Nos illusions écartées, entrons
dans les réalités de la foi.
Entrons-y menés par notre conscience que
guident la Révélation et l'Esprit.
Allons droit au sanctuaire : aux relations avec
Dieu.
Je prends la plus simple, la plus
élémentaire, la plus haute aussi,
celle qui les contient toutes : la prière.
Mettre de la conscience dans nos prières,
pensez-vous que la chose aille de soi? ne
connaissez-vous pas des prières
individuelles qui ne
sont que des mots
cousus les uns aux autres? ne connaissez-vous pas
des prières publiques qui ne sont que des
déclamations et des sermons? ne
connaissons-nous pas des prières qui sont
des lâchetés; oui, des
lâchetés! Nous prions pour nous
dispenser d'agir; ayant fait le mal, ou ne voulant
pas faire le bien, nous nous mettons à
genoux et tout est dit.
Qu'en pensera la conscience? Elle a son
opinion arrêtée sur les mensonges, sur
le formalisme, sur les lâchetés. Une
prière qui ne jaillit pas du coeur, une
prière, qui s'écoute parler, une
prière qui demande la transformation sans
promettre l'effort, cette prière est un
mensonge, est une moquerie, est une
lâcheté,
Ah! la prière consciencieuse
!
«Comme le cerf brame après
les eaux courantes, ainsi mon âme soupire
après toi, mon Dieu
(1) ! » - «Mon âme
a soif de Dieu, du Dieu fort et vivant (2)!
»
-
«Éternel, je t'invoque des lieux
profonds (3)
!
»
Les lieux profonds, c'est bien cela;
c'est de là, des profondeurs de
l'humilité que partent les vraies
prières, les prières loyales,
brûlantes, véhémentes, celles
qui arrivent.
Mais ne me parlez pas de la fausse
humilité, l'orgueil choque moins. Ne me
parlez pas des attitudes écrasées,
des intonations factices!
Parlez-moi d'une humilité qui ne
s'étale ni ne se raconte, qui
pénètre le coeur plus qu'elle ne
parait sur les lèvres. Ces
prières-là, secrètes,
modestes, un des beaux fruits de l'Évangile,
une des plus vives forces de la charité,
heureux qui les sent s'émouvoir en soi,
heureux qui les sent monter près de soi,
heureux qui rencontre un de ces chétifs, un
de ces débonnaires que leur conscience
ramène incessamment dans les lieux profonds;
d'autant plus puissants qu'ils se sentent plus
petits !
Comme notre prière, notre
obéissance a besoin de se faire
consciencieuse.
Dieu doit être obéi, nous
le savons de reste. Tout commandement implique pour
nous l'obligation d'obéir, de même que
toute vérité implique l'obligation de
croire. La conscience, pas plus que
l'Évangile, n'établit de
catégories entres les ordres,
déclarant ceux-ci inviolables,
ceux-là indifférents.
Nous, cependant, sitôt qu'une loi
nous gêne, nous la faisons fléchir
sous prétexte qu'elle n'est pas
péremptoire, qu'elle date de loin, qu'il y
en a de plus importantes.
Voulez-vous un exemple ? prenez le
dimanche, prenez les profanations du dimanche;
mettez-les vis-à-vis de ce Décalogue
dont Jésus a dit : « Je suis venu
l'accomplir, non l'abolir (4)!
»
interrogez votre conscience, et voyez ce qu'elle
répondra.
Tout chrétien
répète machinalement ces mots :
«Non pas ce que je veux, Père, mais ce
que tu veux (5)
!
» - Ce qui ne nous empêche nullement de
nous révolter quand la volonté de
Dieu renverse la nôtre, et de nous
écrier avec amertume que nos prières
ne trouvent point d'accès là
haut.
Se soumettre! je rencontre ici la
suprême victoire de Jésus. Un coeur
soumis est un coeur sanctifié.
Encore y faut-il
l'intégrité, La conscience n'y met
nulle équivoque - « Ne mentez
point (6)!
»
- Or, se dire soumis quand on ne veut pas
l'être, c'est mentir, il n'y a pas d'autre
mot. Mieux vaut cent fois crier à, Dieu -
Père, je désirerais me soumettre, je
ne puis, mon coeur est trop déchiré,
trop effrayé. Aie pitié de moi,
secours-moi, épargne-moi!
Dès que la soumission devient
réelle cependant, c'est-à-dire
sincère, elle enfante cette disposition du
coeur, forte et douce, à laquelle, rien ne
peut se comparer; on la nomme: confiance filiale! -
«Mon âme s'attend à
l'Éternel (7)
»
Existe-t-il dans la langue des hommes un
équivalent à ce cri
d'obéissance et d'amour? Je m'attends! Je
compte, je sais sur qui. Je sais que mon
Père ne m'abandonnera pas. Il est le
maître de l'univers, et je suis son enfant en
Christ.
Alors naissent, par le seul fait de ces
relations intimes et loyales, par le fait de la
conscience appliquée à la soumission,
tantôt cette héroïque foi qui
transporte les montagnes, tantôt cette foi
simple qui, sans bruit, dans la vie de tous les
jours, opère des miracles encore plus
grands.
Il s'attend consciencieusement à
l'Éternel, cet humble chrétien, qui
sous le faix de l'heure présente, qui devant
les menaces de l'avenir, regarde vers le ciel bleu.
Il s'attend a l'Éternel, ce Luther, qui
pendant la diète d'Augsbourg et tandis que
le faible Mélanchthon, toujours prêt
à plier, lui adresse des cris d'alarme, se
contente de répondre : « Je voyais
passer les nuages, rien ne les soutient, et ils ne
tombent pas. Je regardais les étoiles, rien
ne les soutient, et elles ne tombent pas.
»
Ainsi l'on atteint au trésor
incomparable: la paix. Entendons-nous; paix ne veut
pas dire suppression de la souffrance. Il y a des
mystères de douleur qui ne trouveront leur
solution que là-haut; il y a des visages qui
arriveront là-haut trempés de larmes
: « D'où viennent ceux-ci? de la grande
tribulation. » - On l'a trop
oublié.
La paix dont il s'agit n'a rien de
commun non plus avec cette tranquillité
lâche, acquise au prix des mollesses, des
compromis, des habiletés : Cédez-moi
cette croyance, je vous abandonnerai cette
conviction! - Ceci n'est plus la paix, ce sont deux
incrédulités qui s'allient.
Et nous avons de ces paix-là !
Nous avons la paix qu'on se procure en
écartant tout ce qui est pénible,
sérieux et véritable, nous avons la
paix qu'on croit obtenir en ne pensant ni au
péché ni à la mort; nous avons
la paix qu'on s'imagine fonder en criant beaucoup:
«la paix, la paix!» Et il n'y a point de
paix!
Notre conscience les flétrit, ces
paix ignobles, ces paix menteuses! Et en même
temps qu'elle nous les arrache, elle nous donne la
vraie, la paix après la guerre et par la
guerre, la paix qui est le fruit des victoires et
non le résultat des défaites, la paix
qu'octroie le libérateur du
péché, la paix qui nous porte haut
parce qu'elle vient d'en haut, la paix qui, sans
illusions et sans phrases, nous fait vraiment
asseoir: nous, nos tendresses, nos pensées,
nos espérances, « dans les lieux
célestes en Jésus-Christ! (8)
»
Cela ne se fait pas tout seul.
Nous visons au renouvellement absolu:
rien de moins. La paix en est le couronnement; or
ni couronnement ni couronne ne s'atteignent
aisément ici-bas.
La course et la bataille dureront donc
toute la vie.
« Si tu veux, tu peux me rendre net (9)
! » -
qui n'a senti tressaillir en soi ce cri du
pécheur, ce cri du lépreux!
Seulement, tenons-nous y attentif, quand
nous avons crié : Rends-moi net! nous nous
croiserions volontiers les bras, insouciants,
inactifs, répétant,, Il me rendra
net.
La conscience n'autorise point ces
engourdissements-là. Un chrétien
consciencieux attend tout de Jésus,
pitié comme guérison; mais il en
attend l'énergie aussi, et il sait la
demander; mais il est possédé d'une
ardente passion : la faim et la soif de la justice,
de la sainteté, et il sait qu'on ne les
acquiert qu'en les conquérant; mais
être délivré du mal,
c'est-à-dire débarrassé des
étreintes du péché:
voilà son éternelle
aspiration.
Point de paix séparée de
la conquête, point de bonheur
séparé de la sainteté.
Le bonheur sur la terre consiste en
ceci:: être délivré du
mal.
Le bonheur dans le ciel consiste en
ceci: être délivré du
mal.
Des âmes en travail, des hommes en
lutte contre eux-mêmes, je ne connais
guère de, plus noble spectacle à
contempler.
Existerait-il sans la conscience? Nous
aurions des projets, des intentions,
peut-être quelque essai vite
abandonné; rien de sérieux, rien
d'effectif.
Mais, dès qu'il paraît,
l'infatigable ouvrier; dès qu'il se
lève, le fidèle témoin de
Dieu; nos efforts prennent valeur. La conscience a
les yeux bien ouverts; elle nous tient constamment
en éveil: - Ai-je avancé? ai-je
reculé? Suis-je encore l'esclave de, ma
tentation, à, moi? Mon péché,
à moi, est-il encore mon
maître?
Et le combat recommence, et l'on gagne
du terrain, et la main vaillamment posée,
sur la charrue on interdit à ses regards de
retourner en arrière., et le Mot de
l'avenir, le mot de la conscience, le mot du ciel:
En avant! vient exciter les énergies et
raffermir le coeur.
Ceci s'appelle: l'éducation
personnelle.
À l'éducation
donnée par nos parents succède
l'éducation donnée par notre sens
moral. La première a son importance,
très-grande. Mais essayez de vous passer de
l'autre!
Malheur à qui se croit tout
élevé parce qu'il a fini ses
études. Quiconque ne s'élève
pas soi-même, et cela jusqu'à la fin
de sa vie, restera toute sa vie un homme mal
élevé.
Élever les hommes, telle est la
mission de la conscience chrétienne ;
élever les pensées, élever les
affections, élever, les désirs, viser
haut!
Aidée du Saint-Esprit, la
conscience opère ces prodiges. Ce qu'on
déclare infaisable, elle le fait: Impossible
de modifier un caractère! - voilà ce
qu'on dit. Hé bien, j'ai vu, et vous les
avez vus comme moi, des caractères
modifiés.
J'ai vu des miracles, et je
crois.
Le frisson nous saisit, n'est-ce
pas?
Comment remonter un tel courant, le
courant de nos convoitises, de notre
égoïsme, de notre péché?
Triompher de quelques habitudes, à la bonne
heure! essayer quelques réformes
extérieures et superficielles, cela se
comprend, mais le fond !
Il y aurait de quoi frémir, en
effet, si nous n'avions pas Dieu. Toute force vient
de lui. Nous n'entreprendrons notre
véritable éducation personnelle que
lorsque nous aurons entendu prononcer notre nain
par l'éternel amour. Alors, seulement alors,
le progrès rencontrera chez nous un point
d'appui solide. Nos vaillances tiendront toujours
à notre foi.
Pardonnés, adoptés,
introduits dans la famille de Jésus, notre
âme entière est remuée; notre
coeur est atteint; nous ne demeurons « ni
stériles ni oisifs dans la connaissance du
seigneur (10)
». La loi de croissance spirituelle s'exerce
incessamment en nous. Le divin semeur a mis la
semence en bonne terre; de jour et de nuit, qu'on
veille ou qu'on dorme, la plante grandit; «
d'abord la plante, ensuite l'épi, ensuite le
grain formé dans l'épi (11)
».
La plante grandit! aujourd'hui c'est le
repentir, demain ce sera l'amour, puis les vertus
austères, puis les vertus aimables : le
support, la joie, la bonne grâce; ce qui
attire à l'Évangile au lieu d'en
éloigner, ce qui fait qu'on cherche
Jésus au lieu d'on avoir peur.
Il nous faut un culte consciencieux.
Dépourvu de conscience,
c'est-à-dire de sincérité,
notre culte individuel, cette
bénédiction du matin qui
s'étend sur toute la journée; devient
une sorte de condamnation dont nous portons le
poids jusqu'au soir. Se tenir intègre devant
Dieu, lui parler vrai, l'écouter, lui tout
dire, le mal comme le bien; lui demander tout,
l'obéissance avec les grâces; mettre
les tendresses sous sa protection, amener les
pensées à sa lumière;
être soi-même enfin, loyal et droit;
n'espérez ni paix ni force en dehors de ces
conditions imposées par la conscience, et
sans lesquelles toute, parole adressée
à Dieu se transforme en ironie, tout acte de
respect en profanation.
Ce qui est vrai du culte particulier est
vrai du culte de famille. Réduit à la
forme, rien de plus vide, rien de plus lamentable,
rien de plus immoralement vain. Mais, si le culte
de famille est une vie, si les maîtres et les
serviteurs se réunissent autour de la Bible
pour rencontrer Dieu, s'ils se mettent à
genoux pour lui envoyer une de ces invocations qui
jaillissent des profondeurs de l'âme, je ne
sais rien de si bon, rien de si beau, et je ne
comprends pas qu'une maison chrétienne
par-vienne à s'en passer.
Toutefois, souvenons-nous en, vingt mots
prononcés en conscience, c'est souvent
assez. Une heure, de méditation sans
conscience, c'est toujours trop, car c'est une
heure d'hypocrisie.
Quant au culte public, dès que
chacun y viendra avec sa conscience, le culte sera
transformé. Des auditeurs recueillis,
altérés de vérité,
intimement humbles, actifs et vigilants; un
prédicateur passionnément, uniquement
occupé du service de son maître et du
salut des âmes, je n'en demande pas
plus.
On a souvent cherché le secret
des discours efficaces. Il ne se trouve nulle autre
part que dans les consciences: je dis dans les
consciences, dans celles de l'assistance comme dans
celle de l'orateur. Les auditeurs ont plus de part
qu'on ne l'imagine au discours qui leur est
adressé. Ils créent en quelque sorte
l'atmosphère; ils soutiennent ou
découragent; l'orateur respire tantôt
des brises qui le vivifient, tantôt des
mollesses qui l'énervent; il est
porté par certaines ardeurs, il est
glacé par certaines distractions.
Si le prédicateur, de son
côté, ne s'oublie pas lui-même,
s'il vise à l'effet, s'il vient là
pour s'acquitter d'un devoir hebdomadaire, s'il n'a
pas joint à la méditation de son
sujet le combat de la prière sur les deux
genoux, ses appels, même les plus
véhéments, se perdront en l'air.
Sitôt qu'il est consciencieux, au contraire,
préoccupé de rendre témoignage
à ce qu'il sait, à ce qu'il sont
veillant à ce que ses paroles ne
dépassent pas sa pensée, fortement
appuyé sur la vérité, le coeur
en pleine lumière, saisi par l'avenir
éternel de ceux qu'il a devant lui,
pressé de leur apporter dans ses deux mains
son plus précieux trésor; n'ayez pas
pour, éloquent au non, chaque trait portera.
Je vous défie de rester inattentif
vis-à-vis de cet homme-là; je vous
défie de demeurer sur vos gardes; je vous
défie de vous maintenir hostile. Un courant
s'établit entre les consciences, et ce
courant qui s'appelle sincérité,
bientôt se nommera sympathie.
Le genre sermon, au reste, se
réformera dans la mesure du travail de la
conscience.
Les questions banales
disparaîtront; les formes usées,
où se complaisent toutes les paresses,
éclateront déchirées par la
sève nouvelle; le discours se fera vivant,
actuel, comme nos besoins, comme nos aspirations,
comme nos dangers.
Les dangers! il en existe un pour le
prédicateur, et la conscience seule
réussit à l'en
défendre.
Toujours enseigner, toujours
apparaître comme l'organe du bien, parler
sans cesse de perfection, se présenter en
qualité de messager même de
l'Éternel, cela est épouvantablement
périlleux. Comment ne, pas conserver
à ses propres yeux quelque chose de
supérieur aux autres hommes!
Je m'en ouvre d'autant plus librement
que cet écueil du prédicateur est
celui de l'orateur. Lorsque, dans nos
séances du soir, j'ai traité ce sujet
: la conscience; je me, sentais grand besoin de
veiller sur moi le lendemain, afin
d'échapper à la tentation de me
croire plus consciencieux qu'un autre.
Savez-vous ce qui m'a garanti? la
conscience, en personne. Elle m'a dit, elle dit
à tous ceux qui parlent, que montrer le
bien, ce n'est pas pratiquer le bien; qu'annoncer
la vérité, ce n'est pas appartenir
à la vérité; que
définir la sanctification, ce n'est pas
être saint; qu'il est trop aisé de
s'imaginer qu'on aime beaucoup Dieu parce qu'on a
établi qu'il faut l'aimer; que dire et
faire, en un mot, sont deux.
Au sortir de la chaire ou de la tribune,
elle nous attend, notre rude amie, elle nous
adresse des questions brutales : T'es-tu, toi,
humilié en fait, autant qu'en phrases? les
fardeaux que tu as liés, les toucherais-tu
du bout du doigt? l'adoration, la soumission, le
renoncement que tu prêches, les rencontres-tu
dans ton coeur? Et quand elle nous a, pesant sur
nous, courbés sous sa main; quand elle nous
a mis bien bas, nous comprenons que cela est bon
pour nos âmes qui en deviennent plus
intègres; bon pour nos discours où la
vérité loyale, absolue, prend
toujours mieux sa place, où son accent qu'on
n'imite pas et qui seul émeut se fait
toujours mieux sentir.
La question d'Église ne saurait
échapper à notre conscience. Ici,
comme ailleurs, le sens moral va droit son chemin
au travers des habiletés, des
temporisations, et voici la définition qu'Il
nous donne :
L'Église composée de ceux
qui, librement, sincèrement, reconnaissent
l'infaillible autorité des Écritures
et déclarent appartenir au Sauveur
Jésus, cette Église est
l'Église de Jésus, cette
Église est la colonne de la
vérité.
L'Église composée de
croyances collectives, de croyances
héréditaires, de croyances qui se
confirment régulièrement à un
certain âge, de croyances de l'État,
du pays, de la politique; l'Église qui
accueille des indifférences aussi, et des
doutes, et des négations, et des
incrédulités, cette Église
peut bien être une association, elle n'est
pas l'Église de Christ.
La conscience impose la
vérité des situations. La conscience,
lorsqu'il s'agit de convictions, n'admet pas les
pêle-mêle. La conscience exige que
chacun arbore son drapeau. La conscience veut avoir
à faire à l'individu. Et la
conscience crie aux Etats comme aux individus :
« La vérité vous rendra libres (12)
!
»
Regardez l'Amérique ! La
vérité des situations ne lui a pas
seulement donné l'indépendance des
âmes, elle a, une fois pour toutes, affranchi
le pays tout entier, gouvernement et
citoyens,
Chaque dimanche, le citoyen va, front
levé, où le mènent ses
convictions; quand il n'en a pas, il ne va nulle
part; point de mensonge officiellement religieux
pour abuser son âme ou pour l'engourdir.
L'État laisse les cultes protestants,
catholiques, les congrégations
rationalistes, les sectes, le pape et ses
évêques agir à leur guise; et
sa paix, loin d'en être troublée,
s'affermit dans la liberté que donne la
vérité.
Qu'on le veuille on non, au surplus, le
problème de la séparation s'impose
à tout le monde. Il marche à pas de,
géant; il entre de vive force dans tous les
journaux, dans toutes les revues, dans tous les
esprits.
Une transformation s'opérera;-
bonne ou mauvaise? pour ou contre
l'Évangile? c'est aux consciences
chrétiennes d'y pourvoir.
Quant aux Églises unies à
l'État, quant aux Églises politiques,
aux Églises mondaines, aux, Églises
accommodantes; frappées d'impuissance Par la
fausseté même de leur principe, elles
vont à la rencontre des ébranlements
d'un prochain avenir, aussi mal armées que
des chevaliers du moyen âge qui, la lance au
poing, marcheraient en guerre contre les fusils
Chassepot !
Ajoutons ceci :
La conscience, en même temps
qu'elle nous amène l'indépendance et
la netteté des positions, nous inspire le
respect mutuel. Je l'ai déjà dit, il
y a respect de conscience à conscience. Une
discussion consciencieuse sera toujours une
discussion respectueuse. Et ce respect des
adversaires, il faut s'en souvenir, n'ôte
rien, absolument, au maintien de la
vérité, car c'est notre conscience
qui nous l'impose, et la saine doctrine n'a pas
d'autre gardien.
Ceci me plaît! ceci me touche!
ceci a cours autour de moi! ceci était
adopté par mes pères! -
n'espérez pas que la conscience
chrétienne tolère chez vous un
langage pareil.
De sa voix austère elle nous pose
et nous posera toujours la même question :
As-tu trouvé ceci dans l'Évangile?
Est-ce loyalement que tu tiens ceci pour une parole
de Dieu?
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |