III. Ici, Chrétiens, la religion
céleste prend toujours plus le glorieux
caractère qui lui convient et qui la pare
éternellement.
Dieu est saint : la famille de
Dieu
est donc sainte aussi. Le Bon Berger est
lumière : c'est donc un troupeau de
lumière qu'il paît et mène
après lui. L'Esprit éternel est le
Saint-Esprit : impossible donc que les
âmes qu'il a scellées demeurent dans
la souillure et qu'elles s'y plaisent.
Ici, donc, nul doute, nulle incertitude,
nulle équivoque. Qui dit religion du ciel,
dit lumière du ciel, sainteté du
ciel, vie pure et glorieuse du ciel. Qui se
réclame du Seigneur et qui se dit connu de
lui, déclare un apôtre, se retire
aussi vers le Seigneur, et loin de toute
iniquité. Donc, mes Frères, à
cette question qu'une conscience émue fait
entendre - Suis-je vraiment au chemin du
ciel ; au sentier du salut ? le Bon
Berger répond aussitôt : Est-ce
mon chemin que tu tiens ? Est-ce sur mon
sentier que tu t'avances ? Sont-ce mes pas que
tu suis et mes traces que tu
recherches ?
« Cette parole est
dure !
s'écrient les chrétiens du monde,
dont l'affection de la chair est encore l'idole.
Cette religion est exagérée,
outrée, gênante, et nous la laisserons
à ces piétistes, à ces
méthodistes, qui s'imaginent que pour servir
Dieu, il faut se martyriser et en quelque sorte
s'enterrer tout vifs.
Non, Dieu ne demande pas cela de nous.
Il est trop bon pour exiger de l'homme ce qu'un
ange seul pourrait faire : pour nous imposer
des renoncements et des
privations impossibles, ou bien des prières
et des lectures sans fin.
Soyons donc chrétiens, ajoutent
ces hommes-là ; mais soyons-le, sans
rien exagérer, et tout en jouissant de ce
monde, pendant que nous y sommes. Chacun sert Dieu
pour soi-même, et chacun aussi
répondra pour soi ! »
Oui, Mondains ! (si du moins il
en
est ici qui parlent de la sorte : ce que
j'ignore entièrement ;) oui,
Chrétiens adultères ! comme vous
nomme St-Jacques, chacun répondra pour soi
à ce Bon Berger, qui dit de ses brebis
qu'elles le suivent.
Chacun, finalement, et le moqueur ou le
bon-vivant, tout aussi bien que tout autre
pécheur, rendra compte de sa religion
à Celui qui nous apporta du ciel celle de
Dieu, et qui a dit au monde entier : C'est moi
qui suis le chemin, la vérité et la
vie.
(Jean
XIV, 6.)
Il n'y a point maintenant, et il n'y
aura certainement point au Dernier Jour,
d'exagération ni de méthodisme
outré dans ce Témoin fidèle et
véritable.
(Apoc.
I, 5.) Ce qu'il a dit, il
l'accomplira ; et, ce qu'il a promis, il le,
tiendra sûrement.
Reposez-vous-y, Chrétiens du
monde ! et soyez sûrs qu'en ce
Jour-là, le grand Dieu, le juste Dieu, que
vous avez nommé, ne produira pas une autre
Loi que celle qu'il vous a fait entendre, ni un
autre Évangile que celui qui parvient
jusqu'à vous.
Si donc cette Loi vous est tellement
connue, et en même temps tellement
chère, qu'en toute sincérité
de coeur vous la gardiez dans la religion que vous
avez ; et si cet Évangile vous est
aussi tellement révélé et en
même temps tellement précieux, que ce
soit lui qui vous gouverne dans la certaine
religion que vous
professez ;....s'il en
est
ainsi, allez et continuez votre route vers la mort
et vers le jugement qui la suivra.
Non, vous n'avez rien à craindre
de Dieu, rien à craindre du Fils de l'homme,
puisque, dites-vous, sa Loi et son Évangile
vous enseignent et vous dirigent ; puisque
votre religion, répétez-vous, sans
exagération ni méthodisme, accomplit
sur la terre tout ce que l'Éternel et sa
bonté demandent de vous.
Mais...., si vous n'êtes pas
sûrs qu'il en soit ainsi ; mais s'il
n'en doit pas être ainsi, en effet ;
mais si cette Loi de Dieu, si cet Évangile
du Sauveur, ne vous sont que peu connus, et que, de
fait, les mettant à l'écart, vous
refusiez de savoir ce qu'ils commandent et ce
qu'ils exigent ; s'il se trouve donc,
dès à présent, que votre
ignorance volontaire, votre
incrédulité, votre endurcissement,
vous détournent et de la voix, et de
l'Esprit, et des traces du Fils de Dieu ; s'il
se trouve, ensuite, à votre lit de mort, que
vous ayez vécu dans une religion charnelle,
hautaine, mensongère, impure ; et s'il
se trouve, enfin, devant le tribunal de Christ, que
ce que vous appelez maintenant exagération,
n'ait été que de l'obéissance,
et que ce que vous condamnez comme
méthodisme, n'ait été que de
la sainteté ;... s'il en est ainsi,
s'il en doit être ainsi, ah !
Mondains ! Mondains ! ne
faites pas un pas, un seul pas, de plus.
Arrêtez-vous. Reprenez la Bible. Lisez, lisez
mieux, et pensant au jour auquel le moqueur, le
railleur, le bon-vivant, l'incrédule, et
avec eux tout chrétien mort et toute morte
religion, seront confus et maudits de Dieu, voyez,
tandis qu'il en est temps, si ce n'est pas la
sainteté qui caractérise les brebis
du Bon Berger et si, quand
Jésus déclare qu'elles le suivent, il
ne veut pas dire, aussi clairement que possible,
que quiconque fait le péché et
s'adonne à l'iniquité, et qui tout en
vivant ainsi se dit chrétien et se donne
pour disciple du fils de Dieu, n'est autre chose
qu'un hypocrite ou qu'un menteur.
Celui qui dit qu'il demeure en lui, a
déclaré St-Jean, doit marcher aussi
comme il a marché lui-même. Si
quelqu'un dit : Je l'ai connu, ajoute-t-il, et
qu'il ne garde point ses commandements, il est
menteur, et il n'y a point en lui de
vérité.
(1
Jean II, 4, 6.)
Elle est donc jugée la cause de
ce que certains chrétiens nomment leur
liberté, et qu'ils opposent, si
hautainement, à ce qu'ils appellent, en se
moquant, la servitude ou l'exagération
d'autres disciples.
Elles sont jugées, faux
Chrétiens ! vos licences, vos
dissipations, vos souillures. Le Seigneur parle,
dans sa Loi de l'oubli de sa Loi, de la violation
de sa Loi, du mépris de sa Loi ; et
dans son Évangile, il fait mention de
l'amour de Jésus, de la soumission à
Jésus, de l'imitation de Jésus. Le
Seigneur vous dit donc que le profane qui se rit du
Sabbat de l'Éternel, en faisant du Jour du
Seigneur un jour de marché, de fêtes,
de danses et de plaisir ; que
l'intempérant qui fait de son ventre son
dieu, par l'abus des viandes, par l'excès du
vin ou par la gourmandise ; que l'impur, jeune
ou vieux, qui souille son corps par la paillardise,
ou qui déshonore le mariage soit avant de le
contracter publiquement, soit après l'avoir
déclaré ; que l'homme avide ou
avare qui sert Mammon en idolâtrant ses
biens, ou en faisant quelque tort secret à
autrui ; que l'esprit
méchant, que la langue médisante, que
les mains injustes et les yeux hautains, qui
froissent ou blessent la charité, la
miséricorde ou l'équité ;
oui, Chrétiens du monde ! le Seigneur
vous dit que tous ces hommes-là, que tous
ces péchés-là, lui sont en
abomination... (En abomination ! ...
L'entendez-vous, et le croirez-vous enfin ?)
... et que ceux qui les commettent, ou qui les
favorisent, loin d'être les brebis du Bon
Berger, ne sont que des ennemis de Jésus,
soit ouvertement, soit en secret, et qu'en
définitive ils n'auront aucune part avec
lui ; non, qu'ils n'entreront point dans son
éternité : qu'ils seront exclus
de son Royaume.
Détournez-vous donc de plus en
plus de ce train, ô vous que le Bon Berger
appelle ses brebis, et qui vous plaisez à
marcher sur ses traces !
Oui, mes Frères bien-aimés
dans le Seigneur, c'est loin, c'est le plus loin
possible du monde et des moeurs des
chrétiens charnels, que paît et
s'avance le troupeau de Jésus. Soyez les
imitateurs de Dieu, comme étant ses chers
enfants, leur dit le Consolateur ;
(Ephes.
V, 1 ;) et cette
exhortation retentit. jusque dans le fond de leurs
coeurs, et c'est un désir ardent et soutenu
d'y répondre, qui s'y manifeste
aussitôt.
Imitateurs de Dieu !...
Ah !
Chrétiens spirituels ! n'est-ce pas
cela même qui fait la gloire et la
félicité des anges élus, s'il
leur est donné de voir en eux quelque chose
qui se rapporte à Dieu, qui ressemble
à Dieu ?
Imitateurs de Dieu !...
Ah !
n'est-ce pas le ravissement, la béatitude et
l'ineffable existence des âmes sauvées, qui,
dans le ciel, contemplent Celui qui est sur le
trône et l'Agneau.
Et sur la terre, être imitateur de
Dieu, n'est-ce donc pas, pour une créature
morale, la plus haute dignité, le bonheur le
plus pur, le repos le plus délicieux, la
perfection la plus absolue ?
Réunissez tout ce que ce monde
peut donner de grandeur, d'élévation,
de biens, de paix ou de jouissance, et voyez ce que
tout cela signifie au prix d'une seule action, d'un
seul sentiment, d'une seule pensée,
où Dieu est connu, contemplé,
imité ; où Jésus est
reproduit ; où l'Esprit saint est
glorifié ; où la brebis du Bon
Berger connaît par elle-même, et montre
aux autres hommes qu'elle suit les pas de son
Sauveur, et qu'en les suivant, c'est du ciel, c'est
de la vue même de son Dieu qu'elle s'approche
en le bénissant !
Telle est doute votre portion,
Chrétiens sincères !
C'est à cela surtout que vous
reconnaissez que vous êtes à
Jésus. Vous le suivez, vous désirez
le suivre ; et le suivre, en effet, avec soin,
avec persévérance, est pour votre
âme lé seul et solide bonheur.
Cette marque, mes Frères, c'est
le Saint-Esprit qui la mit sur l'Eglise, et le
monde ne la contrefera jamais. Si le faux disciple,
si le chrétien charnel, peut encore simuler
la foi ; s'il veut retenir et
répéter les mots et les phrases de la
vérité, et s'il peut aussi se
soumettre à des privations et même
à des réformes difficiles ;
quoique l'esprit du siècle, et non pas
l'Esprit de Dieu, en soit le principe ;
ah ! ce faux disciple ne peut ni aimer
Jésus, ni préférer
Jésus, ni suivre Jésus, tout en
aimant, tout en suivant Satan. S'il aime Christ, il
est de Christ. Il n'est donc
plus du monde. Mais s'il est du monde, il n'aime
pas Christ. Il n'est donc pas à lui.
Mais ici, bien-aimés, il faut que
les consolations du Saint-Esprit se fassent
entendre, et qu'elles s'approchent des coeurs que
ces derniers mots pourraient troubler.
« Il n'est pas à
lui ! reprennent sûrement plusieurs
d'entre vous... Et nous donc, qui aimons encore si
peu le Seigneur, qui pensons encore à lui si
rarement, qui nous occupons encore si peu, si
faiblement, de limiter, de le suivre ;
hélas ! qui pour lui faisons encore si
peu de chose.... nous, qui nous traînons,
plutôt que nous ne marchons, en le suivant,
et même en le suivant de si loin....
ah ! sommes-nous donc en effet de ses
brebis ? »
Bienheureux, vous répondrai-je
comme ministre de la grâce immuable de Dieu,
oui, bienheureux est celui qui s'afflige de sa
dureté et qui pleure sur son peu d'amour
pour Jésus ! Bienheureuse est
l'âme qui s'attriste de sa
légèreté, de son ingratitude
envers son Sauveur, et qui s'humilie devant lui
dans cette pieuse douleur ! - Il chérit
sa mère, l'enfant qui pleure de ne l'aimer
pas assez. Heureux les parents qu'une telle famille
entoure ! Heureux êtes-vous donc, je
vous le dis de nouveau, vous qui gémissez en
effet d'aimer encore si peu, de si mal servir, de
glorifier si lâchement votre
Seigneur !
Ah ! vous l'aimez donc, puisque
votre douleur, c'est de l'aimer trop peu !
Ah ! vous le chérissez donc, ce Bon
Berger, dans votre homme intérieur, dans
votre coeur renouvelé, puisque vous pleurez
sur vos négligences ! Ah !
Chrétiens, c'est donc l'Esprit d'amour qui
est en vous, c'est donc le Consolateur qui vous
enseigne et
qui vous recherche, puisque c'est l'amour divin que
vous préférez à celui du
monde, puisque vous vous blâmez de ce que les
choses de la terre occupent encore des affections
que vous désirez ne consacrer qu'à
Jésus !
Continuez, vous dirai-je donc,
continuez, Frères et Soeurs bénis de
Dieu, à gémir et à pleurer sur
cette dureté, sur cette lenteur, sur ce
lamentable oubli de Jésus et du Ciel.
Ah ! qu'il me soit aussi donné de
connaître cette sainte douleur et de pleurer
aussi sur mon ingratitude ! O
Jésus ! qu'il vienne de ta part
jusqu'en mon coeur, ce sentiment de honte, de
tristesse habituelle et de vrai chagrin, à
la vue de ma langueur, hélas ! de ma
sécheresse, dans mon amour pour toi !
Oui, Seigneur ! que tes enfants, et tes
rachetés, que tes brebis, ô Bon
Berger ! s'humilient et se condamnent devant
toi, et que leurs larmes se répandent, et
même en abondance ! Non, Jésus,
le mondain ne pleurera pas, ne gémira pas,
de t'aimer trop peu ou d'oublier la présence
Apprends-nous donc ces larmes, ô Fils de Dieu
puisque c'est devant toi, puisque c'est en ton
sein, qu'elles se répandent ?
Mais ne les versez pas ailleurs, ô
Chers Enfants de Dieu, brebis du Bon Berger !
C'est la grâce du Père qui vous
à révélé Jésus.
C'est sa grâce aussi qui a
pénétré votre coeur, qui l'a
rendu sensible à son immense amour, et c'est
sa grâce enfin qui vous visite, en vous
montrant combien le monde exerce encore d'empire en
vous combien votre Berger est encore souvent
oublié, mal écouté, peu suivi.
Pleurez donc, Brebis fidèles,
mais pleurez dans le bercail ; pleurez dans le
sein même de votre Seigneur ; et loin de
vous affaiblir et de vous laisser abattre, tout au
contraire, Chrétiens, rendez grâce
à Celui qui vous paît et qui
n'abandonnera pas l'oeuvre de ses mains, de ce
qu'il vous rappelle, vous avertit et même
vous châtie ; et que sa longue patience
et son intarissable compassion soient chez vous le
motif constant et journalier de votre vigilance et
du plus tendre retour à lui !
Vous l'aurez donc compris, Familles craignant
Dieu ! Être brebis du Bon Berger, c'est
être sauvé pour toujours ; et la
preuve qu'on est cette brebis-là, c'est
qu'on écoute Jésus, c'est qu'on est
uni à Jésus, c'est qu'on obéit
à Jésus. « Mes brebis, nous
a-t-il dit à cette heure, entendent ma voix,
je les connais et elles me
suivent. »
Il vous l'a dit souvent. Il l'a
répété mille fois dans ce
temple, et nul de vous ne peut l'ignorer. Mais
enfin ne vous eût-il adressé ces
paroles qu'aujourd'hui seulement, et pour une seule
fois, ne serait-ce pas assez, et ne devraient-elles
pas vous suffire pour vous pénétrer
du devoir, ah ! de la solennelle obligation
qu'elles vous imposent aujourd'hui, demain et
jusqu'au bout de votre course
terrestre ?
Cette course, mes Frères, ne sera
pas bien longue. Le torrent qui se précipice
tout près de nous ; en bouillonnant
parmi les rochers, est moins rapide que nos jours.
C'est comme par une ravine d'eau que nos ans sont
emportés. Ils passent plus vite que l'ombre de
l'oiseau qui
vole, plus vite qu'une flèche
légère ; il n'y a point en eux
de délai ni de halte, et chacun d'eux, en se
hâtant vers l'éternité, nous
crie : Fais pendant qu'il est jour, tout ce
que tu pourras faire. La nuit vient, durant
laquelle tu ne feras plus rien, ni pour ce monde,
ni pour le ciel !
Saisissez donc ces jours et les retenez,
en mettant sur chacun d'eux la marque et le sceau
de la foi du coeur en Jésus et de la plus
franche obéissance à ses
lois.
Peut-être en est-il de vous, (je
l'ignore, car je ne vous connais point !) mais
enfin, peut-être en est-il de vous qui
jusqu'à présent se sont peu
inquiétés d'être ou non des
brebis du Bon Berger. Honnêtes gens,
peut-être, selon le monde, et conduisant avec
quelque intégrité leurs maisons, et
peut-être aussi pratiquant cette religion
terrestre dont nous avons parlé, ils se sont
imaginé sans peine que cela, qui suffit pour
ce monde, suffirait aussi pour Dieu, et finalement
suffirait au Dernier Jour.
Ah ! dirai-je à ces
hommes-là, soyez de sens rassis et comparez
la Bible avec ce que vous pensez et ce que vous
êtes.
Elle vous dit, cette Bible, toujours
vraie, que Dieu vous voit et vous suit ; que
Dieu tient compte et registre de vos oeuvres ;
que rien de ce que vous pensez, de ce que vous
dites, de ce que, vous faites, soit en secret, soit
au grand jour, n'est omis, n'est
oublié ; et que votre juge, ce sera ce
Jésus même que vous ne voulez pas
écouter, et sa loi, cette Parole même,
cette Bible, dont vous vous informez si rarement,
et qui, dans vos maisons, reste si longtemps
fermée, ou qui
ne s'y lit que si rapidement.
Il vous dit de plus, ce Livre
véridique, que cette voix du Bon Berger qui
se fait entendre si puissamment dans toutes ses
pages, et surtout dans le Saint-Évangile,
n'est qu'une voix d'amour, de miséricorde et
de paix. Que c'est par amour qu'il vous reproche,
même à cette heure, votre
légèreté, ou plutôt
votre incrédulité, votre orgueil. Que
c'est ce même amour qui vous signifie que le
salaire de votre conduite, c'est l'indignation qui
doit dévorer les adversaires ; et enfin
que ce n'est certainement que cet amour infini,
infatigable, qui, en ce moment-ci, et vous
l'entendant, répète l'ordre formel de
Dieu de croire en Jésus, de se soumettre
à lui, et de recevoir la vie
éternelle et la paix, par la foi en son
Nom.
Vous êtes donc
arrêtés aujourd'hui, à cette
heure, sur le bord même du précipice,
et par la charité du Seigneur qui vous
conjure, (peut-il donc faire davantage ?) par
les entrailles de sa miséricorde, de vous
retourner vers lui, de le contempler, lui Sauveur,
lui Rédempteur, et non point juge ; et
de l'écouter vous dire, que ce
précipice que vous aimez tant, et où
vous allez vous jeter tête baissée,
c'est l'enfer : ce sont les peines
éternelles, les tourments des
réprouvés, les ténèbres
du dehors, la malédiction de Dieu ;
tandis qu'en lui, Fils de Dieu et Agneau
immolé, est le salut éternel :
le pardon, la rémission des
péchés, la paix de Dieu dès
ici-bas, et la gloire immortelle dans
l'avenir.
Que ferez-vous donc ?
Dites !
vous, enfants ou jeunes gens, vous jeunes filles,
vous hommes faits, vous femmes âgées
ou vous vieillards, qui jusqu'à ce jour peut-être
avez
traité votre âme avec tant
d'inimitié, en la retenant loin du Bon
Berger et en la poussant vers le gouffre où
périt le monde, qu'allez-vous faire ?
Sortirez-vous de ce temple comme vous y êtes
entrés, et sera-ce ainsi pour rien que le
Bon Berger vous aura fait entendre sa
voix ?...
Ah ! sachez, si vous l'ignorez
encore, que ce ne peut être pour rien. - Il
faut, il faut, dit Dieu, que la Parole de Dieu
produise son effet : effet de vie à la
vie, si c'est la foi du coeur qui l'écoule
et s'y soumet ; effet de mort à la
mort, si c'est l'incrédulité de
l'orgueil qui la repousse.
Pensez-y donc ! - Dans cette
lutte,
(non pas avec Dieu, comme Jacob, mais contre Dieu,
comme Judas) vous ne seriez pas les plus forts. Il
faudrait toujours que la Bible fût vraie, et
vous, trouvés menteurs ; que ce
Jésus fût le Bon Berger, et vous,
trouvés semblables à des boucs
stupides et opiniâtres ; que votre vie
terrestre s'écoulât,
s'abrégeât, se finit, et que votre
âme et votre corps retiré de la poudre
comparussent devant le Fils de l'Homme, comme
l'âme et le corps d'un incrédule, d'un
contempteur de Dieu, d'un ennemi, (l'entendez-vous?
...) oui, d'un ennemi de l'Agneau !...
Rendez-vous donc à la merci de
l'Éternel, vous dirai-je avec le pieux roi
Ézéchias, car l'Éternel est
bon, miséricordieux, charitable ; car
sa grâce vaut mieux qu'une
révolte ; car sa paix est plus douce
que l'amer péché ; car
être brebis du Bon Berger, puis le
connaître et le suivre, vaut mieux, mille
fois mieux, infiniment mieux, que dire à
d'autres mondains, à d'autres moqueurs,
à d'autres fous :
Rejetons Christ et sa Bible !
Rompons ainsi ses cordages et soyons ensemble
maudits !
Mais c'est à vous aussi, Hommes
et Femmes qui craignez Dieu, oui, Chrétiens
sincères ! c'est à vous à
montrer par vos exemples, qu'être brebis du
Bon Berger, c'est être heureux : c'est
être saint.
Vous aussi, vous étiez errants et
en fuite loin du bercail de la foi : aussi ne
jugez-vous pas ceux qui le fuient encore. Vous
aussi, (et pour plusieurs il n'y a pas
longtemps !) vous n'aimiez ni la Bible, ni le
Sauveur qu'elle annonce, et plus d'une fois,
hélas ! vous vous joignîtes
à la troupe des insensés. Aussi
n'avez-vous que de la pitié, que des
prières, pour ceux qui s'endurcissent
encore.
Mais miséricorde vous a
été faite, et la voix du Bon Berger
vous est parvenue, et son Esprit vous a
scellés, et déjà vous demandez
à le suivre.
Eh bien ! mes Frères,
rappelez-vous les enfants de Récab, et
sachez les imiter. Leur père, nous dit un
prophète, leur avait interdit l'usage du vin
et de plusieurs autres jouissances de ce monde.
L'Éternel leur envoya Jérémie,
qui, dans la maison même de l'Éternel,
leur présenta du vin et leur dit d'en boire.
- « Nous n'en boirons point,
répondirent-ils ; car notre père
nous l'a défendu ! » - Et
l'Éternel les loua, et il les bénit,
quant à cette terre.
(Jérém.
XXXV.)
Et vous, Chrétiens vivants !
vous Brebis du Bon Berger ! n'êtes-vous
pas des Enfants de Dieu, et Dieu, votre
Père, ne vous a-t-il pas défendu de
boire le vin maudit du péché ;
le vin flatteur, mais empoisonné, du monde,
de ses exemples, de ses maximes, de ses passions,
de ses funestes plaisirs ? Et ce même bon
Père,
quand il mit sur vous le grand Nom de son Fils,
qu'il vous baptisa de son Esprit, et qu'il vous
constitua, pour toujours sa famille, son peuple
racheté par prix, sa sainte sacrificature,
et les brebis, à jamais acquises, du Bon
Berger, ne vous donna-t-il pas l'ordre
exprès de vous réjouir dans cette
adoption, en vous soumettant, sans regret, à
tout son amour ?
Que ferez-vous donc ? vous
dirai-je
aussi. Le monde, la chair, les convoitises, les
passions, et les ennemis spirituels de votre
âme, Satan et ses mensonges, et ses
subtilités, vous entourent, vous approchent,
vous pressent et vous disent ensemble : Buvez
de notre vin !
Enfants de Dieu ! ne serez-vous
pas
ici fidèles ? Brebis du Bon
Berger ! ne vous tiendrez-vous pas près
de votre Seigneur ; n'écouterez-vous
pas sa voix d'amour : cette voix si forte et
si tendre, qui vous rappelle que vous lui
appartenez, que c'est son précieux sang
qu'il a donné pour votre rançon, que
c'est la mort qu'il a goûtée, quand il
mit son âme en oblation pour vous ;
qu'il est ressuscité par la gloire du
Père, et qu'avec lui vous êtes assis
déjà dans les lieux célestes,
où votre place se
prépare ?
Dites, Chrétiens ! ne vous
fierez-vous pas à ses promesses de secours,
d'aide, de délivrance, et en vous souvenant
qu'il est avec vous et qu'il est pour vous, qu'il a
vaincu le monde et qu'il déclare indignes de
lui ceux qui ne le servent qu'à regret, ne
répondrez-vous pas aux mondains, aux
timides, et à votre propre coeur, et
à Satan lui-même : Non, nous ne
toucherons pas à vos mets ! Non, nous
ne boirons pas de votre vin !
C'est là, mes Frères,
qu'est la paix ; c'est là qu'est la
force ; c'est la qu'est la
prospérité de l'âme. Le Bon
Berger ne s'est pas arrêté dans sa
marche ; mais dès qu'il a eu
chargé sa croix, ce n'a été
que toujours plus loin du camp du monde, et
toujours plus près du sanctuaire
céleste, qu'il a dirigé tous ses
pas...
Suivez-moi ! vous dit-il, vous
que
je connais et qui me connaissez ; vous que
j'aime éternellement et qui
déjà m'aimez aussi. -
Suivez-moi ! vous mes Brebis, vous le troupeau
de ma pâture, et retenant ferme,
jusqu'à la fin, l'assurance et la gloire de
l'espérance,
(Hébr.
III, 6) venez, avancez,
jour par jour, au chemin sacré où
vous voyez mes traces ! ...
Chers Enfants de Dieu ! ce chemin
n'est pas bien long, je le répète.
Pour plusieurs de vous, il est déjà
plus qu'à moitié fourni. Le jour
baisse ; les ombres s'allongent et votre
soleil va se coucher !... Ah ! tenez
ferme ce que vous avez ; que nul ne vous
ravisse votre couronne ; et puisque vous
êtes des brebis, et qu'au Jour du Fils de
l'homme vous serez mis à sa droite, ne
paissez pas avec les incrédules, et n'en
suivez pas le train ; mais tout au contraire,
heureux d'être à Jésus, heureux
d'être pour Jésus, soyez, comme il le
veut, le sel de ces vallées et de ces
montagnes ; ô Familles craignant
Dieu ! et que l'étranger
chrétien qui parvient jusqu'à vous
dise avec adoration, en vous voyant agir :
Amen ! Ce sont vraiment ici des Brebis du Bon
Berger, car ils entendent sa voix, ils sont connus
de lui, et ils le suivent !
Quelle prospérité
voudriez-vous préférer à
celle-là, ou même lui comparer ?
- Dites, Chères et anciennes, familles de ces
hautes vallées ! d'où est
provenue l'honorable condition et le
caractère d'intégrité et de
droiture dont jouit encore votre peuplade, sinon de
la piété de vos pères, sinon
de l'obéissance que, dès les premiers
jours de la Réformation, ils rendirent
franchement à Jésus ?
Ce furent leurs mains, n'est-ce
pas ? qui bâtirent ces antiques
demeures, dont des Passages de la Bible font
l'ornement, et, je n'en doute pas, la sauvegarde.
Ils témoignèrent ainsi à la
face du monde, qu'ils étaient des brebis du
Bon Berger, et que sous leurs toits, dans vos
familles, l'Évangile était en
honneur... Et le Seigneur s'est longtemps souvenu
de leur foi, de leur sincère et courageuse
profession.
Mais si tels furent vos pères, et
si vous récoltez, encore de ce qu'ils ont
semé, pouvez-vous rendre témoignage
devant Dieu que vous soyez, quant à la foi,
leurs vrais enfants et leurs
imitateurs ?
Pères et Mères ! que
me répondriez-vous, si je vous demandais
comment vos enfants sont élevés par
vous, et que je vous fisse, en particulier, cette
question : Le sont-ils, comme étant des
agneaux, et bientôt des brebis, du Bon
Berger ?
Enfants ! Jeunes gens et Jeunes
filles ! que me répondriez-vous, si je
vous demandais si vos premiers ans, si la force et
la fraîcheur de votre existence, se passent
sous la houlette du Bon Berger ?
Et si cela n'a plus lieu, ô
Familles de ces vallées mais que la crainte
de Dieu qui se voit encore parmi vous, ne soit,
hélas ! que le dernier parfum d'une
fleur qui va périr, que les derniers sons
d'une symphonie qui se tait ;... ah ! si
telle est votre décadence et votre affreux
malheur ;... quelle prospérité vous
restera-t-il bientôt ? Si Celui qui la
donne n'est plus avec vous - si le Bon Berger ne
paît plus sous vos toits ses humbles et
fidèles brebis, et qu'ainsi sa Parole, la
sainte Bible, ne soit plus chez vous, (comme elle
le fut chez vos pères) l'aliment de chaque
jour et le festin du dimanche... Chers amis !
qu'en sera-t-il enfin de vous ? -
Hélas ! vous pourrez bien demeurer des
Protestants, mais serez-vous au fond des
Chrétiens et des Chrétiens
heureux ?
Mais, pourquoi présumer de tels
maux, respectables et chères Familles ?
Ah ! que ce soit plutôt la
bénédiction du Seigneur que j'implore
avec vous sur le désir qu'il a mis en vos
coeurs de lui être soumises, et qu'ainsi sa
grâce confirme et, s'il le faut,
rétablisse dans vos maisons, toutes les
promesses que sa Parole adresse à ses
brebis, et qui sont toutes oui et amen en Christ,
notre Bon Berger. (Ce discours fut prêché dans une
des paroisses des montagnes du canton de Vaud.)
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