » Dieu a le pouvoir de faire périr, même après la
mort, les coeurs lâches qui l'ont renié ; mais il a aussi le
pouvoir de protéger fidèlement ceux qui le confessent ; tellement
qu'il n'est pas permis au monde de toucher un cheveu de leur tête. Deux
passereaux ne se vendent-ils pas une pite ? et néanmoins il
n'en tombera pas un seul à terre, sans la permission de votre
Père. Les cheveux même de votre tête sont tous comptés. Ne
craignez donc rien, vous valez mieux que beaucoup de passereaux.
Oui, certainement, nous valons mieux, car notre âme a été rachetée,
non par des choses périssables, comme l'argent ou l'or, mais par le
précieux sang de Christ (I
Pierre, I. 7).
Après avoir attiré ses disciples par les promesses, le
Seigneur les effraye par des menaces. Quiconque
donc me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon
Père qui est aux cieux ; mais quiconque me reniera devant les
hommes, je le renierai devant mon Père qui est
aux cieux. Dans la société de ceux qui aiment Jésus, il
est facile de le confesser. Il semble même qu'il serait impossible de
le renier. Mais les voies du chrétien le conduisent à travers le
monde, qui méprise et hait Jésus. Néanmoins celui qui met son
espérance en lui, ne doit pas avoir honte de lui ; il faut qu'il
le confesse courageusement et joyeusement.
Une telle confession du nom de Jésus est une déclaration
de guerre au monde. Ne croyez pas que je
sois venu apporter la paix sur la terre. Je suis venu apporter,
non la paix, mais l'épée. Car je suis venu mettre la division
entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la
belle-fille et la belle-mère, et on aura pour ennemis ses propres
domestiques. Paix sur terre ! tel est le don que
l'enfant né à Bethléem apporte à ce monde privé de paix. Et le
prophète annonce que le châtiment qui nous apporte la paix est tombé
sur lui (Esaïe
LIII, 5). Jésus lui-même, avant de remonter vers son Père,
console ses disciples par ces paroles : « Je vous laisse ma
paix » (Jean
XIV, 27). De même, lorsque le Ressuscité pénètre dans la chambre
où ils étaient enfermés par crainte des Juifs, il leur dit :
« La paix soit avec vous ». Et cependant : non la paix,
mais l'épée ! Oui, Christ apporte la consolation aux coeurs
brisés et aux âmes altérées de Dieu, la paix avec Dieu. Mais la paix
avec un monde plongé dans le mal et ennemi de Dieu ?
jamais ! L'amour du monde est inimitié, contre Dieu (Jacq.
IV, 4).
Sans doute les enfants de Dieu sont prêts en tout temps à
vivre en paix, même avec un monde ennemi de Christ. Ils sont et
demeurent, quant à eux, des messagers de paix. Mais aussi longtemps
que le monde voudra rester ce qu'il est, c'est-à-dire monde, il faut
que les enfants de paix se résignent à subir sa haine, et à être en
guerre avec lui. Étant donnée cette différence fondamentale et
essentielle entre les enfants du monde et les enfants de Dieu, ce
n'est pas une louange de dire d'un d'homme qu'il n'a point d'ennemis.
Il est à craindre qu'un tel homme ne renie Christ pour avoir la paix
avec le monde. Malheur à vous, lorsque tous les, hommes diront du bien
de vous (Luc
VI, 26) ! Celui qui aime son père
ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi, ou qui aime son
fils ou sa fille plus que moi, n'est pas digne de moi. Et celui
qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas,
n'est pas digne de moi. Ces paroles seraient
blasphématoires, si Jésus n'était pas ce que saint Jean dit : Le
vrai Dieu et la vie éternelle (Jean
XVII, 3). Car ce suprême honneur, d'être aimé par-dessus tout,
plus que père, mère, fils ou fille, Dieu le réclame pour lui seul (Deut.
XXXIII, 9-10). C'est seulement parce que Christ est le Fils
unique du Père, engendré par lui de toute éternité, que l'honneur
divin lui est dû. Autrement, cet honneur serait une idolâtrie et une
bassesse.
Saint Luc rapporte les paroles du Seigneur de la manière
suivante : Si quelqu'un vient à moi, et
ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants et même sa
propre vie, il ne peut être mon disciple. Ainsi, quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple
(Luc XIV,
33). Que Dieu nous préserve de dire comme les habitants de
Capernaüm : Celle parole est dure, qui
petit l'écouter (Jean
VI,
60) ? Cette parole est réellement sévère et forte ;
mais prenons garde d'émousser la pointe de l'épée à deux
tranchants ! Haïr les parents, haïr sa propre vie, porter sa
croix, renoncer à tout ce qu'on possède : admirables paroles du
Fils de l'homme, mais seulement pour ceux qui sont travaillés et
chargés, qui sont altérés et brisés. Jésus prononce un jugement
impitoyable sur toute disposition qu'il trouve contraire à la volonté
de Dieu dans le coeur de l'homme. Il est écrit : Si quelqu'un ôte
quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu ôtera sa
part du livre de vie (Apoc.
XXII, 19). Que personne ne tente de retrancher ces sérieuses
paroles, qui sont l'expression vivante de la pensée du Sauveur. Elles
sortent du coeur de celui dans lequel la bonté et l'amour de Dieu se
sont révélés. Le Seigneur veut tuer ce qui doit mourir si
l'âme veut être sauvée.
Nous lisons qu'une grande foule suivait le Seigneur,
lorsqu'il prononçait ces paroles. Elles n'étaient pas faites pour
attirer, et n'étaient pas non plus destinées à produire cet effet.
Parmi la multitude qui se pressait autour de lui, Jésus en voyait
beaucoup qui ne soupiraient pas après le salut. Il leur lançait ces
paroles comme des épées et des dards, pour les porter à s'éprouver
eux-mêmes. Ces paroles étaient aussi destinées à illuminer, comme un
éclair, la vie de ceux qui le suivaient, afin d'effrayer ceux qui ne l'accompagnaient
que par curiosité, ou séduits par leur imagination. Haïr ! ce
commandement dans la bouche du doux Sauveur des pécheurs nous semble
incompatible avec son amour. Mais il y a une sainte haine, sans
laquelle il n'y a pas de véritable amour. Ayez
le mal en horreur et attachez-vous fortement au bien (Rom.
XII, 9). Lorsque le coeur a embrassé Christ de toute son
énergie, comme l'éternelle personnification de l'amour de Dieu, il
doit être aussi rempli de la même énergie pour repousser tout ce qui
lui est contraire. Tout ce qui tend à nous empêcher de saisir Christ,
de travailler à notre salut avec crainte et tremblement et de
poursuivre notre sanctification, sans laquelle personne ne verra le
Seigneur, - quel que soit cet être ou cet objet - nous avons le devoir
de le repousser de toutes nos forces, et de rompre d'autant plus
complètement avec lui, que notre salut nous tient plus à coeur. Dans
ce cas, cette sainte haine contre père et mère, contre frère et soeur,
contre fils et fille, ne s'adresse pas à leur personne, mais à leur
incrédulité et à leur inimitié contre Dieu.
Si nous sommes réellement animés de cette sainte haine,
sachons qu'elle tire son origine du coeur même de Dieu, qui aime aussi
ardemment le pécheur qu'il hait le péché. Cependant, ce serait un
mauvais signe pour le disciple de Christ. s'il pouvait se séparer d'un
méchant père ou d'une mère incrédule sans un douloureux combat
intérieur. Les liens de la famille sont consacrés par Dieu, et l'on
trahirait un sentiment bien contraire à sa volonté, si l'on pouvait
les déchirer d'un coeur léger, et sans verser des larmes amères comme
celles que saint Paul répandait sur l'état des ennemis de la croix de
Christ, qui se trouvaient parmi son peuple. Au surplus, le Seigneur
nous indique lui-même comment il comprenait la haine contre un père et
une mère, lorsqu'il l'assimile à la haine qu'on doit avoir pour sa
propre vie. Par ce dernier commandement, le Seigneur n'ordonné
pas à ses disciples des mortifications ni des mutilations à la façon
des moines, ni surtout le suicide.
La vie présente est un précieux don de Dieu, et nous
devons lui en rendre grâces. Nous avons à en prendre soin comme d'un
vaisseau terrestre qu'il nous faut remplir de la vie éternelle. Mais
le péché, qui a la mort pour salaire, s'est tellement établi et
enraciné dans cette vie, qu'il semble presque
impossible de les séparer l'un de l'autre. C'est la vie de péché que
nous avons héritée d'Adam, qui doit être l'objet de cette haine. Il ne
faut pas en prendre soin ; il faut qu'elle soit affaiblie et
livrée à la mort chaque jour, de manière que nous n'ayons d'autre
passion que Jésus. Voilà ce que le Seigneur exige de ses disciples.
Saint Paul, qui était crucifié au monde, et pour lequel le monde était
crucifié, disait : Je suis tous les jours exposé à la mort (I
Cor. XV, 31). Le pieux morave Schoenlein avait une soeur à
laquelle les voies de Dieu paraissaient par moment pénibles, et elle
désirait mourir. Alors son frère lui disait : « Madeleine,
quand tu seras morte, je ferai graver sur ta tombe cette
inscription : Ici repose Madeleine Schoenlein, qui désirait
mourir parce qu'elle ne voulait pas mourir. » Et c'est
la vérité. Celui-là seul est heureux en mourant, qui a consenti à
mourir avant de mourir. Haïr sa propre vie n'est donc autre chose que
faire mourir la vie que l'on tient d'Adam. Ceci regarde tous les
disciples, mais particulièrement les pasteurs chargés de paître le
troupeau. Celui-là seul qui est mort à lui-même et qui meurt tous les
jours, peut préparer les autres à la mort.
Quiconque ne porte pas sa croix
et ne me suit pas, ne peut être mon disciple (Luc
XIV,
27). Celui qui porte ici-bas sa croix en suivant le Seigneur,
portera là-haut la couronne. Les disciples du crucifié ne peuvent être
exempts de la croix. C'est la livrée du Roi de gloire. Mais encore,
qu'est-ce que la croix ? Est-ce toute espèce de malheur ou
d'épreuve ? Non, assurément. Ce sont seulement les disciples de
Jésus qui ont des croix. Les méchants ont sans doute beaucoup de maux
mais pas de croix. Aussi les enfants de Dieu ne doivent-ils pas
déprécier cette suprême distinction en donnant le nom de croix à la
moindre contrariété, ce qui arrive si souvent. Ce sont seulement les
souffrances que les disciples supportent dans la communion de celles
de Jésus, qui méritent le nom de croix.
Celui qui aura trouvé sa vie la
perdra ; mais celui qui aura perdu sa vie pour l'amour de
moi, la trouvera. Quiconque veut trouver le bonheur
hors de Christ, et en le reniant, perd la félicité éternelle. Hors de
Jésus, il n'y a pas de vrai bonheur. - Celui
qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit reçoit celui qui
m'a envoyé. Comme ceux qui
repoussent les disciples, tombent sous le jugement de Dieu, de même
ceux qui protègent la foi et les croyants, reçoivent leur
récompense ; car la bénédiction de Dieu entre avec ses serviteurs
dans leurs maisons. Quiconque reçoit les disciples et leur rend les
services recommandés par la charité, parce qu'ils sont disciples de
Jésus, reçoit véritablement Jésus lui-même. Ainsi le prix de ces
services n'est pas dans l'argent ou dans la somme de peines que nous y
consacrons ; mais dans la manifestation de l'amour pour Jésus.
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