Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XVI

PÈRE ET FILLE

 UN jour, dans un Conseil d'Officiers, parlant de sa fille, le Général remercia ses auditeurs pour l'aide qu'ils avaient apportée à Miriam. « Mes officiers ont grandement béni et enrichi sa vie ». dit-il. Le Général aurait pu ajouter que, si la mère forma son esprit, Miriam lui devait, à lui, l'inspiration qui exerça ses mains au combat, ses doigts à la bataille.

De puissants liens d'affection unissaient le père et la fille. Dès la plus tendre enfance de Miriam, il existait entre elle et le Général, une grande affinité.
Elle lui causait de continuelles surprises et lui offrait ainsi un sujet d'études à l'intérêt intarissable. Un jour, il souriait tendrement. en retrouvant sa mère sous les traits et les manières de l'enfant; un autre jour, il riait des plaisanteries et des mimiques qui lui rappelaient sa propre enfance; ou bien encore quelques preuves de la survivance du caractère de l'un des grands-pères, qui lui avaient légué leurs caractéristiques les plus marquées, l'amusaient grandement. Parfaitement inconsciente de posséder quelque talent particulier, elle discutait tout naturellement avec son père les questions d'intérêt universel et, en un certain sens, partageait ses fardeaux, tout au moins, dans sa communion avec lui, dans le désir du salut et du relèvement du peuple. De bonne heure, elle connut plusieurs des problèmes de la vie humaine. Lorsqu'elle commença à visiter les pauvres, les salaires insuffisants, les taudis, les misères causées par la boisson, la troublèrent et la firent souffrir. Elle accourait à` la maison, près de son père, toute bouillonnante d'indignation :
- O papa, tentez quelque chose! s'écriait-elle dans le mouvement impulsif de la jeunesse. Ne pouvez-vous pas intervenir d'une façon ou d'une autre pour rendre la vie moins pénible à ces gens ?

L'esprit de discernement spirituel de Miriam semblait particulièrement remarquable à son père. Instinctivement, elle semblait comprendre comment estimer et évaluer la conduite d'après les motifs cachés, Toujours généreuse dans cette évaluation, elle ne voulait pas éteindre le lumignon qui fume encore, et là où quelque faiblesse héréditaire, où le manque d'éducation étaient évidents, elle plaidait en faveur même des pires et réclamait pour eux la plus grande patience. Mais elle croyait en l'utilité d'une franche et intrépide méthode envers ceux qui refusaient délibérément de marcher dans la lumière, ou commettaient quelques fautes. Un exemple de cet esprit se trouve dans une lettre à un camarade, à propos d'un jeune salutiste à la veille de faire un mariage insensé :
Il a été si franc avec vous, écrit-elle, ne pourriez. vous lui parler très nettement et clairement ? Essayez de lui faire comprendre qu'il ne doit pas envisager le mariage avec quelqu'un qui n'est pas salutiste. Son idée qu'elle viendrait à l'Armée, s'il le lui demandait, prouve qu'elle n'a pas compris l'esprit de l'Armée du Salut. Ne comprend-il pas que du choix de son épouse dépend pour beaucoup l'avenir de sa carrière dans l'Armée ? Il doit choisir une camarade de combat à qui il pourra recourir dans toutes les circonstances, dont la foi restera inébranlable, quand la sienne vacillera; une épouse qui ne sera pas une entrave à son activité, mais toujours l'entraînera plus haut et lui criera : « En avant ! » une femme nourrie des principes de l'Armée du Salut, elle-même officière de conviction. Montrez-lui que beaucoup de nos jeunes gens ruinent leur avenir en ne choisissant pas une épouse véritable guerrière, une inspiratrice qui, dans la vie conjugale, place Dieu et l'Armée au premier plan.

Mais son père ne s'aveuglait pas sur les limitations de Miriam, et il vit en elle, dès sa jeunesse, les défauts de ses qualités. Sa nature sensitive et vibrante la poussait à grandir et à exagérer les misères du monde, y compris les siennes.
Jusqu'à ce qu'elle eût appris « la voie excellente », mentionnée dans les chapitres précédents, elle savait riposter promptement, et remettre à leur place, ceux qui, parce qu'elle était une Booth, venaient l'ennuyer. Plus tard, elle découvrit la méthode pour les gagner et les transformer en ses plus ardents et fidèles amis.

Miriam dut combattre aussi sa tendance à la contradiction, et son penchant à tout monopoliser pour elle-même. Ces faiblesses, si la grâce divine n'était intervenue, auraient fait d'elle une obstinée et une égoïste. Son père vit avec beaucoup de joie la puissance divine triompher de ces mauvaises tendances.

Mais le Général trouva sa plus grande satisfaction dans le salutisme de Miriam. Elle croyait au salut par Jésus-Christ pour les plus déchus. Elle aspirait après le jour où Il régnerait sur tous les pays et gouvernerait toutes les nations. Elle croyait de tout son coeur que l'Armée du Salut pouvait aider à l'avènement du Royaume de Dieu sur la terre. L'extrait ci-dessous d'une de ses lettres pourrait être signé de sa grand'mère.

Je suis absolument d'accord avec vous au sujet du but de nos réunions de plein air et de nos autres réunions. Oh ! si nous pouvions faire comprendre cela à tous nos salutistes ! Cela ouvrirait les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, et donnerait à ceux qui ont l'esprit mercenaire et dont les méthodes sont stériles et insipides, le dévouement, l'originalité et la hardiesse entreprenante. Puisse Dieu nous donner toujours plus 6 passion des âmes qui, selon moi, fait partie de la sanctification.

Pas un pouce, pas une once de son être qui ne soit salutiste. Sur ce point, le Général se réjouissait de voir comme elle savait s'adapter à toutes les conditions. Elle était à son aise avec les membres de toutes les classes sociales, elle incarnait l'esprit exprimé dans ces vers du Commissaire Railton :

À la première ou à la dernière place,
Dans l'abondance ou dans la pauvreté,
Que je combatte sur terre ou sur mer,
Sauveur, je suis heureux de te suivre.


Miriam regardait son père comme un sûr asile. Elle recourait à lui dans toutes ses perplexités et ses misères, assurée de sa patience, de son intérêt et de son aide. Écrivant un article pour un des journaux de l'Armée, à l'occasion du soixantième anniversaire du Général, elle décrit ainsi l'influence de son père sur les premières années de sa vie :
Lorsque j'en viens à écrire sur le Général, je sens qu'au lieu de parler d'un seul homme, j'en décris une dizaine. Chef, écrivain, prédicateur, organisateur, etc. Le Général est tout cela et bien plus encore pour la grande Armée du Salut confiée à ses soins. Mais tout le monde sera d'accord avec moi sur ce point; je le connais encore mieux comme père que sous les autres aspects. Père non seulement pour sa petite famille à la maison, mais pour cette grande famille aussi vaste que le monde, notre bien-aimée Armée.

Le Général, notre père, le premier à la maison, nous enseigna à nous occuper des créatures faibles et impotentes, et particulièrement de celles dépendant de nous pour leur confort et leur bien-être. Il nous montrait les beautés des rats blancs et des lapins qu'il nous rapportait, et nous expliquait comment les loger et les nourrir. Une fois, au milieu de la nuit, père se leva, malgré son besoin de sommeil, pour venir soigner un cochon d'Inde blessé par un hérisson; il le pansa lui-même, soir et matin, jusqu'à sa complète guérison. Il manifesta ce même caractère paternel envers sa grande famille de l'Armée, en s'efforçant de lu; enseigner la même leçon. Il nous dit maintes et maintes fois que le berger est inutile s'il ne prend soin des brebis. Les souffrants, les endeuillés, les blessés de la bataille de la vie ont droit les tout premiers à notre attention. Il nous commande affectueusement de soigner les sans amis, les sans foyer, les vieillards et les malades à notre portée. Il répéta cet ordre dans les Conseils d'officiers, dans les thés pour officiers locaux et dans les réunions de soldats. Nous devons veiller comme des bergers sur ceux que Dieu nous a donnés à soigner, nous devons les aimer avec un coeur régénéré par Dieu, les servir comme Jésus désire que nous servions. Et lui, notre père, le Général, donne l'exemple à son Armée, il est lui-même le serviteur de tous.

Père nous aime tous tendrement, mais son amour ne s'adresse pas seulement à l'être physique et intellectuel, à l'être extérieur qui est transitoire, mais il aime en nous l'être éternel, notre âme.

Pendant plusieurs années, avant mon entrée à l'École Militaire, j'allais chaque matin porter une tasse de lait chaud à mon père, et nous avions à ce moment-là une conversation sur toutes sortes de sujets. Je garde les meilleurs souvenirs de ces causeries matinales; mais, entre tous, je me rappelle nos entretiens sur les thèmes spirituels les plus élevés. Quand je m'agenouillais auprès de son lit pour lui verser son lait, il me disait de son accent le plus tendre
- Mim, comment va votre âme ?

Ou bien encore :
- Pensez-vous que vous priez suffisamment?

Lorsque j'étais couchée dans une clinique, dans l'attente d'une opération des plus sérieuses, mon père vint me voir. Il s'entretint avec moi, m'égaya et m'encouragea. Il pria avec moi, demandant au Seigneur de bien vouloir non seulement me sauvegarder, me faire sortir saine et sauve des mains du chirurgien, mais encore de me soutenir pour que ma foi ne défaille point, et que je sorte de l'épreuve victorieuse, et même plus que victorieuse.

Et avec sa grande famille salutiste, il est exacte. ment le même. Il convoite les âmes. Nul fardeau n'est trop lourd à porter, nulle difficulté n'est trop grande à surmonter, nulle opposition à affronter trop puissante, si, de cette façon, il peut gagner des âmes pour son Maître. Notre Général ne se contente pas de nourrir les affamés. de consoler les attristés, de réformer les pervertis; non, il dépense ses forces pour chercher et sauver les âmes et il commande à chaque salutiste d'agir comme lui. « Venez, dit-il, et joignez-vous au Libérateur. Il est sorti pour sauver, à n'importe quel prix. » C'est le Général qui nous incite à chercher les faibles, les plus déchus, les déshérités et les désespérés. C'est lui qui imprime dans nos esprits et nos coeurs les besoins de millions de gens qui vivent sans Christ et qui demeurent dans les ténèbres de l'Inde, de la Chine et des autres pays.

Les lettres écrites par Miriam pendant sa maladie abondent en affectueuses allusions à l'amour de son père :
Cher papa, il est rentré de bonne heure à la maison, et il a pris le thé avec moi, écrit-elle. Une véritable fête pour moi.

Ou bien encore :
Hier soir, je souffrais terriblement des dents; mon cher papa vint et me mit de l'essence de girofle sur, ma dent. Cela me soulagea merveilleusement.

En vérité, pendant ces années, malgré l'emprise des besoins du monde, le Général ne laissa jamais sa pensée s'égarer loin de Miriam. Un officier nous raconte qu'une fois le Général était occupé, lorsqu'il sursauta tout à coup, tira sa montre de son gousset et la regarda, semblait-il, longuement, puis tournant son visage, où se lisait une profonde anxiété, vers son aide, il dit gravement :
- Les docteurs sont en consultation au sujet de notre chère enfant. Prions !

Lorsqu'il était dans le train, par de chaudes journées accablantes, ses pensées s'envolaient vers la malade à la maison, et un court billet était expédié à l'arrivée à destination. Une fois, le Général trouva quelqu'un dans une très grande peine et après la réunion il écrivit à Miriam :
Je désire vous parler à mon retour à la maison d'une correspondance avec certaines personnes à qui vous pourriez, j'en suis certain, apporter aide et bénédiction.

Par ces moyens, il aidait constamment Miriam à se sentir une unité combattante dans notre grande Armée. Dans une de ses lettres de nouvel an, il écrit :
Ma chère Miriam,
Je vous aime et prie pour vous, je demande à Dieu que cette année puisse être l'an de votre délivrance des liens de la fatigue et des souffrances qui vous entravent, une année d'amour, de paix et de force renouvelée jour après jour. Vous êtes une bénédiction pour chacun de nous. Une heureuse nouvelle année vous soit donnée par la bonne main de Dieu qui repose sur vous. Avec tout l'amour de votre père.

Au milieu du grand Congrès International de 1914, lorsqu'il était occupé par les réunions et les entrevues, presque tout le jour et une partie de la nuit, le Général dut rester quelques jours à Londres, mais il n'oublia jamais la malade retenue loin des joyeuses assemblées. Entre les réunions il s'efforçait de lui envoyer quelques lignes, un joyeux message écrit de sa propre main.
Rien qu'une ligne affectueuse. Nous avons eu une magnifique procession et de telles foules que la police était débordée.

Ou encore :
Nous avons eu des heures précieuses hier. Maman fut magnifique à chaque réunion. L'Esprit de Dieu l'aida puissamment. Des milliers de personnes ne purent entrer dans la salle du Strand. Des marches de la façade de la salle, j'ai parlé à une foule de plusieurs milliers de personnes de 9 h. 30 à 10 h. 45. Alléluia ! pour toutes ces occasions.
Ou une autre fois :
Ce matin les Canadiens. Cette réunion ne pouvait qu'être triste (1), mais ils exercèrent une bonne influence, et treize ou quatorze personnes s'approchèrent du trône de la Grâce. L'agitation et la curiosité s'opposent au banc des pénitents, mais Dieu nous aidera. Priez pour nous. J'espère, chérie, que vous allez mieux. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien j'ai pensé à vous et combien je vous aime et désirerais vous avoir avec nous. Je pense vous envoyer, avec cette lettre, un journal qui a publié un article sur notre réunion de samedi. Vraiment bien cet article. J'ai reçu quelques bonnes lettres, et quelques-unes vraiment amusantes au sujet du Congrès.
Avec tout l'amour de votre père.

W. B. B.

Miriam sondait la profondeur de la sympathie et la puissance de l'aide de son père, surtout dans ses heures de luttes les plus rudes. Tous ceux qui passèrent par la fournaise de la souffrance savent qu'il existe des heures où les ténèbres pèsent lourdement, même sur les plus vaillants. À ces moments-là. le. Général s'appliquait de tout son coeur pour comprendre les angoisses physiques, mentales ou spirituelles de Miriam. À l'influence et à la foi de son père, Miriam doit quelques-unes de ses expériences les plus profondes, faites aux heures de désappointement. Deux extraits de ses lettres, écrites vers la fin de sa maladie, montreront mieux que nos paroles la maturation de son esprit sous le soleil de la douleur.


Le Général et Madame Bramwell Booth.

À une officière qu'elle avait connue à l'École Militaire, et qui avait perdu la santé, elle écrit :
Votre dernière lettre m'a révélé que vous étiez un peu déprimée, ma pauvre amie. Je sympathise avec vous, obligée d'abandonner le Champ de Bataille. J'ai subi tant de désappointements moi-même, ces cinq dernières années, que je pense pouvoir comprendre ceux des autres. Je prie Dieu qu'il vous donne ses compensations pour la perte des choses qui vous semblent si précieuses. Priez pour moi, afin que je me montre patiente. Parfois, j'aspire ardemment à la guérison pour me remettre au travail; cependant, je désire marcher sur le chemin que Dieu m'assigne et attendre son heure. J'aurais aimé assister à la retraite spirituelle au I. H. Q. (2). Je m'imagine combien vous avez dû jouir de cette rencontre. Mon âme se sent parfois si altérée, elle soupire après le rafraîchissement d'une réunion, bien que je ne sache pas ce que j'y ferais. Je pense que la joie me submergerait.
Votre lettre fut une véritable bénédiction pour moi. et je me suis décidée à essayer de faire de ma chambre un véritable sanctuaire.

Je pense avoir réalisé tout dernièrement, plus que jamais, que la chose importante pour chacun c'est l'accomplissement de la volonté de Dieu; ceci est d'une importance bien plus grande que la consécration à des oeuvres multiples. D'une manière merveilleuse, nous collaborons tous à l'exécution de ses plans, et nul travail particulier ne possède à ses yeux Plus d'importance qu'un autre, aussi longtemps que noua faisons ou souffrons sa volonté, et que nous restons fidèles au poste où il nous a placés.

Connaissez-vous les poèmes de Whittier ? On y trouve quelques beaux vers sur cette pensée. Par exemple :

Car l'un agira et l'autre se résignera;
L'un boira la coupe amère de la vie et l'autre son nectar;
Mais Dieu balancera les deux comptes.
0 puissante de l'action, espérances déçues,
Prière et activité, vous êtes les deux pôles d'un tout harmonieux;
 
Celui qui ne peut combattre peut néanmoins accomplir
La tâche la plus difficile, se tenir tranquille;
Et le bien, même seulement désiré, aux yeux de Dieu est accompli.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le poète sur la pensée exprimée par le dernier vers. mais je sais que nous sommes parfois tentés de désirer tel ou tel travail Combien de fois ai-je succombé à cette envie. inconsciente du fait que nous étions bien plus utiles lorsque nous acceptions la place où Sa sagesse nous veut.
« Prière et activité, vous êtes les deux pôles d'un tout harmonieux », et nous pouvons encore accomplir à Son service la tâche la plus difficile. Rappelons-nous que nul ne peut faire de nous des machines, pas même X... pour vous, ni les docteurs et les infirmières pour moi, aussi longtemps que nous gardons la liberté d'esprit pour nous attendre au Seigneur.

Une autre fois, elle écrit, par rapport à la foi, au sujet de laquelle, comme nous l'avons vu, elle avait livré de terribles combats :
Je sens le besoin d'une foi plus grande. Quel merveilleux et glorieux mystère est révélé dans cette parole : « La prière du juste est d'une grande efficace. » Ce matin, j'ai ouvert ma Bible sur ce texte. « Il vous à fait la grâce non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » je commençais à me demander en mon esprit : « Pourquoi, ô Éternel ? » Et le Seigneur me rappela le verset de l'Épître aux Hébreux : « Il convenait que Celui par qui et pour qui sont toutes choses, élevât à la perfection, par les souffrances, l'auteur et le chef de leur salut ! » Si, d'une manière incompréhensible, Jésus lui-même fut rendu parfait par la souffrance, certainement la souffrance doit avoir beaucoup à m'apprendre. Mais c'est une question difficile. J'ai été aidée puissamment par la lecture du chapitre XI de l'Épître aux Hébreux. Il me semble que, dans tous ces merveilleux exemples de héros de la foi qui nous sont proposés dans ce chapitre, nous trouvons que leur héroïsme se montre bien plus en suivant aveuglément les directions divines, dans l'obéissance implicite. en souffrant l'affliction, en endurant la persécution, plutôt qu'en plaidant auprès de Dieu pour qu'il change les circonstances de leur vie... Je pense que l'épreuve de notre foi nous vient dans les choses et les événements qui semblent contredire la nature de Dieu, quand les choses que nous désirons et pour lesquelles nous prions, et qui nous paraissent devoir concourir à la gloire de Dieu et à l'accomplissement de ses desseins, nous sont refusées.

Alors, pouvons-nous encore nous fier à Lui, avoir foi en sa sagesse, et en son amour, et continuer à croire qu'à son heure, et par son moyen, ses promesses s'accompliront? Cette foi inébranlable fut celle de Jésus. Écoutons sa requête : « S'il est possible que cette coupe passe loin de moi... » puis l'acte suprême de foi : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. »

Malgré la longue et fatigante épreuve de la maladie de Miriam, le Général, soutenu et encouragé par les opinions favorables des médecins, et reconnaissant les talents de sa fille pour l'oeuvre publique, espérait toujours la voir un jour soulever les foules en prêchant le message de l'entière sanctification, comme le fit sa grand'mère. On comprend l'agonie qu'il souffrit, lorsqu'il fallut soudainement se séparer de sa fille qui était la lumière de la maison. Mais cette mort permit au Général d'offrir à l'Armée du Salut un exemple de résignation parfaite à la volonté de Dieu. Il se tint au milieu de ses officiers et soldats, au Congress Hall et sur le bord de la tombe, non point tant comme Général d'une organisation universelle, mais comme un père endeuillé, se tournant vers ceux qu'il aime et leur demandant leur sympathie, leur participation à sa douleur. Son attitude, celle de sa famille, pendant ces tristes jours de deuil, parlent, plus haut que toutes les paroles humaines, du Sauveur qui est le grand guérisseur des coeurs blessés, et déclarent que la paix se trouve dans l'accomplissement de la volonté divine.

Les extraits suivants de l'allocution du Général au service funèbre de Miriam, mettent l'amen final à cette brève et magnifique vie :
Ma chère fille a été, vous le savez, malade pendant les six dernières années. jusqu'à tout récemment, nous gardâmes l'espoir de sa guérison. Son activité fut toujours limitée par l'épreuve et la souffrance. Malgré toutes ses misères, elle nous offrait une merveilleuse réalisation du spirituel et du divin.

Sa vie nous enseigne une grande leçon. elle nous démontre la puissance d'un but élevé, clés saintes pensées et des nobles ambitions pour donner aux plus faibles, au point de vue physique, la force pour triompher des difficultés, et pour accomplir de grandes choses pour Dieu.

À n'importe quel moment que nous l'approchions, dans n'importe quelle condition physique se fût-elle trouvée, nous découvrions toujours sa complète consécration aux choses d'en haut. Elle fut aidée sur ce point par la plénitude de l'oeuvre du Christ en son âme. Elle était entièrement consacrée à Dieu et vraiment saisie par Jésus-Christ, Et elle le savait. Elle possédait une assurance inébranlable et une conscience très nette de son propre salut.

Elle fut aidée aussi par sa conception de la vie, Elle se la représentait comme un don qu'elle pouvait offrir à Dieu pour le service du prochain, de manière à servir les autres plutôt qu'elle-même, sachant qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.

À tous ceux qui sont réunis ici, je voudrais dire puisse l'exemple de sa vie fortifier votre foi. Malgré les douloureuses conditions de son existence, elle connut la vie triomphante, manifestation d'une consécration au Royaume de Dieu.

Notre perte est grande, c'est la première brèche dans notre cercle de famille, Sans doute, nous comprenons difficilement les desseins de Dieu, lorsque nous le voyons cueillir une telle fleur dans la beauté du matin de la vie. Mais nous croyons au service là-haut comme au service sur la terre, et notre chère fille est allée servir Dieu dans l'au-delà, concourir à l'accomplissement de quelque grand dessein où l'Éternel, dans sa grande sagesse, a jugé bon de l'employer.




.
(1) A la suite du désastre de l'Empress-of-Ireland, où plus de cent officiers de l'Armée ont péri à l'embouchure du Saint-Laurent. 
.
(2) Quartier Général International, où le Général réunit les officiers de bureau pour une journée de retraite spirituelle. 
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant