Le royaume des Cieux est semblable à un marchand qui a trouvé une perte de grand prix. ( Matth. XIII. ) |
Un dimanche au soir, et selon sa coutume,
s'était assemblée une de ces
sociétés chrétiennes qui ont
pour but d'avancer le règne de
l'Évangile, et qui, pour cela, distribuent
gratuitement ou à bas prix, soit la
Sainte-Bible, soit les traités-religieux ou
les autres livres qui annoncent le salut qui est en
Jésus-Christ, notre Seigneur.
On s'y était entretenu sur la
manière de faire parvenir ces pieux
écrits dans la classe pauvre du peuple et de
lui en faciliter la lecture, et l'on avait conclu
que le premier de tous les moyens était
« d'accomplir cette oeuvre avec unie
piété sincère et dans le
désir intime de procurer le bien
présent et éternel de noire prochain,
que nous devons aimer comme
nous-mêmes. »
Si nous n'agissons pas, dit un des
assistans, dans l'amour du
Sauveur et pour que son beau Nom soit connu et
glorifié, nous agissons dans les
ténèbres et dans la mort, car lui
seul est la lumière et la vie ; et si
nous ne sommes pas émus de la plus profonde
compassion envers les hommes que nous
présumons être encore
éloignés de Jésus, et si le
salut de leurs âmes ne nous intéresse
pas puissamment, notre charité n'est
qu'apparente. Notre coeur, s'il ne cherche pas le
leur, ou qu'il le laisse dans l'ignorance du ciel,
est encore bien dur, et a bien peu compris
même, le sommaire de la Loi de
Dieu. »
« Et non-seulement cela,
poursuivit une autre bouche, mais nous nous privons
ainsi nous-mêmes de plusieurs
bénédictions. Celui qui bénit,
est-il écrit au livre des Proverbes,
(XI,
25) sera comblé de biens,
et celui qui arrose abondamment sera lui-même
largement arrosé. La fidélité
fait valoir le talent et en accroît la somme,
car Dieu a promis de donner davantage à
celui qui a fait bon usage du peu qu'il
possédait.
(Matth.
XXV. ) Et si ces promesses du
Seigneur appartiennent à l'emploi
libéral des biens de ce monde, combien plus
s'accompliront-elles envers celui qui répand
des largesses spirituelles, qui donne à une
âme immortelle une aumône
céleste : qui fait part à un
pauvre pécheur de quelque portion de ces
trésors qui enrichissent pour
toujours ! »
« Je pense de plus, dit un
troisième disciple, qu'il importe de faire
cette aumône spirituelle autant que possible
de vive voix, c'est-à-dire en adressant
aussi quelques bonnes paroles à la personne
qui reçoit notre traité. Il est,
sûrement, bien des cas où cela ne se
peut faire, et où les traités sont offerts ou
distribués
comme à l'aventure. Alors, selon ce que dit
la Bible, nous jetons notre pain sur la surface de
l'eau, (Eccl. XI, 1) laissant à Dieu toute
l'issue de cette oeuvre ; mais j'estime que
nous devons, autant que cela nous est permis,
entrer en conversation avec notre prochain, et lui
communiquer ce que nous avons dans le coeur ;
faisant ainsi pour son âme ce que nous
ferions pour son corps, si c'était un
remède à quelque mal que nous
vinssions lui offrir. Dans ce cas-ci nous saurions
bien lui raconter toutes les cures que ce
remède aurait déjà
opérées, et le presser de le prendre,
s'il n'y paraissait pas disposé. Et combien
les maux de l'âme ne sont-ils pas plus
funestes que ceux du corps ! Combien donc, si
nous aimons notre prochain, ne devons-nous pas
être ici industrieux et
zélés ! N'est-ce pas alors,
vraiment, que l'aumône spirituelle d'un
traité religieux devient une oeuvre de
charité chrétienne ? »
Sur quoi l'on remarqua qu'on ne doit pas
plus être arrêté dans cette
libéralité spirituelle par le peu
qu'on peut faire, qu'on ne l'est dans
l'aumône présentée à un
indigent, parce que ce n'est peut-être qu'un
seul sou qu'on lui donne. « Si dans tout
un mois, disait-on, l'on ne peut avoir qu'un seul
et court entretien pieux avec une âme encore
ignorante, ou si l'on ne place convenablement qu'un
seul petit traité, cette aumône
céleste, pour être isolée et
bien faible en apparence, n'en deviendra pas moins,
si Dieu la bénit, comme une source
d'où jaillira peut-être un fleuve et
comme le germe de toute une moisson. N'est-il
personne parmi nous dont l'âme ait
été réveillée de son
sommeil de mort, par la lecture même, faite
en cachette d'un seul
traité religieux ? Les exemples de
cette bénédiction-là sont sans
nombre, et l'on connaît même des
ministres de Dieu, qui aujourd'hui prêchent
et répandent la vérité
richement, et qui assignent la conversion de leur
âme à l'enseignement qu'ils
reçurent d'un seul traité dont se
servit le Seigneur, ou pour leur
révéler que, Jésus-Christ est
Dieu, manifesté en chair, ou pour leur,
faire comprendre et croire que le salut est un don
de la grâce, et que l'homme est
justifié par la foi en Jésus, et non
point par les oeuvres.
Là-dessus quelqu'un raconta
l'anecdote suivante :
Un pauvre laboureur irlandais et catholique
romain, qui jamais encore n'avait connu
« la voie du salut » eut
occasion d'entendre lire un traité religieux
qui parlait de la nécessité de la
conversion et de l'unique moyen d'obtenir le salut
qui est de croire la vérité de Dieu,
telle qu'elle est, dans la Bible, et d'y soumettre
son coeur.
Cette lecture réveilla sa
conscience assoupie, et dès ce
jour-là, devenu vivement désireux de
sauver son âme, il ne pensa plus qu'à
se procurer cette Bible, ce Livre de Dieu,
où le traité lui avait dit que se
trouve la Parole qui montre le chemin du ciel et
qui nous y fait marcher. Il avait été
particulièrement frappé de ce
passage, que citait le traité :
Holà ! vous tous qui êtes
altérés, venez aux
eaux, et vous qui n'avez point d'argent, venez,
achetez et mangez ; venez, dis-je, acheter
sans argent et sans aucun prix du vin et du lait. ( Esaïe,
LV, 1. ) Cette
invitation de Dieu lui revenait sans cesse à
l'esprit, et il lui tardait de lire cette Bible
d'où de tels mots étaient
tirés.
Mais il n'y avait de Bible chez aucun de
ses amis, et son prêtre, qui, ne lui en avait
jamais parlé, n'en vendait, ni n'en donnait
point. Que faire donc ? Il apprit, en
demandant ici et là ce livre, qu'un certain
ministre protestant en distribuait gratuitement aux
pauvres, et quoiqu'il répugnât un peu
à se rendre chez cet
hérétique, et surtout à
recevoir la Bible de ses mains, il alla cependant
lui faire sa demande, et il revint chez lui avec le
volume qu'il avait tant désiré et
dont il fit dès cette heure-là sa
lecture habituelle et suivie.
Qu'en résulta-t-il ? c'est
que, quelques mois après, le même
ministre qui avait donné la Bible, vit
arriver chez lui, le laboureur qui venait lui
raconter le changement qui s'était
opéré dans son âme et de le
prier de l'admettre dans l'église
protestante et au nombre de ses paroissiens.
Le ministre lui demanda ce qu'il
entendait faire en devenant protestant
« C'est de me joindre,
répondit-il, à ceux qui servent Dieu
de leur coeur et qui connaissent la grâce qui
est dans le Seigneur
Jésus ; » et par la suite de
ses discours, il montra qu'en effet il avait
été enseigné dans son coeur
par la Parole de Dieu, et que, tout en se
considérant lui-même comme un
misérable pécheur, il se confiait
cependant de toute son âme, dans la
miséricorde de Dieu en Jésus et dans
le rachat parfait que le Sauveur a fait de son
peuple par son sacrifice et sa
résurrection. « C'est pour cela,
dit-il, que je désire me joindre à
ceux qui lisent et qui croient la Bible ; et
ce qu'il y a de remarquable, ajouta-t-il, c'est que
c'est mon prêtre lui-même qui m'y a
poussé. »
« En effet, poursuivit-il,
j'avais bien reconnu, et très-clairement,
d'après la Bible, que la plupart des choses
que le prêtre nous enseignait,
n'étaient que les inventions humaines. Je
n'avais trouvé dans la
Sainte-Écriture, d'un bout à l'autre,
que cette vérité, que « le
salut est un don gratuit de Dieu en
Jésus-Christ, » et que loin que
l'homme puisse le mériter, en quoi que ce
soit, par ses oeuvres, tout au contraire,
celui-là s'en éloigne et s'en prive,
qui essaie de le gagner par ses prières, ses
aumônes ou ses pénitences. Mais
j'étais encore retenu par une certaine
frayeur, dans la religion où j'étais
né, et j'avais besoin que quelque chose de
fort et de décisif m'aidât à en
sortir. »
« J'étais dans cette
disposition d'esprit, lorsque je me
présentai, il y a quelques semaines, devant
mon prêtre, pour me confesser et pour
recevoir l'absolution. Lorsque j'eus
récité toutes mes fautes, au moment
où le prêtre, après m'avoir
exhorté à prier la Vierge et à
faire diverses pratiques, se préparait
à me donner l'absolution, je l'arrêtai
en lui disant : Mon Père, je dois vous
dire que je n'ai pour le moment qu'un seul
schelling. Je ne puis donc vous donner les deux
schellings et demi qu'on paie d'habitude pour une
absolution. Le prêtre me demanda avec
sévérité comment j'osais me
présenter devant lui, sans apporter tout ce
qui lui était dû. Je lui
répondis qu'avant à ma charge ma
femme et six enfants, et ne
gagnant par jour que dix sous, je n'avais pu
réserver pour lui que ce seul schelling,
dont je le priais de se contenter. - Je ne le puis
me dit en me censurant. Ce sont là de vaines
excuses, et si j'y prêtais l'oreille, que
deviendrait ma paie, au bout du compte ? -
Vous me refusez donc l'absolution ?
demandai-je avec fermeté. - Oui,
répondit-il, à moins que vous ne me
payiez tout ce qui me revient. - Eh bien ! lui
dis-je, en me rappelant le passage de la Bible que
j'avais connu le premier de tous, puisque le salut
que vous administrez ne peut s'obtenir qu'avec de
l'argent, il faut que j'aille vers celui qui
s'acquiert sans argent et sans aucun
prix. »
Cette anecdote donna lieu à quelques
réflexions et en particulier à
celle-ci : « Que par la conversion
de cet honnête paysan, toute une famille
d'abord, puis ceux qui naîtraient d'elle
ensuite, s'étaient trouvés.
placés sous la lumière de la Bible,
en dehors de l'ignorance du papisme, et que cette
importante dispensation avait eu pour premier
commencement, dans la sagesse admirable du
Seigneur, « la simple lecture d'un seul
traité religieux qu'il avait
béni. »
« C'est pourquoi, dit le
président de la société, voici
un paquet du petit traité
« À vous mon prochain »,
dont nous prendrons, s'il vous plaît, chacun
de nous, un seul exemplaire, en nous engageant,
devant notre Dieu et sous sa
bénédiction, à le placer aussi
bien qu'il nous sera possible, d'ici à notre
prochaine réunion, c'est-à-dire
pendant ce mois.
Et afin d'y parvenir, nous allons nous
prosterner devant notre Dieu et lui demander qu'il
nous conduise « en cette oeuvre qu'il a
préparée pour nous, »
(Eph.
II, 10) et que son bon esprit
repose tellement sur la lecture de ce peu de pages,
que plusieurs âmes soient amenées par
elles à lire la Bible et à croire au
Nom du seigneur Jésus, pour avoir la
vie. »
Après la prière, chacun
reçut son traité et s'en alla avec
l'espérance que le Seigneur lui fournirait
l'occasion qu'on lui avait demandée et qu'il
la bénirait.
J'avais donc reçu le
traité, et c'est aujourd'hui même,
deux jours après l'assemblée, qu'en
sortant pour une promenade, je l'ai mis dans ma
poche, après avoir demandé au
Seigneur de me faire rencontrer, s'il le trouvait
bon, l'âme à laquelle sa grâce
adresserait ce petit messager de
vérité et de paix. Et J'ai la douce
persuasion que ma prière à
été exaucée ; car voici
ce qui m'est arrivé.
Dans un chemin solitaire, au milieu des
champs, J'ai vu marcher devant moi une femme
âgée, dont l'extérieur
annonçait la plus grande pauvreté. Un
vieux chapeau de paille tout éraillé
et une robe presque en lambeaux couvraient son
corps affaissé et qui avançait
à petits pas le long de la haie.
Que la vie paraît être
difficile à cette pauvre
créature ! ai-je dit en moi-même.
Dieu veuille l'aider aujourd'hui !
Dans ce moment elle a tourné son
visage vers moi, et ses traits amaigris m'ont dit
encore plus promptement que sa bouche :
faites-moi une charité car je suis bien
malheureuse !
Bien volontiers, ai-je répondu,
en lui donnant quelque argent.
Mais dites-moi, je vous prie, d'où
venez-vous ; car vous paraissez
fatiguée.
Hélas ! Mon bon Monsieur,
m'a-t-elle répondu humblement, mais
cependant avec une sorte d'aisance et de franchise,
je viens du village de G... m où je demeure,
non pas dans une maison qui soit à moi, mais
dans une chambre que je loue, et c'est pour tacher
de gagner une pièce de trois sous, que je
viens jusqu'ici chercher, dans le grand pré
qui est là tout près, des plantes de
chicorée.
En disant cela elle a regardé
vers un petit panier qu'elle avait au bras et dans
lequel était un mauvais linge et une lame de
couteau rouillée. Elle a soulevé le
linge sous lequel se trouvaient déjà
quelques herbes.
Pauvre femme ! ai-je pensé,
à ton âge, venir par de mauvais
chemins, à près d'une demi-lieue de
ta demeure, pour cueillir en te courbant et avec
peine, ce que tu vendras deux ou trois
sous !
Puis j'ai prononcé dans mon coeur
et sous l'oeil de Dieu, une sentence d'interdit
contre toute dépense superflue ou inutile,
en me disant : ; Regarde et apprends ce
que valent même trois sous que tu pourrais
perdre en quelque
fantaisie ! »
Vous avez bien peu trouvé, ai-je
repris, à moitié distrait, car mon
coeur était serré
Il fait si mouillé, m'a-t-elle
répondu, qu'on peut à peine marcher
dans le pré ; et puis, aussi, ma pauvre
vue est devenue si faible, qu'à peine,
quoique je me baisse bien bas, puis-je voir les
plantes... Mais, que voulez-vous ? on est dans
ce monde pour y souffrir.
- Mais n'y a-t-il personne qui vous
aide, qui vous assiste ?
- Ah ! M. le Curé me donne
bien de temps en temps quelque chose ; car
c'est un homme tout-à-fait humain :
mais vous sentez que je crains de l'importuner en
lui demandant trop souvent.
- Vous avez donc bien de la peine
à vivre ? lui ai-je dit avec
émotion.
- Ah ! Monsieur, il n'y a que le
bon Dieu qui sache tous mes maux et tous mes
malheurs. Et cependant je vous assure que je fais
tout ce que je peux pour gagner quelque petit
argent.
- Et que faites-vous pour votre
âme ? ai-je demande avec
empressement : car j'avais besoin de lui
parler des consolations de
l'Évangile.
- Pour mon âme ! Ah ! je
ne fais pas tout ce que je voudrais, ni
peut-être tout ce que je pourrais, a-t-elle
dit en baissant la tête.
- Vous croyez donc qu'il nous faut faire
beaucoup pour notre âme ?
- Hé ! Monsieur, n'est-ce
pas ce que nous avons de plus
précieux ? Que deviendrions-nous si
elle était perdue ?
- Et vous pensez aussi, peut-être,
que ce n'est pas facile de la sauver ?
- On fait tant de péchés
et tous les jours, qu'il y a bien à faire
à les tous expier. Il en reste toujours plus
qu'on ne pense ; outre encore tous ceux qu'on
y ajoute ensuite !
- Pauvre âme ! me suis-je
dit, tu ne connais donc pas encore le pardon de
Dieu ! Oh ! si je pouvais te le montrer
et te le faire comprendre !.... Puis j'ai
prié Jésus qu'il lui ouvrît le
coeur, et je lui ai dit.
Que faites-vous, dites-moi, pour votre
âme, afin que ses péchés lui
soient remis ?
- Hélas ! pas grand'chose.
Je suis si pauvre, et si
malheureuse ! Je prie bien et je fais bien
aussi pénitence, mais ce n'est pas
assez.
- Et que devriez-vous faire de
plus ? Dites-le-moi ?
- Je devrais, il me semble, prier
beaucoup plus et crucifier ma chair beaucoup plus,
et faire aussi des aumônes ; car on ne
peut pas aller au ciel autrement : c'est le
chemin qu'ont tenu tous les saints.
- Cependant, lui ai-je dit avec douceur,
notre bon Dieu est venu lui-même sur la terre
et il a répandu sur la croix son
précieux sang. N'était-ce pas pour
sauver de misérables pécheurs comme
nous, qu'il l'a fait ?
- Oh ! Monsieur, je le crois bien
comme cela, je vous assure. Mais quoique notre
Sauveur Jésus-Christ se soit immolé
pour nous sur l'arbre de la croix, on nous dit,
cependant, qu'il faut aussi que de notre
côté nous nous immolions
nous-mêmes, pour mériter qu'il nous
sauve. Car si nous ne faisons rien de notre
côté pour cela, à quoi servira
tout ce qu'il a fait ?
- Hé ! dites-moi, je vous
prie, si vous aviez une dette et que je la payasse
en entier, devriez-vous encore en payer quelque
chose ?
- Non, Monsieur, puisque vous auriez
tout payé, ma dette serait tout
acquittée.
- Eh bien ! comment pouvez-vous
penser que notre Dieu et Sauveur
Jésus-Christ ait porté sur la croix
en son corps tous les péchés d'un
pauvre pécheur, et qu'il les ait
lavés par son précieux sang, et que
cependant ce pécheur doive encore faire
beaucoup de choses pour que ses
péchés lui soient remis ! Le
Sauveur ne les a donc pas effacés par son sang,
puisqu'il faut
encore
que ce pécheur les enlève
lui-même par ses larmes ou par ses
pénitences, ou par ses
aumônes ?
- Je vois, Monsieur, m'a-t-elle dit avec
respect, que vous êtes un homme de Dieu, car
tout ce que vous me dites-là est bien vrai
et bien beau.
- Aussi, lui ai-je dit, vous faut-il le
croire : car c'est votre salut. Si vous pensez
que pour sauver votre âme, vous deviez ou
faire des prières ou des pénitences,
ou bien donner de l'argent à l'église
ou aux pauvres, n'est-ce pas comme si vous disiez
que vous ne croyez pas que le sacrifice du sauveur
l'ait déjà fait ?
- C'est bien vrai, Monsieur, la
même chose que si je ne le croyais pas. Je
comprends cela maintenant, et je vous en
remercie.
- Dieu en soit béni ! Car si
vous le comprenez, et surtout si vous le croyez,
vous n'aurez plus de crainte sur votre salut,
puisque vous saurez que notre Sauveur l'a fait
lui-même, et de plus vous aimerez
Jésus, puisque vous serez sûre qu'il
vous a rachetée.
- Grand merci, mon bon Monsieur, car
vous m'avez fait deux biens : l'un pour ce
monde, en me donnant cet argent, et l'autre pour le
ciel, en me disant ce que notre sauveur a fait pour
mon âme.
- Dites-le-moi sincèrement :
lequel des deux est le meilleur ?
- L'argent est un grand bienfait, je
vous assure car j'en avais bien besoin, mais ce qui
est pour mon âme vaut encore mieux, Car c'est
pour le ciel.
- Eh bien ! tenez voici un petit
écrit où vous trouverez tout ce que je
viens
de vous dire et plus encore. le pouvez-vous
lire ?
- Oh ! oui, Monsieur. D'ailleurs
si
je ne le pouvais pas, car mes yeux sont bien
ternis, j'ai une voisine qui me le lirait.
- Et me promettez-vous que vous
demanderez à Dieu qu'il bénisse pour
vous cette lecture ?
- Oui, je vous le promets et je le ferai
de tout mon coeur.
- Prenez-le donc, et qu'il plaise
à ce Dieu si bon et si
miséricordieux, de vous faire
tout-à-fait comprendre et croire que son
saint Fils Jésus a racheté
entièrement et pour toujours les
pécheurs pour lesquels il s'est
immolé, et que nous, si nous le croyons dans
le coeur, nous devons lui obéir et vivre
saintement ici-bas, non pas pour mériter
d'être sauvés...
- Excusez-moi, si je vous interromps,
Monsieur, mais c'est pour dire que non : que
ce n'est pas pour mériter d'être
sauvée que je dois servir Dieu, puisque
déjà Dieu m'a sauvée en
mourant pour moi, mais que c'est pour que je lui
montre, mon amour et ma grande
reconnaissance.
Oh ! que cela me fait de
bien ! a-t-elle ajouté en se parlant
à elle-même. Oh ! que Dieu a
été bon de m'amener ici !
Oh ! qu'il bénisse ce charitable
Monsieur !
Pour moi, Lecteur, j'ai continué
ma promenade en me réjouissant devant Dieu
d'avoir pu parler à cette pauvre femme, et
en demandant au Seigneur qu'il lui plût de
rendre efficace, par son Esprit, la lecture du
traité, que cette âme avait
reçut déjà dans de si
heureuses dispositions.
Peut-être apprendrons-nous un
jouir que cette lecture a
conduit la pauvre vieille à désirer
la Bible ; que, comme le laboureur irlandais,
elle y a soumis son coeur, et qu'ainsi, pour cette
âme du moins, et selon notre prière,
« À vous mon prochain »
aura été ce jour-là LE
TRAITÉ BÉNI.
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