Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VIII

Les Universités et la Scolastique.

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Le mouvement scolaire inauguré par Charlemagne restait actif au XIIe siècle (1). Il s'effectuait dans les écoles des couvents et des cathédrales. Les plus renommées étaient, en Italie, celles de Parme et de Milan, en France, celles de Paris, Orléans, Laon, Reims et Bec (en Normandie). Les maîtres les plus connus (2) étaient Anselme de Laon, auteur d'un bon commentaire sur la Vulgate, et son frère Ralph, que Jean de Salisbury appelait « les splendides lumières des Gaules » ; Bernard de Chartres, « le plus parfait platonicien de notre temps » ; Guillaume de Champeaux, professeur à l'école cathédrale de Paris ; Guillaume de Conches (en Normandie), grammairien remarquable. On enseignait dans ces écoles les sept arts libéraux indiqués par Cassiodore (voir notre T. II, p. 310-311), et les textes habituels d'Aristote, de Boèce et d'autres, avec une tendance à les subordonner à la théologie. Certains écartaient les auteurs profanes. Gerbert, de Reims, Anselme, de Bec, au contraire, recommandaient les poètes latins. La discipline était sévère. On fustigeait les élèves pour chasser le mauvais esprit. Certains maîtres, d'ailleurs préféraient le recours à la douceur.

Les livres (3) ne se trouvaient guère que dans les couvents et les cathédrales. Selon un proverbe du temps, « un cloître sans bibliothèque (sine armario) était comme une forteresse sans armement (sine armamentario) ». Il y eut de bonne heure de petites collections de livres au Mont-Cassin, à Fulda, à York et ailleurs. Les bénédictins s'honorèrent en fondant des bibliothèques et en les enrichissant. Les volumes qu'on y trouvait d'ordinaire étaient les Saintes Écritures (4) et des ouvrages d'Augustin, d'Ambroise, Jérôme, Grégoire le Grand, Bède et Alcuin (5). On donnait des livres ou l'on en léguait aux couvents et aux églises (6). Ils étaient mis dans des armoires, puis, vers le XIVe siècle, ils furent rangés sur des étagères fixées aux murs des cloîtres. On les enchaînait pour les soustraire au vol. Tout monastère important avait une salle pour les livres (scriptorium), où l'on recopiait les manuscrits. Les couvents qui se distinguèrent le plus dans ce travail furent Saint-Alban, en Angleterre et Hirschau en Allemagne du Sud.

Au XIIe siècle apparurent les Universités (7), fondées, les unes sur l'initiative de professeurs brillants et renommés, d'autres par une bulle papale (8), d'autres par des souverains (9). Les premières s'ouvrirent en Italie, à Salerne et à Bologne, puis vinrent celles de France (10), d'Angleterre et d'Espagne, puis d'Allemagne (seconde moitié du XVIe siècle) et enfin les trois universités d'Écosse et celles de Copenhague et d'Upsal (XVe siècle).

Le terme d' « université » désignait, à l'origine, une réunion de professeurs et d'étudiants, sorte de guide littéraire (11). Une université complète comprenait quatre facultés (facultates ou sciences) : les arts (les sept « arts libéraux » auxquels on ajoutait l'histoire, la métaphysique, etc.), le droit, la médecine et la théologie. Plusieurs universités restèrent incomplètes. Salerne n'enseignait que la médecine, où elle excellait (fons medicinae, disait Pétrarque) ; Bologne se borna longtemps au droit, Paris ne l'enseigna qu'au XVIIe siècle.

L'université avait son gouvernement propre et ses privilèges, qui la soustrayaient à la police municipale. Dans celle de Paris, tout procès contre ses membres était jugé par l'évêque. Les étudiants formaient d'influentes corporations réunies d'après leur nationalité. À Paris, ils constituaient quatre « nations » ou groupes (France, Pays-Bas, Normandie et Angleterre). L'université avait un chef élu, le « recteur », celle de Paris avait deux chanceliers, nommés par le roi. Les facultés conféraient les degrés de bachelier (baccalaureus), licencié (licentia docendi) et docteur (dominus, magister ou scholasticus).
L'enseignement se donna d'abord dans les couvents et dans des salles privées, puis dans des édifices construits pour cet objet. Les collèges furent, à l'origine, des hôtels où l'on entretenait des étudiants. Les plus anciens sont le collège de la Sorbonne, fondé en 1257 par Robert Sorbon, chapelain de saint Louis, pour seize étudiants, et celui de Navarre, sur la butte Sainte-Geneviève, dû à Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel (1304). Parfois les collèges entretenaient aussi les maîtres (Oxford et Cambridge). À Paris, les études étaient réglementées par le légat Robert de Courçon (XIIIe siècle). Le pape Grégoire IX choisit les livres de textes, à l'exclusion des ouvrages hérétiques. La vie des étudiants était loin d'être exemplaire. Leur goût pour les tavernes (tabernae) et leurs rapts de femmes provoquaient les critiques et les plaintes ; le duel était fréquent parmi eux, et Grégoire IX dut leur interdire de porter des armes dans les rues (1231). Ils étaient assez souvent besogneux et réduits à mendier.

Insistons sur quelques universités importantes. Celle de Bologne (12), fondée en 1088, compta des professeurs de droit renommés, en particulier Novella d'Andréa (XIVe siècle), qui enseignait dissimulée derrière un rideau, de peur que son charme ne troublât les étudiants (13). L'université de Paris (14) eut des parrains très puissants : Philippe-Auguste qui la rendit indépendante de l'administration municipale (1200), Innocent III qui lui envoya des statuts, et Grégoire IX qui, en 1231, sanctionna ses privilèges.

Ils furent réduits par Louis XI et ses successeurs. On la plaça sous la juridiction de la police, et on lui retira le droit de suspendre les cours. Ce qui fit sa réputation, ce furent sa faculté des arts et sa faculté de théologie (15). Elle eut, comme on le sait, à lutter contre les prétentions des Dominicains et des Franciscains, et sur ce terrain elle fut vaincue par le Saint-Siège. Elle resta, d'ailleurs, longtemps servante de l'Eglise. Elle devait se prononcer contre la Réforme et ordonner de brûler les livres de Luther.

L'université d'Oxford (16) semble dater de l'époque (1167) où Paris chassa ses professeurs étrangers. Innocent IV confirma ses « immunités » (1254), et un autre pape l'exempta du contrôle des évêques. Elle eut des maîtres illustres : l'archidiacre Walter Map, Roger Bacon, l'évêque Grossetête, Duns Scot, Ockam, Wyclif. Elle fut un grand centre théologique. Elle se distingua par ses conflits avec les autorités de la ville. À la suite d'une rixe qui coûta la vie à quelques étudiants, elle obtint du roi une réparation solennelle, fort humiliante pour le maire et les baillis et longtemps répétée. L'université de Cambridge (17) est mentionnée pour la première fois en 1209. Grégoire IX la reconnut en 1233. Parmi ses professeurs, elle compta Érasme, le réformateur Bucer, Tyndale, traducteur de la Bible en anglais et divers dignitaires renommés.

La théologie enseignée au Moyen Âge dans les écoles et les universités a reçu le nom de Scolastique (17 bis). Elle forme un ensemble distinct, tout comme les écrits des Pères de l'Eglise. Les docteurs scolastiques se sont appliqués avec une ténacité inouïe et une ferveur solennelle à une oeuvre conservatrice. Ils ont cherché, en général, à fournir aux dogmes l'appui de la raison et à les systématiser dans d'énormes traités, vastes comme des cathédrales, appelés des sommes (de summa, résumé). Leur point le départ était l'autorité absolue de l'Eglise doublée de deux autres autorités moindres à leurs yeux, celle des Écritures et celle des Pères. La philosophie a été pour eux la servante (ancilla) de la théologie, mais une servante qui a fini par dire son mot comme Dorine. Si, à l'exception d'Abélard, ils partaient de la foi avec Augustin et Anselme, ils comptaient sur l'intelligence pour la confirmer. Ce fut là une oeuvre immense, souvent oiseuse (18) au point d'en devenir ridicule, mais qui doit retenir l'attention, car elle a formulé la doctrine de l'Eglise au Moyen Âge. Cela est vrai surtout de la théologie de Thomas d'Aquin, où Léon XIII a salué l'expression de l'orthodoxie catholique romaine (encyclique du 4 août 1879).

La Scolastique procède d'Augustin et d'Aristote. Le premier a donné l'orientation dogmatique. Il a été le théologien ecclésiastique, sacramentaire, antimanichéen et antidonatiste. Le second a fourni la méthode dialectique (19). Préparée par Scot Erigène, elle a commencé à la fin du XIe siècle, avec Roscelin et Anselme. On peut y distinguer trois périodes. La première va d'Anselme à Gilbert de Poitiers, mort en 1154. La seconde - l'âge d'or - s'étend de Pierre Lombard (mort en 1160) à Duns Scot (mort en 1308). La troisième - celle du déclin - est surtout connue par Ockam (mort en 1367).

Laissant de côté le problème tant débattu au Moyen-Age, celui des Universaux, qui n'entre pas dans le cadre de notre histoire, abordons l'étude du premier docteur scolastique original qu'on rencontre à la fin du XIe siècle, saint Anselme (1033-1109).

Originaire d'Aoste, en Piémont, il eut des démêlés avec son père, noble mondain et violent, et se réfugia dans le monastère de Bec, dont il devint prieur, puis abbé (1078). C'est là qu'il écrivit la plupart de ses livres. Ses hautes qualités, sa droiture, son courage et sa piété lui ont valu la canonisation, décrétée en 1494 (20). Laissant de côté sa carrière d'archevêque de Cantorbéry déjà retracée, insistons ici sur ses ouvrages religieux (21).

Ses Méditations offrent un mélange de haute spéculation et d'accents émouvants tels que celui-ci : « Bon Jésus, que tu es doux au coeur qui songe à toi et qui t'aime ! » « La grandeur de ses pensées, dit Schaff, rappelle les montagnes de son pays natal, et l'abondance pure de son sentiment spirituel évoque les ruisseaux et les prairies de ses vallées » (p. 608). Dans la première méditation se trouve la comparaison saisissante de la vie humaine au passage d'un homme sur un pont étroit surplombant un abîme, au milieu des vols de grands oiseaux. Ses prières sont adressées non seulement à Dieu et au Fils, mais à la Vierge et aux saints.

Anselme est surtout connu par sa philosophie religieuse et ses traités théologiques. Il mettait l'accent sur la foi et l'expérience. « Qui ne croit pas, disait-il, n'éprouvera pas, et qui n'aura pas éprouvé ne comprendra pas » (La Trinité, ch. II). « Le chrétien doit avancer par la foi vers l'intelligence, et non par l'intelligence vers la foi » (Épîtres, II, 41). D'autre part, il blâmait la foi qui ne cherche pas à savoir (Le Dieu-Homme, I, 2). Pour lui, les deux sources de la connaissance sont la Bible et l'enseignement de l'Eglise, qui concordent et sont la vraie philosophie. D'ailleurs, « type accompli du docteur scolastique, il admet à priori l'accord complet de la révélation et de la raison humaine, manifestations d'une même Intelligence suprême » (22). Que l'on songe à son essai de démonstration de l'existence de Dieu (23), esquissée dans ses fameux traités, le Monologium et surtout le Proslogium qui, d'après Koyré, le suivit de peu ! Anselme a soutenu, comme ou sait, dans ce dernier ouvrage, que l'idée du Dieu parfait postule son existence. Autant dire, lui objecta Gaunilon, du monastère de Marmoutier (près de Tours), dans son Liber pro insipiente, que l'idée d'une île perdue dans l'Atlantique implique sa réalité, critique que Thomas d'Aquin devait reproduire à son tour (Somme, I, 2, 2) Mais la réplique d'Anselme (Liber apologeticus) fait observer, non sans raison, que cette idée de l'Être parfait qui s'impose à des êtres imparfaits ne s'explique sans doute que s'il l'a mise en eux.

Le même recours à la démonstration se retrouve dans le fameux traité du Dieu-Homme (Cur Deus homo ?). Anselme y déclare que l'Incarnation a eu pour cause la Rédemption, la nécessité d'offrir une « satisfaction » adéquate à la gravité du péché (24). Qu'entend-il par ce terme ? « Quiconque pèche, écrit-il, doit s'acquitter envers Dieu de l'hommage qu'il lui a dérobé, et c'est là la satisfaction. » L'homme ne peut la fournir. Même s'il vivait saintement, la dette du passé ne serait pas réglée ; à plus forte raison puisqu'il reste pécheur.

Problème angoissant, dont voici, au dire d'Anselme, la solution : « La satisfaction due par l'homme et que Dieu seul peut accomplir, il est nécessaire qu'elle soit présentée par le Dieu-homme » (II, 6). « La critique théologique, dit le professeur Weber, a répudié cette théorie, marquée au coin des moeurs féodales » (p. 196). Malgré la noblesse de sa pensée et de son sentiment chrétien terrifié par « le poids du péché » ce traité d'Anselme, avec ce sophisme qui consiste à assigner une culpabilité infinie aux défaillances de la pauvre humanité qu'on a reconnue viciée par le péché originel, et surtout avec cette conception toute juridique, sèche et impitoyable, de la justice de Dieu « en état de tension insupportable avec son amour » (Harnack), devait soulever la résistance de Thomas d'Aquin et surtout celle des âmes défiantes à l'égard des spéculations dogmatiques et prenant au sérieux le simple et sublime Évangile du pardon et de la grâce prêché par Jésus-Christ aux coeurs vraiment repentants, prêtes à redire avec Harnack : « Il est terrible de penser que Dieu ne peut pardonner par pur amour, mais qu'il doit venger son honneur par ce sacrifice » (25).

Nommons à présent Pierre Lombard (26), père de la théologie systématique de l'Eglise. Son célèbre ouvrage, Les Sentences (Libri quatuor Sententiarum) a été un livre d'études très lu et très commenté, en attendant la Somme de Thomas d'Aquin. Originaire de Novare (de là son surnom), il fut étudiant à Bologne et à Paris, puis professeur dans cette dernière ville, dont il devint évêque en 1159. Son grand traité expose la doctrine de l'Eglise et cherche à la confirmer par les Écritures et les Pères. Il est clair et judicieux, avec un certain libéralisme qui lui valait sa dénonciation à trois synodes, dont aucun ne le condamna (27).

Il faut signaler ici quelques docteurs du XIIe siècle remarquables par leur mysticisme. Le plus grand fut saint Bernard, dont la piété était débordante (28). « La mesure de l'amour pour Dieu, écrivait-il, c'est de l'aimer sans mesure » (Modus sine modo diligere). « Être absorbé par l'amour, c'est être déifié » (Sie affici deificari est). Il se perdait, en une bienheureuse extase, dans la contemplation de Jésus, « miel dans la bouche, mélodie pour l'oreille et joie au coeur » (mel in ore, in aure melos, in corde jubilus). Chez Hugues de Saint-Victor (29), originaire de Saxe, entré dans l'abbaye dont il porta le nom (30), le mysticisme s'exprima dans trois ouvrages (en latin) : l'Arche de Noé morale (la maison spirituelle dont Christ est le chef), l'Arche mystique (la Croix) et la Vanité du Monde (31). Pour lui, la contemplation a trois degrés comparables aux progrès de la combustion du bois vert. Il y a la réflexion (cogitatio) symbolisée par la flamme que noircit une épaisse fumée, la méditation, feu plus clair, et enfin la contemplation, avec son grand éclat. Dans ses élans mystiques, Hugues reste intellectuel. Il déclare l'intelligence nécessaire à l'homme pour qu'il participe à la béatitude de Dieu (non potest Dei beatitudo participari nisi per intellectum ; cf. Summa, II, 1).

Avec l'Écossais Richard de Saint-Victor (Migne, T. 196), son disciple, prieur de cette abbaye, le mysticisme s'intellectualise encore davantage. Il fait une part plus grande à la dialectique dans la recherche de la vérité, mais dans ses ouvrages La préparation de l'esprit à la contemplation et La grâce de la contemplation, il reconnaît pleinement la nécessité pour l'âme de se purifier et de se nourrir des Écritures pour parvenir à la connaissance de Dieu (32). Mentionnons encore Rupert de Deutz, abbé du couvent bénédictin de Deutz, près de Cologne, commentateur biblique très fécond (Migne, T. 167-170).




Une note différente se fit entendre avec Pierre Abélard (33), enfant terrible de la Scolastique et père de l'esprit moderne.
Né, en 1079, au Pallet près de Nantes, il eut pour maîtres le « nominaliste » Roscelin, chanoine de Compiègne, puis « le réaliste » Guillaume de Champeaux, professeur à Paris, et Anselme de Laon. Peu satisfait de leur enseignement qu'il trouvait vide et fumeux, il fonda des écoles à Melun, à Corbeil, puis sur la montagne Sainte-Geneviève, à Paris, alors couverte de vignobles. Appelé à diriger l'école-cathédrale de Paris, il attira de nombreux élèves par l'originalité et l'éclat de ses leçons. Devenu précepteur d'Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, il s'éprit d'elle, et cette idylle poussée trop loin s'étant ébruitée, il consentît à s'unir à elle par un mariage clandestin, moins par goût pour la vie de famille que pour apaiser l'oncle irrité. Mais Héloïse, persuadée que cette union interromprait sa brillante carrière, persista à nier qu'elle fût sa femme, et elle prit le voile à Argenteuil, où il la visita en secret. Mais Fulbert, exaspéré contre Abélard, se rua sur lui à l'improviste et le mutila. L'infortuné entra au couvent de Saint-Denis (1118), et ne songea plus à Héloïse.
Trois ans après, il fut cité à Soissons devant un légat à cause de ses vues hérétiques sur la Trinité et il dut livrer aux flammes le livre (Introduction à la Théologie) qui les exposait, On le retrouve en Champagne, où il bâtit un oratoire qu'il appela « le Paraclet » puis au monastère de Saint-Gildas, en Bretagne, où, à la suite de nouvelles persécutions, il a eu la satisfaction d'être nommé abbé. C'est là qu'il écrivit son autobiographie, l'Histoire des Infortunes (Historia calamilatum, Migne, T. 178). Mais, rebuté par la grossièreté et la sauvagerie de ses moines qui attentèrent deux fois à sa vie, il s'enfuit. En 1127, après d'expulsion des nonnes d'Argenteuil, Abélard mit Héloïse au Paraclet, qui prospéra sous sa direction. Il lui envoya l'autobiographie, et elle lui répondit, l'appelant « son seigneur ou plutôt son père, son époux ou plutôt son frère ». Désireuse d'avoir des lettres de lui, elle le consultait sur des questions bibliques ou pratiques, mais il lui répondait sans élan. Il la félicita d'être entrée dans une vie plus haute que le mariage, et il lui envoya des sermons et des règlements sévères.

En 1139, le voici revenu à Sainte-Geneviève, où il jouit d'une popularité passagère. Bientôt, ses vues hérétiques sur la Trinité lui valurent la visite de saint Bernard, qui réclama de lui une rétractation, mais sans l'obtenir. Il voulut se défendre devant le synode de Sens (1141), mais, devant l'animosité des évêques dont son fougueux adversaire avait obtenu d'avance une sentence défavorable (34), il fit appel à Innocent II. Le synode réclama du pape sa « condamnation perpétuelle », et Bernard joignit à ce voeu un long mémoire et des lettres où il dénonçait « ce serpent tortueux venu de son trou de Bretagne » (Migne, T. 182). Le jugement fut prompt, même prématuré. Le pape fit brûler devant Saint-Pierre les quatorze articles incriminés, et il condamna l'accusé au silence perpétuel. Abélard, qui se dirigeait alors vers Rame, s'arrêta en route à Cluny, auprès de son grand ami, Pierre le Vénérable. Envoyé par lui dans un prieuré pour y refaire ses forces, il n'y entra que pour y mourir (21 avril 1142). Pierre raconta ses derniers moments dans une lettre émue écrite à Héloïse. Il l'appelait un vrai philosophe de Christ, humble, abstinent, homme de prière, mort en confiant son âme au Rédempteur. Son corps fut déposé au Paraclet avec une inscription qui le nommait « le Socrate des Gaules, le grand Platon de l'Occident. », et, vingt-deux ans plus tard, celui d'Héloïse fut placé auprès de lui. Ce grand esprit eut le malheur d'être un triste caractère, égoïste et ambitieux, dédaigneux et dur pour ses maîtres, étrange à l'égard d'Héloïse, dont il causa le malheur sans s'en être repenti, comme le prouve le ton de son Histoire.

Ses principaux écrits dogmatiques sont, outre l'Introduction déjà citée, une Théologie chrétienne en cinq livres, un commentaire sur l'épître aux Romains, un Dialogue entre un philosophe, un Juif et un chrétien, et le traité Oui et non (Sic et Non, publié par Cousin en 1836), où, en 158 chapitres, il juxtaposait, sans les concilier, des citations contradictoires des Pères de l'Eglise sur la Trinité et la personne du Christ. Ajoutons un traité de morale, Connais-toi toi-même (Scito te ipsum).

Abélard a été le plus hardi et le plus tranchant des Scolastiques. Remarquons pourtant son respect pour l'Eglise. « La foi catholique, a-t-il écrit, est si nécessaire à tous que personne ne peut être sauvé s'il se sépare d'elle » (Migne, T. 178, p. 986). Il admettait l'efficacité des sacrements, surtout celle du baptême et de l'eucharistie. Mais, malgré cette déférence et certaines oscillations, sa pensée s'est déployée au souffle de la liberté et de la raison. D'accord avec Anselme sur l'identité de la vérité révélée et de la vérité rationnelle, il ne souscrit déjà plus, avec lui, au « je crois afin de comprendre » d'Augustin. Il s'élève, dans son Introduction, contre la « crédulité présomptueuse » qui accepte sans examen, il déclare qu' « on ne peut rien croire si on ne l'a préalablement compris », et il part du doute, « première clef de la sagesse ». Dans son Prologue au Sic et non, appliquant sa méthode aux Écritures, il énumère, en s'entourant prudemment de nombreuses autorités, les règles d'une étude scientifique. Il pousse le libéralisme jusqu'à louer les philosophes grecs, à la grande indignation de saint Bernard, en leur attribuant une certaine connaissance de Dieu et même de la Trinité. Sa dogmatique, affranchie des opinions traditionnelles, se recommande à l'attention. Pour lui, les trois personnes de la Trinité se réduisent à trois attributs, puissance, sagesse et bonté, qui ne forment qu'une essence, « souveraine perfection » (Iota perfectio boni). Il les compare respectivement à l'airain dont un sceau est fait, à la forme de cet objet et à l'objet lui-même. Ses vues sur la rédemption n'ont rien d'anselmien.

Sans la grâce, dit-il, l'homme ne peut rien pour son salut et l'Incarnation a été nécessaire, mais le Fils de Dieu le sauve non par une satisfaction, mais par son enseignement, son exemple et sa passion, qui éveillent en lui l'horreur du péché, la repentance, la reconnaissance et l'amour. La morale d'Abélard fait résider le péché dans l'intention mauvaise, et, « en déclarant indifférent l'acte extérieur, elle flétrit le formalisme croissant de sa morale catholique » (35). Son influence a été considérable. Parmi ses disciples, nommons Gilbert, évêque de Poitiers, à qui ses idées sur la Trinité valurent un procès en hérésie, d'ailleurs sans résultat, mené par saint Bernard avec une violence qui souleva l'indignation, et le grand savant anglais Jean de Salisbury, devenu en 1176 évêque de Chartres, auteur de deux traités philosophiques et d'une Histoire pontificale qui ne manque pas d'intérêt.




Au XIIIe siècle, la Scolastique prit son essor, portée par le génie et la foi de docteurs célèbres, membres des deux grands Ordres mendiants. Ce qui la caractérise alors, c'est son goût pour la philosophie d'Aristote, cité et commenté (36) après avoir été condamné. On lui savait gré d'avoir présenté la nature comme une hiérarchie couronnée par Dieu, et l'on fit de sa pensée une norme qu'on imposa. Mais cette Scolastique eut le défaut de retourner les problèmes jusqu'à épuisement du sujet et même du lecteur.
Alexandre de Hales (comté de Gloucester), appelé le « docteur irréfragable », fut le premier franciscain qui obtint le droit d'enseigner à l'université de Paris. Sa Somme de Théologie universelle a contribué à définir des dogmes importants du Moyen-Age. Il affirma le caractère indélébile du baptême et de l'ordination; il soutint le retranchement de la coupe aux laïques et il élabora la doctrine de la pénitence. On lui doit la définition du trésor des mérites (thesaurus meritorum), source néfaste de la théorie des indulgences.

Albert le Grand (37), né en Bavière, fut étudiant à Padoue, maître à Paris, provincial dominicain à Cologne, puis évêque de Regensburg qu'il quitta en 1262, lassé, dit Sighart, par certaines oppositions. Son érudition classique et religieuse et son activité littéraire furent immenses, et elles lui valurent le titre de « docteur universel .». Il fut le premier à connaître à fond les oeuvres d'Aristote et à les mettre largement au service de la pensée chrétienne. Il fit des traités sur la zoologie, les plantes, la géographie, l'astronomie (les Météores), et dans sa Somme des Créatures, il esquissa une explication de l'univers. Il maniait le soufre, l'arsenic et d'autres substances chimiques. Il écrivit deux grands ouvrages théologiques : un commentaire sur les Sentences de Pierre Lombard, une Somme (inachevée), et des commentaires bibliques d'une fastidieuse prolixité. Il voyait dans la théologie une « sagesse », c'est-à-dire la science pratique de ce qui touche au salut, et il déclarait que la Trinité n'a pu être connue que par la Révélation. Curieux à l'extrême, il s'est posé trop de questions oiseuses, en particulier sur les anges, leur langage et leurs organes vocaux. Adorateur du pape, il lui reconnaissait « la plénitude de la puissance » à titre de « vice-Dieu sur terre ».

Thomas d'Aquin (38), appelé le « docteur angélique », a été vraiment le prince des Scolastiques. Canonisé en 1323 (39), il fut élevé, en 1567, à la dignité de « docteur de l'Eglise ». Léon XIII l'a proclamé Patron des écoles catholiques, et il a pris l'initiative d'une grande édition de toutes ses oeuvres (40). Luther n'a point partagé cet enthousiasme. Il a relevé les erreurs du grand docteur catholique et l'a comparé à l'étoile de l'Apocalypse, tombée du ciel (41).

Thomas naquit, vers l'an 1225, d'une noble famille, au château de Rocca Sicca, près d'Aquin, sur le territoire de Naples. Devenu dominicain, il fut à Cologne l'élève d'Albert le Grand, qui pressentit son génie. Docteur en théologie de l'université de Paris, il enseigna dans cette ville, puis à Bologne, à Home et ailleurs. Il mourut en 1274 à l'âge de quarante-huit ans. Ses écrits authentiques, au nombre de soixante environ, se divisent en quatre classes : oeuvres philosophiques (commentaires sur divers traités d'Aristote etc.), exégétiques (sermons et surtout commentaires dont le plus célèbre est la Chaîne d'or, suite d'extraits des Pères), apologétiques (Somme de la vérité de la Foi catholique contre les Païens et Contre les erreurs des Grecs), et surtout dogmatiques, avec son chef-d'oeuvre, la Somme théologique. La liturgie et l'hymnologie lui doivent aussi quelques oeuvres. En 1264, à la demande d'Urbain IV, il prépara le rituel pour la fête du Corpus Christi.

Thomas d'Aquin n'a pas été un génie original. « Il appartient moins, dit Eicken, aux esprits créateurs qu'aux esprits organisateurs » (42). Il doit beaucoup à Aristote, Augustin et Albert le Grand, et sa gloire est d'avoir systématisé ingénieusement et en beau style la dogmatique de son temps. La Somme se compose de trois livres qui traitent les sujets suivants : Dieu, l'Homme, le Rédempteur et les Sacrements (43). Son point de départ est la distinction et en même temps l'alliance entre la raison et la révélation. La première est impuissante à découvrir les hautes vérités telles que la Trinité, mais elle les éclaire (Somme, I, 32, 1 ; 1, 8). La théologie est la plus haute science, « à cause de la certitude de ses données et de leur dignité » (Somme, I, 1, 5). Elle n'est pas en contradiction avec la philosophie, qui, comme elle, vient du même Dieu, mais chacune d'elles a sa méthode (ordo). Dans la première, la foi précède le savoir ; dans la seconde, le savoir précède la foi. Fort de cette alliance, Thomas appuie la croyance en Dieu sur quatre arguments cosmologiques et sur la finalité qui montre que des événements sont contrôlés « comme une flèche par un archer ». Dieu, ajoute-t-il, a créé par amour. L'ordre naturel ne peut lier sa volonté libre. Dieu agit, non contre lui, mais en dehors de lui (praeter ordinem; I, 103, 7). La prédestination est limitée. Dieu, qui aime tous les hommes, les laisse à eux-mêmes et ceux qui sont perdus le sont par leur propre faute, mais le décret d'élection comprend le dessein de communiquer aux hommes la grâce et la gloire. Dans les livres Il et III de sa Somme, Thomas expose ensuite sur l'homme, puis sur le Christ et la Rédemption des vues précises sinon toujours justes, que nous résumerons dans notre chapitre suivant, sur les dogmes du Moyen-Age.

La morale, à laquelle il attachait une grande importance, est le sujet de deux cents questions, d'une minutie parfois rebutante. Il définit la béatitude « vision de l'Essence divine », et il s'étend longuement sur les trois vertus religieuses, foi, espérance et amour, et les quatre vertus philosophiques ou cardinales, prudence justice, constance et continence. En ce qui touche à la question si épineuse de l'État et de l'Eglise, notre théoricien (44) assigne au premier un rôle très élevé, celui d'assurer aux hommes leurs fins les plus hautes, et à la seconde la suprématie sur lui. Ivre de vénération pour le pape, il ose même soutenir que la soumission à sa volonté est « nécessaire au salut » (est de necessitate salutis). À l'Eglise et à l'État, il attribue la mission conjuguée de punir les hérétiques, comme on châtie les faux monnayeurs, et de les contraindre à conserver la foi (sunt compellendi ut fidem teneant).

Un autre grand nom de cette seconde période est celui de Jean Bonaventure (45), le « docteur séraphique ». Originaire de Toscane, élève d'Alexandre de Hales, il fut professeur à Paris et y écrivit un traité Sur la pauvreté du Christ, en réponse aux attaques de Guillaume de Saint-Amour contre les moines mendiants. Successeur de Jean de Parme, en 1257, à la tête de l'Ordre des Franciscains, il rédigea comme on sait, une biographie officielle de saint François, et il réagit énergiquement contre le relâchement de ses moines et leurs empiétements sur les droits des curés.
En 1273, il devint évêque d'Albano, puis cardinal. Envoyé comme légat au Ile concile de Lyon qu'il avait contribué à préparer, il mourut dans cette ville le 15 juillet 1274 et y fut inhumé. Dante l'a placé dans son Paradis à côté de Thomas d'Aquin (XII, 127), et la papauté l'a nommé « docteur de l'Eglise ». Prédicateur renommé, bon poète, auteur d'ouvrages mystiques, il est connu par son grand Commentaire sur les Sentences de P. Lombard, riche en citations bibliques.

Le dernier des Scolastiques de cette période fut le franciscain Duns Scot (46), d'origine anglaise, disciple de Richard Middleton. Il enseigna à Oxford et à Paris, et mourut à Cologne en 1308. Dialecticien ingénieux et indépendant, ce docteur, appelé « subtil », critiqua ses prédécesseurs, surtout Thomas d'Aquin. Ses vues théologiques furent défendues par une école, les Scotistes, parfois en lutte avec les Thomistes. Il écrivit un énorme commentaire (Opus oxoniense) sur les Sentences de P. Lombard, ses conférences de Paris (Reportata parisiana) et un recueil de discussions théologiques et philosophiques (Quaeslianes quodlibetales). Ces divers ouvrages sont déparés par un style abstrus et d'étranges subtilités. À l'inverse de Thomas d'Aquin, Duns Scot ne croyait pas que les dogmes pussent être confirmés par la raison, et il fondait leur autorité sur celle de l'Écriture, basée elle-même sur celle de l'Eglise - thèse rendue dangereuse pour cette dernière par le divorce qu'il exacerbait entre la révélation et la raison. N'a-t-il pas prétendu qu'une chose peut être à la fois vraie en philosophie et fausse en théologie (47) ? En désaccord avec Thomas, qui plaçait en Dieu l'intelligence au-dessus de la volonté, il insistait sur sa liberté absolue, qui a choisi les lois morales et déterminé le salut des hommes. Hostile au serf arbitre d'Augustin, il affirmait la responsabilité de l'homme, fruit de sa volonté libre, sans pouvoir la concilier avec la prédestination des élus. Dans le problème de l'expiation, il soutenait que rien, dans la coulpe humaine, ne rendait nécessaire la mort du Fils de Dieu, mais il admettait que le Père avait accepté son obéissance et, à cause d'elle, avait fait grâce aux pécheurs.

Le moine franciscain Roger Bacon (48), hostile aux discussions scolastiques qui n'intéressent pas la vie chrétienne, a été surtout un pionnier de la méthode scientifique, et par là son grand esprit, supérieur, dit Coulton, à celui de Thomas d'Aquin (49), a su devancer son temps. Le « docteur surprenant » - tel fut son surnom - ancien étudiant à Oxford, était venu à Paris vers 1240. Mal vu de son chef Bonaventure, mais ami de Clément IV, il rédigea sur sa demande, de 1264 à 1266, son Grand Oeuvre (Opus majus) en sept livres, suivi par l'Opus minus et l'Opus tertium.

En 1268, on le retrouve à Oxford. Dix ans après, il est interné à cause de « certaines nouveautés suspectes », puis relâché en 1292. Il mourut deux ans plus tard. Ses restes reposent dans l'église franciscaine d'Oxford. Sa réputation fut longue à venir. Elle date seulement de la Renaissance. Il a eu pourtant des intuitions géniales, à commencer par le goût de la méthode expérimentale. Il affirma que les petites étoiles étaient plus grandes que la terre, il recommanda l'étude comparée des religions, celle de l'hébreu, du grec et de l'arabe, pour corriger la Vulgata et préparer une nouvelle traduction d'Aristote qui, pour lui, était le grand philosophe. Et que d'érudition, déparée, il est vrai, par des erreurs, dans la grande Encyclopédie qu'est son Opus majus ! Il était, d'ailleurs, plein de respect pour la Bible, dont il conseillait la lecture aux laïques, et pour la théologie « science qui régit les autres » (Opus majus, I, 33). Il flétrissait l'ignorance et l'avarice du clergé et voulait une Église sanctifiée.

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(1) Léon Maître, Les Écoles épiscopales et monastiques de l'Occident (768-1180), Paris 1866 ; E. Michaud, Guill. de Champeaux et les Écoles de Paris au XII, siècle, Paris 1867 ; Sandys, A history of classic Scholarship from 600 (before Christ) to the end of the M. A., Cambridge 1903. 
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(2) Ils sont mentionnés avec éloges, dans son Metalogicus, par Jean de Salisbury, évêque de Chartres, qui avait fait des études en France de 1137 à 1149.
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(3) Gottlieh, Mittelalter Bibliotheken, Leipzig 1890, Clark, Libraries in the Mediaeval and Renaissance periods, Cambridge 1894.
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(4) On les ornait souvent de riches enluminures et de couvertures incrustées d'or et d'argent.
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(5) Sur le catalogue de Corbie, on voit des mss de Cicéron, Térence, Tite-Live et Sénèque.
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(6) Pétrarque devait léguer ses livres à Saint-Marc de Venise et Boccace les siens aux moines augustins de Florence.
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(7) H, Denifle, Die Entstehung der Universitäten des Mittlelatters bis 1400, Berlin 1885 Hastings Rashdall, The Universities of Europe in the M. A., deux vol., Oxford 1895; David Schaff, ouvrage cité, vol, V, 1ere partie, P. 551- 580
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(8) Celles de Toulouse (1229) et de Rome (1244).
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(9) Naples, fondée par Frédéric Il (1224), Salamanque (1230) et Séville (1254) dues aux rois de Castille.
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(10) L'université de Paris date du milieu du XIIe siècle.
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(11) Appelée aussi studium ou studium generale.
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(12) Cassani, professeur de droit canon à Bologne, Dell'antico studio di Bologna e sua origine, Bologne 1888. 
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(13) Signalons le collège fondé à Bologne, au XIVe siècle, par le cardinal Albornoz, pour les étudiants espagnols. L'accès en était interdit aux femmes, « main droite du diable » (Rashdall, I, 204).
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(14) Du Boulay, Historia Univ. Paris, six vol., Paris 1665-1673 ; Chartularium Univ. Paris, édité par H. Denifle et Châtelain, bibliothécaire adjoint à la Sorbonne, quatre vol., Paris 1889-1897 ; P. Feret, La Fac. de théol. de Paris..., cinq vol., Paris 1894 ss. ; A. Luchaire, L'Univ. de Paris sous Philippe-Auguste, Paris 1899 Rashdall, The Universities.... T. 1, p. 270-557.
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(15) Cette dernière eut pour domicile le Collège de Sorbonne. 
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(16) Brodrick, Hist. of the Univ. of Oxford, Londres 1887.
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(17) Mullinger, Hist. of the Univ. of Cambridge, deux vol., Cambridge 1873-1883.
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(17 bis) F.-D. Maurice, Mediaeval Philosophy, Londres 1870; Schwane, Dogmeng. des M. A., 1882 ; Schaff, Histoire, T. V, 1ère partie, p. 587-699 ; U. Chevalier, Répertoire bibliogr. et critique du 31. A., 21 éd., Paris 1907 ; Th. Heitz, Essai hist. sur les rapports entre la Philosophie et la Foi, Lecoffre, Paris 1909 ; Étienne Gilson, Études de Phil. médiévale, Strasbourg 1921, La Phil. au M. A. (de Scot Erigène à S. Bonaventure), Paris 1922, et L'Esprit de la Phil. médiévale (cours professé à Aberdeen en 1931), Vrin, Paris 1932 ; Émile Bréhier, Hist. de la Phil., T. 1, troisième fascicule : M. A. et Renaissance, Paris 1928, Archives d'Hist. doctr. et littér. du M. A., dirigées par Gilson, professeur à la Sorbonne, et G. Théry, docteur en théologie, Vrin, Paris.
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(18) Ils se demandaient : Qui a péché le plus, Adam ou Eve? A quelle heure Adam a-t-il péché? Un ange peut-il être en plusieurs lieux à la fois ? Dieu n'aurait-il pu s'incarner en un corps de femme ? etc.
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(19) Ses oeuvres ne furent vraiment connues qu'au XIIIe siècle, par les écrits d'Avicenne (mort en 1037) et d'Averroès (mort en 1198).
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(20) Dante l'a placé dans son Paradis auprès de Jean Chrysostôme et de Joachim de Flore.
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(21) Opera d'Anselme (Migne, T. 158 et 159). Cf Ueberweg-Baumgartner, Grundriss der Gesch. der Phil Band Il, 12e éd., Berlin 1926.
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(22) Alfred Weber, Hist. de la Phil. europ., Paris 1886,
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(23) A. Koyré, L'Idée de Dieu dans la phil. d'Anselme, Vrin, Paris 1923.
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(24) Kölling, De Satisfactione vicaria, deux vol., Gütersloh, 1897, 1899.
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(25) Voir la critique de Harnack, Dogmes, T. III, p. 341-358, et celle de son Précis de l'Hist. des Dogmes, trad. Choisy, Paris 1893, P. 335 ss.
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(26) Opera (Migne, T. 191, 192) ; Protois, P. Lombard, son Époque, sa Vie, ses Écrits et son Influence, Paris 1881; Baltzer, Die Sentenzen des P. L., Leipzig 1902.
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(27) Citons pour mémoire Alain des Iles ou de Lille, auteur de deux traités sur la « foi catholique » (Migne, T. 210), et Gautier de Saint-Victor, prieur du couvent de ce nom, mort vers 1180, esprit libre et même irrévérencieux à l'égard de quelques Scolastiques, dont il comparait les raisonnements à un « bavardage de grenouilles ».
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(28) Rappelons ses oeuvres mystiques : son traité De diligendo Deo, ses innombrables sermons, surtout ceux sur le Cantique, effusions perpétuelles rendues fastidieuses par l'abus de l'allégorie, etc.
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(29) Opera (Migne, T. 176) ; Hauréau, Hugues de S. V., Paris 1886 ; A. Mignon, Les Origines de la Scolastique et Hugues de S. V., deux vol., Paris 1896.
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(30) Ce couvent parisien fut détruit par la Révolution française. Sur son emplacement sont les rues de Jussieu et Guy-de-la-Brosse.
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(31) Il écrivit aussi une Summa Sententiarum sur la Trinité, la Création et les Sacrements, et une introduction à la Bible où il abuse de l'allégorie.
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(32) On lui doit aussi trois traités, La Trinité, Emmanuel (adressé aux Juifs), et l'Incarnation (dédié au « divin Bernard »), où l'on relève la fameuse exclamation : 0 felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere Redemptorem ! 
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(33) opera, éd. Cousin, deux vol., Paris 1849-1859 (reproduits dans Migne, T. 178). - Vacandard, P. Abélard et sa lutte avec saint Bernard, Paris 1881 ; Deutsch, Il. Abélard, ein Kritischer Theologe, Leipzig 1883 ; E. Kaïser, P. Abélard critique, Fribourg 1901 ; Pierre Lasserre, Un Conflit religieux au XIII, siècle : Abélard contre saint Bernard, Paris 1930.
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(34) Jean de Salisburg, Historia pontificalis, ch. VIII, 9.
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(35) A. Weber, Hist. de la Phil. européenne, p. 203.
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(36) Par Guillaume d'Auvergne. évêque de Paris, le dominicain Vincent de Beauvais, précepteur des fils de saint Louis, auteur d'une encyclopédie, Le Miroir du Monde.
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(37) Oeuvres complètes éditées par Jammy (Lyon 1651), revision de Borgnet dédiée à Léon XIII, 38 vol., Paris 1890 ; Pierre de Prusse, Vita B. Alberti, Cologne 1486 ; Sighart, Alb. Magnus, Regengbourg 1857 ; d'Assaily, Alb. le Grand, Paris 1870 ; Albert Garreau, S. Alb. le Grand, chez Desclée de Brouwer.
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(38) Vie de Th. d'Aquin par Thoco, d'après des souvenirs personnels (publiée dans l'éd. de Léon XIII). - Karl Werner (cathol. autrichien.), Th. von Aquino, trois vol., Regensbourg (1858-1859) ; Didiot, Le Docteur angélique, Bruges, 1894; de Groot, Léon XIII und Th. d'Aquin, Regensbourg 1897 ; A. Sertillanges, S. Th. d'Aquin, Flammarion, Paris (série Les grands Coeurs) ; A. Forest, S. Th. d'Aquin, Mellottée, Paris; Père Lehu, La Raison règle de la Moralité d'après S. Th., Gabalda, Paris 1930; Gorce, Albert le G. et Th. d'Aquin, Paris 1933.
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(39) Une belle peinture de Traini, placée en 1341 sur l'autel de l'église Sainte-Catherine à Pise, le représente assis avec un livre ouvert, dominé par le Christ et ses apôtres, avec Platon et Aristote à ses côtés. On voit en face Averroès tenant un livre fermé, symbole de la philosophie arabe réfutée par Thomas.
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(40) Commencée en 1882, elle comprend 25 volumes (Voir aussi les oeuvres de Thomas dans Migne, T. IV).
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(41) Köstlin, Leben M. Luthers, T. 1, p. 431.
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(42) Die Philos. des Th. von Aq., Halle 1886, p. 4.
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(43) Elle comprend 518 sections (quaestiones), divisées en 2652 articles. Chacun d'eux expose le pour et le contre, avec la conclusion de l'auteur.
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(44) Dans la Somme et trois autres écrits : Contre les Païens, Contre les erreurs des Grecs et Le Gouvernement des Princes.
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(45) Édition de ses oeuvres par Peltier (quinze vol., 1864-1871). - L. de Chérancé, S. Bonaventure, Paris 1899. - Il s'appelait Fidanza. Son surnom vient du cri : 0 buon ventura ! (ô bonheur !) poussé par sa mère quand, petit enfant, il fut guéri par l'intercession de saint François.
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(46) Édition de ses oeuvres par Wadding, douze vol., Lyon 1639, nouv. éd. Paris 1891-1895, 26 vol. - Albert Ritschl, Gesch. des Pietismus, T. 1, p. 470 ; Seeberg, Die Theologie des Duns Scot, Leipzig 1900 ; Harnack, Dogmes, T. III, p. 459 ss.; Landry, D. Scot, Paris 1922 ; Harris, D. Scotus, Oxford 1927.
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(47) Schwane, Dogmengeschichte, 1). 78.
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(48) Opus majus, éd. Bridges, trois vol., Londres 1900; Opus minus et Opus tertium, éd. Brewer, Londres 1869. - Émile Charles, R. Bacon, Paris 1861 ; White, Hist. de la Lutte entre la Science et la Théologie, trad. de Varigny. Paris 1900.
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(49) From S. Francis to Dante, p. 293.
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