Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE I

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La jeunesse de Jésus jusqu'à la tentation.

1. Les vérités admises.


De ce qui vient d'être dit, il ressort que ces pages supposent l'acceptation de certaines vérités religieuses non démontrées et comptent sur des coeurs bien disposés.

Lorsque nous prenons à tâche d'étudier la Vie de Jésus, le scepticisme nous demande de nous dépouiller de toutes nos convictions religieuses. Il veut que nous oubliions qu'il existe un Dieu personnel qui a créé les cieux et la terre, et qui exauce les prières de ses enfants. Il nous demande d'oublier que nous avons un Dieu qui vient à notre aide et qui, étant le Seigneur des seigneurs, nous délivre de la mort (Ps. LXVIII, 21). Il veut que nous regardions comme impossible que Dieu ait créé des esprits purs, et se soit manifesté à nous par ses paroles et par ses oeuvres, Il veut que nous admettions comme une chose convenue, que la Bible est un livre semblable à tous les autres, écrit par des hommes, et que nous rejetions absolument l'affirmation de saint Pierre (2 Pierre I, 21) : Les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-esprit, ont parlé. Il veut que nous regardions comme une impossibilité que Dieu fasse des miracles ; qu'enfin nous admettions comme une chose qui se comprend d'elle-même, que Jésus-Christ était à la vérité un homme très bon, très doux, un sage et pieux Docteur du peuple, mais qu'il n'était rien de plus. Nous devons nous ôter de l'esprit qu'il est véritablement Dieu, engendré du Père de toute éternité et en même temps véritablement homme né de la vierge Marie. En un mot, à chaque témoignage de l'Écriture, nous devons répéter la question de l'ancien Serpent : Dieu aurait-il dit cela ? (Gen. III, 1) et croire à l'esprit qui répond : certainement non ! et d'après lequel la vérité est précisément le contraire de ce qu'enseigne l'Écriture sainte. Nous devons oublier tout ce que, dès notre jeunesse, nous avons regardé comme saint. À ces conditions, l'incrédulité nous prouvera qu'elle a raison.

Mais si nous abandonnons tout ce qui a fait jusqu'ici notre consolation dans la vie et notre espérance dans nos combats, ce serait peine perdue que de chercher à nous rendre incrédules, puisque nous le serions déjà.

Aussi ne nous laisserons-nous pas troubler dans notre foi par l'incrédulité ; au contraire, nous méditerons pleins de foi, la vie de Celui qui, étant en forme de Dieu (Philip. Il, 6) a été poussé par son miséricordieux amour à revêtir notre pauvre nature humaine, afin de faire de nous d'heureux enfants de Dieu (2 Cor. VIII, 9). Nous admettons par conséquent, comme véritable et parfaitement fondée, cette confession de Pierre : Tu es le Christ, le Fils dit Dieu vivant (Matth. XVI, 16). Ainsi, nous ne jugeons pas nécessaire de démontrer que Jésus est venu en chair (2 Jean, 7), et que ce même Jésus est le vrai Dieu et la vie éternelle (1 Jean V, 20) mais nous croyons au témoignage de l'Écriture sainte, et nous espérons que les lecteurs qui, sans être encore unis à Christ par une foi vivante, reconnaîtront, dès qu'ils s'approcheront de sa sainte personne avec des coeurs altérés, que l'eau que Jésus offre, apaise éternellement toutes les soifs, et qu'ils feront avec nous la bienheureuse expérience qu'avait faite saint Jean, lorsqu'il disait : Nous avons vu sa gloire, une gloire telle qu'est celle du Fils unique venu du Père, pleine de grâce et de vérité (Jean I, 14). Soyez certains que Celui qui a promis de ne pas éteindre le lumignon qui fume encore, est fidèle. Il ranimera ce lumignon par le souffle de sa bouche, afin que vous puissiez vous écrier avec les disciples d'Emmaüs : Notre coeur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu'Il nous parlait en chemin et qu'Il nous expliquait les Écritures ? (Luc XXIV, 32).

Lorsque nous parlons de Dieu, nous avons en vue le Dieu personnel et, vivant, qui a créé les cieux et la terre, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous avons en vue, conformément à la simple foi biblique, le Dieu qui fait des miracles, le Seigneur des Seigneurs, qui, d'après nos conceptions, est infiniment élevé au-dessus de nous, mais que nous nous représentons cependant comme un Moi personnel, auquel nous pouvons nous adresser, avec une confiance filiale, lors même que ce Dieu se révèle, dans les saintes Écritures et dans ses oeuvres, en trois personnes : comme Père, comme Fils et comme Saint-Esprit, il demeure cependant une seule et unique essence divine, ainsi qu'Il le dit à son peuple : Écoute, Israël, l'Éternel toit Dieu est le seul Éternel (Deut. VI, 4).

Nous ne songeons pas non plus à prouver que non seulement l'Écriture sainte contient la Parole de Dieu, mais qu'elle est elle-même cette Parole ; nous en sommes convaincus et nous nous inclinons humblement et avec foi devant elle. D'où savons-nous cela ? - Celui qui est de Dieu écoute les Paroles de Dieu (Jean VIII, 47). Mes brebis entendent ma voix (Jean X, 27). Quiconque est pour la vérité, écoute, ma voix (Jean XVIII, 37). L'Écriture se prouve elle-même comme Parole de Dieu à tout homme dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude (Ps. XXXII, 2), par le témoignage immédiat du Saint-Esprit. Nous croyons à la sainte Écriture, parce qu'en elle nous entendons la voix d'un Père. Nous croyons à la sainte Écriture, parce que la conscience intime que nous avons de Dieu lui rend témoignage, parce qu'elle nous donne la clef de l'histoire de l'humanité et de l'antagonisme que nous trouvons en nous-mêmes qu'elle nous fournit le mot de l'énigme de notre existence et satisfait pleinement les aspirations et les espérances de nos âmes.

Nous ne prouverons pas non plus que les miracles rapportés dans les Évangiles ont été opérés réellement. Nous ne nous laisserons pas ébranler dans notre foi à ces actes de puissance, par les assertions d'une incrédulité subtile, d'après laquelle les miracles seraient impossibles et répugneraient aux lois de la nature, établies par le Créateur. Nous savons que rien n'est impossible à Dieu (Luc I, 37), que la main du Seigneur n'est pas raccourcie pour ne plus pouvoir délivrer (Esaïe LIX, 1), que notre Dieu est dans les cieux et qu'il fait tout ce qu'il lui plaît (Ps. CXV, 3). Nous savons que notre Dieu ne ressemble pas à un homme qui, après avoir construit une machine et l'avoir mise en mouvement, s'en va et abandonne à lui-même l'ouvrage de ses mains ; mais qu'après avoir créé le monde par sa Parole puissante, Dieu le conserve et le soutient par celle même Parole (Héb. I, 3). Si Dieu l'abandonnait, son oeuvre serait bientôt anéantie. C'est uniquement à la vertu toute-puissante de la Parole divine que l'univers doit sa création.

La nature, avec ses lois organiques, n'est pas une machine morte qui s'arrête dès que les rouages n'engrènent pas continuellement les uns dans les autres. Au jour de la création, l'Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux. Cette incubation du Saint-Esprit ne consiste pas dans une proximité matérielle, mais dans une force qui domine, vivifie et féconde la matière ; cette force divine, qui agit dans la nature, est la source vivante des puissances et des lois naturelles. La nature n'est pas quelque chose d'isolé en soi, un tout indépendant de Dieu ; elle est soumise toute entière à sa puissance, qui trace leur route à l'air, aux nuages et aux vents et les fait concourir à la sécurité et au bien de ses enfants sur la terre.

On pourrait se demander si Dieu ne peut pas envoyer son secours à ses enfants par les lois naturelles qu'il a établies. Si Dieu recourt à des moyens extraordinaires, n'est-ce pas une preuve qu'il y a des lacunes dans l'ordre de choses qu'il a créé ? Les miracles eux-mêmes, ces moyens extraordinaires que Dieu emploie, ne semblent-ils pas indiquer une imperfection dans les lois de la nature ?

Ces questions seraient parfaitement fondées, si la création était restée telle qu'elle est sortie des mains toutes-puissantes de Dieu, c'est-à-dire très bonne. L'homme n'aurait pas connu la souffrance, parce qu'il n'aurait pas péché, et, dans une sainte communion avec son Père céleste, il aurait dominé la nature, selon la volonté de son Créateur (Gen. I, 28). Il n'y aurait eu aucun désaccord ni entre Dieu et l'homme, ni entre l'homme et la nature. Mais la pureté et l'harmonie primitives ont été troublées par la puissance du mal. À cause du péché de l'homme, la malédiction de Dieu repose sur la terre (Gen. III, 17), et la créature est assujettie à la vanité (Rom. VIII, 20, 21). Depuis sa révolte contre Dieu, la puissance sur la création a été retirée à l'homme, afin qu'il sentît sa faiblesse et sa misère. Toute la nature qui l'entoure le contraint à se livrer à un travail pénible en vue de sa subsistance, afin que cette fatigue l'humilie, lui fasse connaître son péché et le dispose à rechercher volontairement la sainteté intérieure. Tout cela n'est pas seulement la suite du péché, mais encore un châtiment et une sainte discipline ordonnés de Dieu.

Ce nouvel ordre de choses n'est pas destiné à durer toujours ; il doit être détruit avec le péché. Dieu a envoyé son Fils unique dans ce monde, afin qu'il fit disparaître les conséquences du péché et la funeste puissance de la mort. Dieu manifesté en chair ( 1 Tim III, 16) ! Devant ce mystère, mon esprit s'incline et adore. Vrai Dieu et cependant vrai homme ! c'est le miracle des miracles, celui pour lequel tous les autres ont eu lieu. Quiconque regarde les autres miracles comme impossibles, doit d'abord nier l'incarnation du Fils de Dieu, mais que celui qui déclare qu'il est impossible que Dieu se soit fait homme, nous indique une autre voie pour parvenir à la délivrance du péché et de la mort ; ou bien, qu'il ait le courage de nous dire ouvertement : Désespérez, périssez dans vos péchés et devenez la proie de la mort corporelle et éternelle !

Mais avec Christ est descendue dans notre misérable vie terrestre la plénitude des puissances célestes, par lesquelles il oppose sa vertu salutaire à l'action dévastatrice que le péché exerce sur la terre. Par ses souffrances et par sa mort, il a vaincu la puissance du péché et de la mort ; par ses miracles, il s'oppose à leurs conséquences. Chaque miracle est une preuve, que Dieu ne veut pas laisser le monde sous l'empire du péché et de la mort.

Dans sa communion personnelle avec Christ, le croyant expérimente continuellement cette merveilleuse communication des puissances de la vie céleste, car Il nous donne son Esprit et nous attire à Lui par sa Parole. Par les sacrements, Il verse en nous la vie de son corps glorifié. Par cette action merveilleuse et surnaturelle, exercée sur notre vie personnelle et naturelle, Il veut glorifier notre corps infirme pour le rendre conforme à son corps glorieux (Philip. III, 21). Celui dont le nom est l'admirable (Esaïe IX, 6) créera aussi, à la fin des jours, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite (2 Pierre III, 13). Et lorsqu'Il aura détruit tous ses ennemis, y compris la mort, Dieu sera tout en tous (I Cor. XV, 24).

Comme nous lisons dans les Écritures, que Jésus et les apôtres enseignent l'existence des anges, nous ne voyons aucun motif raisonnable d'en douter. Les anges sont des esprits purs et bien heureux, destinés à servir ceux qui doivent avoir l'héritage du salut (Héb. 1, 4). Il est même extrêmement consolant pour nous de savoir qu'en dehors et au-dessus de ce monde visible, il existe un royaume invisible des esprits, dans lequel la volonté de Dieu est observée avec joie, comme elle devrait l'être sur la terre. Les anges sont envoyés par Dieu auprès des hommes pour leur porter ses messages et pour exécuter ses desseins (Matth. I, 20). Ils prennent la part la plus vive à l'établissement du règne de Dieu sur la terre. Ce sont eux qui ont annoncé la naissance du Seigneur (Luc. Il, 9. 15) ; ce sont eux qui vinrent le servir après la tentation (Matth. IV. 11) ; c'est un ange qui vint le fortifier en Gethsémané (Luc XXII, 43) ; ce sont les anges qui annoncèrent sa résurrection (Luc XXIV, 4-7) et son retour lors de son ascension (Act. I, 10). Ilsprendront part au jugement du monde (Matth. XIII, 41 ; XXIV, 31). ils protègent et gardent les hommes pieux et se réjouissent pour chaque pêcheur qui se convertit (Luc XV, 10). Un des plus puissants de celte armée d'esprits célestes n'a pas persévéré dans la vérité (Jean VIII, 44). Abusant de sa liberté, il s'est séparé de Dieu et, en compagnie d'autres anges qu'il a entraînés dans sa chute, il a fondé un royaume sur lequel il règne comme prince des ténèbres et ennemi déclaré de Dieu et des hommes.

Ainsi, lorsque l'incrédulité déclare péremptoirement qu'il n'existe pas de Dieu personnel, qu'il n'y a ni anges, ni démons, ni miracles ; que la Bible est un livre qui renferme des erreurs comme tous les autres ; que Christ est bien véritablement homme, mais non véritablement Dieu, nous confessons non moins péremptoirement que nous croyons toutes les propositions contraires à ces négations. Nous n'envions nullement la prétendue sagesse de l'incrédulité, et nous savons que c'est une folie de dire qu'il n'y a point de Dieu (Ps. XIV, 1). Mais lorsque lés incrédules commenceront une fois à concevoir des doutes sur la valeur de leur incrédulité, alors nous souhaitons que le temps de la grâce ne soit pas passé pour eux. - En face de la mort, et en général dans les heures d'angoisse, la conscience se réveille, et dans les profondeurs du coeur luit d'en haut un brillant éclair, à la lumière duquel tous les fondements de l'incrédulité sont renversés.

Dans le nord de l'Amérique vivait un colonel incrédule qui avait une femme pieuse. Une fille unique, qu'ils aimaient tendrement, fut conduite au Seigneur par sa mère. L'incrédulité de son père lui causait un profond chagrin. Le Seigneur la coucha sur un lit de douleur. L'enfant fut entourée de soins. Mais bientôt les hommes de l'art désespérèrent de la sauver, et les parents eux-mêmes virent que la fin approchait rapidement. Alors la jeune fille appela près de son lit son père désolé et lui dit : Père, je meurs. Dans quels principes veux-tu que je meure, dans les tiens ou dans ceux de ma mère ? Le père se détourna et se retira en sanglotant dans la chambre voisine. La jeune mourante le rappela et lui adressa de nouveau la même question. Cela brisa le coeur du père, mais il ne répondit rien. Il murmurait contre Dieu, auquel il n'avait pas cru jusqu'alors, et l'accusait de cruauté. L'enfant se mourait. Elle fit encore signe à son père de s'approcher et, d'une voix éteinte, elle répéta la même question. Alors le père, abîmé dans sa douleur, tomba à genoux devant ce lit de souffrance, couvrit de baisers le pâle visage de sa fille et s'écria : « Pour l'amour de Dieu, meurs fidèle aux principes dans lesquels ta mère t'a élevée ! ». L'enfant mourut, - mais l'incrédulité du père fut vaincue pour toujours. À l'heure de la séparation, cet homme sentit très bien que tout ce qu'il avait jusqu'alors nié et raillé était la vérité.

Mais la foi donne-t-elle une certitude élevée au-dessus de tout doute ? - Assurément. La foi est une vive représentation des choses qu'on espère et une démonstration de celles qu'on ne voit point (Héb. XI, 1). L'incrédulité tient un langage tout à fait contraire ; elle regarde la foi comme une croyance à des choses qui n'ont aucune certitude, tandis qu'elle tient pour parfaitement sûr ce que le témoignage des sens lui présente comme tel. Aussi l'incrédulité se glorifie-t-elle de son savoir et regarde-t-elle orgueilleusement la foi, qu'elle considère comme une manière de voir dépourvue de toute espèce de fondement. Mais ils sont dans une profonde erreur, ceux qui regardent le savoir humain comme une connaissance parfaite et raisonnée, et la foi comme une acceptation aveugle de ce qui nous a été dit. Toutes deux ressortissent à des domaines complètement différents. Si l'intelligence humaine se livre à l'étude du monde visible et de ses lois, elle peut, dans cette sphère qui lui appartient, parvenir à une connaissance approximative des choses. Mais en dehors et au dessus de ce monde visible, il est un monde des esprits dans lequel l'intelligence humaine, privée de la lumière divine, ne pourra jamais pénétrer, obscurcie comme elle l'est par le péché. L'homme naturel ne comprend point les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui paraissent une folie, et il ne peut les comprendre, parce que c'est spirituellement qu'on en juge ( 1 Cor Il, 14).

Mais le pressentiment de ce monde invisible et l'aspiration après le Dieu vivant, sommeillent dans le coeur de l'homme. Ce sont les restes de l'image de Dieu qui a été formée en nous. Même les païens ont exprime ce pressentiment lorsqu'ils ont dit : « Nous sommes de la race de Dieu » (Act. XVII, 28). Il y a dans notre âme une indestructible certitude que nous sommes destinés à vivre en communion avec Dieu. Mais la conscience de tout homme droit lui rend ce témoignage, que le péché a creusé un abîme entre lui et Dieu. Ce témoignage fait naître en nous le sentiment que nous avons contracté une dette envers Lui, et que nous sommes sous le coup de sa colère, et malgré cela, le coeur humain ne peut pas abandonner l'espoir que cette colère sera une fois apaisée et que cette dette de l'homme sera payée. Les sacrifices sanglants, offerts par tous les peuples païens, témoignent chez eux d'un vague sentiment que le péché, auteur de la mort, peut être expié par l'immolation d'une victime, et qu'ainsi l'accès de la divinité pourra lui être rouvert. Ainsi naît, dans les profondeurs du coeur humain, l'ardente aspiration à rentrer dans la communion de Dieu dont il s'est éloigné. C'est cette aspiration impuissante que Dieu, dans son miséricordieux amour, vient pleinement satisfaire par le sang de son Fils, répandu en Golgotha. Et lorsque la nouvelle de ce sacrifice divin pénètre le coeur de l'homme, alors il s'écrie avec transport : « Voilà ce qu'il me faut ! » Alors aussi il accepte l'Évangile avec joie, et se donne avec un reconnaissant amour au divin Crucifié. C'est là la foi dont parle saint Jean lorsqu'il dit : Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage de Dieu en soi-même (I Jean V, 10).

Mais quiconque a comprimé ou a peut-être complètement détruit cette foi par quelque interdit ou par l'orgueil, ou la sensualité, a perdu toute aspiration pour les choses invisibles et éternelles. Car tous n'ont pas la foi (2 Thess. III, 2). Dieu nous préserve d'un pareil malheur ! Amen !



2. L'accomplissement des temps.


Après l'emprisonnement de Jean-Baptiste, le Sauveur débuta dans son activité publique, en disant : Le temps est accompli, le règne de Dieu approche (Marc I, 15). Et saint Paul écrit : Lorsque les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, et assujetti à la loi, afin qu'il rachetât ceux qui sont sous la loi et que nous reçussions l'adoption des enfants (Gal. IV, 4-5).

Le salut qui est en Christ n'est pas apparu inopinément ; le sol lui avait été préparé des siècles à l'avance, aussi bien au sein du peuple élu qu'au milieu des païens. Immédiatement après la chute, Dieu annonçait que la postérité de la femme écraserait la tête du serpent (Gen. III, 15), et plus tard il promettait à Abraham que toutes les familles de la terre seraient bénies en lui (XII, 3). Cette postérité d'Abraham devait être préparée, par l'amour paternel de Dieu, à recevoir le salut Dieu se révèle à ce peuple comme le Créateur du ciel et de la terre, comme le Tout-Puissant qui, revêtu de sa divine majesté, parle et la chose arrive ; Il ordonne et la chose existe (Ps. XXXIII, 9) et devant lequel toute la création n'est que cendre et poussière. Il se révèle comme le Dieu saint qui ne prend point plaisir à la méchanceté et avec lequel le méchant ne saurait habiter (Ps. V, 5), comme celui qui est séparé des hommes pécheurs par un infranchissable abîme (Esaïe LIX, 2), et qui dit : Soyez saints, car je suis saint (Lév. XI, 44). Mais ce Dieu promet aussi de faire grâce, afin qu'Israël soit préservé du désespoir de Caïn qui disait : Ma peine est plus grande que je ne puis la porter (Gen. 4, 13). Tandis que les païens tournent tristement leurs regards vers l'âge d'or du passé, Israël est le peuple de l'espérance, de l'attente ardente, soutenue par une prophétie continuelle, toujours plus précise et plus claire, et par des sacrifices, surtout par des sacrifices sanglants. Ces sacrifices devaient rappeler sans cesse au peuple, d'un côté, que l'homme a mérité la mort par ses péchés, et, de l'autre côté, que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il sacrifie la victime, afin que le pécheur puisse trouver grâce. Seulement, le sang des animaux en pouvait pas purifier la conscience, ni réconcilier l'homme avec Dieu ; mais ces immolations devaient, par leur constante répétition, diriger les regards et les espérances sur l'avenir, sur le sacrifice expiatoire dont parle Esaïe (LIII, 4-6) ; sur la seule oblation parfaite, qui a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés (Héb. X, 14).

La loi devait donner la connaissance du péché et de la culpabilité, le sacrifice et la promesse devaient faire naître l'espérance de la grâce. La circoncision, comme signe de l'alliance, était destinée à élever un mur de séparation entre le peuple de Dieu et le monde, et à annoncer que l'on ne pouvait pas appartenir à ce peuple en vertu de la seule naissance naturelle. Après la délivrance de la servitude d'Égypte, Dieu institua la Pâque. Cette cérémonie n'était pas seulement une fête commémorative de ce que Dieu avait fait autrefois. Car pour le Dieu éternel, il n'y a point de passé. Jéhovah est le même hier, aujourd'hui et éternellement. Il est immuable et fait toutes choses nouvelles. Mais la Pâque est un signe permanent que Dieu veut faire grâce à son peuple par le sang de la réconciliation, une prédiction certaine de la Pâque parfaite, de Christ immolé pour nous (I Cor. V, 4) et par lequel Dieu nous accorde en effet et en vérité ce qui nous était promis par des signes sous l'ancienne alliance.

Et lorsque ce peuple, dans les temps de sommeil moral, courait le danger d'être séduit par son voisinage païen, Jéhovah, dans sa miséricorde paternelle, lui envoyait des prophètes qu'Il armait de la puissance extraordinaire de son Esprit ; afin de châtier et si possible de ramener ceux qui étaient tombés, de fortifier les coeurs abattus, et de consoler les fidèles affligés. Grâce à cette discipline paternelle et à ce filial exercice de la foi, l'attention du peuple élu était toujours de nouveau ramenée sur le Sauveur qui devait venir, jusqu'à ce qu'enfin la période des prophètes fut close par l'avènement de Jean-Baptiste qui, dans l'esprit et la vertu d'Elie, devait convertir les coeurs des pères envers les enfants et le coeur des enfants envers les pères ; et alors devait se lever le soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons (Mal. IV, 2, 5).

Mais pendant quatre siècles, durant lesquels Dieu cessa de parler à son peuple, Israël devait dès lors s'habituer à vivre des révélations qui lui avaient été abondamment accordées dans la loi et les prophètes, par les sacrifices et la circoncision, et se les approprier de la manière la plus intime. Or, c'est ce qu'il ne fit pas. L'immense majorité du peuple se nourrissait du souvenir de sa grandeur passée. On ne vivait plus comme auparavant dans une confiance filiale au Dieu toujours présent. Autrefois, lorsque Dieu, irrité contre son peuple, le frappait de sa verge, Israël criait à l'Éternel ; maintenant, comme les pensées et les coeurs ne sont plus tournés vers Lui, on ne comprend plus ses dispensations. Dieu ne répond plus à son peuple parce que son peuple ne l'invoque plus. On espère bien encore un glorieux et brillant, avenir, mais cette espérance n'a plus ses racines dans une communion personnelle avec le Dieu de l'alliance, Jéhovah. On cherche à le satisfaire par des oeuvres de piété, par une conduite extérieurement honnête, en obéissant à la lettre de la loi. On se courbe sous l'oppression d'un présent misérable, parce que le peuple de Dieu est tombé, à cause de son incrédulité, sous la domination de puissances étrangères. Mais on espère pour l'avenir un brillant dédommagement, dans l'orgueilleuse persuasion d'avoir largement satisfait aux obligations qu'on a contractées envers Dieu. On n'a plus aucune idée de la félicité qui fait battre le coeur, lorsqu'on peut s'écrier avec David : Éternel, qui es ma force, je t'aimerai d'une affection cordiale (Ps. XVIII, 2). On ne comprend plus qu'un coeur qui possède le Seigneur comme son souverain bien, soit indifférent à toutes les gloires du ciel et de la terre. On ne se doute plus qu'on puisse être élevé au-dessus de toutes les souffrances du corps et de tous les tourments de l'âme, lorsqu'on peut dire : Dieu est le rocher de mon coeur et mon partage à toujours (Ps. LXXIII, 26).

Cependant, il y avait encore des âmes qui louaient Dieu en silence dans Sion et qui méditaient jour et nuit la loi de l'Éternel (Ps. 1, 2), tâchant de découvrir pour quels temps et pour quelles conjonctures l'Esprit de Christ, qui avait été dans les prophètes (1 Pierre I, 10-11) avait annoncé l'ère de prospérité qu'on espérait, attendant avec un ardent désir la consolation d'Israël. Quelques-unes de ces personnalités excellentes nous sont bien connues. C'étaient Zacharie et Elisabeth, les bergers de Bethléem, Siméon et Anne, et avant tous les autres, Joseph et celle qui est bénie entre les femmes, la vierge Marie. Que ceux-là ne fussent pas les seuls qui eussent soif du Dieu fort et vivant, c'est ce que nous apprend saint Luc, lorsqu'il dit qu'Anne parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance d'Israël (Luc II, 38).

Quoique dans les temps passés, Dieu ait laissé marcher toutes les nations (les païens) dans leurs propres voies (Act. XIV, 16), afin qu'ils cherchent le Seigneur et puissent comme le toucher de la main (Act. XVII, 27), Il n'a pourtant pas cessé de leur donner des témoignages de ce qu'il est. En agissant ainsi, Dieu n'a pas rejeté les païens ; Il a seulement voulu les préparer, par une autre voie, pour le salut qui est en Christ. De même qu'Il a voulu conduire les Juifs à ce but par l'abondance, Il a voulu y amener les païens par la disette ; et cela afin qu'il fût évident que l'homme ne peut pas venir à Dieu par ses propres forces, si Dieu, par une paternelle condescendance, ne s'approche de son enfant. Le besoin de se rattacher à un être supérieur, élevé au-dessus de la faiblesse humaine, est profondément enraciné dans le coeur de l'homme. Mais, ne pouvant trouver Dieu au-dessus de la nature, il l'a cherché dans la nature. Dans le sentiment de son péché, et refusant de se laisser châtier par le Saint-Esprit, l'homme avait peur du Dieu saint. Et c'est ainsi que les forces de la nature, attirant son attention par leur beauté ou par les avantages qu'elles lui procuraient, obtinrent de lui des hommages divins.
D'où vient donc, demandait quelqu'un, que les païens adorent les créatures au lieu du Créateur ? Il en est des hommes, lui répondit-on, comme de ce jeune garçon qui alla pour la première fois à la cour du roi. Dès qu'il rencontrait un homme richement vêtu, portant des décorations, une épée et une écharpe, il le prenait pour le roi. C'est ainsi que l'homme borné, privé de la lumière de la vérité, prend tantôt le soleil, la lune, les étoiles, tantôt quelque créature excellente pour Dieu lui-même. Sachant qu'il y a un Dieu, et ne l'ayant pas glorifié comme Dieu et ne lui ayant pas rendu grâces, les hommes se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur coeur destitué d'intelligence a été rempli de ténèbres. Ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en des images de l'homme corruptible (Rom. 1, 21. 23).

Chercher Dieu, telle est l'origine de toutes les religions, et c'est aussi la portion de vérité que renferment les religions païennes. C'est cette recherche de Dieu qui distingue des animaux, l'homme créé à l'image de Dieu. Si même les dieux des païens sont incapables d'étancher leur soif, le culte qu'ils leur rendent témoigne cependant de l'existence de cette soif. Si le coeur altéré refuse de se laisser remplir de Dieu, il cherche son bonheur et sa jouissance dans les choses de la terre. « Mangeons et buvons. demain nous mourrons ! » Cette sentence, éminemment païenne, était le mot d'ordre de la grande majorité des peuples. Les nobles âmes cherchaient à embellir leur vie et à la rendre de plus eu plus agréable par les arts et toute espèce de connaissances. À travers les siècles du paganisme, on remarque un puissant effort des esprits pour parvenir à la connaissance de la vérité, mais, privé de la lumière d'En haut, cet effort devait nécessairement aboutir à ce désolant aveu « Il est certain qu'il n'y a rien de certain ».

Lorsque Christ apparut, la croyance aux dieux, qui régnait dans le peuple, était raillée et tournée en ridicule par les classes élevées. La question pleine de mépris, que Pilate adresse au Sauveur, qui lui avait dit : « Je suis roi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, cette question : Qu'est-ce que la vérité ? » montre combien le sens des choses spirituelles était étouffé chez les hommes cultivés et haut placés. C'est comme s'il avait dit au Seigneur : « Es-tu aussi de ces insensés qui s'inquiètent de la vérité ? La vérité ne rapporte rien. » Le soupir secret dés pauvres âmes qui aspiraient à une consolation durable et à une vérité certaine, était comprimé, et le vide intérieur était rempli par ce qu'on pouvait voir et toucher.

L'incrédulité et la superstition se disputaient l'empire des esprits. Les guerres sanglantes, sans cesse renouvelées, les horribles exactions des Romains, qui avaient subjugué presque tout le monde connu, avaient détruit le bien-être des peuples. Le niveau moral était tombé si bas qu'il approchait de l'animalité. Voici comment Sénèque, écrivain romain, s'exprime sur les moeurs de son temps : « Tout est rempli de crimes et de vices. Ils sont si nombreux et si graves que le pouvoir est impuissant à les réprimer. Une monstrueuse émulation d'infamie règne partout. Chaque jour voit croître l'attrait du mal ; chaque jour la pudeur diminue. Le vice ne se cache plus ; il s'étale effrontément à tous les yeux. La corruption est devenue tellement publique et elle enflamme tellement toutes les âmes, que l'honnêteté n'est plus même une exception, elle a complètement disparu. »

Il est vrai que pour embellir cette vie, l'esprit humain avait fait de grandes et magnifiques choses dans les arts et dans les sciences. Mais toute cette grandeur était tombée en ruines et toute cette magnificence avait pâli. La fin de toutes les recherches du paganisme est celle-ci : « L'issue est ouverte ». La suprême consolation du païen était le suicide.

Toute cette désolation est traversée par un obscur pressentiment, on peut même dire un ardent désir d'une aide, d'un libérateur. Les Perses, les Indiens, les Chinois attendaient l'apparition de quelque personnage saint qui descendrait du ciel et apporterait un remède aux misères de la terre. L'orient dirigeait vers l'occident les regards de son espérance, et dans l'empire romain on attendait en Judée l'avènement d'une royauté universelle.

Les coeurs étaient préparés, mais les circonstances extérieures aussi avaient frayé la voie au Sauveur qui devait venir. Il est très remarquable que le Seigneur soit né sous l'empereur Auguste qui avait élevé l'ancienne Rome païenne à son plus haut degré de puissance et de gloire. Tout le pouvoir politique était dans ses seules mains. Tous les peuples vaincus, dans toutes les provinces de cet immense empire, tremblaient devant ce seul maître. Les trésors de l'art et des richesses immenses affluaient de toutes les extrémités de la terre vers la grande Rome, qui était le centre du monde alors connu. De magnifiques routes, artistement construites, sillonnaient les différents pays qui composaient l'empire romain. Ici, des messagers portaient avec une rapidité prodigieuse les ordres de l'empereur jusqu'aux extrémités les plus reculées de ses vastes États. Là, les légions marchaient avec la plus grande facilité pour tenir dans l'obéissance les peuples soumis. Ailleurs, c'était un commerce actif entre les provinces et la capitale, ou bien c'étaient des Romains de haut rang qui voyageaient pour accroître leurs connaissances.
Mais aussi ces belles routes furent parcourues plus tard par les messagers de paix, qui portaient la Bonne Nouvelle du salut, de ville en ville, de contrée en contrée. C'est ainsi qu'aujourd'hui les chemins de fer servent à l'avancement du règne de Dieu. Construits originairement dans un intérêt purement terrestre, ils hâtent puissamment le travail qui s'accomplit en vue des intérêts spirituels des âmes.

De ce centre unique partait un courant intellectuel de pensées et un courant matériel de marchandises qui aboutissaient aux provinces, et vice-versa, des provinces à la capitale. Déjà la seule existence de cet empire, qui dominait le monde presque tout entier, préparait les coeurs à l'établissement de l'Évangile qui devait embrasser toutes les langues et toutes les nations.

La capitale installait ses dieux dans les provinces, et celles-ci, à leur tour, envoyaient les leurs à Rome, qui devenait ainsi le rendez-vous des idées de toute la terre. Cet échange et ce mélange de dieux étaient un signe qu'ils avaient perdu la confiance de leurs adorateurs. On cherchait sans cesse de nouveaux dieux, dans l'espoir qu'ils seraient plus puissants que les anciens. Plus l'adoration d'une nouvelle divinité paraissait aux peuples ancienne et mystérieuse, plus on espérait trouver auprès d'elle ce qu'on avait cherché en vain auprès des siens propres. Depuis que la Judée était réduite en province romaine, la connaissance du vrai Dieu était aussi parvenue à Rome.

Israël avait reçu de Dieu un double appel. D'abord il devait être le berceau de l'Église chrétienne, et ensuite il devait lui préparer l'accès du monde païen. Pour faire de ce peuple le berceau de l'Eglise chrétienne, Dieu l'avait strictement séparé de tous les autres peuples et lui avait confié ses oracles, par lesquels Israël avait seul la connaissance du vrai Dieu et de sa volonté. Pour être rendu capable de frayer les voies au christianisme chez toutes les nations de la terre, il fallait qu'il demeurât parmi les païens et fût en rapport avec eux. Or, Israël était doué de manière à répondre à ce double appel. Aucun peuple n'a conservé sa nationalité d'une manière aussi tenace, et ne s'est tenu séparé des autres peuples avec autant de raideur que celui-là. Et cependant il a su s'introduire partout et s'adapter à toutes les situations. Alors comme aujourd'hui et aujourd'hui comme alors, le Juif sait s'acclimater et se faire sa place partout, et il reste cependant toujours Juif.

Lorsque Israël fut emmené en captivité, la conscience de sa nationalité était déjà tellement développée qu'elle ne perdit rien de sa force par la dispersion de ce peuple parmi les étrangers. Lors du retour de la captivité, tous ne revinrent pas dans leur patrie. Un grand nombre de Juifs demeurèrent à Babylone et dans les contrées voisines. Ils fondèrent partout dans les villes des maisons de prières et des synagogues. Ces établissements étaient les centres de la vie juive et servaient aussi à familiariser les païens avec les Écritures de l'Ancien Testament. Mais le Temple de Jérusalem était le point central du Judaïsme dispersé sur toute la surface de la terre ; et grâce à cette dispersion, la connaissance et l'adoration du seul vrai Dieu étaient répandues parmi tous les peuples.

Même à Rome, sous le règne de l'empereur Auguste, il y avait une colonie de 80,000 Juifs. Tout le commerce se trouvait presque exclusivement entre leurs mains. L'intérêt commun de leur industrie, et plus encore la communauté de leur foi, les liaient les uns aux autres en face des païens, au milieu desquels ils habitaient. La foi de ce peuple au Dieu unique et vivant, sa Parole révélée, le culte symbolique qu'on lui rendait, la supériorité morale de sa loi, les sacrifices, quelle attraction toutes ces choses ne devaient-elles pas exercer sur les païens qui avaient reconnu le néant de leurs anciens dieux et qui cherchaient quelque chose de meilleur ! Aussi, sans s'astreindre à la circoncision ni à l'observation de la loi cérémonielle, beaucoup d'âmes altérées de salut se joignaient à la synagogue pour servir le seul vrai Dieu, garder le sabbat et prier avec les Juifs. C'étaient là les hommes et les femmes « craignant Dieu », si souvent mentionnés dans les Actes des Apôtres, Tous ces coeurs, qui avaient abandonné les idoles, dans lesquels le sentiment du péché avait été réveillé par la loi, et le besoin de salut excité par les prophètes, étaient ouverts à la prédication de l'Évangile de Christ et disposés à le recevoir. Les païens craignant Dieu, sont toujours les premiers à ouvrir leur coeur à la prédication de saint Paul à Philippes (Act. XVI, 14) et à Thessalonique (XVII, 4).
C'est ainsi que les voies étaient préparées à cet Évangile, qui devait commencer sa course victorieuse parmi tous les peuples de la terre. Les temps sont accomplis pour recevoir le Christianisme.

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