HISTOIRE D’UN PUISSANT
RÉVEIL
VIE DE WILLIAM BRAMWELL
LE SAINT-ESPRIT DIRIGE TOUT
A la Conférence de 1808, Bramwell
fut nommé, pour la seconde fois,
prédicateur du Circuit de Liverpool. Six
mois après il écrivait à un
ami :
« J'ai trouvé la société
de ce circuit dans un misérable état;
et, pendant le premier Semestre, à
Liverpool, j'ai dû exclure une centaine de
membres. Pendant le second semestre, j'en ai
regagné cent trente et j'ai vu revenir
à Dieu un bon nombre de ceux qui avaient
perdu la foi; j'ai vu aussi l’Esprit agir
puissamment dans les auditoires, de sorte que
l’œuvre a été
renouvelée. Quand j'arrivai je ne trouvai
que bien peu de personnes qui eussent gardé
la bénédiction de la sanctification
entière; mais un bon nombre l'ont
retrouvée dernièrement. Il se fait
une œuvre bénie dans toute la
Société. Dans une réunion six
ou huit personnes ont été
sauvées en même temps. Il n'arrive
guère qu'une classe se réunisse sans
que les membres soient bénis. Samedi,
à la réunion pour les âmes
repentantes, douze personnes ont été
sauvées. Des pauvres et des riches sont
réveillés; plusieurs dames de la plus
haute condition, et dont les noms vous sont
familiers, ont été
véritablement
sauvées. »
Bramwell jouissait constamment de cette pleine
bénédiction dont il parle si souvent
et qu'il désigne d'une manière
diverse; tantôt c'est l'amour parfait qui
bannit toute crainte, tantôt la glorieuse
liberté, tantôt l'entière
sanctification, tantôt le plein salut; et son
grand souci est toujours d'y faire arriver les
autres.
Le 5 juillet 1809, il écrit à une
Miss Brew :
« Vous avez reçu le pardon de vos
péchés, c'est une
bénédiction d'une grandeur
inexprimable. Mais vous n'en resterez pas
là; car en lisant la Bible, vous trouverez
de « grandes et précieuses
promesses » qui sont toutes pour vous;
vous êtes à Christ :
« toutes choses sont à vous.
» Qui pourra l'empêcher? n'est-ce pas
Dieu qui a parlé, et ne vous donnera-t-il
pas toutes choses?
« A vous d'avoir faim et soif, de prier, de
plaider, par la puissance de l'Esprit qui est mise
à votre disposition. Et si vous le faites,
Dieu ne prendra-t-il pas votre cause en main? Ne
craignez rien, vous trouverez « le sang
qui purifie de tout péché, »
vous recevrez l'Esprit de Christ; et souvenez-vous
que ce ne sera jamais que par la foi.
« Oh ! quelle foi bénie que cette foi
puissante qui amène la
bénédiction! Quand vous l'aurez, vous
ne serez plus rien à vos propres yeux, vous
sentirez que tout en vous ne sera que par Dieu.
« Le sacrifice de vous-même étant
complet, votre âme sera complètement
changée à la ressemblance de Dieu.
Alors vous « supporterez tout, vous croirez
tout, vous espérerez tout.» Vous ne
pouvez pas encore savoir en vue de quelle gloire
Dieu vous a rendu heureuse comme vous
l’êtes...»
A un M. Preston, Bramwell écrit :
« Je crie à Dieu, chaque jour à
chaque heure, constamment, pour recevoir mille fois
plus de son amour. Le sacrifice a été
consommé; tout ce qui est de moi doit
disparaître. Me perdre en Dieu, c'est ma
gloire. Je ne veux rien en moi que Christ, dans mes
pensées, dans mes paroles, dans ma
prédication, dans mes prières, etc...
Je pénètre de plus en plus en Lui.
Là, le bruit du moi, du monde et du
péché, n'existe plus; tout est amour,
calme et repos; les yeux fixés sur Lui, le
cœur est ferme, la langue
déliée; l'Esprit dirige tout... C'est
là le salut acquis à tous les
croyants; c'est la glorieuse liberté des
enfants de Dieu. C'est un bien qui est pour vous et
je demande à Dieu que vous ne puissiez
jamais être satisfait tant que vous ne le
possédez pas.
« Si les Méthodistes en
général en sont dépourvus,
c'est qu'il y a parmi eux trop de sommeil, pas
assez de jeûne et de renoncement, de travail
pour le salut des âmes; trop de conversation
mondaine, trop de prédications; c'est trop
entendre, entendre, entendre, et pas assez
s'examiner, sonder son cœur et ses voies dans
la prière. Beaucoup passent tout le dimanche
en public, et quand ils n'entendraient que des
anges, ils n'en seraient pas moins
rétrogrades. C'est étonnant de voir
avec quelle facilité Satan dupe les
chrétiens; en un instant il remplit les
cerveaux et vide les cœurs...
« Dans toute les églises, Satan s'est
servi de la beauté extérieure, celle
de la forme, pour faire oublier la beauté
intérieure, celle de la pureté du
cœur. Est-ce trop tard pour comprendre?
...
Bramwell faisait profession d'avoir reçu
l'entière sanctification par la
plénitude de l'Esprit obtenu dès le
commencement de son ministère. Des faits
sans nombre ont montré la valeur de son
témoignage, et ceux que nous allons citer
ont frappé même les moins
clairvoyants. Ils y ont vu la preuve d'une
communion avec Dieu toute particulière, une
approbation toute spéciale par
conséquent, donnée de Dieu à
son serviteur.
A Liverpool, en 1809, une pieuse jeune femme,
membre de la société, voulut aller
faire un séjour chez des amis qu'elle avait
à la Jamaïque. Elle prit son billet de
passage à bord d'un navire qui devait partir
le lendemain, et elle y fit transporter ses
effets.
Mais comme elle avait une profonde
vénération pour M. Bramwell, elle
alla le voir avant de partir et lui demanda de
prier pour elle. Le pasteur s'agenouilla et la
recommanda à Dieu. Mais soudain il
s'arrête et dit à la jeune femme :
« Ma chère sœur, vous ne devez pas
partir demain; Dieu vient de me dire qu'il ne le
veut pas. » La jeune dame fut surprise; mais
Bramwell fut très catégorique; il la
décida à renvoyer son voyage et se
rendit avec elle sur le vaisseau pour lui aider
à retirer son bagage. Le vaisseau partit le
lendemain et peu après on recevait la
nouvelle qu'il était perdu, corps et biens,
sans qu'on eût pu sauver un seul de ceux qui
le montaient.
.
TOUTES CHOSES NE SONT RIEN
COMPARÉES A DIEU
A la Conférence de 1810, sur les
instantes requêtes des frères de
Sheffield, Bramwell fut nommé une seconde
fois au poste de cette ville. Et, dès la
première assemblée, il déclara
publiquement à ses auditeurs qu'il
était résolu à ne savoir autre
chose parmi eux que Jésus crucifié.!;
« Je ne permettrai à personne, dit-il,
de me parler en particulier de dissensions entre
des frères; mais je verrai toujours
l'accusateur et l’accusé face à
face; et je ne formerai de jugement, ni me ferai
d'opinion sur aucun homme, avant de l'avoir entendu
parler pour sa défense. »
Cette décision, cette vigueur, cette
parfaite justice en même temps que cet amour
pour le prochain, ce sont bien là des signes
auxquels on reconnaît l'âme remplie du
Saint-Esprit. Bramwell retrouvait sa chère
et belle Église de Sheffield passablement
changée; beaucoup de ceux qui en avaient
été les colonnes avaient passé
dans un monde meilleur. Son intime ami, M. Longden,
bien vieilli et très faible l'accueillit en
lui disant qu'il venait remplir le dernier devoir
de l’amitié. « Vous remettrez mes
restes à la terre, lui dit-il, et vous
tacherez de faire profiter les survivants des
expériences bénies que Dieu m'a
donné de faire » ce qui arriva en
effet, mais deux ans plus tard.
Bien que ses forces physiques eussent
décliné, l'infatigable pasteur
institua de nouveau, à cinq heures du matin,
des réunions de prières où
beaucoup d'âmes furent vivifiées et un
bon nombre sauvées. Et sous son influence
les dissensions qui existaient à son
arrivée disparurent promptement.
Bramwell prêchait très souvent sur la
nature et la nécessité de la
sainteté; il témoignait du don que
Dieu lui en avait fait et chacun pouvait se
convaincre de la réalité de ce don.
Il insistait beaucoup sur le fait que cette
sainteté est à la portée de
tous ceux qui sont justifiés, et il pressait
ses auditeurs de la rechercher de tout leur
cœur. II savait que s'ils ne le faisaient pas
et n'avançaient pas vers cette perfection,
ils étaient en danger de se perdre
irrémédiablement, aussi insistait-il
avec une grande force. « La raison pour
laquelle tant de chrétiens cherchent
à être délivrés de tout
reste de leur vieille nature et n'y parviennent
pas, dit-il, c'est qu'ils sont secrètement
retombés et ont perdu la justification.
S'ils voyaient clair sur l'état de leur
âme, ils verraient qu'ils ont tout de nouveau
besoin d'être justifiés par la
repentance et la foi en jésus. »
Nous reproduirons quelques fragments d'une lettre
de Bramwell écrite peu après son
installation à Sheffield, et adressée
à sa fille :
Sheffield, j novembre 1810
« Ma chère Anne.
« J'ai reçu ta bonne lettre. Combien je
me réjouis d'apprendre que tu es
rentrée ;dans l'amour de Celui qui a
répandu pour toi son gang sur la croix! je
vois que maintenant tu vas croître dans cet
amour...
« Être délivrée de tout,
reste de mauvais caractère, être
changée dans l'Esprit du Christ à
l’image de Dieu, et vivre pour le louez et se
réjouir en Lui éternellement, c'est
ta gloire, ta vie éternelle...
« Un peu de religion ne peut jamais rendre
heureux, mais la plénitude te rendra
heureuse dans toutes les circonstances, quelles
qu'elles soient. Je prie pour toi: il me tarde de
te voir: tu es continuellement sur mon cœur.
Le Seigneur te rendra ; il le doit, puis-je
dire ; il te rendra sainte comme Lui.
»
A peu près à la même date il
écrit à M. Burrows :
« Je n'ai jamais autant vécu dans le
ciel que maintenant. Prier continuellement,
racheter le temps, ne passer que peu d'heures au
lit, travailler beaucoup ce sont les moyens
d'obtenir le repos continuel. Être
purifié du péché
intérieur, c'est beaucoup, et Dieu me le
donne; mais, dans sa grande miséricorde, il
me donne beaucoup plus encore : il remplit mon
âme de son amour.
« Le Seigneur a répandu son Esprit
sur nous pendant ce dernier trimestre; cent trente
personnes ont été sauvées.
Nous avons un réveil à Great
Gomersal, à Little Gomersal, à
Littletown, à Birkenshaw et à
Drighlington. Beaucoup de personnes sont
véritablement vivantes pour Dieu; un bon
nombre sont entrées dans la liberté
parfaite.
Le 24 février 1812, M. Longden mourut dans
le complet triomphe de la foi. Bramwell fit la
prédication funèbre. A ce sujet, il
écrit :
« ...Un chrétien, un ami, un homme de
Dieu, nous a quittés. Des milliers
assistaient à ses funérailles, je
n'ai jamais vu une pareille foule en telle occasion
.... Toutes choses ne sont rien comparées
à Dieu; une vue de sa gloire éclipse
tout... »
Peu avant sa mort, Longden avait écrit un
rapport sur l'activité de Bramwell pendant
son second séjour à Sheffield. Nous y
lisons, entre autres, que ce fidèle ministre
avait été, dans la main de Dieu, un
moyen de salut pour des milliers d'âmes et
qu'il en était devenu extrêmement
vénérable aux yeux des
chrétiens.
.
LA GRÂCE SUFFIT DANS LA
MALADIE
La Conférence de 1812 plaçait
Bramwell à Birstal. Il y avait dix-neuf ans
qu'il avait quitté ce circuit, depuis lors
ses forces physiques avaient beaucoup
baissé; les effets de l'âge et d'un
travail excessif se faisaient sentir. Le serviteur
de Dieu venait, en outre, de ressentir les
premières attaques d'un mal qui devait
l'emporter; il n'en continua pas moins ses travaux
avec un redoublement de zèle.
Dès le premier dimanche à Birstal, il
réunit la société et fait
remarquer à ses frères que
« chanter bas et lentement, faire de
longues prières, de longues réunions
et arriver tard aux services, était
indubitablement la marque d'un état
spirituel peu prospère. » Puis il leur
recommande de mettre la plus grande diligence
à user des moyens de grâce,
particulièrement des réunions de
classes et des réunions de prières.
Il leur annonce qu'il passera toutes ses
soirées dans les différentes
localités du circuit afin de pouvoir visiter
tous les membres de la société; puis
il leur dit que tous les efforts humains
étant stériles sans
l'opération du Saint-Esprit, il les prie
tous instamment de s'unir à lui dans la
prière pour obtenir cette divine efficace.
Il termine enfin en disant, avec une énergie
qui lui était particulière :
« Je connais un homme qui prie pour
Birstal treize fois par jour sur ses genoux; et qui
de temps en temps reste quatre heures de suite en
prières. »
Ses efforts joints à ceux de ses
fidèles collègues furent
bientôt couronnés de succès.
Avant la fin de 1812 il put
écrire :
« En plusieurs localités du circuit il
y a, dans les âmes une détresse telle
que je n'en ai jamais vue. Un grand nombre se
tournent vers Dieu...
« Pendant ce dernier trimestre, le
Seigneur a abondamment répandu son Esprit,
environ cent trente personnes ont été
sauvées. Il y a un, réveil en
plusieurs localités du circuit.
« A Birstal plusieurs familles se sont
jointes à nous; et beaucoup de
chrétiens dans cette ville sont vraiment
vivants.
« Une réunion des conducteurs de
classes et des prédicateurs a lieu chaque
jeudi après la prédication et le
Seigneur est avec nous...
« La pauvreté est très
grande et ne fait que s'accroître en
plusieurs localités. Quand donc la guerre
cessera-t-elle? Dieu châtie cette nation. Oh
! si elle pouvait se repentir et être
sauvée ! »
Précédemment les conducteurs de
classes de Birstal ne s'assemblaient que tous les
quinze jours; Bramwell les réunit chaque
semaine. Dans chaque localité du circuit, il
réunit ceux de la localité
après la prédication qu'il y fait le
soir pendant la semaine. Chaque année, il
faisait un examen des conducteurs et leur posait
entre autres, les questions suivantes
I° Avez-vous des dettes?
2° Avez-vous la pleine assurance de votre
réconciliation avec Dieu?
3° Etes-vous entièrement
sanctifié?
4° Commencez-vous vos réunions à
l'heure convenue, que les membres de la classe
soient présents ou non?
5° Priez-vous avec votre famille matin et
soir? etc.
Quelques mois plus tard, toujours avant la fin de
1812, il peut écrire ces paroles qui ne
doivent pas rester inaperçues :
« Une oeuvre glorieuse s'est faite dans notre
circuit; de trois à quatre cents âmes
ont été amenées au Sauveur.
Nos assemblées ! de culte, agapes,
réunions d'associations
particulières, etc., ont été
renouvelées par la présence de Dieu.
Non seulement des pauvres; mais un bon nombre de
gens de haute condition, et même par familles
entières, se sont donnés à
Dieu ! Oh. que cette oeuvre puisse continuer Priez,
priez, priez i Je prie
continuellement. »
Il écrit aussi à son fils
aîné
« Mon cher John,
« Je suis plus que jamais
persuadé de la nécessité
d'être constamment prêt à entrer
dans la gloire éternelle. J'ai eu
dernièrement une vue du monde à venir
hautement bénie. Toutes choses ne sont que
de la boue comparées à
Jésus-Christ et à la gloire de son
royaume. J'ai faim et soif, je prie et me voue au
service de Dieu de toute mon
âme. »
Le 5 mai 1813, Bramwell écrit de Birstal
« Vivez pour Dieu, mon frère
Cranswick. Faites toujours marcher de front
l'accomplissement de ces trois devoirs : actif au
travail, fervent d'esprit, servant le Seigneur. Et
c'est par beaucoup de prière, le matin,
avant de vous mêler au monde, et beaucoup de
vigilance, que vous y parviendrez. Dites à
vos chers amis, vos voisins, d'être
persévérants, fermes dans le
Seigneur. Nous en aurons bientôt fini avec
toutes les choses de la terre et dès que
nous quitterons ce monde, notre place sera
fixée pour toute l'éternité.
J'y pense souvent. L'entière sanctification,
le plein salut, c'est la gloire de notre
dispensation. Parlez-en dans votre classe et en
chaire; insistez sur ce sujet et pressez vos
auditeurs de vivre tous dans cette sanctification.
Dieu sera avec vous; et, malgré la rage de
l'enfer et l'opposition des hommes, un bon nombre
croiront et seront sauves:..»
Dans une lettre du mois d'août 1813, nous
lisons :
« Ce matin, je me suis appliqué
à résoudre ces questions :
« Suis-je prêt à entrer dans la
gloire du ciel?
« Suis-je prêt à quitter
cette terre en ce moment même?
« Suis-je prêt quant à mes
devoirs envers Dieu et envers moi-même?
« Suis-je prêt comme
prédicateur? comme époux? comme
père?
« Est-ce que je fais tout ce que je puis
chaque jour, dans chacune des fonctions que Dieu
m'a assignées?
O mon âme, ne peux-tu vivre beaucoup plus
près de Dieu, jouir beaucoup plus de Lui,
être remplie de toute sa plénitude?
» Et immédiatement je plaidai avec Dieu
pour obtenir toute sa plénitude, et je
n'aurai aucun repos que je ne l'aie obtenue.
»
« Je suis certain que la plénitude de
la gloire a été acquise à
chacun de ceux qui croient; et j'espère que
nous croirons pleinement de manière à
recevoir pleinement.
Pendant la seconde année de ce second
ministère à Birstal, Bramwell eut une
grave attaque de fièvre rhumatismale qui
commença un samedi. Il n'en prêcha pas
moins le lendemain deux fois à Cleckheaton;
mais incapable de remonter à cheval pour
rentrer chez lui, il fut porté dans la
maison d'un ami où il passa huit ou neuf
jours. Ses douleurs étaient grande, mais il
ne laissa jamais entendre aucune plainte; par
contre, on l'entendit souvent s'écrier :
« Gloire à Dieu! ceci vaut mieux que
les douleurs de l'enfer. »
L'hiver suivant la maladie revint avec violence; et
la santé de Bramwell en resta gravement
atteinte; mais la souffrance avait rendu le
serviteur de Dieu encore plus tendre dans sa
sympathie pour tous ceux qui souffrent.
Nous donnerons ici quelques lignes d'une lettre,
adressée au père d'un
pasteur :
« Cher frère,
« Je tenais beaucoup à voir toute
votre famille et je suis bien triste de n'avoir pu
me rendre auprès de vous. J'espère
que vous agissez en vue du monde à venir.
Votre salut est de la plus haute importance; si
vous vivez dans la liberté que donne
Jésus-Christ, votre chemin sera paisible et
agréable.
Vous savez que seule l'image du Seigneur,
reproduite en vous, causera l'union avec Lui et la
qualification nécessaire pour entrer dans la
gloire éternelle. La prière
continuelle est absolument nécessaire. Il
vous faut prier non seulement avec votre famille,
mais le matin et le soir dans le secret de votre
cabinet. Et vous devez de même vous retirer
quelques minutes dans la solitude pendant la
journée...
« Soyez un homme de Dieu, entièrement
consacré à son service; soyez saint,
vivez une vie d'amour, de patience,
d'espérance et de joie. Ces grâces
sont vôtres, en Jésus-Christ...
»
Pendant les deux années du second
ministère de Bramwell à Birstal, cinq
cents nouveaux membres furent ajoutés
à la société, dans le circuit
de cette ville; et les anciens membres furent
extraordinairement bénis, fortifiés
et encouragés.
.
PRÊT POUR LA GLOIRE
ÉTERNELLE
A la Conférence de 1814 Bramwell fut
nommé prédicateur du Circuit Ouest de
Londres. La société qu'il allait
rencontrer là, différait tellement du
peuple simple et rustique du West Riding dans le
Yorkshire, que cette nomination lui causa une
grande anxiété et qu'il ne cessa de
prier à ce sujet. Mais s'il partit en
tremblant, il fut reçu avec des
démonstrations de joie; sa réputation
l'avait précédé.
Il ne lui fallut pas longtemps pour constater qu'il
pouvait être plus utile dans la capitale que
partout ailleurs. Il y rencontrait, entre autres,
un grand nombre de gens haut placés et d'une
grande influence, qui avaient la plus haute estime
pour son ministère. Il oublia donc
bientôt ses craintes et se sentit tout
à fait à sa place. Il fit alors plus
que jamais l’expérience de cette
promesse de Dieu « J'honorerai ceux qui
m'honorent. »
Il eut à Londres les collègues les
plus aimables et les plus affectionnés, tous
jeunes gens qu'il avait visités autrefois
chez leurs parents. Le savant et
vénérable Joseph Sutcliffe
écrivait plus tard, alors qu'il était
le dernier survivant de la seconde
génération des ministres
wesleyens :
« L'année que j'ai passée avec
M. Bramwell dans le Circuit Ouest de Londres l'a
été dans une véritable
communion avec lui; nous pensions et parlions de
même.
« Cet homme de Dieu se plaignit parfois que
dans cette grande cité, il ressentait
quelque peu de la crainte des hommes, mais je crois
qu'il en fut délivré dès ses
premières prédications.
« Je l'entendis à Lambeth Chapel; il
avait pris pour texte cette parole : « Si
tu peux croire, toutes choses sont possibles
à celui qui croit; » et
assurément son Maître était
avec lui. Chaque phrase prononcée par lui
était un trait de lumière
accompagné de la puissance de Dieu; et je ne
crois pas qu'il soit possible d'être plus
à son aise qu'il le fut.
« C'est dans ce Circuit que Dieu le fit passer
par la fournaise de l'épreuve. Il fut pris
de goutte rhumatismale pendant trois mois d'hiver,
et pendant deux mois ses souffrances furent telles,
jour et nuit, qu'il lui fut impossible de dormir. A
la grande édification de tous ceux qui
l'entouraient, il fit preuve de toute la foi et de
toute la patience qu'il avait si longtemps
prêchées aux autres.
« Un jour ses souffrances
cessèrent tout à coup, ce qui
naturellement le remplit de reconnaissance. Il
était si heureux qu'il lui sembla, pendant
une demi-heure, que Jésus-Christ et les
anges remplissaient la chambre. Il fallut cependant
encore tout l'été suivant avant que
sa santé fût complètement
rétablie.»
La lettre suivante adressée à M.
Thomas Crowther, montre les dispositions de
Bramwell . peu après son arrivée
à Londres :
« J'ai dû soutenir une vive lutte quand
j'ai été appelé ici; mais
dès ma première réunion
à Londres, le Seigneur a répandu son
Esprit sur les auditeurs. Un homme en fut tellement
rempli qu'il louait Dieu à haute voix. Je
vis alors, et je l'ai toujours vu depuis, que
c'était bien Dieu qui m'avait appelé
ici. J'ai eu depuis lors plusieurs moments
extraordinairement bénis.
« Je suis corporellement plus faible que
jamais; et il ne faut rien moins que la
toute-puissance de Dieu pour me maintenir dans le
poste où je suis.
« Nous prêchons seulement deux fois le
dimanche; puis nous avons une réunion de
sociétés. Ma tournée
régulière est d'environ cinquante
kilomètres par semaine; mais en plusieurs
localités des amis me logent pour la nuit.
Je suis pleinement satisfait de ma position.
« Mais quelle douleur quand je
considère l'état de Londres! Plus
d'un million d'habitants, trente mille
prostituées, et si peu de gens qui craignent
Dieu! En voyant les magnifiques édifices de
cette ville, je pense souvent à cette parole
de Jésus-Christ : « Vous voyez ces
belles pierres, ces magnifiques monuments : tout
cela sera détruit. » La
pensée que tant de milliers de gens s'en
vont à la, perdition, est parfois plus que
je n'en puis supporter; cependant avec l'aide de
Dieu je continue mon chemin. Oh! envoie ton Esprit,
Dieu tout-puissant! Que de ton trône un
fleuve d'eau vive vienne à nous; et qu'il
vienne bientôt! Amen et amen ! »
A son vieil ami, M. Wilkinson de Sheffield,
Bramwell écrit le 22 septembre
1814 :
« ... Je prie sans cesse, et je suis
pleinement convaincu que je suis à ma place.
Dieu est véritablement avec moi. Mais je
n'ai jamais été plus tenté que
maintenant. Chaque fois que je vais prêcher,
Satan me suggère que cela devrait être
pour la dernière fois. Avec quelle violence
l'enfer s'acharne contre moi ! Peut-être que
le Seigneur, dans sa miséricorde, me mettra
de côté. Père, que Ta
volonté soit faite ! Puissé-je boire
la coupe de la crainte et du tremblement
jusqu'à ce que je voie Ta
gloire!.. »
« Oh !quelle grâce que
d'être tout à fait prêt à
entrer dans la gloire éternelle, et de
l'être continuellement !
«N'ayez aucun repos que vous ne puissiez dire
: « Seigneur, ton sang m'a
purifié de tout péché.
» Oh! quelle grâce de le sentir et
de le prêcher !
« De plusieurs villes de France nous sont
venues des demandes de prédicateurs; nous
n'avons jamais eu connaissance d'autant de portes
ouvertes pour nous dans ce pays... »
A son vieil ami Thomas Crowther, Bramwell
écrit :
« Mon cher frère, « 11
avril 1815
« ... Je n'ai jamais eu, dans la
prédication, une puissance aussi grande que
maintenant et je vois des fruits bénis
presque à chacun de mes sermons. je n'ai
jamais vécu dans une union aussi intime avec
Dieu que présentement. Je travaille à
être prêt à chaque instant. La
vue que j'ai eue de Dieu et de la vie
éternelle pendant ma maladie a
été extraordinaire. Avoir
continuellement le sentiment de la présence
de Dieu, c'est notre gloire en ce monde : il faut
vivre en lui et en avoir conscience.
« Quel grand salut! salut de tout
péché ! rien moins que la gloire de
l'Évangile, « être changé
à l'image de
Jésus-Christ! » Je me perds dans
l'admiration, l'amour et la louange. Oh! buvons
toujours plus profondément dans
l'océan des eaux vives. Vous savez comment :
prière constante, prière
privée. J'ai dû quitter mon lit
dernièrement, pendant la nuit, pour
répandre mon cœur devant Dieu; je
sentais que je ne priais jamais assez; la
prière est ma vie; mon tout en Lui.
« J'ai été grandement
troublé à Londres, navré! nos
missionnaires nous rapportent qu'en France, on
permet aux prêtres de prendre les bibles que
les prisonniers français ont
rapportées dans leur pays et de les
brûler; et qu'un grand nombre de bibles
envoyées en Espagne ont été
saisies et renvoyées à leur lieu
d'origine. Cependant il s'est produit, depuis cela,
un grand changement en France. Quelle chose
étonnante que Bonaparte ait pu reprendre son
trône! Nous aurons de nouveau de grands
événements. Je prie ardemment que
Dieu empêche, s'il le trouve bon, la grande
effusion de sang qui se prépare. Plusieurs
des hommes les plus pieux de notre
société, officiers et soldats, sont
de nouveau appelés sous les armes. On se
prépare en toute hâte pour la guerre;
toutes les mains y travaillent. Je devais partir
pour Dunkerque, aussi secrètement que
possible, car nous avons une congrégation
dans cette ville; mais ce projet est
abandonné pour le moment.
« O Seigneur viens ! »
A M. Sigston, de Leeds, le 25 mai 1815, Bramwell
écrit :
« Je prie continuellement pour vous, que vous
puissiez faire l'expérience de la
purification de tout péché, de la vie
dans l'amour parfait et la pratique de toute la
volonté de Dieu. »
Le 3 juin, il écrit à son fils
John :
« Je désire qu'il ne soit pas question
maintenant de notre départ de Chelsea. Je
suis tellement béni au milieu de ce peuple
que je ne le quitterais qu'avec la plus grande
peine. Et cependant s'il est vrai, selon l'opinion
de la faculté, que je ne puis rester encore
un hiver ici sans être atteint de rhumatisme,
je partirai par devoir. Que Dieu me montre mon
chemin! »
Et il écrit peu après à un
ami :
« Quant à mon départ de Londres,
je n'ai jamais été plus béni
dans la prédication que maintenant, et
jamais plus heureux dans mon âme. Nous avons
eu un bon nombre d'âmes sauvées
dimanche dernier; l'effusion du Saint-Esprit a
été véritablement une averse
dans la chapelle de Queen street. »
Nous avons déjà remarqué que
Bramwell rend constamment témoignage non
seulement de l'entière purification du
péché intérieur qu'il a
obtenue par la foi au sang de Christ, et par le
Saint-Esprit, mais encore des progrès
continuels que l'Esprit lui fait faire dans la
connaissance et dans l’amour de Dieu; et que
l'entière sanctification, loin d'être
la fin du progrès, en est plutôt le
commencement et la condition. Or, voici ce que dit
Bramwell, dans une lettre datée de Londres,
le 27 juillet 1815, c'est-à-dire
après avoir constamment rendu
témoignage de son entière
sanctification pendant trente et un ans :
« Je fais toujours effort pour obtenir
davantage, sans quoi j'enfoncerais et je mourrais;
la prière m'est plus nécessaire que
jamais. »
A la même époque cependant, il
;écrit à sa fille :
« Tu ne manqueras pas de t'unir à moi
pour louer Dieu quand je te dirai que j'ai
reçu ce que j'appelle une extraordinaire
plénitude de l’Esprit. Je ne sais pas
si, après une pareille grâce je
prêcherai mieux ou si je verrai mieux toutes
choses ; comme voient les anges; mais il est
certain que j'ai fait l'expérience d'une
communion avec Dieu et avec les choses d'En Haut,
telle que je n'en avais jamais connu
auparavant.
« Oh! la gloire qui sera
révélée! Il est impossible
d'en dire la grandeur. Je suis submergé,
perdu en Dieu, dans les lieux
célestes »
Vu l’état misérable de la
santé de Madame Bramwell et la crainte
où l'on était qu'un nouvel hiver
passé à Londres ne fût fatal
à son mari, la Conférence de 1815
appela ce dernier au poste de Newcastle-on-Tyne. Le
départ de Londres fut très
pénible, mais Bramwell s'y soumit comme
à un ordre de Dieu; du reste, il lui
était indifférent de résider
ici ou là, pourvu qu'il fît la
volonté de Dieu.
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