J'ai vu des familles qui possédaient les
principaux éléments du bonheur, et
qui semblaient cependant languir. Il manquait
là je ne sais quoi ; la circulation
était trop lente, une sorte de lassitude
pesait sur tous. D'où venait cela? Les
idées faisaient défaut.
Il faut des idées à la
famille; son bonheur a besoin d'être nourri.
Sans les joies de l'intelligence, celles du coeur
subissent elles-mêmes un réel
appauvrissement. Joignez beaucoup de tendresse
à beaucoup d'esprit. si vous retranchez
l'aliment journalier que l'esprit réclame, vous
aboutirez aux conversations insipides, pis que
cela, aux médisances. Quand on ne sait rien,
quand on n'apprend rien, quand on ne
s'intéresse à rien, on tombe dans
cette impuissance qui est proche parente de la
méchanceté. Un des grands moyens de
n'être pas un peu méchant, c'est de se
développer et de s'instruire. Nos entretiens
de famille se transforment, comme par miracle,
dès que nous nous mettons à lire de
bons livres et à nous intéresser aux
belles causes.
Quelles bonnes soirées on passe
alors ! Au lieu de se séparer, on se
réunit. L'heure de la lecture en commun est
attendue avec impatience; ce sera un moment de
joie. Car il ne s'agit pas, entendons-nous bien, de
dévorer chacun dans son coin un livre ou une
revue ; il s'agit de lire ensemble, de jouir
ensemble, de débattre ensemble les questions
soulevées par le livre, de couronner enfin
une journée de travail par une
réunion intime dont rien ne peut rendre le
charme et la douceur. Comparez cela aux
soirées passées ou
dans un monde indifférent, ou avec des amis
douteux !
Si vous voulez vous serrer autour du
foyer, enchanter les vieux, retenir les jeunes,
employez ce moyen, je vous en garantis
l'efficacité. Les enfants eux-mêmes
aspirent avec passion au temps où on leur
permettra enfin de prendre leur place autour de la
table de lecture, où on cessera de les
envoyer coucher au moment précis où
cette grande fête journalière de la
famille va commencer.
Pour que cette fête soit ce
qu'elle doit être, pour que la lecture du
soir s'affermisse et devienne une institution, il
faut savoir choisir de bons livres.
Et qu'est-ce qu'un bon livre ? Avant
tout, c'est un livre qu'on peut lire sans embarras
devant sa femme et devant ses enfants, un livre qui
ne souille pas l'imagination et ne dessèche
pas le coeur. Voilà le côté
négatif de la question : je n'y insiste pas,
parce qu'en pareille matière peu de mots
suffisent pour être compris. Disons-le
seulement, si nous n'apportions pas un soin
scrupuleux dans le choix de nos lectures, nous
ferions un mal infini. Mieux vaudrait alors n'avoir jamais
établi ces
réunions de famille. Certains poisons
agissent lentement, mais ils agissent. Certaines
idées, certaines images ne tuent pas
l'âme dès le premier jour, mais elles
demeurent, elles reparaissent, elles se joignent
à d'autres tentations et déterminent
des chutes profondes. Il est des moqueries au sujet
de la foi qui semblent avoir glissé sur
nous, et que nous retrouverons peut-être, un
an, dix ans plus tard; le virus a circulé,
la croyance s'en est allée, peu à
peu, pièce à pièce,
décomposée par un scepticisme latent
dont nous n'avons pas même eu
conscience.
Après les livres corrupteurs,
rejetez bien loin de vous les livres ennuyeux. Dans
cette heure lumineuse qu'elle se réserve, la
famille a l'intention de s'amuser; j'ajoute qu'elle
en a le droit. Elle ne vient pas s'adonner à
une étude. Des livres instructifs peuvent
être fort intéressants, et ils ont
alors un double mérite. Des livres
édifiants peuvent être d'une lecture
entraînante, et ceux qui les écrivent
sont de véritables bienfaiteurs de la
famille. Qu'elle est reconnaissante aussi envers
ceux qui lui procurent de francs rires, un
délassement
honnête, envers ceux qui la font vivre en
bonne, spirituelle et joyeuse compagnie!
J'ai proscrit les livres ennuyeux; j'ai
bien envie de proscrire en outre les livres
médiocres. La médiocrité n'est
pas toujours ennuyeuse, par malheur, et certains
succès en témoignent. Que nous
lisions à part nous des livres ennuyeux ou
médiocres, cela nous regarde; il se peut
qu'ils rentrent dans le cercle de nos recherches et
que d'ailleurs, parcourus en hâte par un
lecteur solitaire, ils deviennent supportables.
Seulement n'allons pas infliger à notre
famille le supplice de ces lectures incolores que
personne n'écoute, pas même celui qui
tient le volume et dont l'esprit est ailleurs. Il
n'en faudrait pas plus pour compromettre
l'institution, pour donner raison aux
indisciplinés (il y en a toujours) qui
essayent, dans les premiers temps surtout, de la
battre en brèche.
Allons aux grands esprits, avec eux nous
n'aurons point de mécompte. Nourrissons-nous
de la moelle des lions. Qu'on se trouve bien dans
cette société choisie! Comme il nous
fortifie, ce courant d'idées saines et
simples !
Et ne pensez pas que la liste des bons
livres doive s'épuiser promptement.
Après avoir exclu les mauvais, les ennuyeux
et les médiocres, il nous restera une
provision très-rassurante d'ouvrages utiles
et intéressants. Entre ce qui est
supérieur et ce qui est médiocre, les
degrés sont nombreux, Dieu merci. Il y a
là tant de livres excellents à lire,
que chez nous, depuis vingt ou trente ans
tantôt, nous ne sommes pas arrivés au
bout. Je compte bien que nous n'y arriverons
jamais.
Il est vrai que nous avons pris un parti
que je me permets de recommander : nous ne sommes
pas trop difficiles. Ceci est important. Quand on
est difficile quand on repousse tout ce qui n'est
pas la fleur du panier, quand on ne daigne
agréer que des oeuvres de génie,
quand, non content d'écarter la
perversité, la médiocrité et
l'ennui, on cherche querelle à des livres
intéressants parce qu'ils ne concentrent pas
en eux tous les mérites à la fois,
alors on se condamne à cesser bientôt
les lectures du soir, ou (ce qui ne vaut
guère mieux) à les continuer en
maugréant.
Les délicats sont malheureux;
Rien ne saurait les satisfaire.
La Fontaine n'a que trop raison. Les familles
qui renferment de ces « délicats »
ont mission de les ramener le plus tôt
possible à des sentiments moins sublimes. Et
le moyen d'y parvenir, c'est tout uniment de ne pas
trop s'arrêter aux objections, de
résister à l'esprit de critique, de
le noyer dans l'esprit sympathique et
naïvement admirateur ; jouissez beaucoup,
amusez-vous beaucoup, et ne vous inquiétez
pas. Les bons gouvernements se rient des
oppositions ; les bonnes familles, qui ont de la
vie et de l'entrain, mettent à la raison
leurs rebelles. Dans ce milieu-là les
natures compliquées et quintessencées
se font simples à vue d'oeil; il y a
là une contagion de vérité, de
bon sens et de joie.
Je mets en fait que les lectures du soir
n'ont jamais été établies et
maintenues sans soulever divers genres de
résistance.
Les uns n'aiment pas les habitudes
régulières. Qu'on lise de temps en
temps, quand on se trouve entre soi, quand un
ouvrage nouveau pique la curiosité, ils ne
demandent pas mieux; mais qu'on n'aille pas
s'imposer une servitude, gêner
peut-être des amis qui pourraient venir,
entraver ou interrompre une conversation
déjà commencée. Ils ont le
goût du décousu ; il ne leur
déplaît pas d'échanger des
riens avec le premier venu, et de
répéter pour la centième fois
la même nouvelle défraîchie ou
le même apophthegme (1)
politique.
D'autres adhèrent en principe au
projet de lire seulement chaque lecture en
particulier leur cause une répugnance
presque invincible.
Celui-ci déclare une fois pour
toutes qu'il n'aime pas à entendre lire ;
bien plus, qu'il lui est impossible d'entendre
lire. Celui-là n'a jamais le temps. Cet
autre interrompt et se met à
disserter.
Et cela est toujours ainsi, toujours et
partout. Qu'en faut-il conclure? Que les lectures
du soir sont impraticables? Non certes. Concluons
simplement qu'elles réclament un effort,
comme tout ce qu'il y a de bon ici-bas. Ici s'offre
une occasion d'avoir du support,
de sacrifier ses goûts, de s'oublier , de
penser aux autres ; c'est le métier de la
famille.
Nous n'aurons pas plutôt vaincu
nos préventions, nous n'aurons pas
plutôt consenti à essayer, quoique
convaincus que nous nous trouvons dans les
conditions les plus défavorables et que ce
qui est facile ailleurs est très-difficile
chez nous, que nous verrons les obstacles
s'abaisser et disparaître. On a
commencé par se résigner, on finit
par se passionner; ceux qui ont le plus
médit des lectures de famille ne sont pas
ceux qui s'en enchantent le moins.
Ici l'on m'arrête : Les
difficultés dont vous parlez,
s'écrie-t-on, ne sont pas les
véritables. Qu'importent ces fantaisies
musquées ! Ailleurs, dans d'autres
conditions sociales, les joies de l'intelligence ne
sont pas entravées par des
répugnances d'esprits blasés ou par
des habitudes d'esprits mondains, elles rencontrent
devant elles la barrière insurmontable du
travail.
Il ne faut pas qu'il en soit ainsi. Dieu
a fondé la famille pour qu'il n'en soit pas
ainsi. Il l'a chargée de
maintenir la saine démocratie, les grandes
égalités d'ici-bas. Si l'une d'elles
est en péril, c'est que la famille
elle-même est affaiblie. Là est le
mal, là doit se porter le
remède.
Et maintenant, comment les choses se
passent-elles? - Le travail des champs est
demeuré ce qu'il était; il est loin
d'exclure les joies de l'intelligence.
Peut-être le temps viendra-t-il
où l'agriculture se transformera en
manufacture, où les machines envahiront
tout, où nous aurons des villages
industriels : en attendant, la vie rurale n'a
porté aucune atteinte grave à la
famille. Si l'on rentre tard en été,
l'hiver apporte des loisirs. Alors les lampes
s'allument et les veillées se prolongent ;
c'est la saison des lectures à haute voix,
dans les familles où l'on sait lire,
où l'on aime à lire et où l'on
est heureux de se sentir réunis.
Quant à l'atelier, quant à
la fabrique, il en va autrement, hélas !
Là se pose, en termes tragiques, je l'ai
dit, la question la plus grave qu'ait à
résoudre notre génération.
Nous la résoudrons, ou nous y
périrons corps et biens; c'est le cas
d'appliquer une formule devenue
célèbre : Ceci tuera cela.
J'ai bonne espérance, parce que
je me souviens de la famille, et parce que je sais
quelle est la puissance de l'Évangile. Il a
vaincu des ennemis non moins redoutables que
l'industrie; il a trouvé le mot de questions
sociales qui valaient bien celle
d'aujourd'hui.
L'industrie est le grand fait du
dix-neuvième siècle, celui qui le
distingue de tous les siècles
précédents ; elle marche avec les
découvertes contemporaines de la science et
avec leur application aux manufactures.
Arrêter cette marche triomphante, impossible;
nous ne devons ni le tenter ni le désirer.
Les hommes d'avenir sont ceux qui acceptent
l'industrie et qui n'acceptent pas le mal qu'elle
fait.
Or, son crime, nous le retrouvons
presque par tout, c'est la démolition de la
famille. Sous mille formes diverses, toujours le
même attentat. Elle prend l'homme, eue prend
la femme, elle prend l'enfant; elle éteint
et disperse le foyer; plus de repas pris en commun
; Pins de soirées passées ensemble;
la fabrique absorbe les soirées,
empiète sur les nuits ; la fabrique
crée des habitudes nouvelles, des habitudes
socialistes; elle
manufacture en grand du communisme et de
l'immoralité. Dans plusieurs des villes
où son influence domine, les épouses
se font rares, et les mères aussi. Il faut
du temps pour être épouse et
mère; il en faut pour gouverner un
ménage, pour élever des enfants; il
en faut pour être honnête; il en faut
pour être heureux.
Ce n'est pas ici le lieu de
développer ces pensées; une des
études que j'espère écrire, si
Dieu me donne la force de mener à bien mon
enquête et de traiter sous tous ses aspects
le sujet de la famille, me fournira l'occasion de
sonder ce que je ne fais qu'indiquer aujourd'hui.
Il m'était cependant impossible de
rencontrer l'industrie sans. montrer du doigt les
hécatombes qu'elle immole, ces corps, ces
âmes qui succombent devant nous, et sans dire
qu'il est temps de prendre au sérieux les
détresses de nos frères.
La famille seule, appuyée sur
l'Évangile, sera capable de les
protéger. Elle seule peut dicter à
l'industrie les conditions d'un traité de
paix. Elle seule fera une seconde fois
l'émancipation des femmes, menacées
d'un joug plus lourd que celui du monde païen.
Elle seule stipulera
le temps de liberté nécessaire au
mari et à l'enfant. Elle seule fermera les
bouges infâmes et arrachera leurs victimes
aux cabarets. Qu'il y ait des familles,
quelques-unes seulement, qu'il se forme une opinion
attentive aux droits des familles, et nous verrons
des lois protectrices s'inscrire ailleurs que dans
nos codes, et la limitation du travail deviendra
une réalité, et la limite descendra
plus bas, surtout pour les femmes et les enfants,
et la bienfaisance des fabricants multipliera les
maisons d'ouvriers à l'exemple de Mulhouse,
et l'école partagera avec l'atelier, et le
jeu des enfants aura aussi sa part, et la famille
aura la sienne, et l'on se retrouvera, et l'on
s'aimera, et l'on rapprendra les joies du foyer, et
les corps ruinés reprendront vie, et les
âmes se redresseront, et les populations se
porteront mieux, et l'industrie ne se portera pas
plus mal. L'Évangile fera cela, par la
famille.
Ce n'est pas sa faute, à lui, si
les joies de l'intelligence sont devenues presque
inaccessibles aux ouvriers des
manufactures, qui en auraient plus besoin que
personne. Ce n'est pas sa faute non plus si ces
joies dans tant de pays ont un air de
privilège, un caractère
aristocratique.
Les pauvres n'y savent pas lire, ou ce
qui revient au même, ne lisent
qu'imparfaitement; quand on lit mal ou quand on ne
lit pas du tout, il n'y a pas moyen de songer aux
soirées de lecture !
D'accord. Mais pourquoi ne sait-on pas
lire? Voici dix-neuf siècles bientôt
qui se sont écoulés depuis que nous
avons devant nous l'Évangile. En nous
donnant une révélation écrite,
Dieu nous invitait certes à la lire;
l'Écriture appelait la lecture. Et en
l'année de grâce 1865, la
majorité des hommes portant le nom de
chrétiens ne lit pas assez bien rouir lire
volontiers!
En présence d'un tel fait mon
esprit demeure confondu. Je me perds à le
comprendre, et j'ai besoin de me dire que par
nous-mêmes nous n'aimons pas la
lumière, pas plus que nous n'aimons le
progrès et la liberté. Nous sommes
obscurantistes, de notre nature. Mais Dieu
(passez-moi cette parole) Dieu est libéral.
Il y a un libéralisme divin, qui fait ma
joie quand je le contemple. Dieu
ne demande pas que nous fermions les yeux, il
demande que nous les ouvrions; mieux nous les
ouvrirons, mieux nous verrons la
vérité, laquelle n'est pas faite pour
des aveugles. Les yeux ouverts, le coeur ouvert,
voilà comment notre père
céleste nous veut.
Sans doute, ceux qui lisent, lisent
souvent de fort mauvais livres et ceux qui savent
quelque chose s'en font souvent accroire. Resterait
à décider lequel est le plus
intraitable, l'orgueil de ceux qui savent quelque
chose ou l'orgueil de ceux qui ne savent rien. Nais
à quoi bon nous engager dans de telles
controverses? La science dont il s'agit ici, c'est
tout simplement celle de l'A B C. Est-elle
dangereuse, celle-là? Les faits
répondent. Il y a, de par le monde, quelques
peuples qui savent lire. Sont-ils plus pervertis
que les autres? L'orgueil s'y est-il
développé davantage? La
révolte contre l'Évangile y a-t-elle
fait de plus grands progrès ? Ces peuples
renferment-ils moins de chrétiens humbles,
soumis à la parole de Dieu, priant, rendant
grâce, se repentant de leurs fautes?
Trouve-t-on chez eux moins de familles unies; et
saintement heureuses?
Demandez aux États-Unis et à
l'Écosse; allez interroger, sous les neiges
de l'Islande, ces braves gens qui trouvent tous
dans la lecture une des joies de leurs longs
hivers.
Chez ces peuples liseurs (et je n'en ai
certes pas épuisé la liste), vous
verrez partout des bibliothèques publiques
dont les ouvrages les plus sérieux sont mis
à contribution par des paysans, par des
bergers; vous verrez d'autres bibliothèques,
spécialement destinées au peuple,
suffire à peine aux besoins de leurs
abonnés; vous verrez de pauvres gens acheter
des livres. Et ce que vous verrez aussi, c'est la
lecture à voix haute établie au sein
des familles. Elle y occupe sa place auprès
du culte domestique. Ceux qui lisent sont
d'ordinaire ceux qui s'agenouillent; les
professeurs de scepticisme se rencontrent au
cabaret.
Me suis-je fait comprendre? En parlant
des soirées de lecture, je n'ai pas
prétendu indiquer un procédé
infaillible et en quelque sorte obligatoire. Parmi
les joies de l'intelligence, j'en ai montré
une; elle est simple, vive,
inépuisable et à la portée du
plus grand nombre (2).
Mais chacun
est libre, cela va sans (lire, d'être heureux
à sa façon. Seulement, et c'est le
point sur lequel j'insiste, quelle que soit notre
méthode, n'oublions pas les joies de
l'intelligence, il en faut à la
maison.
Les cours publics et gratuits offrent
dans beaucoup de villes, surtout en Angleterre et
en Suisse, une ressource qui est à la
portée de tous, dont la famille
entière peut quelquefois profiter le soir,
dont quelques-uns de ses membres profitent du
moins, et qui est propre à maintenir chez
elle la circulation, des idées.
Les conversations bien nourries entre
gens qui aiment et cherchent la
vérité, qu'émeuvent les
affaires politiques ou les intérêts
religieux, qui ont étudié et
réfléchi, qui échangent leurs
pensées sans prétention, qui se
fortifient et s'éclairent les uns les
autres, ces conversations
pleines de bonhomie et qui ne sont pas des
dissertations, ont leur place marquée parmi
les joies de l'intelligence.
La musique y a sa place marquée
aussi. Il est des pays où tout le monde
naît musicien, où, sans avoir appris
les notes, les enfants entonnent avec justesse et
s'acquittent de leur rôle dans un choeur.
Mais, même dans les contrées moins
favorisées, la musique a sa mission à
remplir au sein des familles. Elle égaie,
elle attendrit, elle fait penser; soit qu'elle se
mêle aux travaux de la journée, soit
qu'elle vienne le soir apporter un
délassement aimable après le travail,
toujours elle est la bienvenue.
Vivent les maisons où l'on entend
chanter! Je les place tout à
côté des maisons où l'on entend
lire. Il est vrai que ce sont ordinairement les
mêmes.
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