Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE IV

DE SERVICE ÇA ET LA

MIRIAM n'était pas soldat par force, mais une engagée volontaire, véritable soldat en tout temps. Dans son pays ou à l'étranger, dans la maladie comme en bonne santé, elle sentait que l'honneur de son Roi lui était confié; les intérêts du Seigneur occupaient la première place dans son coeur; de son propre désir, elle était toujours de service.

Fillette de quatorze ou quinze ans, elle commença ce service appelé dans l'Armée « visites spéciales ». Elle partait avec ses soeurs Catherine et Marie pour des campagnes de fin de semaine. Sa soeur, la Colonelle Marie, se rappelle ces expériences :

Je ne saurais dire ce que Miriam fut pour moi, comment elle m'aida à prendre ma place dans l'oeuvre publique. Elle me fit vaincre ma terrible timidité.
Une fois, pendant mon allocution, je fus saisie du trac si fortement, que j'en oubliai la suite de mon discours. Miriam s'en aperçut; en un moment, elle fut à mes côtés et, le sourire aux lèvres, vint à mon secours :
- Je vous demande pardon, tandis que ma soeur parlait, sa phrase me rappela...

Et elle raconta un incident qui occupa l'attention des gens et me permit de me ressaisir. Et je continuai sans que personne, sauf nous deux, se soit aperçu de mon malheur.
- Marie, vous devez persévérer, que vous l'aimiez ou non, me disait-elle.

Aujourd'hui, je sens la valeur de ses paroles d'une manière que très peu peuvent comprendre.
Elle possédait une habileté remarquable pour amener les âmes au Christ, même contre toutes prévisions. Par exemple, je me rappelle une de ces campagnes de fin de semaine où il semblait certain que nous terminerions sans avoir gagné une âme. Mais Miriam ne l'entendait pas ainsi :
- Marie, je ne puis rendre les armes, disait-elle.

Elle laissa la pêche (1) et monta sur l'estrade d'où elle fit retentir un nouvel appel. Et, résultat inattendu, un certain nombre d'âmes cherchèrent le salut. Miriam, en vérité, profitait de toutes les circonstances comme si elles étaient les dernières qui lui soient accordées.

Le premier de ses efforts spéciaux fut entrepris a Hythe, un poste commandé par la Capitaine d'État-Major Kate Lee, l'Ange Adjudante, l'héroïne de Pois Cassés (2), le livre de M. Harold Begbie. Miriam la connut dès son enfance.
À la recherche de nouveaux orateurs pour une campagne sous la tente qu'elle avait organisée, la Capitaine d'État-Major invita Catherine et Miriam Booth à présider les réunions de fin de semaine. Elle raconte ainsi cette expérience :

Bien que quinze ans soient passés depuis, je me rappelle très bien ces réunions.
Miriam était une douce enfant aux longs cheveux pendant sur les épaules, au visage ardent, à l'expression changeante. Sa voix claire se répandait par toute la tente, la simplicité de ses paroles saisissait et retenait la foule. Ses paroles me firent une telle impression, que je pris quelques notes. Elle parla le samedi soir sur : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. »
Elle nous conta l'histoire d'un homme tombé pardessus bord à la mer; il saisit la corde qu'on lui lançait et la serrait avec tant de force que ses mains en saignèrent. Puis elle se plongea dans les contes de fées pour enfants; elle nous dit l'histoire d'un petit ours parti en voyage de découvertes, mais il se fatigua et abandonna son projet.
- Quel malheur que le petit ours n'ait point continué ! dit-elle.

Les gens rirent, mais elle avait fait pénétrer son message au plus profond des coeurs. Je remarquai son regard parcourant toute l'assemblée à la recherche de quelqu'un, semblait-il.
- J'ai choisi ma cible, me dit-elle plus tard.

Elle voulait dire qu'elle avait choisi spécialement une personne à l'aspect rude et grossier sur laquelle elle concentrait ses efforts pendant cette fin de semaine. Elle parlait avec chaleur à cet homme pendant les réunions de prières et je crois qu'il se convertit avant la fin de la campagne. La réunion du matin fut remarquable, un grand nombre d'assistants s'approchèrent pour chercher la grâce de la sanctification, l'assemblée resta sous la tente et la réunion se continua jusqu'à 2 heures de l'après-midi.



Plaisirs d'enfants
Cliquez sur l'image

 L'année suivante, j'étais à Douvres - j'invitai Marie et Miriam à venir présider les réunions du dimanche. Les jeunes filles, en plus de leurs dons personnels et de l'influence du nom de leur grand-père, étaient si bonnes et si dévouées, que je savais que leur présence dans la ville attirerait des multitudes qui ne fréquentent pas d'ordinaire nos réunions. Je louai l'hôtel de ville et je fis une grande publicité.
J'allai les attendre à la gare et, comme nous revenions à travers les rues, leurs regards furent attirés par une grande affiche annonçant leur visite. La crainte se peignit sur leurs visages et elles s'écrièrent :
- Oh! pourquoi avez-vous fait cela? Les gens vont s'attendre à quelque chose d'extraordinaire...

Mais tout alla bien. Le dimanche après-midi, la salle était bondée, sur l'estrade se pressaient toutes les personnes influentes de la ville. La chère Miriam, âgée de quinze ans, en robes courtes, les cheveux sur le dos, conférença comme je l'avais annoncé, sur l'oeuvre des bas-fonds. Elle parla très bien, basant son allocution sur ce texte : « Moïse vit les durs travaux de ses frères. » Elle avait divisé son sujet en trois parties : a) Les frères de Moïse; b) leurs durs travaux; c) le grand coeur de Moïse. Pour préparer sa conférence, elle avait été visiter la semaine précédente nos asiles pour hommes et pour femmes. Elle appuya chacun des points de son discours sur des incidents racontés sans art, mais qui n'en étaient ainsi que plus pathétiques et plus éloquents; ils émurent fortement ses auditeurs.

Miriam vint me voir à nouveau lorsque j'étais à Croydon; elle parla dans le théâtre à une foule d'environ huit cents personnes. Je surveillais le développement de ses dons et je croyais qu'elle tiendrait un jour une des principales places de l'Armée. Son charme principal était peut-être cette inconscience de sa valeur; pas l'ombre d'une affectation en elle, ni cet esprit de désobéissance qui murmure : « Oh! je ne saurais pas faire cela. » Elle répondait immédiatement à l'appel du devoir. Elle était si joyeuse, une vraie salutiste!

Après les réunions, le dimanche soir, j'avais les plus grandes difficultés pour la faire se coucher. Elle voulait à tout prix repasser dans nos conversations le travail de la journée, elle me cajolait pour me faire conter mes expériences du champ de bataille. Toutes ses pensées et toute son activité se concertaient sur le combat que menait l'Armée : sauver des pécheurs et découvrir des amis qui fourniront les subsides pour l'extension de l'oeuvre de l'Armée.

La dernière fois que Miriam vint dans un de mes postes, c'était à Norland Castle. À la fin de son discours, à la réunion du dimanche après-midi, elle sentit qu'elle devait faire un appel direct à l'auditoire, pour qu'il se convertisse maintenant et dans cette salle. Dix ivrognes vinrent au banc des pénitents. Miriam semblait vraiment un ange agenouillé auprès de ces pauvres hommes, s'efforçant d'aider ces âmes stupéfiées et de les introduire dans la pleine lumière de Dieu. Le soir, un seul de ces hommes revint, elle remarqua avec un clignement d'oeil malicieux, citant une parole de Jésus :
- N'étaient-ils pas dix? Les neuf autres, où sont-ils?

Cependant, elle fut heureuse qu'il y en eût au moins un qui tînt bon.
Je compte ma connaissance intime de la Capitaine Miriam comme une de mes joyeuses expériences dans l'Armée. Parmi ses grâces et ses dons, après son amour pour les âmes, venait son habileté à se familiariser avec les personnes qui l'entretenaient, sans pour cela se livrer à elles.

À peu près au moment dont nous parle la Capitaine d'Etat-Major Kate Lee, Miriam accompagna Mme Booth pour plusieurs réunions en Angleterre et sur le continent européen. Par ses chants, par son témoignage, elle fut en bénédiction à plusieurs.
Un écho d'une visite en Suisse, pendant les Assemblées de l'Ascension se trouve dans une lettre de sympathie qu'un officier suisse adressa à Mme Booth après la mort de Miriam. Il écrivit :

Pendant votre visite en Suisse, lorsque vous présidiez, Madame, nos fêtes de l'Ascension, votre fille Miriam vous accompagnait. À chacune des réunions, au moment où commençait l'appel aux âmes de s'approcher pour chercher le Sauveur, elle se mettait au piano. Avec quelle joie et quel oubli de soi-même elle accompagnait les choeurs. De temps en temps, elle se levait et venait près du banc des pénitents :
- Brigadier, combien?
- Quinze, vingt, vingt-cinq.

Le visage radieux, elle retournait au piano, ne paraissant même pas se fatiguer. Lorsqu'elle demanda pour la troisième fois combien se sont approchés du banc des pénitents, elle découvrit qu'il y en avait tant que nous savions à peine où les placer. Elle retourna à sa place; ses pieds ne semblaient plus toucher terre. Plusieurs officiers avec moi étaient émus aux larmes d'un tel amour pour les âmes chez cette jeune fille. Elle fut un exemple pour chacun de nous, et une bénédiction inoubliable pendant toutes ces années.

La Commissaire Duff nous raconte une visite que Miriam fit avec elle aux oeuvres sociales de l'Armée :

Entre autres, nous visitâmes un refuge pour femmes, et je remarquai comment elle sut trouver rapidement et naturellement le coeur des femmes présentes. Nous eûmes une petite réunion et je lui demandai :
- Voulez-vous chanter et leur adresser quelques mots?
- Pourquoi pas? répondit-elle.

Elle commença à chanter et s'arrêta subitement
- Elles ne peuvent pas me voir! s'exclama-t-elle. Je n'ai pas besoin qu'elles se tordent le cou pour me voir. Donnez-moi une chaise.

Et elle grimpa sur sa chaise, afin que toutes puissent la voir aisément. Elle chanta et leur parla. Puis, descendue de sa chaise, elle se mêla à elles, semant des paroles d'affection et de gentils sourires, jusqu'à ce qu'elles fussent toutes réjouies et encouragées. Je racontai cela plus tard à Mme Booth; elle sourit et elle me dit :
- Oui, c'est bien la façon de Miriam.

Dans son adolescence, Miriam fut obligée d'aller à l'établissement d'hydrothérapie de Metcalf, à Richmond. La directrice Burgin, une vraie chrétienne, était, attirée par cette enfant radieuse qui, bien que souffrante, glissait comme un rayon de soleil à travers les chambres.

C'était une charmante fillette, dit Mlle Burgin. Les traits principaux de son caractère qui me frappèrent le plus, en ce temps-là, c'étaient son amour pour sa Bible, sa foi, son courage. Elle me dit une fois quelques mots par hasard qui eurent sur moi une influence éternelle. Quelques jeunes filles, qui étaient en traitement ici à ce moment-là, discutaient à propos des romans qu'elles lisaient au lit avant de s'endormir. Les yeux de Miriam disaient son étonnement, lorsqu'elle me confia :
- Songez donc, lire quelque chose après avoir lu sa Bible !

Depuis ce temps, j'ai senti aussi que la Parole de Dieu devait être ma dernière lecture le soir.
Miriam n'était nullement solennelle. Elle babillait avec humour, elle semblait projeter du soleil autour d'elle. Elle se joignait à tous les groupes. Un habit spécial, tel l'uniforme de l'Armée du Salut, ne convient pas dans de semblables établissements; mais Miriam porta toujours sa broche salutiste. Pour ce qui est de parler de l'Armée, elle ne pouvait s'en empêcher. Elle avait cela dans le sang. Elle forçait les gens à aimer ce qu'elle aimait. Elle intéressa les malades à son oeuvre. Un jour, elle vint me trouver, très amusée, parce qu'une brave dame s'était étonnée qu'une salutiste sache parler un anglais classique et élégant; elle fut encore plus étonnée d'apprendre que Mlle Booth parlait couramment le français.
- Elle s'imagine que ces choses ne s'accordent pas. Quelles drôles d'idées les gens se font donc de l'Armée !

Et Miriam riait.
Elle venait dans ma chambre tous les matins et nous priions ensemble. Ses prières étaient si simples et si confiantes, qu'une fois je lui dis
- Miriam. vous semblez certaine de l'exaucement de vos prières.

Elle fixa sur moi ses grands yeux étonnés
- Naturellement, j'en suis sûre, répliqua-t-elle.

Les doutes et les difficultés spirituelles semblaient impossibles à son esprit pur et confiant. Pendant les nombreuses années que J'ai passées ici, pas une malade ne fit une si forte impression sur le personnel. Une de nos infirmières l'appelle encore « la petite sainte ». Quand sa mort nous fut annoncée, quatre de celles qui étaient ici, il y a quinze ans, demandèrent des billets pour le service commémoratif,
J'étais enfant au moment des émeutes contre les salutistes à Eastbourne. Mon père, pasteur dissident de la ville, dit :
- Nous vivrons assez pour voir le triomphe de ces gens-là.

Lorsque je vis le cercueil de Miriam descendre Clapton Road et toute la circulation arrêtée pour permettre le passage de cette longue procession, un sanglot de joie souleva ma poitrine; car non seulement j'avais vu le jour annoncé par mon père, mais encore j'avais vu, dans les enfants de la troisième génération, revivre l'esprit des pionniers de l'Armée.

Quand Catherine et Marie quittèrent le foyer pour devenir officières, Miriam y prit la place de fille aînée. Les petites marques d'affection et les milles petites attentions qu'elle prodiguait à ses parents et à son grand-père, et qui rendent la vie plus facile et plus heureuse, firent d'elle un trésor inestimable. Dans une lettre à sa mère, après avoir mentionné d'une manière méthodique une douzaine d'affaires, elle continue :

J'étais vraiment embarrassée sur ce point, je n'avais pas compris tout d'abord ce que vous désiriez exactement, et vous savez que je souhaite toujours faire ce que vous désirez.

D'anciennes servantes de la maison, maintenant mariées, écrivirent au moment de son départ pour la demeure céleste, l'âme en deuil. Une d'elles dit :
La chère Mlle Miriam, elle ne se plaignit pas une seule fois pendant tout le temps que j'étais chez vous.

Mme la Commissaire Booth-Hellberg rappelle l'impression que les soins affectueux de Miriam firent sur sa petite Mildred (sa Mimi), lorsqu'elle dut la laisser pendant six mois au « Homestead » :

La petite ne savait que le français, écrit Mme Booth-Hellberg, et Miriam comprenant parfaitement cette langue, prit la petite sous son aile protectrice; elle l'entoura d'affectueuses attentions. Pour les distinguer, Miriam fut appelée « Grande Mimi » et la petite Mildred « Petite Mimi ». Lorsque « Petite Mimi » revint à la maison, elle me raconta plusieurs jolies histoires de la « Grande Mimi »; elle me dit son amour pour les méchants petits garçons de High Barnet, et comment elle conduisait la « Petite Mimi » aux réunions de la Jeune Armée le dimanche après-midi; elle marchait à pied tout le long de la route pour que le bébé de six ans puisse s'asseoir sur la bicyclette et ne point fatiguer les petites jambes courtes et rebondies.

Miriam était une source de grandes joies pour ses frères et soeurs. Les dernières années, elle entreprit l'éducation des deux plus jeunes, et la dame qui lui enseignait les langues dit :
C'était vraiment intéressant de la contempler avec les petits et particulièrement avec le petit Wycliffe, presque bébé encore. Je me rappelle Miriam assise avec le petit sur ses genoux, elle lui lisait des histoires d'animaux. Elle se glissait si bien dans l'esprit du récit que je suis sûre que la chambre se peuplait, pour le petit garçon, de toutes les créatures dont le livre parlait.

Wycliffe conserve précieusement le souvenir heureux de ces jours-là. Il déclare :
Mim exerça sur ma vie une bonne et puissante influence. C'est elle qui me fit comprendre que j'étais pécheur aux yeux de Dieu. Voici comment cela arriva. Un soir, j'avais environ neuf ans, elle surveillait mon coucher. Je ne portais ni souliers, ni chaussettes en ce temps-là, et tandis que je me lavais les pieds dans la salle de bains, elle me parla sérieusement. Elle commença par une série de questions :
Wyc, comment cela va-t-il? Ne pensez-vous pas qu'il serait temps de vous convertir? Vous n'êtes pas sauvé, n'est-ce pas?

Je n'étais pas préparé à cette attaque et je le lui fis voir; mais évidemment elle avait dressé ses batteries intentionnellement et ne me lâcha point.
L'exagération était un de mes défauts à cet âge, et elle m'en montra la laideur, elle fit défiler ainsi devant moi tous mes autres péchés jusqu'à ce que je sentisse combien le péché était haïssable. Alors elle me fit prier. Ma prière était si ardente et si sincère, que je crois que ce soir-là Dieu changea mon coeur. À ce moment je choisis définitivement de suivre Jésus.

Mim était professeur née. Elle rendait la géographie intéressante, et l'histoire, comme elle l'enseignait était vraiment vivante et fascinante. Maigre son enseignement animé et agréable, elle tenait la main à la discipline. Si une leçon avait été mal sue, elle ne nous le laissait pas ignorer. Un jour, je le confesse à ma honte, je n'avais pas même regardé ma leçon; alors Miriam fit une chose dont on n'avait jamais entendu parler dans notre maison : elle me donna un soufflet cinglant sur la joue. J'étais un grand et fort gaillard, capable de supporter une douzaine de pareils coups; j'en fus plus étonné que je n'en souffris, et tout ce que je dis, fut :
- Bien, Mim, vous êtes la première qui m'ayez jamais giflé.

Le lendemain, elle me dit :
- Wyc, je regrette de vous avoir souffleté, hier, mais vous le méritiez, vous savez (certainement je le méritais), je le regrette tout de même.

Cet incident agit puissamment sur moi. J'avais si honteusement abusé de sa patience, et elle était assez bonne pour me faire des excuses à moi le coupable. Longtemps après, le souvenir de cette minute m'aidait encore à persévérer dans mes efforts.

Miriam excellait dans toutes les situations. La plus joyeuse des camarades, je ne connais Personne qui sache conter une histoire comme elle le faisait. Mes premiers souvenirs de Miriam se rattachent à un jeu d'imagination que nous jouions tous ensemble. Dans nos promenades, n'importe où nous allions, nous observions les gens pour les faire entrer comme personnages dans ce jeu sans fin. Nous nous amusions énormément. Nous, les plus jeunes, nous adoptions très vite les personnages de Miriam, car son imagination lui suggérait des exploits surprenants. Nous la mettions souvent à bout de ressources, et je me rappelle comment, lorsqu'elle ne savait plus que dire ensuite, elle nous sortait cette phrase en français : « Et le père a dit... » (Nous parlions toujours français entre nous.) Une clameur de protestation s'élevait alors contre elle, car le père dans notre jeu, disait toujours : « Enfants, il est temps de se coucher. »

Plaire à Dieu, voilà le but de Miriam, non pas seulement dans les circonstances spéciales, non pas d'une manière spasmodique, par foucades, mais délibérément, constamment, chaque jour. Sa vie spirituelle, tel un clair et pur ruisseau portant la fraîcheur et la fécondité sur son passage, coulait, augmentant de force et de volume chaque année, nourrie des eaux vives des collines célestes.




Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant