Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



PREMIERE PARTIE

A CARTHAGE,
AUX LIONS
LES CHRÉTIENS

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Le procès

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Les jours s'écoulent, monotones, dans l'attente de la maigre pitance distribuée par le geôlier, et des visites, celles des diacres et de leur parenté. Perpetua est privée de son enfant ; elle en souffre. Un jour, le geôlier lui annonce la visite de son père. Elle est folle de joie quand elle le voit, car il lui apporte son fils à qui elle donne immédiatement la tétée, tellement il a faim..
Mais le père est venu dans l'espoir de toucher le coeur de sa fille. Il la supplie : « Ma fille, aie pitié de mes cheveux blancs ! Aie pitié de ton père qui t'a élevée jusqu'à la fleur de l'âge, toi, son enfant préférée ! Tu veux donc me faire honte devant les hommes ? Songe à ta mère et à tes frères. Pense à ton enfant qui mourra sans toi. ».
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La scène est atroce. Le père pleure et l'embrasse. Mais Perpetua reste inébranlable. Elle ne veut pas renier sa foi. Au milieu de tant de tristesse, elle éprouve tout de même une grande satisfaction, elle peut garder son enfant auprès d'elle. Le directeur de la prison lui en a donné l'autorisation. «La prison devint tout à coup pour moi comme un palais, dira-t-elle plus tard, et je m'y trouvai mieux que partout ailleurs. ».
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Un jour, une nouvelle circule dans la prison: le Proconsul Minucius Timinianus est mort ! Il y a une grande animation autour du palais. on entend les cris des pleureuses et le bruit des chars qui déposent, sans ménagement, les amis et les clients du défunt. Dans huit jours auront lieu les funérailles. Les parents, au dire du geôlier, sont déjà à l'intérieur et défilent devant le catafalque..
Ce décès inattendu va retarder le procès que Minucius était chargé d'instruire. Quelques semaines plus tard, les prisonniers apprennent qu'un gouverneur a été nommé à titre provisoire, un certain Hilarianus, qui a la charge de continuer les poursuites..
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Un beau matin, le geôlier, accompagné de soldats, ouvre les portes des deux cachots et invite les détenus à le suivre. Il s'agit enfin du procès ! Les six prévenus sont introduits dans la salle du tribunal. Perpetua n'a plus son enfant ; entre-temps, son père est venu le chercher. Le gouverneur par intérim occupe le siège présidentiel. C'est la première fois qu'Hilarianus remplit la fonction de juge. Il le fait avec dignité. Après les formalités d'usage, en quelques paroles empreintes à la fois de modération et de fermeté, comme il convient à un haut magistrat, il précise les termes de l'accusation et constate que les prévenus sont restés obstinés dans la profession de leur foi chrétienne. Malgré cela il les exhorte encore, avec une certaine bienveillance, au nom de la loi et de l'obéissance due à l'Empereur, à renier le christianisme. « Oui, leur dit-il, cessez de vous opposer à la volonté de l'Empereur. ».
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Saturus prend alors la parole : « Nous n'avons jamais rien dit de mal au sujet de notre Empereur. Nous voulons toujours l'honorer, mais non l'adorer. ».
- Nous jurons par le génie du Seigneur notre Empereur, rétorque Hilarianus. Nous prions pour son salut. Vous aussi vous devez le faire..
- Écoute-moi, je t'en prie, dit Saturus, je vais t'exposer notre foi..
- Tais-toi, Saturus, tu vas attaquer notre religion, jure plutôt par le génie du Seigneur notre Empereur..
- Moi je ne connais pas l'empire de ce monde, ô Hilarianus. Mais plutôt je sers ce Dieu qu'aucun homme n'a vu ni ne peut voir avec ses yeux. je n'ai point commis de vol. Si j'achète quelque chose, je paie l'impôt comme tout le monde, car je connais mon Seigneur, le Roi des rois, l'Empereur de toutes les nations. il m'ordonne de faire le bien et de me détourner du mal..
- Abandonnez cette croyance, dit Hilarianus, en s'adressant aux autres..
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Perpetua se lève et veut aussi témoigner. Mais sa vue se trouble. Elle voit son père qui surgit de la foule tenant son enfant dans ses bras. Il lui crie d'une voix suppliante : « Pitié pour ton enfant ! » Le magistrat insiste : «Allons, épargne une telle douleur à ton vieux père ! Aie pitié de l'âge de ton enfant. ».
Perpetua répond : «Je suis chrétienne. » Son vieux père se traîne sur le sol, s'arrache la barbe, articule des paroles à émouvoir n'importe quelle créature. Sa fille éclate en larmes et ne sait plus quoi dire. Pour mettre fin à cette scène déchirante, Hilarianus ordonne aux huissiers d'écarter le vieillard qui, en se débattant, reçoit un coup de bâton de l'un d'eux. « Je souffrais, dira plus tard Perpetua, comme si j'avais été frappée moi-même, je souffrais pour sa vieillesse malheureuse. ».
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Un nouvel incident vient troubler l'audience. À peine le père de Perpetua est-il sorti avec l'enfant, que Félicitas, l'autre jeune femme du groupe, se met à gémir. Entrée enceinte en prison, elle s'afflige depuis un certain temps, car elle se demande quand elle va accoucher. Aux termes de la loi romaine, son exécution ne peut pas avoir lieu tant qu'elle n'est pas délivrée. Elle craint de n'être pas mise à mort en même temps que ses compagnons et de devoir paraître seule dans l'arène. Elle a longuement prié dans le cachot pour qu'elle puisse soutenir le combat avec Perpetua et ses frères en la foi jusqu'au bout. Et voilà que Dieu l'exauce : elle ressent les premières douleurs de l'enfantement, ce qui lui arrache des cris..
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Comme elle se roule par terre, un huissier va la relever et lui dit : « Mais qu'est-ce que ça sera, quand tu te verras sous la dent des fauves ? » L'esclave trouve dans son âme de chrétienne cette réponse : « Ici, je suis seule à souffrir, mais à l'amphithéâtre quelqu'un sera à mes côtés pour souffrir avec moi, puisque c'est pour lui que je souffrirai. ».
Hilarianus en a visiblement assez, car il n'arrivera pas à ébranler les convictions de ces récalcitrants si bien préparés à la mort. En dernier ressort, il se tourne vers ceux qui n'ont encore rien dit. Les réponses sont les mêmes..
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Saturninus fait d'une voix grave cette déclaration : «Nous honorons César en tant que César, mais nous ne craignons que Dieu. » Secundulus se borne à affirmer : «Je suis chrétien. » Et Revocatus dit à son tour : «Je le suis et je veux le rester. ».
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De guerre lasse, mais sans pourtant se départir de son calme, le magistrat les met pour la dernière fois en demeure de se rétracter. Il leur propose même le fameux sursis de trente jours qu'ils refusent catégoriquement..
Alors Hilarianus se résigne à rédiger sa sentence : «Saturus, Secundulus, Revocatus, Saturninus, Perpetua et Felicitas ont confessé qu'ils étaient chrétiens. Attendu qu'on leur a offert de revenir à la religion des Romains et qu'ils ont refusé avec obstination, nous les condamnons à mort. Ils seront livrés aux bêtes fauves.».
Le héraut, comme c'est la coutume, proclame à haute voix le verdict, et Saturus, élevant les mains vers le ciel, se borne à dire : « Nous rendons grâces à Dieu. ».
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L'audience est suspendue. Les condamnés sont immédiatement transférés dans des cachots proches de l'amphithéâtre où ils périront en martyrs, c'est-à-dire en témoins de Jésus-Christ, fidèles jusqu'à la mort.

Lampe chrétienne avec le monogramme du Christ, provenant de Carthage.

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