Méditations sur le Cantique de
Salomon
CHAPITRE II
VERS.
1.
«Je suis le
narcisse de Saron, le lis des vallées. »
|
Quelle merveilleuse chose que la grâce, la grâce de Dieu
pour les pécheurs ! Quels changements extraordinaires elle
opère dans les pensées, les intentions, les désirs, les
affections 1 Elle nous communique l'intelligence de ce que
nous sommes aux yeux du Seigneur et pour son coeur. N'oublie
point ceci, ô mon âme, et réfléchis-y profondément. La
source est abondante pour te désaltérer.
Connaître la grâce, c'est connaître Dieu
et son parfait salut en Jésus-Christ, par l'enseignement de
la puissance du Saint-Esprit. Peu de temps avant, l'épouse
avouait qu'elle était «noire,... noire comme les tentes de
Kédar», et maintenant, par la grâce, elle peut dire sans la
moindre hésitation: «Je suis le narcisse de Saron et le lis
des vallées», la couronne et l'ornement de Saron, la beauté
et le charme des vallées. Et remarquez ces expressions
qu'elle emploie: « Le narcisse,... le lis! » Elle ne parle
pas d'une manière générale de ses attraits, qui lui ont
gagné le coeur de l'époux, dans le sens le plus absolu; elle
ne tire pas vanité devant le public de ce qu'elle est; mais
elle s'adresse directement à Lui, avec le sentiment béni de
la place qu'elle occupe, dans son coeur, La communion est
complète, car, Il ajoute aussitôt: « Tel
qu'est le lis entre les épines, telle est mon amie entre les
filles », et plus tard, Il dit ouvertement: « Ma colombe, ma
parfaite et unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui
l'a enfantée. » Tel est le caractère distinctif de l'amour
et de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, et telle est
la place spéciale qu'occupe l'épouse à ses yeux. Il va
toujours plus loin qu'elle dans l'expression de sa
tendresse. Cela est très bien pour le coeur. Quelle
différence entre le lis si beau, si parfumé, et l'épine qui
le déchire !
Il est bien des personnes qui, à l'ouïe
d'une pareille vérité, s'écrient: « Oh ! je ne suis pas
digne d'une telle place. » C'est vrai, si vous parlez de
votre propre mérite. Mais de quelle place vous jugez-vous
digne? Si ce n'est pas celle-là, c'est d'une inférieure, je
suppose. Est-ce là de l'humilité ? Non, mon ami, c'est de
l'orgueil. Nous ne méritons aucune place en sa présence.
En conséquence s'il nous en est assigné
une, c'est une grâce, une pure, une souveraine grâce. Être
sur le seuil, en serait une aussi bien que d'être sur le
trône.
Le fils prodigue pensait, sans doute, que
ce serait témoigner beaucoup d'humilité que de dire à son
père ; « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » Ce
n'était pas de l'humilité, mais un reste d'orgueil et de
légalisme. De telles pensées prennent leur origine dans le
coeur naturel qui est essentiellement orgueilleux et porté à
se placer sous la loi, et qui n'a aucune
idée de sa propre condition, non plus que de la grâce de
Dieu. Quelqu'un qui nous donne un véritable exemple
d'humilité, c'est ce péager qui se tenait à l'écart et
n'osait pas même lever les yeux vers le ciel. (Luc
XVIII, 13.) Le fils prodigue n'avait pas plus de
titres d'être reçu comme serviteur que comme fils. Il avait
perdu tous ses droits sur le fondement de la justice. Tout
ce qu'il avait à alléguer, c'était son pressant besoin. Il
ne pouvait être reçu qu'en grâce; s'il avait été rencontré
en justice, il eût été condamné à jamais. Mais la grâce
règne ; pas un mot n'est dit de ses péchés. Sur mille
articles, il n'aurait pu répondre à un seul. La question du
péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix.
Maintenant la grâce brille. elle brille dans tout son éclat
par la justice. Le coeur du Père est le foyer d'où
s'échappent les rayons de sa grâce, et dans tout cela il
trouve sa joie propre. Il agit de Lui-même, et comme
Lui-même. Le fils prodigue n'a pas le temps d'achever le
discours qu'il avait préparé; il n'en vient pas au passage:
«Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » Comment
l'aurait-il pu ? La grâce le prévient; son père court à sa
rencontre, se jette à son cou, et le couvre de baisers.
Une fois réconcilié par le sang de la
croix, celui qui était auparavant perdu, ruiné, dégradé,
devient enfant et héritier, héritier de Dieu, et cohéritier
de Christ. Voilà la grâce, la grâce de Dieu en Jésus-Christ.
Mais il y a plus encore; le même pêcheur sauvé par grâce,
devient le vase dans lequel elle se
manifeste; il brillera dans la gloire, dans tout le cours de
l'éternité; et telle est la part de tous ceux qui croient en
Son nom. De même que des siècles innombrables succéderont
aux siècles, de même tous ceux qui ont été les objets de
cette grâce pendant le temps, brilleront d'une splendeur
toujours nouvelle durant l'éternité. Oh ! quelle place pour
le misérable qui n'avait ici-bas ni ami, ni famille! pour
toujours dans la gloire de Dieu 1 Mais telles sont les
immenses richesses de grâce, et tels sont les vaisseaux
appropriés à sa glorieuse et éternelle manifestation dans sa
maison, la maison du Père selon qu'il est écrit. «Afin qu'il
montrât, dans les siècles à venir, les immenses richesses de
sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ-Jésus » (Ephés.
II, 7).
VERS.
3.
Comme le
pommier entre les arbres de la forêt, tel est, mon
bien-aimé entre les fils ; j'ai pris plaisir à son
ombre, et je m'y suis assise, et son fruit est
doux à mon palais.
|
Au premier verset, sans nul doute, c'est l'épouse qui
parle. Dans le bonheur que lui procure la communion avec
Lui, elle déclare ce qu'Il a fait d'elle dans sa grâce; elle
confesse qu'elle Lui doit tout, et sa beauté, et l'affection
dont elle, se sent animée à son égard; et en se comparant à
ces belles fleurs, elle se borne à répéter ce que Lui-même
lui a enseigné.
Mais remarque bien, ô mon âme ! qu'elle
dit: « Je suis le lis des vallées.» C'est au fond de la
vallée paisible qu'elle trouve son sol natal;
là et non dans la ville, elle respire l'air libre qui lui
est propre; là elle fleurit pour charmer les regards de son
bien-aimé, et répand son parfum pour Lui plaire. «Il paît
son troupeau parmi les lis. » C'est dans la ville qu'elle
perdit la joie de sa présence, que les gardes la battirent
et lui ôtèrent son voile ; c'étaient, hélas ! ses heures
d'égarement.
Oh! combien il eût mieux valu pour elle
n'avoir jamais quitté sa vallée natale ! Réfléchis
sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme. Place-toi loin
du courant du monde, et insensible à son esprit comme à ses
attraits, applique-toi à aimer Jésus et à le satisfaire.
Quelle merveille que Celui qui est assis sur le trône de
Dieu dans les cieux et couronné de sa gloire daigne
s'occuper de misérables tels que nous, qui ne sommes bons à
rien, et surtout que, suivant notre manière d'agir, Il
éprouve de la joie et du contentement, ou de la peine et de
la douleur ! Combien il est triste, hélas ! qu'Il soit si
fréquemment blessé dans la maison de ses amis ! Qu'y a-t-il
sous le soleil qui puisse procurer un bonheur si réel, que
de Lui être agréable ? Rien n'est plus indigne d'un chrétien
que de rechercher sa propre satisfaction, et de se plaire
dans les vanités du monde, sachant surtout qu'il afflige le
coeur de Celui qui l'a tant aimé, de Celui qui pour lui est
mort et ressuscité.
Après avoir jugé ton coeur et tes voies à
cet égard, donne aux autres tes soins, ton amour, la
sympathie, et en particulier aux agneaux du
troupeau, pour la gloire du Seigneur. Combien Jésus est
heureux, de voir ceux pour lesquels Il s'est sacrifié,
marcher d'un pas ferme et joyeux sur ses traces, et paître à
côté de la demeure de ses compagnons comme bergers. Là croît
une herbe tendre, là coulent des eaux paisibles. Mais
combien le Berger souffre, et ceux qui paissent le troupeau
sous Lui, à la vue d'un jeune disciple qui, pendant un
certain temps, semblait avoir donne son coeur au Seigneur,
céder aux séductions d'amis inconvertis, aux pièges de
l'Ennemi s'efforçant d'excuser une marche coupable, en bien
des points conforme aux usages d'un monde qui gît dans le
mal; il en vient même à se demander: dois-je rejeter ceci?
dois-je abandonner cela?... Songe plutôt, mon frère, ma
soeur, à ce que tu as dû rejeter jadis, afin de jouir de ces
choses. Pensée solennelle! Pour ces folies et ces vanités,
tu as abandonné Christ ! j'entends ta jouissance personnelle
et pratique de Lui. Tu ne peux jouir du Seigneur et de ces
choses à la fois. Il te faut donc les abandonner ! Aurais-tu
une minute d'hésitation? regarde à la Croix ! Oh quel amour
! quelle mort ! quel monde ! Et c'est pour toi qu'Il meurt,
pour tes péchés mêmes ! Et tu trouverais ton plaisir dans le
monde qui a mis à mort ton Sauveur ! Oh ! jette-toi à ses
pieds bénis, dans une tristesse selon Dieu, à salut. Tu as
contristé son coeur, déshonoré son nom; confesse-lui tout;
il est fidèle et juste pour te pardonner tes péchés et te
purifier de toute iniquité.
Mais jusqu'à ce que tu l'aies fait, tu
seras malheureux, d'un coeur indécis, ta communion avec le
Seigneur étant interrompue ; ton cas est sérieux: il peut te
conduire à l'apostasie. Et si le Seigneur ne retient les
roues du chariot, qui peut dire où il ira, où il s'arrêtera
sur cette pente. Un accident peut survenir et l'arrêter tout
d'un coup, mais ce ne sera pas sans des avaries, dont les
marques resteront ineffaçables. 0 Seigneur, fais luire les
rayons de ta grâce ! Ouvre les yeux de tous ceux qui
côtoient de trop près les rives de la mer de ce monde.
Sèvre-les de ce présent siècle mauvais. Que pour Toi seul
ils soient parés de la beauté et du parfum du lis des
vallées ! T'entendre dire, ô Seigneur: «Tel qu'est le lis
entre les épines, telle est mon amie entre les filles»,
ferait infiniment plus que récompenser tout notre
renoncement à nous-mêmes.
Les personnes qui ont voyagé en Orient
disent que l'arbre dont il est question, n'est pas le
pommier, mais selon toute probabilité, le magnifique
citronnier de Palestine. L'épais feuillage vert foncé des
branches du citronnier, offre un excellent abri contre les
rayons du soleil, et ses fruits délicieux sont très-parfumés
et rafraîchissants. Le voyageur fatigué, qui le con pare aux
arbres ordinaires de la forêt, ne peut que l'admirer et le
préférer à tous les autres. Aussi l'épouse établit-elle une
comparaison analogue: «Comme le pommier entre les arbres de
la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils. » Nul n'est
semblable à Christ. Il est « le premier
entre dix mille ». Elle jouit pleinement de Lui, non pas
seulement de ses dons, quelque bénis qu'ils soient, mais de
Lui-même.
La communion personnelle est maintenant
parfaite. L'épouse est dans la pure lumière de la faveur de
l'époux. La réponse ne laisse rien à désirer: « Tel qu'est
le lis entre les épines, telle est mon amie entre les
filles. » « Comme le pommier entre les arbres de la forêt,
tel est mon bien-aimé entre les fils. » Admirables effets de
la grâce ! Voyez où elle conduit. Le Juif aurait-il pu
jamais parvenir jusqu'au sein de Dieu, en escaladant les
flancs escarpés du Sinaï? Non, tout doit être grâce du
commencement à la fin. Il y a ici réconciliation complète et
communion. Le Seigneur se repose dans son amour, ainsi qu'il
est écrit: « Il se reposera en son amour, il s'égaiera en
toi avec chant de triomphe. » (Soph.
III, 17.) L'épouse, elle aussi, jouit d'un parfait
repos en cet amour immuable: « J'ai pris plaisir à son ombre
et je m'y suis assise; et son fruit est doux à mon palais. »
Son âme y trouve repos, joie et abondance. Son coeur s'y
nourrit de Christ, qui satisfait tous ses besoins. Elle
occupe maintenant la place bénie qui lui convient; elle
avait auparavant une autre place, celle hélas ! du péché et
de la mort; mais le Seigneur l'en a délivrée pour
l'introduire avec Lui dans la nouvelle place de son Sauveur
ressuscité. Cette dernière est maintenant la sienne. « Je
t'ai réveillée sous un pommier. » Le pommier c'est Christ.
Israël, nous le savons, sera bientôt
réveillé de la mort, dans laquelle il est plongé
actuellement comme nation, pour jouir des bénédictions de la
nouvelle alliance sous Christ.
Mais il ne pourra être réveillé que par
Christ, et venir en bénédiction que sous Christ. Ils ne
pourront s'appuyer que sur la miséricorde, n'alléguer qu'une
nécessité sans remède, et ne suivre d'autres voies que
Christ. Quand on en arrive à ce point, tout est bien,
éternellement bien, tant pour le Juif que pour le Gentil.
C'est sur ce même terrain, sous ce même chef béni, qu'Israël
sera de nouveau rassemblé. Alors il s'assiéra littéralement
sous son ombre, et trouvera son fruit doux à son palais, le
fruit glorieux de l'amour merveilleux que Jésus a manifesté
en mourant pour la nation rebelle.
« Ainsi tout Israël sera sauvé, selon
qu'il est écrit. Le Libérateur viendra de Sion; il
détournera de Jacob l'impiété. » (Rom.
XI, 26.) « En ce jour-là, dit l'Éternel des armées,
vous convierez chacun son prochain sous la vigne et sous le
figuier. » (Zach.
III, 10.)
- Séjour béni de gloire et
de bonheur
- Où pour jamais régnera le
Sauveur,
- Où, loin des maux dont la
terre est la proie,
- Nous goûterons une
ineffable joie;
- Oh! quand pourrai-je, à ce
monde arraché,
- Dans tes splendeurs, à
l'abri du péché,
- Près de Jésus oublier mes
alarmes,
- Et par sa main voir
essuyer mes larmes!
VERS.
4.
« Il m'a
fait entrer dans la maison du vin, et sa bannière
sur moi, c'est l'amour. »
|
En méditant sur les différentes scènes de
délices, dans lesquelles l'heureuse épouse est introduite
par le roi, arrête un instant tes pensées, ô mon âme, à la
source d'où découle ce fleuve de bonheur. C'est le privilège
du chrétien de s'abreuver à la source, mieux encore qu'au
fleuve. Dieu lui-même est la source de toutes nos
bénédictions. Les plaisirs qui sont à sa droite ne sauraient
être comptés. Mais la source profonde de la parfaite
bénédiction de l'âme, c'est la glorieuse assurance qu'il
n'était besoin de rien pour tourner le coeur de Dieu vers
nous. Précieuse vérité ! Son amour est comme l'anneau qui
fut passé au doigt du fils prodigue: il n'a pas eu de
commencement, il n'aura jamais de fin. « Dieu est amour.» Il
ne change pas. Ce qu'Il est en Lui-même, non pas ce que nous
sommes, nous assurent à jamais des riches bénédictions de
son amour. «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous
ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et qu'il
envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. »
(1
Jean IV, 10.) La foi trouve là son parfait repos, dans
le coeur de Dieu, source de tout vrai bonheur. Comment
douter d'un amour qui a donné le Fils unique? Quelle réponse
à toute espèce de question: Dieu a donné son Fils unique
pour moi, pécheur ! Car «Dieu constate son amour à lui
envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs,
Christ est mort pour nous.» (Rom.
V, 8.) En quoi consiste l'incrédulité à ce sujet? A ne
pas croire Dieu dans le don de son Fils.
En quoi consiste la foi ? À croire au parfait amour de Dieu
manifesté dans le don de son cher Fils. « En vérité, en
vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole et qui
croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et ne
vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la
vie. » (Jean
V, 24.)
L'oeuvre de Christ n'était pas nécessaire
pour tourner le coeur de Dieu vers le pécheur, mais pour
tourner le coeur du pécheur vers Dieu. Toute l'Écriture
révèle cette vérité bénie. La première occasion qui prêta à
cette manifestation, se présenta dans le jardin d'Eden,
quand l'homme tomba. Le couple criminel cherchait un lieu où
se cacher, loin de la présence de Dieu, derrière les arbres
du jardin; mais la voix de l'Éternel Dieu se fait entendre
pleine de grâce: « Adam, où es-tu? » L'homme est maintenant
un pécheur perdu, et Dieu le cherche; les premières paroles
de l'amour qui rachète, caractérisent l'oeuvre entière de la
rédemption. La révélation de l'amour de Dieu dans la
promesse que la semence de la femme écraserait la tête du
serpent, acheva de gagner leur confiance. Dès lors, et
maintenant, dans le temps actuel, quand le pécheur, par
grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et
l'oeuvre de son Fils, il est amené à Dieu par la foi en
l'efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de
Jésus. De la sorte, il est pardonné, accepté dans le
bien-aimé, et répond pleinement aux désirs du coeur de Dieu.
Mais, bien que l'amour de Dieu à notre
égard ait toujours été le même, il a rencontré chez nous
beaucoup d'obstacles à son complet et libre épanchement. Si
Dieu aime, il est juste aussi; s'il est miséricordieux, il
est toujours conséquent avec Lui-même. Ce que son amour
désirait, sa sagesse. en traçait le plan, et son pouvoir
l'accomplissait. L'éloignement des obstacles prouve la
grandeur de l'amour autant que la réalité de ces obstacles.
Jésus vint pour faire la volonté de Dieu. Il fit et acheva
l'oeuvre. Il abolit le péché par le sacrifice de lui-même.
L'amour, le divin, l'éternel amour, ne pouvait aller plus
loin. À quelle fin, ô mon âme, tendait, cet immense, ce
mystérieux sacrifice? L'apôtre répond: «Afin de nous amener
à Dieu»; pas seulement au ciel, mais à Dieu lui-même, à tout
ce que Dieu est: « Car aussi Christ a souffert une fois pour
les péchés, lui juste pour les injustes, afin qu'il nous
amenât à Dieu. » (1
Pierre III, 18.) Et encore : Car « Celui qui n'a pas
connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous
devinssions, justice de Dieu en lui. » (2
Cor. V, 21.) Nous avons maintenant, c'est important à
remarquer, l'amour et la justice en Christ. Il est également
notre vie en tant que ressuscité d'entre les morts; mais
c'est une vie au delà du tombeau, du jugement de Dieu, de la
mort, de Satan, du péché et du monde. Nous possédons
maintenant en Christ tout ce qui nous est nécessaire pour
jouir de la présence de Dieu, présence dans laquelle il y
a une plénitude de joie, de paix, de félicité, de repos, de
gloire et pour l'éternité.
Dans la compagnie de Jésus, l'épouse
contemple les mêmes scènes que Lui. Ils s'abreuvent aux
nombreuses sources des félicités divines. Il la conduit aux
«fontaines des eaux de la vie. » Le roi, dit-elle, m'a amené
le matin dans ses chambres. Peu après, les choses prennent
un autre aspect. Nous voyons l'épouse avec son bien-aimé
dans les champs, où il paît et fait reposer son troupeau à
midi. Plus tard, dans la journée, elle s'écrie: « Notre lit
est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ;
nos lambris des cyprès. » Cette image semble représenter une
bénédiction pleine de fraîcheur, de grandeur stable et
noble. À la fin du jour, son bien aimé la conduit au festin,
sous la bannière de. l'amour. L'amour qu'Il lui témoigne est
le secret de toute sa joie, la source de toutes ses délices.
Longtemps, bien longtemps, l'étendard de
son amour a été laissé de côté sans être déployé. La foi
savait que dans les pensées de Dieu, ce n'était que pour un
temps, et que, selon la parole de la promesse, un jour
viendrait, où il serait de nouveau déployé.
Depuis que l'homme de grande naissance,
dont il est parlé dans la parabole, «est allé dans un pays
éloigné pour recevoir un royaume et revenir ensuite»; nul
étendard de l'amour divin n'a flotté sur Jérusalem, Depuis
plus de dix-huit cents ans, la cité bien aimée. le temple
magnifique ont été réduits en poudre, et le peuple
dispersé aux quatre vents des cieux. Le Seigneur l'avait
prédit lui-même à diverses reprises: « Jérusalem, Jérusalem,
qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui lui sont
envoyés, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme
une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne
l'avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée
déserte; car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais,
jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom
du Seigneur!» (Matth.
XXIII, 37-39.)
S'Il a tardé à venir, c'est, nous le
savons, par pure grâce pour nous. Son amour n'est pas
demeuré inactif, bien qu'il ne se soit pas exercé à l'égard
d'Israël. Sa longanimité, c'est le salut. Par la puissance
du Saint-Esprit et la prédication de l'Évangile, il s'est
choisi, parmi les Juifs et les Gentils, un peuple pour son
nom. (Actes
XV, 14-18; 2
Pierre III, 9.)
Mais bientôt l'église qui est la
plénitude de Celui qui remplit tout en tous, sera complète
et ravie à la rencontre du Seigneur en l'air, « et ainsi
nous serons toujours avec le Seigneur » (Eph.
I, 22-23; 1
Thess. IV). Cela aura lieu avant qu'Israël soit
reconnu de nouveau comme peuple de Jéhovah. Mais bien que
les Juifs aient été longtemps laissés de côté et châtiés à
cause de leurs péchés, l'apôtre nous assure qu'ils ne sont
pas rejetés pour toujours, et que «les dons et la vocation
de Dieu sont sans repentir» (Rom.
XI).
Le temps où Dieu aura compassion de Sion,
le temps assigné, viendra. On annoncera le
nom de l'Éternel dans Sion et sa louange dans Jérusalem. (Ps.
CII.) La parole du Seigneur demeure ferme à jamais;
toutes les spéculations de l'esprit humain seront réduites à
néant. « Car voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où je
rétablirai les captifs de mon peuple Israël et Juda, et je
les ferai retourner au pays que j'ai donné à leur père, et
ils le posséderont. » (Jér.
XXX, 3.) Et encore: «Je me réjouirai en eux pour leur
faire du bien, et je les planterai dans ce pays en vérité,
de tout mon coeur et de toute mon âme. » (Jér.
XXXII, 41.) Alors la bannière de l'amour immuable de
Dieu flottera au-dessus de leurs têtes. Oh ! qu'elle sera
grande la bénédiction de ce peuple que le Seigneur bénira de
tout son coeur et de toute son âme. Quelle grâce et quelle
condescendance de la part de Dieu, de parler ainsi ! Quelles
nombreuses bénédictions réservées à ce peuple, maintenant
rejeté et foulé aux pieds. Peu de personnes y ajouteront
foi; néanmoins, il vient, il est près, le jour où le Messie,
leur roi, s'élèvera en leur faveur contre tous leurs
ennemis, et sera comme un mur de feu autour dé sa Jérusalem
bien-aimée, qu'il remplira de gloire. Alors, l'étendard de
son amour, caché depuis si longtemps, à cause de leur
incrédulité, sera déployé et pour toujours; alors toutes les
familles de la terre verront le fidèle amour du Seigneur, le
Très-Haut quand elles monteront à Jérusalem, pour se
prosterner devant le roi, l'Éternel des armées, et pour
célébrer la fête des tabernacles. (Zach.
XIV.) Et alors, oh oui, alors s'accomplira cette
parole si précieuse : « Il m'a fait entrer dans la maison du
vin, et sa bannière sur moi, c'est l'amour, Soutenez-moi
avec des gâteaux de raisins ; ranimez-moi avec des pommes,
car je suis malade d'amour. »
Eh bien, ô mon âme ! que te disent toutes
ces bénédictions, toutes ces sources de pures délices?
Quelle signification revêtent-elles pour toi maintenant ?
Bien que ce ne soient que des images et des allégories,
elles ont été écrites pour ton instruction. De fait, elles
représentent les réalités de la communion avec Christ,
l'époux, et les affections, les sympathies de coeurs qui
n'en forment qu'un N'as-tu pas remarqué parfois qu'après une
séparation momentanée d'avec le monde, et la jouissance
d'une communion étroite avec le Seigneur, le ton, le,
caractère de notre esprit deviennent plus spirituels? La
présence du Seigneur est plus complètement réalisée; le
corps devient plus léger, l'esprit plus libre. Nous nous
sentons alors éloignés de la terre et rapprochés des cieux;
nous jouissons davantage des choses célestes, assurés que
nous sommes de l'amour du Seigneur et du bon plaisir qu'Il
prend en nous.
Mais cet état de vives jouissances
spirituelles n'est qu'accidentel. On n'y parvient pas non
plus, généralement parlant, en un instant. Nous ne pouvons
tout d'un coup passer de la jouissance des choses de la
terre à cette mesure de jouissance des
choses du ciel. Il est vrai que nous avons Christ, le
Saint-Esprit, la Parole, l'amour du Père, qui ne changent
point; mais notre communion varie : elle est plus ou moins
intime. Même la nécessité dans laquelle se trouvent l'esprit
et le corps de s'occuper des choses temporelles, émousse
notre sensibilité spirituelle. La prière en secret, la
méditation de la Parole, le jugement de soi-même, la
mortification du corps, le plaisir que prend le coeur aux
choses de Dieu, la révélation faite par l'Esprit à nos âmes
de l'amour de Jésus, se trouveront, la plupart du temps,
unis à cet état de jouissance spirituelle. Tous ces
exercices doivent être habituels au croyant, s'il désire
être animé de sentiments célestes. Nous avons à marcher par
la foi, comme appartenant à la nouvelle création, et non par
la vue, comme étant encore dans l'ancienne. (2
Cor. V, 16, 17, 18.) Il est bon en même temps de se
souvenir que le Seigneur n'est restreint à aucun genre de
moyens, en amenant ses bien-aimés dans la salle des noces,
le lieu de Sa présence où il y aura joie parfaite. Nous
avons vu une âme ravie de bonheur par le sentiment subit du
pardon de ses péchés et de l'amour assuré du Seigneur. Dans
le cas de l'épouse, que nous avons sous les yeux, il n'y a
pas eu chute apparente, mais simplement progrès notable dans
son expérience. « Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins ;
ramenez-moi avec des pommes ; car je suis malade d'amour. »
Jamais l'âme qui se nourrit de Christ
n'est rassasiée de Christ. Et le Seigneur
prend plaisir à donner en abondance. « Ouvre ta bouche toute
grande, et je la remplirai. » Lui seul est capable de
satisfaire les désirs du coeur et de l'esprit. Mais
remarquez-le, Il attire sa bien-aimée encore plus près de
lui. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite
m'embrasse. » Oh ! Seigneur Jésus, Dieu, Sauveur, céleste
époux, tête de l'église, qui est ton corps ! Comment sonder
la hauteur et la profondeur de ton amour? Comment en mesurer
la longueur et la largeur? Où trouver une communion plus
intime, plus réelle, plus bénie? L'épouse bénie penche sa
tête sur le sein de son bien-aimé, lieu du parfait et de
l'éternel repos. Il ne peut y avoir rien de plus haut, il ne
doit y avoir rien de plus bas que cela. Oh ! que ne
donnerais-je pas pour éprouver davantage cette puissance,
qui épuise et qui fortifie à la fois la présence du Seigneur
! Que ne donnerais-je pas pour avoir un coeur plus grand,
une âme plus vaste !
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