Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LIVRE III

L'ESSOR TRIOMPHAL DE LA PAPAUTÉ

De Grégoire VII à Boniface VIII (1073-1294)

CHAPITRE IV

Les Croisades et les Ordres militaires

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 (1) Abordons à présent l'étude des grandes expéditions lointaines auxquelles nous avons déjà fait allusion, les Croisades, expression enthousiaste et naïve mais fâcheuse de l'idéalisme chrétien, que la foi du Moyen-Age appela « des actions de Dieu » (gesta Dei), selon l'expression de Guibert, abbé de Nogent, parce qu'elles avaient pour objet la délivrance des Lieux Saints.

Leurs deux causes immédiates furent les mauvais traitements infligés par les Turcs Seldjoucides aux pèlerins qui visitaient la Palestine, en quête d'édification et de reliques, et l'appel d'Alexis Comnène, empereur de Byzance, menacé par les envahisseurs. Ému par ces souffrances et ces angoisses, le pape Urbain II, reprenant une idée de Grégoire VII, réclama la croisade au concile de Clermont (1095). Du haut d'une plate-forme, il dépeignit avec une éloquence enflammée les dévastations des Turcs « race maudite », et promit aux croisés le secours du Christ et la « couronne incorruptible » du paradis. Français il adressa un appel spécial et pressant à ses compatriotes en vantant leurs exploits (2). La foule enthousiasmée s'écria : « Dieu le veut! Dieu le veut! » - « Oui, reprit le pape, que ce soit votre cri de guerre ! Vous êtes les soldats de la croix. Portez-la sur vos poitrines ou sur vos épaules ! » (3).

L'élan de Clermont se poursuivit dans la chrétienté, stimulé par Pierre l'Ermite, moine d'Amiens qui, au retour de son pèlerinage à Jérusalem, avait, dit-on, rapporté à Urbain Il les appels du patriarche Siméon (4). Monté sur un âne, la face émaciée et hagarde, les pieds nus, armé d'une grande croix, il secouait les foules par sa rude éloquence. Les gens, dans leur délire, arrachaient les poils de la queue de son âne pour en faire des reliques. Une ère nouvelle commençait : la chrétienté surexcitée s'unissait contre les Infidèles.

Le concile avait fixé le départ de la croisade au 15 août 1096. Ce délai parut long. Précédée par quatre bandes désordonnées et sans expérience, qui se firent massacrer, l'armée régulière, formée de plus de trois cent mille hommes, finit par s'ébranler. Elle était commandée par Godefroy, de Bouillon en Lorraine, et la fleur de la noblesse française. Les victoires se succédèrent, malgré la duplicité de l'empereur Alexis : prise de Nicée (19 juin 1097), défaite des Turcs à Dorylée, en Phrygie, prise d'Antioche (28 juin 1098), entrée des croisés à Jérusalem (15 juillet 1099), où ils firent un abominable massacre d'infidèles et de Juifs. Huit jours après leur triomphe, ils fondèrent le royaume latin de Jérusalem. Godefroy, descendant de Charlemagne, prince très pieux et désintéressé et d'une force physique incroyable, fut nommé roi, mais il n'accepta que le titre de « baron et défenseur du Saint-Sépulcre ».

On fonda deux patriarcats latins, à Jérusalem et à Antioche. Un code intitulé, Assises de Jérusalem, organisa le pays conquis. Ce royaume prospéra sous Baudouin, comte d'Edesse, frère et successeur de Godefroy (1100-1118), et surtout avec son neveu Baudouin II (1118-1131) qui s'empara de Tyr. Mais Zengi le Sanguinaire vint arracher à Baudouin III (1143-1162) Edesse et Damas. Le 2 octobre 1187, Saladin fit son entrée à Jérusalem, sans souiller sa victoire par des scènes de sauvagerie. Il permit aux chrétiens d'acheter leur liberté et de partir. Ce fut la fin du royaume latin de Jérusalem




La seconde croisade (5) fut menée par Conrad III, empereur d'Allemagne, et par Louis VII, roi de France. Elle eut pour cause la chute et le massacre d'Edesse et elle fut stimulée par l'éloquence de saint Bernard, auquel Eugène III avait confié le soin de la prêcher.

Au printemps de 1146, Louis VII, qui avait un grand crime à expier, réunit un concile à Vézelay. Bernard y fut si émouvant que la foule réclama la croisade « Il fut obligé, écrit Odo, chapelain du roi de France, de déchirer ses vêtements pour en faire des croix. » Il visita Bâle et les villes situées le long du Rhin jusqu'à Cologne, il prêcha même devant Conrad III avec une telle puissance que le souverain, tout en larmes, s'écria : « Je suis prêt à servir Dieu ! » Mais l'expédition allemande échoua par la trahison de Manuel, l'empereur grec. Louis VII, qui rejoignit Conrad III, d'accord avec lui et avec Baudouin III, entreprit le siège de Damas, mais les querelles des trois princes paralysèrent leurs efforts. Conrad rentra en Allemagne (septembre 1148), et Louis VII revint en France au printemps suivant. Bernard souffrit beaucoup de l'échec de cette croisade mais il en rejeta la responsabilité sur les chefs (De Consideratione, Il, 1).

La troisième croisade (1189-1192) eut pour objectif la reprise de Jérusalem tombée, en 1187, au pouvoir de Saladin. Elle fut conduite par trois grands rois, que secondait la fleur de la chevalerie médiévale (6).

À la nouvelle des succès de Saladin, Urbain III mourut de douleur. Son successeur Grégoire VIII, malgré son grand âge, lança un brûlant appel à la chrétienté. Richard Coeur de Lion, qui venait de succéder à Henri Il d'Angleterre, se rencontra à Vézelay avec Philippe-Auguste. De son côté, Frédéric Barberousse avait déjà atteint le Bosphore. Sans s'arrêter à détrôner le perfide empereur grec, Isaac Angelus, il gagna la Cilicie, où il se noya (1190). Son fils, Frédéric de Souabe, mourut de la peste devant Saint-Jean-d'Acre. Cette vaste cité cosmopolite et luxueuse fut assiégée par Richard et Philippe-Auguste et prise (12 juillet 1191) au prix d'effroyables pertes, mais l'avance vers Jérusalem fut retardée par leurs rivalités Se sentant éclipsé par Richard, qui se rendit célèbre par sa force physique, ses exploits et sa cruauté, Philippe-Auguste rentra en France, en laissant la direction de ses troupes à Hugues, duc de Bourgogne. Les divisions, l'ivrognerie et la débauche arrêtèrent l'élan des coalisés. Après une belle victoire à Jaffa, Richard conclut avec Saladin un traité qui assurait aux chrétiens pour trois ans la côte de Tyr à Jaffa et la protection des pèlerins de Jérusalem, et il repartit en octobre 1192, rappelé par les menées perfides de son frère Jean sans Terre. Le 4 mars 1193, Saladin mourait, entouré du respect non seulement de ses sujets, mais des chrétiens, admirateurs de son courage chevaleresque et de sa magnanimité.




La quatrième croisade (1200-1204) fut inspirée par Innocent III (7) qui écrivit lettres sur lettres à plusieurs rois et souscrivit la dîme de ses revenus (8). Foulques de Neuilly, son porte-parole éloquent, gagna de puissants seigneurs, dont Villehardouin, maréchal de Champagne. Réunis à Soissons en 1200, ils décidèrent d'attaquer l'Égypte, base de ravitaillement pour les Sarrasins. On connaît les péripéties de cette croisade vite déviée : la prise et la destruction de Zara, capitale de la Dalmatie, rivale de Venise dont les vaisseaux transportaient les combattants (24 novembre 1202), l'arrêt à Constantinople, juin 1203, où l'on remit sur le trône l'empereur Isaac Angelus chassé par son frère, la prise de cette capitale (12 avril 1204), où un nouvel usurpateur s'était installé. Elle fut affreusement saccagée, à la grande indignation d'Innocent III (voir son épître 133). Églises et autels furent dépouillés ; on s'empara de nombreuses reliques (9), pour les expédier en Europe occidentales. Soissons reçut de son évêque la tête de saint Étienne et l'un des bras de Jean-Baptiste ; Innocent III eut un morceau de la vraie croix. Philippe-Auguste acheta à Baudouin Il la vraie couronne d'épines, et la porta solennellement, en chemise et pieds nus à travers Paris.

L'empire latin de Constantinople, fondé après la prise de la ville, dura de 1204 à 1261. Baudouin de Flandre, couronné à Sainte-Sophie par le légat pontifical appliqua aussitôt à soumettre l'Église grecque au pape. Ce dernier nomma patriarche le Vénitien Thomas Morosini. La fondation de cet empire eut pour effet d'élargir l'abîme qui séparait l'Église grecque de l'Eglise latine. Il fut renversé par Michel Paléologue.

Le zèle d'Innocent III pour la délivrance de la Palestine fit décider, comme on sait, par le IVe concile du Latran (1215) une cinquième croisade, mais il mourut, de même que son successeur, sans l'avoir vue. En 1219, Guillaume de Hollande prit Damiette (récit dans l'ouvrage de Jacques de Vitry). Enivré par son succès, il refusa l'offre de Malik-al-Jameel, sultan d'Égypte, qui lui proposait, en échange de cette ville, de rendre Jérusalem et presque toute la Palestine. Il eut à s'en repentir, car il perdit Damiette (1221) Cette croisade atteignit son but par la diplomatie plus que par l'épée, avec le traité que son chef, Frédéric Il d'Allemagne, conclut pour dix ans avec Malik et qui obtint la restitution de Jérusalem. À partir de 1244, la situation des chrétiens en Palestine devint précaire. Ils perdirent Jérusalem, Gaza et Ascalon. Le pape Innocent IV s'émut. Au pressant appel du concile de Lyon (1245), saint Louis répondit. Ce furent la VIe et la VIIe croisades.

Le 12 juin 1248, Louis IX, idéaliste ardent et ingénu qui mêlait la piété du moine à l'esprit du chevalier, partit avec ses trois frères et trente-deux mille hommes (10). Il prit Damiette et marcha sur le Caire, mais sa petite armée, affaiblie par les fièvres, la dysenterie et des attaques incessantes, fut battue à Mansourah (1250). Fait prisonnier avec son frère, Alphonse, comte de Poitiers, le roi montra une admirable fermeté. Il négocia la rançon de ses troupes et dut consentir, pour recouvrer sa liberté, à rendre Damiette et à quitter l'Égypte. Il resta trois ans a Saint-Jean-d'Acre, fortifiant à grands frais Jaffa et d'autres places, mais il n'alla pas visiter Jérusalem, malgré l'offre du sultan de Damas, persuadé, comme Richard Coeur de Lion, serait au-dessous de sa dignité d'entrer dans une ville qu'il ne pouvait pas conquérir. La mort de sa mère, Blanche de Castille le rappela en France (1254).

L'échec était complet, mais Urbain IV et Clément III renouvelèrent leurs funestes appels, et, en 1267, la main sur la couronne d'épines, Louis IX annonça aux seigneurs sa résolution de repartir pour l'Orient. Malgré sa faiblesse physique, qui l'empêchait de porter son armure, et sourd aux protestations de ses nobles, de Joinville en particulier, avec la douce obstination des illuminés, il mit à la voile pour Tunis avec soixante mille hommes (1270). À peine avait-il campé à Carthage que la peste éclata. Il vit venir la mort avec résignation. Il ordonna qu'on plaçât son corps sur un lit de cendres. Il répétait une prière où il demandait la force de mépriser la prospérité et de ne pas craindre l'adversité. Une de ses dernières pensées fut pour Jérusalem. Ses restes furent transportés à Saint-Denis, et en 1297 il fut canonisé. Il le méritait par sa soumission à l'Eglise et par ses belles qualités, son haut idéal chrétien, son instinct de justice et de charité et sa constance dans le malheur, mais la perte de tant de Français, que sa piété inintelligente envoya à la mort, a laissé une large tache de sang sur sa mémoire.

Après ces deux efforts infructueux de saint Louis, on ne vit plus que des tentatives isolées, également stériles. Grégoire X s'efforça de rallumer le zèle, mais le concile de Lyon (1274) fut sans effet. Des voix s'élevaient, niant la valeur religieuse des croisades. On voyait dans tous ces échecs une réprobation de Dieu. Au matérialisme catholique qui poussait la vénération pour un sépulcre jusqu'à sacrifier d'innombrables vies humaines pour le reprendre, l'on opposait l'esprit évangélique qui interdit de tirer l'épée au profit de la religion et d'envahir le territoire d'autrui, et l'on aboutissait à cette conclusion que, plus tard, Érasme devait exprimer en ces termes : « Il ne sied pas de nous déclarer chrétiens en tuant beaucoup de gens, mais en les sauvant, en envoyant des milliers de païens en enfer, mais en les rendant chrétiens. » Pourtant, Nicolas IV et ses successeurs continuèrent à réclamer une croisade, mais, heureusement, leur voix se perdit dans le désert.

Les croisades eurent à la fois d'heureux résultats et de funestes effets (11). Elles portèrent la chrétienté vers ce que Gibbon appelle « un haut idéal d'enthousiasme », et, en l'élevant, elles l'unirent. Elles donnèrent l'essor à l'esprit chevaleresque et aux tendances romantiques. Elles favorisèrent la réaction contre la tyrannie dogmatique de l'Eglise en éveillant, à la flamme cuisante des défaites subies, l'indépendance d'esprit et le devoir de critique.

En politique, elles amenèrent la décadence de la féodalité, avec l'absence prolongée des seigneurs, au profit des communes et des rois. Elles firent progresser les études historiques et géographiques et donnèrent une grande impulsion aux échanges commerciaux, en déversant sur les marchés de l'Occident les étoffes de coton et de soie, le safran et divers fruits fournis par l'Orient. Mais les croisades ont fait aussi beaucoup de mal. Elles ont troublé les esprits en les surexcitant (12) ; elles ont propagé le funeste préjugé de la guerre sainte, niée par l'idéal évangélique ; elles ont démoralisé les croisés avec les séjours prolongés dans les camps et les cruels excès de la lutte et de la victoire ; elles ont aggravé le schisme entre l'Eglise d'Orient et celle d'Occident, allumé la haine et le mépris des Mahométans révoltés par la sauvagerie des croisés.
Ajoutons que, « en favorisant le système des indulgences papales, qui devait être étendu à la lutte contre les hérétiques, elles ont fait un mal incalculable au sens moral de la chrétienté » (Schaff).




Les croisades donnèrent naissance à trois grands Ordres de moines-soldats : les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, les Templiers et les Chevaliers teutoniques. Ils versèrent largement leur sang dans les batailles contre les Sarrasins et furent les gardiens vigilants des institutions latines en Terre Sainte. Après le désastre de Tibériade (1187), ils se concentrèrent à Saint-Jean-d'Acre, et, après sa chute (1291), passèrent en Europe. Ils furent vite populaires et riches, mais la prospérité leur devint funeste. Leurs rivalités et leurs combats fratricides devant Saint-Jean-d'Acre causèrent de douloureux scandales.

L'Ordre des Chevaliers de Saint-Jean (13), ou Hospitaliers (hospitalarii), tire son nom de l'église de saint Jean-Baptiste a Jérusalem, dont leur hôpital était voisin (14). Il eut d'abord un caractère philanthropique : il soignait et entretenait les pèlerins. Il prospéra très vite. Bien dirigé par un de ses chefs, Raymond du Puy, protégé par Godefroy de Bouillon et Baudouin, reconnu par Pascal II en 1113, il reçut divers privilèges des papes suivants. À cette activité hospitalière qui continua, même après son transfert à Rhodes, vint s'ajouter un caractère militaire. À côté des chapelains et des frères laïques, il y eut - et ce fut la majorité - des chevaliers ou «. frères militaires ». Leur devise était pro fide (pour la foi). Leur vêtement fut un manteau rouge avec une croix de Malte blanche sur le côté gauche de la poitrine. Après la chute de Saint-Jean-d'Acre, ils se retirèrent en Chypre, et, en 1310, à Rhodes. D'où leur nom de « chevaliers de Rhodes », auquel s'ajouta, à partir du XVIe siècle, celui de « chevaliers de Malte ». Sous leur grand-maître La Valette, ils défendirent cette île avec vaillance contre la flotte de Soliman le Magnifique, qui fut battue à Lépante (1571). À partir de celle époque, l'Ordre entra en décadence (15).

Les Templiers (16) furent, dès l'origine, un corps purement militaire, constitué en 1119 par Hugues de Payens. Baudouin Il leur donna un emplacement dans son palais sur le mont Morija, près de l'emplacement du temple de Salomon, - d'où leur nom de Templiers (17). Cet Ordre essaima très vite, encouragé par les papes et par saint Bernard, dont le traité De laude novae Militiae (Éloge de la nouvelle Milice, Migne, T. 182) célébra leur simplicité et leur gravité. Les Templiers se divisaient en trois classes : les chevaliers, de noble naissance, les frères servants armés (fratres servientes armigeri) et les chapelains. Les premiers portaient un manteau blanc avec une croix rouge. Ils avaient près de Saint-Jean-d'Acre un château-fort immense et magnifique. Leur discipline militaire et leur bravoure furent remarquables. Leur « grand-maître » siégeait dans les conciles. Leurs richesses devinrent énormes, et certaines de leurs maisons furent des banques très actives auxquelles les rois faisaient des emprunts (18). Mais la prospérité les gâta. Ils se déshonorèrent par leur ivrognerie (19) et par leur jalousie à l'égard des Hospitaliers. Après la prise de leur ville, ils se réfugièrent en Chypre, puis en France, où leur Ordre devrait être aboli par le cupide Philippe le Bel avec la complicité de Clément V.

Le troisième Ordre, celui des Chevaliers teutoniques, s'appela également Chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie de Jérusalem, parce qu'il se rattachait à un établissement de ce nom fondé vers 1099 (Perlbach, Die Statuten des Deutschordens, Halle 1890). Fondé en 1190 par des pèlerins allemands en Terre Sainte et reconnu presque aussitôt par le Saint-Siège, il fut d'abord philanthropique, mais il devint un Ordre militaire en 1198, sous l'égide d'Innocent III. Il resta exclusivement allemand. L'habit de ces chevaliers était un manteau blanc avec une croix noire. Ils eurent des hôpitaux en Allemagne, et leur grand-maître eut la dignité de prince d'empire. Après la prise de Saint-Jean-d'Acre leur quartier général fut transporté à Venise, puis, en 1309, à Marienbourg, sur la Vistule. Leurs possessions comprirent cinquante cités et des territoires avec une population de deux millions d'âmes. Ils évangélisèrent les côtes de la Baltique. Mais la gourmandise et la paresse les corrompirent, et en 1523 leur grand-maître, le margrave Albert de Brandebourg, suivant le conseil de Luther, devait les quitter et se marier. Il jeta les bases du duché de Prusse et de la dynastie des Hohenzollern, et il introduisit le luthéranisme dans ses États.

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(1) Bibliographie générale. - Recueil des historiens des Croisades, magnifiquement édité par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. La série Historiens occidentaux (cinq vol., Paris 1841-1895) comprend, entre autres ouvrages anciens : l'Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, de Guillaume, archevêque de Tyr (mort après 1184) ; les Gesta Francorum Jherusalem perigrinantium (1095-1127), par Fulcher, chapelain du comte de Chartres ; l'Historia Jherus., de Robert le moine les Gesta Dei per Francos, par Guibert de Nogent l'Historia Jherus., par Albert, d'Aix-la-Chapelle, l'Historia orientalis et Historia occidentalis, par le cardinal Jacques (de Vitry-sur-Seine, mort en 1244) ; l'Historia de Hierosolym itinere (1095-1099), par le prêtre Tudebod, du diocèse de Poitiers. - Historiens orientaux, quatre vol., 1872-1898, et Historiens grecs, deux vol., 1875-1881, édités également par l'Académie. - Ouvrages modernes : Michaud, Hist. des Croisades, Paris 1812, 7e éd., 1862 ; A. de Laporte, Les Croisades..., Paris 1881 ; Archer and Kingsford, Story of the Crusades, New-York 1895 ; L. Bréhier, L'Eglise et l'Orient au M. A. : les Croisades, Paris, 5e éd., 1928. 
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(2) D'après les témoins Fulcher, Guibert, Robert le moine. 
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(3) Dans la première croisade, toutes les croix étaient rouges. On y ajouta plus tard les couleurs vertes et blanches. 
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(4) Le rôle de Pierre l'Ermite avant le concile de Clermont, raconté par Albert, d'Aix-la-Chapelle, et Guillaume, de Tyr, est peut-être légendaire, car les autres historiens ne le mentionnent pas (Hagenmeyer, Peter der Eremite, Leipzig 1879). 
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(5) Sources anciennes : Odo (de Deuil, près de Paris), De profectione Ludovici VII in Orientem (1147-1149) Otton de Freising, Chronicon, L. VII. 
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(6) Itinerarium peregrinorum et Gesta regis Ricardi, dû, semble-t-il, à Richard de Templo (éd. Stubbs, Londres 1864) ; Chronicon de rebus gestis Ricardi, par Richard de Devizes (éd. Londres 1838) ; Historia de expeditione Freder., par Ansbert, témoin oculaire (éd. Prague 1827). 
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(7) Épîtres d'Innocent III, L. I, p. 353 ss. 
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(8) Byzantina Historia (1118-1206), par Nicétas Acominatus, praticien de Byzance ; Hist. de la conquête de Const., par G. de Villehardouin, avec la « continuation » d'Henri de Valenciennes (éd. Natalis de Wailly, 3e éd., Paris 1882) ; La Prise de Const., par Robert de Clary (mort après 1216), éd. Riant, Paris 1868 ; Hist. Constantinopolitana, par Guntherus Alemannus, cistercien, éd. Riant, Genève 1875. - Ouvrages modernes : Paul de Riant, Exuviae sacrae Const., deux vol., Genève 1877-1878; Tessier, IV, Croisade, Paris 1884 ; A. Charasson, Un curé plébéien au XII, siècle, Foulques...., Paris 1905. 
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(9) Voir le récit détaillé de Guntherus, qui tenait ses renseignements de son abbé, Martin, grand chasseur de reliques (Migne, T. 212, p. 251 ss.) 
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(10) Sources : Histoire de saint Louis, par Jehan de Joinville (mort en 1319), 1ère éd., Poitiers 1547, éd. Natalis de Wailly, Paris 1868 ; Vie de saint Louis, par saint Pathus, publiée par F. Delaborde, Paris 1899 ; Vie de saint Louis, par Tillemont, six vol., Paris 1847-1851 Wallon, Saint-Louis et son Temps, 31 éd., Tours 1879 Franc-Nohain, Saint Louis, Flammarion, Paris (Les Grands coeurs). 
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(11) Munro, Prutz et Diehl, Essays on the Crusades, Burlington 1903. 
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(12) Rappelons le cas typique et douloureux des deux croisades d'enfants qui, pareilles à des incendies de pins, fusèrent en 1212. Une caravane de jeunes Français se rendit à Marseille, où elle devint la proie des marchands d'esclaves ; un essaim allemand partit de Brindes pour ne plus revenir (Cf. des Essarts, La Croisade des Enfants, Paris 1875 ; Isabel Stone, The little Crusaders, New-York 1901). 
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(13) Abbé Vertot, Hist. des chevaliers hosp. de Saint-Jean de Jérusalem, quatre vol., Paris 1726 ; Le Roulx, Cartulaire général de l'Ordre des Hospitaliers, trois vol., Paris 1894, et Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310), Paris 1904. 
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(14) D'après Le Roulx (Les Hospitaliers), il se rattachait à un hôpital fondé vers 1070 par un marchand d'Amalfi. 
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(15) Sur l'ancien site de leur hôpital à Jérusalem s'est élevée l'église protestante du Rédempteur, inaugurée le 31 octobre 1898 par Guillaume Il. 
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(16) Maillard de Chambure, Règle et statuts secrets des Templiers (d'après trois vieux mss), Paris 1840 ; Henri de Curzon, La Règle du Temple, Paris 1886. 
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(17) On les appelait templarii, equites templarii, etc. 
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(18) Léopold Delisle. Les Opér. financ. des Templiers. Paris 1889. 
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(19) De là le dicton : bibere templariter (comme un templier). 
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