Après le travail fatigant de cette journée, le Seigneur veut
goûter un peu de repos. Il entre dans la barque avec ses disciples et
se dirige vers la rive orientale de la mer de Galilée. Plusieurs
autres barques l'accompagnaient dans cette traversée (Marc
IV, 36), car les gens ne pouvaient pas se séparer de lui. Les
disciples avaient posé pour lui un oreiller à la poupe du bateau (Marc
IV, 38). Tout à coup il s'éleva une
grande tempête sur la mer, de sorte que la barque était couverte
des flots. La navigation sur ce lac est parfois très
dangereuse, comme c'est ordinairement le cas sur les lacs entourés de
montagnes. Un moment il est parfaitement tranquille, uni comme un
miroir, et tout à coup la tempête souffle des gorges des montagnes et
bouleverse ses eaux de fond en comble. Des vagues énormes fondent sur
la barque et menacent de l'engloutir. Les disciples font les
plus grands efforts pour la diriger, mais c'est en vain. Bientôt ils
n'en sont plus maîtres.
Mais Jésus dormait.
Adorable sommeil ! Celui qui garde Israël. ne dort point et ne
sommeille point (Ps.
CXXI, 4). Mais il s'est abaissé, dans Son amour pour les
pécheurs, au point de revêtir la faiblesse de notre chair et
d'éprouver le besoin de dormir. Il dort si doucement et si
profondément que ni les hurlements de la tempête ni le tumulte des
vagues ne peuvent le déranger. Cependant, même en dormant, il demeure
le Fils de Dieu et n'en conserve pas moins la domination sur toute la
création. Le souffle silencieux qui s'échappe de ses lèvres est plus
puissant que la tempête dans toute sa fureur. Nous adorons le Sauveur
endormi comme nous avons adoré dans la crèche celui qui, n'étant qu'un
faible enfant, n'en soutient pas moins toutes choses (Héb.
I, 3).
Ni le bruissement de la tempête ni le fracas des vagues
n'avaient pu réveiller le Seigneur. Mais il est réveillé par le cri
d'angoisse de ses disciples : Seigneur,
sauve-nous, nous périssons ! C'est le cri de la foi ;
ils avaient cette confiance en leur Maître, qu'il pouvait les tirer de
ce danger et que sa main puissante les ferait remonter des portes de
la mort. Mais leur peu de foi se montre en ce que la crainte
de la mort peut ainsi remplir leur coeur d'angoisse pendant que Jésus
est avec eux dans la barque. Ils devaient se dire que la tempête ne
pouvait faire périr le Sauveur, qui n'était pas un pécheur comme eux.
Lorsque Jésus leur eut reproché leur manque de foi, il
parla avec autorité aux vents et à la mer. Comme une mère impose
silence à son enfant qui crie, de même le Seigneur fait taire le
mugissement du vent par son commandement bref et précis. La création
reconnaît la voix de son Maître, et la Parole par laquelle toutes
choses ont été faites (Jean
I, 3). La tempête cessa, les flots s'apaisèrent et il se fit
un grand calme. Mais les gens dirent : Quel est cet
homme auquel les vents même et la met obéissent ? On peut
penser que les disciples eux-mêmes furent étonnés de cette nouvelle
manifestation de la puissance et de la gloire de Jésus et que leur foi
en fût fortifiée. C'est par lui qu'ont été créées toutes les choses
qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles,
soit les trônes ou les dominations, ou, les principautés, ou les
puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. (Col.
I, 16). Le père a mis toutes choses sous ses pieds (Eph.
l, 22).
Si nous prenions cette foi au sérieux, comme la tempête
des tentations s'apaiserait, et comme les vagues des inquiétudes se
calmeraient dans nos coeurs ! Alors nous pourrions répéter avec
le Psalmiste : Quoi qu'il en soit, mon âme se repose en
Dieu ; ma délivrance vient de lui (Ps.
LXII, 1).
Puissions-nous nous confier en Jésus comme un jeune
garçon se confiait en son père ! Un vaisseau fut assailli par une
violente tempête dans la mer du Nord. Les matelots travaillent avec la
plus grande énergie, mais ils ne sont plus maître du navire. Tous sont
découragés, craignent pour leur vie et poussent des cris de détresse.
Le jeune fils du capitaine est assis sur le pont, joue aussi
tranquillement que s'il était à la maison, sur les genoux de sa mère.
Lorsqu'on lui demanda s'il n'avait donc pas peur, il répondit :
Pourquoi aurais-je peur ? mon père n'est-il pas au
gouvernail ?
Heureux celui qui peut témoigner par sa propre expérience
que Christ peut tout apaiser : intérieurement, les angoisses du
coeur, extérieurement, les tempêtes et les orages ! C'est
pourquoi nous ne craindrons point, quand même la terre se
bouleverserait et que les montagnes se renverseraient au milieu de la
mer. Les ruisseaux du fleuve réjouiront cependant la ville de Dieu,
car Dieu est au milieu d'elle, elle ne sera jamais ébranlée (Ps.
XLVI, 3. 5. 6). Dès les premiers temps, les chrétiens ont
comparé l'Église à la barque voguant sur le lac de Génézareth, car
Christ est en elle avec ses disciples. Chrysostôme dit :
« Le vaisseau de l'Eglise, muni du gouvernail de la foi, navigue
sur la mer de ce monde. Dieu est son pilote, les anges sont les
rameurs, tous les saints sont les passagers. Au milieu d'eux s'élève
comme un mât, l'arbre de la croix. Les voiles de la foi évangélique
sont déployées, et le vent de l'Esprit de Dieu les enfle et pousse le
navire au port du Paradis et de l'éternel repos. Et ce repos fera
oublier toutes les agitations.
Saint Matthieu parle de deux démoniaques que Jésus guérit dans
les environs de Gadara, lorsqu'il eut abordé, après avoir apaisé la
tempête. St-Marc et St-Luc n'en mentionnent qu'un seul. C'est que ces
deux derniers évangélistes ne racontent la guérison que de celui qui
avait porté la parole. Quand il fut arrivé à
l'autre bord, deux démoniaques étant sortis des sépulcres, vinrent
à lui. Ils étaient si furieux que personne n'osait passer par ce
chemin-là (Matth.
VIII, 28). Et personne ne pouvait le lier, pas même avec des
chaînes, car souvent il avait rompu ses chaînes, et il était poussé
dans le désert par le démon (Luc
VIII, 27-29). De même que Jésus, au tombeau de Lazare, frémit en
lui-même d'émotion et d'indignation à la vue des ravages que le péché
et la mort ont faits dans l'homme ; nous aussi nous éprouvons le
même sentiment en voyant, par ce récit, le profond abîme dans lequel
l'homme, fait à l'image de Dieu, peut tomber lorsqu'il se sépare de
Dieu et devient la proie du diable.
Nous voyons dans ce malheureux un singulier mélange de
désir d'être délivré et de fureur hautaine. Quand
il vit Jésus, il accourut et se prosterna devant lui.
Il avait probablement un moment de lucidité, où il avait conscience de
son misérable état. Il espère que le Sauveur le secourra ; il
veut l'en prier à genoux ; mais au moment où il ouvre la bouche,
l'esprit malin a de nouveau pris le dessus, et ne veut pas laisser
échapper sa proie. Il lui dit, criant à haute voix : Qu'y
a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Dieu Très Haut ? je
te conjure, par le nom de Dieu, de ne point me tourmenter.
C'est un tourment pour Satan, lorsque les âmes
recherchent un refuge auprès du Sauveur. C'est ce tourment que
l'esprit malin pressent, lorsque le Sauveur approche. D'abord il avait
éprouvé un certain plaisir dans l'espoir de pouvoir éloigner Jésus. Qu'y
a-t-il entre toi et moi ? Mais il ne tarde pas à comprendre
qu'il a affaire à un plus fort que lui, et il descend à la prière.
Jésus lui demanda : Comment
t'appelles-tu ? Et il répondit : Je m'appelle légion,
car plusieurs démons étaient entrés en lui (Luc
VIII,
30). Quelques-uns ont pensé que le Seigneur adresse la question
à l'esprit malin. Ce serait la première fois que le Sauveur
questionnerait ainsi le démon ou quelques-uns de ses suppôts.
D'ailleurs on ne comprendrait pas cette manière d'agir de Jésus. Il
pose ici une question comme il le fait souvent, non pour s'éclairer,
mais afin de donner à l'âme ainsi enchaînée, l'occasion de s'exprimer
et de séparer ses pensées de l'esprit malin. Mais celui-ci se met en
avant et répond avant le possédé. Il n'indique pas réellement un nom.
Il parait presque vouloir s'en appliquer un semblable à celui de Dieu,
qui s'appelle le Dieu des armées et se prévaloir de cette
nombreuse société d'esprits impurs, pour donner plus de poids à sa
prière. Et ils le priaient de ne pas leur
commander d'aller dans l'abîme. Ils tremblent d'être
précipités dans l'abîme de l'enfer, qui leur est réservé après le
jugement. La majesté de Jésus les remplit de terreur. Ils savent que
l'heure du jugement viendra une fois pour eux, mais ils prient Jésus
de ne pas les tourmenter avant le temps (Matth.
VIII, 29).
Il semble que le séjour sur la terre de ces esprits
tombés ait pour condition une certaine existence corporelle. Dès que
Jésus les expulse d'un corps humain, ils lui demandent de leur en
assigner un autre pour demeure. Ils choisissent peut-être le corps des
pourceaux précisément, à cause de la laideur et de l'impureté de ces
animaux. Cette prière des démons de ne pas être privés d'une demeure
corporelle, nous rappelle ce voeu de l'apôtre : Nous désirons
avec ardeur d'être revêtus de notre demeure céleste, si toutefois nous
sommes trouvés vêtus et non pas nus (2
Cor. V, 2, 3). - Et Il le leur promit.
Alors les esprits immondes étant sortis, entrèrent dans ces
pourceaux, et tout le troupeau se précipita avec impétuosité dans
la mer, et ils se noyèrent dans les eaux. Or, il y en avait
environ deux mille (Marc
V, 13). Il est extrêmement consolant pour nous de voir que sans
la permission de Jésus, les démons n'auraient pas même de puissance
sur les pourceaux.
Mais qu'il leur ait accordé cette permission, c'est ce
que l'incrédulité ne peut pas comprendre, attendri que cet événement
aurait occasionné une grande perte aux habitants
de Gadara. Un troupeau de deux mille pourceaux ! ce n'est pas une
bagatelle. On a même demandé si le Seigneur avait le droit de
dépouiller ainsi les Gadaréniens de leur propriété. À l'ouïe d'une
pareille question, on serait presque tenté de poser celle-ci :
Qu'est-ce que Dieu faisait avant de créer le monde ? et d'y
répondre avec Luther : « Il était assis près du ruisseau et
cueillait des verges pour châtier ceux qui font de ces questions sur
les choses qui ne les regardent pas. »
Quant à la question de savoir si le Seigneur avait le
droit de dépouiller ces gens de leurs pourceaux, on peut y répondre en
demandant si Dieu a le droit de faire éclater la foudre, ou d'envoyer
le phylloxéra, les inondations et les tremblements de terre. Ceux qui
font ces questions, oublient qu'ils ont affaire à celui auquel le Père
a donné tout pouvoir de juger. Que tous ceux qui entendent ou qui
lisent ce récit, reconnaissent la puissance de Satan et des esprits
malins, et se gardent bien de penser que les malheureux s'imaginaient
seulement être possédés par les démons. Les hommes
s'imaginaient !
Mais les pourceaux, étaient-ils aussi poussés par leur
imagination à se précipiter dans la mer ?
Enfin les Gadaréniens étaient mis en demeure de choisir
entre Jésus, qui délivre de tout péché, de la mort et de la puissance
du démon, et leurs pourceaux, que la loi taxait d'animaux impurs et
qu'ils élevaient seulement en vue du profit qu'ils en retiraient. Leur
trésor, ce sont leurs pourceaux, c'est pourquoi leur coeur se détourne
du Seigneur. Ils ont sans doute admiré son action, mais elle leur
coûte trop cher. Ils ne pensaient pas à la valeur du salut d'une âme.
Ils craignent d'éprouver de nouvelles pertes si le Seigneur demeure
plus longtemps dans leur voisinage. C'est pourquoi ils le prièrent
de se retirer de leurs quartiers. Ils le prièrent très poliment.
Cette politesse est l'indice des épaisses ténèbres qui recouvraient ce
peuple. Une haine et une colère déclarées contre Dieu et sa Parole
sont loin d'être toujours un mauvais signe. Car plus d'une fois un
ennemi est devenu un ami. Mais une froide politesse, en ces matières,
laisse à peine quelque espoir de salut. La prière des Gadaréniens
semble indiquer que toutes les joies de leurs coeurs sont anéanties
avec leurs pourceaux. Cependant le Seigneur n'abandonne
pas tout espoir. La reconnaissance de celui qui a été délivré lui
inspire le désir de demeurer avec Jésus. Le Seigneur n'accepte, pas
son offre, mais il fait de lui un messager de paix auprès de son
peuple, afin qu'il annonce les grandes choses que le Seigneur lui
a faites.
Jésus traverse de nouveau le lac et revient à Capernaüm. Son arrivée
est bientôt connue. Aussitôt tant de gens
s'assemblèrent que l'espace qui était devant la porte ne pouvait
les contenir, et il leur annonçait la Parole de Dieu.
Pendant que le Seigneur est occupé, dans cet étroit espace, à
enseigner et à guérir les malades, il est tout à coup interrompu. Tous
les yeux se dirigent vers la terrasse de la maison. Le toit est percé,
et par l'ouverture un lit, sur lequel est couché un paralytique, est
descendu avec des cordes et déposé aux pieds de Jésus. Ce sont des
hommes charitables et fidèles, qui rendent ce service à un pauvre
malade. On peut penser qu'il en fut reconnaissant toute sa vie à ses
amis, et qu'eux-mêmes en recueillirent sûrement une bénédiction
permanente. Cet exemple nous invite à regarder autour de nous, s'il
n'y en a pas quelques-uns qui soient éloignés de Jésus.
Jésus voyant la foi de ces
gens-là dit au paralytique : Prends courage, Mon fils, tes
péchés te sont pardonnés. Et quelques scribes qui étaient là
assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Pourquoi cet homme
prononce-t-il des blasphèmes ? Qui peut pardonner, les
pêchés, sinon Dieu seul ? Le Sauveur reconnaît le
péché comme la source et la racine de toutes les maladies. Dans le
Paradis, il n'y avait ni malade ni mort, parce qu'il n'y avait point
de péché, et au ciel il n'y aura ni douleur ni aucune cause de larmes,
parce que rien d'impur ne peut y entrer. Chaque maladie doit nous
apparaître comme une conséquence du péché et nous pousser vers le
Sauveur. Si nous ne le savons pas encore, il faut que nos maladies
nous apprennent à faire du pardon de nos péchés le principal objet de
nos recherches. Jésus a dit personnellement et face à face à ce paralytique :
« Tes péchés te sont pardonnés. » Ainsi il ne pouvait pas en
douter et devait tenir pour absolument certain qu'il avait obtenu la
grâce de Dieu dans le pardon de ses péchés. Sommes-nous aussi, assurés
de ce pardon ? Chacun de nous peut-il se dire : Mes péchés
me sont pardonnés, j'ai obtenu miséricorde ?
Le pardon des péchés ! Aussi longtemps qu'un homme
est satisfait de lui-même, il pense que ce pardon est une chose toute
naturelle. Beaucoup d'autres points de la doctrine chrétienne lui
offrent des difficultés. Par exemple, que Dieu ait créé le monde de
rien, que le Sauveur soit à la fois vrai Dieu et vrai homme, que Dieu
ait puni l'innocent à la place du coupable, que nous ne puissions
subsister devant lui que revêtus d'une justice étrangère, qu'il y ait
en Dieu trois personnes et qu'il n'y ait cependant qu'un seul Dieu,
ces questions et d'autres semblables nous paraissent insolubles ;
elles soulèvent des doutes de toutes parts. Mais quand il s'agit de la
grâce et du pardon des péchés, chacun est parfaitement sûr de les
obtenir. Dieu est si bon, si indulgent ! Il n'y regarde pas de si
près. Mais dès qu'on a reçu des yeux qui voient, que le péché apparaît
dans toute son affreuse gravité et qu'il est devenu un fardeau plus
lourd qu'on ne peut le porter, alors on est tenté de s'écrier avec
Caïn : Mon péché est trop grand pour pouvoir m'être pardonné.
Tous les articles de foi se comprennent parfaitement dès qu'on peut se
dire : Mes péchés me sont pardonnés. Évidemment notre paralytique
avait mené deuil sur ses péchés et désirait ardemment en obtenir le
pardon. C'est pourquoi le Seigneur console ce coeur affligé en lui
accordant ce pardon avant même de le guérir.
Les pharisiens et les scribes avaient de mauvaises
pensées dans leur coeur. Nul ne peut pardonner les péchés que Dieu
seul, et quiconque s'arroge cette prérogative divine, se rend coupable
de blasphème. Jésus reprend les mauvaises pensées des pharisiens. Ces
pensées qu'ils entretenaient dans leur coeur, prouvent que leur
inimitié était encore contenue ; mais cette contrainte ne dure
pas longtemps. Bientôt le combat éclate publiquement. Les pharisiens
avaient en tout cas parfaitement raison de dire que Dieu seul peut
pardonner les péchés, et que cette parole : Tes péchés te sont pardonnés,
serait un blasphème dans la bouche de Jésus s'il n'était qu'un simple
homme, et non celui en qui habite corporellement toute la plénitude de
la Divinité. Leur aveuglement consiste précisément en ce qu'ils ne
reconnaissent pas en lui la splendeur de la gloire de Dieu et l'image
empreinte de sa personne. Pleins de défiance, ils pensaient en
eux-mêmes : Tes péchés te sont pardonnés, cela est facile à dire.
Mais sont-ils réellement pardonnés ? C'est ce que l'éternité
seule sait, et l'éternité est voilée.
Le Seigneur s'adresse alors à eux, et, accompagnant son
sérieux reproche d'un amour infini, il leur dit : Pourquoi
avez-vous de mauvaises pensées dans vos coeurs ?
Ne vaudrait-il pas mieux demander une preuve de ce pardon que de me
juger avec cette aigreur ? Car lequel
est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont pardonnés, ou
de dire : lève-toi et marche. Lequel est le plus aisé ?
Est-il plus facile de pardonner les péchés que d'en énoncer simplement
le pardon ? Telle était aussi la pensée secrète des pharisiens.
Mais si l'annonce du pardon impliquait réellement le pardon
lui-même ! ? Dans ce cas, celui qui annonce ce pardon, a
besoin d'une attestation divine. C'est ce que le Seigneur lui-même
avoue. Mais cette attestation suit immédiatement. Or,
afin, que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre
l'autorité de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au
paralytique, emporte toit lit et t'en va dans ta maison.
Si, outre le paralytique, il y avait encore dans cette
foule d'autres coeurs altérés de consolations, avec quelle anxiété ils
devaient attendre la confirmation de la parole : Tes péchés
te sont pardonnés, par cette autre parole toute puissante :
Lève-toi et marche ! Comme fils de l'homme, Jésus a sur la
terre l'autorité de pardonner les péchés, car Dieu s'est fait homme,
il a réconcilié le monde avec lui-même, et par sa mort, il lui a
obtenu une rédemption éternelle (Heb.
IX, 12). Sans cette réconciliation, Dieu aurait le droit de
punir et de briser le pécheur dans sa colère, mais non de lui
pardonner ses péchés. Car le pardon, sans réconciliation préalable,
serait une atteinte portée à sa sainteté. Cette autorité infiniment
consolante de pardonner les péchés, le Sauveur ne l'a pas emportée sur
le trône de sa gloire. Il l'exerce encore continuellement sur la
terre, au milieu de son Église. Et quiconque désire obtenir le pardon
de ses péchés, ne doit pas regarder aux étoiles,
mais recourir à la Parole de Dieu et aux sacrements. C'est là que Dieu
a déposé le pardon. Usons donc de ces moyens avec foi, et il nous sera
fait selon que nous aurons cru.
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