Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA VOITURE, LES CHEVAUX ET LA ROUTE.

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Instruis le jeune enfant dès l'entrée de sa voie.
(Prov. XXII, 6.)


(1) L'Israélite avait quitté la voiture, et il y avait été remplacé par un autre voyageur, qui d'abord garda le plus complet silence, pendant que de son côté son voisin dormait profondément.

N'y aura-t-il donc rien à dire ? pensait en son coeur le Missionnaire, qui épiait la moindre occasion d'introduire une conversation utile.

Que cette voiture est lente ! dit enfin le voyageur dernier venu.
Ah ! dit le Missionnaire, la voiture la mieux attelée n'avance pas sur un mauvais chemin. - Et ne peut-on pas dire qu'il en est de même de nous ? Toute notre activité ne profite guère, si nos motifs ne sont pas purs.
Le Voyageur. Vous aimez la morale, Monsieur, à ce qu'il me parait ?
Le Missionnaire. J'aime trouver, Monsieur, dans mon voyage vers l'éternité, ce que je recherche dans ceux que je fais sur la terre : une bonne voiture, bien menée, et un bon chemin.

Le Voyageur. Puis-je savoir ce que vous appelez la voiture ?
Le Missionnaire. C'est l'habitude religieuse, la religion proprement dite : la Vérité.

Le Voyageur. Et les chevaux, Monsieur ?
Le Missionnaire. Je pense que ce sont les dispositions de sincérité et de zèle que tout coeur pieux doit nourrir, et qu'il reçoit du Saint-Esprit.

Le Voyageur. Enfin, Monsieur, je vous prié, quel est le chemin ?
Le Missionnaire. Ah ! Monsieur, il n'y a qu'une seule bonne route, et c'est le chemin qu'a tenu le Seigneur Jésus. C'est donc là que doit se trouver toute voiture spirituelle qui veut arriver au ciel.

Le Voyageur. Bien obligé ! Monsieur. J'aime votre allégorie, et je forme pour moi le voeu que ma voiture, mes chevaux et mon chemin soient aussi bons que ceux que vous me semblez avoir. Y a-t-il longtemps, Monsieur, que vous possédez ces avantages ?
Le Missionnaire. Depuis que j'ai lu la Bible. Avant cette époque-là ma religion n'était qu'une forme, mes dispositions qu'une illusion, et ma route que celle que tient la multitude.

Le Voyageur. Et c'est la Bible seule, dites-vous, qui vous a changé !
Le Missionnaire. Ne devait-elle pas le faire ? Ce qui est du ciel n'est-il pas tout autre que ce qui est de ce monde ? La lumière vient d'en haut, Monsieur.

Le voyageur se tut assez longtemps. Il se passa ou trois fois la main sur le front, comme fait celui qui médite profondément, et ce fut en concluant, apparemment, sa recherche, qu'il dit avec lenteur :
Vos convictions, Monsieur, n'avaient donc pas été d'abord celles que la Bible peut produire !... Ah ! ceci m'intéresse !.... Dites-moi, s'il vous plaît, ce que vous pensez de l'éducation des masses. Je m'occupe un peu de cet important sujet, et votre sentiment, je présume, ne sera pas irréfléchi.

Le Missionnaire. Ce n'est pas un sujet léger, Monsieur, que celui de l'éducation. Les peuples étaient tous des enfants, il y a quarante ou cinquante années, et ils ne sont aujourd'hui que ce qu'ils furent faits quand on les enseignait. Si leur éducation fut du monde, ils ne sont que des mondains. Si elle fut chrétienne, ils sont soumis à la Bible.
Le Voyageur. C'est-à-dire que vous pensez que si une école, je suppose celle de tel village que j'ai en vue, est dirigée par un maître sans piété, cette génération-là sera modelée conformément au maître ; et le contraire, si cet homme est pieux ?

Le Missionnaire. Je pense très-sérieusement, Monsieur, que le plus grand empire que Satan exerce sur les hommes, a sa puissance dans la nature des écoles ; et que c'est là, je veux dire, dans ces ateliers intellectuels et moraux, que l'Esprit de ténèbres assure sa domination par les principes mêmes qui régissent en général les collèges, les écoles, les pensionnats et jusqu'aux instructions domestiques ; puis ensuite, par les modèles païens, et toujours païens, qu'il place devant les enfants, dans ces Romains et ces Grecs qu'il leur fait sans cesse admirer.
Le Voyageur. Ce que vous dites devient toujours plus précis. Vous est-il possible de toucher du doigt le principe radical de cette domination mensongère ?

Le Missionnaire. Deux principes, Monsieur, et ces deux seuls, se partagent le domaine moral, ici-bas. L'un, c'est la dignité de l'homme : c'est le principe naturel ; c'est le principe païen. L'autre, c'est la grâce de Dieu : c'est le principe céleste ; c'est le principe chrétien. Le premier produit et fomente tout ce qui constitue et alimente l'orgueil. Le second humilie, anéantit, l'homme et glorifie Dieu dans sa créature. Ces deux principes, provenus de deux sources opposées, tendent et aboutissent à deux fins contraires l'une et l'autre.
Le Voyageur. Je vous écoute. Je vous suis. Précisez, Monsieur, et appliquez aux faits, je vous prie.

Le Missionnaire. Eh bien, Monsieur, c'est un fait que l'émulation est le mobile presque unique de l'éducation des peuples. L'enfant doit savoir, ou bien supposer, qu'il peut faire quelque chose, et il faut qu'il puisse faire et qu'il fasse plus que tout autre enfant. C'est donc un idéal d'orgueil, d'égoïsme, de propre-justice, comme parle Dieu, qu'il s'habitue à poursuivre, à atteindre ; et quand il a mis derrière lui quelques difficultés ou des rivaux, il se croit accompli. - Monsieur, j'estime que tout le travail de cet enfant n'a été qu'une idolâtrie. Il a vu du savoir, des éloges, des succès, de la gloire, et c'est vers cela seul qu'il a dirigé toute son étude et tout l'emploi de toute son intelligence, de toutes ses forces et de toutes ses facultés. Cette créature de Dieu a donc mis en, oeuvre tout ce que son Créateur lui fournissait de pensée, de sentiment ou d'énergie, mais sans avoir même l'idée que toutes ces choses appartiennent à Dieu et doivent se rapporter à lui, en le servant. - Telle est à mon avis, Monsieur, l'éducation du monde et de ses écoles : c'est-à-dire l'éducation des peuples.
Le Voyageur. Mais, Monsieur, il y a de la religion aussi dans ces écoles, du moins dans les pays chrétiens.

Le Missionnaire. De la religion !... Non, Monsieur. Je parle des écoles en général. Il s'y trouve bien, sans doute, des catéchismes et des instructions religieuses mais encore ici l'émulation, c'est-à-dire l'égoïsme et l'orgueil préside à cette science qui n'est, en effet, que de la science. L'enfant prend son catéchisme, on bien tel autre livre de religion, même sa Bible, et il faut qu'il l'apprenne ; et il l'apprend, pour le bien répéter, pour avoir un éloge, peut-être même pour remporter un prix de piété ! Dans tout cela, Dieu n'est pour rien ; Jésus n'est pour rien ; le Saint-Esprit n'est pour rien. Aussi, passée l'heure d'apprendre ou d'entendre cette religion-là, il n'en est plus question, et l'esprit et le coeur de l'enfant, c'est-à-dire de toute l'école, de toutes les écoles, d'une génération entière, sont aussi étrangers à la religion céleste, à la grâce de Dieu en Jésus-Christ, que si cette génération fût née, il y neuf siècles, à Rome ou à Lacédémone.
Le Voyageur. Bien ! bien ! Monsieur ; car je veux vous dire que j'ai depuis près d'un an le pressentiment de tout ce que vous avez énoncé... Mais, je vous prie, parlez-moi de l'autre principe : du principe céleste.

Le Missionnaire. Ah ! Monsieur, ce principe, c'est Dieu : c'est le Dieu de la grâce en Jésus, mis devant l'enfant comme son Créateur, qui l'aime, qui le bénit, et qui demande de lui l'honneur, la reconnaissance et l'amour, dans toute sa vie en général, et dans les détails de cette vie, qui tous appartiennent à ce Dieu qui ne parle que comme Père et Sauveur. - Si donc l'enfant a de l'intelligence, ou de la mémoire, ou quelque aptitude, c'est Dieu qui les a faites, qui les lui prête, qui les lui conserve ou qui les augmente. C'est donc pour Dieu qu'il va les employer, d'abord, en reconnaissant qu'il les tient de lui ; ensuite, en lui demandant, avec foi et piété, d'en bénir l'usage ; et enfin, en ne les consacrant qu'à des choses bonnes et utiles, et sur lesquelles peut reposer l'approbation de Dieu.
Le Voyageur. Plus donc d'émulation ! Je le vois, et toujours plus clairement. C'est le principe évangélique seul que vous posez pour base. L'enfant n'est placé que devant Dieu, et c'est à Dieu seulement qu'il rend compte en son coeur... Mais, Monsieur, ceci suppose un enfant pieux, et comme nous disons, converti. Or, c'est toujours le petit nombre.

Le Missionnaire. Si l'enfant a été mis à quatre ans sous l'influence de l'amour de Jésus, et que dès lors une mère chrétienne, une institutrice chrétienne, ou un régent chrétien, lui ait inculqué le principe céleste que tout est de Dieu, par Dieu et pour Dieu, dans sa grâce, cet enfant, parvenu à six ans, à huit ans, à dix ans, n'aura pas même la pensée de s'enorgueillir. Si son coeur a été touché, renouvelé, converti, par la Vérité, eh bien ! le Saint-Esprit le conduira, comme un agneau de Jésus, à la suite et selon les paroles du Bon Berger ; et de toute manière, si cet enfant est demeuré dans l'incrédulité, toujours aura-t-il pour principes de conduite, de tout autres motifs que l'enfant qui s'est accoutumé à se glorifier lui-même et à ne vivre que d'émulation et de rivalité.
Le Voyageur. Je hâte mes questions, car nous approchons du village où je dois me séparer de vous, et à mon grand regret. Vous dites donc, n'est-ce pas, que vous exigez, avant tout, qu'un maître d'école soit chrétien, ce qui veut dire soumis de coeur à la Bible. Hors de là, déclarez-vous, point de bonne éducation ?

Le Missionnaire. Non, point. Les collèges d'à présent, et je pense partout, (sauf quelques rares exceptions) ne sont, il me semble, que des manufactures de science mises en mouvement par une vapeur plus puissante que celle de nos machines, et qui se nomme l'orgueil, l'émulation, la vaine gloire. Et la substance ouvrée, c'est la sagesse, c'est la vertu, c'est l'héroïsme, des païens, et rien que cela. C'est donc dans de tels ateliers que se forment et façonnent toutes les prétentions, les exigences et les allures de la dignité humaine et de la propre-justice, et par conséquent de l'incrédulité quant à Jésus et de la haine quant au peuple de Dieu.
Le Voyageur. Mais, cher Monsieur, permettez que je vous demande si tout cela n'est chez vous que de l'observation, que de la théorie ? Il me semble me trompé-je ? que vous parlez d'expérience ?

Le Missionnaire. Vous ne vous trompez point. J'ai, en effet, pratiqué moi-même ce que je viens d'indiquer en principe ; et c'est parce que j'en ai vu, et pendant plusieurs ans, le résultat admirable, oui, Monsieur, vraiment admirable, que je suis aussi décidé dans mes conclusions.
Le Voyageur. Favorisez-moi, je vous prie, de quelque récit sur vos expériences. Car des faits, et des faits prolongés, sont ici l'argument péremptoire.

Le Missionnaire. Eh bien, Monsieur, je vous dirai qu'il y a trente ans environ, que j'étais chargé, dans ma patrie, de la direction d'une des classes du Grand Collège, et que ce fut alors, et pendant trois ans et plus, que je fis l'application des principes chrétiens d'éducation que je vous ai présentés.

Quand je fus élu maître de cette école, j'étais chrétien et religieux comme l'est tout homme de bonnes moeurs, et je conduisis alors mes écoliers selon les principes accoutumés du monde. La vertu, l'honneur, la bonne renommée, les éloges, les récompenses, ou bien le blâme, la honte et les châtiments, étaient les mobiles que j'employais sur les intelligences et les volontés diverses de mes élèves, et les succès obtenus répondaient à cette espèce-là de force morale.
Mais je fus converti à la foi chrétienne, à la croyance sincère de la Bible, et dès lors les âmes de mes écoliers prirent à mes yeux un tout nouveau caractère. Je les vis dans l'éternité, en présence de Dieu, en face de sa Parole, et je compris que l'obligation première qui m'était imposée, à leur égard, c'était de les conduire à Jésus, de leur enseigner la voie du salut, et que l'instruction scientifique que mes disciples allaient aussi recevoir de moi, devait leur être communiquée en vue de Dieu, et toujours en rapport avec la destination finale d'âmes immortelles, qui rendraient compte à leur Créateur de l'usage qu'elles auraient fait de leurs talents.

Ce dernier principe fut donc la base constante de tous mes enseignements. J'avais écrit, en grosses lettres, sur la muraille de l'école, ce passage de la Sainte-Écriture : À chacun à qui il aura été beaucoup confié, il sera beaucoup redemandé ; et j'accoutumais l'enfant à se considérer, sans frayeur, Comme CRÉATURE DE DIEU, en toutes choses, et par conséquent comme ayant une certaine somme d'intelligence, de mémoire, de sentiment, de volonté et de force, qu'il devait faire valoir consciencieusement, et toujours en présence du Seigneur, qui ne se méprenait pas sur l'emploi qu'il en faisait, et qui serait parfaitement juste dans l'estimation finale de ce dépôt et de son usage.
Le Voyageur. Permettez, cher Monsieur, que je vous dise ici combien votre récit me touche. Je vois déjà que la bénédiction de Dieu reposa sur votre oeuvre.

Le Missionnaire. D'une manière étonnante, je vous assure, et quant à la moralité des enfants, et quant à leurs progrès dans l'étude.
Vous le voyez : j'avais aboli l'émulation humaine, l'égoïsme et l'orgueil ; et je lui avais substitué le motif céleste : l'impulsion pure et seule vraie de la crainte de Dieu et du désir de lui plaire, comme à un Père qui nous aime en son Fils, et qui, en même temps qu'il veut que ses enfants le servent avec fidélité, a pitié de leur faiblesse, et surtout ne recueille pas où il n'a pas semé et n'amasse pas où il n'a pas répandu.
Le Voyageur. Touchant ! Vrai ! Oui ... vrai pour l'éternité !

Le Missionnaire. Aussi, Monsieur, cette VÉRITÉ se justifia-t-elle dans les enfants qu'elle enseignait. Écoutez-en les preuves.
Vous savez quelles rivalités se manifestent d'ordinaire dans les écoles du monde, et en particulier comment les écoliers forts, comme on les nomme, se targuent de leur supériorité et tiennent à distance les faibles, sur qui domine leur savoir. Eh bien ! Monsieur, que de fois n'ai-je pas vu, dans l'École chrétienne, pendant les heures de récréation, un écolier fort retiré dans quelque lieu tranquille de l'école ou de la cour où se faisaient les jeux, et enseignant avec patience et bonté un ou deux écoliers plus faibles !
Le Voyageur. Charmant ! Tout-à-fait aimable ! Quel beau fruit d'humilité et de charité sincère !

Le Missionnaire. En voici d'autres, Monsieur, où la gloire de Dieu se manifesta. Mon école était fréquemment visitée par des étrangers, et le système chrétien que j'y suivais était le sujet de plusieurs de leurs questions. Or, un homme lettré et de distinction étant venu voir l'école, me demanda, avec beaucoup d'intérêt, si en effet l'émulation céleste était comprise des enfants et pouvait régir leurs coeurs. Je l'invitai à s'en assurer par lui-même, et je le laissai faire.
Il circula donc dans l'École, pendant que je m'entretenais avec d'autres visiteurs, et quelque temps après il revint à moi tout ému et en s'essuyant les yeux. - « C'est admirable ! C'est étonnant ! me dit-il. Jamais je ne l'eusse pensé ! » - Et là-dessus il me raconta que s'étant approché de l'écolier premier de la classe, il l'avait félicité sur l'honorable place qu'il occupait ; mais que l'enfant lui avait répondu avec humilité. « Voyez, Monsieur, je ne mérite aucun éloge. C'est à Dieu qu'est toute gloire. Si je me relâchais dans mon devoir, je pécherais devant lui. » - De là, dit-il, je me suis rendu vers le dernier de l'école, à qui j'ai dit, avec quelque sévérité : « Vous voilà le dernier. N'en êtes-vous pas chagrin ? » - « Je vous assure, m'a répondu cet enfant avec paix et candeur, que ce n'est pas ma faute. Je fais tout ce que je puis ; mais Dieu ne m'a pas encore donné une bonne mémoire. Mais je la lui demande chaque jour.
Le Voyageur. Cela me fait aussi pleurer ! ..... Quelle simplicité ! Quel regard vers Dieu ! Point d'orgueil chez le fort, et point d'abattement chez le faible !

Le Missionnaire. Non, plus d'égoïsme, plus de vaine gloire, Monsieur ! - Obéir à Dieu suffit à l'enfant chrétien, et il n'a plus besoin des éloges du monde. Ce fut ce que mon école entière me montra, et d'une manière bien frappante.
Avant que je fusse chrétien, je m'étais procuré pour mes élèves des médailles d'argent élégamment ornées, et où se lisaient des devises d'approbation. Les écoliers les plus savants ou les plus sages portaient, selon la coutume, ces décorations à leur gilet, et leur vanité n'en était pas peu flattée.
Après ma conversion, je n'abolis pas d'abord ces médailles, vu que je ne pensais pas que les enfants pussent encore s'en passer. Mais ce fut bien Dieu qui les retira, et voici à quelle occasion.
Un des étrangers qui visitaient l'École lui avant adressé de grands éloges sur son bon ordre et sur ses progrès, je m'attachai, dans l'instruction religieuse du jour, à détruire l'impression que ces louanges avaient pu faire, et je montrai, pour cela, aux enfants, comment le chrétien doit tout faire pour plaire à Dieu, mais jamais rien pour la vaine gloire.

Dès le lendemain je vis combien cette instruction avait été bénie. Le Premier de la classe s'approcha de moi, ayant ses deux mains pleines des médailles de l'École, et en les déposant sur mon bureau, il me dit avec la plus grande simplicité : « Monsieur, ce que vous nous avez dit depuis longtemps, et hier surtout, nous a fait sentir que nous n'avons plus besoin de ces marques d'approbation. C'est celle de Dieu seulement qu'il nous faut avoir. Nous vous prions donc de vouloir bien reprendre ces médailles. » - Je les reçus avec une véritable adoration, devant Dieu : je confirmai le sentiment de mes chers élèves ; et quelques jours après cette circonstance, une collecte s'étant faite pour l'érection d'un temple, dans une commune romaine amenée à la foi chrétienne, mes écoliers me demandèrent qu'il leur fût permis de faire offrande de la valeur des médailles. J'y consentis avec joie. Les médailles furent donc vendues, et le produit en fut porté au collecteur par une députation de l'École.
Le Voyageur. Oh ! Monsieur, que les peuples seraient bientôt heureux, si de tels principes dirigeaient les collèges et les écoles ! Je suis tout ému, et ce n'est, je vous le répète, qu'avec le plus grand regret que je me sépare pour le moment de vous.

Le Missionnaire. C'est notre Dieu, Monsieur, qui nous a fait comprendre ces choses. Suivez, en petit enfant, ses directions, et vous verrez sa bénédiction sur l'éducation des masses. Oui, Monsieur, donnez aux collèges, et aux écoles, des maîtres et des directeurs soumis à Christ : faites-le dans les villages d'abord, puis dans les villes ensuite, et la génération fléchie au joug de la Bible, saura ce qu'est l'humilité de l'homme devant Dieu, et elle déploiera ses talents et ses forces avec d'autant plus d'énergie et de succès, qu'alors, Monsieur, de bons chevaux, mis à une bonne voiture, s'avanceront avec une force toujours renouvelée, sur un chemin toujours meilleur et toujours plus sûr.

Merci ! merci ! Monsieur, dit le voyageur, en prenant les mains du Missionnaire. Je vais ruminer tout cela. Je vous dis adieu... Mais c'est à Dieu ! reprit-il, en séparant les deux mots, et en montrant le ciel de son doigt.

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1 Tiré de Quatre-vingts jours d'un missionnaire, etc. (Page 491) 
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