L'au 1755, l'avant-veille de Noël, Wesley
vit, à la Chambre des Lords, George II.
Avant que s'ouvrît la séance, le roi
revêtait son costume d'apparat. Un pesant
manteau d'hermine l'enveloppa, Wesley n'avait sous
les yeux qu'un vieillard maussade, souffrant de la
goutte, proche de sa fin. Des paupières
blanches ombrageaient des yeux qui louchaient parmi
les bouffissures et les rides. Un reflet d'or et de
pierreries passa le long d'une joue couleur de
brique : sur la perruque volumineuse, on posa la
couronne,
Et le petit clergyman, de noir habille,
contemplait le néant de toute grandeur
humaine. La décrépitude majestueuse
d'un roi lui suggère les mêmes
rêveries que les ruines rencontrées
dans ses voyages. D'instinct romantique, on le voit
s'attarder devant les sites qui vont de plus en
plus fasciner les poètes. En latin, comme en
anglais, il sait trop de vers sur la fragilité des
choses
terrestres! Il salue d'une citation
désabusée le donjon de Colchester;
lorsque lui apparaît, au cours de ses
missions dans le pays de Galles, le château
de Conway, sur le rivage de la mer, son attention
mélancolique s'attache aux murailles
dégradées, couvertes de ronces,
hantées par les hiboux... Son zèle se
dépensait avec un sens inné du
décor. Apôtre sincère et
metteur en scène tout à la fois, il
lui plaisait de jeter parmi les sépulcres et
les ruines quelque plainte de la Bible qui
inspirait son éloquence : « Pourquoi
veux-tu mourir, ô maison d'Israël?
» Tout lui servait d'exemple et de commentaire
pour dénoncer la vanité des
vanités,
Ainsi, dans l'antichambre des Lords,
découvrait-il la misère d'un vieux
roi; mais tandis que le prédicant flairait
le cadavre sous l'idole éblouissante, le
citoyen britannique John Wesley
vénérait un principe soustrait
à la dissolution : la Monarchie. Il tenait
de sa mère une croyance ancienne dans le
droit divin des rois. Les Stuarts, malgré
leurs fautes, apparaissaient le front ceint d'une
auréole : on ne pouvait peser leurs actes
avec les mesures communes. Les chances des Stuarts
avaient pâli en même temps que montait
à l'horizon l'étoile de Wesley le
réformateur. Celui-ci, s'éloignant de
sa mère, l'idéaliste, pour ressembler
à son père, l'opportuniste, offrit
à la Maison de Hanovre, régnant par
la grâce de Dieu, le dévouement de ses troupes
spirituelles consacrées à
Dieu.
Un contingent précieux, sans
cesse accru. Wesley n'avait pas ressuscité
les chrétiens de la Primitive Église,
seulement il avait tiré des masses
populaires cette force intransigeante, active,
étroitement disciplinée, orgueilleuse
et intègre qui suscitera plus tard des
marins excellents pour Nelson, des soldats
excellents pour Wellington. Wesley, chef
d'église et mystique inaccompli, n'avait
d'abord songé qu'aux vertus surnaturelles,
mais elles fuyaient dans le lointain comme des
anges insaisissables. Et les vertus civiques
demeuraient. Aussi bien, Wesley les imposait-il du
ton d'un homme qui ne plaisante pas : « Un
contrebandier - prononçait-il - est un
voleur de la pire espèce. Qu'il ne se targue
pas d'être religieux. Le gouvernement devrait
exiler cette vermine dans les pays
inhabités. » Impressionnés par
de telles paroles, les fidèles de Wesley
s'abstenaient de toute fraude. En période
électorale, ils s'engageaient par un serment
solennel à sauvegarder l'indépendance
de leur vote : « Agissez comme si
l'élection dépendait de votre vote -
avait dit le maître à ses disciples -
et comme si le Parlement tout entier
dépendait de votre candidat. »
Ils ne devaient participer ni à
la fabrication des breuvages alcoolisés, ni
à l'importation du gin. Wesley formait, pour
le Dieu d'Israël et pour le
roi d'Angleterre, de bons serviteurs aux mains
nettes, au gosier mortifié, au verbe dur et
pudibond.
Les souverains venus d'Allemagne n'incarnaient,
certes, point ces personnages moitié
divinisés qui, dans la fervente imagination
de Wesley, figuraient les rois. Fini du monarque
que son échanson servait à genoux!
Une dernière fois, la reine Anne, fille de
Jacques II - parce que le sang des Stuart coulait
en ses veines - avait touché les scrofuleux;
et un enfant maladif lui avait été
présenté, : le futur
encyclopédiste. Samuel Johnson. Après
elle, le mystérieux pouvoir de guérir
cessera d'être invoqué.
L'auréole ne convenait pas au front des rois
George et la couronne ne leur seyait qu'à la
rigueur. Quand George 1er était
arrivé en Angleterre, suivi de sa petite
cour allemande, l'avènement de là
nouvelle dynastie ressemblait à une
procession sans dignité, presque à
une mascarade étrangère. Ses deux
maîtresses préférées
accompagnaient le nouveau roi, l'une
surnommée l'arbre de mai pour sa maigreur,
l'autre l'éléphant pour l'opulence
exagérée de ses formes. Vint le tour
de George II qui adorait les cartes, mais que la
vue des livres rendait furieux. Il rachetait par
une bravoure de bon soldat ses nombreux
défauts : son avarice, sa paillardise, son
humeur irascible et son absence
de courtoisie. On ne pouvait guère
s'attendre à ce qu'il trouvât dans le
puritain Wesley un apologiste. Toutefois, lorsque
mourut George II, le réformateur
écrivit en son journal, le 26 octobre 1760 :
« Le roi George a rejoint ses ancêtres.
Quand l'Angleterre aura-t-elle un meilleur prince?
»
Pas la moindre ironie dans cette
étrange exclamation! Wesley subordonnait
à l'intérêt public la justice
abstraite et la vérité
objectivé. Il se refusait à voir la
médiocrité des rois George; il
employait son influence à leur restituer les
vénérations abolies, les respects
aveugles. Tout pouvoir ne venait-il pas de Dieu? Un
roi n'était-il pas toujours un roi?
Auprès de la foule, Wesley devenait l'avocat
passionné de la monarchie anglaise qu'il
estimait préférable à tout
autre gouvernement d'Europe. L'autocratie
l'épouvantait. Il détestait la grande
Catherine. Que pensait-il de Frédéric
II? Les membres de ses petites confréries
exaltaient le roi de Prusse comme un prince
chevaleresque et magnanime, le héros
protestant, le héros chrétien. Les
cantiques méthodistes invectivaient les
Français comme tigres altérés
de sang. Mais s'il s'agissait de
Frédéric II, aucune comparaison ne
semblait trop élogieuse : il surgissait tel
un second Cyrus. Dieu lui confiait
l'épée de Gédéon.
À ces dithyrambes officiels s'était
d'abord associé le réformateur. Mais
un jour, seul à seul avec ses lectures, ses
carnets, sa
lucidité secrète, Wesley changea de
pensée. Faute de trouver un anathème
plus accablant, il écrivit au sujet de
Frédéric II ce que le Christ disait
de Judas : «Il aurait mieux valu pour cet
homme qu'il ne fût jamais
né».
C'est ainsi que Wesley voyait se
transfigurer dans l'antichambre des Lords un
vieillard sans noblesse, que son manteau d'hermine
écrasait. Plutôt le plus vulgaire des
rois George qu'un soldat despotique!
George 1er ne parlait pas l'anglais;
George II le parlait comme un jargon
mêlé d'allemand; George III le savait
fort bien, se glorifiait d'être un sujet
britannique et prétendait, avec une
obstination vidée d'intelligence, gouverner
par lui-même. Il risqua d'être
détrôné,
Tout d'abord, Wesley avait
recommandé aux prédicateurs
formés par ses soins d'éviter en
leurs sermons les allusions politiques. Mais quand
George III fut attaqué, il leur imposa le
devoir de le défendre. C'était
échange de services : «Les
Méthodistes sont de bien braves gens, disait
le roi, et si j'apprends qu'un de mes serviteurs
leur cause quelque dommage, je le renverrai
immédiatement». Tenu longtemps en
suspicion par les évêques et les
gentilshommes, Wesley trouvait au sommet de la
hiérarchie son protecteur.
Wesley réformait le peuple:
George III réformait la
cour. Une coutume voulait que la nuit de
l'Épiphanie fût consacrée aux
jeux de hasard : monarque de vingt-cinq ans, George
III abolit cet usage, de même qu'il supprima
le dimanche les réunions mondaines. Si
l'archevêque de Cantorbery donnait un bal en
son palais, le roi lui laissait entendre qu'il ne
l'approuvait pas. Il était, comme Wesley,
l'ennemi des plaisirs. Il les combattait avec les
petitesses et les persévérances
puritaines. Contrairement à ses
prédécesseurs, George III montrait
l'exemple des vertus domestiques. Ses distractions
étaient plus inoffensives que
raffinées. Les clowns provoquaient sa
gaîté bruyante; il jugeait
mortellement ennuyeux le théâtre de
Shakespeare, mais de race allemande et de nature
religieuse, il goûtait la musique de Haendel.
Aveugle au soir de sa vie, le vieux souverain se
recueillera pour l'entendre. On l'appelait «
le fermier George », et les caricaturistes le
représentaient, lui et son épouse, la
reine Charlotte, tel un couple de paysans se
rendant au marché. Il manquait d'envergure
et débordait de bonne volonté. Il
suppléait à son défaut
d'instruction générale par un
surcroît de recherches patientes et se
composait une bibliothèque magnifique.
Désireux de connaître la vie de ses
plus humbles sujets, il pénétrait
dans leurs cottages, savourait une cuillerée
de pudding et partait avec un mot plaisant et une
aumône plus bourgeoise que royale. Bon roi d'Yvetot
et digne monarque
chargé d'épreuves! La folie
même frappa pour un temps de sa foudre une
intelligence pondérée qui
n'offusquait ni le ciel, ni là, terre.
Tandis que, de grand matin, Wesley le
missionnaire, au bord d'une route ou dans une
grange, prêchait la Rédemption, le
monarque, sitôt levé, priait
ponctuellement dans sa chapelle froide. Le roi
protégeait l'oeuvre de Wesley. Wesley
défendit George III lorsque au début
de son règne, le peuple de Londres se
souleva en faveur de John Wilkes - un aventurier
politique animé d'audace et
d'effronterie.
Au mois d'avril 1763, paraissait le
numéro 43 d'une gazette - The North Briton -
organe d'opposition à la politique royale.
Ce numéro 43, resté
célèbre, se distinguait par la
virulence de ses attaques contre le ministre Lord
Bute : par delà le ministre, le
pamphlétaire visait George III
lui-même : il osait mettre en doute la
véracité de ses paroles. Qu'allait
faire, en ces conjonctures, le jeune monarque? Il
écouta la voix qui lui soufflait : «
George, sois un roi! », la voix de s'a
mère, la princesse douairière
exécrée du peuple anglais. Il oublia
que sa famille ne devait son
élévation au trône qu'à
l'absolutisme des Stuarts. Mauvais
remplaçant, il agit à sa
manière de ses prédécesseurs. Le
pamphlétaire, John Wilkes, appartenait
à la Chambre des communes. En dépit
de toutes les franchises, de toutes les
immunités, il fut appréhendé,
conduit à la Tour de Londres, privé
de son siège au Parlement.
Cet acte arbitraire transformait en
héros de la liberté un personnage
curieux et cynique, un débauché,
notoire. A Medhenham, sur les bords de la Tamise,
quelques gentilshommes libertins avaient
restauré, de façon caricaturale, les
ruines d'une ancienne abbaye franciscaine. Ils
s'habillaient en moines et parodiaient les
cérémonies du catholicisme. Des
bruits infamants couraient sur leurs rites et sur
leurs moeurs. On les disait voués au
démon : ils l'étaient certainement
à Vénus et à Bacchus. Or,
Wilkes appartenait à ce club. Lorsqu'il fut
emprisonné, on découvrit un morceau
de littérature graveleuse qu'il avait
composé le soir d'une orgie, son
Épître sur la femme. On produisit
également une adaptation sacrilège du
Veni Creator. Une double accusation pesait sur lui
: libelle et blasphème, et Lord Chatham,
décoratif et scandalisé,
dénonçait du haut de la tribune
l'homme qui trahissait son Dieu et, son
roi.
Cependant, parce que la constitution
avait été enfreinte, la foule
s'agitait dans les rues, elle hurlait : Wilkes et
la liberté!; elle arrachait des mains du
bourreau, qui s'apprêtait à les livrer
aux flammes, les écrits séditieux de Wilkes et
jetait dans le
bûcher un jupon, symbole de la tutelle que la
reine douairière exerçait sur George
III. Et Wilkes passa le détroit et vint
féliciter de leur sort les sujets de Louis
XV qui, sans connaître leur bonheur,
rêvaient des libertés
anglaises!
Après quelques années
d'exil, l'agitateur revint et voulut
reconquérir son siège du Parlement.
Il posa sa candidature dans le Comté de
Middlesex. Alors la lutte entre le sujet rebelle et
le roi entra dans sa phase la plus violente. Depuis
le mois de mars 1768 jusqu'au printemps de
l'année suivante, le nom de Wilkes suffit
à provoquer l'effervescence populaire. Trois
fois son élection fut proclamée puis
annulée. Le 10 mai 1768, la foule se rua
vers la prison de Saint George's Fields où
le tribun avait été conduit par ordre
du roi. Des soldats écossais
réprimèrent brutalement
l'insurrection; il y eut du sang versé. La
cause de Wilkes s'amplifiait. Les électeurs,
courroucés des mépris infligés
à leur vote, entraînaient tous les
mécontents. À Londres, ils
étaient légion. Du quartier de
Spitalfields accouraient des grévistes - les
tisseurs de soie : long cortège
révolutionnaire avec des drapeaux rouges et
noirs. Ils ne se souciaient guère de Wilkes
ni de ses droits, mais ils l'acclamaient parce que
l'importation des soieries françaises
ruinait leur métier. Déracinés
et parias suivaient en masse, charbonniers
irlandais qui réfugiaient leurs
misères sur les quais de
la Tamise et matelots des navires marchands que
l'insuffisance de leurs gages exaspérait
jusqu'à la furie. Le 16 mars 1769 -
l'élection de Wilkes venant d'être
invalidée pour la troisième fois - la
foule marcha vers le palais de Saint James; elle
osa crier : Wilkes et pas le roi!
Le bruit des émeutes atteignit
Wesley dans sa résidence de Londres, - la
Maison de la Fonderie, - seul endroit où ce
voyageur consentit à des haltes
prolongées. La Maison de la Fonderie se
développait comme un centre d'oeuvres
charitables. Elle renfermait un dispensaire - le
premier qui fut établi a Londres.
Assisté d'un médecin et d'un
apothicaire, Wesley présidait aux
consultations. Et souvent il tentait d'appliquer
aux maux qui défilaient devant lui son
remède préféré. Il
exhibait alors un objet curieux, un cylindre muni
d'une manivelle et monté sur un plateau :
une machine primitive d'électricité
statique. Dans le musée où elle est
conservée (1),
elle semble
un jouet d'enfant. En 1756, Wesley se
l'était procurée; il la manoeuvrait
lui-même; sa machine était faible et
sa foi puissante. Il opérait des
guérisons. À côté du
dispensaire, un atelier s'improvisait où
quelques pauvres sans travail filaient ou cardaient
du coton, Wesley évitait à ceux qu'il
pouvait recueillir l'abomination de la Work house,
le cauchemar de l'indigent,
l'asile du travail forcé dont la
dureté va s'imposer davantage à
mesure que se propagera la révolution
industrielle. Des personnes dévouées
- dans lesquelles le beau rêve de Wesley
revoyait les diacres et les diaconesses de
l'Église Primitive - distribuaient des
vêtements aux loqueteux, des vivres aux
affamés. Si les affamés et les
loqueteux savaient lire, des brochures leur
étaient offertes qu'ils avaient la surprise
de comprendre parfaitement.
La résidence londonienne de
Wesley renfermait une imprimerie. Le
réformateur avait annoncé dans son
langage dépouille de modestie, qu'il
fonderait « une bibliothèque
complète pour ceux qui craignent Dieu».
Chaque année s'enrichissait cette fameuse
Bibliothèque chrétienne qui
comprendra cinquante volumes. Il prenait des
chefs-d'oeuvre - Illiade, le Paradis perdu, les
Pensées de Pascal. Il abrégeait,
modifiait le texte, expliquait les mots difficiles.
Il pétrissait sous ses doigts volontaires
les songes des poètes, les pensées
des philosophes. Il tuait les livres et les
ressuscitait en leur insufflant une vie
réduite. Lorsque Wesley prescrivait à
ses disciples leurs lectures en même temps
que leurs drogues et leurs aliments, il se
souvenait qu'ils n'étaient pas gens de
loisirs. Il se flattait de leur communiquer
l'essentiel de la culture générale,
heureux de discerner et d'imposer cet essentiel.
Ennemi du superflu, - bien qu'il
prononçât des sermons interminables - il
métamorphosait
joyeusement un livre en opuscule. Le Traité
des Passions par le Docteur Watts avait 177 pages;
il suffit que Wesley le touche; il ne reste «
qu'un tract utile de 24 pages ». Le subtil
dialecticien d'Oxford était devenu un
éditeur populaire qui introduisait dans les
ateliers, les mines et les forges ses tracts
utiles. Par détachement et par besoin de
régenter les esprits, l'humaniste
d'autrefois adoptait le style le plus
décoloré, mais aussi le plus net, le
plus accessible à tous, le plus convaincant.
Lorsqu'il écrivait ses brochures de
propagande. Un mot à celui qui enfreint
le repos du dimanche. Un mot à une femme
coupable. Un moi à un ivrogne. Un mot
à un contrebandier. Wesley se
retranchait de la littérature : il servait
la cause de sa réforme.
C'est au moyen de, tracts utiles qu'en
une période troublée, Wesley
défendit le roi George.
D'une fenêtre qu'il était
bien résolu à ne jamais illuminer en
l'honneur de Wilkes, le petit clergyman observait
l'agitation de la rue, Wilkes! le héros de
la liberté! On voyait son portrait partout,
sur les enseignes, les gobelets et les
tabatières, Wesley ne voulait pas se
demander si le roi George avait abusé ou non
de son pouvoir. Une seule chose lui importait, le
péril de la couronne. On entendait
résonner à tous les carrefours un
langage boursouflé d'allusions historiques.
On évoquait César et Brutus, Charles
1er et Cromwell. Et Wesley craignit une
catastrophe.
Fidèle au rigorisme des anciens Puritains,
il haïssait leur violence. Il ne s'effrayait
point par une confuse intuition de l'avenir; quand
un membre de ses petites confréries - un
soldat blessé à la bataille de
Fontenoy, Jonathan Pyrah - s'en était
allé prédisant la chute des Bourbons
et le soulèvement du peuple français,
Wesley l'avait relégué parmi les
nombreux fous qui discréditaient son oeuvre.
Son épouvante lui venait du passé. Il
lui suffisait de songer à Cromwell et aux
Têtes Rondes. Dévot de la monarchie,
Wesley donnait au vieil idéal puritain une
forme toute nouvelle, sentimentale et pacifique. Il
maudissait Cromwell, le régicide, chaque
fois qu'il rencontrait la trace de ses
déprédations. Il ne comprenait plus
cette sombre ardeur qui s'attaquait à des
pierres. A la cathédrale de Saint David's,
devant les effigies brisées des Tudors, le
voilà qui s'indigne : « Pourquoi donc
les soldats fervents de Cromwell se vengeaient-ils
des Tudors? Ah! oui, c'est parce que des rois
sortirent de leur race! » Les ruines de
l'abbaye d'Arbroath en Écosse ravivent le
courroux de Wesley contre les iconoclastes : «
Les réformateurs zélés la
brûlèrent! Ah! Vraiment! que Dieu nous
garde de la populace réformatrice (reforming
mob)! ».
La reine populace - comme disait Wesley,
plus méprisant pour elle que le Coriolan de
Shakespeare - c'était elle qui troublait la
nuit par ses hurlements : Wilkes
et la liberté! Des forcenés
conspuaient le réformateur; ils voulaient
briser les vitres de son logis parce qu'il refusait
de participer aux illuminations. Et le petit
clergyman leur répondit par des tracts
utiles, pour la défense du roi : sa Lettre
sur l'état présent des affaires
publiques; ses Pensées sur la
liberté.
S'adressant aux fauteurs de
désordre, il s'efforçait de leur
prouver - avec un optimisme voulu - que leurs
griefs étaient purement imaginaires
:
Ni vous ni moi ne serions
capables de
démontrer que nous portons le poids d'une
chaîne, fût-elle aussi mince qu'une
aiguille à tricoter (2).
Et même si le roi George avait
porté quelque atteinte à la
liberté d'un citoyen, la sagesse ne
recommanderait-elle pas d'accepter un mal pour en
éviter un pire? Hanté par l'ombre de
Cromwell, par le cauchemar de la dictature, Wesley
suppliait son peuple de rester fidèle
à l'idée de la monarchie,
sacrée comme l'arche d'alliance.
Chaudronniers, carrossiers, palefreniers,
étourdissaient de leurs ovations Wilkes, le
tribun. Comment osaient-ils se prononcer en sa
faveur contre le roi? Leur prétention
semblait à John Wesley sacrilège. La
fatalité du libre examen
pesait sur sa réforme religieuse. Quand il
s'agissait de politique, l'aristocrate prenait sa
revanche; il rentrait dans l'absolu. Il laissait -
selon le mot d'un humoriste (3),
- le
menuisier monter dans la chaire qu'il avait
fabriquée, mais il lui interdisait de
critiquer les actes de William Pitt. Le moindre
artisan tranchait sur les matières
théologiques; cependant s'il opposait aux
décisions prises par la Chambre des Lords
son verdict sans portée, Wesley l'accablait
de ses sarcasmes. A lui toute la Bible, mais pas
une parcelle du pouvoir,
Les tracts de John Wesley traversaient
un pays troublé d'émeutes. Les plus
pitoyables étaient celles des pauvres
hères, qui promenaient une miche recouverte
d'un voile de crêpe pour symboliser leur
pénurie. À Birmingham, en 1766, la
foule attaque les meuniers et les boulangers; en
1768, les matelots de Newcastle se
soulèvent. C'est dans cette
atmosphère surchauffée que les
disciples de Wesley lisaient ses tracts qui
s'achevaient par des invocations au Tout-Puissant.
Ils méditaient les paroles
singulièrement graves de celui dont ils
reconnaissaient l'autorité; le grand
missionnaire, le vrai maître du peuple... Ils
apprenaient une leçon essentielle qu'ils
transmettaient à leurs enfants, un dogme
plus définitif, plus impérieux que
ceux de leur catéchisme habituel -
l'Angleterre, quoi qu'il arrivât, devait
conserver son roi.
En 1775, l'agitateur Wilkes se trouvait
si bien pacifié, qu'il administrait en
qualité de Lord-Maire la cité de
Londres! Cependant, plus activement que jamais,
Wesley répandait dans les manufactures et
dans les échoppes ses opuscules politiques.
Les colonies américaines se
révoltaient contre l'Angleterre et Wesley
redoublait d'ardeur pour défendre la
suprématie royale.
Nul homme ne connaissait mieux son pays,
et les rapports de ses auxiliaires
d'Amérique l'informaient de façon
précise de ce qui se passait chez eux. Il
pouvait, - sans outrecuidance - instruire,
conseiller, adjurer les personnages les plus hauts
placés. Durant l'été de 1775,
il adresse des lettres ouvertes d'une remarquable
pénétration au trésorier Lord
North, au secrétaire d'État pour les
colonies. Lord Dartmouth. Il se définit
lui-même « un clergyman de la Haute
Église, fils d'un clergyman de la Haute
Église, élevé dès la
plus tendre enfance dans les plus strictes notions
d'obéissance passive et de
non-résistance ». C'est donc - en toute
impartialité, au rebours même de ses
penchants qu'il vient plaider la cause des
Américains, engage aux mesures de
conciliation envers « un peuple opprimé
qui ne réclame rien d'autre que ses droits
légaux ». Il n'hésite pas quant
à l'issue du conflit. Les Américains,
« les enthousiastes de la liberté
» l'emporteront sur les Anglais : « Ils
disputeront chaque pouce de terre, ils succomberont
l'épée à la main. » Et leur victoire serait
désastreuse pour l'Angleterre. Que les
gouvernants ne s'y trompent pas! Le pays n'est ni
florissant, ni satisfait. Partout Wesley ne voit
que des ombres affamées. Sur cette
détresse souffle l'esprit de
rébellion et il arrive que lui - John Wesley
- soit seul, absolument seul, à prendre
envers et contre tous la défense, du roi. Et
le réformateur terminait l'une de ses
lettres à Lord Dartmouth datée du 14
juillet 1775, en lui rappelant le sort
réservé par l'histoire aux monarques
trop jaloux de leur puissance : «
Souvenez-vous de Roboam, de Philippe II, de Charles
1er ... »
Telle était la franchise rude
avec laquelle s'exprimait le patriotisme de Wesley
quand il s'adressait à, ceux qui
détenaient les responsabilités. S'il
se tournait vers la foule, son langage se
modifiait. Il croyait que la foule avait moins
besoin d'être éclairée, que
d'être guidée pour son bien. Alors
Wesley, sans plus s'inquiéter de savoir
où se trouvaient l'oppresseur et
l'opprimé, condamnait la cause des
Américains parce qu'elle était la
cause de la République - et que ce mot lui
semblait une profanation. Il appréhendait un
péril - mortel peut-être, pour son
roi. Contre « les sociétés
secrètes » qui fomentaient le culte de
« la nouvelle idole », Wesley
lançait infatigablement des tracts utiles.
Le plus fameux - l'Adresse de paix aux colonies
américaines - se vendit au mois de juillet
1776 à la porte des églises :
quarante mille exemplaires s'écoulèrent en
trois semaines. L'année suivante, Wesley
publiait dans le même dessein ses
Observations sur la Liberté. Aucun
débat théologique ne valut à
Wesley plus d'invectives que ces brochures. On
l'appela « le loup déguisé en
berger » ou « le vieux Jésuite
démasqué, ». On le caricatura
tel un renard, en costume de clergyman. Son
dualisme d'aristocrate puritain avait
inspiré à John Wesley sa volte-face.
On l'accusa de vulgaire palinodie.
Wesley se gardait bien de philosopher
dans ses tracts écrits pour les ignorants.
Il répandait moins une croyance qu'un
effroi, la peur de l'anarchie.
Mon opinion est celle-ci : -
écrivait-il - des hommes en Angleterre sont
les ennemis résolus de la monarchie. Ils
détestent le roi parce qu'il est roi et
travaillent en toute diligence à
ériger sur les ruines de la monarchie leur
grande idole, la
République...
... Or, le remède
serait
pire que le mal. Aucun état plus arbitraire
qu'une République... Les Républiques
ignorent la pitié (4).
... Je sens combien
l'heure est
grave, Je plaide la cause de mon roi et de mon
pays, bien plus, la cause de tout pays qui
possède un gouvernement
régulier,
Une monarchie
tempérée favorise la liberté
civile et religieuse; elle est moindre sous une aristocratie,
mais une
démocratie la réduit à
néant...
... Les Démons sont-ils
affranchis parce qu'au fond des Enfers, ils sont
éternellement livrés à leurs
instincts? (5).
Quinze ans plus tard, les jeunes
poètes d'Angleterre - et l'Écossais
Robert Burns plus fougueusement que les autres -
salueront la Révolution française,
l'aurore de la liberté. Mais dans les villes
du fer, du coton, de la laine, le peuple
évangélisé par Wesley se
tiendra coi.
Wesley entrait dans l'extrême vieillesse,
lorsque la foule - la reine populace - s'insurgea
de nouveau dans les rues de Londres. Cette fois, ni
la disette, ni le chômage ne provoquaient
directement sa fureur. Elle ne se soulevait pas
pour la cause de la liberté; elle
manifestait contre les libertés, encore
parcimonieuses, qu'une loi venait d'accorder aux
catholiques. Elle grondait - À bas le
Papisme!, et la faim des miséreux criait
moins fort que cette haine. No Popery! Les plus
graves émeutes du dix-huitième
siècle, en Angleterre, s'appellent les
émeutes protestantes.
L'Émancipation des catholiques
anglais ne s'accomplira qu'au dix-neuvième
siècle. C'est à Sir George Saville - un
whig -
que revient l'honneur d'avoir en 1779 porté
devant la Chambre des Lords le projet d'une loi qui
préludait à cet affranchissement
définitif. Aussi désuètes que
les ordonnances qui conservaient l'usage du combat
singulier, et vouaient à la mort
sorcières d'Irlande, bohémiens et
romanichels, de vieilles pénalités
contre les catholiques subsistaient en
témoignage d'une réprobation
farouche. Théoriquement, le catholique ne
pouvait pratiquer son culte : une récompense
de cent guinées restait promise à qui
dénonçait un prêtre dans
l'exercice de ses fonctions. Théoriquement,
le catholique ne pouvait pas non plus
acquérir une parcelle du sol anglais, ni la
recevoir en héritage. D'habitude, ces lois
dormaient dans l'oubli, mais si quelque vengeance
ou quelque passion provoquait leur réveil,
elles s'imposaient avec leur force
d'iniquité. Il suffisait d'une brouille dans
une famille pour qu'un protestant pût
dépouiller de toute possession terrienne son
parent catholique. Il suffisait d'un acte de
sectarisme pour qu'un prêtre
dénoncé comme tel, comparût
devant les tribunaux et fût condamné
à la prison ou à l'exil : ainsi de
John-Baptiste Malony, jugé à Croydon
en 1767 et reconnu coupable d'avoir
administré les derniers sacrements à
un malade. L'opinion de l'élite
déplorait ces vestiges d'intolérance.
Parmi la fumée des pipes et du punch,
l'oracle des lettrés - le, Docteur Samuel
Johnson - parlait avec un
respect attendri de « la vieille religion
», il disait même : « Je voudrais
être un papiste si je le pouvais, Je ne le
serai jamais, sinon peut-être aux approches
de la mort que je crains tant!... »
Lorsque Sir George Saville
présenta le projet d'une loi qui adoucissait
le sort des catholiques (Relief Act), le projet de
loi fut voté sans opposition par la Chambre
des Lords et par la Chambre des Communes. Mais,
à travers tout le pays, retentirent les cris
de haine : À bas le papisme ! No Popery!
» Une ligue se forma - l'Association
protestante - qui réclamait le maintien des
vieilles pénalités contre les
catholiques. Que pensait Wesley, le prophète
des classes moyennes? Ses disciples offensés
dans leurs préjugés
irréductibles clamaient de tout leur coeur :
No Popery! Mais lui, le maître? Il figurait
le champion des opprimés : esclaves noirs,
prisonniers pour dettes, apprentis
martyrisés. Cependant, s'il s'agissait des
catholiques, considérés en tant que
sujets anglais, les paroles de Wesley trahissaient
un ostracisme à nul autre pareil. Le
catholicisme en Angleterre lui semblait une faction
plutôt qu'une religion. Sa haine revenait
toujours à lui comme cet esprit impur dont
il est écrit, dans l'Évangile, qu'il
cherche éternellement son repos.
L'étrange protestant qui disait
préférer à toutes les
fêtes de l'Église celle de la
Toussaint, le dévot de François de Sales, de
Gaston de Renty,
celui
qu'on accusait de restaurer la confession et de
prier pour les morts, celui-là semblait
râler de haine. C'est justement qu'au
siècle suivant O'Connell pourra parler
« du zèle ardent et mélancolique
déployé par Wesley pour la cause de
l'intolérance ». Dans ses cauchemars,
Wesley voyait des catholiques armés de pied
en cap, « J'ai rêvé cette nuit, -
mandait-il, - que les Espagnols envahissaient
l'Angleterre; ils fouillaient toutes les maisons,
mettaient les hommes à la torture.
»
Aussi Wesley, l'avocat des
opprimés, protesta-t-il contre la loi qui
venait d'adoucir le sort des catholiques anglais.
Il plaidait en faveur de la sécurité
nationale. Le Concile de Constance n'avait-il pas
admis qu'aucune bonne foi ne devait s'observer
à l'égard des
hérétiques? Tout citoyen soumis
à Rome pouvait cacher dans les plis de sa
manche le poignard de la Saint Barthélemy;
il pouvait en percer la poitrine de son tranquille
voisin sans penser commettre le moindre
péché. C'est ce qu'affirmait
imperturbablement John Wesley dans une Lettre
ouverte au Public advertiser le 21 janvier 1780
où il semait l'effroi du catholicisme. Du
fond de l'Irlande, un polémiste obscur lui
répondit, un prêtre de souche
paysanne, Father O'Leary. Il possédait sur
son adversaire l'avantage de la
sérénité. L'humour
répliquait à la passion. Father
O'Leary se bornait à constater que si jadis
des catholiques avaient brûlé des protestants, des
protestants
avaient pareillement brûlé des
catholiques. Ni les uns ni les autres ne pouvaient
s'accuser d'avoir été les seuls
persécuteurs, ni se glorifier d'avoir
été les seules victimes. Ce langage,
pourtant très simple, stupéfia
Wesley. Il se remémora ce qu'il savait des
persécutions : les bûchers de Mary
Tudor, les Huguenots massacrés à
Paris, les héros des Cévennes
réfugiés dans leurs grottes. Oui, les
protestants possédaient leurs annales
douloureuses qu'il était salutaire de
répandre en même temps que
l'exécration de leurs bourreaux. Mais que
voulait dire cet Irlandais lorsqu'il parlait des
persécutions endurées par les
catholiques? Wesley scrutait ses souvenirs
:
« Il est vrai - reconnaissait-il -
que la reine Elisabeth a mis à mort deux
anabaptistes, Je ne sais rien d'autre.
»
Rien d'autre! et sans doute la sagesse
conseillait-elle de reléguer le reste,
c'est-à-dire les prétendus supplices
des prêtres et des moines parmi les
inventions du fanatisme, puisque lui, John Wesley,
le dignitaire d'Oxford, les ignorait
complètement. Et ce rustre d'une province
retardataire, qui se piquait de l'instruire, ne
manquait point d'audace!
Pourtant, John Wesley, lorsque ses
voyages apostoliques le ramenèrent en
Irlande, voulut rencontrer son adversaire, Father
O'Leary. Au lieu de l'inquisiteur terrifiant qu'il
imaginait, il vit un
prêtre d'humeur joviale, qui partagea son
breakfast avec lui!
Les émeutes protestantes qui
bouleversèrent Londres au mois de juin 1780
se préparèrent en Écosse. Un
jeune homme de famille ducale. Lord George Gordon -
un inquiet plus encore qu'un violent - fomenta
l'agitation par ses discours enflammés
contre le papisme. Il entraîna vers Londres
ceux qui se ralliaient à sa cause et qui
arboraient comme insignes des cocardes bleues. Le 2
juin, les manifestants arrivaient à
Westminster. Lord George Gordon ne se proposait que
de présenter au Parlement une
pétition couverte de signatures contre le
Relief Act de Sir George Saville. Mais la furie de
ses partisans s'exaspéra de telle sorte
qu'il ne put la maîtriser. Lorsque les pairs
du royaume descendirent de leurs carrosses, des
forcenés osèrent porter la main sur
eux : ils maltraitèrent l'archevêque
d'York, faillirent tuer le vieux Lord
Mansfield.
Le lundi 5 juin, les hordes saccagent
les chapelles des ambassadeurs catholiques. Le
lendemain, elles incendient la prison de Newgate;
les captifs s'échappent à travers les
flammes et se joignent aux émeutiers. Le
mercredi - qu'on appela Black l'un de ces jours
qu'on marque d'un caillou noir -, les
insurgés anéantissent des
trésors : la bibliothèque et les
collections de Lord Mansfield, grand seigneur
accusé de
protéger les catholiques; ils s'attaquent
à la Banque d'Angleterre sans réussir
à l'incendier. Du moins livrent-ils aux
flammes une distillerie appartenant à un
catholique, Mr Langdale. Des barils d'alcool se
répandent et la soif des miséreux
vient lamper avec une horrible avidité ce
ruisseau où bientôt s'entassent leurs
cadavres consumés. Cependant, sous le ciel
rouge, le veilleur de nuit passait comme d'habitude
sa lanterne à la main. Figure immuable,
symbolique : tout finira par rentrer dans le calme.
Ici la révolution ne suivra point
l'émeute. Le 7 juin, la violence de la foule
s'épuisait. On évaluait le nombre des
victimes : 285 morts, 175 blessés.
John Wesley, derechef, témoigna
de son dégoût pour la reine populace
et pour ses débordements. « Vous ne
savez pas de quel esprit vous êtes »,
prononça-t-il du haut de la chaire. Il
prêchait cette fois la tolérance - et
d'autant plus volontiers qu'il constatait combien
demeurait vivace la haine qu'il jugeait
nécessaire, sa haine à lui.
Les Méthodistes
possédaient le sens de la prière
universelle. Charles Wesley dans ses hymnes
n'oubliait aucune intention. Il invoquait le
Seigneur non seulement pour Sa Majesté le
roi George, le Prince de Galles, l'armée,
les voyageurs, les femmes qui enfantent et les
parents incrédules, mais pour les Turcs, les Juifs,
les Ariens, les
Sociniens, les Déistes et le
Pélagiens. Durant la nuit terrible où
les huées contre le papisme accompagnaient
le crépitement des flammes. Charles Wesley
se résolut d'étendre jusqu'aux
hérétiques les plus redoutables les
limites de sa charité. Ainsi composa-t-il
une oraison nouvelle : Pour la Pauvre Église
de Babylone dans l'épreuve.
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