Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE MEILLEUR ET LE PLUS SUR DES CHEMINS.

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J'ai choisi le chemin de la vérité.
(Psaume CXIX, 30.)


 Sur une de ces routes qui suivent les gorges des Pyrénées, deux Cantonniers, un père avec son fils, s'occupaient à nettoyer le fossé du chemin, et courbés sur leur ouvrage, ils ne pensaient guère qu'à le poursuivre. Mais Dieu qui a dit dans sa Parole :
« Je me suis fait trouver à ceux qui ne me cherchaient pas, (Esaïe LXV, 1.) leur préparait de meilleures choses que le gain de leur journée, et que le repos qui devait la terminer.
Un voyageur s'était approché d'eux. C'était un homme d'un certain âge, et d'un extérieur à la fois grave et serein. Il leur souhaite, avec cordialité, le bonjour, et aussitôt s'engage l'entretien qu'on va lire.

Le Voyageur. Voilà une belle route, et surtout elle est bien entretenue.
Le Père. Aussi, Monsieur, a-t-elle coûté de l'argent et de la peine, je vous assure.

Le Voyageur. Et aussi en coûtera-t-elle toujours ; car ces côtes rapides, à ce qu'il me semble, sont exposées aux ravines et aux éboulements.
Le Père. Dans la montagne, c'est toujours ainsi. La meilleure route s'y dégrade bientôt.
Le Fils, gaîment. Et c'est tant mieux pour les cantonniers, je pense ; car s'il n'y avait rien à réparer, il n'y aurait rien à faire.

Le Voyageur. Cependant, jeune homme, je suis sûr que vous seriez bien aise d'être sur un chemin que je connais, moi, et qui est toujours bon ; comme aussi, il ne se dégrade jamais.
Le Père, en souriant. Et dans quel pays, s'il vous plaît, se voit cette route-là ?

Le Voyageur. Dans tout pays, à peu près. Mais il faut en connaître le nom et savoir la trouver.
Le Fils. Et comment s'appelle-t-elle donc ?

Le Voyageur. C'est le Chemin du Ciel. Le connaissez-vous, mes amis ?
Le Père, avec gravité. Ah ! Monsieur, je vous comprends maintenant. Vous avez bien raison de dire que ce chemin-là est le plus sûr et le meilleur de tous. Mais il n'y a pas beaucoup de gens qui le connaissent et qui le suivent.

Le Voyageur. Asseyons-nous, s'il vous plaît, ici, sur ce gazon, et si vous le désirez, je vous dirai comment ce beau et bon chemin peut être trouvé.

Les ouvriers témoignèrent le plaisir qu'ils avaient à écouter, et le voyageur poursuivit l'entretien.
Lecteur ! écoutez-le, puisque c'est du Ciel qu'il s'agit. Si c'était de la découverte de quelque riche trésor, qui vous appartînt, qu'il fût ici question, vous liriez avec soin ce qui va suivre. Hé bien ! ne lirez-vous pas aussi avec plaisir ce qui se rapporte au salut de votre âme. Voire âme ne vaut-elle pas plus, et beaucoup plus, que beaucoup d'or, même que tout l'or du monde ; car, dit le Sauveur, si un homme gagnait et possédait tout le monde, et qu'il vint à perdre son âme, à quoi lui servirait toute cette richesse, et que donnerait-il pour compenser la perte de son âme ! (Matth. XVI, 26.)

Le Voyageur. Je ne sais pas, mes amis, si jamais vous avez pensé que vous n'êtes que des pécheurs, de pauvres et indignes pécheurs, devant Dieu ?
Le Fils, avec beaucoup de douceur. Si vous connaissiez mon père, Monsieur, vous ne diriez sûrement pas cela, car je vous assure...
Le Père, gravement. Il ne s'agit pas de cela, Paulin. Ce que dit Monsieur est parfaitement vrai. L'on n'est que des pécheurs devant Dieu. Qui est l'homme qui ne pèche pas, et même chaque jour plusieurs fois ?

Le Voyageur. Hé ! sans doute : si nous sommes d'honnêtes gens aux yeux des hommes, et que chacun de nous ait rempli les devoirs de sa condition, que de mal, cependant, n'avons-nous pas fait, soit en secret et dans notre coeur, par nos pensées et par nos penchants, soit au dehors, par nos paroles et par toute notre conduite ! Dites-moi, Paulin, croyez-vous que vous soyez sans péché ?
Paulin, en baissant la tête. Ah ! pour cela, non. mais je disais que mon père...

Le Voyageur. Est un bon père et un homme intègre, et je le crois tout-à-fait. Mais, mon ami, ni votre père, ni moi, qui suis, je présume, de son âge nous n'avons pas fait tout ce que Dieu nous avait commandé. Par exemple, Dieu nous disait dans sa sainte Parole, que voici et que je vais vous lire, « d'aimer Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme et de toute notre pensée, et notre prochain comme nous-mêmes. » (Matth. XXII, 37.) Et combien de choses, cependant, n'avons-nous pas aimées plus, et beaucoup plus, que Dieu ; et combien de fois ne nous sommes-nous pas aimés nous-mêmes, plus que notre prochain ?
Le Père. D'ailleurs, on manque toujours à quelque chose, quelque attention qu'on fasse à se bien conduire.

Le Voyageur. Hé ! sans doute ! Tantôt c'est une mauvaise imagination, c'est une convoitise criminelle qu'on nourrit dans son coeur ; tantôt c'est un mensonge, une fausseté, qu'on se permet de dire ; tantôt c'est de l'ivrognerie, de la gourmandise, qu'on satisfait ; tantôt c'est de la colère, de l'inimitié, même de la vengeance, qu'on garde en soi ; ou bien c'est de la paresse, de l'avarice, c'est de la dureté envers les pauvres ou les malheureux, que l'on entretient secrètement ; et tout cela sans parler de l'indévotion, de l'oubli presque total de Dieu et qui fait qu'on passe ses journées sans penser au Créateur, et sans chercher à lui plaire ; et sans parler, enfin, de l'incrédulité, par laquelle ou rejette, dans son âme, le salut que le Seigneur nous a apporté du Ciel. - En voilà bien assez, n'est-ce pas, mes amis ?
Le Père. Et ce n'est pas trop, Monsieur ; car il y a bien, oui, bien du mal, dans notre coeur et dans nos paroles.

Le Voyageur. Bienheureux est celui qui le voit ! Plus heureux encore est celui qui en a regret, et qui en cherche le pardon ! Paulin, croyez-vous aussi que vous ne soyez qu'un pauvre pécheur
Paulin, avec ouverture de coeur. Oui, Monsieur, je le crois, tout comme vous le dites.

Le Voyageur. C'est Dieu même qui le dit, mon ami, et je n'ai fait que vous lire et répéter quelque chose de sa Parole ; et comme cette même Parole qui est la Sainte-Écriture, déclare que le péché mérite la condamnation, savez-vous, Paulin, ce que vous deviendriez, si vous mouriez maintenant ?
Le Père. Ah ! qui le sait, ce qu'on deviendrait ? Voilà, on espère bien qu'on ne serait pas perdu... Mais, cependant, qui pourrait dire, sans se tromper, qu'il serait sauvé ? Il n'est pas un homme, même le plus saint sur la terre, qui osât le dire.

Le Voyageur. Dites-moi, Paulin, si je comptais tous les péchés que j'ai faits depuis que je suis dans ce monde, pensez-vous que leur nombre fût plus petit ou plus grand que celui des vôtres ?
Paulin, avec quelque embarras. Ah ! Monsieur, je n'ose en rien dire. Chacun sait ce qu'il a fait de bien et de mal.

Le Voyageur. C'est pourquoi, comme chaque jour, malheureusement, nous péchons, et plus d'une fois, il est clair que puisque j'ai vécu beaucoup plus de jours que vous, j'ai aussi péché bien plus souvent que vous. Cela est évident, Paulin, et vous devez le comprendre. - Hé bien ! mon ami, quoique je sois, ainsi, beaucoup plus coupable que vous, d'où vient que je suis tranquille devant Dieu, quant à mon salut, et que vous, vous ne l'êtes pas ?
Voyez, Paulin, comparons nos péchés à des dettes d'argent que nous aurions faites.. Vous, vous devez cent francs, je suppose, tandis que moi j'en dois cent mille. Et cependant, quoique ma dette soit si grande, je n'ai aucune peur de la prison ; tandis que vous, avec votre dette si faible au prix de la mienne, vous avez peur d'être saisi et incarcéré. D'où cela vient-il, je vous prie ? Pourquoi suis-je tranquille, moi, tandis que vous, qui êtes bien moins endetté que moi, vous avez si peur de la prison ?
Le Père, avec beaucoup d'intérêt. J'avoue, Monsieur que je ne vois pas encore pourquoi ; car enfin, si vous devez autant, il vous faut pour tout autant aller aussi en prison, à moins toutefois que vous ne payiez.

Le Voyageur. Mais, dans ma supposition, ni moi, ni votre fils, nous n'avons même le premier sou, nous sommes l'un et l'autre ruinés et sans la moindre ressource ; et cependant, je le répète, je n'ai pas peur de la prison.
Le Père. Alors je n'y comprends rien, je l'avoue

Le Voyageur. Hé bien ! écoutez la fin de l'histoire. Voilà que tandis que j'étais avec Paulin, à gémir sur mes dettes, et que je lui disais qu'il nous faudrait aller en prison, vu que notre créancier était intraitable, un homme très-riche, et reconnu pour le plus bienfaisant du pays, a passé devant nous, et, en nous regardant avec pitié, il nous a dit seulement ces deux mots : « Ne vous affligez plus : je vais payer toutes vos dettes. »
Paulin et moi, nous l'avons bien entendu ; et nous savons aussi que c'est un homme intègre, et dont la parole est parfaitement sûre. Mais voilà que Paulin, au lieu de croire ce qu'a dit ce bienfaiteur, n'y fait aucune attention ; tandis que moi, tout au contraire, je l'écoute, je le crois, et je m'y repose dans mon coeur, et entièrement. Qu'en résulte-t-il, Paulin ?
Paulin. Ah ! c'est tout simple ! Vous, Monsieur, vous croyez que cet homme riche paiera toute votre dette, tandis que moi je ne le crois pas.

Le Voyageur. Et pensez-vous qu'une fois que j'ai cru véritablement que ma dette va être toute payée, j'en aie encore beaucoup de souci ?
Paulin. Bien au contraire, Monsieur ; puisqu'elle sera payée, vous en êtes déchargé, et vous savez que vous ne devez plus rien.

Le Voyageur. C'est-à-dire, mon ami, qu'en croyant simplement ce que m'a dit notre bienfaiteur, je suis entré, quant à ma dette, dans un chemin de paix, puisque je suis tranquille à son sujet.
Le Père. Oui, Monsieur ; mais, cependant, il vous faudra rendre cet argent à ce brave homme qui vous l'a prêté ; et comment, alors, allez-vous faire ?

Le Voyageur. Oh ! c'est que ce bienfaiteur nous a dit qu'il nous donnait gratuitement toute la somme, et pour toujours.
Le Père. Dans ce cas-là, c'est bien payé, et bien acquitté ; et c'est tout de bon que vous êtes libre.

Le Voyageur. Hé bien ! donc, si Dieu, dans son immense amour, fait pour nous, pécheurs, ce que cet homme riche et généreux aurait fait quant à nos dettes, ne sera-ce pas aussi tout de bon que nous serons libres ?
Paulin. Ah ! je saisis, à présent. C'est du pardon de nos péchés que vous avez voulu parler, dans cette histoire.

Le Voyageur. Hé ! oui. Nos péchés sont des dettes de notre âme, devant la loi sainte et juste de Dieu ; et Dieu a dit que ces dettes nous jetaient en prison, c'est-à-dire en enfer. Dieu a dit : « Maudit soit quiconque a péché ; » et la malédiction de Dieu, c'est l'enfer.
Le Père. Oui, sans doute, pour celui qui ne répare pas ses fautes, et qui ne les efface pas par une conduite meilleure. Mais si l'on se repent du mal qu'on a fait, et qu'on fasse ensuite son devoir, je pense bien que Dieu pardonnera.

Le Voyageur. Non, non, mon ami ! Pas comme cela. Non, jamais. D'abord, vous sentez que tout le chagrin que j'aurais d'avoir fait ma dette de cent mille francs, n'en paierait pas un seul centime. Ce n'est ni avec des regrets, ni avec des larmes, qu'on anéantit la dette qu'on a faite. Et, d'un autre côté, si j'ai fait cette dette jusqu'à hier, et que depuis aujourd'hui je n'en fasse plus aucune, la dette que je ne fais pas aujourd'hui, n'acquitte pas celle que j'ai déjà faite jusqu'à hier. il en est ainsi de nos péchés. Si j'ai regret ou peur des péchés que j'ai commis, tout l'ennui qu'ils me causent ne les anéantit pas. Comme aussi supposé que je ne pèche pas aujourd'hui, ma bonne conduite de ce jour ne détruit pas la mauvaise conduite que j'ai tenue précédemment.
Paulin, vivement. Alors donc, dès qu'on a fait seulement un péché, c'est tout fini ! Il faut qu'on soit maudit !

Le Voyageur, avec lenteur et gravité. À moins, Paulin, que Dieu, qui est notre juge, ne nous ait donné un Sauveur, et que ce Sauveur ne nous ait, en effet, sauvés de la malédiction. Comprenez-vous, Paulin ?
Le Père, vivement. Voila, voilà l'affaire ! Je commence à voir plus clair ici qu'auparavant. Continuez, Monsieur, s'il vous plaît ; car cela fait du bien.

Le Voyageur. il est évident que si « Dieu, qui est riche en miséricorde, » a eu pour l'homme pécheur un amour tel qu'il lui ait donné un Sauveur, et que si ce Sauveur m'a sauvé moi, oui, moi-même, je dois d'abord en ressentir une grande paix, puis en retirer une joie d'autant plus grande, qu'il s'agit d'un pardon éternel ; oui, du salut céleste.
Or, mes amis, c'est une parole certaine, et digne d'être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs. Dieu a tant aimé le monde, oui, mes amis, toute espèce de nation, et les Français aussi bien que tout autre peuple, qu'il nous a donné son Fils unique. Et je ne pense pas que vous l'ignoriez, puisque même vous avez été baptisés, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit.
Paulin. Nous croyons tous en Jésus-Christ, dans ce pays-ci, Monsieur.

Le Voyageur. C'est pourquoi, mes amis, vous devez croire aussi tout ce qu'il a fait. Car à quoi sert de croire que vous avez un ami, si vous ne croyez pas ce qu'il a bien voulut faire pour vous !
Le Père. Mais, Monsieur, nous croyons bien aussi tout ce que notre Dieu a fait.

Le Voyageur. Oh ! point du tout, et jugez-en vous-même. Lorsque le bienfaiteur dont j'ai parlé, m'aurait dit : Maintenant c'est fait : j'ai payé toute votre dette, et c'est un don ; si j'eusse dit à Paulin :
C'est à présent qu'il s'agit de faire des économies pour que je paie ; eussé-je cru ce qu'aurait fait cet ami ?
Le Père. Hé ! non sans doute.

Le Voyageur. Et vous, quand vous avez dit que le pécheur, afin d'effacer ses péchés, devait faire ceci et cela, avez-vous cru ce qu'a fait le Sauveur ?
Le Père. Mais notre Dieu nous a-t-il en effet rachetés tout-à-fait, et pour toujours ? Je croyais, moi, qu'il nous avait ouvert le chemin du salut par sa mort sur la croix.

Le Voyageur. Il nous dit de lui-même : « Qu'il est, lui, le chemin, la vérité et la vie » ; et la Sainte-Écriture déclare partout, que le Fils de Dieu a racheté son peuple d'une rédemption éternelle ; qu'il a fait par lui-même la purification des péchés de l'Église ; que son sang a été répandu pour la rémission des péchés de plusieurs ; qu'il a été livré pour les offenses des siens, et qu'il est ressuscité pour leur justification ; et qu'ainsi le Sauveur, qui est un sauveur parfait, par un seul sacrifice, a rendu pour toujours accomplis ceux pour qui ce sacrifice a eu lieu. Voilà ce que dit la Sainte-Écriture. Ce n'est donc pas d'un demi-salut qu'elle parle, comme si Jésus eu eût fait une partie, et qu'il fallût ensuite que l'homme le complétât ; mais c'est d'une rédemption totale, et terminée.
Le Père. Oui, comme quand une caution paie toute la dette d'un ami. Cela ne se fait pas à moitié. Ici, c'est tout ou rien.

Le Voyageur. Oui, tout ou rien. C'est ainsi qu'est Jésus le Sauveur, parce qu'il est Dieu. Si Dieu n'est pas tout, il n'est donc pas Dieu. De même, si Jésus n'est pas tout quand il sauve, il n'est donc pas sauveur. Si donc je disais que pour que mon âme soit rachetée de ses péchés, il me faut seulement lever le doigt, ce serait dire que ce qu'a fait Jésus n'a pas suffi. Ce serait donc nier qu'il soit un sauveur. Ce serait prétendre que son sacrifice sur la croix a été imparfait : ce serait dire, enfin, que son sang ne purifie pas de tout péché. Ne le voyez-vous pas ?
Paulin. Oui, Monsieur, je commence à le voir. Mais, puisque vous avez la bonté de vous arrêter ainsi avec nous, laissez-moi vous demander comment on peut savoir qu'on est sauvé : oui, que c'est une chose faite, et qu'ainsi l'on n'ira pas en en fer.
Le Père, vivement. Hé mon garçon, ne vois-tu pas que Dieu nous a sauvés ; c'est donc une chose faite, et non pas à faire ?
Paulin. Faite !.... Faite !.... Mais, non, mon père. Je ne sais pas, moi, si c'est fait... pour moi.

Le Voyageur. Cependant, Paulin, Dieu, après avoir dit « qu'il a donné son Fils unique, qu'il ne l'a point épargné, mais qu'il l'a livré à la mort », déclare que « c'est afin que quiconque croit en lui ne périsse pas ; mais qu'il ait la vie éternelle. » Voilà ce que Dieu a dit : C'est sa promesse : et vous savez, Paulin, que Dieu est vérité.
Paulin, comme en cherchant dans son esprit. Que faut-il donc que je croie, pour que j'aie, dès à présent, le pardon de tous mes péchés ?

Le Voyageur. Que fallait-il que je crusse, pour que j'eusse la paix, sur ma dette de cent mille francs ?
Paulin. Hé ! ce que cet homme riche vous avait dit.

Le Voyageur. Hé bien ! si Dieu dit que celui qui croit en Jésus-Christ sera sauvé, que vous faut-il donc faire pour que vous soyez sauvé ?
Paulin. Il me faut croire en Jésus-Christ : c'est très-clair. Mais j'y ai toujours cru, et cependant...

Le Voyageur. Cependant, vous n'avez pas cru que vous fussiez sauvé, n'est-ce pas ? C'est que, Paulin, comme je l'ai dit à votre père, vous n'avez pas cru ce qu'a fait le Sauveur.
Paulin. Il me faut donc croire ce qu'il a fait ?

Le Voyageur. Oui, croyez-le, et certainement vous aurez la paix avec Dieu, parce que vous aurez votre pardon. Ainsi donc, mon ami, répondez, s'il vous plaît, à mes questions. Dieu dit, dans sa Parole, que vous êtes un pauvre pécheur : croyez-vous cela ?
Paulin. Oui, Monsieur, je le crois en vérité, et plus maintenant qu'auparavant, parce que je comprends mieux ce qu'est le péché.

Le Voyageur. Et croyez-vous aussi que le péché mérite la malédiction de Dieu ?
Paulin. Vous m'avez montré que Dieu le dit ; je dois donc le croire aussi.

Le Voyageur. Mais peut-être avez-vous l'idée que vous puissiez ôter et effacer vos péchés par vous-même ?
Paulin. Je l'ai, bien toujours cru ainsi ; mais je viens de comprendre que Dieu dit le contraire : je ne dois donc plus le croire.

Le Voyageur. Et que croyez-vous du Sauveur ? D'abord êtes-vous assuré qu'il y en ait un ?
Le Père. Ah ! Monsieur, il serait un païen, ou un Juif, s'il ne le croyait pas.

Le Voyageur. Aussi je lui demande à dessein, s'il croit qu'il y ait un Sauveur.
Paulin. C'est bien certain qu'il y en a un, et je le crois vraiment.

Le Voyageur. Est-ce à un Sauveur que vous croyez, ou bien seulement à un aide ?
Paulin. Vous nous avez dit que notre Dieu nous a rachetés par son précieux sang, sur la croix : il faut donc croire qu'il l'a fait, puisque c'est vrai.

Le Voyageur. Et puisque Dieu dit que quiconque a cette croyance en Jésus, reçoit gratuitement le pardon de ses péchés, que faut-il que nous croyions, quant à nos péchés ?
Le Père. Hé ! Monsieur, qu'on serait heureux, s'il en était ainsi ! Quelle bonne nouvelle que celle-là !

Le Voyageur. Paulin, vous ne m'avez pas répondu. Je vous ai demandé ce que vous devez croire quant à votre salut. Est-il à faire, ou bien a-t-il été fait ?
Paulin. Je vois bien que si le Sauveur l'a fait, il n'est pas à faire. Mais, cependant, ne dois-je pas faire de mon côté tout ce que Dieu, nous commande ?

Le Voyageur. Paulin, dites-moi pourquoi vous aimez et vous honorez cet homme-ci ?
Paulin, avec surprise et chaleur. Mais, Monsieur, c'est mon père ; ne dois-je donc pas l'aimer ?

Le Voyageur. Et l'aimez-vous, et aussi lui obéissez-vous, afin que vous deveniez son fils ; ou bien parce que vous l'êtes déjà, et par reconnaissance ?
Paulin. Je serais un mauvais fils, si je n'aimais pas mon père, ou si je lui désobéissais.

Le Voyageur. Hé bien ! donc, cher Paulin, comprenez que le pauvre pécheur, à qui Dieu a remis ses péchés, aime Dieu par reconnaissance, comme un fils aime son père, et que ce chrétien véritable désire garder les commandements de son Père céleste, non pas afin de gagner son pardon, mais afin de témoigner à Dieu l'amour qu'il lui doit, pour le salut que son Dieu lui a donné.
Le Père, avec satisfaction. Je vois l'affaire ; oui, je vois toute l'affaire, à présent. C'est Jésus-Christ qui nous a rachetés par la croix, et cela par son sang. Ç'a été là son amour pour nous ; et c'est pour lui montrer qu'à notre tour nous l'aimons, que nous devons garder ses commandements. Hé bien ! c'est juste, et en même temps cela donne du contentement. Oui, cela me soulage le coeur.

Le Voyageur. Vous voyez donc, mes amis, que j'ai bien fait de vous parler de ce chemin, le meilleur de tous, et le plus sûr de tous ; savoir, du Seigneur Jésus, Pensez-y donc, et parlez-en souvent ensemble. Ce chemin-là est bien la bonne route, puisque c'est celui de Dieu même ; et c'est bien aussi le meilleur de tous, puisque c'est celui qui mène au ciel ; comme aussi c'est le plus sûr ; car il est tel, que le voyageur qui y marche n'a rien à craindre ni de la mort, ni de l'enfer. C'est en paix qu'il le parcourt, car Dieu même lui a donné sa paix, quand Il lui a pardonné ses péchés ; c'est avec joie qu'il le poursuit, car l'Esprit-Saint l'y soutient, l'y fortifie et l'y console, et c'est saintement qu'il y avance, parce qu'il aime le Sauveur qui l'y accompagne, et qui lui montre, chaque jour de plus près, le ciel où il sera reçu et où son âme se reposera dans le sein de son Dieu.

Là-dessus, le voyageur prit congé de ses deux amis ; mais ce fut en leur donnant le livre de Dieu, l'Évangile du Seigneur Jésus, qu'il leur avait lu, et il le fit en leur recommandant d'y chercher, chaque jour, avec soin, plus de connaissance du chemin céleste, et d'y puiser, comme à une source d'eau vivante, la vraie sagesse et la vraie sainteté.

Lecteur ! réfléchissez sur cette anecdote. Ce ne fut pas par hasard, mais bien par la bonne volonté de Dieu, que le voyageur et ces deux ouvriers se rencontrèrent. Ce n'est pas par hasard, non plus, que vous avez dû lire ce récit. Voyez donc si vous aussi vous croyez, soit à votre état de péché et de condamnation devant Dieu, soit à ce salut gratuit qui vient du Seigneur Jésus à toute âme qui croit en lui. Et si cette affaire, qui est la plus importante de toutes, ne vous semble pas encore bien claire, relisez une, deux, et même plusieurs fois, ce récit, et lisez-le comme quelqu'un qui désire le comprendre. Veuille le Seigneur lui-même vous assister dans cette étude !

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