Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DIDIER LE VAGABOND.

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Ce Didier, qui avait douze ans, était fils d'un aubergiste de village.
Cet aubergiste était un homme sans religion, un buveur et un jureur, le camarade et l'ami de tous les moqueurs de l'endroit.

La Sainte-Bible n'était pas dans sa maison. Jamais il ne priait; jamais il n'allait à l'église; et le dimanche était pour lui comme tout autre jour. Il vendait, achetait, buvait, jouait et se querellait ce jour-là, tout comme s'il n'y eût jamais eu de Quatrième Commandement, et que jamais Dieu n'eût prononcé, « que les ivrognes, les menteurs, les impurs et les profanes n'hériteront pas le royaume des cieux. » (1 Cor. VI, 10.)

Il n'est pas nécessaire de dire qu'un tel méchant n'avait pas conduit sa maison dans la crainte du Seigneur.
Il était veuf. Sa femme était morte de chagrin, et Didier était son seul enfant.

Didier avait bien été envoyé à l'école, du vivant de sa mère, et il y avait appris à lire. Mais dès que sa mère fut morte, son père le garda à la maison, disant qu'il l'instruirait lui-même; ce dont il ne s'inquiéta jamais.
Didier grandit sans rien apprendre de plus, si ce n'est un peu d'écriture pour tenir note des vivres que prenaient les chalands. Du reste il était employé dans le cabaret, ou à porter le vin, on à laver les verres et les assiettes, ou bien à relever les quilles des joueurs.

On peut penser ce qu'entendait ce malheureux enfant ! Ce n'était que jurements, blasphèmes, paroles malhonnêtes, propos impies ou iniques, tant que durait le jour ; et Didier trouvait son plaisir à les répéter et à rire avec les profanes qui les proféraient.

Qu'en arriva-t-il ? Didier n'avait pas encore douze ans, qu'il était déjà regardé comme le plus mauvais sujet du pays.
C'était un menteur, un paresseux, un joueur, un voleur, en un mot un vaurien, dans toute la force du terme.
Vous l'auriez entendu répondre avec audace à son père, lui rire au nez et refuser d'obéir à ses ordres.
Il avait bien été corrigé quelques bonnes fois; mais finalement il s'était moqué et des réprimandes et des coups; il avait même pris le parti de s'absenter de la maison, quand il savait que quelque châtiment l'y attendait.
Aussi était-il la honte du village, où il n'était connu que sous le nom du vagabond.

L'aubergiste sentit enfin que son fils, s'il continuait à suivre un tel train, finirait par la potence, et il songea sérieusement à le retirer de son désordre.
Mais comment s'y prit-il? Il lui signifia d'abord que, s'il ne travaillait pas, il serait battu, et qu'il n'aurait rien à manger. Didier se moqua de la menace, et il vola la nourriture qu'on lui refusait.
Le père s'aperçut du vol, et Didier fut puni par deux jours de prison dans le caveau, où il ne reçut qu'un morceau de vieux pain, et un pot d'eau toute pure.

Cette punition parut faire quelque effet sur le vagabond. Il se conduisit moins mal pendant environ une semaine; mais le jeudi suivant il s'échappa de la maison, de grand matin, et courut à la ville, où il y avait une revue; et il s'y tint tout le jour parmi les polissons et les joueurs.
L'aubergiste attendait son fils sur la route. Il le saisit par le bras au détour du chemin, et il le battit tellement, que le malheureux coupable resta sur la terre, sans pouvoir gagner la maison, où le vieux Gérard, le vannier du village, le ramena, ou plutôt le porta.

Toute la semaine suivante, le vagabond fut ou au lit, ou sur un banc, devant la maison : tant il avait été meurtri par la correction du jeudi soir.
Le pauvre Didier, avons-nous dit, n'avait point de mère. Ah! c'est un bien grand malheur pour des enfants, lorsque Dieu leur retire leur mère ! Il n'y avait donc personne dans l'auberge qui cherchât à attendrir le coeur du père, ni à ramener Didier à de meilleurs sentiments.
Tout ce qu'on faisait, c'était de lui dire, en se moquant de lui, qu'il payait cher ses vagabondages, et qu'il n'avait que ce qu'il avait mérité.
Cependant, à côté de l'auberge, demeurait une honnête et pieuse femme, nommée Madeleine. Son mari était marchand forain, et elle demeurait toute l'année au village, où elle gagnait quelque peu d'argent en faisant des dentelles.

Cette chrétienne avait une fille de l'âge de Didier, et qui se nommait Jeannette.
Mais comme cette fille avait été élevée autrement que le fils de l'aubergiste!
Dès sa plus tendre enfance, ses parents lui avaient appris à connaître, et à servir Dieu, comme la Sainte Bible l'enseigne. Elle avait été habituée à la prière et aux dévotions de la famille, aussi bien qu'à celles de l'église.
Quand la petite Jeannette faisait quelque chose de mal, sa bonne maman avait bien soin de lui rappeler qu'elle l'avait fait devant Dieu, et que, par-là, elle avait désobéi au saint commandement du Sauveur, qui veut que les enfants soient soumis à leurs parents, et qu'ils soient doux, laborieux et véridiques.
Quelquefois Jeannette avait été corrigée. Mais ses parents l'avaient châtiée devant Dieu; non point par colère, ni par dépit, mais avec pitié, et pour obéir à l'ordre de l'Éternel qui dit: « N'écarte point du jeune enfant la correction. Quand tu l'auras frappé de la verge, il n'en mourra pas, et tu délivreras son âme de la mort. Il (Prov. XXIII, 13, 14.)
De telles corrections avaient été bénies de Celui qui les a ordonnées; et Jeannette, au sortir de l'enfance, était la jeune fille la plus soumise, la plus laborieuse, et surtout la plus pieuse de toutes celles de son village.

Jamais on ne l'avait vue avec ces petites filles légères, dissipées et moqueuses, dont on entend la voix et les cris dans les rues et les chemins, et qui ne pensent pas que la modestie et la retenue soient entre leurs premiers devoirs.
Jeannette vivait paisiblement avec ses parents, et ne quittait pas sa mère, à qui cette chère enfant rendait tous les soins possibles.
C'était elle qui tenait les meubles en ordre, qui nettoyait les ustensiles, qui apportait l'eau et le bois, qui allait chez le boulanger et chez les divers marchands. C'était aussi Jeannette qui faisait toutes les commissions de sa mère; qui allait montrer les dentelles dans les maisons, et qui rapportait au logis ou bien les commandes d'ouvrage, ou bien l'argent des petites ventes qu'elle avait faites.
Dans tout cela, Jeannette montrait la plus grande intelligence, et une fidélité parfaite. Ce qu'elle faisait était toujours fait promptement et avec droiture.

D'où venaient toutes ces qualités à un enfant si jeune ? De la bénédiction de Dieu qui reposait sur cette pieuse fille. La Sainte-Écriture dit que « toutes choses prospéraient entre les mains de Joseph, parce que l'Éternel était avec lui. »(Gen. XXXIX, 3.)
Il en était de même de Jeannette ; aussi sa conduite et sa vie étaient-elles bien différentes de celles du vagabond, qui était, selon le langage de l'Écriture, « comme la mer en tourmente, quand elle ne peut s'apaiser, et que ses eaux jettent au-dehors de la bourbe et du limon. » (Esaïe LVII, 20.)

Voyez donc bien, vous qui lisez cette utile histoire, quelle grande différence « il y a entre le juste et le méchant; entre celui qui sert Dieu, et celui qui ne l'a point servi. » (Malachie III, 18). Comparez l'éducation de Didier avec celle de Jeannette, et jugez droitement. Laquelle des deux fut la meilleure ? Celle où Jésus, le Sauveur, n'était pas même nommé, ou bien celle où l'enfant avait été élevé sous le joug du Fils de Dieu?

Madeleine était justement chez elle le premier jour auquel Didier put sortir de la maison, après le terrible châtiment qu'il avait reçu le jour de la revue.
Le malheureux vagabond, pâle et défait, s'était assis au soleil, sur le banc qui était près de la porte de l'auberge.
Madeleine l'aperçut, et sortit pour lui parler. Elle vint donc s'asseoir près de lui, et, avec une grande douceur, elle lui demanda comment il se trouvait.
Didier ne voulut rien lui répondre. Il fit la moue et détourna la tête.
Madeleine ne se rebuta pas, et par plusieurs questions, elle l'engagea enfin à lui avouer qu'il était malade des coups qu'il avait reçus de son père.
La bonne voisine essaya alors de lui faire comprendre combien il avait tort de s'échapper de la maison, et quel grand péché c'était dans un enfant, que de se rebeller contre son père.
- Mon père me hait, dit le pauvre Didier, d'une voix sombre : il m'a toujours haï, et il veut me tuer. Mais je me sauverai, et j'irai...

Madeleine fit tout ce qu'elle put pour le calmer, et pour lui ôter la funeste idée qu'il était haï de son père; mais ses sages avis furent vains, et Didier se levant brusquement, rentra dans la maison, sans même la remercier.

Cependant Didier reprit ses forces; mais il les recouvra pour le mal ; et le premier usage qu'il en fit, fut d'aller, avec quelques autres fainéants, piller le verger d'un fermier du voisinage.
Cette criminelle expédition eut lieu un vendredi soir. Didier sortit de la maison par la fenêtre de son cabinet, qui ouvrait dans la cour de l'étable, au-dessus du fumier. Il passa la moitié de la nuit à ce vol, et il rentra dans la chambre par le même chemin, après avoir caché sa part des fruits sous des fagots amoncelés dans la cour.
Mais le lendemain, de grand matin, l'aubergiste ayant besoin de la place où était le bois, vint avec son domestique remuer les fagots, et les transporter ailleurs.
Comme il levait lui-même les derniers, il trouva le sac de pommes et de poires que Didier y avait caché dans la nuit.
- Qu'est-ce que c'est que cela? cria le père, avec d'épouvantables jurements. Encore quelque coquinerie de mon vaurien, de mon damné de fils ! Où est ce drôle-là ?

Le vagabond n'était pas encore habillé. Il s'approcha de sa fenêtre, et levant tout doucement la tête, il vit à travers la vitre son père, qui avait saisi son gros fouet de poste, et qui, d'une main montrait le sac au domestique, et de l'autre agitait le terrible instrument.
Didier comprit qu'il allait être fustigé sans miséricorde, et il se mit à crier, en ouvrant la fenêtre : - Mon père ! mon père! pardonne-moi, pardonne-moi encore cette fois. Je t'en prie, pose ton fouet!

Madeleine qui se trouvait dans son petit pré, de l'autre côté de la haie, avait entendu les menaces du père, et elle entendit aussi les supplications de Didier.
- Mon voisin, dit-elle à l'aubergiste, en s'avançant vers la haie, croyez-moi : n'usez plus de cette horrible sévérité. Vous voyez qu'elle n'a servi qu'à faire de votre fils un méchant.
- Mêlez-vous de votre sage fille, madame ma voisine, répondit l'aubergiste. Je sais, moi, comment on dresse les chiens; et mon coquin de fils ne vaut pas mieux que mon dogue Sifflard.

Madeleine insista, et parvint enfin, à force de bonnes paroles, à obtenir que Didier ne serait pas fouetté ce jour-là, et que son père se contenterait de l'enfermer au caveau.
- À la bonne heure, voisine, dit l'aubergiste. Mais je ne le fais que pour vous montrer que je suis un homme doux et traitable. Va donc, Pierre, dit-il au valet, va mettre ce vaurien dans la cave. Tu lui donneras une miche et une cruche d'eau.
Mais je t'avertis, Didier, ajouta-t-il en criant du côté de la fenêtre de son fils, qu'il n'y aura ni voisin, ni voisine, qui fasse, et qu'à ta première équipée, je jouerai cet air de chasse sur ton dos.

En disant cela, il fit claquer le fouet comme font un postillon, et Didier trembla dans tout son corps.
Pour cette fois Didier fut corrigé, pensera-t-on, ou bien il n'était qu'un fou.

La Sainte-Écriture dit que « le chien revient a ce qu'il a vomi, et que la truie, après avoir été lavée, est retournée se vautrer dans le bourbier. » (2 Pierre II 22.)

Didier aussi revint à sa folie, et voici comment.
Un samedi soir, comme il était occupé à relever les quilles de quelques joueurs, il vit de loin la troupe de ses camarades de pillage qui traversait la prairie.
Un d'eux se détacha de la bande, et, courant du côté de l'auberge, il fit signe à Didier de venir les joindre.
Là-dessus Didier, prenant son mouchoir, fit semblant de saigner du nez, et quitta le jeu de quilles; puis, par un détour du chemin, il joignit ses compagnons d'iniquité, qui l'engagèrent à les suivre, le lendemain de bonne heure, à la fête d'un village voisin, où il devait y avoir des sauteurs, une ménagerie et des marionnettes.
La pensée du fouet de poste vint bien se mêler au projet du vagabond; mais telle est la puissance du péché dans un coeur qui s'en est rendu l'esclave, que rien, ni châtiment, ni souffrance, ne peut retenir le méchant que l'Éternel abandonne à sa méchanceté.

Le lendemain donc, dès la pointe du jour, le vagabond avait déjà rejoint ses camarades, avec lesquels il se rendit au village où la fête avait lieu.

On demandera pourquoi cette fête se donnait ainsi le jour du Seigneur.
Nous répondrons que ce village appartenait à un pays dont les magistrats oubliaient la majesté de Dieu, et la sainteté de ses commandements; qu'il n'y avait presque plus de vraie pitié dans ce pays-là, et que le saint jour de Dieu y était tombé dans le mépris; ce qui est, sûrement, le plus grand des malheurs pour un État. Car si les magistrats ne craignent pas Dieu, comment le peuple, qui suit leur exemple, le craindra-t-il?
Mais, quoique le saint jour du Seigneur fût de la sorte profané par le monde, qui ne connaît point et qui ne sert point Jésus, il ne l'était pas par les enfants de Dieu qui se trouvaient encore dans ce pays-là?

Ni Madeleine et Jeannette, ni le vieux vannier Gérard et sa servante n'eurent même l'idée d'aller à cette fête mondaine. Au contraire, en voyant leurs pauvres voisins se préparer, dès le matin, pour s'y rendre, ils sentirent d'autant plus que le bonheur dont un vrai chrétien jouit, est bien plus pur, bien plus doux et plus solide que ne l'est la joie insensée de ceux qui méprisent Dieu et sa sainte Parole.
Le vagabond employa tout son jour à toutes sortes de polissonneries et de méchancetés : il trompa et vola de petits marchands, pour avoir de quoi manger : il escroqua de l'argent à une jeune fille, qui l'avait prié de lui changer une pièce de trente sous, contre de la menue monnaie; il joua et il tricha tant qu'il put; en un mot, il vécut en scélérat consommé.

Le soir vint. La fête était presque finie, et beaucoup de gens l'avaient déjà quittée. Un des camarades du vagabond lui dit : Ne reviens-tu pas ? C'est tard. - Tout à l'heure, lui répondit Didier. Il faut que je regagne mon enjeu; car je joue de guignon depuis plus d'une heure, et je perds tout.
Un quart d'heure, même une demi-heure se passa, et le camarade impatienté retourna seul.
Didier jouait toujours avec une vraie fureur. Il jurait, il blasphémait, et il perdait encore.
Enfin, vers les neuf heures, il se rappela tout-à-coup les menaces de son père et le terrible fouet de poste.
Il sortit donc de la grange où il jouait, et se mit à courir de toutes ses forces vers le village, où il n'arriva qu'à neuf heures et demie. Tout y était tranquille, et Didier n'aperçut de la lumière qu'à la cure et à l'auberge.

Il est impossible de s'imaginer de quelle crainte le malheureux et coupable enfant fut saisi, en approchant de la maison où le fouet l'attendait. Il s'arrêta devant la porte, et prêta l'oreille. Son père parlait avec emportement, et jurait par l'enfer et par le ciel, qu'il casserait le manche de son fouet sur le dos de son vaurien de fils, au moment où ce misérable-là rentrerait.
Didier eut peur d'ouvrir. Il mit bien la main sur le loquet, mais il n'osa pas le hausser. Ayant donc fait le tour de la maison, il monta sur le fumier qui était sous la fenêtre de son cabinet, dans lequel il s'introduisit, en s'aidant d'une perche qu'il trouva sous sa main. Il y demeura sans bouger, et même sans respirer à son aise.
Cependant le père continuait à crier, et l'orage de sa colère devenait toujours plus fort. Didier tremblait de la tête aux pieds, et ne savait que devenir; car il comprenait bien que, tôt ou tard, son père le découvrirait, et que les coups ne lui seraient pas épargnés.

« Ce que le méchant craint lui arrivera, » dit la Sainte-Écriture. (Prov. X, 24.) Didier n'était pas dans son cabinet depuis dix minutes, qu'il entendit son père qui, en ouvrant la porte du bas de l'escalier, disait en jurant : Mais ce coquin est capable d'être rentré chez lui par la fenêtre. Voyons.

Didier crut mourir de peur, et, s'élançant à la fenêtre, il sauta sur le fumier, traversa le jardin, et franchit la haie avant que son père eût achevé de monter.
Il se trouva donc dans le petit pré de Madeleine, à la fenêtre basse de laquelle on voyait encore de la lumière. Didier, tout étourdi et troublé de sa fuite, s'approcha de cette fenêtre pour y frapper, et pour demander quelque secours à la bonne voisine.

C'était l'heure ou Madeleine lisait la Sainte-Bible, et faisait la prière du soir, avec sa fille Jeannette et la servante du vieux Gérard.
Le Livre de Dieu était ouvert sur la table, devant Madeleine; et au moment où Didier s'approcha de la fenêtre, elle parlait sur ce qu'elle venait de lire.
Didier n'entendit pas ce qu'elle disait, mais il se sentit comme saisi de respect, et il ne heurta pas.
Madeleine et ses deux compagnes firent ensuite leur prière, en se prosternant devant Dieu; après quoi elles s'embrassèrent tendrement, et sortirent de la chambre.
Didier se trouva seul devant la fenêtre. Il était tout ému et comme étonné. Enfin il revint à lui et se demanda ce qu'il devait faire.

La nuit était noire et profonde. On n'entendait aucun bruit, et les portes et les fenêtres étaient bien fermées. Le vagabond repassa donc la haie, et s'approcha tout doucement de la maison de son père, pour voir s'il pourrait rentrer dans son cabinet.
Mais le contrevent de la fenêtre était fermé : tout était partout bien clos et dans le silence. Il n'y avait pas moyen, cette fois-là, de pénétrer dans l'appartement, et Didier n'eut d'autre parti à prendre, que de s'arranger sur un tas de feuilles sèches qui était sous l'appentis, et d'en faire son lit, de moitié avec Sifflard.
Il y dormit un peu, mais d'un sommeil agité, et les étoiles brillaient encore au ciel lorsqu'il se réveilla.
La première chose qu'il fit, fuit de sortir du jardin et de s'éloigner du village; car il redoutait son père encore plus que la veille, et il tremblait de le rencontrer.

C'était le jour du marché de la ville, et Didier savait que son père devait y mener un porc. Il se tint donc an bord du pré, derrière la haie, vers le grand chemin, et tapis comme un renard dans un fossé, il attendit que son père passât.
Le soleil se levait au moment où le bruit d'un char fit espérer à Didier que c'était celui de son père. Il regarda au travers des branches de la haie, et il vit en effet le char bleu de l'auberge sortir du village et s'avancer sur le chemin de la ville.
Mais ce n'était pas le père de Didier qui le conduisait : c'était le domestique.
Le char passa, et Didier tout consterné resta immobile dans son gîte sans savoir quel parti prendre.

Il commençait à avoir faim, et il n'avait rien dans ses poches, pas même un reste de pain sec. D'ailleurs il comprenait bien qu'il lui faudrait enfin rentrer au logis, et que ce ne serait pas impunément qu'il s'y présenterait.
Dans cette inquiétude il s'achemina machinalement jusqu'à la barrière des prairies, vers la grande route, et il s'accouda sur la traverse de bois, rêvant à ce qu'il avait à faire.

Il y avait peu de moments qu'il y était, lorsque Jeannette, la fille de la pieuse Madeleine, vint à passer.
Cette brave et laborieuse enfant tenait un râteau sur son épaule, et se rendait aux prairies, pour y ramasser le foin que les chars pouvaient y avoir perdu, en les traversant.
Jeannette fut un peu surprise de voir Didier à cette place; elle eut même quelque crainte de se trouver ainsi seule avec le vagabond. Mais elle ne montra pas ce qu'elle éprouvait, et lui dit :
- Vous êtes déjà là, Monsieur Didier? C'est bien matin.
Didier. Oui, que j'y suis, et cela ne regarde personne.
Jeannette. Je ne dis pas que vous fassiez mal, Monsieur Didier; seulement je ne croyais pas vous rencontrer ici.
Didier. Et où vas-tu, toi, Jeannette, avec ton râteau ? Peut-on savoir ce que tu veux faire si bon matin ?
Jeannette. Je vais ramasser le foin perdu. Vous savez qu'on a rentré beaucoup d'herbe samedi dernier, et ma mère m'envoie recueillir ce qui sera tombé des chars.
Didier. Mais ce foin est-il à vous ?
Jeannette. Ma mère dit que ce foin qui tombe en chemin, est comme l'épi laissé par le moissonneur, et qui, d'après la Sainte-Bible, appartient aux pauvres du pays.

Didier se tut un moment, puis il ajouta avec plus de douceur : Tu lis donc la Bible, toi, Jeannette ?
Jeannette. C'est bien sûr que je la lis, et tous les jours; mais surtout le saint Dimanche.
Didier. Et que voit-on dans ce gros livre?
Jeannette. Ne l'avez-vous jamais lu, Monsieur Didier? Ne savez-vous donc pas lire?
Didier. Mieux que toi !... mais je ne lis pas toutes sortes de livres.
Jeannette. Monsieur Didier, la Sainte-Bible n'est pas toutes sortes de livres. C'est le saint Livre de l'Éternel-Dieu, qui a fait le ciel et la terre; et c'est la vérité.
Didier. Eh bien! qu'y a-t-il donc dans un si gros livre ?
Jeannette. Il y a l'histoire du monde, depuis qu'il a été créé par l'Éternel. Il y a l'histoire du déluge qui a couvert tout le monde, jusque par-dessus les plus hautes montagnes. Il y a aussi l'histoire du patriarche Abraham et celle d'Isaac, et puis l'histoire de Joseph vendu en Égypte; celle du méchant Pharaon, qui fût noyé dans une mer. Il y a encore l'histoire de Moïse et du mont Sinaï, et surtout celle du roi-prophète David et de Salomon son fils; et puis, pardessus tout, il a l'histoire du Fils de Dieu, qui est Jésus-Christ notre Sauveur; et bien, bien d'autres choses.
Didier. Et qu'est-ce que toutes ces histoires vous apprennent ?
Jeannette. Elles nous apprennent ce que Dieu est, et ce qu'il a fait pour nous, ses créatures ; et surtout, elles nous apprennent que nous sommes des pécheurs et que Jésus, le Fils de Dieu, est le Sauveur de notre âme et de notre corps.
Didier. Suis-je donc perdu, moi, pour qu'il faille que quelqu'un me sauve ?
Jeannette. Mais, Monsieur Didier, vous moquez-vous de moi ? Vous n'êtes pas un ange, Monsieur Didier, et tous les hommes sont des pécheurs.
Didier. Qu'appelles-tu pécheur ?
Jeannette. Mais un pécheur est celui qui ne craint pas Dieu, qui ment, qui vole, qui désobéit à ses parents, qui va avec les buveurs et les joueurs, et qui se moque du saint jour du repos.
Didier. Ah! cela est un pécheur! Dans ce cas, y en a une bonne troupe dans le pays; et peut-être en êtes-vous aussi, mademoiselle Jeannette ?
Jeannette. Je le sais bien, Monsieur Didier. Sûrement que je suis aussi pécheresse que qui que ce soit. Mais.... je sais, par la Sainte-Bible, tout ce que le bon Dieu a fait pour moi.
Didier. Et qu'est-ce que Dieu a fait pour toi, de plus que pour moi? Je serais curieux de le savoir.
Jeannette. Je ne dis pas qu'il ne l'ait pas fait pour vous, Monsieur Didier. Je crois bien qu'il l'a fait pour tous ceux qui le lui demandent.
Didier. Eh bien! qu'est-ce donc qu'il a fait de si bon ?
Jeannette. Il m'a sauvée de l'enfer, Monsieur Didier, par son bien-aimé Fils Jésus, qui est mort sur la croix, et qui a répandu son précieux sang pour laver les péchés de mon âme. Voilà ce que ce bon Dieu a fait; et je le sais, parce que la Sainte Parole de Dieu le dit.
Didier. L'a-t-il fait aussi pour moi, Mademoiselle Jeannette ?
Jeannette. Vous n'avez qu'à lire la Sainte-Bible, Monsieur Didier, et vous verrez bientôt que le Fils de Dieu a fait cela pour de misérables pécheurs tels que nous, et même pour le premier de tous les pécheurs. Mais il faut que j'aille à mon ouvrage; ma mère m'attend pour aller au marché, et le soleil est déjà haut. Adieu donc, Monsieur Didier.

Didier ne répondit rien. Il était tout préoccupé de ce que Jeannette venait de lui dire, et il ruminait dans son esprit ses dernières réponses.
- C'est pourtant vrai, se disait-il, tout en marchant le long du sentier, à quoi sert la vie que je mène ! Je suis plus malheureux qu'un chien. Tant que le jour dure, je suis chagrin et de mauvaise humeur. Il n'y a pas dans le village jusqu'à un petit enfant qui ne me méprise, et qui ne m'insulte. Si je suis à la maison, c'est pour y être ou grondé, ou meurtri de coups; si je vais avec mes camarades, c'est pour jurer, pour mentir, pour voler, et pour faire tout le mal possible. Quelle vie que celle-là!... Tandis que cette Jeannette, qui est de mon âge, a l'air si heureuse ! ... Il n'y avait qu'à voir, hier au soir, quel visage elle montrait pendant que sa mère lui expliquait cette Bible qu'elles aiment tant.... Mais, ajouta-t-il, si je la lisais aussi!.... Oui, je veux aller chez le vieux Gérard... Il m'a offert, il y a quelques jours, de m'en prêter une.... Voyons ce que cela donnera.
À ces mots, Didier courut, en faisant le tour du village, jusqu'à la cabane du vieux vannier, qui demeurait derrière l'église. Il eut bien un peu peur de rencontrer son père, mais enfin il ne l'aperçut pas, et il arriva chez Gérard.

Le vannier était devant sa demeure, et faisait un panier.




- Te voilà, vagabond, dit-il à Didier. Quand te convertiras-tu ?
- C'est pour cela que je viens, répondit Didier, en baissant la tête. Je viens vous demander la Bible que vous m'avez offerte.
- Toi, la Bible! reprit Gérard, tout en sifflant un petit air, Le more changerait-il sa peau et le léopard ses taches ? (Jérém. XIII, 23.)
Didier. Je vous assure cependant que je ne viens que pour cela.
Le vannier. Et d'où t'est venue cette idée, pauvre Didier? L'avais-tu déjà hier dans la nuit, quand tu sautais de ta fenêtre sur le fumier, et que tu errais, comme un loup du soir, dans le pré de Madeleine?
Didier. Vous m'avez donc vu?
Le vannier. Si je t'ai vu ! Et je te réponds bien que je ne t'eusse pas laissé faire tes mauvais tours.
Didier. Mon père l'a-t-il su?
Le vannier. Il l'a su hier, avant qu'il se couchât; et ce matin il l'a vu derrière la haie.

Didier fut confus. Il était comme un voleur pris sur le fait, et la rougeur lui couvrait le visage.
- Te voilà tout honteux, mon camarade, lui dit Gérard, en le regardant à travers les brins de son panier. Cette fois-ci tu ne diras pas que non, et tu connais le fouet de poste.

Didier s'assit sur une pierre et se mit à pleurer.
- Que je suis malheureux! s'écria-t-il. Que je voudrais mourir !
Le vannier. Oui, cela pourrait te convenir, s'il n'y avait point de Bible; mais qu'aimes-tu mieux, Didier, quelques étrivières ici-bas, ou bien la colère de Dieu, toute l'éternité ? Mais enfin, voyons s'il n'y a pas moyen d'arranger tout cela. Qu'as-tu fait ce matin, depuis la pointe du jour?

Didier raconta sa conversation avec Jeannette, et finit en disant au vannier : - Cher M. Gérard, je vous assure que cette fois-ci, c'est tout de bon que je veux changer de conduite.

Le vannier. Est-ce la faim qui te fait dire cela, mon garçon ? Car tu dois avoir le ventre creux depuis hier.
Didier. Oui, j'ai bien faim; mais ce n'est ni la faim, ni le fouet qui me font dire que je veux changer de vie. J'y suis décidé : je suis plus misérable qu'une bête des champs.
Le vannier alla prendre une jatte de lait et un bon morceau de pain, qu'il donna à Didier, en lui disant : - Tiens, Didier, mange de bon coeur ceci que Dieu te donne, et puisque tu veux changer de vie, commence par remercier ce bon Dieu pour cette nourriture qu'il t'accorde.

Didier joignit bien les mains avant de prendre la jatte et le pain, mais il ne sut que dire. Il n'avait jamais prié avant ses repas, et il ne savait pas comment on le faisait.
Gérard vit son embarras, et en ôtant son bonnet, il dit à haute voix:
- Bon Dieu du ciel! qui prends soin même de ce pauvre méchant, veuille lui donner, avec cette nourriture, le pain de vie qui est en Jésus.
- Je veux bien! dit Didier; car il ne sut pas dire Amen ! Puis il mangea de bon appétit.

Pendant qu'il déjeunait, le vieux Gérard lui parla de Dieu et des choses du ciel.
- Tu es à peu près comme un païen, mon pauvre Didier, lui disait-il. Si le saint sacrement du baptême n'était pas sur toi, tu ne serais pas différent de l'enfant d'un idolâtre. À peine sais-tu que tu as une âme à sauver.
Didier. Mais, cher Gérard, de quoi se faut-il donc sauver ?
Le vannier. De la colère à venir, mon fils; de cette terrible colère, de laquelle Dieu punira justement tout péché, au jour qu'il a déterminé pour cela.
Didier. Cela est-il bien sûr ? Croyez-vous vraiment que Dieu punira les méchants ?
Le vannier. Oui, j'en suis sûr; car la Bible dit:
« L'heure viendra à laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l'homme, qui est le Seigneur Jésus, et ils en sortiront, ceux qui auront fait le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de condamnation. » (Jean V, 28, 29.)
Didier. Et sera-ce bien affreux que d'être ainsi condamné ?
Le vannier. « Le méchant est réservé pour le jour de la ruine, pour le jour que les fureurs seront envoyées. » (Job. XXI, 30.) et le Roi lui dira : « Retire-toi de moi, maudit, et va au feu éternel qui est préparé au diable et à ses anges. » (Matth. XXV, 11.) Voilà ce que tu peux lire dans le Livre de Dieu. Et ce livre, Didier,.... m'entends-tu bien ? ce livre est la vérité.
Didier. Cela fait trembler; car enfin, Monsieur Gérard, il n'y aura pas moyen d'échapper!
Le vannier. « Quand le méchant s'enfuirait à l'autre bout de la mer, ou qu'il descendrait dans les cavernes du sépulcre, là même l'oeil de Dieu le verrait, et la main droite de l'Éternel le saisirait. » (Ps. CXXXIX, 9, 10.) C'est encore Dieu qui l'a dit.

Didier baissa les yeux et resta dans le silence. Enfin il dit :

- Je voudrais bien changer de vie; car je ne suis pas heureux, et j'ai peur de mourir.
Le vannier. Ah! pauvre garçon, tu m'as déjà dit cela, il y a quelque temps, quand tu étais malade au lit, après que ton père t'eût si joliment étrillé. Je crains bien encore, Didier, que le fouet de poste ne soit ton maître de sagesse.
Didier. Voilà! vous ne me croyez plus; et c'est bien juste, car je n'ai fait que mentir depuis que je suis au monde; mais je sais bien, moi, que ce n'est pas le fouet qui me fait dire que je voudrais changer de vie.
Le vannier. Est-ce bien sûr, camarade? Là, ta main sur la conscience, dis-moi si, vraiment, tu as envie de t'amender.
Didier. Je ne sais pas ce que signifie le mot amender, mais je puis dire, pour certain, que tout à l'heure, quand mon père m'aura fouetté, et peut-être estropié, j'aurai le même désir, parce que je sens que je l'ai dans le coeur.
Le vannier. Et depuis quand cela t'est-il venu?
Didier. Déjà l'autre jour, quand la bonne voisine Madeleine me parla sur le banc devant la maison; je ne voulus pas avoir l'air d'être touché, mais ce qu'elle me dit me fit impression, et j'y ai souvent pensé.
Mais hier au soir, surtout, quand je l'aie vue ainsi lire tranquillement la Bible, et ensuite prier avec Jeannette et votre servante, cela m'a travaillé l'esprit. Je n'ai fait qu'y penser sur mon lit de feuilles; et ce matin encore j'y rêvais quand j'ai rencontré Jeannette, dont la conversation m'a tout-à-fait déterminé. Croyez-moi donc, cher Monsieur Gérard, quand je vous dis que je veux changer de conduite. Oui, en vérité, j'en ai bien envie.

Le vannier tendit la main à Didier et lui dit:
- Eh bien! mon brave ami, je te crois. Tiens, voilà ma main que je te donne en signe de confiance. Puisque c'est comme cela, puisque Dieu te retourne vers lui, ce ne sera pas moi qui te retiendrai. Va, sois tranquille; tu me trouveras maintenant comme ton ami, et je te le dis, cher Didier, comme ton vrai père.
Attends-moi ici : occupe-toi à m'écorcer cet osier, pendant que je vais chez ton père. Je ne m'arrêterai pas.

Il sembla à Didier qu'un rocher lui était ôté de dessus le coeur. Il se mit à travailler en sifflant, ce qu'il n'avait pas fait depuis plus d'une année.
Le vieux Gérard revint. Il était content, et du plus loin qu'il vit Didier, il lui dit :
- On a caché le fouet; tu peux revenir, et n'aie peur de rien: ton père te recevra de bon coeur.

Didier sauta au cou de son vieux ami, et, tout en pleurant, il le remercia de sa grande bonté.

- De plus, dit le vannier, j'ai obtenu de ton père que tu viennes ici, chez moi, chaque jour, deux heures le matin et deux heures l'après-midi, pour que je t'enseigne mon métier; et que le dimanche tu ne serves plus à l'auberge. As-tu compris, Didier? Dis, cela ne te fait-il point peur?

Didier l'embrassa de nouveau, plein de joie, et lui dit - Papa Gérard, viendrai-je cette après-midi?
- Sans doute, mon garçon; je t'attendrai à une heure précise: Va seulement chez ton père, et tâche de lui obéir. S'il te gronde, rappelle-toi que tu l'as mérité, et humilie-toi.

Didier partit en courant. Gérard le rappela, et lui cria : - Dis-donc, Didier ! comment t'appellera-t-on à présent : Sera-ce le vagabond ou le laborieux?
Didier lui répondit : - vous verrez cela dans quelques jours ; et il disparut.

Eh bien ! ce fut le laborieux qu'on l'appela. Oui, ce pauvre Didier fut tellement changé, par la bénédiction que Dieu mit sur les avis et les sages leçons du vieux vannier, que déjà, au bout d'un mois, on ne le reconnaissait plus.
Chaque jour il devint de plus en plus assidu à son travail, propre et rangé sur sa personne, doux dans son langage, et régulier dans le service de la maison.

Comment put se faire un tel changement? Par l'emploi du moyen que Dieu a lui-même établi, et dont il bénit l'usage, c'est-à-dire par la Sainte-Bible.
Le vieux vannier la lisait chaque jour avec Didier, et lui en faisait apprendre quelques versets, que Didier récitait le lendemain.

Tout en travaillant, Gérard questionnait Didier, et lui expliquait les Écritures. Le dimanche, surtout, s'occupait de lui particulièrement, et lui parlait plus au long de l'amour du Père céleste, qui a donné Jésus pour Sauveur aux malheureux pécheurs, et aux enfants, aussi bien qu'aux personnes âgées.

Gérard priait souvent à haute voix avec son fils Didier, et il était très-fidèle à le reprendre de ses fautes; mais il le faisait toujours d'après la Sainte Bible, et en lui montrant dans ce Livre de vie l'exemple de tel ou tel enfant de Dieu, qui avait fait le bien opposé au mal que faisait encore Didier.

La bonne Madeleine s'intéressa aussi beaucoup à Didier. Elle le reçu assez souvent à son culte du soir, et elle lui prêta de petits traités, écrits pour les enfants, dans lesquels Didier vit toujours plus que le vice est maudit de Dieu, et que le Sauveur Jésus est l'ami, le véritable ami de tous ceux qui croient en lui, et qui se chargent de son joug.

Ce fut ainsi que la vérité de Dieu, la sainte et puissante Parole de l'Éternel, changea le coeur de celui que l'exemple des impies avait rendu le plus méchant et le plus corrompu des enfants.
Didier avait été surnommé le vagabond, quand il se joignait aux vagabonds; mais dès que la Sainte Bible fut connue de ce méchant, il abandonna ses vicieux et pervers amis, il repoussa leurs invitations, et il refusa de les suivre.

Les méchants s'étonnèrent de son changement. Ils se moquèrent de lui et l'insultèrent devant tout le village; mais les bons, les enfants de Dieu, les vrais disciples de Jésus-Christ, accueillirent Didier comme leur ami, et chacun d'eux en le voyant passer disait :
- Voilà celui qui, lorsqu'il méprisait la Bible, était un vagabond déhonté, mais qui, maintenant qu'il la lit et qu'il aime la Parole de Dieu, est un honnête et laborieux jeune homme. Oh ! quel beau changement la grâce du Seigneur a fait dans le pauvre vagabond!


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