ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
APOCALYPSE.
Ce livre est appelé Apocalypse,
c'est-à-dire Révélation, parce
qu'il contient les révélations que
Dieu adressa à saint Jean dans l'île
de Patmos où il avait été
relégué par l'empereur Domitien. Les
trois premiers chapitres regardent les principales
Églises de l'Asie Mineure, et les suivans
marquent ce qui devait arriver dans l'Eglise
jusqu'à la fin du monde. Il y a dans ce
livre des chapitres qui sont assez clairs ;
mais il y a des visions et des prophéties
qui ont de l'obscurité et qu'on explique
différemment, sur lesquelles aussi on ne
fera point de réflexions
particulières.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Jean parle de l'utilité
des prophéties qui sont contenues dans ce
livre ; il souhaite la grâce de Dieu aux
sept Églises d'Asie, et il prédit la
venue de Jésus-Christ. Ensuite il rapporte
une apparition magnifique dans laquelle Notre
Seigneur se fit voir à lui et lui ordonna
d'écrire de sa part aux sept Églises
d'Asie.
RÉFLEXIONS.
L'ENTRÉE de ce chapitre et de
ce livre nous enseigne que la lecture et la
méditation de l'Apocalypse est fort
utile ; ainsi nous devons faire un bon usage
des choses qu'il contient, et quoiqu'on y trouve
des prophéties difficiles à entendre,
il y a d'autres endroits dont le sens est clair et
qui sont très-instructifs.
2. Les voeux et les actions de
grâces par où saint Jean commence,
expriment les sentimens que doivent avoir tous les
vrais fidèles : c'est de demander la
grâce et la paix de Dieu pour eux et pour
toutes les Églises, et de rendre d'ardentes
et de continuelles actions de grâces à
Jésus-Christ, qui nous a aimés, qui
nous a lavés de nos péchés en
son sang et qui nous a faits rois et sacrificateurs
à Dieu, son père.
3. La prédiction que saint
Jean fait de la venue de Jésus-Christ nous
montre que, comme le but de ce livre de
l'Apocalypse est d'avertir les
hommes de cette venue, qui doit être si
consolante pour les fidèles et si terribles
pour les méchans, nous devons aussi penser
sans cesse à ce glorieux avènement de
notre Sauveur.
4. Cette apparition magnifique de
Jésus-Christ, qui est ici rapportée,
nous met principalement devant les yeux la
majesté de Jésus-Christ et le soin
qu'il a de son Église, c'est ce que marque
la description qui est faite dans ce chapitre de la
gloire dans laquelle Notre Seigneur apparut
à saint Jean, et ce qui est dit que les sept
chandeliers d'or, au milieu desquels
Jésus-Christ se tenait,
représentaient les sept Églises
d'Asie, et que les sept étoiles qu'il avait
en sa main droite dénotaient les anges,
c'est-à-dire les évêques et les
pasteurs de ces Eglises-là. Cette vision et
l'explication que Notre Seigneur en donna à
saint Jean montre que Jésus est au milieu de
son Église qu'il la conduit, qu'il voit tout
ce qui s'y passe, et que c'est de sa part que les
pasteurs y sont établis ; ce qui doit
être un grand motif, tant pour les pasteurs
que pour tous les chrétiens, à se
confier en Jésus-Christ et à le
servir avec fidélité, comme
étant sous les yeux de celui qui est le roi
et le souverain pasteur de l'Eglise et le juge de
tous les hommes.
CHAPITRE
Il.
Cette partie du chapitre second
de l'Apocalypse contient deux Épîtres
que saint Jean écrivit par l'ordre de
Jésus-Christ.
- La première s'adresse à
l'ange, c'est-à-dire à
l'évêque de l'Eglise
d'Éphèse et à tout son
troupeau. Notre Seigneur loue la foi de cette
Église ; mais il lui reproche de
s'être relâchée dans la
charité, et il la menace de lui
ôter son chandelier, c'est-à-dire
de la priver de la prédication de
l'Évangile.
- La seconde Épître s'adresse
à l'Eglise de Smyrne. Jésus-Christ
la loue aussi, il lui prédit qu'elle
serait persécutée et il l'exhorte
à la persévérance.
I. 1-7 ; II, 8-11.
RÉFLEXIONS.
IL faut faire d'abord sur les
Épîtres qui sont contenues dans ce
chapitre et dans le suivant, ces quatre
réflexions :
1. Qu'elles commencent toutes par
ces mots : Je connais tes oeuvres ; ce
qui nous apprend que l'état de chaque
Église est parfaitement connu à Notre
Seigneur et qu'il voit tout ce
qu'il y a de bien et de
mal ;
2. que Jésus-Christ
répète dans toutes les
Épîtres ces paroles : Que celui
qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit
dit aux Églises. Cet avertissement marque
l'importance des choses que saint Jean a
écrites dans ces Épîtres par
l'ordre de Notre Seigneur et nous oblige à y
faire une sérieuse attention ;
3. qu'à la fin de chaque
Épître Notre Seigneur fait
d'excellentes promesses à ceux qui auront
vaincu, c'est-à-dire, à ceux qui
auront surmonté les tentations et
persévéré jusqu'à la
fin dans la foi et dans
l'obéissance.
Ces promesses sont conçues en
termes figurés, et elles marquent les
grâces précieuses que le Seigneur
accorde à ses élus en cette vie et
les biens qu'il leur réserve dans le
ciel.
Enfin il faut savoir que les menaces
que Jésus-Christ fait, dans ces
Épîtres, aux Églises de l'Asie
Mineure, furent exécutées dans la
suite, comme on le voit encore aujourd'hui par le
triste état où sont réduites
ces Églises qui étaient autrefois si
florissantes.
Dans les Épîtres qui
s'adressent à l'Eglise
d'Éphèse et à celle de Smyrne,
il faut observer,
1. que Jésus-Christ loue ces
deux Églises de ce qu'elles ne souffraient
pas les méchans, par où l'on voit que
l'intention de Jésus-Christ est que l'on
ôte de la communion de l'Eglise les faux
docteurs aussi bien que les vicieux et les gens
sensuels, tels qu'étaient les
Nicolaïtes, dont il est parlé dans la
lettre à l'Eglise d'Éphèse, et
qui commettaient toutes sortes d'impuretés.
2. Les reproches et les menaces que
Jésus-Christ fait à cette
Église, en disant qu'elle avait
abandonné sa première charité
et qu'il lui ôterait son chandelier si elle
ne se repentait, marquent bien clairement que Dieu
retire sa protection des Églises qui tombent
dans le relâchement, principalement à
l'égard de la charité, et qu'il
permet qu'elles soient persécutées et
même détruites, comme cela arriva au
bout de quelque temps à l'Eglise
d'Éphèse.
3. On voit dans
l'Épître à l'Eglise de Smyrne
que le Seigneur expose quelquefois les
chrétiens à la
persécution ; mais que cela ne doit pas
ébranler leur constance, puisqu'il ne les
abandonne pas dans ces épreuves, et qu'outre
cela il a promis la couronne de vie à ceux
qui lui sont fidèles jusqu'à la mort.
CHAPITRE II.
12-29.
Cette partie du chapitre Il de
l'Apocalypse contient deux Épîtres que
Jésus-Christ fit écrire :
- l'une à l'Eglise de Pergame, l'autre
à celle de Thyatire. Il loue le
zèle et la constance des fidèles
de Pergame. Il les exhorte à ne pas
souffrir ceux qui retenaient la doctrine de
Balaam et des Nicolaïtes (Nombr. XXXI. 16.
XXV. 1-3. ). C'étaient de faux docteurs
qui entraînaient les chrétiens dans
l'impureté et dans l'idolâtrie,
comme Balaam avait autrefois fait tomber les
Israélites dans les mêmes crimes
par le conseil qu'il donna au roi Balak. Il
adresse les mêmes avertissemens à
l'Eglise de Thyatire, en parlant de la femme
Jésabel, par où il désigne
ces mêmes séducteurs, qui
ressemblaient à Jésabel, la femme
du roi Achab, et peut-être quelque femme
qui se disait prophétesse. Il menace ces
imposteurs aussi bien que ceux qui les
suivaient, et il exhorte cette Église
à persévérer dans la
pureté de la foi.
RÉFLEXIONS.
IL y a ces quatre réflexions
à faire sur ces deux
Épîtres
1. Jésus-Christ loue les
Églises de Pergame et de Thyatire de leur
fermeté dans les persécutions, qui
avait parue surtout dans le martyre d'Antipas, de
leur charité, de leur foi et de ce que leurs
dernières oeuvres surpassaient les
premières.
De là nous devons recueillir
que ce qui fait la gloire des Églises devant
Dieu et devant les hommes, c'est la constance dans
les afflictions, la persévérance dans
la foi et les progrès dans la
piété et dans les bonnes oeuvres.
2. Cependant Notre Seigneur reprend
ces Eglises-là de ce qu'elles souffraient
ces faux prophètes, qui enseignaient qu'il
était permis de manger des choses
sacrifiées aux idoles et qui, par leur
doctrine et par leur exemple, engageaient les
chrétiens dans l'impureté, dans la
sensualité et dans l'idolâtrie. Ces
reproches, que Jésus-Christ
réitère plus d'une fois, montrent que
lorsqu'on tolère dans l'Eglise ceux qui
corrompent la pureté de la foi et des moeurs
par des doctrines pernicieuses, et en particulier
ceux qui vivent dans l'impureté ou qui y
entraînent les autres, on fait une chose
très-désagréable à
Jésus-Christ, contraire à ses
intentions, et qu'on s'attire son indignation et sa
colère.
3. On remarque dans
l'Épître à l'Eglise de Thyatire
que Dieu faisait avertir les faux docteurs et ceux
qui se joignaient à eux, qu'il
leur donnait du temps pour se
repentir ; mais qu'il se disposait à
les accabler de ses jugemens et à les faire
servir d'exemple s'ils ne profitaient pas de son
support. C'est de la sorte que Dieu en use envers
les plus grands pécheurs ; il ne les
détruit qu'après les avoir
menacés et supportés.
4. Notre Seigneur déclare
expressément ici que pendant qu'il jugera
tous ceux qui se laisseront entraîner par
l'erreur ou par le vice, il récompensera
glorieusement ceux qui demeureront constants dans
la foi et dans son obéissance. C'est ce que
marquent ces paroles, qui méritent toute
notre attention : Toutes les Églises
sauront que je suis celui qui sonde les reins et
les coeurs ; et je rendrai à chacun de
vous selon ses oeuvres. Celui qui vaincra et qui
gardera mes oeuvres jusqu'à la fin, je lui
donnerai le pouvoir de régner, comme je l'ai
reçu Moi-même de mon père.
CHAPITRE
III.
Ce chapitre contient trois
Épîtres.
- La première est adressée
à l'Eglise de Sardes ;
Jésus-Christ la censure fortement de ce
qu'elle n'avait que le nom et les apparences du
Christianisme ; il l'exhorte à la
repentance ; il la menace et il promet sa
faveur à ceux de Sardes qui
s'étaient conservés purs.
- La seconde Épître est
écrite à l'Eglise de
Philadelphie ; Jésus-Christ loue son
zèle et sa fermeté et il lui fait
des promesses particulières de sa
protection.
- La troisième est
l'Épître à l'Eglise de
Laodicée. Notre Seigneur la reprend. de
sa tiédeur, de la bonne opinion qu'elle
avait d'elle-même ; il l'exhorte
à sortir de cet état si dangereux
et à profiter de ses châtimens et
des invitations de sa grâce.
I. 1-6 ; II. 7-13 ; III. 14-22.
RÉFLEXIONS.
Nous avons dans l'Eglise de Sardes, qui
était réputée vivante, mais
qui était morte et en danger d'être
accablée par les jugemens de Dieu, une image
de plusieurs Églises chrétiennes qui
n'ont que les apparences du Christianisme et qui
sont aussi menacées d'être
privées de l'amour et de la protection de
Jésus-Christ. Mais comme il y avait à
Sardes quelques personnes qui ne s'étaient
pas souillées avec les autres et que Dieu
voulait épargner, nous devons croire que
dans la plus grande corruption il y a aussi des
élus qui ont conservé leur
pureté et que Dieu distinguera glorieusement
des méchans et des faux chrétiens, ce
qui est bien consolant pour tous
ceux qui aiment le Seigneur
Jésus et qui marchent dans l'innocence au
milieu de la dépravation du siècle.
Dans l'Épître à l'Eglise de
Philadelphie on doit remarquer que c'est celle de
toutes les Églises d'Asie que Notre Seigneur
loue le plus, et qu'il lui promet à cause de
cela de la distinguer et de la garantir des maux
dont les autres étaient
menacées.
Ce fut aussi ce qui arriva, cette
Église ayant été
épargnée lorsque les autres furent
détruites, et ayant subsisté,
même jusqu'à nos jours, dans un
état assez heureux. C'est-là un
exemple bien exprès de la faveur et de la
protection de Dieu sur les Églises où
la piété règne.
L'Épître à
l'Eglise de Laodicée doit être bien
remarquée. Elle nous apprend,
1. que la tiédeur dans la
piété est tout-à-fait odieuse
au Seigneur, qu'il rejette les tièdes et les
demi-chrétiens, et qu'on ne peut lui plaire
que par un zèle sincère et
ardent ;
2. que ceux qui, étant
corrompus et relâchés, croient
être dans un bon état, sont dans
l'état le plus dangereux, et que pour en
sortir ils doivent apprendre à se bien
connaître, sentir vivement leur misère
et en chercher le remède dans la grâce
et dans l'Evangile de Notre Seigneur
Jésus-Christ que Dieu, pour amener les
pécheurs à cet état de
repentance, les châtie par un effet de son
amour, et qu'il leur offre sa grâce avec
beaucoup de patience et de bonté, comme il
le marque par ces paroles : Je me tiens
à la porte et je frappe ; si quelqu'un
entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez
lui et je souperai avec lui, et lui avec moi. Nous
devons être sensibles à ces
invitations de notre charitable Rédempteur
et les recevoir avec empressement et avec
reconnaissance, afin que nous puissions jouir des
salutaires effets de sa bienheureuse communion.
CHAPITRE IV.
Saint Jean rapporte ici une vision
dans laquelle Dieu lui apparut avec des marques de
sa majesté et les louanges par lesquelles
les saints et les anges, qui sont ici
représentés par les Vingt-quatre
anciens et par les quatre animaux ou les quatre
vivans, célèbrent sa gloire et lui
rendent grâces.
RÉFLEXIONS.
ON doit remarquer, dans la vision
qui est ici rapportée, d'un
côté, la majesté et la
toute-puissance de Dieu, et de
l'autre la gloire dont les anges
et les saints qui assisteront continuellement
devant lui seront couronnés dans le ciel.
Cela doit nous donner des sentimens de crainte et
de révérence pour ce grand Dieu dont
la gloire remplit le ciel et la terre, et nous
inspirer le désir d'être un jour
rendus participans de la félicité des
fidèles glorifiés.
2. Comme il est dit ici que les
saints qui étaient près du
trône de Dieu le louaient jour et nuit et se
prosternaient, adorant celui qui vit
éternellement, nous devons nous acquitter,
dès à présent, de ce devoir,
qui fera l'occupation éternelle des
bienheureux, louer Dieu et lui rendre
continuellement nos hommages en disant :
Saint, Saint, Saint, est le Seigneur Dieu
tout-puissant, qui est, qui a été et
qui sera. Seigneur, tu es digne de recevoir la
gloire et l'honneur et la puissance, car tu as
créé toutes choses, et c'est par ta
volonté qu'elles ont été
faites.
CHAPITRE
V.
Ce chapitre contient,
- 1. la vision d'un livre scellé de
sept sceaux, qui ne put être ouvert que
par le Lion de la tribu de Juda et par l'Agneau,
c'est-à-dire par Jésus-Christ.
- 2. Un cantique des saints à la
louange de Notre Seigneur.
RÉFLEXIONS.
IL est difficile de marquer au juste
le sens de la vision qui est contenue dans ce
chapitre et dans les suivans. Cependant, ce qui est
dit ici, que personne ne put ouvrir ce livre que
Notre Seigneur Jésus-Christ, nous apprend
que comme c'est de lui que ces
révélations, qui furent
adressées à saint Jean,
procèdent, c'est lui aussi qui en a une
parfaite connaissance et qui en procurera
l'accomplissement.
Ce qu'il y a à remarquer ici
après cela, c'est que les fidèles
glorifiés loueront éternellement
Jésus-Christ, notre Rédempteur, de ce
qu'il a été mis à mort et de
ce qu'il nous a rachetés par son sang.
Nous devons, dès maintenant,
nous acquitter de ce devoir, en joignant nos
actions de grâces à celles des
milliers d'anges et de tous les esprits
bienheureux, et en disant avec eux : L'Agneau
qui a été immolé est, digne de
recevoir la puissance, la sagesse, la force, et
l'honneur, et la gloire, et les louanges. À
celui qui est assis sur le trône et à
l'Agneau, soient la bénédiction,
l'honneur, la gloire et la puissance, aux
siècles des siècles. Amen !
CHAPITRE
VI.
- C'est ici la suite de la vision du livre
scellé de sept sceaux, laquelle est
rapportée dans le chapitre
précédent (vers. 9-11.). Ce que
nous avons principalement à remarquer
dans celui-ci, ce sont les plaintes des
âmes des martyrs et ce qui leur fût
répondu ( vers. 12-17. ). Saint Jean y
décrit ensuite les jugemens de Dieu sur
les méchans et le désespoir dont
ils seront accablés lorsque Dieu viendra
pour les punir.
RÉFLEXIONS.
QUOIQUE le sens de tout ce qui est
dit dans ce chapitre ne soit pas bien connu, nous
pouvons y faire utilement ces deux
réflexions.
La première regarde les
plaintes de ceux qui avaient souffert la mort pour
Jésus-Christ et ce que le Seigneur leur fit
répondre. Le but de cette vision
était de consoler les fidèles
persécutés et d'apprendre aux
chrétiens qu'ils ne doivent pas trouver
étrange si Dieu permettait que les saints
fussent exposés à la
persécution et que leur sang fût rendu
et s'il n'en faisait pas d'abord la
vengeance ; que le Seigneur en usait de la
sorte pour de sages et de justes raisons, et qu'il
ne manquerait pas de leur faire justice lorsque le
nombre de leurs frères serait accompli.
Cependant ce qu'on lit ici nous
apprend que les âmes des saints sont
gardées par le Seigneur après leur
mort et qu'elles jouissent du repos en attendant le
jour de leur entière délivrance et de
leur gloire.
La seconde partie de ce chapitre est
un emblème de la fin du monde et du jugement
dernier. On y voit surtout une vive description de
la frayeur et du désespoir dont les
persécuteurs des fidèles et tous les
ennemis de Dieu seront saisis en ce
jour-là ; c'est ce qui est
exprimé dans ces paroles : Alors ils se
cacheront dans les cavernes et dans les rochers, et
ils diront aux Montagnes et aux rochers :
Tombez sur nous et cachez-nous de devant la face de
celui qui est assis sur le trône et de devant
la colère de l'Agneau, car le grand Jour de
sa colère est venu, et qui pourra
subsister ? C'est là une
considération que nous devons faire
souvent ; elle est très-propre à
nous tenir dans une crainte salutaire ; et
c'est par là aussi que nous pourrons
éviter cette terrible condamnation et ce
désespoir, qui doit être un jour le
partage des méchans
CHAPITRE
VII.
- 1. Dieu défend aux anges de sa
colère de nuire à ses élus.
- 2. Saint Jean représente la
félicité et le triomphe des
saints, et particulièrement de ceux qui
auront souffert Pour la vérité.
I. 1-8 ; II. 9-17.
RÉFLEXIONS.
BIEN que l'on ne sache pas
certainement à quoi il faut rapporter les
premiers versets de ce chapitre, on peut recueillir
de l'ordre qui fut donné aux anges de ne
faire aucun mal aux élus de Dieu qui
seraient marqués de son sceau, que Dieu
connaît tous ses fidèles serviteurs,
qu'ils lui sont chers et qu'il les épargne
lorsqu'il répand ses jugemens sur les
habitans de la terre ; mais qu'il les mettra
surtout à couvert de sa colère au
dernier jour.
2. Ce chapitre représente,
d'une manière bien touchante, le triomphe et
la gloire des bienheureux, et surtout des martyrs
qui auront souffert pour Jésus-Christ, la
joie dont ils seront comblés après
leurs travaux et la félicité que Dieu
leur réserve. Saint Jean nous dit, sur ce
sujet qu'ils seront jour et nuit devant le
trône de Dieu, qu'ils le serviront toujours
dans son temple, que Dieu sera avec eux, qu'ils
n'auront plus ni faim ni soif, que l'Agneau les
paîtra et les conduira aux sources d'eaux
vives, et que Dieu essuiera toutes les larmes de
leurs yeux. Cette suprême et éternelle
félicité n'est pas seulement
destinée aux martyrs, Dieu la réserve
à tous ceux qui se seront conservés
purs en ce monde et qui l'auront glorifié
par leur patience et par leur obéissance.
Ainsi ces paroles de saint Jean doivent remplir
tous les fidèles de consolation et de joie,
produire en eux un ardent désir et une ferme
attente de cette grande gloire et les animer de
plus en plus à la piété, et
à l'amour de Dieu.
CHAPITRE
VIII.
Le septième. sceau
étant ouvert, saint Jean voit sept anges
à qui l'on donne des trompettes, et un ange
qui offrait à Dieu des parfums sur l'autel
et qui jeta du feu sur la terre. Les quatre
premiers anges sonnent de la trompette et une
grêle mêlée de feu
et de sang tombe sur la terre,
une montagne qui était en feu est
jetée dans la mer, une grande étoile
tombe du ciel sur les eaux et les rend
amères, ce qui fait mourir un grand nombre
d'hommes ; les astres sont obscurcis, et un
ange dénonce à la terre les derniers
malheurs.
CHAPITRE
IX.
Le cinquième ange ayant
sonné de la trompette, une étoile
tombe du ciel ; il ouvre le puits de
l'abîme, il en sort une fumée
épaisse et des sauterelles qui avaient le
pouvoir de tourmenter les hommes Au son de la
sixième trompette quatre anges qui
étaient sur l'Euphrate sont
déliés, et ils sont suivis d'une
armée de cavaliers qui font périr la
troisième partie des hommes.
I.1 -12 ; II.13-21.
CHAPITRE
X.
Un ange descend du ciel tenant un
livre à la main et jette un grand cri ;
sept tonnerres font entendre leurs voix ;
l'ange dénonce que le mystère de Dieu
s'accomplirait lorsque le septième ange
sonnerait de la trompette, et il ordonne à
saint Jean de prendre ce livre et de le manger.
CHAPITRE
XI.
Saint Jean reçoit ordre de
mesurer le temple. L'ange lui prédit que la
sainte cité serait foulée par les
gentils pendant quarante-deux mois, que deux
témoins prophétiseraient durant
douze-cent-soixante jours, que la bête les
ferait mourir, mais qu'ils ressusciteraient et
seraient élevés au ciel. Le
septième ange ayant sonné de la
trompette, une voie venue du ciel annonce l'entier
établissement du règne de Dieu, de
quoi les vingt-quatre vieillards louent le
Seigneur.
CHAPITRE
XII.
Saint Jean voit en vision une femme
en travail et le dragon qui voulait dévorer
le fils qu'elle mettrait au monde ; mais ce
fils est élevé au ciel et la femme
s'enfuit au désert, où elle est
nourrie douze-cent-soixante jours. Il se fait un
combat dans le ciel entre Michel et ses anges et le
dragon, qui, ayant été vaincu,
cherche encore à faire périr la femme
et persécute ses enfans.
CHAPITRE
XIII.
Saint Jean voit monter de la mer une
bête qui avait sept têtes et dix
cornes, à laquelle le dragon donna sa
puissance ; cette bête fit la guerre aux
saints et elle eut beaucoup d'adorateurs. il voit
sortir de la terre une autre bête qui
séduit toute la terre et oblige les hommes
à adorer la première bête.
I. 1-10 ; Il. 11-18.
CHAPITRE
XIV.
On voit ici,
- 1. la joie et le triomphe des saints qui
auront été fidèles à
l'Agneau et qui se seront conservés purs,
et les actions de grâces qu'ils rendront
à Dieu lorsque son règne sera
parfaitement établi et que celui de Satan
sera détruit.
- 2. La chute de la Babylone mystique, la
punition de ceux qui auront adhéré
à ses erreurs et à ses crimes, et
le bonheur de ceux qui meurent au Seigneur.
- 3. La vision de la moisson et de la
vendange.
I. 1-7 ; II. 8-13 ; III. 14-20.
RÉFLEXIONS.
CE qu'il y a premièrement
à considérer sur ce chapitre, c'est
que saint Jean dit qu'il vit toute la multitude des
élus de Dieu assistant devant lui et
chantant un cantique nouveau devant son
trône ; mais que personne ne pouvait
chanter ce cantique que ceux qui ne
s'étaient point souillés, qui avaient
suivi l'Agneau et en qui il ne s'était
trouvé aucune fraude.
Cela nous montre que la
béatitude des saints sera infinie et qu'ils
seront éternellement avec Dieu ; mais
que nul ne pourra être admis à ce
bonheur suprême et à la
société des bienheureux que ceux qui
se seront conservés purs, qui auront
renoncé à eux-mêmes,
porté leur croix et suivi constamment
Jésus-Christ, leur Sauveur, par la patience
et par l'imitation de sa vie.
2. Nous apprenons ici que le temps
viendra auquel la Babylone spirituelle sera
détruite avec tous ceux qui auront
participé à ses idolâtries et
à ses crimes, et que les peines des ennemis
de l'Eglise, des apostats et des méchans,
dureront aux siècles des siècles.
3. L'Esprit de Dieu déclare,
dans ce chapitre, que ceux qui meurent au Seigneur
sont heureux, qu'ils se reposent de leurs travaux
et que leurs oeuvres les suivent. Ces assurances
que le Saint-Esprit nous donne de l'état
heureux où les gens de
bien se trouvent après leur mort sont bien
consolantes pour les fidèles, et elles
doivent nous inciter à vivre d'une
manière que nous puissions regarder la mort
avec confiance et jouir du repos et de la
félicité qui est
réservée à tous ceux qui,
ayant vécu au Seigneur, mourront aussi au
Seigneur.
CHAPITRE
XV.
Ceux qui avaient vaincu la
bête chantent un cantique à l'honneur
de Dieu. Sept anges reçoivent sept coupes
d'or pleines de la colère de Dieu.
CHAPITRE
XVI.
Les sept anges versent leurs coupes.
La première est versée sur la terre
et sur les adorateurs de la bête, qui sont
frappés d'un ulcère malin. La seconde
sur la mer, qui est changée en sang. La
troisième sur les fleuves et sur les sources
qui sont aussi changées en sang. La
quatrième sur le soleil, qui tourmente les
hommes par une chaleur brûlante. La
cinquième sur le trône de la
bête. La sixième sur l'Euphrate, qui
est mis à sec. La septième est
versée dans l'air, ce qui produit des
tonnerres, des tremblemens de terre et d'autres
effets terribles.
CHAPITRE
XVII.
Un ange fait voir à saint
Jean la condamnation de la grande prostituée
qui était assise sur nue bête qui
avait sept têtes et dix cornes, et il lui
explique le mystère de cette vision.
I. 1-8 ; II. 9-18.
CHAPITRE
XVIII.
Un ange annonce la chute de la
Babylone mystique, qui avait séduit toute la
terre, les jugemens que Dieu exercerait sur elle,
les plaintes et les lamentations de ceux qui
verraient sa ruine et la joie que les saints en
ressentiraient.
- CHAPITRE XIX.
Saint Jean entend les louanges et les actions
de gràces que les anges et les saints
rendent à Dieu de ce qu'il avait
exercé ses jugemens
sur la grande
prostituée et de ce que son règne
était pleinement établi ; et
il rapporte l'entière victoire de
Jésus-Christ sur la bête et sur
tous les ennemis de son Église.
CHAPITRE
XX.
Ce chapitre a deux parties.
- 1. Saint Jean prédit que satan serait
lié et que Jésus-Christ
régnerait avec les saints et les martyrs
mille ans.
- 2. Il parle du jugement dernier.
RÉFLEXIONS.
IL y a dans ce chapitre deux
prophéties remarquables.
La première, que satan devait
être lié pendant mille ans et qu'alors
Notre Seigneur régnerait glorieusement avec
les martyrs et les saints. Quoique l'on ne
connaisse pas bien tout ce que cette
prophétie signifie, elle paraît
marquer qu'il y aura un temps auquel l'Eglise
jouira du repos et sera plus pure et plus sainte
qu'elle n'a jamais été, et qu'alors
les saints, et surtout les martyrs, seront
couronnés d'une gloire
particulière ; ce qui arrivera sans
doute lorsque tous les peuples, étant
convertis et le règne de l'antéchrist
étant aboli, le Seigneur régnera
glorieusement dans son Église ;
après quoi satan sera délié et
l'Eglise souffrira quelque persécution avant
que la fin du monde vienne.
La seconde prophétie regarde
le jugement dernier : nous voyons dans ce que
saint Jean en dit, la majesté dans laquelle
Jésus-Christ paraîtra en ce
jour-là, la résurrection
générale de tous les hommes, leur
comparution devant le trône de Notre
Seigneur, qui les jugera tous selon leurs oeuvres,
et l'issue qu'aura ce jugement, les méchans
devant être jetés dans l'étang
du feu et les justes reçus dans la vie
éternelle. Ces grandes vérités
doivent nous être toujours présentes
et nous animer à prier et à
travailler continuellement pour notre avancement
dans la piété, afin qu'en ce jour si
redoutable pour les méchans, nous
paraissions devant Notre Seigneur avec assurance et
que notre nom soit trouvé dans le livre de
vie.
CHAPITRE
XXI.
Saint Jean décrit ici le
renouvellement de toutes choses qui se fera
à la fin des siècles, la joie qui est
préparée pour les justes et les
supplices qui sont
réservés aux méchans. Ensuite
il représente en termes figurés et
par de riches images la Jérusalem
céleste, la gloire du royaume de Dieu et
l'éternelle félicité des
élus.
I.1-8 ; II. 9-27-
RÉFLEXIONS.
La description que saint Jean fait
de la nouvelle Jérusalem nous enseigne
qu'à la fin des siècles toutes choses
seront renouvelées et qu'alors le
règne de Dieu et de ses saints
paraîtra dans toute sa gloire. Et nous
pouvons juger par les grandes et riches images que
l'Esprit de Dieu emploie dans ce chapitre quelle
sera la beauté et la magnificence de ce
glorieux séjour où les saints seront
reçus, où Dieu habitera avec eux,
où il essaiera toutes les larmes de leurs
yeux et où il fera lui-même leur
gloire et leur bonheur. Cela doit exciter en nous
des désirs ardens d'être du nombre de
ceux qui entreront dans la Jérusalem
céleste ; et puisqu'il est écrit
que rien de souillé n'y aura entrée
et que la portion des incrédules, des
timides, des impurs, des meurtriers, des
idolâtres, des menteurs et des autres
pécheurs, sera l'étang brûlant
de feu et de souffre, nous devons tous travailler
avec un grand zèle à nous purifier
afin que nous soyons jugés dignes
d'être reçus dans le ciel pour y
contempler les beautés et y posséder
la béatitude suprême dont saint Jean
fait le tableau dans ce chapitre.
CHAPITRE
XXII.
Saint Jean continue à
décrire la gloire de la Jérusalem
céleste. L'ange lui confirme la
vérité des prophéties qui sont
contenues dans ce livre et il lui ordonne de les
publier. Jésus-Christ déclare qu'il
viendrait bientôt pour recevoir les saints
dans sa gloire et pour punir les
méchans ; et saint Jean exprime
l'ardeur avec laquelle les fidèles
désirent la venue de leur Sauveur.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre, qui est le dernier de
l'Apocalypse et de toute l'Ecriture sainte, nous
met devant les yeux la fin et la consommation de
toutes choses. Nous y voyons quelle sera la gloire
et la béatitude dont les élus
jouiront éternellement en
la présence de Dieu et de
Jésus-Christ, leur Sauveur, et nous y
apprenons aussi que nul ne sera admis à ce
bonheur que ceux qui y aspirent en gardant les
commandemens de Dieu ; mais que les impurs et
tous les méchans en seront exclus pour
toujours.
Voilà quel doit être un
jour le sort des bons et des méchans et ce
que Dieu se propose de faire à la fin du
monde. Puisqu'il nous en avertit si
expressément, faisons-y une attention
continuelle. Souvenons-nous que toutes ces choses
sont très-certaines et que Dieu les a
révélées à saint Jean
et a voulu qu'elles fussent écrites dans ce
livre pour l'instruction et pour
l'édification de l'Eglise dans tous les
siècles.
2. Il est dit, dans ce chapitre, que
saint Jean ayant voulu se jeter aux pieds de l'ange
qui lui parlait, cet ange lui dit : Garde-toi
bien de le faire, car je suis ton compagnon de
service et celui de tes frères, adore Dieu.
Cela montre qu'il n'est jamais permis d'adorer un
autre que Dieu, de quelque manière que ce
soit, et qu'ainsi tout service religieux qu'on
rendrait aux anges ou aux saints serait
très-criminel.
3. Il faut remarquer que l'ange dit
à saint Jean que les vérités
qui sont contenues dans ce livre ne produiraient
pas les mêmes effets sur toutes sortes de
personnes ; que les méchans se
corrompraient et se souilleraient toujours
davantage pendant que les justes et les saints se
sanctifieraient de plus en plus. C'est ce qu'on
voit arriver tous les jours, mais il faut se
souvenir que le Seigneur nous en a avertis et qu'il
viendra enfin pour juger tant les bons que les
méchans, selon qu'il le déclare
lui-même à la fin de ce livre, en
disant : Voici je viens bientôt et mon
salaire est avec moi pour rendre à chacun
selon ses oeuvres.
Soupirons continuellement
après cette venue, attendons-la en
persévérant à bien faire, et
disons avec l'épouse, qui est l'Eglise, et
avec tous ses vrais enfans, Viens
bientôt ! Oui, Seigneur Jésus,
viens ! Amen.
C'est ici que finit le Nouveau
Testament. Le Seigneur nous fasse la grâce de
bien profiter de tout ce que nous y avons lu et
entendu, de le méditer et de le pratiquer
toute notre vie, à la gloire de Dieu, notre
père, et à l'avancement de notre
salut ! Ainsi soit-il ! La grâce de
Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec nous
tous. Amen !
FIN.
|