Ta lumière éclora comme l'aube du jour et ta santé germera incontinent. (Esaïe LVIII, 8.) |
C'est ce que je vous demande, cher Lecteur, avec
affection, et cette question ne peut que vous
paraître obligeante. Veuillez donc y
répondre avec la même
cordialité que je vous l'adresse.
Le
Lecteur. Je suis assez bien, et je vous
remercie de votre intérêt. À
l'exception de ces malaises passagers et
inséparables de l'humaine nature, je suis
d'un heureux tempérament, et mes forces se
soutiennent en bon point.
L'Auteur.
Voilà
quant à votre corps, Mais il n'est pas tout
votre être : tant s'en faut ; et je
vous ai demandé, comment vous vous portez.
Or, je pense que vous regardez VOTRE ÂME
Comme une partie de vous-même ?
Le
Lecteur. J'avoue franchement ma
méprise. Je n'avais point compris ainsi
votre demande, vu que je ne pensais pas que.... mon âme eût une
santé.
L'Auteur.
Quoi !
mon cher prochain, vous avez pu croire qu'une
âme est toujours dans un même
état de vie et de prospérité,
quels que soient ses désirs, ses affections ou.
ses sentiments ! S'il en est ainsi,
l'âme de Judas Iscariot, quand il se pendait
de désespoir, se portait aussi bien que
celle de St-Jean, lorsque ce disciple
bien-aimé du Sauveur reposait sur le sein de
son Maître. - Le
penseriez-vous ?
Le
Lecteur. Non, sans doute. Judas
était maudit et périssait comme tel.
St-Jean, au contraire, était le bienheureux
objet de l'amour de son Sauveur. On ne peut
même comparer ces deux états.
L'Auteur.
Et vous
convenez, n'est-ce pas, que l'âme de St-Jean
pouvait répondre : Je me porte
très-bien, tandis que celle de Judas
criait, avec horreur, que déjà la
mort la saisissait. - Mais entre la santé
vigoureuse et florissante de l'âme de
St-Jean, et l'épouvantable mort de celle de
Judas, vous admettez, je pense, divers
degrés de vie et de force ; et vous
pourrez, peut-être, me répondre
maintenant : si du moins ma question ne vous
semble pas indiscrète.
Le
Lecteur. Je vous avouerai que je trouve
quelque embarras à vous
répondre ; et pour que je le fasse plus
sûrement, veuillez me dire ce que vous
entendez par la bonne et par la mauvaise
santé d'une âme.
L'Auteur.
Je suis
surpris que vous me fassiez cette question ;
car vous devriez savoir qu'une âme se porte
bien lorsqu'elle possède la vie de Dieu en
abondance, et qu'elle se porte d'autant plus mal,
qu'elle est plus privée de cette
vie.
Le
Lecteur. Mais toutes les âmes
n'ont-elles pas la vie de Dieu, puisqu'elles sont
des esprits ?
L'Auteur.
Les
démons sont aussi des esprits : ont-ils
pour cela la vie de Dieu ?
Le
Lecteur. Non sûrement pas. Mais
nos âmes ne sont pas semblables aux esprits
de ténèbres ?
L'Auteur.
Dieu dit
pourtant, et vous savez qu'il ne se trompe pas, que tous les
hommes sont, de leur nature, enfants de
colère, sous la puissance du prince des
démons, qui asservit leurs âmes,
tellement qu'elles font sa volonté, et que,
loin d'avoir la vie, elles sont mortes dans leur
mauvais train.
(Eph.
II, 1-3. Rom.
VI, 16-21, etc.)
Le
Lecteur. Cela me parait bien fort ;
mais enfin, puisque Dieu le dit, je ne puis que
l'admettre.... Je vous demanderai, cependant, s'il
en est ainsi de tous les hommes, même de
ceux, par exemple, qui, à quelque
supériorité d'esprit et de sentiment,
unissent une conduite vertueuse. Doivent-ils
être assimilés à la lie des
nations, ou aux profanes et aux
impies ?
L'Auteur.
Certainement
pas, quant à ce monde ; car Dieu promet
les bénédictions de cette terre
à quiconque, sur la terre, observe la
justice. Mais si l'honnête homme recueille
ici-bas le fruit de son intégrité, et
si le Conservateur du genre humain le fait
prospérer en proportion qu'il s'attache au
bien, cette intégrité humaine,
cependant, n'efface pas les péchés
divers que l'âme de cet homme a commis, et
ces péchés ne peuvent s'associer
à la vie de Dieu ; car le salaire du
péché c'est la mort ; et
l'âme qui a péché, mourra.
(Rom.
VI, 23. Gen.
Il, 17. Jacq.
I, 15. Ezéch.
XVIII, 4, 20.)
Le
Lecteur. C'est-à-dire, n'est-ce
pas, qu'il faudrait qu'une âme n'eût
pas péché, pour qu'elle eût la
vie de Dieu ?
L'Auteur.
Si une
âme était sans péché,
elle ne serait pas dans la mort ; mais pour
cela elle n'aurait pas la vie
éternelle. Adam fat fait en âme
vivante ; mais cependant il était
terrestre. La vie éternelle est en Dieu, et
en lui seul. Cette vie-là est la seule
véritable.
Le
Lecteur. Si cela est ainsi, il faut
qu'une âme soit unie à Dieu, pour
qu'elle ait la vie véritable ?
L'Auteur.
C'est ce que
Dieu déclare dans toute sa Parole. où
il représente les nations du monde comme
étant séparées de Dieu et de
sa vie, et où il dit que les hommes qui ont
la vie, l'ont en lui, et par leur communion avec
lui.
(Eph.
IV, 18 ; II,
12. Col.
III, 3. 1
Jean I, 1, 3.)
Le
Lecteur. Mais, je vous prie, comment un
homme peut-il ainsi s'unir à
Dieu ?
L'Auteur.
Ce n'est pas
l'homme qui s'unit à Dieu ; c'est Dieu
qui, par sa grâce, descend
jusqu'à l'homme et s'unit à
lui.
Le
Lecteur. Où et comment, s'il vous
plaît ? Car je désire le
connaître, afin que je sache si j'en puis
jouir.
L'Auteur.
Le Fils de
Dieu, Jésus-Christ, est venu du sein de son
Père. Il est le vrai Dieu et la vie
éternelle, et il est un avec le
Père. L'homme qui est uni à
Jésus est uni à Dieu, et l'âme
de cet homme a la vie véritable.
(1
Jean V, 20 ; Jean
X, 30 ; 1
Jean V, 12.)
Le
Lecteur. Ainsi donc, si mon âme
était unie à Jésus, elle
serait vivante de la vie
éternelle ?
L'Auteur.
C'est la
promesse même de Dieu. Qui a le Fils, a la
vie, dit-il expressément ;
(1
Jean V, 12, ) et cette
âme-là est passée de la mort
à la vie : elle a la vie
éternelle et elle ne mourra jamais.
(Jean
VI, 47 ; V,
24 ; XI,
25, 26.)
Le
Lecteur. Cela étant, dites-moi,
je vous prie, ce que c'est
qu'avoir le Fils, puisque, si je l'ai, j'aurai la
vie éternelle.
L'Auteur.
Dieu dit que
celui-là a le Fils, qui croit en
son nom.
(Jean
I, 12.) Or voici ce que c'est
que croire au Nom du Fils de Dieu. C'est croire,
avec sincérité, que
Jésus-Christ, qui, selon sa nature humaine,
est né de la Vierge Marie, est Dieu manifesté en chair ;
le Fils
même du Père, venu du ciel, et uni
à notre nature humaine.
C'est croire aussi que
Jésus-Christ à été
donné de Dieu pour être Prince et
Sauveur, qu'il a racheté son église
par le sacrifice de lui-même, et que Dieu l'a
ressuscité d'entre les morts.
Enfin, c'est le croire avec confiance,
en unissant à Jésus son coeur, par la
foi.
Le
Lecteur. C'est donc recevoir
Jésus dans mon coeur, par la foi, comme le
vrai Fils de Dieu, et comme le Sauveur
ressuscité et glorifié ?
L'Auteur.
Si une
âme croit sincèrement ce que vous
venez d'exprimer, Dieu dit qu'elle a reçu
Jésus et qu'elle a la vie
éternelle.
Le
Lecteur. Il faut donc que je pense
sérieusement à ces choses : car
elles sont essentielles, puisqu'elles sont la vie,
la vie éternelle, la vie même de
Dieu.
L'Auteur.
C'est au
Saint-Esprit à vous les enseigner par la
parole de vérité. Lisez donc cette
parole, afin qu'en la croyant vous ayez la vie, et
qu'ainsi Dieu vous donne de vous bien porter
dans votre âme, encore plus que dans
votre corps.
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |