Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VI

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En croyant devoir faire à ses convictions, tant théologiques qu'ecclésiastiques, le sacrifice de sa situation de professeur à l'académie, Vinet n'entendait point pour cela se parquer dans une petite chapelle dissidente. Ce qu'il voulait, ce à quoi il travaillait de toutes ses forces, c'était la liberté de l'Eglise. Une association s'était formée dans le canton de Vaud pour propager les conclusions de son Essai sur la Manifestation des Convictions religieuses, c'est-à-dire ses idées sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat ; mais il préférait ne pas s'associer directement à ses travaux. Il redoutait la pression du nombre ; il avait peur, pour lui aussi bien que pour les autres, de l'influence qu'une assemblée exerce par son propre poids, disait-il, sur ceux qui en font partie.

« Je travaillerai jusqu'à nouvel ordre, j'entends jusqu'à nouvel ordre de Dieu, à part et seul, » avait-il déclaré dans une des séances de cette association. Et il continuait à mener, avec plus de suite et d'ardeur que jamais, son labeur de pensée, de parole et de plume.

Nous voulons, écrit-il à son ami Lutteroth, concourir dans notre faiblesse au triomphe, c'est-à-dire à l'établissement d'une vérité chrétienne dans la société ; nous voulons affranchir les âmes de l'influence qu'exerce sur elles, à leur grand détriment, l'union de l'Eglise avec l'Etat, ou l'immixtion réciproque de l'Eglise comme Eglise dans les affaires de l'Etat, et de l'Etat comme Etat dans les affaires de l'Eglise. S'il ne s'agissait que de témoigner de notre attachement personnel à notre principe, nous pourrions nous contenter de nous séparer en motivant notre séparation, en sorte que l'on comprit bien que c'est de l'établissement politique ou de l'Etat que nous nous séparons comme chrétiens ; mais quand tous ceux que presse ce besoin et que détermine ce principe se seront séparés, l'Eglise (dans un sens) sera toujours unie à l'Etat ou, si vous voulez, l'Etat aura toujours sa tutelle, en enlevant une multitude d'âmes à leur vrai tuteur et à elles-mêmes. Aurons-nous alors atteint notre but ? Aurons-nous fait triompher le principe ? Serait-ce assez pour un planteur chrétien d'avoir affranchi ses esclaves et peut-être d'avoir persuadé à ses voisins d'en faire autant ? C'est d'une mesure générale, c'est de la consécration d'un principe qu'il s'agit pour lui et qu'il s'agit pour nous... On nous dit : « Quand est-ce que l'Etat proclamera vos principes ? ou quand est-ce qu'une Eglise nationale décidera de ne plus l'être ? Je n'en sais rien. Mais nous en avons vu bien d'autres, et c'est dans ce sens que je crois qu'il faut travailler. Or ceux que nous appelons les dissidents, gens sortis du monde (1 Cor. V, 10) ne peuvent ni ne veulent travailler dans ce sens-là. Il n'y a dans ce sens rien à entreprendre avec eux (1).

Cependant le Conseil d'Etat, tout en acceptant la démission de Vinet comme professeur de théologie, l'avait prié, vu l'agitation politique qui travaillait le pays, de rester en fonctions quelque temps encore, Bientôt après, en février 1845, éclatait la révolution que cette agitation faisait prévoir. On sait que l'occasion, ou plutôt le prétexte, en fut la crise fédérale qui devait aboutir à la guerre du Sonderbund, à la suite de la décision prise par le canton de Lucerne de réintégrer l'ordre des jésuites. Mais la question des jésuites réglée, l'agitation, bien loin de se calmer dans le canton de Vaud, redoubla. On ne criait plus : A bas les jésuites ! On criait : A bas les méthodistes ! Or, dans l'esprit populaire ou populacier, le mot méthodiste se confondait avec celui d'aristocrate.

Depuis quelques années,' le radicalisme avait fait de grands progrès dans le pays. Nous avons vu que dès le jour de son installation à l'académie, Vinet avait eu le pressentiment de ce qui se préparait contre la cause de la vraie liberté ; son esprit, sinon son oreille, avait entendu ce mot de « mômier » chuchoté dans son auditoire. Dès lors le parti radical ne s'était pas fait faute d'exploiter les préjugés, l'envie, la haine sourde qui couvaient dans une fraction du peuple, et avaient déjà, vingt ans auparavant, déchiré le pays, en donnant naissance à la loi du 20 mai 1824.

En somme, ce qu'il fallait aux mauvais bergers de ce peuple débonnaire et paisible, mais peu éclairé, c'était la destruction de la liberté religieuse et de la culture désintéressée, odieuses l'une et l'autre aux appétits égalitaires. Le bon plaisir des masses, voilà où aboutissait la prétendue liberté qu'on avait instituée. « Le peuple veut, devait dire Vinet, est un argument qui paraît sans réplique. Ces trois mots résument le droit, la politique et bientôt la morale de l'immense majorité. »

Je chercherais en vain à vous faire concevoir jusqu'où la nation est descendue dans le choix de ses représentants et par quels hommes nous sommes gouvernés, dit-il à Lutteroth au début de la crise. On ne peut rien écrire, on ose à peine parler. Si les hommes sont conséquents (mais qui peut l'être tout à fait ?) ils supprimeront l'académie...

Il est à remarquer, continue-t-il, que le mot d'ordre de cette révolution faite par les masses et dans leur sens, est celui-ci : Haine à la liberté religieuse et haine à l'instruction supérieure ! Bien n'est plus évident, rien n'est moins contesté. Quand j'écrivais il y a dix ou douze ans dans Le Semeur: « Les barbares viennent non du Nord, mais de dessous nos pieds », je ne pensais pas au canton de Vaud. Je désire que les publicistes des grands peuples examinent avec soin la tempête de notre verre d'eau, Ils y verront leur avenir probablement.

Quelques jours plus tard il reprend la conversation

La haine pour les manifestations religieuses est presque générale... L'académie est fort menacée. Elle est coupable de pédantisme. Vous ne comprenez pas? Pédantisme, dans l'argot du jour et du lieu, signifie moralité scrupuleuse, respect des principes et de soi-même. Je vous l'affirme. Toutes les révolutions, jusqu'ici, s'étaient targuées d'un principe. Ici, point. Je n'ai entendu alléguer que la volonté du peuple. On ne sort pas de là. Sic volo, sic jubeo, sil pro ratione volunlas. II y a eu des révolutions beaucoup plus horribles ; de plus bête, aucune. Que dis-je, plus bête ! N'a-t-elle pas ce qu'elle veut, et n'a-t-elle pas voulu ce qu'elle a ? - Humilier quiconque vaut mieux, sait davantage et possède. (2)

Vinet, on le pense bien, ne se borne pas à écrire des lettres. A huit jours d'intervalle, il prononce dans le temple de Saint-François deux de ses plus admirables discours, intitulés Les complices de la Crucifixion (3). « Je n'oublierai jamais l'impression profonde qu'il produisit sur son auditoire, dit un de ceux qui l'ont entendu. Il le convia tout entier à la repentance, enveloppant tous ses concitoyens, à commencer par ses frères en la foi, dans la solidarité du péché de son peuple. » (4)

L'iniquité déborde dans ce pays, écrit Vinet quelques jours plus tard. Tous les lieux de réunion religieuse sont fermés. Il faut que la douceur des chrétiens, non moins que leur force soit « connue de tout le monde. « Quoique je trouve dans mon coeur peu de l'une et de l'autre, j'ai recommandé l'une et l'autre dans les deux sermons que j'ai prêchés à Lausanne... (4)

Cependant un nouveau Grand Conseil avait été élu à la place de celui qui, capitulant devant l'émeute, avait démissionné en masse plutôt que de s'exposer au risque de faire couler le sang. Cette nouvelle assemblée avait les pouvoirs d'une Constituante. Issue qu'elle était du mouvement révolutionnaire, on ne pouvait guère s'attendre à la voir sanctionner la liberté des cultes. Vinet, néanmoins, tente dans ce sens un dernier effort, et public une courte brochure réclamant que la liberté religieuse soit mentionnée dans la constitution, car, vu les circonstances, la passer sous silence serait la nier. Ou alors qu'on la nie expressément si on ne veut pas l'admettre: « Les hommes qui parmi nous sont opposés par principe au libre exercice des cultes non-officiels doivent les réprimer par la loi et non par l'émeute, dit-il. En supposant que l'oppression de ces cultes soit justice, il n'appartient pas aux particuliers, dans un Etat bien organisé, de se faire justice à eux-mêmes. »

Argument irréfutable que l'on ne prit en effet pas la peine de réfuter. Mais bien loin d'inscrire dans la constitution la liberté des cultes, le Grand Conseil chargea le Conseil d'Etat d'élaborer une loi interdisant aux ministres du culte toute assemblée religieuse en dehors des temples et des heures réglementaires.

En présence d'une telle situation, Vinet, ne croyant plus pouvoir conserver ses fonctions de professeur, même à titre temporaire, renouvela sa démission.

Quant à ma démarche, elle s'expliquera plus tard et se justifiera à vos yeux, dit-il dans une lettre adressée à ses étudiants. J'ai besoin de l'espérer, parce que c'est par vous surtout que j'ai besoin d'être bien jugé. Qu'il me suffise aujourd'hui de vous dire que j'ai cru avoir un témoignage à rendre, non pas à un système, comme ou le dira peut-être, mais à un principe qui est en dehors de tous les systèmes, celui de la liberté religieuse en général, et de la sainte et inviolable liberté du ministère évangélique en particulier ; en sorte que jamais je ne fus plus attaché à l'Eglise de notre pays, aux troupeaux dont elle se compose, qu'au moment où je cesse tout à fait d'être un de ses fonctionnaires pour être uniquement un de ses membres (5).

Cependant le gouvernement vaudois, ayant à sa tête M. Druey, qui, tout respectueux qu'il fût des instincts démagogiques du peuple, avait pour son compte de la culture, et comprenait fort bien le préjudice que porterait à l'académie le départ d'un professeur de « réputation européenne », selon ses propres expressions, offrit à Vinet la chaire de littérature française devenue vacante par le départ de M. Monnard. Vinet, qui était sur le point de postuler la place de professeur de français au collège, accepta sans hésiter, et commença tout de suite son cours, qui avait pour objet l'histoire de la littérature française. Il fait en même temps un cours de rhétorique aux classes supérieures du gymnase. Membre, puis président du comité de direction d'une institution privée, l'école supérieure des jeunes filles, il tient à y enseigner lui-même, et inaugure pour la jeunesse féminine des méthodes nouvelles, visant surtout à ouvrir et à former l'esprit. Bientôt il avait la joie de trouver là un emploi pour sa soeur, qui regagna Lausanne à tire d'ailes, heureuse de se remettre à l'abri du toit fraternel.

En descendant de sa chaire de théologie, Vinet entend ne pas priver tout à fait ses étudiants d'un enseignement qui était pour eux la plus abondante des sources de vie chrétienne. Il est toujours prêt à causer individuellement, dans l'intimité de son cabinet, avec ceux qui le désirent ; il les réunit chez lui, une fois par semaine, pour des exercices pratiques. Néanmoins que de regrets pour ces jeunes gens et pour de nombreux professeurs ou étrangers en séjour à Lausanne, de voir le maître de la pensée chrétienne forcé d'interrompre son cours sur la Philosophie pratique du christianisme, où on comptait l'entendre formuler ses idées religieuses d'une manière systématique et définitive ! « C'est une espèce de génie du « christianisme), qu'il tente dans le plein sens du mot, et non une poétique, comme Chateaubriand : il sera forcé de nous donner son mot final ; pas d'issue pour échapper », avait dit un des plus fidèles et des plus brillants parmi ses jeunes disciples, Edmond de Pressensé. Sans doute, on espère qu'il donnera au public ce cours sous une autre forme, sous la forme d'un livre ; il y songe, si l'on en croit certains propos tenus à des amis : « J'ai, en fait de pages à écrire, pour plusieurs années de travail, si Dieu me les donne », » a-t-il dit récemment à Louis Burnier. Mais quoi ! un volume donnera sa pensée, non pas son émotion, non pas cette vibration de l'accent, cette flamme des yeux, ou bien, au contraire, ce regard voilé, intérieur, fixé sur les immortelles réalités invisibles... A certains moments, toutes les plumes s'arrêtaient d'écrire, toutes les têtes se relevaient, tous les yeux se rivaient sur les lèvres frémissantes qui laissaient tomber, après l'enchaînement des idées neuves, hardies, des paroles comme celles-ci :

Quelle explication, quel point de vue particulier peut ajouter rien d'essentiel à cette pensée: D'eu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils au monde; et celui qui la reçoit pieusement ne croit-il pas tout ce qu'il faut croire ? Quels raisonnements peuvent valoir cette parole, peuvent ajouter quelque chose à cette parole : Dieu avec nous, Emmanuel ! 0 mon Dieu ! si j'ai su, si j'ai dit quelque chose de la parfaite convenance de ton oeuvre avec nos besoins, si j'ai parlé de l'évidence interne de la grande vérité qu'annonce ton Evangile, permets-moi de l'oublier un moment, de savourer un moment dans toute leur simplicité les impressions de la vérité; de ressentir en 'face de ce grand mystère les émotions d'un enfant; d'avoir au pied (le la croix les pensées d'un enfant; de sentir, d'aimer, de bénir, après avoir tant raisonné. (6)

Ce cours extraordinaire, entrecoupé d'oraison, où la pensée audacieuse et l'humble prière se fortifiaient et se soutenaient l'une l'autre, devait laisser à ceux qui eurent le privilège de l'entendre un souvenir à jamais ineffaçable ; et quand brusquement il cessa, leurs regrets ressemblèrent à un deuil. Jamais ne leur parut plus odieuse la malfaisance de la politique responsable du silence qui succédait à de telles paroles.

Vinet cesse donc d'être professeur de théologie, du moins officiellement, pour devenir professeur de littérature. Mais le changement est moins grand dans la réalité qu'il ne l'est en apparence, car dans une chaire comme dans l'autre, ce sera toujours la vérité chrétienne qu'il mettra en lumière. Un des plus fidèles représentants de sa lignée spirituelle rappelle ce mot de Vinet : « Tout génie a sa grande artère par où tout le sang passe » et il ajoute : « A mes yeux la grande artère du génie de Vinet n'est autre que l'apologétique. C'est à la démonstration de la vérité de l'Evangile qu'il me paraît avoir consacré ses plus constants efforts, c'est vers ce but que je vois converger ses travaux les plus divers. » (7)

Dans d'autres termes, Sainte-Beuve lui-même exprime une idée analogue. Relisons la page où il fait revivre avec tant de relief Vinet professeur, cet homme qui dans ses leçons se livrait tout entier, et que ses disciples, au dire de sa femme, furent les seuls à avoir connu véritablement.

Je lui ai dû pour mon compte, écrit le grand critique, une des plus vives et des plus sérieuses impressions que j'aie éprouvées... Je revenais de Rome, - de Rome qui était encore ce qu'elle aurait dû toujours être pour rester dans nos imaginations la ville éternelle, la ville du monde catholique et des tombeaux. J'avais vu dans une splendeur inusitée cette reine superbe... J'avais admiré surtout, d'un des balcons du Vatican, les horizons lointains d'Albano, vers quatre heures du soir.. Un bateau à vapeur me transporta en deux jours de Civita-Vecchia à Marseille, et de là je courus à Lausanne, où j'étais six jours après avoir quitté Rome. Le lendemain de mon arrivée, au matin, j'allai à la classe de M. Vinet pour l'entendre - une pauvre classe de collège, toute nue, avec de simples murs blanchis et des pupitres de bois. Il y parlait de Bourdaloue et de La Bruyère. L'Ecossais Erskine (le même qu'a traduit la duchesse de Broglie) était présent comme moi. J'entendis là une leçon pénétrante, élevée, une éloquence de réflexion et de conscience. Dans un langage fin et serré, grave à la fois et intérieurement ému, l'âme morale ouvrait ses trésors. Quelle impression profonde, intime, toute chrétienne, d'un christianisme tout réel et spirituel ! Quel contraste au sortir des pompes du Vatican, à moins de huit jours de distance ! Jamais je n'ai goûté autant la pure et sobre jouissance de l'esprit, et je n'ai eu plus vif le sentiment moral de la pensée. (8)

Les cours se succédèrent, sur Mme de Staël, Chateaubriand, Victor Hugo, Lamartine, Michelet, Edgard Quinet, sur les écrivains du XVIIIe siècle, sur Pascal. L'expression vive, souvent pleine d'imprévu, le geste spontané du véritable orateur, soulignaient le relief de cette pensée si profonde, si originale, si parfaitement genuine, comme disent les Anglais. Ces leçons, qui demandent une préparation minutieuse, Vinet n'a pas le temps de les écrire. Il a entre les mains de petites cartes où sont notés les dates, les idées principales, les faits importants qui sont comme la charpente de la construction : pour le reste, il s'en remet à l'inspiration du moment. C'est de ces cartes, plus tard, et des cahiers des meilleurs élèves, qu'il faudra se servir pour reconstituer du mieux qu'on pourra des leçons encore fort belles, mais belles surtout de pensée, et d'où se sera évaporé trop souvent ce charme vivant qui tient à la spontanéité de l'improvisation, quand l'improvisateur a autant de talent que Vinet. Surtout, les pages écrites ne rendront pas cette action immédiate et puissante d'une âme sur d'autres âmes, qui faisait dire à un de ses anciens étudiants: « Ce n'était pas un professeur que nous avions devant nous, c'était un saint. »

Bien souvent, rentré chez lui après une de ses leçons, Vinet continuait son enseignement sous une autre forme. De toutes parts on lui demande des conseils : conseils pour se diriger dans la vie, conseils sur la culture à se donner, sur les lectures à faire. Cette énorme correspondance est pour ses épaules un lourd fardeau, et il avoue à un ami qu' « il n'avance qu'en haletant. » D'autant plus que les soucis publics et privés sont toujours là. L'état d'Auguste, en particulier, bien que le jeune homme puisse poursuivre son travail d'imprimerie, est un tourment de toutes les heures : « Ce pauvre Auguste, qui nous est toujours plus cher, est notre véritable croix », écrit encore son père à un de leurs amis. Cette croix devient si pesante à certains jours, que le malheureux père craint d'être trahi par ses forces. Il repousse tout ce qui n'est pas l'indispensable de sa tâche journalière : on lui en demande trop... tant de visites à recevoir, tant de lettres à écrire, quand on a le coeur dans un étau... Sophie, toujours secourable, offre de se charger de certaines visites, de certaines lettres. Cette jeune fille, par exemple, qui demande des conseils pour sa vie spirituelle, ses lectures, Sophie connaît assez les idées de son mari pour pouvoir lui répondre : Alexandre, d'ailleurs, reverra la lettre. Avec un merci, un baiser, Vinet accepte. Puis, quand sa femme lui apporte les pages qu'elle vient d'écrire, se sentant un peu moins fatigué, il lui semble ne pouvoir se dispenser d'y ajouter quelques lignes en post-scriptum. Et sa plume se met à courir...

Mais ces lettres, pensées et écrites dans la paix du cabinet de travail vont se faire de plus en plus rares. Car des événements s'annoncent qui réclameront bientôt toutes les forces de ce grand lutteur que fut, de par sa soumission aux ordres de sa conscience, le pacifique Vinet.

(1) Dr, PRESSENGÉ, ouv. cité, p. 117. 

(2) DE PRESSENSÉ. ouv. cité, p. 135. 

(3) Nouveaux discours religieux. 

(4) DE PRESSENSÉ, ouv. Cité, P. 138. 

(5) Cité par RAMBERT, p. 480.

(6) Ce qui a pu être recueilli de ce cours figure dans le vol. Philosophie religieuse, p. 340 et suiv.

(7) PHILIPPE BRIDEL, L'apologétique de Vinet. (Cercle des Etudiants protestants de Paris, 1899).

(8) Derniers portraits, p. 495.
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