Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II

suite

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23. Deuxième séjour de Jésus à Jérusalem.

(Jean V, 1-47.)


Après cela, comme les Juifs avaient une fête, Jésus monta à Jérusalem. La fête mentionnée ici n'est à la vérité pas clairement désignée, mais c'était très vraisemblablement la fête de la Pâque. Lorsque Jésus prononça la parabole du figuier (Luc XIII, 6-9), il exerçait son ministère public depuis deux ans et demi au moins. C'est ce qu'on peut conclure de cette parole : Voici, il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier. Un sursis d'une année lui fut accordé, ce qui porterait à trois ans et demi le temps de l'activité publique de Jésus. Nous trouvons les mêmes indications dans l'Évangile selon saint Jean. Outre, notre passage (V, 1), il fait mention de trois fêtes de Pâque : la première, II, 13 ; la deuxième, VI, 4 ; et enfin la dernière, XII, où il fait son entrée solennelle à Jérusalem.


a) La guérison du paralytique au réservoir de Béthesda.
(Jean V, 1-17.)

Sous les portiques du réservoir de Béthesda, dont les eaux jaillissaient par intervalles, et avaient alors une vertu curative, le Sauveur rencontra un impotent, qui était couché là depuis trente-huit ans. Les malades attendaient le mouvement de l'eau, et dès qu'elle jaillissait, ils se faisaient porter dans le réservoir, car c'était le moment où la vertu de l'eau était le plus énergique. Tholuck prétend qu'elle était de la même nature que celle de nos sources minérales. Il y à, par exemple à Kissingen, dit-il, une source gazeuse qui, après avoir fait entendre un certain bruissement, commence à jaillir chaque jour, à peu près à la même heure ; et qui, au moment où les gaz s'accumulent, agit avec une énergie particulière.

L'incrédulité s'est beaucoup scandalisée de la mention de l'ange (v. 4). Ce n'est pas l'ange, dit-on, ce sont les forces de la nature qui donnent à l'eau sa vertu curative. En parlant d'un ange, Jean ne nie pas les forces de la nature ; il veut seulement dire que ses forces se déploient dans l'eau, par suite d'une action divine. Si nous avions les yeux de Jean, nous verrions l'intervention d'un ange dans la source de Kissingen aussi bien que Jean la vit dans le réservoir de Béthesda. L'Écriture ne connaît, dans la nature, à côté du Dieu vivant, aucune loi immuable à la puissance de laquelle nous serions livrés. Elle attribue à l'action de Dieu tous les phénomènes qui se produisent dans la nature. C'est Dieu qui nourrit les oiseaux de l'air et qui revêt les lis des champs ; il tonne, et sa voix est sur les grandes eaux ; il étend les cieux comme une tente ; il fait des nuées son chariot et se promène sur les ailes du vent ; il fait couler les fontaines par les vallées ; il arrose les montagnes de ses chambres hautes et fait croître le foin pour le bétail ; il fait des vents ses anges et du feu brûlant ses serviteurs (Ps. CIV).
En un mot, les anges sont des esprits destinés à servir, et qui ont pour mission d'accomplir la volonté de Dieu. Leur ministère s'étend partout où cette volonté agit.

Jésus demande au malade : Veux-tu être guéri ? Que de fois n'a-t-il pas fait la même question au peuple entier ? À la fin de sa vie il s'écrie avec larmes : Vous n'avez pas voulu !

Il semblerait. que la question faite à cet impotent soit superflue. Quel malade ne souhaiterait pas d'être guéri ? Mais il fallait un motif tout particulier pour que cet homme fût resté si longtemps malade à côté du salutaire Béthesda. Le malade lui répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans le réservoir après que l'eau a été troublée, car pendant que j'y vais, un autre y descend avant moi. Et en parlant ainsi, il dut jeter sur le Sauveur un regard qui semblait dire : Pourrais-tu peut-être me rendre ce charitable service ? Il ne se doute pas qu'il a devant lui le Maître de Béthesda, sur lequel les anges de Dieu montent et descendent, et qui est lui-même la source de la force et de la santé.
Jésus lui dit. Lève-toi, emporte ton lit et marche. Et incontinent, cet homme fut guéri ; et il prit son lit et se mit à marcher. Or, ce jour-là était un jour de sabbat. La parole de Jésus fut le Béthesda du malade. Il la reçut avec foi et fût guéri.

Cette guérison n'était pas pressée. Elle aurait aussi bien pu être opérée le lendemain. Mais le Sauveur semble avoir guéri cet homme, avec intention, le jour du sabbat, afin de s'opposer aux vues des pharisiens, d'après lesquels la sanctification du sabbat consistait dans un repos absolu. Alors les Juifs dirent à celui qui avait été guéri : C'est aujourd'hui le sabbat, il ne l'est pas permis d'emporter ton lit. Mais lui s'en réfère à celui qui l'a guéri : il pense que le Sauveur ne pouvait, en aucun cas, lui commander une action impie.

Les Juifs lui demandent qui lui a donné ce commandement. Celui qui avait été guéri ne connaissait pas le Sauveur, qui s'était échappé au travers de la foule. Car Jésus ne voulait pas se faire connaître à lui publiquement, en présence du peuple ; mais dans l'intimité. Il le retrouva bientôt après dans le temple et lui dit : Voilà, tu as été guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. Le Sauveur confirme cet homme dans la pensée que sa conscience lui avait déjà suggérée : c'est que sa maladie était le châtiment de ses péchés. Il est vrai que la mesure de la souffrance n'est pas nécessairement la mesure du péché. Néanmoins, partout où la douleur existe, elle provient du péché ; car un être exempt de péché n'aurait pas à souffrir ». Si, après la guérison, la puissance du péché n'est pas brisée dans nos coeurs, nous serons frappés de plus grandes afflictions, souvent déjà dans cette vie, et certainement dans l'autre.

Sans défiance, et n'ayant aucune idée de la profonde méchanceté des pharisiens, celui qui avait été guéri, publia partout que c'était Jésus qui l'avait guéri. Il pensait que tous ceux qui l'entendraient, se réjouiraient et seraient reconnaissants comme lui. Mais il se trompait. C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus et cherchaient à le faire mourir, parce qu'il avait fait cela le jour du sabbat.

La purification du temple, à la première fête de Pâque, avait déjà excité la haine, et le Sauveur s'y était soustrait en quittant Jérusalem. Maintenant, on veut exercer contre lui la sévérité qu'on déployait alors contre les moindres violations du sabbat ; autrement son exemple aurait trop facilement trouvé des imitateurs. Cependant, nous ne devons pas penser que le sanhédrin eût déjà pris alors la décision de mettre Jésus à mort. Cette décision interviendra plus tard. Toutefois, on avait déjà formé sous main et secrètement la résolution de se débarrasser de lui.


b) L'action du Père et du Fils.
(Jean V, 17-47.)

Pour répondre à la question : Est-il permis de guérir le jour du sabbat, le Sauveur ne se place pas ici, comme en Luc XIII, 15-16, au point de vue humain ; il fonde son droit de guérir le jour du sabbat sur sa relation exceptionnelle avec le Père. Mon père agit jusqu'à présent et j'agis aussi. Malgré le repos du premier sabbat, après la création du monde, Dieu continue toujours à agir, en bénissant, en conservant ce qu'il a créé. D'après les vues des Juifs, Dieu aurait lui-même violé le sabbat par son action. Ils n'auraient cependant pas osé exprimer une telle énormité. Et j'agis aussi.
Par cette parole, Jésus déclare que son action est égale à celle du Père, comme il avait donné à entendre qu'il est le Fils de Dieu, en disant : « Mon père » et non « Notre Père ». C'est ce que comprennent fort bien les Juifs ; aussi cherchent-ils encore plus à le faire mourir, parce qu'il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi égal à Dieu.
Les Juifs l'avaient très bien compris, mieux que ne le comprend l'incrédulité actuelle. Il appelle Dieu son Père, dans un sens qui implique son affranchissement de la loi, du sabbat, et en même temps son droit de participer à la Divinité. - En vérité, en vérité, je vous dis. Par cette solennelle formule de serment, qui parait trois fois dans ce discours, le Sauveur affirme toujours des vérités d'une importance capitale.
Le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il ne le voie faire au Père, car tout ce que le Père fait le Fils le fait pareillement.

Le Sauveur ne se fait pas égal à Dieu, comme les Juifs le lui reprochent ; mais il est le Fils unique du Père, de même essence que lui. Par conséquent, il est impossible que son action soit contraire à la volonté, du Père, c'est-à-dire un péché, une violation du sabbat. Quant aux créatures, il est possible qu'elles agissent d'elles-mêmes, indépendamment de Dieu et contrairement à sa volonté. C'est ainsi que, lorsque le malin esprit ment, il parle de son propre fonds (Jean VIII, 44) ; tandis qu'il est dit du Saint-Esprit : Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu (Jean XVI, 13). De même le Fils, à cause de son union essentielle avec le Père, ne peut rien faire de lui-même. Mais aussi la volonté et l'action du Père se manifestent par la volonté et l'action du Fils.

Cette gloire du Fils unique brillera d'un plus vif éclat, lorsqu'il aura manifesté des oeuvres du Père plus grandes encore que celles-là, lorsqu'il aura vivifié ceux qui entendront et recevront sa Parole ; lorsqu'il jugera ceux qui n'auront pas voulu écouter sa voix, ni croire en son nom. Il recevra les uns au séjour du bonheur et plongera les autres dans la terreur et le désespoir. Car comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, de même le Fils donne la vie à ceux qu'il veut. C'est auprès de Dieu qu'est la source de la vie qui triomphe de la mort ; toutefois le Père ne vivifie pas les morts sans le Fils, mais dans la communion de volonté avec lui. Non seulement le Sauveur dit au jeune homme de Naïm : « Je te le dis, lève-toi » ; à la jeune fille : « Thalitha Kumi » ; à Lazare : « sors dehors », les arrachant ainsi à la puissance de la mort corporelle ; mais encore il appelle un Zachée, une Madeleine, un larron, afin qu'ils sortent de la mort du péché, et soient remplis de la vie de Dieu.

Le Fils donne la vie à qui il veut, car il a la puissance de le faire. Seulement, sa volonté n'est pas de l'arbitraire. Il veut affranchir du jugement et vivifier quiconque croit en lui et se donne à lui avec amour. Donner la vie, n'est pas autre chose qu'affranchir du jugement.
Le Père a donné au Fils tout pouvoir de juger, non seulement au dernier jugement, alors que nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Christ (2 Cor. V, 10) ; mais maintenant déjà, le jugement caché dans les coeurs et qui dure tout le temps de notre vie. La bénédiction et la malédiction dépendent, pour chaque individu, comme pour les peuples de la terre, de la question de savoir s'ils embrassent le Fils (Ps. II, 12), ou si, par incrédulité, ils cherchent à s'affranchir de sa domination, en disant : Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous.

Comme ils étaient insensés, ces Juifs, qui prétendaient honorer le Père tout en persécutant le Fils jusqu'à la mort ! Car le Père a donné au Fils tout pouvoir de juger. afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père ; celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé ; Dieu ne donne pas sa gloire à un autre, ni sa louange aux images taillées (Esaïe XLII, 8), mais au Fils qui tient la vie et la mort dans sa main, qui est de même essence que le Père et à qui appartient aussi de droit le même honneur qu'au Père. Le Père est honoré par l'honneur rendu au Fils, de même le Père est méprisé par le mépris déversé sur le Fils. D'ailleurs, il faut que tous rendent honneur au Fils.

En vérité, en vérité, je vous le dis. Après cette nouvelle introduction, nous devons attendre une communication de la plus haute importance.
Celui qui écoute ma Parole et qui croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie.
Telle est la bénédiction que nos coeurs recueillent de la communauté d'action du Père et du Fils ; c'est que par la foi, à sa Parole, nous avons la vie éternelle. La vie qui, en réalité, a son siège dans l'éternité, pénètre aussi dans cette vie terrestre, tellement que celui qui croit au Fils, a déjà dès maintenant la vie éternelle. Car le Fils est lui-même, le vrai Dieu et la vie éternelle (1 Jean V, 20). Nous goûtons, dans notre vie corporelle, les puissances du siècle à venir.

Quiconque veut hériter la vie éternelle doit déjà, « ici bas », être délivré de la mort éternelle. - En vérité, je vous dis que le temps vient et qu'il est déjà venu, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l'auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même, et il lui a donné l'autorité d'exercer le jugement, parce qu'il est le Fils de l'homme.
Le Fils de Dieu a subi lui-même la condamnation prononcée sur nos péchés ; celui qui croit en Lui ne sera pas condamné.

Les Juifs se scandalisaient de l'humble apparence du Fils de l'homme ; c'est pourquoi Jésus leur déclare que Dieu l'a établi juge, non pas quoiqu'il soit le Fils de l'homme, mais parce qu'il est le Fils de l'homme. Son incarnation est le fondement de son pouvoir de donner la vie et de juger. Ne soyez pas surpris de cela, car le temps vient que ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ceux qui auront fait de bonnes oeuvres ressusciteront pour la vie ; mais ceux qui en auront fait de mauvaises ressusciteront pour la condamnation.

Pendant cette vie, qui est le temps de grâce, le pécheur peut bien fermer son coeur au tendre amour du Sauveur ; il peut refuser d'aller à lui ; mais le temps vient auquel tous, sans distinction, croyants et non-croyants, entendront sa voix et seront forcés de comparaître devant lui. La racine des bonnes oeuvres est dans la foi, comme la racine des mauvaises oeuvres est dans l'incrédulité ; car là où est la foi vivante, il faut qu'elle se manifeste par des oeuvres.

Jusqu'ici, le Sauveur a exposé que son action, soit qu'il donne la vie, soit qu'il juge, est une avec celle du Père, puisqu'il est lui-même un avec le Père. C'est donc vainement que les Juifs l'accusaient d'avoir fait une action contraire à la volonté de Dieu. Il part de là pour leur reprocher l'incrédulité avec laquelle ils ont rejeté le triple témoignage que le Père lui a rendu, et il repousse d'avance le reproche que lui feront les Juifs (VIII, 13). Tu te rends témoignage à toi-même, ton témoignage n'est pas véritable. Lorsque Jésus répond alors : Quoique je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est véritable, ces paroles semblent être en contradiction avec celles-ci : Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n'est pas digne de foi. Mais cette contradiction n'est qu'apparente.
Ici le Sauveur parle du témoignage dans le sens juridique, où un témoignage n'est valable que lorsqu'il est rendu par quelqu'un qui n'a point de part à la cause. C'est pourquoi il renvoie ici les Juifs au témoignage que le Père lui a rendu par Jean-Baptiste, par les oeuvres qu'il a accomplies lui-même, et par l'Écriture. Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité ; pour moi, je ne cherche pas le témoignage des hommes, mais je dis ceci afin que vous soyez sauvés. Jean était une chandelle allumée, et vous avez voulu pour un peu de temps vous réjouir à sa lumière.

En réalité, le témoignage de Jean ne venait pas d'un homme, mais du Saint-Esprit qui parlait par lui. Ce n'était pas le messager humain, c'était l'envoyé divin qui donnait à ce témoignage sa signification. Les Juifs voulurent se réjouir à la lumière du Baptiste. Ils étaient flattés qu'après un si long intervalle, un prophète se fût enfin élevé parmi eux. Mais ils ne voulaient pas se laisser éclairer par cette lumière, au point de se repentir et de se préparer véritablement à la venue du Sauveur.

Jésus a un témoignage plus grand que celui de Jean-Baptiste c'est celui que le Père lui rend par les oeuvres qu'il lui à donné le pouvoir d'accomplir. J'ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les oeuvres que mon Père m'a donné le pouvoir d'accomplir, ces oeuvres-là que je fais, rendront témoignage de moi, que mon Père m'a envoyé. Ce n'était pas exclusivement, mais cependant principalement à ses miracles, que le Sauveur en appelait ici. Et, en tout cas, il avait en vue la guérison au réservoir de Béthesda. Il s'en réfère d'ailleurs plus d'une fois à ses miracles. Par exemple X, 25. 32 ; XIV, 11-15. 24. Mais les Juifs ne voulaient pas reconnaître l'action du Père dans les oeuvres du Fils. - Et sa Parole ne demeure pas en vous. Vous n'avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face. Les Juifs reconnaissaient qu'on pouvait entendre la voix de Dieu et voir sa face au moyen de la Parole écrite ; mais cette Parole n'habitait pas dans leurs coeurs. S'ils avaient trouvé dans la Parole écrite la lumière de leur vie, leur consolation et leur force, ils auraient aussi trouvé dans la Parole faite chair, la voix et la force de Dieu. Sondez les Écritures, car c'est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Jésus confirme d'une manière absolue l'opinion des Juifs, d'après laquelle la Parole de Dieu est le trésor de la vie éternelle. Mais s'ils croyaient trouver la vie éternelle dans les Écritures, tandis qu'ils repoussaient celui qui est seul la source de la vie éternelle, ils se trompaient eux-mêmes. C'est pourquoi le Seigneur leur dit : « Cherchez dans les Écritures la vie éternelle, car jusqu'à présent vous ne l'y avez pas encore trouvée. » Celui-là seul trouve la vie éternelle dans les Écritures, qui y cherche Jésus.

L'Écriture ne renferme pas seulement quelques préceptes pour nous guider dans notre conduite ; mais elle contient les pensées d'amour de Dieu, qu'il a exprimées par des paroles et qu'il a manifestées par un fait, afin de sauver l'humanité pécheresse.

Dans leurs premières pages, les Écritures parlent de la création du ciel et de la terre ; dans les dernières, elles parlent de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre. Dans l'intervalle compris, entre ce commencement et cette fin, se développe le règne de Dieu. L'Écriture contient les faits divins de la Rédemption, tels qu'ils sont prédits et préparés dans l'Ancien Testament, et tels qu'ils sont accomplis dans le Nouveau-Testament, par l'incarnation du Fils de Dieu, dans l'histoire de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection. L'Écriture n'est pas une lettre morte ; mais, ayant été donnée par Dieu, elle est remplie de son Esprit, et elle communique une force divine qui est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice (2 Tim. III, 16).

Malgré cela, cette parole de l'apôtre reste vraie : « Nous voyons présentement confusément, comme dans un miroir ; mais alors nous verrons face à face. » La connaissance de la vérité ne nous est pas infiltrée du dehors ; il faut que nous cherchions, que nous sondions les Écritures, afin de nous en approprier le contenu. Et plus nous chercherons soigneusement et sérieusement, plus nous en retirerons de profit. La Parole écrite est le témoignage permanent de Celui que Jean (I, 1) appelle la Parole vivante. Mais c'est seulement dans la prédication publique, en présence de l'Église, qu'elle manifeste pleinement toute son énergie et déploie toute sa puissance. La foi vient de la prédication, mais à la condition que cette prédication soit elle-même puisée dans la Parole écrite. Voilà pourquoi, l'Église de la Réformation a reconnu et étudié l'Écriture comme la seule source et la règle de la vérité divine, et a fait de la prédication de cette Parole le principal élément du service divin.

La Parole est la puissance de l'Église. Jésus a rendu témoignage de lui-même par des signes, et des miracles ; mais c'est dans l'Écriture. qu'il a mis tout son coeur, toute sa force divine.

Celui qui possède la Parole, le possède lui-même. L'Écriture rend témoignage de lui. Il est la substance, la lumière, le commencement, le milieu et la fin de l'Écriture sainte. Mais ce témoignage ne servait de rien aux Juifs, parce qu'ils ne voulaient pas aller à Jésus. Vous ne voulez point venir à moi pour avoir la vie.

Ils auraient bien voulu avoir la vie, mais ils ne voulaient pas la recevoir de Jésus, de l'Agneau de Dieu, qui ne la donne qu'à ceux qui entrent dans la communion de ses souffrances et de sa mort. La cause la plus profonde de l'incrédulité est toujours la mauvaise volonté. « Vous ne voulez pas. » Et le principal aiguillon dans les souffrances des réprouvés sera qu'ils ne pourront pas contredire cette accusation : « Vous n'avez pas voulu ! » Le Seigneur élève cette plainte douloureuse, non pas qu'il cherchât la gloire qui vient des hommes ; mais parce qu'il est attristé au sujet du salut de leurs âmes.
Comment pourriez-vous croire, vu que vous aimez à recevoir de la gloire les uns des autres, et que vous ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? Beaucoup disent en soupirant : « Je voudrais croire, mais je ne peux pas. » Sans doute, tous les germes de la foi sont étouffés dans le coeur, lorsque l'oeil ne regarde pas simplement à Dieu, lorsque le coeur n'est pas uniquement préoccupé de jouir de l'approbation de Dieu, sans s'inquiéter des louanges ou des blâmes d'une multitude incrédule. Lorsque le coeur se demande continuellement avec angoisse : « Qu'est-ce que les gens penseront de moi ? » lorsque toute la vie est dominée par la crainte de perdre la considération des hommes, et de se trouver en opposition avec ce qu'on appelle « l'opinion publique », on se trouve dans l'impossibilité de croire.

Si un homme n'estime pas la grâce de Dieu infiniment plus que toutes les faveurs des hommes, il ne peut espérer que Dieu lui accorde cette grâce.

Ne pensez pas que ce soit moi qui vous accuse devant mon Père ; Moïse, en qui vous espérez, est celui qui vous accusera. C'est en ceci que les Juifs faisaient consister leur gloire : être d'ardents zélateurs, de la loi. Aussi, dans leur orgueilleuse conviction d'être les disciples de Moïse, ils ne se souciaient nullement des accusations du Sauveur. Au reste, ces accusations n'étaient en réalité que les plaintes de l'amour divin.
Cependant il y aura un accusateur : ce sera ce même Moïse dont ils prétendent si orgueilleusement être les disciples. Ils n'avaient pas observé la loi de Moïse. Elle n'était pas non plus devenue pour eux un maître pour les conduire à Christ. La loi est un témoignage de Dieu contre le péché ; mais elle est aussi un témoignage que le Père rend au Fils comme Sauveur des pécheurs. - Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi ; car il a écrit de moi ; mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

Les Juifs espéraient en Moïse, mais ils ne croyaient pas en lui. De même ils espéraient en un Moïse imaginaire. C'est qu'en effet, on ne peut pas espérer dans le vrai Moïse, qui est la loi. Cela équivaudrait à se « jeter sur sa propre épée ». Celui qui croit en Moïse, apprend à connaître ses péchés, et dès lors son espérance est en Christ, dont Moïse a écrit.

Aujourd'hui encore le Seigneur et tous ceux qui l'aiment peuvent élever la même plainte douloureuse. Les chrétiens sont appelés du nom de Christ, baptisés dans sa mort, mais beaucoup d'entre eux ont honte de croire en lui. Leur espérance repose, non sur la grâce de Dieu, que le Sauveur leur a acquise par ses amères souffrances et par sa mort, mais sur un Moïse fabriqué à leur façon - « Fais bien et ne crains personne. » Ils n'espèrent pas non plus dans la justice de Dieu, car on ne peut pas espérer en elle. Ils ne croient pas à la véritable justice de Dieu, mais à une justice telle qu'ils l'ont rêvée et imaginée. Si l'on voulait être sérieux vis-à-vis de cette justice, si l'on voulait se laisser châtier par l'esprit de Dieu, alors on pourrait être consolé. Mais Christ ne peut pas accorder sa grâce à celui que la loi n'a pas humilié.

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