GUERRE DES JUIFS

 Flavius Josèphe

 SOURCE: site de textes latins et grecs de Philippe Remacle
texte numérisé et mis en page par François-Dominique FOURNIER
(Mise en page pour "Regard": Jean-Michel Ravé)


 LIVRE VI

Depuis l'achèvement des travaux romains jusqu'à la prise de la ville.

X Coup d'oeil sur le passé de Jérusalem.

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1. C'est ainsi que fut prise Jérusalem, la deuxième année du principat de Vespasien, le huit du mois de Gorpiée[57]. Prise cinq fois auparavant, elle était pour la seconde fois dévastée. Car le roi d'Egypte Azochée, après lui Antiochos[58], ensuite Pompée[59], enfin Sossius avec Hérode[60] s'emparèrent de la ville et la laissèrent intacte. Le roi de Babylone qui les précéda, dès qu'il fut maître de Jérusalem, la dévasta, quatorze cent-soixante-huit ans et six mois après sa fondation[61]. Son premier fondateur fut un chef de Chananéens qui, dans notre langue maternelle, porte le nom de « roi juste » ; tel il fut en effet[62]. Aussi fut-il le premier qui sacrifia à Dieu, en qualité de prêtre, le premier aussi qui construisit le sanctuaire et appela Jérusalem la cité nommée jusque-là Solyme[63]. David, roi des Juifs, en chassa le peuple des Chananéens pour y établir le sien ; quatre cent-soixante-dix-sept ans et six mois après lui, les Babyloniens détruisirent la ville. Depuis le roi David qui, le premier des Juifs, régna sur elle, jusqu'à sa destruction par Titus, Il s'écoula onze cent-soixante-dix-neuf ans ; depuis sa fondation jusqu'à sa dernière catastrophe, deux mille cent-soixante-dix-sept ans. On voit que ni son antiquité, ni sa grande richesse, ni la diffusion de son peuple dans le monde entier, ni la réputation partout acceptée de son culte ne la préservèrent de la ruine. Telle fut donc l'issue du siège de Jérusalem.

Table des matières

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[57] 26 septembre 70.
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[58] Le Shishak de l'Écriture, vers 969 av. J.-C. ; Antiochos Epiphane, vers 170 av. J.-C.
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[59] 83 av. J.-C.
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[60] 37 av. J.-C.
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[61] Nabuchodonosor, en 587 av. J.-C.
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[62] Il s'agit de Malchi-zédek, roi de Salem (Genèse, XIV, 18).
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[63] Josèphe a tout l'air d'admettre l'étymologie populaire : Sainte Solyme, qui est reconnue erronée. Cf. Ant., I, 180.