La Bible demeure pour le croyant la règle
intangible de la foi et de la vie. Aussi
importe-t-il que le sens précis des
Écritures ne soit pas déformé
par la tradition des hommes.
Or, trop souvent, les
explications
admises couramment sans qu'on ait pris la peine
d'étudier à fond les textes ont
induit en erreur maintes personnes. C'est, en
particulier, ce qui s'est produit dans les
commentaires qui ont accompagné
l'étude des paraboles dites du Royaume
(Matth.
XIII).
On a vu dans telles d'entre
elles -
le levain glissé sous la pâte, le
grain de sénevé qui devient un grand
arbre - l'annonce, faite par Jésus
lui-même, d'un développement
progressif du Royaume de Dieu sur la terre, sans se
rendre compte que cet enseignement était
contraire à la notion même du Royaume
telle que l'Écriture la définit
ailleurs. Quant aux paraboles du trésor
caché ou de la perle de grand prix, qui n'a
entendu déclarer qu'il s'agissait là
de l'Évangile ou du salut qu'il convient
d'acquérir à tout prix? S'il en est
ainsi, ne s'aperçoit-on pas qu'on confirme
la doctrine catholique du salut par les oeuvres,
contraire elle aussi à tout l'enseignement
de l'Écriture?
S'inspirant de ce principe: La
Bible
s'explique par la Bible, M. H.-A.
Bolomey, pasteur, fait justice de telles
explications. Il s'efforce dans les pages qui
suivent de dégager la vraie signification de
cet important chapitre. En rapprochant les textes,
en faisant appel aux us et coutumes de
l'époque, il redonne aux mots leur vrai
sens, et les récits bien connus s'illuminent
d'un jour nouveau.
Peut-être, certains lecteurs
trouveront bien hardis quelques-unes des
conclusions de l'auteur. Peu importe! Par ces
pages, un précieux appoint nous est
apporté pour l'étude d'une des
parties les plus riches de l'Évangile. Que
'M. H.-A. Bolomey en soit sincèrement
remercié par tous ceux qui aiment la Bible
et qui, en toutes circonstances,
répètent l'apostrophe du
Maître: Ta Parole est la
Vérité!
Ed. Champendal, pasteur.
Je n'avais pas encore 20 ans lorsque j'ai
passé par une profonde crise religieuse qui
pouvait soit ébranler mes convictions et me
précipiter dans le gouffre de
l'incrédulité, soit m'élever
sur les sommets de la Foi.
Cette crise provenait d'une
consciencieuse méditation des enseignements
qui m'avaient été donnés sur
les paraboles du treizième chapitre de
Matthieu. Cet enseignement me montrait un monde
perdu, égaré, mais qui devait peu
à peu se bonifier,
s'évangéliser, se christianiser,
subir une complète transformation par la
puissance de la semence jetée en terre; et
ce développement devait Prendre des
proportions miraculeuses tel le grain de moutarde
qui devient un arbre. Cette conception était
rehaussée par la parabole du levain qui fait
lever toute la 'pâte et qui transforme
celle-ci à sa ressemblance, réalisant
ainsi la prophétie d'Esaïe 11 : 9:
«La terre sera remplie de la connaissance de
l'Éternel, comme le fond de la mer par les
eaux qui le couvrent».
Mais au sein de la méditation
apparaissait invariablement devant mes yeux un
monde qui, après deux mille ans de
prédication de l'Évangile,
était loin de répondre à cette
merveilleuse perspective de complète
régénération dans notre
société humaine. Je voyais
même, entre ces deux faits, un
précipice qui les séparait nettement,
à tel point que je suis arrivé
à me demander: Puis-je vraiment me fier
à ma Bible ?
La première corde de salut
qui m'a retenu au-dessus de l'abîme fut la
lecture de quelques passages des Évangiles
et des épîtres qui traitaient le
caractère moral et spirituel de la fin de
notre civilisation. Je vis, dans ces passages une
description qui correspondait parfaitement aux
observations que je constatais dans notre
christianisme du 20e siècle. Ma foi
était ainsi sauvée. Je pouvais
à nouveau me confier à ma
Bible.
C'est alors que je me suis
penché sur ces paraboles d'une
manière toute particulière afin d'y
découvrir l'harmonie qui devait certainement
exister entre elles et les déclarations du
Seigneur et des apôtres, comme aussi entre
elles et l'histoire de la
chrétienté.
Dans cette intention j'ai eu
recours
à de nombreux ouvrages qui traitaient ce
sujet par des éminents serviteurs de Dieu.
Ces ouvrages m'ont grandement aidé à
saisir la lumière après laquelle mon
âme soupirait. C'est alors que j'ai compris
que l'enseignement reçu en premier lieu ne
correspondait nullement à la pensée
du Maître, et par là ne pouvait que
jeter la confusion dans la recherche du plan divin
pour l'établissement du Royaume de Dieu sur
la terre. Cela a été pour moi comme
une vision, un point de départ dans
l'approfondissement durable de ma foi, un chemin
ouvert à la compréhension plus juste
du plan de Dieu envers l'humanité.
De ce fait est sorti cet humble
travail que j'ai donné, ici et là,
dans des classes bibliques, sans la moindre
pensée de les publier un jour. Ce n'est
qu'à la suite de demandes
réitérées d'amis et sur le
conseil d'un cher confrère que cette
publication a vu le jour avec une autre
étude sur l'Apocalypse, sous la même
couverture. Une année était à
peine écoulée qu'une nouvelle
édition était en circulation. Vu la
grande augmentation des prix d'impression il a
été décidé de
séparer ces deux études et d'en faire
deux volumes séparés afin de les
rendre plus accessibles aux petites
bourses.
Cette édition a
été revue et augmentée d'une
nouvelle parabole, celle de l'économe, qui
se trouve à la fin de cet ouvrage, et qui
est, en quelque sorte, une conclusion à
tirer des précédentes paraboles.
L'auteur.
Avant d'entreprendre l'étude des
paraboles de Matthieu XIII, il est bon de
s'arrêter quelques instants sur la notion
biblique du Royaume.
Dans les évangiles, il est
parlé du «Royaume de Dieu» et du
«Royaume des cieux». Ces deux termes
n'ont pas la même signification. Ils
possèdent chacun une nuance
particulière qui les distingue l'un de
l'autre, et qu'il est important de connaître
si l'on veut obtenir une vision claire du sujet.
Dans ce but, permettez-moi de citer quelques pages
du chapitre qui traite ce sujet dans mon ouvrage
Quand et comment s'établira l'Ordre Nouveau?
.
«Ces deux Royaumes, Royaume des
cieux et Royaume de Dieu, se distinguent l'un de
l'autre plus spécialement par cinq aspects
différents.
1) Le Royaume de Dieu est
spirituel,
et comme nous venons de le voir, universel. Il
renferme en lui-même tout être
créé à l'image de Dieu,
librement soumis à Sa volonté, qu'il
provienne d'ordres angéliques, de
l'Église ou des saints des dispensations
passées ou futures
(Luc
15: 28-29; Hébr.
12: 22-23). Par
exemple: Une âme qui se convertit, qui passe
de la mort à la vie par la nouvelle
naissance, est délivrée de la
puissance des ténèbres pour être transportée
dans le Royaume de Dieu. Les lois du Royaume de
Dieu deviennent ses lois, elle reconnaît pour
elle-même la souveraineté de Dieu et
de son Fils bien-aimé. Elle fait ainsi
partie du Royaume de Dieu.
Le Royaume des cieux est par
contre
messianique, son étendue est limitée
à la terre. C'est l'établissement du
Royaume de Dieu ici-bas
(Matth.
3: 2). L'appellation de
«Royaume des cieux» est donc l'expression
particulière à Matthieu, et semble
désigner les lois messianiques de
Jésus-Christ, Fils de David. Ce règne
est appelé «Royaume des cieux», du
fait que les lois du Dieu des cieux seront
établies sur la terre
(Matth.
6: 10), et que
l'autorité et les principes de ce royaume
seront tous d'origine céleste.
» ) Ce royaume est le
traité que Dieu a conclu avec David et ses
descendants
(2
Sam. 7: 7-10), et qu'Il a
réaffirmé à Marie, par
l'intermédiaire de l'ange Gabriel
(Luc
1 : 32-33).
2) Nous entrons dans le Royaume
de
Dieu par la nouvelle naissance; ainsi, dans ce
royaume, il ne peut y avoir que des âmes
régénérées, qui ont
reçu par la foi une nouvelle nature: Christ
en eux, l'espérance de la gloire.
» ) Il en est autrement du
Royaume des cieux, sphère terrestre du
Royaume de Dieu, que nous pourrions comparer
à un vestibule, ou mieux encore, à un
atelier d'épreuves, où se
trouveraient tous les professants chrétiens,
sincères ou non. Les sept paraboles de
Matthieu XIII, appelées par le Seigneur
Lui-même «mystère du Royaume des
cieux» (v. 11),
donnent dans leur ensemble, les
résultats de l'action de
l'Évangile dans le monde au cours de notre
époque, pour se terminer à la
moisson. Ces résultats sont un
mélange d'ivraie et de bon grain, de bons et
de mauvais poissons. La parabole des dix vierges
(Matth.
25: 1-13) fournit le
même enseignement. Nous voyons dans ce cas,
comme dans Matthieu XIII, que le Royaume des cieux
est bien la sphère des professants. Toutes
les vierges ont des lampes ; cependant deux faits
caractérisent d'une manière claire et
définitive la position réelle des
vierges folles. Nous lisons: «Elles ne prirent
point d'huile» et le Seigneur leur dit:
«Je ne vous connais pas». L'huile est le
symbole du Saint-Esprit, et « si quelqu'un n'a
pas l'esprit de Christ, il ne lui appartient
pas» (Rom.
8: 9). Il en résulte
que les vierges folles ne sont pas l'image de
croyants. Le Seigneur ne pourrait jamais dire
à aucun d'eux quelque soit son manque de
spiritualité: «Je ne vous connais
pas». Il est donc vrai que, dans le royaume
des cieux il y a un mélange de professants
chrétiens. Les uns possèdent le
Christ et le professent, tandis que d'autres n'ont
que l'apparence et point de
réalité.
3) Par le fait que le Royaume
des
cieux est la sphère terrestre du Royaume
universel de Dieu, les deux ont beaucoup de choses
en commun. C'est pour cette raison que plusieurs
paraboles, ainsi que d'autres enseignements sont
mentionnés par Matthieu comme faisant partie
du Royaume des cieux, et que les mêmes choses
appartiennent au Royaume de Dieu selon Marc et Luc.
Il n'y a là rien d'étrange; la seule
chose nécessaire pour en comprendre le
pourquoi, est d'observer soigneusement les
omissions que nous y constatons,
car elles ont une très grande signification.
Par exemple: Nous ne trouvons aucune mention des
paraboles de l'ivraie et du filet dans le Royaume
de Dieu
(Matth.
13: 24-30; 36-43;
47-50).
Car dans ce
royaume-là, il ne peut y avoir ni ivraie, ni
mauvais poissons, étant donné qu'il
faut naître à nouveau pour y entrer.
Par contre, la parabole du levain
(Matth.
13: 33) s'applique aux deux
royaumes, car les enfants de Dieu, même les
plus consacrés à leur Maître,
restent dans une certaine mesure contaminés
par le levain des Pharisiens, des Sadducéens
et des Hérodiens. Ils ne perdront toute
trace de leur nature adamique que le jour où
ils seront glorifiés, lors de la
première résurrection, lorsqu'ils
verront Christ «tel qu'il est» et qu'ils
seront rendus «semblables à Lui»
(1
Jean 3: 2).
4) Le Royaume de Dieu «ne vient
pas de manière à frapper les
regards»
(Luc
17: 20). C'est cette oeuvre
exclusivement spirituelle et profonde qui
s'accomplit chaque jour dans l'âme du croyant
(Rom.
14: 17).
Il en est autrement du Royaume
des
cieux que Jésus-Christ établira lors
de son prochain retour. Ce sera une grande
manifestation de puissance et de gloire.
5) Le Royaume des cieux sera un
jour
absorbé par le Royaume de Dieu,
«lorsque Christ aura mis tous ses ennemis sous
ses pieds»; alors «viendra la fin, quand
Il remettra le Royaume à Celui qui est Dieu
et Père, après avoir détruit
toute domination, toute autorité, et toute
puissance»
(1
Cor. 15: 24-28).»
En terminant ce court exposé,
mettons en relief nous y
constatons, car elles ont une très grande
signification. Par exemple: Nous ne trouvons aucune
mention des paraboles de l'ivraie et du filet dans
le Royaume de Dieu
(Matth.
13: 24-30; 36-43;
47-50).
Car dans ce
royaume-là, il ne peut y avoir ni ivraie, ni
mauvais poissons, étant donné qu'il
faut naître à nouveau pour y entrer.
Par contre, la parabole du levain
(Matth.
13: 33) s'applique aux deux
royaumes, car les enfants de Dieu, même les
plus consacrés à leur Maître,
restent dans une certaine mesure contaminés
par le levain des Pharisiens, des Sadducéens
et des Hérodiens. Ils ne perdront toute
trace de leur nature adamique que le jour où
ils seront glorifiés, lors de la
première résurrection, lorsqu'ils
verront Christ «tel qu'il est» et qu'ils
seront rendus «semblables à Lui»
(1
Jean 3: 2).
Le Royaume de Dieu «ne vient
pas de manière à frapper les
regards»
(Luc
17: 20). C'est cette oeuvre
exclusivement spirituelle et profonde qui
s'accomplit chaque jour dans l'âme du croyant
(Rom.
14: 17).
Il en est autrement du Royaume
des
cieux que Jésus-Christ établira lors
de son prochain retour. Ce sera une grande
manifestation de puissance et de gloire.
6) Le Royaume des cieux sera un
jour
absorbé par le Royaume de Dieu,
«lorsque Christ aura mis tous ses ennemis sous
ses pieds»; alors «viendra la fin, quand
Il remettra le Royaume à Celui qui est Dieu
et Père, après avoir détruit
toute domination, toute autorité, et toute
puissance»
(1
Cor. 15: 24-28).»
En terminant ce court exposé,
mettons en relief les faits
suivants qui ont trait plus spécialement au
Royaume des cieux.
1) Le Royaume des cieux est
ainsi en
rapport direct avec l'établissement de
l'autorité divine sur la terre.
2) Le Royaume des cieux est «un
fait» qui ne se discute pas. Il est
prédit dans le traité conclu avec
David
(2
Sam. 7: 8-16; Ps.
89: 4, 5, 20,
38;
Esaïe Il:
1-16; Jér.
23: 3-8; Ezéch.
34: 22-26; 37:
21-25; Luc
1: 30-33).
3) Le Royaume des cieux est
«à la porte». Il peut se
réaliser d'un moment à l'autre.
Daniel, un des captifs de Juda, comprit par les
Saintes Écritures que la captivité de
Babylone touchait à sa fin. C'est alors
qu'il éleva son âme à Dieu par
une humble et fervente prière confessant les
péchés de son peuple auquel il
s'identifie
(v.
4-19). Comme il parlait encore,
l'ange Gabriel vient lui annoncer une
vérité plus merveilleuse encore,
celle de l'établissement définitif du
Royaume messianique sur la terre. D'après
cette révélation, septante semaines
(semaines sabbatiques de sept ans
chacune(1*)
devaient s'écouler avant l'apparition de ce
jour
(v.
25). Mais à la fin de la
69e semaine le Roi devait expier le
péché de son peuple. Cette
prophétie s'est réalisée
à la lettre, en la personne de
Jésus-Christ. À la fin du
ministère de Christ, il ne resterait ainsi
plus qu'une semaine, des septante prédites,
soit sept ans, pour l'accomplissement final de la
promesse. Jésus-Christ pouvait ainsi dire
à son peuple. «Repentez vous, car le Royaume des
cieux
est proche»
(Matth.
4: 17) et Il pouvait envoyer
ses disciples en leur disant: «Allez,
prêchez, et dites: le Royaume des cieux est
proche»
(Matth.
10. 7).
4) La rejection du Roi
(Dan.
9: 26). Cette rejection a comme
brisé le cours prophétique de la
promesse, jusqu'au jour où Israël
reconnaîtra son Roi.
5) Le mystère du Royaume des
cieux, ou sa forme actuelle, Cette phase du Royaume
se déroule dans ce que nous appelons
«la parenthèse de la grâce».
C'est le temps actuel qui s'est interposé
entre la 69e semaine et la 70e par suite de la
rupture, causée par la rejection du Roi.
C'est au cours de cette période du Royaume
des cieux que Dieu révèle le
mystère caché de tout temps en Lui.
«L'Église.»
6) Le dernier fait à
souligner est la forme finale du Royaume. En
d'autres termes, c'est le Royaume qui est
arrivé à sa gloire. Cet aspect du
Royaume se réalisera par le retour personnel
de Jésus-Christ, le divin Roi. C'est cette
forme-là que les prophètes ont vue et
proclamée. La forme actuelle et
mystérieuse, dépeinte dans Matthieu
XIII ne leur a pas été
révélée
(Matth.
13: 17). Cette
dernière forme du Royaume durera
«jusqu'à ce que tous ses ennemis soient
sous ses pieds». Alors le Royaume des cieux
sera absorbé dans le Royaume de Dieu,
«afin que Dieu soit tout en tous»
(1
Cor. 15: 24-28).
Jésus-Christ, arrivé au terme de
son ministère terrestre, voulut mettre en
garde ses disciples contre de fausses
espérances concernant l'établissement
du Royaume de Dieu ici-bas, ainsi que son
progrès dans le cours de notre
économie. Il le fait sous la forme d'un
discours parabolique. Au premier abord, l'on peut
se demander la raison pour laquelle le Maître
a adopté l'emploi de paraboles pour
révéler, à la foule
rassemblée autour de lui, ainsi qu'aux
disciples en particulier, ce qu'Il avait à
leur dire concernant ce sujet. Cette question
préoccupait déjà les disciples
qui, au milieu du discours, s'approchent du
Seigneur pour lui demander la raison pour laquelle
Il leur parle en paraboles, sur quoi le
Maître leur répond en ces termes
(voir
v. 11): «Je leur parle en
paraboles parce qu'il vous a été
donné de connaître les mystères
du Royaume des Cieux, et que cela ne leur a pas
été donné, de sorte qu'en
voyant, ils ne voient point, et qu'en entendant,
ils n'entendent point et ne comprennent point»
En d'autres termes: Vous, mes disciples, vous
m'avez reçu comme l'envoyé de Dieu,
comme le Roi qui doit venir, vous m'avez
donné une place dans vos coeurs; mon esprit
est en vous, il vous aide à saisir les
choses qui ont rapport au Royaume; mais eux, ils ne
m'ont pas reconnu comme leur Messie. Je n'occupe
aucune place dans leur coeur. Mon esprit leur est
parfaitement étranger.
Tout ce qu'ils possèdent n'est qu'une
religion de forme, sans réalité, sans
vie, et de ce fait, ils ne peuvent pas saisir ce
que vous saisissez. C'est pourquoi mon message est
imagé de choses de la vie courante,
familières à chacun, qui peuvent
être comprises de tous, afin d'illustrer
ainsi les vérités mystérieuses
et profondes que je désire leur enseigner,
afin que par cette comparaison ils arrivent
à comprendre une chose par
l'autre.
Ainsi la méthode parabolique
employée par le Maître avait comme but
de venir en aide à ses auditeurs,
d'éveiller l'intérêt de ceux
qui l'écoutaient et d'exciter leur
curiosité, afin de les arracher à
leur coupable indifférence ou à leur
incrédulité. C'était un moyen
d'aider ceux qui n'avaient pas les
possibilités de comprendre ce qu'il avait
à leur dire, n'ayant pas reçu
l'Esprit du Roi, et qui, de ce fiait étaient
sur le point de perdre le peu de religion qu'ils
possédaient encore.
Cette forme d'enseignement n'est
donc pas, comme certains le pensent, une
méthode que Jésus-Christ aurait
adoptée, dans sa fureur, pour livrer cette
foule à son péché, afin qu'en
voyant elle ne voie point et qu'en entendant elle
n'entende point. C'est bien mal interpréter
la Parole de Dieu et son amour pour ce monde perdu,
Lui qui a «tant aimé le monde qu'Il a
donné son Fils unique afin que QUICONQUE
croit en Lui ne périsse point; mais qu'il
ait la vie éternelle»
(Jean
3: 16).
Une parabole est toujours une
aide,
jamais une entrave. C'est parfois une
vérité voilée, non pour
qu'elle soit rendue inaccessible à l'homme,
mais pour qu'elle ne puisse pas lui
échapper. Un verre enfumé ne nous cache pas
le soleil, mais nous aide à mieux
l'observer. Comme nous l'avons vu plus haut, la
grande préoccupation de Dieu est que tous
les hommes arrivent à la connaissance de la
Vérité. Il ne veut pas qu'aucun
périsse; mais que tous soient sauvés.
Combien nous avons besoin de cette méthode,
dans les temps actuels où
l'indifférence et le matérialisme
voilent, à un si haut degré, les
beautés ineffables de la vie
éternelle.
Pour bien comprendre
l'enseignement
des paraboles, il est de toute
nécessité de suivre une certaine
règle, si nous voulons éviter l'ennui
de nous fourvoyer sur une fausse route qui nous
conduira à des interprétations
pleines de fantaisie, et loin de la
vérité.
Premièrement, ne cherchons
pas de complications dans leur
interprétation; la plus simple sera
vraisemblablement la plus juste.
Deuxièmement, il faut garder
cette pensée: que Dieu est un Dieu d'ordre,
et non de désordre. Quand Il a pris, par
exemple, une figure pour illustrer une
vérité quelconque, Il ne la reprend
pas pour illustrer une vérité
contraire, dans un autre passage des Saintes
Écritures. Par exemple dans la
première parabole, celle du semeur, il est
parlé d'oiseaux. Au
19e verset, le Maître dit
Lui-même que ces oiseaux représentent
les fils du malin. Dans la troisième
parabole, celle du grain de moutarde, nous
retrouvons cette même figure. Nous pouvons
ainsi conclure que là aussi, les oiseaux
représentent les fils du malin et non ceux
du Royaume. Dans la quatrième parabole,
celle du levain, nous ne rencontrons aucune
difficulté pour découvrir ce que préfigure le
levain, si
nous suivons notre règle. Dans l'Ancien
Testament comme dans le Nouveau, le levain est
invariablement présenté comme le
symbole du mal, JAMAIS comme celui du bien. Ainsi
il ne pourra pas dans cette quatrième
parabole, représenter le bien.
Troisièmement, il faut aussi
se souvenir que la Bible est la Parole de Dieu, et
non celle d'un homme, et que, par ce fait, il ne
peut pas y avoir de contradictions réelles
dans son enseignement. Par exemple, dans les
passages suivants: Matth.
24, Luc
17: 26-30; 18:
8;
2
Tim. 3: 1-5, 2
Tim. 4: 3-5, etc., nous avons une
vision d'un monde qui, dans le domaine moral et
spirituel, va de mal en pis. Ainsi,
l'interprétation de ces paroles ne peut pas
être en contradiction avec ces
déclarations. De sorte que
l'interprétation qui fait de ces paraboles
du grain de moutarde et du levain, l'image d'un
développement croissant et satisfaisant des
principes du Royaume des Cieux, jusqu'à son
couronnement absolu, soit la conversion du monde,
n'est pas conforme à l'enseignement du
Maître, et doit être
écartée. Qu'il y ait des erreurs
apparentes nous l'admettons, mais des erreurs
réelles, JAMAIS. Cela me fait penser
à un diacre d'une église de Chicago,
au temps où j'étais étudiant
en théologie, dans cette ville. Un dimanche
soir, à la fin d'une réunion
d'évangélisation, il vint vers moi
avec sa Bible et d'un air quelque peu narquois, me
dit: «Eh! bien, mon ami vous dites qu'il n'y a
pas de contradictions dans la Bible? Expliquez-moi
alors ces deux versets.» Et ouvrant le Livre
au 26e chapitre des Proverbes, il me pointe les
versets 4
et 5 de ce chapitre :
v. 4 «Ne réponds pas
à l'insensé selon sa folie de peur
que tu ne lui ressembles toi-même.
v. 5 Réponds à
l'insensé selon sa folie afin qu'il ne se
regarde pas comme sage.»
Puis, bien campé sur ses deux
jambes, il attendait ma réponse. J'avoue que
je fus embarrassé, mais non
déconcerté. «Je regrette, lui
dis-je, de ne pouvoir vous donner une
réponse satisfaisante ce soir. Dieu m'aidera
à vous la donner dans notre prochaine
rencontre.» Arrivé dans ma chambre, je
me jette à genoux et place le
problème devant mon Père
céleste. Après un moment d'intime
entretien avec Lui, je me relève plein de
joie et, m'adressant aux meubles de ma chambrette,
je cherche à formuler à haute voix la
réponse que j'avais à donner.
Hélas! j'en fus incapable. Je comprenais
suffisamment pour moi-même, mais pas assez
pour l'expliquer à d'autres. Il ne me
restait qu'une seule chose à faire: retomber
à genoux et implorer la grâce de Dieu,
lui disant dans ma prière que ce
n'était pas pour sauver ma foi que je
demandais la lumière sur ce texte, mais pour
confondre l'ennemi et l'amener, si possible,
à de meilleurs sentiments. Une fois debout,
je pris ma Bible et marquai, entre ces deux versets
4 et 5, le mot «MAIS», et je me mis
à lire ce passage ainsi:
Jésus donne dans Matth.
22: 17-22 une illustration
magistrale de cette sagesse.
Quatrièmement, il faut se
mettre en garde contre l'interprétation
populaire. Le fait qu'une interprétation est
généralement reçue n'est pas
une garantie absolue de sa vérité.
N'est-ce pas l'interprétation populaire de
la venue du Messie qui a conduit
Jésus-Christ au Calvaire?
Cinquièmement, il faut se
souvenir aussi qu'une parabole n'est pas une base
doctrinale, et que, de ce fait, on ne peut pas
tirer une leçon de chaque mot qui la
compose. Une parabole est comparable à une
fenêtre qui jette de la lumière sur un
point particulier, et pas davantage. Par exemple
nous avons, dans le 15e
chapitre de l'Évangile de
Luc, trois paraboles: celles de la brebis
perdue, de la drachme et de l'enfant prodigue. Pour
interpréter l'enseignement de ces paraboles,
nous n'avons nullement besoin. de nous occuper des
nombreux détails qui s'y trouvent. Ce qui
doit être retenu dans la première est
le fait qu'une brebis est perdue par son ignorance,
dans la seconde, c'est qu'une pièce de
monnaie est égarée par
négligence, et enfin dans la
troisième qu'un fils prodigue est perdu par
sa propre volonté. L'enseignement à
retirer de ces trois paraboles est celui-ci: Qu'une
âme soit perdue par ignorance, ou par
négligence, ou par sa propre volonté,
il y a plus de joie au Ciel pour une seule d'entre
elles qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf
qui ne sentent pas le besoin de se
repentir.
Il est également
nécessaire, pour bien comprendre ces
paraboles de Matth.
13 et en découvrir
toute la beauté, de remarquer qu'elles sont
divisées en deux groupes
bien distincts, soit les quatre premières et
les quatre suivantes.
Celles du premier groupe sont
adressées à la foule: elles
présentent le côté humain du
sujet tel que l'homme de la rue, l'homme naturel,
irrégénéré peut le voir
et le comprendre. C'est la seule vision qu'il peut
avoir sur le développement présent du
Royaume des Cieux.
Celles du deuxième groupe
sont adressées exclusivement aux disciples:
elles présentent le sujet par son
côté divin, intime, profond, tel que
Dieu le voit et que l'homme de la foi le
comprend.
Les quatre premières donnent
un exposé prophétique qui
révèle la faillite de la
chrétienté.
Les suivantes donnent la
réponse de Dieu à cette faillite,
ainsi que la conclusion qui en découle.
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