Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SPLENDEUR DE DIEU

II
LE MAILLET DE FER

 Le capitaine du Georgiana avait résolu le problème du transfert d'Anne du bateau à la maison. Aucun véhicule à roues n'avait le droit de circuler dans les rues de Rangoon et, d'autre part, là faiblesse d'Anne lui interdisait de faire le trajet à dos de poney. Le capitaine prêta donc un fauteuil dans lequel quatre marins la menèrent à terre, puis la portèrent jusqu'à la maison. Adoniram se réjouit de voir tomber la pluie durant le trajet. Il put ainsi tenir un parapluie ouvert entre Anne et l'affreuse vision.
Ma Carey les accueillit au portail, souriante, gloussant de joie. Elle avait mis une petite veste blanche, son tamein (jupe) rayé et un hibiscus rouge dans ses cheveux. Elle conduisit les hommes avec autorité jusqu'à la chambre d'Anne.
Quand Adoniram rentra, après avoir payé les marins, il trouva Ma Carey en train d'aider Anne à se dévêtir ; elle s'émerveillait en découvrant le linge, cette chose inconnue.
Il s'arrêta à la porte, sourit à la scène touchante; puis sortit pour inspecter les lieux.

La maison comptait cinq chambres aux parois de nattes et sans plafond. De minuscules lézards sortaient furtivement des fentes du plancher en bois de teck et grimpaient le long des murs jusqu'aux poutres où pendaient des guirlandes de chauve-souris.
À part le lit des Judson, une table et une chaise dans la chambre de la boîte-fourneau composaient tout l'ameublement de la maison. Quelques pots de terre, des bols et des plateaux de laque rouge et noire étaient rangés derrière le fourneau ; près de la porte, une grande cruche pour l'eau. De fort belles nattes, les unes étendues sur le sol, les autres roulées contre les murs, témoignaient du goût de Félix Carey pour la vie indigène.

Adoniram fit le tour de la galerie qui entourait la maison. La pluie s'étant arrêtée, il descendit dans le jardin. Partout de très beaux arbres. Au fond, un potager mal entretenu eût tout de même suffi à nourrir la moitié des habitants de Plymouth, la ville natale d'Adoniram. Il ne reconnaissait parmi les légumes que les pommes de terre, les oignons et les poivriers.

La jungle poussait son foisonnement jusqu'aux barrières du jardin. Au nord, la grande pagode luisait, admirable. Du côté du sud des manguiers et des palmiers étouffaient sous les lianes. Adoniram entendait grogner des porcs. Il écarta l'épaisse végétation et regarda par-dessus la palissade : ils fouinaient dans un enclos qui devait être le dépôt des ordures de la ville. Dans l'angle opposé, une douzaine de cadavres aux attitudes torturées et en état de putréfaction plus ou moins avancé gisaient dans le plus grand désordre. Adoniram se força, une minute entière, à fixer cette horreur. Il fallait absolument qu'il parvînt à maîtriser son dégoût, si telle était la façon dont les Birmans considéraient la mort et le corps humain.
Un énorme vautour se laissa choir au milieu des porcs avec un grand battement d'ailes. Adoniram se détourna en frissonnant de l'immonde spectacle.

Anne était ravie de sa maison et, de cette nouvelle amie. Il avait été convenu entre elles - on ne sait trop par quel moyen - que Ma Carey préparerait les repas a l'indigène, jusqu'au moment où Anne aurait recouvré assez de forces et où elle connaîtrait suffisamment les et les mots du pays. Ils dînèrent donc de riz et de poisson, accommodés au curry et aux mangues et servis dans les bols de laque rouge. Pendant le repas, ils discutèrent le plan de leur programme immédiat.

Évidemment, tout serait subordonné à la connaissance de la langue. Avant tout, un bon professeur s'imposait. Le repas terminé, Adoniram retourna chez M. Lanciego. Il le trouva en âpre discussion avec le capitaine du Georgiana, dans le bâtiment des douanes, une construction vermoulue près de la porte du sud. C'était, semblait-il, l'habitude du collecteur de confisquer le gouvernail de chacun des bateaux qui jetaient l'ancre a Rangoon, jusqu'à ce que certaines taxes, de nature plus ou moins personnelles, lui eussent été payées. Le capitaine ne ménageait pas ses expressions au sujet du goût marque de M. Lanciego pour les beaux cadeaux. De son côté, le collecteur s'exclamait sur l'avarice des Anglais, bien plus grande encore que celle des Arméniens. Mais, cinq minutes après, la discussion était close et Lanciego, se retournant vers Adoniram, lui dit :
- Veuillez m'accompagner jusque chez moi, nous parlerons plus tranquillement. La complication de toutes ces affaires est usante.

Plein de tact, Adoniram ne fit pas remarquer que le bâtiment des douanes et l'entrepôt qui se trouvait à l'arrière étaient parfaitement déserts, à l'exception du capitaine du Georgiana qui regagnait son bord. Pendant tout le trajet, on parla des maigres chances qu'il y avait de trouver à Rangoon quelques meubles européens.. Lanciego se fit fort de procurer aux Judson ce dont ils avaient besoin, pourvu que leurs goûts furent simples ; il devint même très aimable à la perspective d'un petit trafic. Adoniram posa alors sa seconde question.
- Un professeur ? répéta Lanciego pensif.

Il s'assit et commanda du thé.
- Ce sera bien plus difficile à trouver que des meubles, et les meubles sont aussi rares, dans ce pays, que les jolies femmes. Beaucoup de gens à Rangoon lisent et écrivent leur langue ; mais aucun d'eux ne sait un mot de français ni d'anglais. Les moines sont les seuls professeurs et, naturellement, ils ne peuvent pas plus enseigner un hérétique qu'un serpent ! Seul, un moine renégat pourrait faire votre affaire. Il y a parmi eux de véritables érudits, pour qui les voeux sont une trop sévère discipline.
- Quels sont ces voeux ? demanda Adoniram.
- C'est le voeu de continence qui leur est le plus pénible, ricana Lanciego.

Adoniram rougit.
- Il y a bien Maung Shway-gnong, poursuivit l'Espagnol, réfléchissant à voix haute. Il vivait dans un monastère près de Prome, en amont, jusqu'au moment où, il y a dix ans, il l'a quitté pour se marier. Son oncle a été vice-roi à Rangoon. Le mot birman. pour « vice-roi » signifie « mangeur ». Cela convient très exactement à la fonction : le vice-roi dévore tout ce qu'il peut tirer de son peuple. J'ai entendu dire que Maung Shway-gnong possède au plus haut point le talent familial du « mangeur ». Mais il n'a pas pu obtenir de poste plus élevé que celui de percepteur. Les gens de Rangoon ont pour lui le plus grand respect, car il expose avec art la doctrine de Bouddha. Il s'assied. souvent dans un zayat pour expliquer la loi aux passants. je crois bien. qu'il accepterait d'être votre professeur, Monsieur Judson.
- Votre description ne le rend pas particulièrement sympathique, murmura Adoniram.
- Vous n'avez pas le droit d'être difficile, répartit abruptement Lanciego. Vous n'êtes qu'un enfant et pas plus qu'une fille qui sort du couvent, vous ne vous rendez compte de ce qui vous attend. Supposons que, par miracle, vous parveniez à faire quelques conversions par votre charme personnel. Admettons que vous ameniez un indigène au christianisme, savez-vous que dès que les autorités en entendront parler, ils le tortureront jusqu'à sa mort ? Vous pouvez vous faire une idée de ce qu'est la torture dans ce pays, par le dépôt tout proche de votre maison.

Adoniram haletait.
- Mais ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai, n'est-ce pas?
- Croyez-vous que je mente, Monsieur Judson! Vous ignorez tout de ce pays. Il y a quelques années, un prêtre portugais est venu ici, persuadé qu'il parviendrait à vaincre Bouddha. Il envoya à Rome un indigène fort intelligent, un ancien moine, dont on fit un bon catholique. Dès qu'il revint en terre birmane, il fut dénoncé par son propre neveu. Le roi ordonna qu'il fût torturé jusqu'à ce qu'il se rétractât. On le fouetta de la plante des pieds à la poitrine ; mais comme à chaque coup le malheureux hurlait : « Christ », le roi, qui le croyait fou, ordonna qu'il fût envoyé dans la jungle. C'est là que le prêtre le retrouva, demi-mort, avant qu'il ne fût devenu la proie des tigres et des porcs. Il repartit peu de temps après pour Rome. Tel a été le dernier effort de prosélytisme catholique ! D'autre part, je tiens à vous signaler que le neveu qui envoya son oncle à la torture est actuellement le plus haut fonctionnaire du royaume, immédiatement en-dessous de la « Présence dorée » du roi.

Adoniram se mordait le pouce, en contemplant, dans le bazar tout proche, les adeptes de Bouddha, occupés à marchander des fruits, sous des parapluies ruisselants.
Pouvait-il, lui, Adoniram Judson, envoyer des gens à la torture? Que ferait le Christ lui-même dans ce pays? Il essuya la sueur qui coulait sur son front. Soudain il aperçut un sourire ironique qui se dessinait sur la figure de l'Espagnol.

Il redressa la tête et dit fortement:
- Dieu m'a envoyé ici, je ne puis faire que ce qu'Il jugera bon de m'ordonner.
- Ce doit être bien précieux de connaître les intentions du Tout-Puissant, grogna Lanciego. De toutes façons, tant que vous ignorez la langue du pays, Bouddha ne court aucun danger d'être supplanté par Christ. Je vous enverrai Maung Shway-gnong. Remarquez, Monsieur, que je ne vous garantis que ses connaissances. Il pourrait être un nouveau neveu prêt à vous dénoncer au roi.
- J'en ferai un chrétien, affirma résolument Adoniram.

Le collecteur eut un nouveau sourire, sardonique.
Adoniram se levait. Il prit congé avec dignité : il était jeune et ne pouvait admettre qu'on raillât sa vocation.

Maung Shway-gnong arriva le lendemain matin. L'Espagnol avait fait diligence. Adoniram, assis dans la véranda, était en train de considérer avec mélancolie la moisissure verte lui couvrait la reliure de cuir de sa Bible. Il s'efforçait de ne pas penser à l'un de ces appétissants petits déjeuners de la Nouvelle-Angleterre, quand deux indigènes passèrent le portail. Le torse nu, ils portaient leurs grands pasos (jupes) retroussés, afin de ne pas s'éclabousser, et montraient leurs cuisses. aux étonnants tatouages. L'un d'eux devait être un serviteur, car il tenait une ombrelle verte au long manche au-dessus de la tête de l'autre. Ils traversèrent posément la cour inondée et gravirent les marches de la véranda. Adoniram salua. Le plus grand des deux hommes l'examinait avec intérêt et lui remit un papier. Lanciego lui présentait Maung Shway-gnong, disposé à lui donner des leçons quotidiennes pour la somme de cinq roupies par mois.

Adoniram leva les yeux vers l'indigène. Plus grand que la plupart de ses compatriotes, il mesurait environ un mètre soixante-quinze. Les yeux étaient profonds et malheureux dans un visage émacié. Une forte lèvre inférieure s'étalait au-dessus du menton fuyant. Sous le turban blanc, le front était haut ; la forme de la tête splendide. Indiscutablement le visage d'un intellectuel.
Adoniram l'accueillit avec un sourire empressé.
Maung Shway-gnong lui rendit son sourire, découvrant ses dents noircies par le bétel. Puis il s'assit sur une natte. Adoniram l'imita. Le serviteur sortit d'une boîte de laque un livre en papyrus, le remit à son maître et s'esquiva.
La grande lutte d'Adoniram pour s'initier à la plus difficile des langues orientales commençait.

La santé d'Anne fit de très rapides progrès. Dès qu'elle fut sur pieds, Adoniram insista pour qu'elle ne se bornât pas à apprendre avec Ma Carey quelques rares expressions indigènes, mais pour qu'elle assistât aux leçons de Maung Shway-gnong. Elle ne pouvait d'ailleurs consacrer à l'étude qu'une faible partie de sa journée, car les soins du ménage occupaient beaucoup de son temps. Mais, par ses rapports avec les fournisseurs, elle apprit, mieux qu'Adoniram, à connaître les indigènes. Ce dernier acquit bientôt de solides connaissances de Pali, la langue classique de la littérature birmane ; grâce, il est vrai, à quatorze heures de travail quotidien.

Ils étaient fort occupés et très isolés. Les pluies rendaient impossible l'exploration du pays. À part les commerçants du bazar, ils n'avaient fait connaissance de personne. Lanciego ne tenait pas à risquer sa situation en les voyant trop souvent. À cause de la lenteur exaspérante avec laquelle, cette terrible langue livrait ses secrets, les témoignages de sympathie de Maung Shway-gnong lui-même demeuraient de faible secours. La vie du pays n'était pour eux qu'une sorte de pantomime à travers les brouillards et les pluies.

Leur existence se déroulait, monotone. À l'aube d'un matin d'août, alors que les rossignols et les loriots chantaient, un cri strident déchira l'atmosphère. Anne et Adoniram se dressèrent sur leurs lits et se regardèrent avec horreur. Toute explication était inutile. Derrière le rideau de lianes, on crucifiait un homme.
- Je ne puis pas entendre cela, dit Anne haletante.
- Moi non plus, dit Adoniram, contenant sa voix avec peine. Il ne pleut pas. Habillons-nous et montons vers la pagode pour ne plus entendre.
- Oui, Don, faisons cela !

Elle tentait de sourire en mettant ses bas, les mains tremblantes.
Le soleil commençait à luire quand ils atteignirent le portail. Ils s'arrêtèrent pour laisser passer une théorie de moines portant des bols à offrandes. Deux petits garçons les précédaient en frappant sur un gong de bronze dont le son couvrait heureusement les cris humains.
Les rayons obliques du soleil levant pénétraient sous les arbres et coloraient d'orange vif les robes jaunes des moines.
- Je voudrais parler assez bien leur langue pour pouvoir leur demander si aucun dégoût ne les effleure quand ils passent là-devant, dit Adoniram.
- Leur appétit ne doit pas en être affecté, s'ils y sont aussi indifférents que Ma Carey. Sauvons-nous vite.

Elle l'entraîna dès que la dernière robe jaune eut dépassée le portail.
Ils rejoignirent la procession des fidèles, éparse sur la route qui montait à la grande pagode. On les fixait du regard. Mais ils ne comprirent que peu de choses aux remarques qu'on faisait sur leur passage. Ils s'arrêtèrent au pied de la colline du Shwé-Dagôn. Chacun enlevait ses sandales avant de monter le long escalier couvert. Tous apportaient leurs offrandes : fleurs, victuailles. Sous les arcades; les cierges allumés des fidèles étincelaient. Des pasos et des tameins magnifiques voltigeaient légèrement, comme des ailes de papillons.
- Allons-nous enlever nos souliers ? chuchota Anne.
- Certainement non, répondit Adoniram fermement.

Il releva le menton et jeta un regard désapprobateur vers une femme qui se prosternait devant un moine. Anne ne se laissa pas impressionner par la réponse et l'attitude de son mari.
- Tu les enlèves bien pour Ma Carey et pour la femme de Lanciego. Pourquoi ne pas avoir ici quelque diplomatie ?
- Tu me parles de ce qui n'est qu'une stricte marque de politesse. Je me refuse au moindre geste de respect pour le Bouddha Gautama. Après tout, ne suis-je pas un ministre de Dieu ? Tu ne dois pas l'oublier, Anne, bien, que je n'aie point d'Église.
- Je ne l'oublie nullement, dit Anne avec humilité. Mais puisque ce geste n'a aucune signification pour nous autres chrétiens, pourquoi refuser de le faire, s'il peut nous faciliter le chemin de leur coeur ?
- Je m'y refuse ; car je laisserais supposer à ces gens que je respecte leur dieu. C'est une absurdité de Maung Shway-gnong de soutenir que Gautama fut un homme, et qu'ils ne l'adorent pas. Regarde, Anne, leurs génuflexions et leurs offrandes. Viens !
Il la prit par la main et commença à monter les escaliers.
Aussitôt ce fut un concert de voix irritées. Vers la quatrième marche, un prêtre se jeta au-devant d'eux pour leur barrer la route.
- Reculez, animaux étrangers ! s'écria-t-il.

Adoniram, qui retenait fermement Anne par le bras, ne lui permit pas de reculer.
Le moine était âgé, très ridé ; mais ses yeux jeunes et ardents commandaient...
- Quittez ces lieux, répéta-t-il. Personne ici ne doit avoir la tête couverte ni les pieds chaussés. N'avez-vous aucun respect pour le Bienheureux ?

Adoniram comprit autant d'après les gestes que par les mots. Il brûlait de se déclarer enfin ouvertement. Mais six semaines seulement d'études dans une langue qui ignorait Dieu ne lui fournissaient pas les mots nécessaires. Il ne put que demeurer au même endroit en répétant lentement :
- Je n'enlèverai pas mes chaussures.

La foule, arrêtée dans l'escalier, grondait.
- Nous ferions mieux de nous en aller, Adoniram.
- Nous partirons, consentit-il, car je ne veux pas qu'on te blesse, et parce que j'ai pu réaliser ce qui me brûlait le coeur : je me suis affirmé. Je déteste avoir à me cacher.

Il la ramena vers la route.
- Je ne pense pas qu'on t'accuse jamais de caponnerie, dit Anne sèchement, mais je sais, surtout après ce que M. Lanciego nous a dit, qu'un minimum de diplomatie est essentiel. Ceci nous vaudra peut-être des difficultés sans nombre.

Elle secoua la tête et sourit à ce visage si grave.
- Je suis fière de ton courage, mon Don chéri, mais tu es tellement jeune !

Il lui rétorqua avec un sourire
- Mais oui, chère grand'mère. Comme vous avez de grands yeux !
- C'est pour mieux te voir, mon enfant!

Ils rirent. Puis Adoniram reprit :
- J'ai peur, parfois, que tu ne me voies avec trop de lucidité. Je dois te rappeler constamment que je suis pasteur, ce qui n'arriverait pas si j'étais moins souvent fautif.
- Pas fautif, mais impétueux, corrigea Anne: Mais tu seras très bien, quand je t'aurai encore un peu calmé.

Ils rirent encore.
Tout était silencieux quand ils rentrèrent. Malgré les grands événements de cette matinée, ils déjeunèrent de bon appétit.


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