Demain matin, à six heures. N'y manquez
pas! C'était Lucien qui rappelait ainsi au
vieux Antoine, le domestique de son père, la
demande qu'il lui avait faite de le
réveiller de bonne heure.
Antoine répondit qu'il le
ferait; mais il hochait la tête, tout en
descendant à l'office, et il se disait
à lui-même : - M. Lucien ne sera pas
plus diligent demain que ce matin, que hier et
qu'avant-hier.
Six heures sonnaient à la
pendule de l'antichambre, lorsqu'Antoine ouvrit la
porte du cabinet de Lucien. Il s'approcha de son
lit, en tira les rideaux, et dit à l'enfant
que l'heure où il voulait se lever
était sonnée.
- Bien obligé! dit Lucien,
sans ouvrir les yeux. Antoine ressortit; Lucien se
rendormit, et à huit heures, quand la
famille se rassembla pour la prière, Lucien
ne parut pas. Enfin il arriva, tout honteux, au
moment où le déjeuner
commençait, et il ne put que rougir quand
son père lui demanda pourquoi il descendait
si tard.
- Encore de la paresse! lui dit
sa
mère, à côté de laquelle
il se plaçait à table. Vous m'aviez
cependant promis d'être au travail, ce matin,
avant sept heures.
Lucien ne put rien répondre;
il déjeuna tristement, et il dut,
immédiatement après le repas, se
mettre à étudier, afin d'être
prêt pour l'arrivée de l'un de ses
maîtres.
En traversant l'antichambre, il
passa devant Antoine, et il rougit encore. Son
maître arriva, mais il trouva que les devoirs
de Lucien avaient été faits avec
négligence; l'écriture en
était mauvaise, l'orthographe fautive, et de
grossières erreurs y abondaient.
- Vous avez été mal
disposé, Monsieur Lucien, dit le
maître. Votre travail, vous le voyez, est
très-mauvais, et ce n'est pas la
première fois.
Lucien essaya de se disculper,
il
promit aussi d'être plus
diligent et plus soigneux; et cependant l'heure de
la leçon se perdit, presque en entier, dans
ses distractions ou sa mauvaise humeur.
- Vous causez une dépense
inutile à votre père, lui dit son
maître. La leçon est terminée,
et vous avez à peine appris trois mots,
malgré toute la peine que je viens de
prendre.
Lucien fut frappé de cette
réprimande; et quand le maître l'eut
quitté, il se dit à lui-même
combien il avait tort, en effet, de profiter si peu
des leçons que son père lui faisait
donner.
- Ce bon papa, disait-il avec
douleur, se fatigue à travailler et s'impose
plusieurs sacrifices, afin de me fournir, à
moi et à mes soeurs, toutes sortes de moyens
d'instruction, et voilà que je passe,
presque toujours, les heures de mes leçons
dans la mollesse et l'insouciance !
Misérable que je suis ! je trompe ainsi mon
père, et je ne me soucie ni de sa
bonté, ni de sa peine! Allons ! allons !
dit-il en ouvrant ses livres, il faut absolument
que je change. Demain, oui, j'en prends la ferme
résolution, dès demain je serai
à l'ouvrage à la pointe du jour, et
pour cette heure-ci, je ne bouge pas de ma table et
de mes livres que je n'aie fini tout mon travail.
Dans ce moment on entendit dans
la
rue le bruit d'un fifre et d'un tambour qu'on
frappait en cadence. Lucien sauta vers la
fenêtre, hors de laquelle il se jeta presque,
pour voir ce qui se passait.
C'était un chameau qu'on
promenait, et que suivaient quelques enfants, qui
s'amusaient beaucoup des gambades et des grimaces
de deux petits singes, grimpés sur le dos du
chameau.
C'eût bien été
assez pour un enfant sage et modéré,
que de regarder quelques moments ces animaux; mais
Lucien se laissait toujours aller à ses
premiers désirs 1 et toute une demi-heure
s'écoula avant qu'il eût même la
pensée de quitter la fenêtre pour
reprendre son étude.
- Tu perds ton temps ! lui dit
Caroline, sa soeur aînée, qui avait
dû entrer dans la chambre, après avoir
inutilement frappé plusieurs fois à
sa porte. Lucien! tu oublies que le temps est un
dépôt dont tu dois rendre compte; et
notre maître de dessin viendra avant que tu
aies fini, ou peut-être même
commencé, ce qu'il t'a dit de
préparer dans ton paysage.
- Tu as raison, répondit
Lucien en se retournant. En vérité,
je suis un grand sot, et je te remercie
d'être venue m'avertir.
- Je t'ai vu à la
fenêtre, en rentrant à la maison, lui
dit sa soeur, et j'ai bien pensé que mon
pauvre Lucien faisait aujourd'hui comme hier :
qu'il oubliait que l'instruction s'acquiert par le
travail, et jamais par l'indolence.
- Cette chère Caroline a bien
raison, répétait Lucien, quand sa
soeur fut partie, et en trempant sa plume dans son
écritoire. Oui vraiment, je suis un sot, et
si je demeure un ignorant, ce sera bien ma
faute.
Cela dit., Lucien travailla, et
de
bon courage, pendant le reste de l'heure. Il prit
ensuite son dessin, et comme il y mit de la
volonté et de l'application, il
réussit assez bien; en sorte qu'il descendit
à la leçon avec une sorte de
gaîté qu'on lui voyait
rarement.
- Ce n'est point mal! dit le
maître. Voilà qui est
légèrement touché. Bien,
Monsieur Lucien : si vous continuez ainsi, vous
pourrez bientôt dessiner d'après
nature.
- Eh bien! Lucien, lui dit sa
jeune
soeur Ella, qui le rencontra dans le jardin
à l'heure de la récréation, on
dit que tu vas devenir un grand
dessinateur.
C'était une parole bien
convenable que celle-là; et supposé
même qu'Ella y eut mis un peu de malice, elle ne
méritait
certainement pas que son frère en fût
irrité.
Mais le pauvre Lucien était
sujet à l'impatience; et quoique, bien
souvent déjà, il eût pris la
résolution arrêté et solennelle
de se corriger et de se montrer débonnaire,
il s'en fallait de beaucoup qu'il eût acquis
cette douceur sans laquelle les qualités les
plus aimables ne sont d'aucun prix dans une
famille.
- Mêle-toi de tes propres
talents ! répondit-il à Ella, du ton
le plus bourru, et en la repoussant rudement de la
main.
Ella, qui ne s'attendait point
à un tel traitement, fut renversée,
et en tombant contre un buisson, elle y
déchira une broderie à laquelle elle
travaillait, tout en se promenant.
Lucien fut désolé de
ce qu'il venait de faire. Il releva sa soeur, et,
en pleurant de chagrin, il lui demanda pardon, et
lui dit qu'il lui achèterait une broderie
à son choix, chez la meilleure
ouvrière.
- Ma broderie n'est rien, lui
dit
Ella avec bonté, mais ce qui me fait
beaucoup de peine, mon frère, c'est que tu
sois toujours aussi impatient, et toujours aussi
brusque et emporté.
- Je t'assure, reprit Lucien, en
pleurant et en caressant sa
soeur, que je t'aime beaucoup; oui, ma chère
Ella, beaucoup. Je suis tout affligé de
t'avoir ainsi repoussée; je ne sais
pourquoi, j'ai beau chercher à me vaincre et
à devenir plus doux, c'est toujours en
vain.
La cloche du dîner se fit
entendre, et ce ne fut sans quelque crainte que
Lucien parut devant son père : car il
l'avait aperçu près de la
fenêtre du salon, au moment où il
venait de repousser Ella, et il s'attendait
à une réprimande.
Mais Ella, qui avait aussi vu
son
père, avait couru auprès de lui, et
par toutes sortes de bonnes paroles, et en
répétant combien Lucien était
affligé de sa brusquerie, elle avait obtenu
le pardon de son frère, et la promesse de
son bon papa, qu'il ne reprendrait pas Lucien
devant la famille.
Combien cette bonté, ce
support, cette promptitude à oublier une
offense, et cet amour pour la paix sont des
qualités précieuses ! Ella les
puisait à leur vraie et unique source; car
Ella était ce que la Parole de Dieu nomme un
ami du Sauveur; c'est-à-dire que
non-seulement elle lisait et écoutait les
enseignements du Seigneur, mais que, d'un coeur
docile, elle s'appliquait à les mettre en
pratique. Ah ! bienheureuse est
la famille où les enfants sont ainsi des
amis du Sauveur !
Hélas ! Lucien ne
l'était pas, alors, et il le montra d'une
manière bien fâcheuse, quelques
moments même après la faute qu'il
venait de commettre !
Tant il est vrai que l'enfant
qui ne
se conduit que selon sa propre volonté, ne
marche que de chute en chute.
Lucien, selon sa mauvaise
habitude,
mangeait trop vite et gloutonnement.
- Mangez plus proprement et avec
moins d'avidité, lui dit sa
mère.
- J'ai faim ! répondit Lucien
à voix basse, car je n'ai presque rien pris
au déjeuner.
- Lucien! lui dit son père,
vous oubliez à qui vous répondez de
la sorte. Écoutez votre mère et lui
obéissez.
Lucien fit la moue, et, par
opiniâtreté, il se remplit la bouche
de pain, en tenant la tête basse.
- Vous quitterez donc la table,
Lucien ! puisque vous refusez d'y être
repris, lui dit son père. Allez à
votre chambre, d'où vous ne sortirez pas du
reste de la journée.
- Papa ! dit Caroline avec
respect,
c'est ce soir que vous nous menez
voir le coucher du soleil, du haut de la colline :
veuillez n'en pas priver Lucien.
- Lucien a manqué de respect
à ses parents, répondit le
père : il ira donc dans sa chambre,
où je prie Dieu de lui faire sentir enfin
combien sa conduite est blâmable, et en
même temps de quel chagrin il remplit le
coeur d'un père et d'une mère qu'il
pourrait si facilement rendre heureux.
On peut comprendre quel fut
l'ennui
du pauvre Lucien, lorsqu'il se vit ainsi
enfermé, et qu'en repassant en son esprit sa
conduite, il lui fut impossible d'y trouver autre
chose que la plus déplorable ingratitude
envers des parents qu'il avait tant sujet d'aimer
et de révérer.
« - Lors même que mes
parents seraient durs et sévères
à mon égard, se disait-il en
pleurant, toujours devrais-je les honorer et leur
obéir. Mais eux qui sont si bons, si doux,
si bienfaisants, oui, ces mêmes chers parents
ne voient en moi qu'un fils ou insensible et
négligent, ou bien, hélas !
intraitable et rebelle! Oh! que je suis malheureux!
Oh ! que je voudrais changer ! »
Tout en disant ces mots il
gémissait, la tête appuyée sur
le dossier de sa chaise; et ce fut dans cette position
que le trouva le
vieux
Antoine, qui lui apportait, à nuit tombante,
une chandelle et quelque nourriture.
- Vous avez du chagrin, Monsieur
Lucien, dit le vieux serviteur en arrangeant la
mèche de la chandelle. Si j'osais vous en
demander la cause, peut-être Dieu me
donnerait-il pour vous une ou deux paroles de
consolation.
- J'en ai bien besoin, je vous
assure, dit Lucien sans se relever; car je me sens
tout-à-fait malheureux.
- Et si Monsieur voulait bien me
dire ce qui le chagrine si fort, peut-être
pourrais-je lui faire part des remèdes dont
j'ai fait moi-même
l'expérience.
- Je vous remercie, dit Lucien
en
regardant Antoine avec affection; mais je vois bien
qu'il n'y a point de remède à mon
mal. Vous savez vous-même, Antoine, combien
de fois j'ai pris la résolution de me lever
matin, et je vous assure que c'est de bon coeur, et
cependant je me retrouve chaque jour incapable de
le faire... Et puisque vous désirez me
donner de bons avis....
Antoine,
avec respect.
Monsieur Lucien comprend
bien qu'un domestique n'a aucun droit à sa
confidence, et que je dois me
garder d'adresser à Monsieur aucun avis ni
aucune direction; mais comme je suis un ancien
serviteur du père de Monsieur, et que... je
vous ai vu naître, Monsieur Lucien,
peut-être me permettrez-vous....
Lucien,
en
faisant asseoir le domestique. Oui, cher
Antoine, et de bon coeur, je vous prie de me donner
tous les avis que vous croirez utiles. Je ne puis
plus être heureux ainsi. Ce matin j'ai
été négligent avec mon
maître de latin, j'ai été
brusque et emporté envers ma soeur Ella, et
à dîner j'ai manqué de respect
à mes parents.... C'est trop de fautes, et
je ne sais plus que faire.
Antoine.
Permettez-moi
de vous demander, Monsieur Lucien, si vous
êtes vraiment affligé de tout ce mal,
que maintenant vous remarquez dans votre
caractère ?
Lucien était droit et
sincère, et l'on pouvait se reposer sans
crainte sur tout ce qu'il affirmait. Il
témoigna à l'obligeant vieillard
combien il se blâmait dans son coeur de tous
ses défauts, et combien de fois il avait
pris, étant seul dans sa chambre, et
après de longues réflexions, la
résolution d'être laborieux, doux et
complaisant. Il lui dit aussi que tout ce qu'il souhaitait,
c'était de
ressembler à ses soeurs, chez qui, depuis
quelques mois, il s'était fait un si grand
changement; et il termina en disant : « Si
vous connaissez quelque moyen de me rendre
meilleur, dites-le moi, Antoine, afin que je
l'emploie, et dès ce jour. »
- Monsieur Lucien, dit Antoine,
avec
la gravité d'un vieillard, et en même
temps du ton de voix le plus aimable, où
n'est point de sève, là ne vient
aucun fruit.
Lucien.
Que voulez-vous
dire, Antoine ?
Antoine.
Je vous
répète, mon jeune maître, ce
que dit un jour de moi une grande dame, chez
laquelle j'avais accompagné mon père,
qui était jardinier, et que j'aidais
quelquefois dans son travail. Comme vous, Monsieur
Lucien, j'aimais beaucoup mon père; mais
comme vous, aussi, j'étais trop souvent
irréfléchi, et même indocile et
rebelle. J'étais dans le jardin, où
cette dame donnait ses ordres à mon
père; et, comme elle daignait me
témoigner quelque intérêt, elle
s'informa auprès de mon père, de la
manière dont je remplissais mes devoirs. Mon
père répondît selon la
vérité; et alors j'entendis ce peu de
paroles, qui me firent une impression plus profonde
qu'une longue réprimande : « Où
n'est point de sève, dit cette dame, là ne vient
aucun fruit.
» Je n'eus pas besoin d'en demander le sens
à mon père, car je compris bien de
quelle sève j'avais besoin, pour porter les
bons fruits que je ne produisais pas
encore.
Lucien,
avec tristesse. Et c'est elle aussi
qu'il me faudrait avoir. Mais qui me la donnera
?
Antoine,
en
appuyant ses deux bras sur ses genoux, et
enjoignant ses mains. Écoutez-moi
seulement quelques moments, Monsieur Lucien, et
vous saurez où se trouve cette sève
excellente, et de quelle manière vous
l'obtiendrez pour vous-même. Voyez, cher
jeune Monsieur, quelque bonne éducation
qu'un enfant reçoive, toujours demeure-t-il,
quant à son coeur naturel , aussi sec et
aussi dur que les noeuds de ce plancher; et il
serait tout aussi facile de faire produire des
pommes ou des raisins à ce bâton que
vous avez là, que d'attendre de cet enfant
des fruits de vraie sagesse, ou la moindre
puissance pour dompter ses penchants, ou pour
corriger ses défauts.
- Et vous le voyez bien par
vous-même, Monsieur Lucien; car je ne doute
pas de votre ardent et sincère désir
d'être changé, et de devenir tout
aussi aimable que mesdemoiselles vos soeurs.
- Eh bien! interrompit Lucien,
que
faut-il donc que je fasse pour cela ?
Ce que Mesdemoiselles Caroline
et
Ella ont fait elles-mêmes, lorsqu'elles se
sont soumises de tout leur coeur au Saint Fils de
Dieu, le Seigneur Jésus. (Lucien rougit
et baissa la tête.) Oui, Monsieur, c'est
là ce qu'elles ont fait, par la grâce
de Dieu : Mesdemoiselles sont de vrais disciples du
Sauveur, et c'est la Parole de l'Éternel,
Monsieur Lucien, c'est la Sainte Bible qui est leur
lumière et leur force. C'est pour cela
qu'elles marchent d'un pas aussi égal dans
la route de la sagesse.
- Vous croyez donc, Antoine, dit
Lucien à demi-voix et avec beaucoup de
gravité, que si je devenais aussi un vrai
disciple du Sauveur, je serais changé, et
que je ne ferais plus autant de fautes ?
- Cher Monsieur, répondit le
vieux et fidèle serviteur, quels fruits
pensez-vous que soient ceux du Saint-Esprit, de
l'Esprit de Dieu ? Ne sont-ce pas, comme dit
l'Écriture, la charité, la joie, la
paix, un esprit patient, la bonté, la
bénéficence, la
fidélité, la douceur, la
tempérance; en un mot toutes les vertus de
la sainteté ? Si donc, cher Monsieur, le
Saint-Esprit vous est aussi donné....
Lucien,
avec vivacité. Est-ce que mes
soeurs ont reçu le don du
Saint-Esprit?
Antoine.
Dieu le donne
à tous ceux qui sont soumis de coeur au
Seigneur Jésus.
Quiconque croit sincèrement
au Sauveur, reçoit le baptême et le
sceau de l'Esprit de Dieu.
- Mes soeurs ont reçu le don
du Saint-Esprit! répéta Lucien, avec
étonnement, et comme en se parlant à
lui-même. Ah! voilà donc pourquoi
elles sont devenues si sages, si douces, si
complaisantes, et si pieuses aussi! Antoine! je
vous assure que je désire du fond du coeur
de recevoir aussi ce don-là.
- Faites donc ceci, poursuivit
le
sage conseiller, prenez dès ce soir votre
Bible, car vous en avez une: la voilà sur
cette tablette. Oui, dès ce soir, prenez la
Parole du Seigneur, lisez-là et la recevez
dans votre coeur. Cette Parole, vous le savez, vous
parlera du Seigneur Jésus : croyez ce
qu'elle dit de ce tout-puissant Sauveur, et ainsi
approchez votre coeur de Celui qui est venu de
Dieu, et en qui se trouve la vie véritable :
la sève céleste de la sagesse et de
la sainteté.
- Et vous pensez, cher Antoine,
dit
Lucien, en prenant une des mains du respectable
vieillard qui lui parlait, que si
je crois ainsi à au Seigneur Jésus,
je recevrai la force d'être sage et de ne
plus m'abandonner à mon mauvais
naturel?
- C'est la promesse même du
Seigneur, répondit Antoine, en allant
prendre la Bible, qu'il ouvrit, et où il lut
ces mots : « Je vous donnerai un nouveau coeur
dit le Seigneur, l'Éternel; je mettrai au
dedans de vous un esprit nouveau; j'ôterai de
votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai
un coeur de chair, et je mettrai mon Esprit au
dedans de vous, et je ferai que vous marcherez dans
mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances,
et que vous les ferez. » (Ezéchiel
XXXVI, 26, 27.) Cela n'est-il pas bien clair, et
aussi, Monsieur Lucien, bien encourageant
?
Lucien soupira, et ayant pris le
Livre de Dieu, il le posa sur la table, ouvert
à l'endroit même qu'Antoine venait de
lire; puis il dit à l'ami véritable
et fidèle qui lui parlait : - Je ne veux
faire aucune promesse, et je ne veux prendre aucune
résolution; mais je vous dis, Antoine, que
je demande au bon Dieu de me faire lire dans sa
Parole chaque jour, et de tourner tout mon coeur
vers le Sauveur.
- Et bien! dit le vieillard,
avec
une touchante émotion, Monsieur Lucien,
j'ose vous dire, ici, et en présence de ce bon Dieu
qui nous a donné cette Parole de vie, qui le
souhait que vous exprimez vient de lui, oui ! de ce
bon Dieu lui-même, et que vous ne tarderez
pas à voir en vous les fruits excellents de
la sève vivante et sainte que votre coeur
puisera dans la Parole du Seigneur.
Si l'enfant qui vient de lire
cette
histoire, se trouve, à quelque égard,
dans la même situation d'esprit où
Lucien fut si longtemps malheureux, ah! qu'il
écoute aussi les conseils du vieux Antoine,
et qu'il dise aussi avec Lucien : « Je ne fais
aucune promesse, et je ne prends aucune
résolution, mais je demande à Dieu !
au bon Dieu qui nous a donné la Bible, de me
la faire lire chaque jour et de tourner tout mon
coeur vers le Seigneur Jésus! » Et
alors, chez cet enfant aussi, l'on verra de bons
fruits produits par une bonne sève.
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