L'année 353
ouvrit l'ère du triomphe des ariens. Constance, vainqueur de
l'usurpateur Magnence et devenu le seul maître de l'Empire, convoqua
un
synode général à Arles et l'obligea, sous menaces, à condamner
Athanase. Mais une nouvelle assemblée, réclamée par les évêques
latins,
se réunit à Mitan en 355. Eusèbe, de Verceil, y mit aux voix
l'adoption
de la formule de Nicée. Au cours du grand tumulte qui s'ensuivit, les
Orientaux, sur l'ordre de Constance, proposèrent une confession de foi
arienne. Battus, ils se retournèrent contre Athanase, l'accusant
d'avoir soutenu Magnence, et, malgré les protestations des Latins,
l'empereur exigea, sous peine d'exil, l'excommunication du patriarche.
Les évêques cédèrent, excepté Lucifer, évêque de Cagliari (en
Sardaigne), Eusèbe de Verceil, Denys de Milan, et les délégués de
Libère, évêque de Rome., qui furent bannis en Orient. Hosius de
Cordoue, Hilaire de Poitiers et Libère, qui étaient restés dans leurs
diocèses, résistèrent et furent frappés de la même peine. Athanase dut
subir de sournoises vexations. Son église (saint Théonas) fut attaquée
de nuit, tandis qu'il présidait un culte. Il resta bravement sur son
siège, mais quelques moines réussirent à, l'entraîner.
Excommunié par les évêques, sur
l'ordre de Constance, il partit le 9 février 356 pour un troisième
exil, parmi les solitaires de la Haute-Égypte, et en fuyant il écrivit
une lettre vibrante aux évêques d'Égypte et 'de Libye. Pendant six
ans,
il dut errer à travers les déserts, s'arrêtant dans les ermitages et
les monastères. C'est de là qu'il écrivait à ses fidèles et qu'il
composa ses trois véhéments
Discours. contre les Ariens (22).
C'est aussi dans cette période que
l'on peut placer son Apologie à L'empereur Constance (23),
où- il se défend avec énergie et
dignité du reproche d'avoir excité Constant contre son frère, lors
d'un
de ses exils en Occident, et d'avoir intrigué avec Magnence ; son
Apologie de sa fuite, où il fait le tableau impressif de l'invasion de
son église par les soldats du gouverneur Syrianus, et énumère les
méfaits des ariens contre Marcel d'Ancyre, le vieil Hosius et les
fidèles d'Alexandrie, et (vers 358) son Histoire des Ariens pour les
Moines, histoire dramatique - d'une éloquence où éclate l'invective
contre Constance « l'Antichrist » - des débats suscités par cette
hérésie entre 335 et 357.
Le parti arien se divisa, après sa victoire, en
trois groupes distincts : les ariens stricts ou Anoméens.. les
Homoïousiens et les Homéens (24).
Le premier eut pour chef un ancien
diacre d'Antioche, Aétius, très versé dans la philosophie
aristotélicienne, auteur d'un écrit (25)
Sur Dieu inengendré (aguennètou) et
sur l'engendré (guennètou), où il établissait, par de brefs
raisonnements, que ce qui est engendré (le Fils) ne peut être Dieu.
Très apte à la controverse, il était brillant dans la discussion.
Après
une vie errante, il devint évêque vers 362. Il fut secondé par Eunome,
originaire de Cappadoce, qu'il avait eu pour disciple à Alexandrie.
Nommé en 360 évêque de Cyzique
(sur la mer de Marmara), Eunome se retira bientôt à Chalcédoine puis
en
Cappadoce. On a de lui un Livre apologétique, que Basile de Césarée
attaqua, une Apologie de ce livre, en réponse à cette critique, et une
Exposition de la Foi, présentée à Théodose en 383. il faut nommer
aussi
Eudoxe, évêque d'Antioche puis de Constantinople (360-369), auteur
d'un
traité Sur l'Incarnation (deux fragments). Ce parti des ariens
stricts,
peu nombreux, fut appelé anoméen parce qu'il affirmait que le Fils est
différent (an-omoïos) du Père sous le rapport de la substance.
La majorité arienne, moins radicale,
restait attachée aux formules d'Antioche. Si elle rejetait le terme
d'homoousios (même substance), elle admettait que le Fils avait été
semblable (homoïousios) au Père en essence et en tout. Elle eut pour
chef Basile, d'Ancyre (26),
médecin instruit et doué pour la
parole, qui n'était pas éloigné de l'orthodoxie, puisque Athanase a
parlé, de lui en termes favorables (Les Synodes, ch. 41). Il composa
deux mémoires théologiques, conservés par Épiphane, et sans doute
aussi (27)
un traité Sur la Virginité, assez réaliste, attribué à tort à saint
Basile. Nommons encore Auxence, évêque de Milan, où il devait être
remplacé par Ambroise ; Eustathe (28),
nommé en 357 évêque de Sébaste
(Arménie), ascète qui a été le père du monachisme en Asie-Mineure et
le
maître de saint Basile avant de devenir son adversaire ; Georges,
évêque de Laodicée, en Syrie, auteur d'une Vie d'Eusèbe d'Emèse (en
Mésopotamie). Ce dernier, évêque de cette ville (de 341 à 359
environ),
aristocratique de naissance et très cultivé, fut un personnage si
considéré que, à, l'un de ses passages à Alexandrie, on voulut lui
confier la charge d'évêque de cette ville, pendant un exil d'Athanase.
Sa prédication était
brillante et ses commentaires judicieux, dans l'esprit de l'École
d'Antioche. Il reste de lui quelques ouvrages, dans des traductions
latines, en particulier un recueil d'homélies (29).
Le troisième groupe, politique et
prudent, celui des Homéens, se contentait de la vague affirmation que
le Fils est semblable (homoïos) au Père. Son chef était Acace de
Césarée, évêque assez versatile qui revint à l'orthodoxie pour
retourner ensuite à la foi homéenne. Nommons après lui Théodore,
évêque
d'Héraclée (mer de Marmara) auteur de commentaires écrits, dit Jérôme,
en un style « élégant et clair » (De Viris, 90), et Léonce, évêque
d'Antioche, prélat pacifique qui, au moment où il allait réciter, au
culte, la doxologie, toussait ou baissait la voix pour n'être entendu
ni par les orthodoxes ni par les ariens. Triste à la pensée des
troubles que sa mort (survenue en 357) pouvait susciter, il disait, en
passant la main sur ses cheveux blancs : « Quand cette neige sera
fondue, il y aura de la boue à Antioche... »
D'autre part, la foi nicéenne
recrutait de nouveaux champions, en particulier en Occident, où
Constance avait porté le grand débat arien.
Le plus célèbre est Hilaire de
Poitiers, Issu d'une famille païenne aristocratique, pourvu d'une
large
culture, il avait été converti par la lecture des livres saints, et il
était devenu évêque de sa ville (un peu après l'an 350). Longtemps
étranger aux discussions sur l' « homoousie », il sentit l'indignation
l'étreindre après le synode de Milan (355). Il réagit avec une fermeté
qui allait faire de lui un conducteur d'hommes et lui valoir le titre,
exagéré d'ailleurs, d' « Athanase de l'Occident». Il se dressa sans
tarder contre l'arien Saturnin,
primat d'Arles, et il écrivit à Constance, le suppliant de rappeler
les
évêques exilés. Mais les ariens, après l'avoir empêché, au synode de
Béziers (356), de défendre Athanase, obtinrent de, l'empereur son
bannissement. Relégué en Phrygie (Jérôme, De Viris, 100), il étudia la
littérature grecque chrétienne, peu connue en Occident, et il écrivit
deux ouvrages importants, l'un sur la Trinité, l'autre sur les
synodes,
pour mettre ses collègues de Gaule et de Bretagne au courant du grand
conflit (30).
Nommons aussi Phoebade, évêque d'Agen, auteur d'un livre peu original
contre les ariens, où il combattit la deuxième formule de Sirmium ;
Lucifer, évêque de Calaris (Cagliari), militant passionné, révolté
contre Constance et les ariens, qu'il attaqua dans des pamphlets très
véhéments (31).
En Orient, l'orthodoxie fut défendue
par Cyrille, évêque de Jérusalem, victime de la persécution arienne,
Épiphane, évêque de Constantia, en Chypre, auteur d'un grand ouvrage
contre les hérésies, Didyme l'Aveugle, professeur à l'École
catéchétique d'Alexandrie, et surtout les trois grands Cappadociens,
Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse, -
personnalités éminentes, dont l'activité littéraire et ecclésiastique
sera étudiée plus loin en détail.
Nommons enfin deux écrivains qui,
sans être entraînés dans le conflit, ont défendu l'orthodoxie :
Victorin l'Africain et Philastre de Brescia. Le premier (32),
rhéteur
romain., avait commencé par flageller le christianisme de sa
rude éloquence. Ému par la lecture des livres saints, qu'il avait
entreprise dans un but hostile, il devint catéchumène, et fit une
belle
profession de foi (33).
Philosophe, traducteur d'ouvrages d'Aristote et de
Porphyre,
il tenta d'utiliser la métaphysique de Plotin pour la défense de la
christologie nicéenne, et il écrivit plusieurs traités, dont un en
quatre livres contre Arius. Quant à Philastre, évêque de Brescia,
controversiste ardent, au dire de son biographe Gaudentius qui lui
succéda (34),
mais, d'après Augustin, d'un savoir médiocre, il écrivit, entre 385 et
391, un livre sur les hérésies (liber de Hoeresibus), compilation
artificielle, pleine d'emprunts au Syntagma d'Hippolyte et, sans doute
aussi, au grand traité d'Épiphane.
La paix fut de nouveau rompue en 357. Au deuxième (35)
synode de Sirmium, en Pannonie (357), les ariens stricts réussirent,
grâce à la faveur dont ils jouissaient auprès de Constance, à faire
voter une déclaration agnostique, dite « la deuxième de Sirinium »,
qui
écartait toute spéculation sur le mode de génération du Fils et se
bornait à affirmer sa subordination au Père. Hosius, plus que
centenaire, et Libère, impatient de rentrer à Rome, signèrent cette
formule (36),
mais les évêques latins, réunis à Agen, proclamèrent leur fidélité à
celle de Nicée. D'autre part, les semi-ariens, hostiles. aux vues,,
trop radicales pour eux, des ariens stricts, et mécontents de l'audace
de ce parti qui avait mis par ruse Eudoxe, un des siens, sur le siège
d'Antioche, firent condamner la deuxième formule de Sirmium, avec
celle
de l'homoousie orthodoxe, par un synode tenu à Ancyre (358).
Constance,
circonvenu par eux, bannit les chefs ariens stricts, en
particulier Eudoxe, mais Ursace et Valens, toujours influents,
obtinrent leur rappel et la convocation. d'une nouvelle assemblée,
chargée de délibérer sur une formule dite « la quatrième de Sirmium.»
(37),
qui avait été adoptée par un troisième synode tenu dans cette ville en
358. Elle proclamait que le terme de « substance », appliqué à Dieu,
devait être écarté comme n'étant pas scripturaire, et que « le Fils
est
semblable au Père en toutes choses, (cala panta) comme le disent les
Écritures ». Les ariens, redoutant une rencontre avec tous leurs
adversaires à la fois, obtinrent de Constance un synode dédoublé, l'un
à Rimini pour les Occidentaux, l'autre à Séleucie, en Isaurie (sud de
l'Asie-Mineure), pour les Orientaux.
Le synode de Rimini (359) fut
présidé par Restitutus, évêque orthodoxe de Carthage, et surveillé par
un officier impérial qui avait l'ordre de n'en autoriser la clôture
que
quand on se serait mis d'accord sur les questions discutées. Il
réunissait quatre cents évêques, dont quatre-vingts ariens. Il rejeta
«
la quatrième formule » de Sirmium, adhéra au symbole de Nicée et
excommunia Ursace et Valens, avec plusieurs de leurs partisans. Mais
un
groupe de la majorité, venu à Constantinople pour faire part de ces
décisions à Constance, dut signer à Nice (en Thrace) une formule
aggravant celle de Sirmium, en ce qu'elle repoussait, outre le terme
de
« substance », celui d'« hypostase à), et supprimait l'expression « en
toutes choses ». Elle fut signée aussi par presque tous les membres du
synode de Rimini.
Celui de Séleucie (359) comptait
cent-cinq semi-ariens, quarante ariens et dix orthodoxes, parmi
lesquels Hilaire de Poitiers, alors exilé en Phrygie. Un officier
impérial y assistait. Les séances furent tumultueuses.
La
majorité fut choquée par des citations d'Aétius et par une
déclaration d'Acace, de Césarée, sur le Fils « semblable au Père non
par l'essence mais par la volonté ». Les ariens stricts s'étant
retirés, elle excommunia leurs principaux chefs et adopta la deuxième
des quatre formules élaborées à Antioche en 341, qui reconnaissait les
trois personnes (le la Trinité. Mais Constance, _ circonvenu par les
ariens stricts, exigea, sous peine d'exil, la renonciation au terme
d'«
homoïousie », et le synode dut capituler. Cette victoire fut
consolidée
par celui de Constantinople (360). Il souscrivit à la formule signée à
Nice et à Rimini, et l'empereur la rendit obligatoire. Eudoxe, évêque
d'Antioche, fut nommé à Constantinople et Eunome à Cyzique. Encouragés
par le succès de leurs intrigues, les ariens stricts demandèrent à,
titi synode tenu à Antioche d'alléger la quatrième déclaration de
Sirmium. de l'expression « semblable au Père ». Battus, ils allaient
en
réunir un autre à Nicée, lorsque Constance mourut subitement (361).
Julien, qui lui succéda, rappela
tous les évêques exilés, dans le secret espoir que leurs discussions
affaibliraient l'Église. Tous les partis profitèrent de cette
tolérance
pour affirmer leur foi et excommunier leurs adversaires. Les évêques
latins, avec Hilaire de Poitiers, cassèrent, au synode de Paris (361),
les décisions de celui de Rimini. Athanase rentra triomphalement dans
sa ville devant une foule immense (21 février 362). Un synode qu'il
réunit à Alexandrie se mordra, sur ses conseils, indulgent pour les
évêques qui avaient signé les dernières formules. Il leur demanda
simplement d'adhérer au symbole de Nicée. Lucifer, de Cagliari, qui
revenait d'exil, trouvant ces conditions trop douces, se sépara de ses
collègues, et forma le parti des Lucifériens qui persévéra dans le
schisme jusqu'après sa mort (38).
Ce synode s'occupa
également, mais sans succès, de rétablir l'union dans le parti
orthodoxe d'Antioche (39). Il
délibéra aussi sur le dogme de
la Trinité. Il déclara que le Saint-Esprit est de la même substance
que
le Père et le Fils.
Soudain, en octobre 363, Athanase
fut banni par Julien, inquiet, semble-t-il, de ses efforts pour
reconstituer l'Église. Il gagna la Thébaïde, mais, l'année suivante,
le
successeur de Julien, Jovien, qui était orthodoxe, le rappela. Un
synode, tenu à Antioche en 364, adopta le symbole de Nicée, mais il
passa sous silence la divinité du Saint-Esprit.
La même année, Jovien fut remplacé,
comme on sait, en Occident, par l'orthodoxe Valentinien, et, en
Orient,
par l'arien Valens. Ce dernier, désireux de voir les semi-ariens
adhérer à l'arianisme strict, les réunit en synode à Lampsaque, sur
l'Hellespont (en Asie-Mineure), mais, irrité par leur résistance, il
envoya les principaux d'entre eux en exil. Les semi-ariens,
dissimulant
quelque peu leurs convictions, s'allièrent alors aux orthodoxes
d'Occident, qui les admirent dans leur communion, et ils convoquèrent
un synode à Tarse (367), pour s'unir aussi à. ceux d'Orient. Valens,
dans sa colère, bannit tous les évêques que Julien avait rappelés.
Athanase reprit, pour la cinquième fois, le chemin de l'exil, et il
resta caché pendant quatre mois, près d'Alexandrie, dans le tombeau de
son père, mais l'empereur, inquiet des séditions qui éclatèrent alors
dans la ville, l'y laissa rentrer (février 366). Le vaillant
patriarche, meurtri mais vainqueur, y demeura (40)
jusqu'à sa mort (2 mai 373). Son
éloge funèbre fut prononcé par Jean Chrysostome et Grégoire de
Nazianze, et sa mémoire resta vénérée dans l'Église.
Athanase a été avant tout un grand
caractère, rectiligne et rigide comme une arête de pyramide. « Il
exhortait, dit Épiphane, et si on lui résistait, il usait de force et
de violence ». Pourtant, sous cette énergie volontiers intransigeante,
souvent héroïque, transparaissait parfois un esprit conciliant. « Né
pour l'action et pour l'empire, dit Villemain, il est le maître de
ceux
dont la parole surpassera la sienne, et il inspire leur génie comme il
a fixé leur symbole ». Grande fut son action personnelle sur la
population mélangée et remuante d'Alexandrie, dont la brutalité devait
tuer Grégoire et plus tard, en 415, la belle et savante Hypatie. Mais
on doit regretter qu'il n'ait pas compris que la formule semi-arienne
exprimait mieux que la sienne la foi primitive de l'Église, et que la
vraie manière de servir le Christ était, non pas d'exagérer sa
divinité, mais de reproduire sa charité. Si c'est sur les ariens que
pèse la principale responsabilité des intrigues et des violences qui
ont déshonoré l'Église au IVe siècle, il faut reconnaître que la
dogmatique, l'intransigeance et la véhémence d'Athanase les ont
suscitées ou surexcitées.
Sa mort ne désarma pas le sectaire
Valens. Il fit chasser son successeur Pierre II, nommé par le clergé
et
les fidèles d'Alexandrie (41) et
le remplaça par l'arien Lucius.
Il déposa Grégoire de Nysse, il exila Mélèce d'Antioche, Cyrille de
Jérusalem et d'autres. Il ordonna d'enrôler dans ses armées les moines
du désert. Il fit incendier un navire qui portait quatre-vingts
délégués orthodoxes.
Pendant ce temps, la foi de Nicée
triomphait en Orient, avec Valentinien. Damase, qui avait succédé à
Libère, en 366, réunit à Rome deux synodes qui excommunièrent
Ursace,
Valens et Auxence de Milan. Une autre assemblée, tenue en
Illyrie, destitua six évêques ariens, adhéra au symbole nicéen et
plaça
le Saint-Esprit sur la même ligne que le Père et Fils.
Gratien, fils aîné de Valentinien,
devenu, en 3-18, à, la mort de Valens, le seul maître de l'Empire,
rappela tous les évêques bannis par son oncle et accorda la liberté
religieuse à toutes les tendances, à l'exception des ariens stricts et
des manichéens. Sous l'influence d'Ambroise, évêque de Milan, il fit
de
l'orthodoxie la seule forme légale du christianisme en Occident. En
380, Théodose, qu'il avait associé là l'Empire, prit les mêmes mesures
en Orient. L'année suivante, il prescrivit aux hérétiques de céder
leurs églises aux orthodoxes. Il appela Grégoire de Nazianze au siège
de Constantinople, et convoqua dans cette ville le quatrième concile
oecuménique (381), qui confirma l'autorité du credo de Nicée. Mais les
semi-ariens refusèrent leur adhésion et quittèrent l'assemblée. En
383,
un nouveau synode, convoqué par Théodose, à Constantinople, échoua
encore à assurer l'accord des partis. Les ariens furent persécutés et
privés de leurs droits de citoyen.
« L'arianisme, dit le professeur A.
Jundt, se releva une dernière fois, en Occident, après la mort de
Gratien. Pendant l'absence de l'usurpateur Maxime, Justine accorda, au
nom de son fils mineur (Valentinien, LI) la liberté religieuse aux
ariens et remit eu vigueur la formule de Rimini ; mais elle échoua,
devant la fermeté d'Ambroise, dans son dessein d'introduire. l'hérésie
dans l'Église de Milan. L'évêque et les fidèles préférèrent passer
trois jours et trois nuits dans la principale église de la ville,
plutôt que de la laisser envahir par les soldats de l'impératrice,
postés aux portes. L'arrivée de Maxime, qui était orthodoxe, et, la
fuite de Justine et de son fils, mirent fin à cette résurrection
éphémère de l'arianisme ». Il devait s'émietter peu après sous les
rigueurs d'Arcadius, qui allait aggraver les mesures sévères de
Théodose, et surtout par sa division en fractions rivales qui s'excommuniaient
à propos des plus
futiles discussions. Mais, s'il s'éteignit dans le monde gréco-romain,
il se ralluma, comme nous l'avons déjà indiqué, chez les peuples
barbares.
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