Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

Les Pères d'Orient et d'Occident au III e siècle

-------

Le Christianisme se répandit largement en Asie Orientale, au IIIe siècle, surtout sous l'influence d'Origène, venu se fixer à Césarée. Parmi les écrivains les plus en vue, nommons Jules surnommé l'Africain, esprit curieux et chrétien assez superstitieux et étrange, officier, architecte, historien et savant, avec une ingénuité qui fit de lui un adepte des sciences occultes, particularité qui n'a rien de surprenant à cette époque de grande fermentation intellectuelle, si bien dépeinte par Jean Réville. Né à Jérusalem vers l'an 175, il fit divers voyages et finit par s'établir à Nicopolis (l'ancien Emmaüs), où se trouvait une colonie de vétérans. Vers 222, ses concitoyens le chargèrent de demander à, Alexandre Sévère la restauration de leur ville. Pendant son séjour à Rome, il fonda pour l'empereur une bibliothèque au Panthéon. Il mourut à Nicopolis vers 240. Son ouvrage le plus important est une Chronologie, en cinq livres, largement utilisée par Hippolyte, Eusèbe, etc. (1). Partant de l'idée préconçue que la Bible donnait la chronologie exacte des grands événements, il notait, dans des tableaux synchroniques parallèles, les dates importantes de l'histoire profane et de l'histoire sacrée, depuis la Création jusqu'à l'année 221. Il divisait la durée totale du monde en six jours de mille ans chacun, et en plaçait la fin à près de trois siècles après lui. Il écrivit aussi les Cestes, ou Broderies (grec Kestoï), recueil varié de réflexions militaires, de préceptes agricoles, voire même de recettes magiques et aphrodisiaques... Il en reste d'assez nombreux fragments.

À cette époque vivait Alexandre, devenu vers 216, par l'insistance des chrétiens de Jérusalem, évêque de cette ville. On se rappelle l'appui qu'il accorda, tandis qu'il était évêque en Cappadoce, à Clément fuyant la persécution. Il soutint aussi Origène, lorsqu'il était en butte à l'hostilité de son évêque. Ancien élève de l'École d'Alexandrie, il avait gardé, en effet, une affection reconnaissante à ses maîtres, ses «pères à), comme il l'écrivait à Origène. Il fonda dans sa ville une bibliothèque, qui devait être fort utile à Eusèbe. Il mourut en 250, pendant la persécution de Décius.

Nommons après lui le prêtre Pamphile, doué d'éminentes qualités, au dire d'Eusèbe, son ami, qui a raconté sa vie. Il ouvrit à Césarée une École de science sacrée et enrichit la bibliothèque qu'Origène y avait créée. Il corrigea de nombreuses copies des livres saints d'après le texte établi par ce dernier. Il composa pour lui une Apologie (2), dans la prison où il devait périr au cours de la persécution de 309.

Plus intense encore qu'en Palestine fut l'activité des églises en Syrie, en particulier dans la métropole d'Antioche (3). Ses principaux évêques furent Sérapion, de 190 à 211, et surtout Paul de Samosate, de 260 à 272 (4), singulier personnage, aux moeurs assez suspectes, qui paradait avec une escorte, s'asseyait sur -un trône dans l'église et faisait chanter par des femmes des psaumes à sa louange. Son laisser-aller, ainsi que ses idées sur le Logos, dans lequel il voyait non une personne mais une propriété du Père, soulevèrent contre lui de vives oppositions. Un synode se réunit, mais l'accusé s'y défendit avec habileté, et il n'y eut pas de décision. À un second synode, tenu (d'après Bardy) en 268, l'évêque, soumis à un interrogatoire très serré de Malchion, dialecticien subtil qui dirigeait une École à Antioche, fut reconnu coupable et déposé. Il refusa de céder, et la majorité de ses paroissiens le soutint. Mais, en 271, Aurélien, passant à Antioche au retour de sa victoire sur les princes de Palmyre et prié d'intervenir, décida qu'on s'en remettrait au jugement des « évêques d'Italie et de Rome ». Paul de Samosate fut condamné par un concile, et l'autorité civile l'expulsa.

Il faut mentionner aussi le martyr Lucien, mis à mort en 312, inspirateur de l'École exégétique d'Antioche. Il fit une recension du texte sacré qui fut répandu, au IVe siècle, en Syrie, en Asie-Mineure et ailleurs.

En Cappadoce, Firmilien, élève d'Origène, évêque de Néo-Césarée à partir de 230 environ, exerça une grande influence. Dans le débat sur la validité du baptême conféré par les hérétiques, il s'y déclara hostile et se rangea énergiquement du côté de Cyprien contre Etienne, évêque de Rome, dont il blâma l'intransigeance (5). Il condamna les « innovations » de Paul de Samosate, mais, trompé par les promesses de l'accusé, il se prononça pour une solution pacifique. Désabusé, le noble évêque partit pour le second synode d'Antioche, mais il mourut avant la session.

Plus renommé fut Grégoire dit le Thaumaturge (6), de son vrai nom Théodore. Né d'une famille aisée de Néo-Césarée, il devint chrétien après la mort de son père, qui était païen, et prit le nom de Grégoire, cher aux fidèles. De passage à, Césarée, il entendit Origène, et il fut subjugué. Il resta, d'après son témoignage, huit ans auprès de lui, et, quand il partit, il prononça, devant une nombreuse assistance et en présence du maître lui-même, un Discours de remerciement à Origène (7). Il y raconte, avec un enthousiasme qui n'exclut pas la finesse un peu maniérée du style, mais qui, au jugement de Puech, annonce la grande éloquence chrétienne du IVe siècle, sa rencontre avec l'illustre docteur, qui « alluma une flamme au fond de son âme ». Il décrit cette ouverture d'esprit aussi large que son savoir, qui lui permit d'utiliser les sciences et la philosophie et d'éclaircir l'Écriture sainte. Il célèbre sa vie dominée par la vertu et sa ferveur communicative.

Peu de temps après, il fut nommé évêque de Néo-Césarée, en une région retirée et assez sauvage. En 250, lors de la persécution de Décius, on le voit se réfugier dans les montagnes avec une partie de ses fidèles. Vers l'an 254, il consacra tout son zèle à réparer les désastres causés à son pays par une invasion des Goths. Il écrivit, à cette occasion, une épître canonique à un évêque dont le nom est inconnu : il y condamne à la pénitence tous ceux qui avaient profité de la détresse générale pour s'enrichir. Il exerça une action profonde sur ses contemporains, à tel point que la légende s'empara de sa vie. On célébra son double rôle de missionnaire et de thaumaturge (8) Parmi les écrits authentiques ou non, qu'on lui a attribués, nous ne citerons que son Exposition de la Foi, dirigée, croit-on, contre l'hérésie sabellienne qui faisait évanouir dans l'unité divine la pluralité des personnes de la Trinité. Grégoire y proclame « un seul Dieu, père du Verbe vivant ; un seul Seigneur, Dieu issu de Dieu ; un seul Esprit saint, qui tient l'être de Dieu et a été révélé par le Fils,... Trinité parfaite ».

Un dernier nom à citer dans l'histoire de la chrétienté de l'Asie orientale, au IIIe siècle, est celui de Méthodius, évêque d'Olympe, en Lycie, au sud de la montagne qui a reçu ce nom (9). Sa vie est racontée, non pas dans doute par Eusèbe, qui n'a pas voulu le mentionner parce qu'il avait combattu Origène, mais par Jérôme, qui signale six de ses écrits et son martyre en Grèce (De Viris, 83).

Son ouvrage le plus célèbre - dont on a le texte grec intégral - est le dialogue intitulé Le Banquet des dix Vierges. Il y célèbre l'ascétisme en un style parfois animé, où l'on sent les procédés dramatiques de Platon, mais alourdi par de fastidieuses longueurs. Ce dialogue a été composé sous l'influence du Banquet du grand philosophe grec, dont les réminiscences y abondent, mais l'auteur a substitué à Éros une Vertu bien chrétienne, la Virginité, que dix jeunes filles exaltent tout à tour. Il suppose un repas, présidé par Arété (la Vertu), fille de Philosophie, au pied d'un arbre symbolique (l'agnus-castus), dans une sorte de paradis terrestre. Marcelle, la plus âgée. vante la virginité avec tant d'ardeur qu'elle semble condamner l'amour légitime, au point de provoquer une réplique de Théophile. Thalie, qui parle la troisième, concilie leurs thèses en s'inspirant d'Ephésiens V, où l'union mystique du Christ et de l'Église est proclamée. Six autres jeunes filles rendent ensuite leur témoignage enthousiaste à la chasteté. Arété donne la palme à Thécla (l'élève prétendue de saint Paul), qui chante les couplets successifs d'un cantique, dont le refrain est répété en choeur par ses compagnes.

Méthodius écrivit aussi un Traité du libre Arbitre (conservé dans un texte slave). C'est un intéressant dialogue, où un orthodoxe soutient, contre deux disciples de Valentin, que le mal est imputable, non à la matière, car ce serait ériger un second principe en face de Dieu, mais à l'homme qui a désobéi. Il faut signaler aussi son dialogue intitulé Aglaophon ou La Résurrection. Un médecin de ce nom, chez qui plusieurs amis sont réunis, rejette la thèse de la résurrection de la chair. Si le corps renaissait, dit-il, le péché renaîtrait avec lui, car c'est de la chair qu'il procède. D'ailleurs, le corps doit passer puisque, comme l'a montré Aristote, ses éléments se renouvellent sans cesse. Proclus, s'autorisant d'Origène, n'admet qu'un corps spirituel. Il déclare que, seule, la forme (grec : eidos) du corps physique peut ressusciter. Eubulius, interprète de l'auteur, affirme, au contraire, que la chair n'est pas mauvaise en soi, et, en des termes qui rappellent la Genèse ainsi que le Timée de Platon, il célèbre l'oeuvre du Créateur. Le mal vient de la volonté humaine, et la chair peut et doit ressusciter. Mémian, répondant lui aussi à Aglaophon, conteste sa théorie du flux perpétuel de la matière. Il lui oppose le fait de la croissance des arbres, et, en un poétique langage, il déclare que les corps des justes «braveront le feu des derniers jours, comme l'agnuscastus verdoie sans être éprouvé par le feu qui jaillit de la montagne d'Olympe ». Mémian reproche ensuite à Origène d'admettre la disparition, dans la vie future, de la « forme humaine, la plus charmante de toutes les formes attribuées aux êtres vivante 3) (10).

Signalons ici, en terminant, à cause de ses nombreux emprunts à Méthodius, le dialogue La Foi droite (Pèri tés eis Théon orthés Pistéôs) (11), antérieur à Rufin qui le traduisit en latin. Ce dialogue a été attribué à, Origène parce que le porte-parole de l'orthodoxie s'appelle Adamantius (de fer), surnom de l'illustre docteur, mais la faiblesse de sa pensée écarte cette hypothèse. Adamantius y discute avec deux Marcionites, puis avec trois disciples de Valentin, et il réfute leur dualisme en présence du païen Eutropius qui lui donne raison.




En Occident, le premier écrivain qui ait attiré les regards, après Tertullien, est Hippolyte, fondateur d'une église schismatique à Rome au début du IIIe siècle.

Sa vie, longtemps obscure, a été éclairée par la découverte que fit en 1842, au Mont Athos, Mynoïde Mynas, que M. Villemain avait envoyé en mission, d'un manuscrit (12) contenant le grand traité, Réfutation de toutes les Hérésies (13), où l'on s'accorde, en général, à voir son oeuvre (cf Appendice I). Avant cette date, que savait-on de lui ? Eusèbe lui attribuait les fonctions épiscopales, sans nommer la ville où il les avait remplies (H. E. VII, 20, 22). Le poète latin Prudence lui assignait comme siège le Portus romanus (Ostie), et disait qu'il avait soutenu à Rome la cause du rigorisme (Hymne XIe). D'après Jérôme, il prêcha une homélie devant Origène, venu à Rome (De Viris, 61). Une inscription en hexamètres latins, apposée, au IVe siècle, par le pape Damase, sur un mur de la crypte où Hippolyte avait été enseveli, le long de la voie Tiburtine, déclare qu'il fut prêtre et martyr. Le Liber pontificalis (14) raconte que la persécution de Maximin (235), qui visait les têtes de l'Église, amena sa déportation avec celle de l'évêque de Rome, Pontien, dans l'île insalubre de Sardaigne, et que leurs corps furent ramenés à Rome. Enfin, on a retrouvé une liste de ses ouvrages gravée à la base de sa statue, exhumée en 1551, sur le terrain de l'ancien cimetière de la voie Tiburtine et conservée au Musée de Latran.

On a pu compléter ces détails sommaires par des renseignements puisés dans le grand ouvrage d'Hippolyte contre les hérésies. Il nous apprend (L. IX) que son auteur était un schismatique, entré en conflit avec l'évêque de Rome, Zéphyrin et son successeur Calliste. Contre le premier (15), défenseur de la « monarchie » (unité de Dieu), il maintenait la divinité du Christ. Il le blâmait aussi de se laisser dominer par Calliste, qui, à l'en croire, n'était qu'un dangereux intrigant (IX, 1). En face de lui, il dressa sa propre église, qu'il présenta comme la seule fidèle tradition et dont il devint l'évêque. Lorsque Calliste remplaça Zéphyrin, Hippolyte lui reprocha d'absoudre les péchés d'idolâtrie, d'immoralité et même d'homicide et d'interdire la déposition des évêques en état de très grave péché (IX, 12). Mais, lors de la persécution de Maximin, il dut rentrer dans l'église régulière, puisqu'elle l'a regardé comme un de ses martyrs et l'a honoré comme tel.

Le nombre de ses ouvrages est assez considérable. La liste gravée sur son monument doit être complétée par les catalogues d'Eusèbe et de Jérôme. D'après l'abbé d'Alès, le chiffre réel s'élève à quarante-deux (16).

Les plus célèbres sont ses deux traités contre les hérésies. Le premier, le Syntagma, a été perdu, mais, comme nous l'avons déjà noté (p. 18), il a été en partie reconstitué, Le second, Réfutation (Elenkos) de toutes les Hérésies, retrouvé en 1842, se compose de, dix livres, dont le deuxième et le troisième manquent dans le manuscrit du Mont Athos. On lui a donné le nom de Philosophoumena, titre arbitraire qui ne s'applique qu'au livre I, exposé assez superficiel des idées philosophiques grecques (17).

Après avoir traité de la religion des mystères (ta mystica), dans les livres Il et III, Hippolyte critique (L. IV) les théories courantes sur les « astres » et les « grandeurs » (mathématiques). Examen partial, car il voyait avec irritation dans ces systèmes et ces superstitions la source de toutes les hérésies. Il y poussait l'outrance jusqu'à railler des savants tels qu'Archimède et Ptolémée. Dans les livres V-IX, il étudie sans beaucoup d'ordre les nombreuses hérésies, en particulier celles de Justin, Simon le Magicien, Valentin, Basilide, Marcion, Cérinthe, celles des Ébionites, (les Docètes, des Montanistes, de Sabellius dont il raconte les démêlés avec Zéphyrin et Calliste. Le livre X précise la vraie foi et lance un vibrant appel à tous les hommes de bonne volonté.

Ce traité est postérieur à la mort de Calliste (222 environ). L'exposition en est claire, la langue ni incorrecte ni choisie, le style simple non sans artifices de sophistique. Sa classification des hérésies n'est guère rationnelle. Ses sources sont assez sérieuses. Parfois il suit Irénée, qu'il complète à l'occasion. Les documents qu'il utilise, au livre Ve, sur diverses sectes, ne sont pas l'oeuvre d'un faussaire, comme le pensaient Salmon et Staehelin; d'après de savants critiques (Bousset, E. de Faye), ils sont authentiques et méritent quelque confiance (18). Quant aux renseignements sur Zéphyrin et Calliste, malgré l'exagération probable des critiques, ils jettent une précieuse lumière sur une importante période de l'histoire de la papauté.

On doit aussi à Hippolyte des ouvrages d'exégèse, de forme homilétique, en particulier des commentaires sur le Cantique des Cantiques et sur Daniel. Dans le premier (19), il se livre comme Origène, mais avec beaucoup moins de savoir et de pénétration, à l'interprétation allégorique qui cherchait à voir le Christ préfiguré dans l'Ancien Testament. À ses yeux, c'est lui qui est le fiancé ; les bonds de ce dernier sur la montagne figurent les grands actes de sa vie. Dans la fiancée il voit la synagogue, d'où sortira l'église. Son commentaire sur Daniel (20), pour réconforter les fidèles éprouvés ou menacés (21), annonce le retour du Christ, dont il finit par fixer la date à l'an 500 après sa naissance.

Hippolyte s'est occupé aussi de chronologie. Il écrivit un livre de Chroniques, compilation sans critique, d'après l'Ancien Testament et les chronographies antérieures (22). Il y indique l'âge des patriarches, la répartition géographique des fils de Noé, et la succession des empires jusqu'à la dernière année du règne de Septime Sévère (234-235), date où Il fut déporté en Sardaigne (23).
Ses principaux ouvrages de dogmatique sont le traité sur la Résurrection (il n'en reste que de courts fragments) ; celui sur l'Antichrist (conservé), où il fait des peintures catastrophiques, d'où le règne de mille ans est d'ailleurs absent ; celui sur l'Univers, en deux livres (fragments), où il décrit l'enfer et le paradis et annonce la résurrection des corps. Sa dogmatique proclamait la doctrine du Verbe, qu'il subordonnait, d'ailleurs, au Père.

La tendance schismatique à Rome, enrayée par la résipiscence d'Hippolyte, devait se raviver, au milieu du IIIe siècle, avec Novatien.

Ce prêtre, intelligent et ambitieux, protégé par l'évêque Fabien, jouissait à Rome, d'une autorité considérable. À la mort de ce dernier, il écrivit, au nom de l'église, deux lettres importantes au sujet des renégats (Iapsi). La première, en réponse à une communication de Cyprien et en accord avec ses vues, préconise une sévère discipline à leur égard. La seconde, motivée par une nouvelle lettre de l'évêque de Carthage, le loue de sa fermeté à, l'égard de quelques lapsi qui refusaient de se soumettre à la pénitence. Quand le clergé et les fidèles de Rome appelèrent Corneille à l'épiscopat, en mars 251, Novatien, cruellement déçu, se fit sacrer par trois évêques de la campagne et fonda une église schismatique. Sur ces rivalités se greffèrent des divergences de vues au sujet de la question des apostats. Le pseudo-évêque déniait à l'Église le droit de leur pardonner, pour le réserver à Dieu seul. Mais son parti n'était pas assez puissant. Excommunié à Rome, comme à Carthage, il se dispersa jusqu'en Espagne et en Syrie, et il fut assez vivace pour subsister jusqu'au Ve siècle, en Orient.

Des divers ouvrages que lui attribue Jérôme (De Viris, 70), il ne nous reste que deux traités, sur la Trinité et les Aliments juifs.

Le De Trinitate (24), premier ouvrage théologique écrit en latin à Rome, avant l'an 250, expose avec une logique ferme et en un style précis une doctrine suivie, voisine de celle de Tertullien, sur Dieu le Père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit, et la façon de concilier la divinité du Fils avec l'unité divine. Le De Cibis judaïcis (25) est une lettre pastorale, ingénieuse et agréable, adressée par Novatien à ses fidèles sur le sens à donner à la distinction établie par le Lévitique entre les animaux purs et impurs. Désireux de lui ôter son étrangeté, il lui assigne une interprétation allégorique, qui devait être amplement reprise au Moyen-Age (26). Il y voit un moyen employé par Dieu pour détourner des vices représentés par le porc, la fouine et autres bêtes « impures », et pour inspirer le goût des vertus symbolisées par les ruminants, les poissons et autres bêtes réputées « pures ». Il faut noter, dit de Labriolle, le spiritualisme et la largeur de cette réglementation.

.
(1) Reconstituée, d'après les fragments, par Gelzer, dans son Sextus Julius Africanus, Leipzig 1880-1898. 
.
(2) En cinq livres, auxquels Eusèbe ajouta un sixième. Le premier s'est conservé (trad. Rufin). 
.
(3) Cf Bouchier, A short history of Antioch, Oxford 1921.
.
(4) Bardy, Paul de Samosate, Bruges 1923 ; Loofs, Paulus von Samosata, Leipzig 1924.
.
(5) Lettre conservée (en latin) dans la correspondance de Cyprien. 
.
(6) Sources : Eusèbe, VI. 30 - VIl. 28 ; Jérôme, De Viris, 65: panégyrique de Grégoire par Grégoire de Nysse. Voir Puech, Il. p. 490-510.  
.
(7) Il a été conservé par Pamphile et Eusèbe dans leur Apologie pour Origène. Édition Koetschau, Fribourg 1894. 
.
(8) Basile et Rufin prétendent qu'il dessécha un étang, parce que ses poissons étaient la cause d'une sanglante rivalité entre deux frères. 
.
(9) Cf Bonwetsch Methodius von Olympus éd nouvelle, Leipzig 1917 ; Puech, Littér. grecque, II, p. 511-536. 
.
(10) Parmi les ouvrages perdus de Méthodius, il faut indiquer son traité Contre Porphyre, disciple de Plotin, qui avait attaqué le Christianisme et le Judaïsme dans un écrit en quinze livres. Dans les fragments qui restent, on constate que Méthodius défendait l'Incarnation et en exaltait les bienfaits. 
.
(11) Édition van de Sande Bakhuysen, Leipzig 1901. 
.
(12) Le premier livre (sur les opinions des Philosophes), était déjà connu. 
.
(13) Éditée par Miller, Oxford 1851.
.
(14) On appelle ainsi une série de notices sur les papes, commencée par un clerc romain vers 497 et achevée vers 530.
.
(15) Abbé d'Alès. La Théologie de saint Hippolyte, Paris 1906. 
.
(16) Plusieurs ont été conservés dans le texte grec, d'autres dans des traductions slaves, d'autres ne sont connus que par des fragments.
.
(17) Édition Wendland, Leipzig 1916 (Gr. Chr. Schriftsteller). 
.
(18) Cf E. de Faye, Introd. à L'étude du Gn., p. 24-32 et 62-72. 
.
(19) Conservé dans une traduction géorgienne. Édition Marr (russe, avec trad. all.), Saint-Pétersbourg 1901. 
.
(20) Conservé, une partie en grec, une partie en slave. Édition Bonwetsch, Gr. Chr. Schriftsteller, Leipzig 1897. 
.
(21) D'après d'Alès, ce doit être de peu postérieur au rescrit de Septime Sévère contre la propagande des Juifs et celle des chrétiens. 
.
(22) Connu par une version arménienne. Une partie du texte grec a été retrouvée dans un ms de Madrid. 
.
(23) On lui doit aussi une Démonstration des temps de la Pâque, où il soutenait que la fête revient à la même date tous les seize ans. Il fallut corriger son comput (cycle) erroné, et plus tard l'abandonner. La seconde partie de cet écrit se composait de tables ou « canons » présentant les résultats de ses calculs. On en a trouvé des fragments au pied de sa statue. 
.
(24) Édité par Yorke Fausset. Cambridge 1909. 
.
(25) Longtemps attribué à Tertullien, il a été restitué à Novatien par Jacques de Pamèle, en 1579. Le meilleur texte est celui qui appartient au célèbre ms découvert en 1893 à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg
.
(26) Cf Taylor, The Médiaeval Mind. 2e éd. 1914, T. II, p. 67 -130.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant