Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IL N'ÉTAIT PLUS TEMPS !

(ANECDOTE AUTHENTIQUE.)

TITREdeLApage

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Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant que les mauvais jours ne viennent et que les années n'arrivent auxquelles tu dises : Je n'y prends plus de plaisir.
(Eccles. XII, 3.)


 « Parce que la sentence contre les actions mauvaises ne s'exécute pas incontinent, dit la Sainte-Écriture, le coeur de l'homme se remplit de méchanceté. Le pécheur fait mal une fois, et Dieu lui donne du délai... Mais l'homme impénitent s'endurcit et il s'amasse ainsi un trésor de colère. Il a méprisé les richesses de la patience et de la longue attente de l'Éternel, et il a refusé de voir que la bonté de Dieu le conviait à la repentance ;... le jour de la rétribution s'approche et il lui sera. rendu selon ses oeuvres. »

En voici une preuve effrayante.

Il y a quelques années que je me trouvais sur un cimetière, au moment où deux robustes fossoyeurs creusaient cet insatiable sillon de la mort, qui, comblé tous les jours, tous les jours se rouvre pour dévorer encore.

Les débris des générations, déjà tant de fois remués, se mêlaient à de nouveaux débris, et la gueule du sépulcre en était entourée. De longs et forts ossements gisaient à côté des os fragiles d'un faible enfant, qui, au premier matin de la vie, était venu se coucher, tout mouillé des larmes de sa mère, dans le même sol où son aïeul était naguère descendu avec ses cheveux blancs ; et les dents acérées du hoyau s'enfonçaient du même coup, dans le crâne humilié d'un maître autrefois superbe, et dans celui d'un valet qui n'avait connu que la crainte et les dédains, Ni leur voix ni leur plainte ne se faisaient plus entendre, et le fer les brisait l'un et l'autre comme des têts inutiles et rejetés.

Je contemplais cette scène si éloquente, et promenant mes regards sur cette plaine où les corps de mes contemporains étaient semés chaque jour, je me demandais si ce ne serait pas bientôt que ce même sol se refermerait sur moi. Puis reportant les yeux sur lés fossoyeurs, je me dis : Qu'ils doivent être sérieux dans leurs pensées et attentifs à leurs voies, ceux qui remuent ainsi la poussière des générations, et qui entendent à toute heure les gémissements et les sanglots de la plus poignante douleur que le coeur de l'homme puisse endurer ! Oh ! qu'il doit leur être désirable d'ouïr la voix fidèle de ce Sauveur tout-puissant qui a prononcé que « la terre rendra ses morts et que la victoire du sépulcre doit être un jour anéantie. ! »

Je m'avançai donc vers les ouvriers, et je me disposais à leur communiquer mes sentiments, lors, que l'un deux, en faisant rouler un crâne avec son pied, dit à son camarade, assez haut pour que je l'entendisse et en me regardant en-dessous : « Pour celui-ci, il est bien mort ; et il ne se relèvera pas de sitôt, si jamais il le fait. »

Je regardai fixement cet incrédule, ce moqueur, et je reconnus en lui le père d'une malheureuse femme à qui j'avais tendu quelques secours de charité.
« Thomas ! lui dis-je en m'approchant, le blasphème que vous venez de proférer, et je pense aussi pour que je l'entendisse, est-il sorti de votre coeur, ou seulement de votre bouche ? »
« Ah ! Monsieur, répondit ce mécréant, en baissant la tête, je n'en sais pas tant que vous, et pour moi il me semble que ces gros et ces petits morceaux auront bien de la peine à se rejoindre, et que quand on est mort, ... on est bien mort. »
« C'est-à-dire, repris-je, que le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, a menti lorsqu'il a dit qu'il est la résurrection et la vie, et lorsqu'il a déclaré que tous ceux lui sont dans les sépulcres, en ressortiront pour être jugés selon leurs oeuvres ! »
« Cela peut arriver, répliqua l'incrédule, en haussant les épaules ; mais pour moi je n'y compte guère. »

Je lui eusse parlé plus longtemps si je n'eusse aperçu que son camarade et lui souriaient avec ironie. Je me retirai donc, sans prononcer un mot de plus, de peur d'exposer les choses saintes au mépris outrageux des profanes, et de jeter les précieuses perles de la vérité sous les pieds immondes des ennemis de Jésus.

Quatre ans après cette époque, comme je me promenais dans mon jardin, j'y vis entrer un homme vêtu comme un ouvrier et qui marchait pesamment appuyé sur un bâton.
C'était le moqueur du cimetière. Mais dans quel triste état paraissait-il ! Son visage et tout son corps étaient bouffis. Ses yeux, presque éteints, semblaient égarés, et de sa bouche livide et pendante découlait une bave qu'il ne pouvait retenir.

Je le fis asseoir, et il demeura longtemps sans pouvoir calmer l'asthme qui l'oppressait. Enfin, il put m'écouter, et je lui demandai ce qui l'amenait auprès de moi. Mais ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que je recueillis, de ses mots inarticulés, que sa fille l'envoyait vers moi pour que je lui parlasse de religion, parce que, disait-il, il était très-malade et qu'il avait besoin d'être consolé.
« Avez-vous donc peur du jugement de Dieu ? lui dis-je en plaignant son infortune. Craignez-vous la mort et la colère à venir ? »

II me fit entendre que non ; mais par plusieurs questions je m'assurai qu'il était dans la même incrédulité qu'il m'avait si fièrement montrée au cimetière. J'essayai donc de lui faire comprendre ce que Dieu dit sur la vie à venir et sur la promesse de grâce qui est en Jésus. Je lui parlais lentement, par degrés et avec patience, et j'espérais que cette instruction était reçue, du moins à quelque égard, vu qu'il me regardait avec l'expression d'un homme attentif et intéressé.
Mais lorsque, au bout d'une longue explication de ce que le Seigneur Jésus a fait pour le salut de son peuple, je demandai à Thomas s'il m'avait compris, il me répondit, d'un air hébété : « Je n'ai plus de mémoire et je ne sais plus ce qu'on me dit. De quoi m'avez-vous parlé ? »

Je repris donc, avec plus de lenteur encore, et dans toute la simplicité possible, l'exposition de la vérité de l'Éternel : mais cet homme, devenu stupide, par un jugement de son Créateur qu'il avait outragé, demeura la bouche béante et le regard fixe, sans donner aucun signe d'intelligence. IL N'ÉTAIT PLUS TEMPS pour cette âme, même d'entendre les mots de la Bonne-Nouvelle ; et les dernières paroles que je reçus de cet infortuné, lorsqu'il me quitta, furent celles-ci : « Je crois que bientôt je serai mort, et qu'ainsi tout sera fini pour moi. »

Peu de temps après, en effet, tout fut fini pour lui, quant à ce monde. Ce malheureux, hélas ! tomba dans le sépulcre comme la bête qui ne sait pas même qu'elle est vivante et qui meurt entièrement. Mais que devint l'âme de celui qui s'était raillé de la parole de l'Éternel ! !

Peut-être le corps de cet incrédule fut-il recouvert de la pesante terre, par celui même qui, avec lui, se jouait naguère de la mort et de l'éternité. Peut-être encore celui-ci, loin de recevoir instruction de cet effrayant jugement d'un Dieu qui ne peut être moqué impunément, répéta-t-il, en appuyant son pied sur le tertre funèbre de son compagnon : « Thomas ! tu ne te relèveras pas de sitôt, si jamais tu le fais. »
Du moins pour cet homme-là, s'il chemine parmi les vivants et si dans son esprit il n'est pas devenu comme la brute, il est temps encore de s'humilier et de croire au témoignage que Dieu a rendu de son Fils. Oui, il est temps encore pour lui, de prêter l'oreille à cette déclaration de Jésus-Christ : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et, croit en moi ne mourra point pour toujours. »

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