Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'Église des pécheurs

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DANIEL, chap. IX.

Un nouvel horizon s'ouvre au neuvième chapitre. Il est nécessaire de nous arrêter un instant et de jeter un regard sur le chemin parcouru jusqu'ici, pour reconnaître le revirement qui s'est opéré dans l'interprétation progressive du livre de Daniel.

Qu'avons-nous vu dans ces huit premiers chapitres ? Deux camps qui se dressent, l'un en face de l'autre, clairement marqués par des images et des événements toujours nouveaux. Nous avons vu «les dominations, les princes de ce monde, et les autorités » en révolte contre Dieu. D'une part : Nébucadnetsar, Belsatsar, Darius, l'État païen avec sa prétention totalitaire sur les corps et les âmes - d'autre part : Daniel, «l'un des prisonniers de Juda », Daniel avec ses coreligionnaires, le peuple de Dieu dans la captivité de Babylone, l'Église de Christ opprimée et persécutée, au milieu d'une grande puissance ennemie de Dieu. Là, « les Chaldéens, les voyants et les astrologues» dans leur grande perplexité, ici le prophète et mandataire de Dieu, avec la claire lumière de la révélation qui lui est donnée.

Il était inévitable et bien compréhensible que toute notre sympathie allât à Daniel et à ses coreligionnaires. Nous nous vîmes, en qualité de membres de l'Église, côte à côte avec Daniel et le peuple de Dieu captif, engagés dans le même combat, soumis aux mêmes tourments et bénéficiant des mêmes promesses du secours divin. Le jugement de Dieu sur Babylone et sur sa grande puissance mondiale fut aussi pour nous une consolation toujours nouvelle en considération des événements mondiaux et ecclésiastiques du temps présent. Nous avons reconnu que «si grands sont la puissance de Babylone sur le monde et le nombre de ses ruses, qu'il n'y en eut jamais de pareils sur la terre». Mais nous avons pu entendre que sur le trône, dressé dans le ciel et sur la terre, est assis un être qu'aucune puissance ne peut surpasser : «Car c'est à toi qu'appartiennent dans tous les siècles le règne, la puissance et la gloire».

Ici intervient le tournant nouveau. Ce revirement est préparé et annoncé dans les chapitres précédents et principalement dans le chapitre huitième (versets 12, 13) et maintenant il est arrivé. Jérusalem est devenue l'objet du jugement divin. Le prophète voit dans ce chapitre le jugement de Dieu. Cette fois, le jugement ne s'exerce pas sur la Babylone impie mais sur la pieuse Jérusalem. Ce n'est pas sur la haute statue de Nébucadnetsar, mais sur la sainte montagne de Sion que s'étend la nuée d'où descendent les foudres de Dieu. Ce n'est pas non plus pendant le festin de Belsatsar «qu'apparaît l'extrémité d'une main écrivant sur la chaux de la muraille » (chap. V) mais pendant les fêtes sacrées du temple de la communauté élue.

Si la communauté de Dieu languit depuis des années dans la captivité, l'esprit de violence de Babylone et son impiété n'en sont pas seuls responsables. La faute n'est pas moins grande du côté des persécutés. Ce qui concerne les deux fronts n'est pas si simple, car ces deux fronts ne sont pas nettement séparés l'un de l'autre. Il n'y a pas que de la lumière d'un côté et des ténèbres de l'autre. Des ombres s'étendent aussi, et non moins, sur le front des croyants. L'Église de Dieu vit dans un monde de péché et Dieu, en tant que juge, doit prendre parti contre elle. Si le combat de Dieu et sa victoire sur les ténèbres (chap. VIII) dépendaient d'un «front chrétien», il est certain qu'il se verrait abandonné au moment critique. Car il nous manque « les vertus requises aux soldats » pour la guerre sainte. Le prophète dit « Nous », il parle maintenant à la première personne : «Nous avons été rebelles » (5). Cela signifie en d'autres termes : Nous, tes soldats, nous sommes des déserteurs!» «Nous - nous! - n'avons pas écouté la voix de Dieu» (6). Nous sommes des rebelles dans la troupe des combattants pour Dieu. Il en est ainsi de ceux qui habitent Jérusalem!

Il ne pousse pas de froment sans mauvaises herbes : «Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire: Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? Il leur répondit : C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l'arracher ? - Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier » (MATTH. XIII).

C'est ce que voit le prophète. C'est ce fait nouveau qui est survenu. Daniel se sent comme un capitaine qui se prépare à lancer une troupe en avant-garde dans le combat, et qui, à son effroi, constate que l'ennemi est dans sa propre troupe. Oui, il est comme un médecin qui, lors de l'irruption d'une épidémie, commence à lutter contre la maladie et constate un jour que la contagion l'a atteint. Daniel a été chargé de dire, de la part de Dieu, à Nébucadnetsar : « Abattez l'arbre, et coupez ses branches; secouez le feuillage, et dispersez les fruits » (chap. IV), mais il constate que la branche sur laquelle il se tient lui-même est sciée. Il n'y a aucune branche en ce monde sur laquelle nous puissions nous asseoir. Elles sont toutes entamées par la scie. Aucune société, aucune communauté spirituelle, aucune appartenance à une Église, ne peut nous servir de point d'appui. Même la conscience d'être un élu ou d'avoir une vocation de prophète ne peut être une sauvegarde, car toutes ces branches sont un jour des branches sciées. De toute façon, il n'y a rien sur quoi nous puissions construire. L'unique appui efficace du prophète n'est pas de ce monde.

Cette constatation ne peut que causer une grande angoisse au prophète. Dans ce chapitre, un changement semble s'être opéré dans la personnalité de Daniel. S'il avait gardé jusqu'ici un sentiment de force et de justice personnelle, il n'ose plus, désormais, y prétendre. Daniel nous est montré comme un homme qui ne peut plus que tendre vers Dieu des mains vides dans la prière, dans la supplication. « Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu pour lui présenter des requêtes et des supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre » (3). Sa prière est une des confessions des péchés les plus saisissantes qui soit dans la Bible. Daniel ne trouve presque pas assez de mots pour décrire le péché. Et, certes, ce ne sont pas seulement des paroles qui se trouvent ici. «Nous avons péché, nous avons été méchants et rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances» (5). Le péché vint des classes supérieures : « Seigneur, à nous la honte et la confusion, à nos rois, à nos chefs et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi » (8). Mais le peuple a péché également. Il n'y a aucune exception, «tout Israël a transgressé ta loi » (11). L'homme, qui a vu les rois trembler et s'abattre, se tient ici brisé devant Dieu pour ses propres péchés et pour ceux de son peuple.

Les mots «c'est pourquoi» martèlent la prière de Daniel, comme des lanières cinglent le dos du pénitent. «Nous n'avons pas écouté ta voix - c'est pourquoi nous avons vu fondre sur nous les menaces et les malédictions dont parle la loi de Moïse » (11). « Nous n'avons pas imploré l'Éternel, notre Dieu, nous ne nous sommes pas détournés de nos iniquités, et nous n'avons pas été attentifs à sa vérité. C'est pourquoi l'Éternel. a fait fondre sur nous de telles calamités ; car l'Éternel notre Dieu est juste dans toutes les oeuvres qu'il accomplit» (13, 14). Il n'y a pas d'effet sans cause. La cause première est toujours le péché. Que personne ne demande «pourquoi ?» Daniel affirme pourquoi Jérusalem est détruite et son peuple en captivité.

La communauté fut jetée dans la fournaise (ch. III). Mais nous la voyons ici dans une fournaise d'une nature particulière, la fournaise du péché personnel et du péché collectif. Daniel fut jeté dans la fosse aux lions (chap. VI). Mais ici, la fosse qui s'est ouverte sous ses pas est plus sombre que celle du chapitre VI. C'est la «fosse de destruction », le «bourbier fangeux» du péché personnel et du péché du peuple, une fosse dont les parois sont sans aspérités (PSAUME XL). Il y eut une délivrance dans la fournaise et dans la fosse aux lions. Mais y aura-t-il une délivrance de la fournaise de l'enfer ? Parce que Daniel a vu la flamme qui ne consume pas et les lions qui ne dévorent pas, il ose, encore ici, espérer et croire en une délivrance du péché. Il ose, même ici, intercéder pour son peuple en une supplication saisissante : « Seigneur, exauce ! Seigneur, pardonne ! Seigneur, sois attentif ! 0 notre Dieu, agis et ne tarde pas ! Pour l'amour de ton nom, fais resplendir ta présence sur ton sanctuaire désolé ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple » (19).

Cette confession de Daniel contient les traits essentiels de la confession des péchés de l'Église dans tous les siècles et dans tous les peuples. La confession des péchés - le péché étant comme la racine de tout mal - est précisément la vocation et la mission de l'Église à l'égard du monde. C'est la caractéristique du monde de nier le péché, car il tente soit de taire le mal, soit de le placer sur le compte des autres lorsqu'il lui est dévoilé. Actuellement, un courant passe sur les nations, qui fait que non seulement chaque peuple conteste son péché et s'en décharge, mais que la notion biblique du péché se perd et qu'elle est combattue. Ce rejet de la conception du péché se nomme « christianisme positif » et c'est ainsi que le loup pénètre dans la bergerie en vêtement de brebis.

Dans cette situation particulière, c'est la mission de l'Église d'affirmer, avec Daniel, ce qui parmi les nations du vingtième siècle commence à être puni comme un crime de haute trahison: «Nous avons péché» - nous, pas les autres ! - « nos rois, nos chefs et nos pères » (8). Nous sommes responsables du fait que notre peuple soit outragé par tous ceux qui l'entourent. C'est pour cette raison qu'«il a fait venir sur nous une grande calamité, une calamité telle qu'il n'en est jamais arrivé de semblable sous le ciel».

Ce qui différencie l'Église du monde, n'est pas qu'elle soit moins coupable que lui, mais que, par la parole de Dieu, elle reconnaisse son péché. Le monde ne le reconnaît pas et même ne peut le reconnaître,

Comment le pourrait-il ? Mais l'Église est en ce monde le lieu où le péché est reconnu et confessé. Là, où il n'y a plus de confession des péchés, il n'y a plus d'Église. C'est pourquoi l'Église est aussi le lieu où doit retentir, incessamment, cet appel clair et intelligible : Il n'y a aucun autre moyen efficace de combattre les crises de tout genre que la confession des péchés, le pardon et le retour à Dieu.

C'est également la mission de l'Église à l'égard du peuple de proclamer l'espérance du pardon. L'espérance est le don de l'Église au peuple. Si l'Église n'espérait plus, qui pourrait encore espérer ? Si Daniel perdait le courage de prier, qui pourrait l'avoir encore ? La mission essentielle du chrétien est d'être celui qui espère. L'espérance se distingue de l'optimisme du monde en ceci qu'elle discerne le mal dans sa pleine réalité mais qu'elle espère «malgré tout». La dernière espérance de Daniel à l'égard de son peuple est dans cette certitude : «Ton nom a été donné à ta ville et à ton peuple » (19). Notre génération aussi a été baptisée au nom de Dieu. Si arrogante et rebelle soit-elle, elle porte au front le signe de son alliance avec Dieu.

Dès le début de ce chapitre et dans la suite, une question reste inquiétante et insoluble pour le prophète: Combien de temps le jugement de Dieu sera-t-il maintenu sur Jérusalem ? Combien de temps «le grand malheur» qui a atteint la communauté durera-t-il ? Daniel a vu en vision (chap. VIII) «le roi arrogant et rusé », le roi qui paraîtra à la fin des temps, « au temps de la colère ». Ce chapitre se termine ainsi, «j'étais stupéfait de ce que j'avais vu, mais personne ne s'aperçut de mon trouble » (chap. VIII, 27). Dans sa perplexité, le prophète cherche le conseil et la réponse dans les Saints Livres de son peuple. Il tombe sur une parole sortie de la bouche du prophète Jérémie : « Les Israélites devront servir le roi de Babylone pendant soixante et dix ans. Mais lorsque ces soixante et dix ans seront écoulés je ramènerai le roi de Babylone chez lui». Le prophète se prend à réfléchir à cette prophétie; si elle s'avérait exacte, lé temps de la liberté du peuple serait proche, car les soixante et dix ans seront bientôt écoulés. Ceci est le sens de ces paroles : « La première année de Darius... moi, Daniel, je vis par les Livres qu'il devait s'écouler soixante et dix ans pour les ruines de Jérusalem, d'après le nombre des années dont l'Éternel avait parlé à Jérémie, le prophète» (1, 2).

Nous voyons le prophète, préoccupé par la question qui s'empare de l'esprit des hommes, dans les temps de détresse et de jugement spécialement; question qui se pose presque à chacun de nous aujourd'hui, exprimée ou inexprimée. Jusques à quand ? (comparer au Ps. XIII). C'est la question que le malade pose au médecin, lorsqu'il se rend à la consultation. Lorsque j'entendis la semaine dernière ces mêmes mots, prononcés par une femme dont le mari est au chômage depuis trois ans, je réalisai, dans cette question frémissante, l'angoisse de toute la crise mondiale. La question du prophète - bien que dans un sens un peu différent, mais non moins angoissant - est la question que le monde se pose toujours à nouveau.
«Jusques à quand ? » Qui répondra à cette question ? Pouvons-nous agir autrement que le prophète qui obtint si souvent - au travers des visions, des songes et des messagers célestes - des réponses directes de Dieu, et qui pourtant se résout à chercher humblement une réponse dans « les Livres».

La détresse des temps nous pousse à nouveau vers « les Livres ». Maintes fois dans ces derniers temps nous sommes remplis d'une joie puissante, simplement par le fait qu'il existe une Bible et que nous pouvons l'ouvrir et la lire. Depuis longtemps nous ne saurions plus ce que nous devons penser, si nous ne pouvions chercher directement conseil dans la Bible, qui devient pour nous une lumière, un flambeau à nos pieds dans les ténèbres. Partout où «les Livres» ne peuvent plus ou ne peuvent pas encore être ouverts, règne le doute.

Il n'est encore personne qui n'ait pas trouvé de réponse «dans les Livres». Le prophète aussi en reçoit une. En réponse à ses questions, à ses méditations, à sa prière de confession et de supplication, Dieu fui envoie un messager céleste, l'ange Gabriel. Celui-ci transmet l'ordre au Très-Haut, non à la fin de sa prière, mais sitôt qu'il a commencé à prier. « Dès que tu as commencé à prier, l'Éternel a prononcé une parole» (23). Quel prodigieux encouragement à la prière faite avec foi !

La réponse transmise au prophète par l'ange rappelle la réponse que Jésus donna un jour à Pierre, alors que celui-ci lui demandait s'il était suffisant de pardonner à son frère sept fois par jour: «Non pas sept fois, mais septante fois sept fois. » De même le prophète reçoit ici la réponse que la captivité de Jérusalem ne durera pas seulement soixante et dix ans, mais soixante et dix semaines. Si une semaine représente sept années, soixante et dix semaines représenteront à peu près cinq cents ans, un temps qu'un homme ne peut en aucun cas vivre ni voir. « Il a été fixé en faveur de ton peuple et de ta ville sainte soixante et dix semaines au terme desquelles le péché sera effacé » (24).

Il est vrai qu'avant même l'expiration de ces cinq cents années les murailles de Jérusalem seront reconstruites. Ceci correspond exactement à ce que le prophète Jérémie avait prévu. «Les places et les remparts de Jérusalem seront rebâtis, mais en des temps difficiles » (25). Malgré la reconstruction extérieure de Jérusalem ce ne sera pas un temps de bénédiction.

Malgré le service de Dieu, la Parole de Dieu sera rare dans le pays pendant des siècles et la bouche de la prophétie restera muette. Mais à la fin de ces «temps difficiles » Dieu enverra « l'Oint, le Conducteur » (25).

Alors « le péché sera effacé et l'iniquité expiée, la justice éternelle sera manifestée, la vision et la prophétie seront accomplies et le Saint des saints sera oint» (24). Si ces paroles, remplies de l'Esprit de Christ, ne désignent pas directement la personne de Jésus de Nazareth, elles la font pressentir et il serait difficile de ne pas penser à Christ lorsqu'il est dit: «Alors les transgressions ainsi que les péchés cesseront et la justice éternelle paraîtra ».Cette autre parole désigne également le Christ :
L'Oint sera mis à mort, n'ayant pas de successeur » (26). L'abomination et la désolation régneront dans le lieu saint. Il nous est difficile de ne pas penser à la condamnation du «Saint des saints» par le souverain sacrificateur et les anciens. Lorsqu'il est dit, «au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l'offrande», nous pensons au moment où le voile du temple s'est déchiré, annonçant par là la fin de l'ancienne alliance, car le sacrifice a été accompli une fois pour toutes, par Jésus-Christ.

« Le peuple d'un chef qui surviendra détruira la ville et le sanctuaire et ce chef finira par être emporté, comme par une inondation; jusqu'à la fin régneront la guerre et les dévastations qui ont été décrétées» (26). Cette parole ne devrait-elle pas être mise en regard de la prédiction de Jésus-Christ sur la destruction de Jérusalem : « Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte... »

C'est ici la réponse à la question Jusques à quand? » Par cette réponse, l'espérance d'une prochaine restauration de Jérusalem et de son peuple est ôtée au prophète. Mais d'autre part il lui est donné la promesse - qui surpasse toute attente - qu'en réponse à ses supplications, le pardon des péchés lui est accordé. « Les transgressions cesseront, l'iniquité sera expiée et la justice éternelle viendra » (24). C'est un miracle infiniment plus grand que celui de la délivrance de la fosse aux lions.

Beaucoup de temps s'écoulera encore jusque-là. Mais le prophète garde la certitude que le salut viendra. Dieu a un plan qu'il exécutera au travers des temps, bien au delà de la brève mesure de notre vie humaine. Ceci est la signification des chiffres qui nous sont donnés ici et là par les prophètes. Ils ne doivent pas nous pousser à des calculs arbitraires. Notre raison humaine est trop faible pour saisir les calculs de Dieu; ne nous y risquons pas! La certitude que Dieu agit conformément à un plan qui comprend des temps déterminés doit nous suffire. Il y a une attente, jusqu'à ce que les temps soient accomplis, « mais pour ce qui est du jour et de l'heure, personne ne le sait, ni les anges, ni le Fils ».

Le temps le plus proche et le plus éloigné s'étend devant les peuples et les souverains comme un sombre tunnel. L'humanité s'avance, pleine d'orgueil et de désespoir, à travers ces ténèbres sans espérance. Mais, au sein de cette humanité aveugle marche une multitude qui sait «par les Livres » que le tunnel a une issue, et qui connaît celui qui l'a percée. Elle sait qu'un jour paraîtra, soudain, la sortie du tunnel et que le Christ attend là les nations et leurs souverains. Mais jusqu'à ce jour, cette multitude sait «par les Livres» qu'elle vit, d'heure en heure, de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs. Lorsque le dernier jour sera venu, à la fin des temps, on n'adorera plus dans les temples construits de main d'homme et alors s'accomplira le plan souverain de Dieu:

«Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis une forte voix qui venait du trône et qui disait: Voici le Tabernacle de Dieu au milieu des hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple ; Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus. Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car les premières choses auront disparu » (Apoc. XXI).

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