Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Parabole du semeur

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versets 4-9.

Un semeur sortit pour semer. Comme il semait une partie de la semence tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent et la mangèrent. Une autre partie tomba dans les endroits pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de terre: elle leva aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba dans la bonne terre: elle donna du fruit, un grain en rapporta cent, un autre soixante, un autre trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Cette parabole est l'une des deux que le Maître a expliquées Lui-même, de sorte que nous ne rencontrons aucune difficulté dans son interprétation.
Les points qui nous intéressent sont les suivants: le semeur, la semence et les différents terrains. Le semeur est le Fils de l'homme (verset 37). La semence, c'est la parole de Dieu, jetée dans le coeur de l'homme. C'est le Verbe incarné. C'est Jésus-Christ Lui-même. - C'est aussi cette Parole reçue et vécue par les enfants de Dieu, tel que le déclare le divin interprète lorsqu'Il dit dans la parabole de l'ivraie: la semence, ce sont «les fils du Royaume» (v. 38) qui ont été placés ici et là, dans toutes les couches de la société à travers les âges, par les lois merveilleuses de Sa providence. Puis, que représente le terrain ensemencé? Ce sont les différents états d'âme du monde irrégénéré.

Ainsi l'enseignement que nous pouvons retirer de cette première parabole est simplement navrant. Le coeur de Dieu a dû être étreint de souffrance devant la vision d'un monde si hostile, si rebelle, si réfractaire à sa Parole, comme aussi de constater qu'une partie de sa semence a perdu de sa vitalité par son contact avec le monde.

Considérons premièrement le monde représenté par le champ. Une partie tomba le long du chemin, c'est-à-dire dans un monde indifférent, incrédule, endurci, qui n'a pas une pensée pour Dieu; c'est pourquoi il ne peut pas comprendre les choses de la vie à venir qui lui sont prêchées. Le malin (illustré par l'image des oiseaux, comparez verset 4 avec verset 19) ne rencontre aucune difficulté pour empêcher toute puissance de vie de s'épanouir ou même de germer dans un tel milieu.

Une autre partie tombe dans les endroits pierreux où il n'y a pas beaucoup de terre; elle lève aussitôt, mais périt faute de racines, c'est-à-dire elle tombe dans un monde religieux, mais sans trouver le moindre besoin spirituel; facilement entraîné avec la foule à crier aujourd'hui: «Hosanna béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur», et demain, à crier avec la même détermination: «Qu'Il soit crucifié»; un monde dans lequel l'émotion joue le rôle prédominant, mais où la volonté reste figée, de sorte que, dans cette partie du terrain, le résultat est le même que dans la précédente.

Une autre partie tombe parmi les épines et est étouffée par elles. Triste spectacle d'un monde religieux qui a conscience de son état devant Dieu, mais qui, hélas! étouffe ce besoin de Dieu par les soucis du siècle présent et par les attractions de la vie matérielle et ses multiples plaisirs d'un jour, ce qui fait que là encore la semence ne produit aucun fruit.

Une autre partie tombe dans la bonne terre et produisit son fruit. Symbole d'un monde qui a pleinement conscience du besoin de Dieu et qui est disposé à lui obéir. La semence jetée dans un tel terrain ne peut rester sans effet, un grain en porte cent, un autre soixante, un autre trente.

Cette partie du champ a tout pour assurer une bonne et abondante moisson, la terre est bonne et en excellente condition, elle n'est ni piétinée, ni envahie de pierres, de ronces ou d'épines. Il n'y a rien qui puisse entraver l'éclosion de la semence et son développement, et pourtant nous sommes obligés d'admettre que la récolte n'est pas ce que l'on aurait pu attendre. Elle n'est pas de nature à réjouir et à encourager le Maître. Où se trouve la cause de ce désappointement? Se trouve-t-elle uniquement dans le terrain ou devons-nous la chercher également dans la semence? Pour les trois premières parties du domaine, nous pouvons admettre que le terrain est en bonne partie responsable de l'insuccès des semailles, quoique pas entièrement. Par la grâce de Dieu, il est possible à un chrétien de rendre un témoignage puissant et efficace dans n'importe quel milieu et d'y produire des fruits. Mais pour la quatrième partie, la responsabilité ne peut pas être imputée au terrain. La semence seule doit être responsable.

Dans notre définition de la semence, nous disions qu'elle n'était pas seulement la Parole écrite et prêchée, mais aussi la Parole incarnée, reçue et vécue par les enfants de Dieu. Par exemple: nous sommes, vous et moi, cette semence, si, ayant reconnu notre état de péché devant Dieu, nous avons, accepté la Parole faite chair, Jésus-Christ, comme substitut. Cet acte de foi nous identifie avec Lui, de sorte que nous devenons un grain de cette semence divine.

Il y a eu, en effet, à travers tous les siècles, des âmes d'élite, foncièrement consacrées à Dieu, des âmes qui n'ont compté ni leur temps, ni leur argent, ni leur peine, qui se sont données corps et biens, qui ont surmonté tous les obstacles, accepté tous les sacrifices, qui se sont inclinées devant toutes les humiliations et ne se sont point lassées dans leur zèle et qui sont devenues, par leur obéissance à Dieu, des instruments puissants pour la conversion de milliers d'âmes. Mais à part ces âmes d'élite qui ont produit le maximum, combien n'ont produit que le soixante pour cent et même que le trente pour cent. Et que dire du nombre plus grand encore de ceux qui n'ont absolument rien produit et qui, pourtant, ont reçu la vérité et sont devenus par elle des enfants de Dieu, cette parole incarnée.
Hélas! ils n'ont jamais amené une âme à la connaissance de la vérité, comme si ce travail était exclusivement réservé aux serviteurs de Dieu: ils n'ont jamais reconnu que tout croyant est en Jésus-Christ, prêtre et sacrificateur pour Dieu (1 Pierre 2 : 9). Ainsi leur témoignage n'a pas eu plus d'efficacité que celui de Lot en pleine ville de Sodome, par suite de l'inconséquence de leur foi. Convertis, mais gardant un coeur divisé, comme Naaman, ils sont disposés à se recueillir dans la Maison de Dieu, sans vouloir pour cela rompre les liens qui les gardent attachés à ce monde de péché. Appelés à contempler les richesses d'En haut, ils courtisent les biens d'ici-bas, neutralisant de ce fait toute l'efficacité de leur témoignage. Chrétiens! puisqu'ils se sont identifiés par la foi en Jésus-Christ, il n'y a pas de doute sur ce sujet; mais hélas! leur salut n'est suivi d'aucune oeuvre. Ils sont sauvés comme à travers le feu (1 Cor. 3: 15), sans laisser après eux quelque chose qui subsiste à la gloire de Dieu, sans avoir influencé le monde au milieu duquel ils ont été placés. Ils ont juste assez de vie pour se maintenir dans la foi, mais sans puissance pour attirer des âmes à Jésus-Christ. Vie nettement négative, ne faisant ni bien, ni mal. Qu'en est-il de toi, mon cher lecteur? Peux-tu affirmer avec véhémence, sous le regard de Dieu, qu'il n'en est pas ainsi pour toi? Que Dieu le veuille et qu'Il t'aide à te consacrer tout à nouveau à son saint service, avant l'heure dernière.


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Parabole de l'ivraie

versets 24-30.

Le royaume de Dieu est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire: Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie? Il leur répondit: C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l'arracher? Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.


La première parabole que nous venons de considérer nous a donné d'abord l'image d'un champ qui est en grande partie réfractaire à la culture, puis celle de la bonne semence qui a été semée dans la bonne terre et n'a produit qu'une récolte moyenne. À ces constatations s'en ajoute une troisième qui nous sera révélée par l'ivraie.

Nous suivons la même méthode pour l'étude de cette parabole que pour la précédente. Premièrement jeter un coup d'oeil sur le tableau quelle nous offre, deuxièmement considérer l'interprétation du Maître, et, en troisième lieu, déduire de cela les instructions qu'elle contient pour nous-mêmes.

Dans le tableau qui nous est présenté, il y a trois choses prédominantes qui attirent notre attention. En premier lieu c'est l'image du champ ensemencé par le propriétaire. Ici nous n'avons rien qui ne soit parfaitement normal. Mais voilà qu'apparaît, dans ce même champ, un deuxième personnage qui jette de l'ivraie parmi le blé qui vient d'être semé. Ce deuxième semeur ne peut être qu'un ennemi. Cet ennemi est un transgresseur de l'ordre établi. Il n'a aucun droit sur ce terrain et il en a lui-même pleinement conscience, comme le montre sa manière de faire. Il vient de nuit, en sourdine, pendant que les gens du maître dorment. Cela fait ressortir sa poltronnerie et sa lâche détermination de faire le mal par amour du mal, par pure haine contre le propriétaire légitime du champ. Lui-même n'a rien à gagner en exécutant son acte scandaleux, alors que le propriétaire a tout à perdre.

La semence qu'il choisit pour empoisonner le champ confirme sa détermination de nuire à l'extrême. L'ivraie qu'il sème est une plante enivrante dont la graine est vénéneuse; certains pensent même que l'ivraie est un blé dégénéré. Dans tous les cas, le fait est qu'elle est très ressemblante au blé, dans sa germination et son développement. Ce n'est que lorsqu'elle atteint sa maturité qu'on peut la distinguer nettement du bon grain, et c'est ce qui la rend particulièrement redoutable.

La troisième chose qui nous frappe dans ce récit, c'est l'attitude du propriétaire en constatant le mal accompli. «Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson», dit-il. Premièrement par considération pour le bon grain, de peur qu'en arrachant l'ivraie le blé ne soit déraciné, secondement pour donner une magistrale démonstration de ce qu'est véritablement l'ivraie. En laissant croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson, il sera facile de discerner sans erreur l'un de l'autre, sur là base de leur propre manifestation. Cette manifestation justifiera sans contredit leur destinée. L'ivraie sera liée en gerbes et brûlée, alors que le bon grain sera amassé dans le grenier du maître.

Considérons maintenant l'interprétation que nous donne le Seigneur du champ, puis du deuxième semeur, et, en troisième lieu, de la moisson (versets 36-43).

Sur le premier point, le Maître nous dit: «Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde». Le mot «monde» employé ici n'est pas le même que celui qui est employé plus loin et qui se trouve dans cette phrase du verset 39: «La fin du monde». Dans le texte grec, au verset 38, le monde est, comme nous l'avons déjà dit dans la présente parabole, le monde physique avec tout ce qu'il renferme; c'est cette création tout entière qui soupire et souffre les douleurs de l'enfantement (Rom. 8: 22). Alors qu'au verset 39 le mot «monde» fait allusion à notre société humaine, à notre civilisation, à l'ère chrétienne dans laquelle nous vivons.

Ce monde physique, cette création tout entière qui soupire et souffre, attend avec un ardent désir la manifestation des Fils de Dieu (Rom. 8 : 19), c'est-à-dire le résultat complet de la semence qui a été jetée en terre par le divin semeur.

N'oublions jamais que ce monde appartient à Dieu, et que Dieu, dans sa miséricorde, a placé, ici et là, des fils du Royaume (verset 38) pour qu'ils apportent par leur vie de consécration, par leur témoignage vivant, une puissance de régénération et de vie qui enraye le péché et produise la guérison, afin de tarir la source des larmes, de transformer les soupirs en chants d'allégresse, et de faire prévaloir dans leur entourage les principes divins du Royaume de Dieu leur Père. La grande espérance du divin Semeur, en ensemençant son champ, est d'établir son Royaume sur la terre, réalisant ainsi la prophétie d'Esaïe 11 : 9 qui déclare qu'un jour «la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel comme le fond de la mer par les eaux qui la recouvrent».

Faisons un pas de plus et considérons l'explication du Seigneur sur le deuxième semeur et sa semence. Le Seigneur nous dit que celui qui a semé l'ivraie est un ennemi; cet ennemi est un transgresseur, un usurpateur qui occupe une situation à laquelle il n'a pas droit. Oh! si nous pouvions, nous, les rachetés de Jésus-Christ, nous rendre bien compte de cette vérité, nous lui résisterions jusqu'au sang chaque fois qu'il veut nous tenter. Nous avons besoin d'apprendre à mieux connaître ce redoutable adversaire, car s'il n'est pas omniscient, ni omnipotent, il dépasse de beaucoup en connaissance et en force les limites assignées à l'homme.

Quant à son origine nous ne savons rien de positif. Il semblerait par certains passages que Satan était un chérubin protecteur, aux ailes déployées, plein de sagesse et de beauté, placé sur la Sainte Montagne de Dieu (symbole du gouvernement 'de Dieu) en Eden, le jardin de Dieu, au milieu de pierres étincelantes (image de créatures rationnelles splendides, voir 1 Pierre 2: 4-6), comme gouverneur d'une création préhistorique. Cet astre brillant, ce fils de l'aurore... fut intègre dans ses voies depuis le jour où il fut créé jusqu'à celui où l'iniquité a été trouvée en lui et où il a dit en son coeur: Je monterai au Ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu... je serai semblable au Très-Haut... Son coeur s'est élevé à cause de sa beauté, mais ayant corrompu sa sagesse, Dieu l'a précipité de sa montagne sainte... Il le fit disparaître *du milieu des pierres étincelantes (voir Esaïe 14: 12-14; Ezéch. 28: 12-15). Ces paroles n'auraient-elles pas une portée beaucoup plus grande que ne pourrait le faire soupçonner celui à qui elles sont adressées, le roi de Tyr? Ce qui est intéressant de savoir, c'est qu'un grand nombre d'éminents serviteurs de Dieu, tels que Revu. C. I. Scofield D. D., Revu. R. A. Torrey D. D., Revu. James Gray D. D., Revu. I. M. Haldiman D. D., Revu. A. C. Geabelin D. D., et beaucoup d'autres encore, pensent ainsi.

Au premier verset de la Genèse il est dit: «Au commencement Dieu créa les cieux et la terre». De quand date ce commencement? Nul ne le sait. Tout ce que nous savons, c'est qu'au commencement, lorsque Dieu créa les cieux et la terre, Il les créa parfaits. En lisant le deuxième verset et les versets 23-26 du quatrième chapitre de Jérémie, nous voyons la terre informe et vide, c'est-à-dire dans un état de complet bouleversement. Que s'est-il passé entre le premier et le deuxième verset de la Genèse? Si nous regardons notre planète, nous voyons qu'en effet elle porte partout les marques d'un cataclysme universel. Je me rappelle avoir vu, il y a bien des années, dans un énorme rocher qui avait été coupé, pour la création d'une rue dans le nord de la ville de New-York, les restes d'un arbre gigantesque pétrifié par les siècles. En Suisse nous sommes bien placés pour constater les traces d'un tel phénomène.

Ce cataclysme ne serait-il pas le résultat d'un jugement divin sur une création préhistorique qui se serait élevée contre Dieu? Il y a là certainement matière à réfléchir.

Au troisième verset, nous voyons l'Esprit de Dieu à l'oeuvre pour la réorganisation de notre planète bouleversée. Lorsque ce monde fut recréé, que le chaos fut remplacé par l'ordre, que cette terre réorganisée fut embellie et enrichie des beautés naturelles qui réjouissent nos yeux et répondent à nos besoins, Dieu créa l'homme à son image et à sa ressemblance, en connaissance, en justice, en sainteté. Il le plaça en Eden comme gouverneur de cette terre renouvelée. C'est là, dans cet Eden, que nous voyons pour la première fois la présence de Satan. D'où vient-il et que vient-il faire dans ce nouvel Eden?

Ne serait-ce vraiment pas cet ange déchu qui vient en vengeur chercher à séduire nos premiers parents et ruiner ainsi cette création nouvelle en y introduisant le péché? Regardez comme il se présente à Eve et la méthode qu'il emploie pour la faire tomber. C'est sous la forme d'un serpent qu'il se présente, créature dotée d'une grande beauté et d'une grande souplesse, élégante, subtile et séduisante. Il ne faut évidemment pas voir le serpent d'alors comme celui que nous connaissons. Le serpent d'aujourd'hui est une créature maudite (Gen. 3. 14). Avant sa malédiction c'était une créature merveilleuse, comme l'indique son nom. Le mot serpent, en hébreu est «Nachash» qui veut dire «Resplendissant». Il se tenait debout comme on peut en juger par le 14e verset mentionné plus haut. Nous savons également qu'il se déguise en ange de lumière (2 Cor. 11 : 14) pour insinuer le doute: «Dieu a-t-il réellement dit?» n'avez-vous pas mal compris sa pensée? Puis il ment. Il est le Père du mensonge (Jean 8 : 44) et nous voyons dans notre parabole son oeuvre néfaste d'empoisonnement par le moyen de l'ivraie.
Et pourquoi l'ivraie et non une autre semence telle que le chardon ou toute autre graine de ce genre? C'est que l'ennemi veut produire la plus grande confusion en répandant parmi le bon grain une mauvaise semence de même apparence, afin de rendre impossible le discernement de l'une avec l'autre. Sa grande préoccupation dans son oeuvre diabolique est d'imiter autant que possible les méthodes de Celui qu'il combat pour mieux lui nuire, et c'est là le coeur de la parabole. La chose prédominante qui a frappé la pensée des disciples est «l'ivraie». Lorsqu'ils viennent vers le Maître pour lui demander l'explication de cette parabole, ils ne disent pas: «Explique-nous la parabole des deux semeurs» ou «explique-nous la parabole de l'ennemi», mais «explique-nous la parabole de l'ivraie».

Il reste à considérer la moisson. La moisson, c'est la fin du monde (verset 39), c'est-à-dire la fin de l'économie dans laquelle nous vivons; ce n'est donc pas la destruction de notre planète par le feu, comme quelques-uns le pensent; il y aurait là une confusion avec ce qui se passera après le jugement dernier, devant le Grand Trône Blanc, qui aura lieu à la fin du Règne millénaire du Christ.

À l'époque de cette moisson, soit au terme final de notre présente civilisation, le Fils de l'homme enverra ses messagers pour arracher de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité. Il les arrachera de son royaume après que son corps mystique (l'Église) aura été complété et enlevé à la rencontre du Seigneur dans les airs. Cette oeuvre de purification de la terre se fera sous l'effet des multiples jugements dépeints par l'ouverture des sceaux, le retentissement des trompettes et le versement des coupes, tels qu'ils sont décrits dans l'Apocalypse. Ces jugements les jetteront dans la fournaise ardente, où il y, a des pleurs et des grincements de dents. Les autres qui ne se sont pas laissés séduire par le prince de ce monde, et qui, de ce fait, auront accepté l'Évangile du royaume, seront laissés sur la terre pour être introduits dans le Règne millénaire, le grenier de Dieu. C'est à ce fait que s'applique ces paroles du Maître. «L'un sera pris, l'autre laissé». L'un sera pris (enlevé de ce monde) par les jugements qui l'auront frappé; l'autre laissé (sur la terre) pour être introduit dans le Règne millénaire (1)

Maintenant que pouvons-nous retirer pour notre plus grand profit de cette parabole?

Premièrement, n'oublions jamais que la méthode de notre redoutable ennemi est celle de l'imitation. S'il y a un don particulièrement précieux, après celui de l'amour, pour notre époque si artificielle, c'est bien celui du discernement. Satan se déguise en ange de lumière, c'est un loup en vêtement de brebis, c'est un beau parleur qui endort la conscience (Ephés. 5 : 6). C'est un organisateur qui crée des sectes pernicieuses pour répandre de fausses doctrines en vue d'amoindrir la gravité du péché, d'élargir la route du Sinaï et d'obstruer celle du Calvaire; pour exalter le sacrifice de Caïn et flétrir celui d'Abel; Pour jeter les chrétiens dans la voie de Balaam et les perdre dans la mondanité; pour jeter le doute et la consternation dans le camp du peuple de Dieu en faisant disparaître les limites existant entre le bien et le mal, entre la vérité et l'erreur, entre l'homme de Dieu et l'homme du monde. Triste réalité présente.

Deuxièmement, il ne faut pas confondre l'ivraie avec les non croyants; les incrédules ne sont pas précisément de l'ivraie. L'ivraie a été jetée dans la bonne terre et non dans les trois parties du champ qui sont nettement défavorables à la bonne semence. L'ivraie représente ainsi uniquement cette puissance diabolique de Satan, «les Fils du Malin» qui est utilisée pour la destruction de la foi. Ainsi l'ennemi n'a aucune raison de se soucier des multitudes réfractaires à la Parole de Dieu. Il les possède. Ce qu'il vise, ce sont les Fils du Royaume» plantés dans la bonne terre. C'est pourquoi il emprunte leur langage, leur manière de vivre. Il va jusqu'à se recouvrir du manteau de la religion en vue d'augmenter les possibilités de les séduire. Ainsi, «veillons et prions sans cesse» (1 Thess. 5: 17).

Troisièmement, il est bon de se souvenir que les deux semences doivent grandir ensemble jusqu'à la moisson. Le propriétaire ne doit pas céder au découragement que pourrait lui causer la présence de l'ivraie.

Il est un fait certain: le mal se développe de plus en plus. La perversité devient diabolique à mesure que nous traversons les siècles. Aujourd'hui, le mal est plus satanique qu'il ne l'était dans les générations passées, car il est plus fourbe, plus rusé, plus perfide; le mal a atteint un raffinement de cruauté inimaginable.
D'un autre côté, le bien n'est pas non plus resté stationnaire, il a grandi, il s'est développé, les forces du Royaume se sont accrues. Nous pouvons à ce sujet répéter les paroles apocalyptiques: «que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore, et que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. Voici je viens bientôt et ma rétribution est avec moi pour rendre à chacun selon son oeuvre» (Apoc. 22: 11-12).

La fin de notre économie est proche, nous marchons rapidement vers l'écroulement complet de notre civilisation, mais ce ne sera pas la fin de ce monde physique. Il y a des questions importantes qui ont rapport à cette époque, mais comme elles ne sont pas mentionnées directement dans cette parabole, nous les passerons sous silence.

Après cette économie, lorsque l'ivraie aura été rassemblée et détruite par le feu du jugement, le blé sera rassemblé dans le grenier divin. Alors il y aura sur cette terre une économie nouvelle, purifiée de l'ivraie, qui s'épanouira dans la gloire en la présence immédiate du Roi des rois.

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(1) Cette pensée ne manquera pas d'étonner plusieurs; beaucoup voient dans ce verset l'enlèvement de l'Église, comme je l'ai cru moi-même pour de nombreuses années. Mais après une étude plus minutieuse du texte, je suis arrivé à la conviction que cette interprétation était erronée; car cette déclaration se trouve dam le 24e chapitre de Matthieu et s'adresse plus particulièrement aux Juifs qui vivront à l'époque de la dernière semaine de Daniel, dans laquelle se trouve la Grande Tribulation, soit après l'enlèvement de l'Église. 
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