(1) Abordons à présent
l'étude des
grandes expéditions lointaines auxquelles nous avons déjà fait
allusion, les Croisades, expression enthousiaste et naïve mais
fâcheuse
de l'idéalisme chrétien, que la foi du Moyen-Age appela « des actions
de Dieu » (gesta Dei), selon l'expression de Guibert, abbé de Nogent,
parce qu'elles avaient pour objet la délivrance des Lieux Saints.
Leurs deux causes immédiates furent
les mauvais traitements infligés par les Turcs Seldjoucides aux
pèlerins qui visitaient la Palestine, en quête d'édification et de
reliques, et l'appel d'Alexis Comnène, empereur de Byzance, menacé par
les envahisseurs. Ému par ces souffrances et ces angoisses, le pape
Urbain II, reprenant une idée de Grégoire VII, réclama la croisade au
concile de Clermont (1095). Du haut d'une plate-forme, il dépeignit
avec une éloquence enflammée les dévastations des Turcs « race maudite
», et promit aux croisés le secours du Christ et la « couronne
incorruptible » du paradis. Français il adressa un appel spécial et
pressant à ses compatriotes en vantant leurs exploits (2).
La foule enthousiasmée s'écria : «
Dieu le veut! Dieu le veut! » - « Oui, reprit le pape, que ce soit
votre cri de guerre ! Vous êtes les soldats de la croix. Portez-la sur
vos poitrines ou sur vos épaules ! » (3).
L'élan de Clermont se poursuivit
dans la chrétienté, stimulé par Pierre l'Ermite, moine d'Amiens qui,
au
retour de son pèlerinage à Jérusalem, avait, dit-on, rapporté à Urbain
Il les appels du patriarche Siméon (4).
Monté sur un âne, la face émaciée et
hagarde, les pieds nus, armé d'une grande croix, il secouait les
foules
par sa rude éloquence. Les gens, dans leur délire, arrachaient les
poils de la queue de son âne pour en faire des reliques. Une ère
nouvelle commençait : la chrétienté surexcitée s'unissait contre les
Infidèles.
Le concile avait fixé le départ de
la croisade au 15 août 1096. Ce délai parut long. Précédée par quatre
bandes désordonnées et sans expérience, qui se firent massacrer,
l'armée régulière, formée de plus de trois cent mille hommes, finit
par
s'ébranler. Elle était commandée par Godefroy, de Bouillon en
Lorraine,
et la fleur de la noblesse française. Les victoires se succédèrent,
malgré la duplicité de l'empereur Alexis : prise de Nicée (19 juin
1097), défaite des Turcs à Dorylée, en Phrygie, prise d'Antioche (28
juin 1098), entrée des croisés à Jérusalem (15 juillet 1099), où ils
firent un abominable massacre d'infidèles et de Juifs. Huit jours
après
leur triomphe, ils fondèrent le royaume latin de Jérusalem. Godefroy,
descendant de Charlemagne, prince très pieux et désintéressé et d'une
force physique incroyable, fut nommé roi, mais il n'accepta que le
titre de « baron et défenseur du Saint-Sépulcre ».
On fonda deux patriarcats latins, à
Jérusalem et à Antioche. Un code intitulé, Assises de Jérusalem,
organisa le pays conquis. Ce royaume prospéra sous Baudouin, comte
d'Edesse, frère et successeur de Godefroy (1100-1118), et surtout avec
son neveu Baudouin II (1118-1131) qui s'empara de Tyr. Mais Zengi le
Sanguinaire vint arracher à Baudouin III (1143-1162) Edesse et Damas.
Le 2 octobre 1187, Saladin fit son entrée à Jérusalem, sans souiller
sa
victoire par des scènes de sauvagerie. Il permit aux chrétiens
d'acheter leur liberté et de partir. Ce fut la fin du royaume latin de
Jérusalem
La seconde croisade (5) fut menée
par Conrad III, empereur
d'Allemagne, et par Louis VII, roi de France. Elle eut pour cause la
chute et le massacre d'Edesse et
elle fut stimulée par l'éloquence de saint Bernard, auquel Eugène III
avait confié le soin de la prêcher.
Au printemps de 1146, Louis VII, qui
avait un grand crime à expier, réunit un concile à Vézelay. Bernard y
fut si émouvant que la foule réclama la croisade « Il fut obligé,
écrit
Odo, chapelain du roi de France, de déchirer ses vêtements pour en
faire des croix. » Il visita Bâle et les villes situées le long du
Rhin
jusqu'à Cologne, il prêcha même devant Conrad III avec une telle
puissance que le souverain, tout en larmes, s'écria : « Je suis prêt à
servir Dieu ! » Mais l'expédition allemande échoua par la trahison de
Manuel, l'empereur grec. Louis VII, qui rejoignit Conrad III, d'accord
avec lui et avec Baudouin III, entreprit le siège de Damas, mais les
querelles des trois princes paralysèrent leurs efforts. Conrad rentra
en Allemagne (septembre 1148), et Louis VII revint en France au
printemps suivant. Bernard souffrit beaucoup de l'échec de cette
croisade mais il en rejeta la responsabilité sur les chefs (De
Consideratione, Il, 1).
La troisième croisade (1189-1192)
eut pour objectif la reprise de Jérusalem tombée, en 1187, au pouvoir
de Saladin. Elle fut conduite par trois grands rois, que secondait la
fleur de la chevalerie médiévale (6).
À la nouvelle des succès de Saladin,
Urbain III mourut de douleur. Son successeur Grégoire VIII, malgré son
grand âge, lança un brûlant appel à la chrétienté. Richard Coeur de
Lion, qui venait de succéder à Henri Il d'Angleterre, se rencontra à
Vézelay avec Philippe-Auguste. De son côté, Frédéric Barberousse avait
déjà atteint le Bosphore. Sans s'arrêter à détrôner le perfide
empereur
grec, Isaac Angelus, il gagna la
Cilicie, où il se noya (1190). Son fils, Frédéric de Souabe, mourut de
la peste devant Saint-Jean-d'Acre. Cette vaste cité cosmopolite et
luxueuse fut assiégée par Richard et Philippe-Auguste et prise (12
juillet 1191) au prix d'effroyables pertes, mais l'avance vers
Jérusalem fut retardée par leurs rivalités Se sentant éclipsé par
Richard, qui se rendit célèbre par sa force physique, ses exploits et
sa cruauté, Philippe-Auguste rentra en France, en laissant la
direction
de ses troupes à Hugues, duc de Bourgogne. Les divisions, l'ivrognerie
et la débauche arrêtèrent l'élan des coalisés. Après une belle
victoire
à Jaffa, Richard conclut avec Saladin un traité qui assurait aux
chrétiens pour trois ans la côte de Tyr à Jaffa et la protection des
pèlerins de Jérusalem, et il repartit en octobre 1192, rappelé par les
menées perfides de son frère Jean sans Terre. Le 4 mars 1193, Saladin
mourait, entouré du respect non seulement de ses sujets, mais des
chrétiens, admirateurs de son courage chevaleresque et de sa
magnanimité.
La quatrième croisade (1200-1204) fut inspirée par
Innocent III (7)
qui écrivit lettres sur lettres à plusieurs rois et souscrivit la dîme
de ses revenus (8).
Foulques de Neuilly, son porte-parole éloquent, gagna de
puissants
seigneurs, dont Villehardouin, maréchal de Champagne. Réunis
à Soissons en 1200, ils décidèrent d'attaquer l'Égypte, base de
ravitaillement pour les Sarrasins. On connaît les péripéties de cette
croisade vite déviée : la prise et la destruction de Zara, capitale de
la Dalmatie, rivale de Venise dont les vaisseaux transportaient les
combattants (24 novembre 1202), l'arrêt à Constantinople, juin 1203,
où
l'on remit sur le trône l'empereur Isaac Angelus chassé par son frère,
la prise de cette capitale (12 avril 1204), où un nouvel usurpateur
s'était installé. Elle fut affreusement saccagée, à la grande
indignation d'Innocent III (voir son épître 133). Églises et autels
furent dépouillés ; on s'empara de nombreuses reliques (9),
pour les expédier en Europe
occidentales. Soissons reçut de son évêque la tête de saint Étienne et
l'un des bras de Jean-Baptiste ; Innocent III eut un morceau de la
vraie croix. Philippe-Auguste acheta à Baudouin Il la vraie couronne
d'épines, et la porta solennellement, en chemise et pieds nus à
travers
Paris.
L'empire latin de Constantinople,
fondé après la prise de la ville, dura de 1204 à 1261. Baudouin de
Flandre, couronné à Sainte-Sophie par le légat pontifical appliqua
aussitôt à soumettre l'Église grecque au pape. Ce dernier nomma
patriarche le Vénitien Thomas Morosini. La fondation de cet empire eut
pour effet d'élargir l'abîme qui séparait l'Église grecque de l'Eglise
latine. Il fut renversé par Michel Paléologue.
Le zèle d'Innocent III pour la
délivrance de la Palestine fit décider, comme on sait, par le IVe
concile du Latran (1215) une cinquième croisade, mais il mourut, de
même que son successeur, sans l'avoir vue. En 1219, Guillaume de
Hollande prit Damiette (récit dans l'ouvrage de Jacques de Vitry).
Enivré par son succès, il refusa
l'offre de Malik-al-Jameel, sultan d'Égypte, qui lui proposait, en
échange de cette ville, de rendre Jérusalem et presque toute la
Palestine. Il eut à s'en repentir, car il perdit Damiette (1221) Cette
croisade atteignit son but par la diplomatie plus que par l'épée, avec
le traité que son chef, Frédéric Il d'Allemagne, conclut pour dix ans
avec Malik et qui obtint la restitution de Jérusalem. À partir de
1244,
la situation des chrétiens en Palestine devint précaire. Ils perdirent
Jérusalem, Gaza et Ascalon. Le pape Innocent IV s'émut. Au pressant
appel du concile de Lyon (1245), saint Louis répondit. Ce furent la
VIe
et la VIIe croisades.
Le 12 juin 1248, Louis IX, idéaliste
ardent et ingénu qui mêlait la piété du moine à l'esprit du chevalier,
partit avec ses trois frères et trente-deux mille hommes (10).
Il
prit Damiette et marcha sur le Caire, mais sa petite armée,
affaiblie par les fièvres, la dysenterie et des attaques incessantes,
fut battue à Mansourah (1250). Fait prisonnier avec son frère,
Alphonse, comte de Poitiers, le roi montra une admirable fermeté. Il
négocia la rançon de ses troupes et dut consentir, pour recouvrer sa
liberté, à rendre Damiette et à quitter l'Égypte. Il resta trois ans a
Saint-Jean-d'Acre, fortifiant à grands frais Jaffa et d'autres places,
mais il n'alla pas visiter Jérusalem, malgré l'offre du sultan de
Damas, persuadé, comme Richard Coeur de Lion, serait au-dessous de sa
dignité d'entrer dans une ville qu'il
ne pouvait pas conquérir. La mort de sa mère, Blanche de Castille le
rappela en France (1254).
L'échec était complet, mais Urbain
IV et Clément III renouvelèrent leurs funestes appels, et, en 1267, la
main sur la couronne d'épines, Louis IX annonça aux seigneurs sa
résolution de repartir pour l'Orient. Malgré sa faiblesse physique,
qui
l'empêchait de porter son armure, et sourd aux protestations de ses
nobles, de Joinville en particulier, avec la douce obstination des
illuminés, il mit à la voile pour Tunis avec soixante mille hommes
(1270). À peine avait-il campé à Carthage que la peste éclata. Il vit
venir la mort avec résignation. Il ordonna qu'on plaçât son corps sur
un lit de cendres. Il répétait une prière où il demandait la force de
mépriser la prospérité et de ne pas craindre l'adversité. Une de ses
dernières pensées fut pour Jérusalem. Ses restes furent transportés à
Saint-Denis, et en 1297 il fut canonisé. Il le méritait par sa
soumission à l'Eglise et par ses belles qualités, son haut idéal
chrétien, son instinct de justice et de charité et sa constance dans
le
malheur, mais la perte de tant de Français, que sa piété
inintelligente
envoya à la mort, a laissé une large tache de sang sur sa mémoire.
Après ces deux efforts infructueux
de saint Louis, on ne vit plus que des tentatives isolées, également
stériles. Grégoire X s'efforça de rallumer le zèle, mais le concile de
Lyon (1274) fut sans effet. Des voix s'élevaient, niant la valeur
religieuse des croisades. On voyait dans tous ces échecs une
réprobation de Dieu. Au matérialisme catholique qui poussait la
vénération pour un sépulcre jusqu'à sacrifier d'innombrables vies
humaines pour le reprendre, l'on opposait l'esprit évangélique qui
interdit de tirer l'épée au profit de la religion et d'envahir le
territoire d'autrui, et l'on aboutissait à cette conclusion que, plus
tard, Érasme devait exprimer en ces termes : « Il ne sied pas de nous
déclarer chrétiens en tuant beaucoup de gens, mais en les sauvant, en
envoyant des milliers de païens en
enfer, mais en les rendant chrétiens. » Pourtant, Nicolas IV et ses
successeurs continuèrent à réclamer une croisade, mais, heureusement,
leur voix se perdit dans le désert.
Les croisades eurent à la fois
d'heureux résultats et de funestes effets (11).
Elles portèrent la chrétienté vers
ce que Gibbon appelle « un haut idéal d'enthousiasme », et, en
l'élevant, elles l'unirent. Elles donnèrent l'essor à l'esprit
chevaleresque et aux tendances romantiques. Elles favorisèrent la
réaction contre la tyrannie dogmatique de l'Eglise en éveillant, à la
flamme cuisante des défaites subies, l'indépendance d'esprit et le
devoir de critique.
En politique, elles amenèrent la
décadence de la féodalité, avec l'absence prolongée des seigneurs, au
profit des communes et des rois. Elles firent progresser les études
historiques et géographiques et donnèrent une grande impulsion aux
échanges commerciaux, en déversant sur les marchés de l'Occident les
étoffes de coton et de soie, le safran et divers fruits fournis par
l'Orient. Mais les croisades ont fait aussi beaucoup de mal. Elles ont
troublé les esprits en les surexcitant (12)
; elles ont propagé le funeste
préjugé de la guerre sainte, niée par l'idéal évangélique ; elles ont
démoralisé les croisés avec les séjours prolongés dans les camps et
les
cruels excès de la lutte et de la victoire ; elles ont aggravé le
schisme entre l'Eglise d'Orient et celle d'Occident, allumé la haine
et
le mépris des Mahométans révoltés par la sauvagerie des croisés.
Ajoutons que, « en favorisant le
système des indulgences papales, qui devait être étendu à la lutte
contre les hérétiques, elles ont fait un mal incalculable au sens
moral
de la chrétienté » (Schaff).
Les croisades donnèrent naissance à trois grands
Ordres de moines-soldats : les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem,
les Templiers et les Chevaliers teutoniques. Ils versèrent largement
leur sang dans les batailles contre les Sarrasins et furent les
gardiens vigilants des institutions latines en Terre Sainte. Après le
désastre de Tibériade (1187), ils se concentrèrent à
Saint-Jean-d'Acre,
et, après sa chute (1291), passèrent en Europe. Ils furent vite
populaires et riches, mais la prospérité leur devint funeste. Leurs
rivalités et leurs combats fratricides devant Saint-Jean-d'Acre
causèrent de douloureux scandales.
L'Ordre des Chevaliers de Saint-Jean (13),
ou
Hospitaliers (hospitalarii), tire son nom de l'église de saint
Jean-Baptiste a Jérusalem, dont leur hôpital était voisin (14).
Il
eut d'abord un caractère philanthropique : il soignait et
entretenait les pèlerins. Il prospéra très vite. Bien dirigé par un de
ses chefs, Raymond du Puy, protégé par Godefroy de Bouillon et
Baudouin, reconnu par Pascal II en 1113, il reçut divers privilèges
des
papes suivants. À cette activité hospitalière qui continua, même après
son transfert à Rhodes, vint s'ajouter un caractère militaire. À côté
des chapelains et des frères laïques, il y eut
- et ce fut la majorité - des chevaliers ou «. frères militaires ».
Leur devise était pro fide (pour la foi). Leur vêtement fut un manteau
rouge avec une croix de Malte blanche sur le côté gauche de la
poitrine. Après la chute de Saint-Jean-d'Acre, ils se retirèrent en
Chypre, et, en 1310, à Rhodes. D'où leur nom de « chevaliers de Rhodes
», auquel s'ajouta, à partir du XVIe siècle, celui de « chevaliers de
Malte ». Sous leur grand-maître La Valette, ils défendirent cette île
avec vaillance contre la flotte de Soliman le Magnifique, qui fut
battue à Lépante (1571). À partir de celle époque, l'Ordre entra en
décadence (15).
Les Templiers (16)
furent, dès l'origine, un corps
purement militaire, constitué en 1119 par Hugues de Payens. Baudouin
Il
leur donna un emplacement dans son palais sur le mont Morija, près de
l'emplacement du temple de Salomon, - d'où leur nom de Templiers (17).
Cet
Ordre essaima très vite, encouragé par les papes et par saint
Bernard, dont le traité De laude novae Militiae (Éloge de la nouvelle
Milice, Migne, T. 182) célébra leur simplicité et leur gravité. Les
Templiers se divisaient en trois classes : les chevaliers, de noble
naissance, les frères servants armés (fratres servientes armigeri) et
les chapelains. Les premiers portaient un manteau blanc avec une croix
rouge. Ils avaient près de Saint-Jean-d'Acre un château-fort immense
et
magnifique. Leur discipline militaire et leur bravoure furent
remarquables. Leur « grand-maître » siégeait dans les conciles. Leurs
richesses devinrent énormes, et certaines de leurs maisons furent des
banques très actives auxquelles les rois faisaient des emprunts (18).
Mais
la prospérité les gâta. Ils
se déshonorèrent par leur ivrognerie (19)
et par leur jalousie à l'égard des
Hospitaliers. Après la prise de leur ville, ils se réfugièrent en
Chypre, puis en France, où leur Ordre devrait être aboli par le cupide
Philippe le Bel avec la complicité de Clément V.
Le troisième Ordre, celui des
Chevaliers teutoniques, s'appela également Chevaliers de l'hôpital de
Sainte-Marie de Jérusalem, parce qu'il se rattachait à un
établissement
de ce nom fondé vers 1099 (Perlbach, Die Statuten des Deutschordens,
Halle 1890). Fondé en 1190 par des pèlerins allemands en Terre Sainte
et reconnu presque aussitôt par le Saint-Siège, il fut d'abord
philanthropique, mais il devint un Ordre militaire en 1198, sous
l'égide d'Innocent III. Il resta exclusivement allemand. L'habit de
ces
chevaliers était un manteau blanc avec une croix noire. Ils eurent des
hôpitaux en Allemagne, et leur grand-maître eut la dignité de prince
d'empire. Après la prise de Saint-Jean-d'Acre leur quartier général
fut
transporté à Venise, puis, en 1309, à Marienbourg, sur la Vistule.
Leurs possessions comprirent cinquante cités et des territoires avec
une population de deux millions d'âmes. Ils évangélisèrent les côtes
de
la Baltique. Mais la gourmandise et la paresse les corrompirent, et en
1523 leur grand-maître, le margrave Albert de Brandebourg, suivant le
conseil de Luther, devait les quitter et se marier. Il jeta les bases
du duché de Prusse et de la dynastie des Hohenzollern, et il
introduisit le luthéranisme dans ses États.
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