Louis s'était montré docile aux
avis de son père. Il avait
tout-à-fait renoncé aux livres qui ne
renfermaient rien d'utile; et surtout il avait
donné plus de temps à la lecture de
la Parole de Dieu, qu'il lisait habituellement dans
sa chambre, soit le matin, avant de commencer ses
études, soit le soir, avant que de se
coucher.
Cette lecture attentive du Livre
de
Dieu avait produit chez Louis le désir
sincère d'en bien connaître le sens;
et un jour qu'il se promenait avec son père,
il le pria de lui dire ce qu'était
précisément la Foi.
- Tu me demandes ce qu'est la
Foi,
lui dit son père et pourquoi me fais-tu
cette question ?
Louis fit ce que font souvent
les
enfants qui manquent de simplicité, ou qui
ont de l'orgueil; il ne répondit pas
clairement, de peur d'avoir à rougir devant
son père. Comme si un fils devait jamais
craindre de dire à son père tout ce
qu'il pense, et surtout lorsqu'il s'agit des choses
qui appartiennent au salut!
- Tu ne me réponds pas
nettement, Louis! reprit le père. Crains-tu
de m'ouvrir ton coeur?
Louis sentit qu'il avait eu
tort, et
repoussant tout orgueil, il répondit Je
désire, cher papa, que vous me disiez ce que
c'est précisément que la Foi, afin
que je sache si je l'ai.
Heureux est l'enfant qui a ce
bon
désir, et qui recherche en son coeur s'il a
en effet cette Foi, sans laquelle, dit la Sainte
Écriture « il est impossible de plaire
à Dieu! »
- Je suis bien réjoui, cher
Louis, répondit le père, de
t'entendre exprimer cet excellent désir.
Viens avec moi sous ce berceau ; nous y serons
tranquilles, et tu m'écouteras tout à
ton aise : d'autant plus que voici
déjà quelques gouttes de pluie, qui
nous annoncent une ondée.
Ils étaient à peine
assis, qu'un brillant arc-en-ciel parut devant eux
sur une vaste nuée, et courba dans l'air son
majestueux
ruban
de pourpre, d'or, d'émeraude et
d'azur.
- Regardez, papa, que c'est beau
!
s'écria Louis. Ah! en voici un second; mais
il est plus faible, et les couleurs en sont
renversées. Ne le voyez-vous pas ? Dans
celui-ci le rouge et l'orangé sont là
où dans l'autre se trouvent le bleu et le
violet. Oh! mais comme il pleut vers la montagne !
Quelle masse d'eau! Regardez, papa, on voit les
saules qui se plient sous le poids de ces torrents
du ciel.
Le
père. Crains-tu que le
déluge ne revienne ?
Louis.
Oh! non, puisque
Dieu a promis qu'il ne l'enverrait plus sur la
terre, et qu'il a même dit qu'il en donnait
pour signe cet arc-en-ciel que nous voyons. Mais,
je vous prie, cher papa, dites-moi ce que c'est que
ces belles couleurs, et pourquoi elles s'arrangent
ainsi en rond, au lieu de s'étendre, comme
sur une grande muraille ?
Le
père. Tu ne pourrais me
comprendre, mon enfant, si je t'expliquais, autant
qu'on le connaît, la manière dont ce
brillant phénomène a lieu; tout ce
que je puis te dire, c'est que la lumière du
soleil, qui, tu le vois, frappe cette nuée,
se brise dans les gouttes de la
pluie, et s'y divise en ces riches couleurs qui
charment tes yeux.
Louis remercia son papa, et leur
entretien sur la Foi allait commencer, lorsqu'un
domestique vint dire au père qu'un
étranger demandait à le
voir.
- Vous n'oublierez pas ma
question,
dit Louis à l'oreille de son papa; et
celui-ci lui promit qu'il ne tarderait pas à
reprendre une conversation qui lui faisait le plus
grand plaisir.
Ce bon père reçut et
entretient quelques moments l'étranger, et
quand celui-ci fut parti, il redescendit au jardin
pour répondre à la demande de
Louis.
Comme il passait dans une
chambre
basse, il entendit cet enfant qui disait à
sa plus jeune soeur, en lui montrant l'arc-en-ciel
qui se peignait encore faiblement sur un nuage : -
Sais-tu, Cécile, ce que c'est que ces belles
couleurs qu'on voit là ?
Cécile.
C'est
l'arc-en-ciel. Qui est-ce qui ne le sait
pas.
Louis.
Je te demande si
tu sais comment cela se fait ainsi dans
l'air?
Cécile,
avec
insouciance. Non, je ne le sais pas; ni
toi non plus, je pense ?
Louis.
Oui, je le sais,
et je vais te le dire. C'est la
lumière du soleil qui se brise dans les
gouttes de la pluie qui tombe de ce gros nuage
noir.
Cécile,
en haussant les
épaules. Bah! tu me fais un
conte. Qui voudrait s'imaginer cela? Pour moi je
n'en crois rien.
Louis,
avec
fermeté. Papa l'a dit; et tu
comprends qu'il le sait mieux que nous.
Cécile,
en se rapprochant de
son frère, et en regardant fixement le
nuage. Ah! puisque papa l'a dit, c'est
une chose bien sûre. Mais je ne l'aurais
jamais imaginé. Eh bien! voilà, je le
sais maintenant.
Le papa se montra, Cécile
vint l'embrasser, et il emmena Louis avec lui, pour
reprendre l'entretien sur la Foi; ce qu'il fit en
lui disant : - Je viens d'entendre ce que tu as
répondu à ta petite soeur : penses-tu
qu'elle t'ait cru ?
Louis.
Je ne puis dire
qu'elle m'ait cru, moi, mais elle a cru
certainement ce que je lui ai rapporté de ce
que vous m'aviez dit sur l'arc-en-ciel.
Le
père. Et pourquoi a-t-elle cru ce
que j'avais dit ?
Louis.
Cher papa! vous
demandez pourquoi Cécile a cru ce que vous
dites! Serait-ce possible qu'elle ne le crût
pas ?
Le
père. Il faut donc qu'elle soit
bien sûre de deux choses :
l'une , que je ne puis me tromper; et l'autre, que
je ne trompe pas.
Louis.
Mais, cher papa,
ne savez-vous pas très bien tout ce que vous
nous racontez, et ce que vous nous expliquez ? Et
qui oserait penser que vous ayez jamais dit autre
chose que la pure vérité?
Le
père. Mais il me semble aussi,
Louis, que ta soeur t'a cru, tout aussi bien
qu'elle m'a cru moi, car elle n'a pas douté
que tu ne lui rapportasses ce que j'avais dit sur
l'arc-en-ciel.
Louis.
Ce que
Cécile sait bien aussi que, grâces
à Dieu, je ne mens plus; non, jamais, je
vous assure.
Le
père. Es-tu certain que
Cécile ait cette confiance à ton
égard?
Louis.
Je vais vous en
donner une preuve. Hier, je revenais de chez mon
oncle, qui m'avait donné quelques pastilles,
lorsque je rencontrai Cécile et mon
frère Arthur. Ils me demandèrent
d'où je venais, et je le leur dis; puis
j'ajoutai :
Ouvrez la bouche et fermez les
yeux,
et je vous donnerai quelque chose de bon. Arthur
refusa, en disant qu'il craignait d'être
attrapé; mais Cécile ferma les yeux,
en disant: Pour moi, je crois Louis, parce qu'il
dit toujours la vérité; et elle demeura la bouche
béante, jusqu'à ce que j'y eusse mis
deux pastilles, qu'elle croqua à belles
dents.
Le
père. Tu vois, mon enfant, que la
véracité est une bonne chose, et je
pense qu'Arthur te rendra bientôt sa
confiance, s'il voit que tu as horreur du mensonge.
Mais je te ferai encore une question : Pourquoi
Cécile a-t-elle pu s'exposer à
recevoir ainsi, dans sa bouche, tout ce qu'il
t'eût plu d'y mettre ?
Louis.
Vous le voyez,
cher papa; c'est que je lui avais dit que je
voulais lui donner quelque chose de bon, et qu'elle
a cru que je ne mentais pas.
Le
père. Eh bien ! voyons, cher
enfant : Supposons que je dusse t'envoyer à
cette heure chez ton oncle, et à cheval. Tu
sais que Brillant est quelquefois impatient de
partir, et qu'il t'a causé plus d'un souci,
pendant que tu te mets bien en selle, et que tu
arranges la bride et le filet. Dans ce moment,
tandis que tu es ainsi tout occupé du
cheval, qui serre un peu les oreilles, qui mord le
frein, et qui frappe du pied....
Louis.
Pardon, papa!
mais je vous assure que je n'ai pas envie, alors,
de regarder ce qui se fait derrière
moi.
Le
père. Précisément;
lorsque tu ne t'inquiètes que de ce que tu vois, je
te
dis
: Louis, j'ai mis dans ta poche une orange, que tu
donneras de ma part à ton cousin
César. Tu me réponds : C'est bien,
papa! et tu pars au galop. Tu n'as ni vu ni
touché l'orange : cependant je pense que tu
ne doutes pas qu'elle ne soit dans ta
poche.
Louis.
Je ne crois pas
que j'en fusse plus certain, si ma main l'eût
reçue de la vôtre.
Le
père. Fort bien. Tu arrives donc
chez ton oncle. César accourt à La
rencontre, et, en portant ta main à ta
poche, tu lui dis : « Voici une orange que ton
oncle t'envoie. » Mais point d'orange: tes
deux poches sont vides, et tu n'y trouves rien. Que
diras-tu ? Que penseras-tu dans ton
esprit?
Louis,
après un
moment de réflexion. Je crois, cher papa,
que si la chose arrivait ainsi, je dirais à
César, que j'ai perdu l'orange en galopant,
et que je lui en donnerai une autre.
Le
père, en frappant avec affection sur
l'épaule de Louis. C'est cela,
mon fils! et tu as répondu de toi-même
à ta propre question. C'est là de la
Foi.
Louis.
Quoi! bon papa ?
De croire que vous ne m'avez pas trompé
?
Le
père. De croire un
témoignage, une déclaration ou une
promesse, lorsqu'on est sûr que celui qui a
parlé est véridique, et
lors-même que l'apparence des choses semble
dire le contraire.
Louis.
Je ne comprends
pas bien cela. Ayez la bonté de me
l'expliquer, je vous prie.
Le
père. Tu m'as déjà
fourni trois ou quatre bons exemples de cette
même chose. D'abord, quand je t'ai
demandé, à la vue de cette grosse
pluie, si tu craignais que le déluge ne
revînt, tu m'as dit positivement que cela ne
se pouvait, puisque Dieu a déclaré le
contraire. En répondant ainsi, tu ne
considérais pas l'apparence des choses que
tu voyais, puisque le ciel était noir et
orageux, et que la pluie tombait par torrents sur
la montagne.
Louis.
Ah! je comprends
: je n'ai fait attention, dans ce moment-là,
qu'à la parole que l'Éternel a
prononcée, et je l'ai crue
préférablement à ce que je
voyais devant moi.
Le
père. Ensuite, lorsque je t'ai
répondu que je ne pouvais t'expliquer
comment se forme l'arc-en-ciel, tu as reçu
ce que je t'en ai dit, quoique tu ne le comprisses
pas. De même ta petite soeur a cru qu'il en
est ainsi, sur le simple témoignage que tu
en as donné, comme de ma part.
Louis.
Oui, oui, je vois
toujours mieux que Cécile et moi nous avons
cru ce qui sortait de votre bouche, sans nous
arrêter à vouloir prouver que vous
aviez raison, c'est-à-dire, n'est-ce pas,
que nous vous avons cru sur parole?
Le
père. Précisément.
De plus, et c'est ici que nous allons voir la Foi
d'un petit enfant dans toute sa simplicité,
lorsque tu as dit à Cécile : Ouvre la
bouche, et ferme les yeux.
Louis,
vivement. Et aussi. Nets les mains
derrière le dos.
Le
père. Encore mieux! Quand donc tu
l'as amenée,
1° à fermer les yeux qui
devaient l'avertir du danger;
2° à cacher ses mains,
qui auraient pu le repousser;
3'°et surtout, à tenir
la bouche béante, pour y recevoir même
un poison, tu as vu la Foi la plus implicite,
C'est-à-dire la plus entière,
à ce que tu lui disais.
Louis.
Et tout cela,
papa, parce qu'elle ne se défiait pas de
moi. C'est pourtant vrai! Il fallait qu'elle
eût bien de la confiance en ma
parole!
Le
père. Enfin, Louis, lorsque tu
m'as répondu, à l'occasion de
l'orange, que tu penserais plutôt qu'elle
s'est perdue en chemin, que de supposer, un
instant, que j'eusse pu te
tromper, tu as encore montré de la Foi
à mon égard, puisque, quoique tu
n'eusses ni vu, ni touché le fruit, quand tu
as trouvé tes poches vides, tu y a mis, si
je puis dire, ma parole, à la place de
l'orange, et tu n'as point hésité
à dire : Je suis perdu; car je
l'avais.
Louis.
Je le vois, papa
! La Foi est donc de croire ce que quelqu'un dit,
seulement parce qu'il le dit, et parce qu'on a
confiance en lui; lors même qu'il semblerait
que ce qu'il dit, n'est pas.
Le
père. Tu te rappelles, je pense,
ce que le patriarche Abraham dit à ses
serviteurs, lorsqu'il allait monter, avec son cher
Isaac, la montagne où il devait
égorger ce fils unique, pour le brûler
ensuite sur un autel, jusqu'à ce qu'il
fût en cendres ?
Louis.
Attendez, cher
papa. Ne leur dit-il pas de demeurer au pied du
mont avec l'âne, jusqu'à ce que lui et
l'enfant redescendissent vers eux, après
avoir adoré Dieu sur la montagne
?
Le
père. C'est cela même. Et
penses-tu qu'Abraham fût un
menteur?
Louis.
Un menteur! En
quoi, je vous prie?
Le
père. Il savait qu'il allait
immoler et brûler Isaac, et cependant il
disait à ses serviteurs qu'il redescendrait vers
eux avec
ce
jeune homme. N'était-ce pas les
tromper?
Louis.
C'est singulier!
jamais je n'avais fait attention à cela. En
effet, il semble qu'Abraham dit une chose qu'il ne
pensait pas. Expliquez-moi cela, papa; car je
n'aime pas supposer que ce saint homme ait fait un
mensonge.
Le
père. Écoute bien, et
comprends aujourd'hui ce que c'est que la Foi. Tu
sais que Dieu avait promis à Abraham que, de
la race de ce même fils Isaac, sortirait le
Sauveur de l'Église. Abraham avait cru
sincèrement cette promesse de Dieu. Il
était donc absolument sûr que son fils
Isaac aurait des enfants, et des petits-enfants, et
que de l'un de ses descendants sortirait, selon la
chair, le Messie promis dès le commencement
du monde. Or voici que Dieu donne à Abraham
l'ordre de lui offrir Isaac en holocauste,
c'est-à-dire de le tuer, et de le
brûler sur un autel. Comment cet ordre
peut-il s'accorder avec la promesse que Dieu a
faite, quant à cet Isaac?
Louis.
Je vous assure,
cher papa, que je ne le vois pas; et
déjà cette histoire m'a plus d'une
fois embarrassé. Car enfin, il me semble que
Dieu n'a donné cet ordre que pour badiner,
comme nous disons entre nous
enfants ; et qu'il ne voulait pas réellement
qu'Abraham le crût.
Le
père. Abraham ne le comprit point
ainsi, mon fils; et ton opinion était
très-mauvaise. Dieu est vérité
; et ce qu'il commande, il le veut en effet. Aussi
remarque ce qu'il est dit d'Abraham dans
l'Épître de St-Paul aux
Hébreux, au chapitre XI.
Louis.
Attendez, papa!
je l'ai appris dimanche dernier, et je vais m'en
souvenir.... Voici « Par la foi, Abraham
étant éprouvé, offrit Isaac.
Celui qui avait reçu les promesses, offrit
même son fils unique, ce fils à
l'égard duquel il avait été
dit : En Isaac te sera appelée semence.
Ayant estimé que Dieu le pouvait même
ressusciter des morts. Aussi le recouvra-t-il par
une espèce de
résurrection.»
Le
père. Eh bien! comprends-tu
quelle fut la persuasion d'Abraham ?
Louis.
Ah ! je le vois,
maintenant. Il pensa qu'après qu'il l'aurait
sacrifié et brûlé. sur l'autel,
Dieu le ressusciterait, puisqu'il était
impossible que la promesse que Dieu lui avait
faite, ne s'accomplît pas. Oh! papa! que cela
est beau! Comme Abraham crut Dieu!
Le
père. Tu le vois, cher fils.
Certain qu'il était que Dieu lui avait fait
la promesse, quant à Isaac, et, sachant que Dieu ne
peut ni
se
tromper, ni tromper qui que ce soit, il se dit en
lui-même : « Dieu m'a promis que de la
race d'Isaac naîtra le Rédempteur.
Aujourd'hui Dieu m'ordonne de faire mourir Isaac:
Dieu veut donc le ressusciter, après que je
l'aurai offert en holocauste; car ce qu'a dit Dieu
ne manquera pas d'arriver : il faut donc qu'Isaac
soit ressuscité; et c'est dans cette ferme
assurance que je vais obéir.
»
Louis.
Ceci est tout
nouveau pour moi, cher papa c'est comme si je
lisais cette histoire pour la première fois.
Et, cependant, que de fois ne l'ai-je pas lue et
relue ! Je comprends à présent : la
Foi est donc la ferme croyance, oui, une croyance
du coeur, à tout ce que Dieu dit, quoi que
ce soit qu'il dise ou promette.
Le
père. Oui, mon fils. Ainsi, par
exemple, si un homme est dans un bateau, et que
Dieu lui dise : « Sors du bateau et marche
sans crainte sur les eaux » ; cet homme, s'il
croit Dieu, ne fera pas plus difficulté de
mettre les pieds sur l'onde, que s'il les posait
sur un rocher.
Louis.
Ah ! c'est ce qui
arriva à l'apôtre Pierre, sur le lac
de Génésareth. Oui, je comprends
très-bien.
Le
père. Comme aussi, si des
pêcheurs ont jeté leurs filets pendant
toute une nuit, dans une certaine place, sans y
prendre même un poisson; quoiqu'ils soient
convaincus qu'il n'y a rien dans cette
eau-là, si Dieu leur dit : « Jetez le
filet de nouveau, et vous prendrez plus de poissons
que vous n'en pourrez tirer à vous, »
ils doivent jeter joyeusement le filet, et se
féliciter d'avance de leur bonne
capture.
Louis.
C'est encore
l'histoire des disciples du Seigneur, lorsqu'il
leur apparut, après sa résurrection,
sur le bord du même lac.
Le
père. Je pourrais te rappeler
mille autres récits des Saints Livres, par
exemple tous ceux qui sont indiqués dans ce
même onzième chapitre de
l'Épître aux Hébreux, dont tu
viens de citer un passage; et dans chacune de ces
histoires tu verrais, comme tu le verras en les
lisant avec plus de soin, que la Foi consiste
à croire franchement et de coeur ce que Dieu
dit, et tout ce qu'il dit, sans s'inquiéter
si cela s'accorde ou non avec nos propres
idées, ni même avec ce que nos yeux
voient, et ce que nos oreilles
entendent.
Louis,
après être resté quelques
moments en silence. Dites-moi, bon papa,
comment cela se rapporte-t-il à la Foi qu'il
faut avoir pour être sauvé ?
Le
père. Il n'y a pas deux
espèces de Foi, mon enfant ; il n'y en a
qu'une seule, qui toujours est de croire de coeur,
c'est-à-dire sincèrement et avec
confiance, tout ce que Dieu dit et
promet.
Louis.
Mais j'ai voulu
parler de notre Seigneur Jésus-Christ.
Comment cette même Foi a-t-elle lieu à
son égard ?
Le
père. Dis-moi, Louis, si en
traversant la ville, un jour de marché, nous
voyons un attroupement au milieu de la grande
place, et dans le centre de cette troupe de gens,
un homme, tout ordinaire dans son extérieur,
et n'ayant rien qui le fit remarquer, et que nous
étant approchés, nous l'entendissions
dire à haute voix : - Je suis le Fils de
Dieu : je suis descendu du ciel. Avant qu'Abraham
fût, je suis. Je suis la lumière du
monde et la vie éternelle. Celui qui croit
que je suis venu du Père, ne mourra jamais
;.... Il et d'autres paroles de ce genre, que
penserais-tu de cet homme ?
Louis.
Je dirais que
c'est un fou, qu'il faut enfermer et
guérir.
Le
père. Tu dirais donc ce qui se
répétait dans les rues et les places
de la grande ville de Jérusalem, lorsqu'un
homme, aussi sans apparence, disait précisément les
mêmes paroles que je viens de
prononcer.
Louis.
Et qui
était cet homme-là ?
Le
père. C'était
Jésus, le fils de Marie, femme du
charpentier Joseph. Il était vêtu fort
modestement. Il était apparemment de la
taille de ses concitoyens, et sa personne n'avait
rien qui la rendît remarquable aux yeux des
hommes. C'était cet homme-là qui
disait, soit dans le parvis du temple, soit dans
d'autres lieux publics, et en présence d'une
foule de gens de toute espèce : « Je
suis le Fils de Dieu » et sur cette
déclaration le peuple levait les pierres des
rues pour l'assommer.
Louis.
Mais c'est
qu'aussi, papa, il serait bien difficile de
s'imaginer qu'un simple bourgeois fût plus
qu'un homme, et surtout qu'il fût le Fils
même de Dieu!
Le
père. Et que dirais-tu donc, si
pendant que ce simple bourgeois, comme tu
l'appelles, parlait de la sorte, une brigade de
gendarmes vint le saisir, le conduisît au
tribunal criminel, qu'il y fût sur-le-champ
jugé et condamné à mort, et
qu'on lui tranchât la tête sur
l'échafaud ? Croirais-tu mieux les
dernières paroles qu'il
aurait dites, et devant les juges, et en allant au
supplice et sur le gibet ?
Louis,
en
baissant la fêle et d'une voix
émue. Je comprends, papa ; c'est
ainsi qu'on a fait au Seigneur Jésus. Il
disait en effet : « Je suis le Fils de Dieu,
» et c'est pour cela même qu'il a
été saisi, condamné, et
supplicié... Hélas, cher papa, je
vois bien que si j'eusse été dans ce
temps-là à Jérusalem, j'aurais
peut-être crié avec la multitude :
Ôte, ôte ! crucifie ! parce que je
n'aurais jugé des choses que sur
l'apparence, et selon ma propre
idée.
Le
père. Mais, cher enfant, ce n'est
pas ainsi que tu penses et juges maintenant, quant
au fils de Marie ?
Louis.
Dieu m'en garde !
Ah ! c'est bien le contraire; et je ne suis pas
plus sûr que je suis votre fils, que je ne
suis certain que Jésus est le fils de Dieu,
le Christ, le Sauveur.
Le
père. D'où peux-tu croire
cela, Louis? Car tu n'as pas plus raison de le
croire aujourd'hui, que tu n'aurais eu de le
penser, si tu eusses vu et entendu celui qu'on
appelait « le Galiléen.
»
Louis.
Je ne peux vous
dire d'où cette persuasion
m'est venue : mais je suis sûr que je le
crois, tout aussi certainement que je le lis dans
la Bible.
Le
père. Du moins peux-tu voir que
cette croyance ne t'est pas venue de
toi-même, puisque tu sens que tu eusses dit
tout l'opposé de ce que tu confesses
maintenant, si tu eusses vu Jésus de tes
yeux.
Louis.
Cependant, papa,
il me serait impossible de croire autrement. Oui,
je suis parfaitement sûr que
Jésus-Christ est le Fils de Dieu, le Sauveur
promis au monde, dès le
commencement.
Le
père. Quoi ! tu crois cela de cet
homme qui fut condamné au supplice, qui
portait sa potence, et qui fut cloué au
bois, entre deux autres hommes qui étaient
sous la même sentence de mort ?
Louis.
Oui, papa; je
sens que, même en voyant Jésus ainsi
traité, je crois, et je dis qu'il est le
Fils de Dieu, et Dieu même, manifesté
en chair.
Le
père. Eh bien ! mon fils, si cela
se trouve ainsi dans ton coeur, certainement cette
croyance ne t'est venue ni de toi-même, ni de
moi, ni de qui que ce soit sur la terre, et tu as
cru ce que Dieu dit, sans regarder ni à
l'apparence des choses, ni à tes propres
idées; puisque rien n'est plus opposé
à ce qui se voit et fait dans le monde, que
de dire et de croire, qu'un
homme, et un homme condamné au supplice, est
aussi le Fils de Dieu : qu'il est Dieu-même,
manifesté au monde.
Louis.
C'est bien vrai,
cher papa : cela me frappe dans ce moment; et je
suis comme étonné de croire, et du
fond du coeur, ce que j'aurais appelé une
folie, si je l'eusse vu de mes yeux. Comment cela
s'est-il fait, je vous prie ?
Le
père. Tout homme, qu'il soit
encore enfant, ou qu'il soit plus âgé,
oui, tout homme qui croit de coeur que Jésus
est le Fils de Dieu et le Christ, le Sauveur promis
depuis le commencement du monde, a reçu
cette croyance de Dieu lui-même; et cette
croyance est la Foi.
Louis,
surpris. La Foi ! Est-ce possible ?
Alors papa, tout le monde a la Foi ; car il n'y a
que les Juifs, dans ce pays-ci, qui nient que
Jésus soit le Fils de Dieu !
Le
père. Dis-moi, Louis, m'as-tu
seulement dit, il y a quelques moments, que Dieu a
déclaré qu'il n'y aura plus de
déluge, ou bien l'as-tu cru, et le crois-tu
sincèrement?
Louis.
Je comprends
pourquoi vous demandez cela. Vous voulez dire,
n'est-ce pas, qu'il y a beaucoup
de gens qui disent que Jésus est le Fils de
Dieu, mais que le dire n'est pas le croire
?
Le
père. De plus, remarque que
plusieurs entendent par le mot de Fils de Dieu,
tout autre chose que ce que dit Dieu; car ils
considèrent Jésus-Christ comme une
créature de Dieu, d'un rang supérieur
à toutes les autres, mais non pas tel qu'il
est, savoir le Fils éternel du Père,
Dieu même, au-dessus de toutes choses, bien
éternellement.
Louis.
Est-ce que ces
personnes-là ont aussi la Foi ?
Le
père. Point du tout : elles sont
au contraire les plus grands ennemis de cette Foi,
qu'elles renient et blasphèment.
Louis.
Je suis donc bien
heureux de croire que Jésus-Christ est
réellement le Fils de Dieu, venu du ciel
même et du sein du Père, pour sauver
nos âmes?
Le
père. Cher enfant ! si cette
croyance est réellement dans ton coeur, tu
as reçu de Dieu ce qu'il appelle, « le
don ineffable, » et tu as dès à
présent la vie éternelle.
Louis.
Qu'est-ce que
vous dites, cher et bon papa ? J'ai dès
à présent la vie
éternelle!
Le
père. Ce n'est pas moi qui le dis
: c'est Dieu lui-même; car
il déclare que quiconque croit que
Jésus est le Fils de Dieu, le
Christ-Sauveur, a la vie
éternelle.
Louis garde le silence, et
paraît réfléchir
attentivement.
Le
père. Que cherches-tu dans ton
esprit, mon fils?
Louis.
J'avais toujours
cru qu'avant de pouvoir être sûr qu'on
a la Foi, il fallait avoir vu un grand changement
dans sa conduite.
Le
père. Ce changement dont tu
parles, qui est la sainteté de la vie, se
trouve toujours dans un coeur où se trouve
la Foi : c'est-à-dire que personne n'a la
Foi, sans avoir aussi le désir
sincère d'être saint comme Dieu, et de
lui ressembler en toutes choses: mais de même
qu'Abraham crut la promesse de Dieu avant que de
faire le sacrifice d'Isaac, de même aussi tu
dois croire, de tout ton coeur, ce que Dieu dit de
Jésus, et la promesse de la vie
éternelle qu'il fait à tout croyant,
avant que de pouvoir lui obéir de coeur,
dans ce qu'il te demande.
Louis.
C'est donc comme
la sève de l'arbre, n'est-ce pas, papa, qui
est dans le tronc et les branches, avant que de
produire les fruits à
l'extrémité des rameaux ?
Le
père. C'est la même chose,
mon cher enfant; car de
même que tu diras d'un arbre fruitier, qui ne
produit point de fruits, qu'il lui manque la
sève qui lui est propre, et qu'il n'est bon,
comme dit Dieu, qu'à être coupé
et jeté au feu, de même aussi faut-il
dire de celui qui se vante d'avoir la Foi, mais qui
ne porte pas le fruit de sainteté, qu'il lui
manque ce qu'il dit avoir; puisque, s'il avait la
Foi, il aurait certainement aussi les fruits que le
Saint-Esprit fait produire à tous ceux qui
croient de coeur au Nom du Fils de Dieu.
Louis.
Mais pensez-vous,
cher papa, que si, en m'examinant bien, et jusqu'au
fond du coeur, je trouve en moi la Foi à ce
que Dieu dit sur son Fils Jésus, et qu'ainsi
je croie sincèrement que Jésus est
venu de Dieu, et qu'il est le seul Sauveur
donné aux hommes, je puisse m'imaginer, ou
plutôt je puisse être sûr que
j'ai la vie éternelle?
Le
père. Le témoignage de
Dieu est bien clair, Louis. Dieu dit que quiconque
croit de coeur au Nom du Fils de Dieu, doit savoir
qu'il a la vie éternelle; et le Sauveur dit
de lui-même : « En vérité,
en vérité, celui qui croit en moi, a
la vie. »
Louis.
Ce que vous me
dites, cher papa, me fait un plaisir que je ne puis
vous exprimer; et je commence
à voir, que, puisque je crois de tout mon
coeur en Jésus-Christ, je dois oser
m'approcher de Dieu, comme d'un père,
quoique je trouve encore en moi tant de mauvaises
choses, tant de défauts, et même tant
de méchanceté.
Le
père. Si tu devais L'approcher de
Dieu par ta propre sainteté, tu serais un
insensé, même d'essayer de le faire;
car tu n'es qu'un pauvre et faible pécheur;
mais si tu t'approches de Dieu par sa grâce,
c'est-à-dire par un pardon complet qu'il
t'accorde en Jésus, rien ne doit
t'arrêter; et quelque pécheur que tu
le sentes, tu ne dois pas plus douter de l'amour de
Dieu pour toi, qu'Abraham ne douta qu'Isaac serait
la tige d'où sortirait, selon la chair, le
Messie.
Louis.
Ainsi donc, papa,
quand je veux prier Dieu, je dois être
assuré que, puisque je crois de coeur
à notre Sauveur Jésus-Christ, je suis
le bienvenu, si je puis dire, auprès de
Dieu, et qu'il reçoit ma prière,
malgré tout ce que je vois en moi de mauvais
?
Le
père. Dis plutôt, cher
enfant, malgré tout ce que Dieu voit; car si
toi qui juges comme un pécheur, tu te
trouves méchant, comment penses-tu que Dieu
te voie, lui qui est lumière et
sainteté ?
Louis.
Mais, papa,
est-il un seul homme qui paraisse pur devant Dieu
?
Le
père. Non, mon enfant : le plus
saint aux yeux dit monde est encore plein de
souillures aux yeux de Dieu. Aussi nul homme ne
peut-il s'approcher de Dieu autrement que par sa
grâce, en Jésus-Christ le
Sauveur.
Louis.
Ah ! Je comprends
à présent ! L'homme étant
toujours un pécheur, quelque honnête
homme qu'il soit dans le monde, il ne peut jamais
s'approcher de Dieu par sa propre conduite, comme
s'il était assez saint de lui-même. Il
faut donc, si du moins il veut s'avancer
jusqu'à Dieu, qu'il ait reçu sa
grâce ; et comme cette grâce ou
pardon n'est donné que par le Sauveur, il
faut qu'il ait reçu le Sauveur, pour qu'il
puisse être accueilli de Dieu ... papa ! il
me vient une pensée : Jésus est
donc la Porte du ciel ?
Le
père. Hé ! ne te
rappelles-tu pas qu'il se nomme ainsi
lui-même, lorsqu'il dit : « Je
suis la Porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera
sauvé ? »
Louis.
Eh bien ! je
croyais que cela m'était venu
tout-à-coup ; et je vois que
c'était un ressouvenir ; mais je le
comprends tout autrement aujourd'hui, et je vous
assure que cela
m'encouragera beaucoup à prier, parce que je
n'aurai plus peur de Dieu.,
Le
père. Avais-tu vraiment peur de
Dieu, quand tu priais ?
Louis.
Bien souvent je
n'osais pas le faire, à cause de tout ce que
je vois en moi de contraire à ce que Dieu
demande.
Le
père. Tu étais donc comme
la pauvre Nanette?
Louis.
Qui
était-elle, je vous prie; et que fit-elle ?
Le
père. Je vais te le raconter, et
tu verras combien son histoire ressemble à
la tienne.
Un de mes amis, homme fort riche, qui habitait un très-beau château, dans sa terre, eut son fils aîné très-malade, et tout près de la mort. Il plut à Dieu de garder la vie de l'enfant, et le père célébra la convalescence de son fils par des bienfaits qu'il répandit sur les pauvres paysans de son voisinage, et par une fête splendide, à laquelle il voulut voir tous ceux qui avaient rendu quelque service dans la maison, pendant la maladie du fils.
Parmi ses conviés se trouvait une servante de ferme, nommée Nanette. Le valet-de-chambre, qui portait les invitations, se présenta dans la cuisine de la ferme, et il remit respectueusement à Nanette le message de son seigneur, comme si cette paysanne eût été une dame de qualité : car il n'y avait point de différence entre les conviés : tous étaient également honorés et fêtés.
Nanette fut confuse de cette invitation ; et le soir elle dit à sa maîtresse, qu'elle était résolue de ne pas s'y rendre. Celle-ci lui fit sentir qu'elle manquerait au respect qu'elle devait à leur bienfaiteur, et Nanette changea d'avis. Mais ce ne fut pas sans émotion qu'elle vit approcher, d'abord le jour, puis enfin l'heure, du festin; et il lui fallut partir.
Tu peux penser qu'elle avait mis ses habits les plus propres. Mais toute la parure d'une pauvre servante était peu de chose au prix de celles des grandes dames qui se rendaient au château, dans de brillants équipages, et qui, en passant près de Nanette, ne faisaient guère attention ni à ses souliers neufs et bien noircis, ni au large ruban rouge qui entourait son chapeau de paille.
Cependant Nanette avançait vers le château; elle avait déjà passé la loge du portier du parc, et elle s'approchait de la maison avec assez d'assurance, lorsqu'à un détour du sentier elle se trouva tout-à-coup en face du gazon sur lequel étaient dressées les tables du festin, et où se promenaient une multitude de gens, tous plus richement parés les uns que les autres.
Dans ce moment le maître du château se trouvait assez près de Nanette, et il l'aperçut rougir et se déconcerter. Il pensa bien que cette servante n'osait pas avancer pour se mêler à une telle compagnie, et ayant appelé un de ses valets, il l'envoya vers la paysanne pour lui donner courage.
Le valet, couvert d'une riche livrée, s'approcha de Nanette, et lui demanda poliment, pourquoi elle se tenait à l'écart. Nanette lui répondit, en balbutiant : - Comment voulez-vous que j'aille m'asseoir à la table de Monseigneur votre maître, dans cet accoutrement ? Je ne suis pas assez propre pour me présenter devant lui, et je vais me retirer. - Mais, lui dit le serviteur du père de famille, n'avez-vous pas reçu l'invitation de Monseigneur ? - Oui-dà, dit Nanette, en la tirant de sa poche : la voici ! - Qu'y a-t-il d'écrit sur cette carte ? demanda le valet. Qu'y lisez-vous ?
Nanette lut l'invitation conçue dans la forme ordinaire. - Y est-il parlé de l'habillement ? demanda encore le valet. - C'est bien vrai, dit Nanette, j'ai mal fait de regarder ma robe; puisque Monseigneur m'invite d'aussi bon coeur, je dois le croire, et profiter de sa bonté envers moi.
Là-dessus elle suivit le serviteur jusque vers son maître, qui était un homme affable et très-pieux, et qui lui dit : Nanette, j'avais aperçu votre embarras, et j'ai désiré faire à votre égard ce que notre Dieu et Sauveur fait sans cesse pour nous : maintenant j'espère que vous ne craignez plus de vous voir ici. Non, Monseigneur, répondit la paysanne avec une liberté respectueuse; puisque c'est par votre grâce que je suis auprès de vous, je jouirai de cet honneur, du même coeur que vous me l'accordez.
Louis.
Oh!
Papa! je vous prie de m'écrire cette
histoire sur mon album, afin que je la relise
souvent. Vous aviez bien raison de dire que
c'était ma propre histoire. Oui, je le vois
très-clairement, j'ai fait, et bien souvent,
la même chose devant Dieu : je n'osais
m'approcher de son trône à cause de
mes pauvres habits de paysan; et j'oubliais ainsi
que je n'y ai été convié, et
que je n'y suis admis, que par le grand amour qu'il
a pour un pauvre pécheur tel que
moi.
Le
père. Comprends, cher enfant, et
retiens bien dans ton coeur pour toute ta vie ceci;
savoir, que tu ne peux trop croire Dieu, et que
moins tu regardes à toi,
à ce que tu peux faire, ou à ce que
tu sens, plus aussi tu jouis de la promesse de
Dieu, qui se montre toute seule, et dans toute sa
force et sa fermeté.
Louis.
C'est clair : je
le vois. Oui, du moment que Nanette cessa de
regarder à ses beaux souliers, et à
son large ruban, et qu'elle ne considéra que
l'invitation de cet homme riche, elle se trouva
libre et à son aise, et elle put jouir de la
fête. Dieu veuille que je fasse de
même, et que je croie toujours simplement, et
sans hésiter, tout ce qu'il nous dit et
promet!
Le
père. Que le Saint-Esprit le
fasse en toi, cher enfant! Tu vois ce qu'est la Foi
: elle consiste à croire de coeur tout le
témoignage que Dieu a rendu de son Fils, et
toutes les promesses de Dieu. C'est à toi
maintenant à t'examiner avec soin, afin de
t'assurer qu'en effet tu crois de coeur en
Jésus. Si tu as cette Foi, mon cher Louis,
ne crains point de parler à Dieu comme
à ton Père, et de lui demander,
librement, pour l'amour de Jésus, le
Saint-Esprit, qui te conduira sûrement dans
le chemin de la sainteté et de la
vie.
Louis était touché.
Après avoir remercié tendrement son
bon père, il se retira aussitôt dans
sa chambre, où il pria, de
tout son coeur, le Seigneur de bénir ce
qu'il venait d'entendre; et nous savons, et nous
pouvons le témoigner, que ce jeune homme
marche maintenant, par la Foi, sur le sentier de la
sanctification.
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