Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IX

FIANÇAILLES

 Les fiançailles de la Capitaine Miriam Booth à l'Adjudant (1) Cordon Simpson furent annoncées dans le Cri de Guerre de septembre 1913. Pour beaucoup, informés de la maladie de la Capitaine, la nouvelle leur causa une profonde surprise; mais les salutistes sont humains, et ils ont leurs affaires d'amour comme le reste des mortels. Celle-ci datait de plusieurs années.

Cordon Simpson avait ses petites et grandes entrées au « Homestead » comme ami d'enfance de Bernard (2). La joyeuse Miriam avait toujours été sa favorite; mais, vers l'âge de dix ans, un incident de la vie de Cordon plaça Miriam au premier plan dans la pensée du jeune garçon.

Après le thé, les enfants du « Homestead » avaient l'habitude de prier ensemble. À ce moment-là ils présentaient à Dieu dans leurs prières tous ceux qu'ils pensaient avoir particulièrement besoin de la bénédiction divine. Un après-midi, quelqu'un demanda à Cordon de prier à haute voix. Il avait l'habitude de dire ses prières matin et soir, et il croyait vaguement que Dieu l'entendait, mais la pensée de prier à haute voix devant tous les autres le remplit d'effroi. Un souffle froid lui glissa le long de l'échine, puis une bouffée de chaleur lui monta au visage, cependant il fit un effort pour répondre à l'invitation. Il avait balbutié quelques mots sans suite quand, au milieu de sa confusion, il entendit une petite voix claire et perçante qui priait. La prompte sympathie de Miriam pour quelqu'un en peine, l'avait poussée à venir au secours de Gordon, et à continuer elle-même l'hésitante supplication. Gordon écouta, et pour la première fois de sa vie, il eut conscience de la présence de Dieu, le Père tout-puissant, tout près de lui pour le bénir. Cette nuit même, il s'agenouilla près de son petit lit et il promit à Dieu de l'aimer et de le servir toute sa vie.

À partir de ce moment, sans qu'elle le sache Miriam devint l'ange gardien de Gordon. À travers son adolescence et pendant sa jeunesse, il porta dans le sanctuaire intime de son âme l'image d'un visage pur, radieux, et il décidait de sa ligne de conduite après s'être pose cette question : « Que dirait Miriam? » Il conformait ses actes à sa réponse.

À l'âge de dix-huit ans, Gordon passa par une expérience spirituelle définitive, dont il dit :
Depuis quelque temps, ma vision spirituelle devenait de plus en plus claire, et je commençais à réaliser combien j'étais loin de l'idéal du disciple du Christ. Les choses du monde s'étaient emparées de moi et de ma vie. Je me sentais tiraillé de droite et de gauche, et je souffrais de véritables détresses spirituelles. Un dimanche matin, à la réunion de sanctification de East Finchley, j'eus une vision céleste. Jésus m'appela à me donner entièrement à lui, et il promit de me purifier de tout péché. Je lui consacrai complètement mon âme et ma vie. Mais, même avant que j'aie pu trouver la moindre joie dans cette nouvelle consécration, je fus tenté par l'incrédulité : « Comment saurais-je que j'étais sanctifié ? » je demandai à Dieu, en signe de ma complète consécration, qu'il me permette de lui gagner une âme ce jour-là. Je n'avais jamais essayé de gagner des âmes à Dieu auparavant; leur sort ne m'inquiétait guère; je préférais accompagner le chant avec mon instrument. Je savais que je ne possédais pas le pouvoir d'influencer les perdus. Ce soir-là, un jeune homme absolument indifférent aux choses spirituelles vint à la réunion. Je lui parlai de son âme, et pendant notre entretien, je sentis une puissance nouvelle en moi. Après une longue conversation, le jeune homme s'approcha du banc des pénitents. Il fut réellement sauvé et devint un soldat, plus tard membre de la musique; il est aujourd'hui officier de l'Armée du Salut, accomplissant une oeuvre bénie. Ce soir-là, je connus quelque chose de la joie d'être non seulement ouvrier pour Dieu, mais encore ouvrier avec Dieu, son collaborateur, et je compris qu'il avait une oeuvre pour moi. L'idée n'était pas encore clairement définie, mais je sentis qu'en gagnant ma première âme, j'avais commencé l'oeuvre de toute ma vie.

Peu après, Cordon Simpson posa sa candidature comme officier de l'Armée du Salut. Il fut accepte. Miriam, il en était certain, approuverait sa démarche, bien qu'elle diminuât, il ne l'ignorait pas, ses chances de l'entrevoir.

Pendant sa préparation, et plus tard, officier du Champ de Bataille, la pensée de celle qu'il aimait d'un amour profond l'inspira dans chacune de ses épreuves et de ses difficultés. Gordon fut heureux dans ses diverses nominations; il crut que Dieu conduisait tous les événements de sa vie, jusqu'à ce qu'une épreuve inattendue s'abattit sur lui. Il fut convoqué au Quartier Général pour apprendre qu'il était choisi pour servir dans l'Afrique du Sud. Une seule pensée remplit son esprit : « Je quitte l'Angleterre probablement pour de nombreuses années, Miriam va sortir de mon existence sans même soupçonner les sentiments qu'elle m'inspire. Que ferai-je ? »

Il retourna à son poste pour livrer le plus rude combat de toute son existence. Il s'adonna toute la journée à la prière, et enfin il comprit, non sans larmes, que Dieu lui demandait, une preuve particulière de son amour et de sa consécration au service du Maître,
- Ta volonté, soit faite, Seigneur ! s'écriât-il. Si c'est ta volonté que, Miriam ne connaisse jamais mon amour, je m'abandonne entre tes mains. Mais, si tu veux me donner cette grande joie, alors nulle puissance sur la terre ne pourra l'empêcher.

La paix rentra dans son coeur. Il était prêt pour le service n'importe où. Mais combien merveilleuses les voies de Dieu! Au lieu de l'Afrique, l'ordre vint de se rendre à l'École Militaire internationale, et Miriam y était en qualité de cadette.

Pendant six mois, l'Adjudant Simpson et la cadette Booth se rencontrèrent occasionnellement aux réunions ou à des cours d'élèves officiers. L'amour croissait dans le coeur de Gordon. Mais, disons-le à son honneur, pas un mot, pas un geste ne manifesta ses sentiments, bien qu'il dût faire appel à toute sa volonté pour garder son secret.

Il se confia d'abord à son père, le Colonel Simpson, et plus tard, sur le conseil de son père, au père de Miriam, notre Général aujourd'hui. Mais on pensa qu'il valait mieux, pour le moment, n'en point parler à Miriam, et de laisser la cadette-sergente, c'était son grade en ce moment-là, achever sa préparation, suivant les promesses qu'elle avait faites lorsqu'elle avait posé sa candidature à l'École Militaire (3).

Puis vint la maladie de Miriam. Pendant les premiers mois, la patience de l'Adjudant Simpson fut mise à rude épreuve. Miriam souffrait et il ne pouvait la visiter, elle ignorait tout de son amour; il ne pouvait ni lui écrire ni lui parler. À plusieurs reprises, il demanda à son père de revenir sur sa décision première. Mais la santé de Miriam amenait de nouveaux empêchements imprévus la veille. Tant que le médecin n'exprima pas son assurance dans la guérison complète de la malade, son père ne lui accorda pas la permission de lui écrire.

Après sept ans de silence imposé, et dans la ferme assurance d'avoir attendu le temps marqué par Dieu, Gordon écrivit, le jour de son anniversaire, la lettre d'importance capitale. Il contait ces années où elle avait été pour lui une véritable bénédiction et il lui demandait si, malgré les difficultés actuelles, il pouvait espérer d'être aimé.
Miriam reçut cette lettre pendant une absence de la maison paternelle, et sa réponse révèle son état d'esprit ordinaire :
Je suis certaine que vous me comprendrez; j'ai besoin de quelque temps pour prier et réfléchir, écrit-elle, avant que je puisse vous répondre. Nous devons être certains de la direction de Dieu en une circonstance si importante. J'aimerais m'entretenir avec mon père et ma mère avant de vous écrire à nouveau; mais, en attendant, vous saurez que je prie pour que nous puissions, tous deux, avoir le courage de mettre le Royaume de Dieu au premier plan, quoi qu'il puisse nous en coûter.

Quelques jours plus tard, Miriam et Gordon se rencontrèrent à Hadley Wood. Dans une lettre à son père, Cordon raconte ainsi cette entrevue, :
La pensée, que le moment, que j'avais attendu pendant des années, était enfin venu, m'était précieuse et m'émerveillait. Mon esprit était calme, sans inquiétude, assuré que cette rencontre était arrangée par la bonne main de notre Père céleste. Pendant le thé nous parlâmes d'affaires d'intérêt commun, et comme je regardait son visage et vis combien elle avait souffert, je fus plus que jamais conscient de mon grand amour pour elle... Naturellement, toute la conversation tourna sur cet unique point : comment Miriam me considérait ?

Puis, joyeux et étonné, Cordon poursuit en contant comment il découvrit que leur affection était mutuelle. En vérité, comme il l'apprit plus tard, ce que Miriam avait été pour lui, Cordon l'avait été pour Miriam pendant ces dernières années :
Je suis infiniment heureuse, lorsque je pense à votre amour, écrit Miriam plus tard. Il semble que le soleil se soit levé sur ma vie. Je sens que notre amour l'un pour l'autre nous vient de Dieu. Vous dites que vous sentez que Dieu m'a mise à part pour une grande oeuvre. Priez pour que je sois bien préparée.

De la correspondance échangée pendant les années qui suivirent, nous nous permettrons quelques extraits. Il est intéressant de noter qu'elle révèle le même esprit que celui qui inspira les lettres d'amour de la grand'mère (4) de Miriam, deux générations auparavant.
Avec son esprit pratique, elle commença à suivre le ministère public de l'Adjudant Simpson, avec un tendre intérêt et beaucoup de prières. Dans une de ses premières lettres, elle lui écrit :
Quelle journée occupée vous aviez mercredi! Quelle source de joyeuse satisfaction de sentir, à la fin de la journée, que chaque moment a été rempli par la meilleure activité. Chéri, je ne puis dire ma joie de savoir qu'une de mes pensées vous a été d'une véritable utilité. Chose particulièrement étrange : je pensais hier à ce sujet : « Les discours de l'estrade », et je souhaitais que vous me confiiez le thème sur lequel vous aviez parlé, et comment vous vous en étiez tiré. juste à ce moment, votre chère lettre me parvint. Je me sentais folle de joie. J'aimerais vous aider en vous fournissant quelques pensées pour votre discours pendant la campagne actuelle. Je crains fort n'être pas dans un bon moment d'inspiration, ce soir; mais je me suis mise à réfléchir, l'autre jour, sur un texte qui m'a particulièrement frappée : « Je suis le Dieu tout-puissant, marche devant moi et sois parfait. » (Genèse ch. 17, v. 1 .)

La raison pour laquelle Dieu peut nous commander d'être parfait se trouve dans la première partie de cette phrase : « Je suis tout-puissant. » Notre faiblesse est engloutie dans sa Toute-Puissance. Si vous prenez ce thème pour la réunion de sanctification, vous pouvez y trouver les différents aspects de la perfection que Dieu demande de nous, mettant en face des « je ne puis pas » le fait que Dieu est le Tout-Puissant. Si vous parlez aux cadets, je pense que vous pourriez prendre les points suivants :
1° Parfaits en loyauté. Les mettre en garde contre les conversations inutiles.
2° Parfaits dans les motifs de leurs actions. Vivre et combattre pour gagner des âmes, et non pour les statistiques et les apparences.
3° Parfaits dans nos talents et dans nos moyens. Dieu désire que nous apprenions à faire notre oeuvre de la meilleure façon possible; la bonté ne suffit pas, le tact est nécessaire; apprendre le secret du succès, que vous conduisiez une réunion de plein air, ou quoi que ce soit autre que vous fassiez, apprenez à le faire parfaitement.
4° Parfaits dans la sainteté. Les gens regardent aux officiers de l'Armée du Salut comme à des modèles de sainteté.

Tout cela est possible parce que Dieu dit : « Je suis le Tout-Puissant. »
J'ai jeté ces pensées sur le papier en songeant à ma propre brigade de cadettes.

Un certain programme, préparé pour l'Adjudant par une âme un peu trop zélée est critiqué avec humour :
Je prierai pour vous particulièrement samedi et dimanche, et je crois fermement que vous aurez une bonne fin de semaine. Oh! puisse-t-il y avoir des âmes réellement convaincues de leur péché à chacune des réunions. Je suis plutôt amusée par le programme de l'après-midi : Allocution du président, six contributions musicales, en plus des invocations et introductions. Comment donc trouverez-vous le temps de parler? Je raierais du programme quelques-unes des contributions musicales, et même alors vous n'aurez pas encore assez de temps pour dire, je le sais, ce que vous avez à dire. Je prierai pour vous samedi soir, pendant l'expédition à la recherche des ivrognes. Le Seigneur vous aidera. Allez à la recherche des âmes et des pires. Combien je désire ardemment être à vos côtés, mon très cher. Cependant la foi et les oeuvres sont nécessaires, aussi je puis croire tandis que vous travaillez.

Sur la question des voyages le dimanche, Miriam écrit :
Je suis si heureuse que vous vous soyez rendu à pied à votre réunion de dimanche. La marche matinale vous fait du bien. Bien que ne désirant pas être étroite sur ce point, car je sais qu'il y a des circonstances qui certainement changent tout, je ne puis pas croire qu'il soit bon de voyager le dimanche, lorsqu'on peut l'éviter, et je ne pense pas que Dieu soit content de ces voyages dominicaux.

Tout en aspirant à être a ses côtés, elle désirait encore plus qu'il réussisse de toutes façons :
J'ai pensé à vous dimanche, écrit-elle. Je me sens terriblement paresseuse, quand je songe à vous, luttant au loin, tandis que je suis étendue ici. Mais, de toute façon, je puis avoir la foi tandis que vous accomplissez les oeuvres. Je m'efforce de croire que Dieu a des desseins favorables en permettant ce temps d'épreuve. Parfois il est difficile de tout supporter patiemment, surtout maintenant que je vous ai, je sens la nécessité de me guérir deux fois plus vite. Pour vous et pour vôtre oeuvre, mon chéri, je prie Dieu instamment qu'il vous fasse croître en sagesse, en courage et en zèle. Je suis consciente de tout ce qui vous manque encore. Soignez-vous bien, cependant ne croyez pas que je veuille vous empêcher de donner toutes vos forces et de vous dépenser entièrement au service du Seigneur. Dieu m'en garde! Mais ce n'est pas sa volonté que vous gâchiez vos forces en ce prenant pas soin de voire santé quand vous le devez. Un véritable sermon. Si vous ne le méritez pas, mettez-le de côté pour le moment où vous en aurez besoin. Plus je vous aime, plus je dois vous stimuler au bon combat.

Après la lecture d'un livre que l'Adjudant lui avait envoyé, elle lui écrit ce commentaire :
Quelle responsabilité repose sur moi, si j'ai réellement le pouvoir de vous influencer et de vous aider. Je prie Dieu qu'il Me fasse vivre selon l'idéal de la femme que vous entretenez en vôtre esprit. Je veux que vous puissiez toujours dire : « Ne suis-je pas meilleur, à cause de ton amour ? » Dieu nous aidera, vous et moi, à apporter l'un à l'autre ce qui nous manque pour atteindre à la plénitude de notre personnalité chrétienne, ce que seuls nous ne pourrions acquérir. Merci à nouveau, mon chéri. pour le livre rendu doublement précieux par vos annotations.

Lorsque les intérêts du Royaume de Dieu étaient en question, Miriam pratiquait le plus complet désintéressement et oubli de soi-même. Un projet qu'ils avaient caressé tous les deux ne semblant pas facilement réalisable, elle écrit :
Nous l'abandonnerons. Nous ne perdons rien à mettre le Royaume de Dieu au premier plan. J'espère que vous avez des moments bénis et que vous gagnez des âmes. Le véritable amour des âmes est le secret de ce qu'il y a de plus noble dans la guerre du Salut. Je prie Dieu d'augmenter toujours cet amour dans nos coeurs, quelle que soit notre position ou nos circonstances.

À un certain moment, la nomination à Londres de l'Adjudant Simpson parut probable, et Miriam lui écrivit :
Je me demande si ce sera bien le meilleur pour vous d'être nommé à un poste si près de moi. Ne vous serai-je pas une distraction? Ne serez-vous pas tenté de venir me voir plus souvent que vous ne le devez ? Je me demande si Londres est la meilleure place au point de vue de l'expérience, et si vous ne trouveriez pas un champ d'expériences plus variées ailleurs. Je sens toujours plus que je ne dois pas entrer en ligne de compte quand il s'agit de votre carrière. Si je retrouve la santé, alors très bien. Sinon, je ne dois pas vous être une entrave ou causer le moindre retard à l'oeuvre du Royaume de Dieu.

À une observation de l'Adjudant, où il déclarait préférer le contact direct avec les âmes, au travail de bureau, Miriam répond :
Je ne crois pas que votre sentiment soit difficile à comprendre et à expliquer. Je suppose que quiconque est occupé « au service des tables », selon l'expression biblique, à plus ou moins ce sentiment, et sans doute c'est pour cette raison que les apôtres pensèrent que, pour ce travail indispensable, associé indirectement avec le salut des âmes, certaines qualités particulières étaient nécessaires, être « plein de grâce et de force », comme Étienne. La manière dont nous considérons notre travail y apporte de grands changements. Si nous sommes en heureux état d'âme, notre vision s'élargit et nous apercevons par-delà nos machines à écrire et nos fiches, par-delà le collage des affiches ou le balayage, les résultats aussi importants que ceux de la prédication ou du chant.
Après tout, ce n'est pas tant notre travail à l'oeuvre de Dieu qui plaît au Seigneur, mais l'accomplissement de sa volonté. J'ai besoin de graver cela toujours plus profondément en mon âme. Je crois que cela me rendrait plus heureuse. Je languis toujours de faire, et cependant peut-être puis-je Lui plaire davantage tout simplement en souffrant. Ils servent aussi, ceux qui attendent patiemment sans broncher. Il y a parfois un grand péril dans nos préférences pour tel ou tel travail, quand nous devrions seulement être anxieux d'accomplir la 'volonté de Dieu. Ce qu'est cette volonté, c'est son affaire et non la nôtre. Pour certains, sa volonté est qu'ils gagnent des âmes, pour d'autres qu'ils reposent sur un lit de souffrances, emprisonnés dans leur chambre de malade ayant bien peu, peut-être pas du tout, l'occasion de gagner une seule âme; pour les uns, l'estrade, les réunions de plein air, les foules, le banc des pénitents, pour d'autres la machine à écrire, les chiffres, les fiches, la dictée de la correspondance. Mais si nous accomplissons Sa volonté, c'est-à-dire si nous remplissons la mission qu'Il nous assigne, qu'importe? Sans doute, il est bien plus facile de travailler pour Dieu, d'agir, si monotone que soit notre travail, que d'attendre, de souffrir et de croire. Cherchons toujours plus de réconfort tous les deux dans cette pensée. S'inquiéter bien moins de Le servir que de Lui plaire parfaitement.

L'affection la plus tendre pour son bien-aimé inspire toutes les lettres de Miriam, comme le révèle l'extrait suivant, le dernier que nous nous permettrons :
Oh! combien, j'aspire, chéri, au moment où nous commencerons notre pèlerinage en commun, quand nous pourrons être l'un pour l'autre, non seulement une plus grande source de joie, mais aussi nous aider à porter davantage dans notre vie les fruits de l'Esprit. Néanmoins Dieu connaît le meilleur, et cette période d'attente doit être pour chacun de nous une excellente éducation. Je sens que nous avons fait de grands progrès dans la pratique de la patience. dans l'Art de supporter, et dans cette qualité que vous appelez « martialerie », un mot que j'aime beaucoup. Et cependant, ô chéri, si vous saviez comme je me sens à certains moments! La nuit dernière, je rêvais que j'étais à une grande réunion, et je vous attendais dans une allée. Le flot de joie qui m'inonda, lorsque je vous vis venir à ma rencontre, et le baiser rapide que vous me donnâtes avant de me conduire à ma place, étaient si réels que je ne pouvais croire que je rêvais. Je fus déçue, car je m'éveillai et je découvris que tout cela était un rêve. Les gens qui ont joui de ces choses sans aucune des amertumes que nous avons connues doivent vivre d'une vie paradisiaque. Mais peut-être ne sauront-ils jamais, comme nous, apprécier les dons de Dieu! Il me semble que mon coeur va éclater sous la pression de l'amour merveilleux qu'Il nous a donné.

Sûrement, comme ces brefs extraits de leur correspondance le révèlent, les fiançailles de la Capitaine Miriam et de l'Adjudant Simpson étaient selon la volonté de Dieu. En vérité, le travail qu'ils se proposaient ne fut jamais leur, mais pendant ces cinq longues années de souffrance, l'Adjudant eut le privilège d'être le don spécial de Dieu à son enfant, lui apportant lumière et inspiration par son immuable affection. Il est certain que leurs fiançailles ajoutèrent quelques touches délicates à cet exemple de « foi triomphante » que Miriam légua à l'Armée du Salut.

Pour ce qui est de l'Adjudant Simpson, ces années furent remplies d'un amour plus doux, plus pur, plus abondant que ne le connaissent ceux qui arrivent ensemble à la célébration de leurs noces d'or dans la blanche vieillesse. Enrichi par le souvenir de la communion avec une si belle âme, il s'avance dans la vie remplissant la double tâche de leur double consécration.




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(1) Grade d'officier. L'Adjudant Simpson est aujourd'hui Lieutenant-Colonel. 
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(2) Fils aîné du Général.
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(3) L'Armée du Salut demande aux candidats entrant à l'École Militaire et qui ne sont pas fiancés, de promettre de ne point contracter d'engagement avant un certain temps. 
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(4) Catherine Booth, femme du Général fondateur; celle qu'on a nommée la mère de l'Armée du Salut. 
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