Non, ce n'est pas une chose
légère, une chose
indifférente, que d'être ou de
n'être pas une brebis du Bon Berger. Le
Seigneur Jésus nous dit
(Matth.
XXV) que lorsqu'il reviendra
du ciel, environné de sa gloire et
accompagné de ses saints anges, il
s'assiéra sur son trône pour juger
toutes les nations.
Qu'alors, séparant les hommes en
deux classes, comme un berger sépare les
brebis d'avec les boucs, il mettra les brebis
à sa droite, et les boucs à sa
gauche ; et qu'après avoir
prononcé la sentence irrévocable de
leur sort éternel, il introduira ses brebis
dans la bergerie céleste, mais repoussera
les boucs dans les ténèbres du
dehors : dans l'enfer.
Telle sera donc l'issue de notre course
terrestre, de cette vie même que nous
accomplissons maintenant Chacun de nous sera
certainement mis, en ce jour-là ou, à
la droite du Roi, ou bien à sa gauche, et
cela pour être éternellement heureux
dans sa gloire, ou éternellement maudit dans
le lieu des pleurs et des grincements de dents.
L'homme incrédule, ou moqueur, ou
seulement frivole, peut bien à
présent ne pas s'occuper de cette issue
inévitable. Tout semblable au criminel qui
s'enivre au moment d'aller à
l'échafaud, il peut bien dire et
répéter avec orgueil, et même
en chantant, que jouir vaut mieux que penser,
qu'après qu'on est mort, tout est mort, que
tant de religion ne fait qu'attrister la vie, et
mille autres propos du même genre. Mais ni la
durée de l'incrédule, ni la malice du
moqueur, ni la folie de l'imprudent, ne feront
taire la Bible, qui toujours proclamera, comme elle
l'a fait dans tous les siècles, que si l'on
n'est pas une brebis du Bon Berger, on est
certainement un bouc du monde, c'est-à-dire
un méchant, un ennemi du Sauveur, et que si
l'on persévère et qu'on meure dans
cette dernière condition, il faudra qu'on
soit maudit de Dieu, avec le Diable, que sur la
terre ou aura voulu préférer à
Dieu.
Qu'il importe donc, ô
Chrétiens ! de s'assurer qu'on est des
brebis de Jésus ! Puisque notre vie est
si incertaine et toujours si courte ; puisque
souvent l'enfant meurt plus tôt que le
vieillard, et la jeune fille avant l'homme
affaibli ; puisque de toute manière
notre génération ne sera pas plus
longtemps ici-bas que toutes l'on
précédée, et qu'après
là mort suit le jugement ; ah !
qu'il nous est nécessaire, indispensable, de
savoir, sans erreur, que nous sommes du troupeau du
Bon Berger, et qu'ainsi, pour nous, il est au ciel
une bergerie qui nous attend et qui nous recevra,
à quelque heure que nous quittions ce
monde !
Mais comment être sûr qu'on
est en effet une brebis de Jésus ? -
C'est à cette question que répond le Sauveur,
lorsque parlant de son troupeau, il dit ces
mots :
MES BREBIS ENTENDENT MA VOIX, JE LES
CONNAIS, ET ELLES ME SUIVENT.
(Jean
X, 27.)
C'est-à-dire, Chrétiens,
que cet homme-là est bien sûr
d'être une brebis du Bon Berger, qui d'abord
entend la Voix de Jésus ; qui, de plus,
est connu de lui ; puis enfin, qui marche
après un tel Berger.
Voyez donc (si du moins vous êtes
prudents et réfléchis) ce qu'il en
est de vous a ces trois égards ; et
d'abord, répondez vous-mêmes à
cette première question :
I. Le nom de JÉSUS, Vous le savez,
signifie SAUVEUR. C'est donc pour les sauver, et
non pas pour les condamner que le Bon Berger
s'approche des hommes, et qu'il leur fait entendre
sa voix.
Jamais le Fils de Dieu ne parla
lui-même sur la terre, jamais ensuite, il ne
parla par la bouche de ses Apôtres, et jamais
non plus il ne parle aujourd'hui, soit dans la
Bible, soit par ses Ministres, que pour sauver les
hommes.
Avoir l'idée que le Sauveur ait
parlé, ou qu'il parle, pour accuser et pour
faire périr les pécheurs, c'est se
méprendre tout-à-fait sur le
caractère et sur la mission du Seigneur
Jésus.
Un jour viendra, nous l'avons dit,
où le Fils de l'homme, revêtu de
puissance, siégera sur un trône de
justice, et où il parlera comme Roi, pour
condamner ses adversaires. Mais depuis qu'il est
venu du sein du Père, jusqu'à
présent, il n'a jamais parlé que comme
Sauveur ; et c'est bien comme tel aussi qu'il
vous parle à cette heure, et qu'il vous
dît ces premiers mots : Mes brebis
entendent ma voix.
Or, quelle est-elle cette voix du Bon
Berger, cette voix que toute brebis doit
entendre ?
C'est toujours, disons-nous, une voix
d'amour ; mais qui cependant prononce deux
sortes de paroles :
Les premières, ce sont des
paroles d'avertissement ; c'est une voix de
conviction de péché, qui se fait
entendre à l'homme, afin que l'homme
connaisse qu'il est pécheur, qu'il est
perdu, et que par cela même, il a besoin
d'être sauvé. Et les secondes paroles,
c'est une voix de grâce, d'entier pardon, qui
annonce au pécheur que Dieu lui remet sa
faute, et qu'il devient son Père, en
Jésus.
Telle est donc cette Voix ;
telles
en sont les paroles, et c'est à chacun de
vous qu'elle dit : M'avez-vous entendue ?
1° C'est donc pour convaincre de
péché que le Bon Berger fait d'abord
entendre sa voix.En effet, l'idée la plus
ordinaire chez les hommes, c'est qu'ils doivent
faire en sorte de ne pas se perdre, et pour cela de
vivre assez honnêtement pour qu'enfin Dieu ne
les maudisse pas.
Le bon Berger dit une tout autre chose.
« Vous êtes
pécheurs, » nous
déclare-t-il d'entrée,
« c'est-à-dire perdus.
Conçus et nés dans le
péché, et dès l'enfance ayant
fait le mal, vous êtes par cela même
condamnés devant la sainte loi de Dieu. - Il ne
s'agit donc pas pour
vous de
n'être pas perdus, mais il s'agit de vous
sauver de la condamnation où
déjà vous
êtes. »
Ainsi parle Jésus : mais
c'est dans son amour qu'il le fait. C'est comme un
ami généreux qu'il nous dit :
Vous êtes ruinés. C'est comme un
médecin infaillible qu'il nous
révèle que nos maux sont
mortels.
Supposons, en effet, que je sois
endetté, et que ma dette soit telle que, je
doive être emprisonné toute ma vie, vu
que je n'ai rien qui la puisse acquitter.
De plus, supposons que je sois, d'un tel
esprit, quant à ma dette, que d'un
côté je refuse d'en connaître
l'étendue, et que d'un autre,
côté je m'imagine que je pourrai la
payer moi-même et sans beaucoup de
tourment.
Alors vient à moi un ami prudent
et généreux, qui non-seulement veut
payer la somme énorme que je dois, mais
encore qui veut le faire gratuitement,
c'est-à-dire en me faisant présent de
toute cette somme.
Quel ami bienfaisant !
dites-vous.
Oui, sans doute, répèté-je, et
quelle charité que la sienne !
Mais cette charité se
dément-elle, et n'est-elle plus de la
compassion, quand d'abord mon ami m'a
déclaré que ma dette est
énorme ? Il faut, selon la loi, que le
débiteur reconnaisse et souscrive sa dette,
avant que sa caution soit reçue et que la
somme soit engagée. - Mon ami est-il donc
mon ennemi, parce qu'il me notifie que je dois
beaucoup d'argent, et que sur mon refus de le voir
et de le reconnaître, il me montre mes
livres, mes comptes, et plusieurs billets
signés de main, et qu'il
me prouve, enfin, que je suis un failli, et par ma
faute ?
Me hait-il davantage, cet ami, lorsque
pour m'ouvrir toujours plus les yeux sur ma
position, et pour me forcer d'abord à
reconnaître ma ruine, puis à recevoir
son bienfait, il me récite le Code
pénal, qui punit de prison et d'infamie mes
prodigalités et mon
désordre ?
Qui de vous ne conviendrait que cet ami,
loin d'être contre moi, est tout pour moi, et
que plus il est ferme et inflexible, plus il se
montre aussi charitable ?
Chrétiens, tel est Jésus
Il vient pour payer la dette infinie de l'homme
qu'il veut sauver d'une éternelle prison.
Mais la loi divine ordonne que cet homme connaisse
et confesse avant tout sa dette ; et c'est
pour la lui montrer, c'est pour la lui faire
avouer, que le Bon Berger prononce ses paroles
d'avertissement, qu'il fait entendre sa voix de
conviction de péché ; qu'il dit
à cet homme : Tu es pécheur, tu
as fait le mal, et le salaire de tes fautes, c'est
la condamnation, c'est l'éternelle
mort.
L'avez-vous donc ouïe ; vous
demandé-je, cette Première
voix ; non pas sans doute des oreilles de
votre corps, puisque dès votre naissance
elle vous fut adressée ; mais
l'avez-vous ouïe des oreilles de votre
conscience ? Est-elle parvenue jusqu'à
voire coeur ?
C'est-à-dire, Chrétiens,
croyez-vous vraiment, dans votre âme et avec
réflexion, ce que déclare le Fils de
Dieu sur votre état de péché
et de malédiction devant la juste loi, de
l'Éternel ?
Cette condition, je veux dire, cette foi
du coeur à ce que dit ici
Jésus, est la première de toutes. Qui
ne la remplit pas, est encore étranger
à l'action de la vérité
céleste. Non, cet homme-là n'a pas
encore entendu même la Première voix
du Bon Berger, non, il n'est pas de ses brebis, qui
n'a pas dans le coeur la conviction de son
péché et de sa ruine entière
devant la loi du Seigneur.
Mais qu'on prenne garde ici de
répéter, par une vaine habitude, ces
mois que chacun prononce : Tout le monde est
pécheur. Je suis donc un pécheur,
comme l'est tout le monde.
Ces mots, je vous prie, que sont-ils
d'ordinaire, qu'une parole sans aucun sens, et
à laquelle la conscience n'a point de
part ? - On sait bien qu'on est
pécheur, dit-on. Il n'y a point de saint
parmi les hommes. Nous sommes tous faibles. Nous
manquons tous aux commandements de Dieu... Mais
tout en parlant ainsi, on est si loin de s'avouer
pécheur et de se croire tel en son
âme, qu'au contraire on entend les
mêmes hommes qui disent, si facilement, tout
le monde est pécheur, se vanter d'être
de braves gens, qui se conduisent bien, qui ne font
de tort à personne, qui ont de la religion,
et que la mort, finalement, ne doit pas
effrayer.
Ce qui veut dire qu'on se ment à
soi-même, qu'on ment devant l'Eglise et qu'on
ment à Dieu, lorsque, le dimanche matin et
au commencement du service, on se lève et
l'on se tient en silence, pendant que le Ministre
prononce, et au nom de tous, cette confession
solennelle - Nous reconnaissons et confessons que
nous ne sommes que de pauvres et d'indignes
pécheurs, qui méritons par le juste
jugement de Dieu la condamnation et la
mort.
Oh ! que d'hypocrisie, que de
fausseté, que de mensonge, la plupart du
temps,
dans cette Confession des péchés, qui
n'est guère plus qu'une
cérémonie d'usage, qu'une
simagrée, hélas ! mes
amis ! qu'une coupable moquerie et de la loi
du Seigneur et de sa sainte et redoutable
présence !
C'est donc bien plus que cela que le Bon
Berger veut produire dans un homme, lorsqu'il lui
adresse sa voix de conviction, lorsqu'il lui dit,
et positivement, qu'il est pécheur, et que,
comme tel, il est maudit de Dieu.
C'est à la conscience même
de cet homme que le Sauveur s'adresse alors. C'est
elle qu'il veut atteindre, qu'il veut convaincre,
qu'il veut humilier ; et pourquoi ?...
Afin que ce pauvre débiteur apprenne et
connaisse que sa dette est énorme, qu'il n'a
rien, non, pas même le premier sou, pour la
payer ; et que la prison l'attend ; et
que cette prison ne se rouvrira plus pour lui,
dès qu'il y sera jeté.
Or, je le répète, est-ce
de la haine, et si je puis dire du malin-vouloir,
qui pousse le Bon Berger à nous parler de la
sorte ? Est-ce donc pour nous rendre
méchants qu'il nous dit, sans se lasser, que
nous le sommes ; et sa voix, quand elle nous
avertit que le juge est sur son tribunal, et que la
loi va nous condamner, cette voix nous rend-elle
donc coupables et, nous force-t-elle à nous
endurcir, à braver encore plus la loi, et
à périr enfin ?
Dites-le, vous qui péchez, le
sachant et le voulant bien ; vous qui, par
exemple, vous laissez aller ou à
l'ivrognerie ou à la médisance, ou
à la dureté envers une femme, envers
des enfants, ou à la sensualité et
à la souillure de vos corps, ou à la
désobéissance et au manque de respect
envers vos parents, ou à l'orgueil, ou
à l'envie, ou à l'avarice et à d'autres
péchés, est-ce parce qu'il vous hait
que le Bon Berger vous déclare, et si
clairement, que, ni les fornicateurs, ni les
idolâtres, ni les adultères, ni les
efféminés. ni les abominables, ni les
larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les
médisants, ni les ravisseurs,
n'hériteront point le royaume de Dieu ?
(1
Cor. VI, 10.)
En vous disant que vous êtes cela,
sinon toujours à la vue des hommes, toujours
du moins en présence de l'Éternel,
puis, en vous déclarant que ces
péchés et ces vices sont maudits de
Dieu, le Seigneur Jésus vous y
plonge-t-il ; ou bien plutôt, par amour
et par pitié pour vous, ne vous fait-il pas
entendre cette première voix, cette voix de
conviction de péché,
précisément afin que, voyant votre
triste et fatale condition, vous en soyez
effrayés, vous en sentiez le danger et vous
désiriez d'en sortir ?
Certes, Il faudrait être bien
dérangé d'esprit pour blâmer un
médecin, qui, connaissant le mal d'un homme
atteint, je suppose, du choléra, le lui
dirait et lui en ferait peur, afin de le forcer
à prendre le remède qui seul,
pourrait lui sauver la vie.
Qui dirait alors à ce
médecin, qu'il n'est qu'un imprudent, qu'il
exagère tout, et qu'il a tort
d'inquiéter et d'effrayer ainsi ce
malade ?
Qui de vous donc, (si du moins il a
quelque bon sens !) blâmera le Seigneur
Jésus et l'accusera d'exagération, ou
de sévérité, parce qu'il dit,
sans ménagement, à une âme
d'homme, atteinte du choléra et de là
peste du péché, qu'elle est
déjà saisie par ce mal et qu'elle y
va succomber, si elle ne se hâte de recevoir
de Dieu le remède ?
Ah !
(répétons-le !) n'est-ce-pas ici
son amour, sa pitié, sa charité
fidèle ? N'est-ce donc pas comme Bon
Berger qu'il élève cette voix
d'avertissement ?
N'est-ce pas, pour que toute âme
sérieuse et sincère l'écoute
et s'y soumette ; et si quelqu'un ne le fait
pas, si le pécheur qui entend cette
Première voix la dédaigne et la
repousse, est-ce la faute du Sauveur si cet homme
demeure en son péché et qu'il
manifeste ainsi qu'il n'est pas une des brebis du
Bon Berger ?
2° Mais je dois admettre que cette
Première voix du Bon Berger ayant
été reçue de chacun de vous,
chacun de vous aussi, dans l'intérieur de
son âme et dans sa conscience, se
reconnaît pécheur et comme tel
condamné. Poursuivant donc la pensée
du Sauveur, j'ajoute que sa brebis entend aussi, et
surtout, la Seconde voix, qui est celle de la
grâce, et qu'il fait toujours entendre avec
celle de la conviction de
péché.
Venez à moi, dit ce Maître
doux et humble de coeur, vous tous qui êtes
travaillés et chargés, et vous
trouverez le repos de vos âmes.
(Matth.
XI, 28, 29.) Dieu a tant
aimé le monde, qu'il a donné,
(à moi), son Fils unique, afin que quiconque
(moi) croit en lui ne périsse pas, mais
qu'il ait la vie éternelle.
(Jean
Ill, 16.) En moi est la
rédemption, par mon sang, savoir la
rémission des offenses, selon les richesses
de la Grâce; ( Eph.
I, 7, 8. Col.
I, 14) car la volonté du
Père qui m'a envoyé, c'est que
quiconque me contemple et croit en moi, ait la vie
éternelle ;
(Jean
VI, 40) et c'est pour cela que j'ai donné ma
vie : c'est afin que mes brebis aient la vie
éternelle, et qu'elles l'aient même en
abondance.
(Jean
X, 10, 15,
28.)
Ainsi parle le Bon Berger, et c'est
toujours avec le même amour. Par amour il m'a
dit, à moi, pauvre enfant d'Adam, que je
suis ruiné dans mon âme et que je
mérite l'enfer ; et par le même
amour il me dit qu'en Lui, le Fils de Dieu, sont
d'immenses richesses, qui, si je le veux,
acquitteront toutes mes dettes, et ainsi me
sauveront à jamais de la prison, du moment
qu'ayant cru que je suis dans cette affreuse ruine,
je croirai aussi qu'en lui, Jésus, Dieu me
donne gratuitement tous ses trésors et me
rachète à jamais.
Quelle voix, ô pécheurs
déjà condamnés ! que
celle de cette grâce souveraine,
accueillante, toujours aimable et toujours
prête, et qui s'adresse à chacun de
nous, même à celui dont les
péchés sont les plus évidents
et la conscience la plus chargée ? Oui,
quelle voix que celle de ce Sauveur tout-puissant,
infini, et qui ne vient à nous que pour nous
soulager et nous affranchir ! Cette voix
d'amour, n'est-elle pas celle de cet ami, de ce
libérateur soudain, qui, au milieu des
ardeurs de l'été, et dans un
désert brûlant et sans bornes,
s'approche d'un pauvre voyageur
égaré, et que la soif consume, et qui
le conduit à l'instant vers un rocher que
ses yeux déjà obscurcis n'avaient pu
voir, et au pied duquel ce mourant trouve une
source abondante et l'ombre la plus épaisse
et là plus fraîche ?
Oui, tel est encore Jésus. Telle
est la voix de ce Bon Berger. C'est à
l'ombre d'un grand rocher, dans une terre
altérée, c'est à des
eaux-vives et intarissables,
qu'il compare sa grâce ;
(Es.
XXXII, 2. Jean
IV, 10. Es.
LV, 1. Jean
VII, 37 ; ) et c'est en
nous répétant que cette eau ne
coûte rien ; que cette ombre nous
reçoit tels que nous sommes ; qu'il
n'attend de nous ni amélioration, ni
dignité, ni oeuvres, ni mérite
quelconque ; c'est-à-dire, hommes
pécheurs et perdus que nous sommes !
c'est en nous déclarant, et de tout son
coeur, que le salut est un don, un pur don de Dieu
en lui ; qu'il n'est point par les oeuvres,
mais par grâce ; dans son amour, dans sa
compassion profonde envers nous, et dans le
sacrifice qu'il a fait de lui-même. Oui, mes
bons amis ! c'est en nous parlant de cette
charité éclatante du Père, et
en nous suppliant de la croire et de nous y
confier, que le Bon Berger fait retentir sa
voix.
Et ce n'est pas de loin, comme s'il nous
fallait prêter l'oreille pour l'entendre, et
que même alors nous ne fussions pas
sûrs de l'avoir ouïe. C'est tout
près ; c'est ici ; c'est au milieu
de nous : oh ! c'est en vous, c'est dans
la conscience de chacun de vous, que le Fils de
Dieu parle et qu'il dit :
Écoutez-moi !
N'est-il pas, en effet, ce bon et
fidèle Sauveur, même là
où deux ou trois de ses disciples sont
assemblés en son nom ? Et dans ce
temple, où tant de familles sont
réunies, n'es-tu pas entré, ô
Jésus ! ô Bon Berger ! avec
ceux qui t'aiment et qui t'invoquent ; avec
cette Parole, qui est la tienne, et qu'un de tes
serviteurs reproduit en ta
présence ?
C'est donc de bien près, ô
familles de cette paroisse ! et c'est
déjà bien souvent, depuis tant
d'années que le Seigneur vous a donné
de fidèles Ministres, que
le Bon Berger vous a fait entendre et vous fait
ouïr encore sa voix de paix, sa voix de
grâce, la voix de l'amour de Dieu en son
Fils.
Heureux est celui qui l'écoute,
qui la reçoit, qui la garde en son
coeur ! C'est cette âme-là, dit
le Bon Berger, qui est vraiment ma brebis. Elle
était perdue. Il l'a cherchée. Il l'a
appelée. Elle a ouï sa voix, elle a vu
qu'elle allait périr ; et se retournant
vers Celui qui l'appelait encore et qui ne lui
parlait que de sa bonté, elle a cru à
cette voix d'amour et de grâce ; et
maintenant elle est dans les bras de son Berger,
qui la console et qui la reporte au
bercail.
Voyez donc, cherchez en votre coeur,
ô vous qui désirez savoir si vous
êtes brebis du Sauveur ! voyez si sa
voix vous est connue : sa voix d'amour, sa
voix de grâce ; et si vous pouvez ainsi,
et devant Dieu qui vous voit, dire en votre coeur,
à Jésus : Je suis à toi,
et tu es à moi. Tu m'as racheté par
ton sang, ô Agneau de Dieu ! - Bon
Berger ! tu as eu pitié de moi, et je
suis de tes brebis !
« Quoi ! si
vite ?
dira-t-on peut-être. Un homme pécheur,
qui à peine savait ce matin qu'il
était tel, et qui ne sait que d'à
présent qu'il a mérité la
mort, cet homme-là, s'il a entendu la
Première voix du Sauveur, et qu'il se soit
alors humilié dans son coeur, peut-il donc,
tout à coup, et dans la même heure,
être délivré de ses
péchés et se croire sauvé, et
se dire enfant de Dieu ? - Le salut
s'obtient-il donc si aisément ? Ne
faut-il pas, pour le recevoir, qu'on ait longtemps
senti ses fautes, et de toute manière qu'on
ait changé de vie ? »
Hé! mon ami, répondrai-je
à cet homme, fallut-il beaucoup de temps
à l'Israélite mordu, au désert, par un des
serpents brûlants, d'abord pour savoir qu'il
allait périr de cette morsure, puis pour
regarder vers le Serpent d'airain et pour
être aussitôt guéri ?
(Nomb.
XXI.)
Et la promesse de Dieu, en
Jésus-Christ, est-elle moins positive, ou
moins puissante et moins efficace, que celle que
prononça Moïse et qui s'accomplissait
à l'instant même qu'un homme
l'entendait, la croyait et lui
obéissait ?
Si donc aujourd'hui, et à cette
heure même, la voix de conviction du Bon
Berger s'est fait ouïr jusqu'en votre coeur,
et que par elle vous soyez convaincus de
péché et de malédiction,
faut-il beaucoup de temps à Jésus
pour vous dire que son sang purifie de tout
péché, qu'il est puissant pour sauver
à plein tout pécheur, et qu'il n'y a
désormais plus de condamnation pour ceux qui
croient en lui ?
Et dès que le Bon Berger a fait
entendre cette voix, faut-il plus de temps, je vous
prie pour que vous l'écoutiez et que vous la
croyiez ?
N'est-ce pas l'affaire d'un moment, que
cette voix parle, qu'une âme l'entende et s'y
soumette, et que cette âme ressuscite en
nouveauté de vie, par l'efficace de l'Esprit
de Dieu ?
Qu'était le corps de Lazare,
lorsqu'il se décomposait déjà
sous la pierre du sépulcre ? Il y
était mort, et plus que mort. Et cependant
quels préparatifs le Sauveur fait-il donc
pour le ressusciter. et combien de temps lui
faut-il pour que sa voix opère et que le
mort se relève ?
Il parle, et il est obéi ;
et la mort n'est plus, et Lazare est
délié, et le voilà qui
marche !
Ah ! n'opposez donc plus de
doutes
ni de défiances à la promesse de
Dieu, mais imitant Abraham, et
persuadé, comme lui, que Celui qui fait la
promesse est puissant aussi pour l'accomplir,
(Rom.
IV, 21) écoutez,
écoutez donc, la voix du Bon Berger, et
quand s'adressant à vous, même
à vous le premier des pécheurs et la
plus coupable des femmes, il vous dit : Regardez
vers moi, et soyez sauvés ! En
vérité, en vérité,
celui qui croit en moi a la vie éternelle, Es.
XLV, 22. Jean
VI, 47) croyez qu'il le dit en
toute sincérité, et que cette voix
est bien celle de celui qui ayant dit :
Lumière sois ! la lumière fut,
et qui par la foi en son sang justifie le
méchant et lui donne la paix, parce qu'il
est le Tout-Puissant.
Ici donc soyez simples et sans ruse, et
tels que vous êtes lorsque vous recevez le
témoignage d'un homme véridique. Si
nous recevons le témoignage des hommes, dit
St-Jean, le témoignage de Dieu est encore
plus digne de foi ; (1 Jean V, 9) et ne pas
s'y reposer, ajoute-t-il, c'est faire Dieu menteur.
Donc différer de le croire, c'est
déshonorer le Seigneur et mépriser
notre âme.
Mais vous ne l'avez pas
méprisée, cette âme si
précieuse, vous Disciples sincères de
la Bible, qui avez entendu la voix du Sauveur, et
qui vous plaisez chaque jour plus à
l'entendre ! Vous avez reconnu vos
péchés, et sans hypocrisie vous vous
en êtes humiliés devant Dieu, et
même devant les hommes ; et
bientôt après, ayant aussi entendu la
voix de pardon du Seigneur, vous avez reçu
sa grâce ; son sang vous a
lavés ; vous possédez sa paix,
et la loi de l'Éternel ne vous cause plus
aucune frayeur.
Vous êtes donc ses brebis, et vous
le savez. L'esprit du Bon Berger vous le
témoigne avec sa Parole ; vous l'en
bénissez donc ; et c'est vous aussi qui
allez répondre avec confiance à cette
seconde question.
II. Je ne vous laisserai point
orphelins,
disait le Bon Berger à son troupeau,
lorsqu'il était sur le point de quitter la
terre. Je prierai le Père, et le Consolateur
viendra au milieu de vous, et il sera en vous.
(Jean
XIV.)
Et ce Consolateur, vous le savez,
Chrétiens, c'est le Saint-Esprit. Il a
été donné à
l'Eglise ; il y fait sa demeure, et il y
glorifie le Bon Berger dans le coeur de chacune de
ses brebis, qu'il lie au Sauveur par la religion
vivante du ciel, dans la plus intime et la plus
douce union.
À quoi sert, en effet, une
religion morte, une religion qui n'est que dans
l'imagination d'un homme et qui le laisse seul et
en dehors de Dieu ?
Ce qui ne vient pas du ciel, n'y remonte
pas non plus, et ne sera jamais céleste. La
lumière de Dieu vient de Dieu seul, et la
terre, aussi, ne la produira pas. En vain
allumerait-on, dans une caverne, mille lampes, et
plus encore, jamais tout leur éclat ne
formerait un seul petit rayon de soleil, ni jamais
ne pourrait s'unir à l'astre glorieux du
jour.
Telles, sont donc toutes les religions
que l'homme invente. Ce sont des lampes, fournies
de l'huile d'ici-bas, plus ou moins grosses ou
nombreuses, et plus ou moins ardentes ; mais
toujours, quelles qu'elles soient, et quoique leur
clarté puisse éblouir ce ni sont que
des feux terrestres, qui ne dissipent, à
grand frais, qu'un petit coin de ténèbres, et qui
finalement doivent s'affaiblir, se noircir et
s'éteindre.
Mais c'est du ciel, au contraire, qu'est
la religion de Jésus. Il est, dit un
prophète, le Soleil de justice, portant la
santé, dans ses rayons,
(Malach.
IV, 2) et dès qu'il
brille, non-seulement il n'y a plus de nuit sur la
terre, mais chaque âme que sa lumière
atteint en est enveloppée,
réchauffée, ranimée, et cette
âme, réjouie par son feu vivifiant,
connaît qu'elle est en communion avec la
splendeur et l'efficace infinie de cet
astre.
Ce n'est donc pas à l'insu de
notre coeur, que le Sauveur se révèle
et se manifeste à nous. Le Saint-Esprit, qui
prend des choses de Dieu pour nous les communiquer,
n'agit pas dans une âme, sans que cette
âme connaisse et sente qu'elle est unie
à Jésus et que son Sauveur l'aime, la
conduit et la garde. Je suis au Bien-Aimé et
le Bien-Aimé est à moi, dit
l'Épouse mystique, dans le Cantique des
Cantiques ; et répétant le
même langage, St-Paul déclare aussi
que la vie qu'il possède, il la
possède en Christ, qui vit en lui, et qui le
fait vivre. (Gal. II, 20. )
Apprenez donc quelle est votre religion,
vous qui ne l'avez que dans votre idée, et
tout au plus dans quelques habitudes de
dévotion, mais qui, n'ayant point
reçu l'Esprit de Christ, ne pouvez pas dire,
en vérité : Je suis connu de
lui.
Ils ont aussi leur religion, leurs
dévotions et leurs habitudes ou leurs
pratiques, ces païens, ces mahométans
et les papistes, qui lisent leurs livres, qui
s'assemblent dans leurs temples, qui ont leurs
jours de fêtes et leurs
cérémonies, et qui se persuadent,
quand ils ont fait et répète
certaines oeuvres et certaines
formules, que tout va bien pour eux ; que Dieu
se plaît à leur culte, et que pour
cela même il sauvera leurs
âmes.
Mais à quoi servent ces
religions-là, et même à quoi
sert celle d'entre elles qui a quelque apparence de
religion chrétienne ? À quoi
servent ces imaginations religieuses et ces
persuasions que de tels dévots se donnent
à eux-mêmes ? Tout leur travail,
dit l'Écriture, est pour le néant. Ce
sont, est-il écrit, tout autant de toiles
d'araignée que ces âmes-là ont
tissées, et ce qu'ils ont
échauffé, ce sont des oeufs de
basilic. De leurs toiles, on ne fera point de
vêtements, et de ces oeufs, il sortira un
serpent qui les mordra.
(Es.
LV, 2 ; LIX,
5, 6.)
Religions fantastiques, inutiles et
mortes pratiques, que l'homme s'efforce d'adresser
à Dieu et de faire monter jusqu'au ciel,
mais qui ne dépassent jamais les
ténèbres du monde, et qui retombent
aussitôt sur la terre qui les enfanta !
Et que faites-vous de plus, vous qui
vous nommez chrétiens, et même
protestants, si votre religion n'est pas du
ciel ; si ce ne sont aussi que des
dévotions d'éducation, d'enfance et
d'habitude, que vous accomplissiez ; et
qu'ainsi votre lecture de la Bible, vos
prières domestiques, votre
fréquentation, du Temple, vos communions ou
vos jeûnes, en un mot, votre religion ne soit
que votre religion, et non pas la religion de Dieu,
qui seule venue du ciel, seule aussi conduit au
ciel ?
Quand vous seriez, beaucoup plus
religieux encore que vous ne l'êtes, qu'ainsi
par exemple, vous liriez la Bible chaque matin, et
à midi, et chaque soir ; que vous,
auriez régulièrement le culte de
famille, que vous ne manqueriez pas un seul
service de l'église
ou des réunions, et que vous respecteriez le
Jour du Seigneur d'un bout à l'autre,
à quoi toute cette religion-là
servirait-elle, dès à présent,
pour la paix de votre âme, puis à
votre lit de mort, pour son solide espoir, et
finalement au Dernier Jour, pour son salut
éternel ?
Une religion morte produirait-elle donc
la vie, et, n'est-elle pas morte, et même
plus que morte, la religion dont le Saint-Esprit
n'est pas le principe et l'aliment, et dans
laquelle, tout en se vantant d'être
très-religieux devant le monde, un homme ne
peut pas dire au Bon Berger, dans son coeur :
Tu me connais, Seigneur ! et je te connais
aussi !
Non, non, Chrétiens ! le
Sauveur ne paît pas un troupeau qui lui soit
étranger. Si un berger attentif, dans vos
montagnes, compte et connaît ses brebis, et
veille sur leur bien-être ; si, dans les
pays de l'Orient, se voient des bergers si soigneux
et si unis à leur troupeau, que
non-seulement ils connaissent en particulier
chacune de leurs brebis, mais que même ils se
font tellement connaître à chacune
d'elles, que s'ils en appellent une, elle entend
son nom, elle relève la tête, elle
sort du troupeau et s'approche de son
pasteur ; si telle est, dis-je la
connaissance, si tel est le soin, d'un berger de ce
monde, combien plus, n'est-ce pas, le Berger
céleste, le Bon Berger, accomplit-il envers
son troupeau ces soins et ces bienfaits, et se
montre-t-il vrai et fidèle, lorsqu'il
dit : Je connais mes brebis et niés
brebis me connaissent !
Ainsi donc, Brebis du Bon Berger, vous
avez dans le coeur un témoignage qui ne
vient ni du monde, ni de votre propre
pensée. C'est le témoignage de
l'esprit d'adoption, vous dit un
apôtre ; et c'est par
lui qu'avec certitude vous appelez Dieu votre
père, et que vous vivez aussi dans l'intime
communion du Seigneur Jésus.
Ce n'est donc pas une illusion que cette
union de Christ avec vous. C'est la
vérité même de Dieu, c'est sa
promesse puissante, qui se manifeste à votre
âme et qui la réjouit.
Elle a été
vivifiée, cette âme ; elle est
vraiment ressuscitée, par la foi que
l'Esprit-saint a produite en elle ; et comme
elle sait qu'elle a été morte, elle
sait aussi qu'elle a été vivante.
Chez vous, donc, Enfants de Dieu, dire
que vous n'étiez par vous-mêmes que
des pécheurs, mais qu'en Christ est toute
votre vie, votre adoption devant Dieu et la
certitude de son éternel amour, dire cela,
n'est pas chez vous une parole en l'air, ni une
phrase d'habitude. C'est une réalité,
c'est un fait, c'est une oeuvre de Dieu, dont vous
jouissez, dont vous goûtez les
délices, et cela, tout autant quand vous
êtes loin des hommes, dans la retraite et
sous le seul regard du Seigneur, que quand vous
êtes loin des hommes, dans son temple et que
vous écoutez sa Parole.
Aussi quels effets n'a pas cette
communion spirituelle d'une brebis avec le Bon
Berger ! Ah ! tandis que l'homme qui
n'est religieux qu'à la façon de la
terre et par certaines habitudes, lorsqu'il
pratique son culte ou ses cérémonies,
n'y cherche point Jésus et n'y voit rien de
lui ; tandis que cet homme (et je parle d'un
des meilleurs ; d'un de ceux qu'on appelle
religieux ;) oui, tandis que ce
chrétien-là, quand il se rend
à l'église, n'y va pas pour
rencontrer le Sauveur et y entendre sa voix ;
quand il prend la Bible et qu'il en lit un ou deux
chapitres, n'y voit et
n'écoute pas Jésus ; et quand il
prie, ou qu'il prend la Cène, ou qu'il
célèbre un jeûne, ou qu'il
garde le dimanche, fait tout cela comme en dehors
de Jésus, comme en dehors du ciel, et sans
même songer ni à l'enseignement, ni
à l'efficace, ni aux promesses ou aux
consolations du Saint-Esprit ; tandis, en un
mot, que cette religion terrestre ne se passe que
sur la terre, avec laquelle elle périra.
Le chrétien vivant et
véritable, au contraire, la brebis du
Sauveur, unie qu'elle est à son Berger,
à son Seigneur, et conduite qu'elle l'est
pas l'Esprit Saint, fait bien les mêmes
choses, accomplit bien les mêmes oeuvres,
mais c'est pour le ciel ; mais c'est, en
quelque sorte, comme étant
déjà dans le ciel.
Ce vrai chrétien se rend donc
à l'église ; mais c'est avec
Jésus qu'il sort de sa maison, qu'il marche
au chemin, qu'il entre au temple, qu'il s'y assied
et qu'il s'y recueille. Il se lève donc
aussi pour confesser ses péchés et
pour en demander le pardon ; il chante donc
aussi les louanges du Seigneur ; il lui
adresse aussi des adorations et des
prières ; il écoute aussi la
prédication de la Parole et l'exhortation,
et rend aussi grâce ensuite et reçoit
enfin la bénédiction ; mais
c'est avec Jésus qu'il fait toutes ces
choses. le temple est pour lui tout rempli de
Jésus, et comme il l'y a cherché de
son coeur, dit l'Écriture, il l'y a
trouvé ; et c'est pour cela que,
retournant dans sa maison avec Jésus. il l'y
possède chaque jour. Si donc il y prend la
Bible, s'il la lit et s'il l'étudie, soit en
particulier, soit avec sa famille, c'est avec
Jésus qu'il le fait ; et c'est encore
avec lui qu'il met à part et sanctifie le Jour
sacré
du Seigneur ; qu'il s'approche de la Table
Sainte ; qu'il s'humilie avec ses
frères par un Jeûne solennel, et qu'il
s'applique ensuite à pratiquer ce que la loi
de son Dieu lui commande.
Jésus donc, en qui seul est la
vie céleste, est bien l'âme de cette
religion-là ; est bien la
contemplation, la recherche et la nourriture de ce
chrétien spirituel, et non pas
charnel ; de ce disciple de l'esprit et non
pas seulement de la lettre. Cette brebis du Bon
Berger, cette âme connue du Sauveur, qui,
dans tous les actes de cette religion
céleste, jouit de la paix et de la
présence de son Dieu, peut donc toujours
dire, sans se tromper, et surtout sans
orgueil : Je sais en qui j'ai cru.
L'Éternel est mon Berger ; aussi
n'ai-je point de disette. Il me tient dans ses gras
pâturages ; il me conduit le long de ses
paisibles eaux ; il restaure mon âme et
il me comble d'allégresse !
(Ps -
XXIII.)
Qu'il vive donc ce
chrétien-là au milieu de ce monde, et
qu'il y fournisse la carrière
assignée à tout homme, toujours y
marchera-t-il comme Énoch avec son Dieu, et
toujours comme David, dira-t-il à
Jésus, et dans le doux abandon de la
confiance, « Tu es toujours avec moi,
ô mon Berger, et ton regard est ma
délivrance ! »
Est-il donc, heureux selon ce
monde ? La santé, la
prospérité, le repos et le bonheur
domestique, sont-ils son partage ?...
Eh ! bien, c'est de son Père, par
Jésus, qu'il les reçoit, c'est avec
Jésus qu'il les possède ; c'est
dans la paix et comme sous le sourire de son Berger
que cette brebis, jouit de ces biens. Ils lui sont
donc sanctifiés ; et là
prospérité ne le séduira pas.
Est-il, au contraire,
éprouvé ? Ce chrétien
spirituel rencontre-t-il des maux, des afflictions,
des injustices, des mépris, des revers, des
chagrins et des sujets de larmes ?...
Eh ! bien, encore, c'est de son Père,
par Jésus, qu'il reçoit cette
discipline salutaire. Il écoute alors
l'esprit d'adoption qui lui dit, que Dieu reprend
l'enfant de son amour ; que la fournaise de
l'affliction essaie et purifie la foi, que le
Prince de son salut a été
lui-même consacré par des souffrances,
et que, de toute manière, la brebis de Bon
Berger n'est jamais délaissée, jamais
négligée, et que même dans la
vallée de l'ombre de la mort, le bâton
et la houlette de Jésus la soutiendront et
viendront la consoler.
Bénissez donc votre Dieu et le
glorifiez, ô Vous, vrais disciples du
Sauveur, qui, ayant entendu sa voix, avez
reçu, selon sa promesse, le sceau de son
Esprit, qui jouissez de sa communion, et qui pouvez
dire avec assurance : Mon Berger me
connaît !
Oui, bénissez le Père, qui
vous a aimés en son Fils unique, et qui l'a
donné pour tous ! Bénissez ce
Fils éternel du Père, qui vous a
aimés jusqu'à la fin, et qui vous a
pour toujours acquis à lui, par son
sang ; et bénissez l'Esprit de
grâce, qui, de morts que vous étiez,
vous a faits vivants en Jésus, et qui, pour
l'éternité, vous a unis à lui
par l'indissoluble lien de sa
tendresse !
Brebis du Bon Berger, vous savez donc
que vous êtes à lui, car vous entendez
sa voix et vous avez reçu de son Esprit.
Aussi, quelle n'est pas l'obéissance que
vous désirez lui rendre ; et avec
quelle adoration, aussi, n'allez-vous pas
répondre à ma troisième
question
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