Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VIII

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La révolution vaudoise avait mis au premier rang des revendications du parti libéral la liberté des cultes. La constitution nouvelle en consacrerait-elle le principe ? Les discussions passionnées qui avaient tant ému la population quelques années auparavant reprennent, plus passionnées encore. Le Nouvelliste rentre en lice, et un journal nouveau, la Discussion publique, se fonde pour soutenir, en même temps que la liberté des églises dissidentes, celle de l'Eglise nationale, dont on veut que l'indépendance en matière de doctrine et de culte soit expressément reconnue par l'Etat. Moins que quiconque, Vinet pouvait rester à l'écart de pareilles joûtes. Il avait fini par s'acclimater à Bâle ; mais le meilleur de soin coeur et de sa pensée n'en continuait pas moins d'habiter le canton de Vaud. Et puis l'affaire n'était pas seulement vaudoise ; elle avait une portée générale. Il s'agissait des intérêts de la vérité, c'est-à-dire des intérêts de la civilisation. C'était ces intérêts, déjà, que Vinet avait voulu défendre dans son Mémoire sur la Liberté des Cultes. Dès lors, sa conviction avait encore grandi, elle s'était plus solidement assise. Donc, il fourbit ses armes, ce qui, pour lui, veut dire s'asseoir à sa table de travail. Lettres et articles se succèdent, entraînants, éloquents, et d'un raisonnement si serré que l'adversaire, quelque effort qu'il fasse, ne parvient pas à en entamer la trame. Pas plus que dans les précédentes campagnes, Vinet ne bitte pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat, vérité sans doute à son sens, mais vérité idéale qu'il croirait imprudente de vouloir, sans suffisante préparation, faire passer dans les faits. En attendant une plus grande maturité, religieuse et intellectuelle du peuple, il réclame la liberté pour cette Eglise nationale qu'il aime, parce qu'elle est celle de son enfance et celle de ses pères.

Je ne suis pas plus étranger qu'un autre à ce sentiment qui attache ni passé. écrit-il dans un de ses articles, à ce respect pour les anciennes institutions, proche parent du respect pour la vieillesse. Je me reprocherais presque autant de manquer à une vieille chose qu'à un vieil homme. L'âge de notre Eglise me la recommande, son origine bien davantage, ses services encore plus, et je considère en outre l'inconvénient de la supprimer... J'aime en elle ce que nos pères y ont aimé, un asile pour les âmes travaillées et chargées, une hôtellerie pour les voyageurs en route vers l'éternité, un filet jeté par la main du Seigneur sur ma terrestre patrie. J'aime en elle quelque chose de plus ancien que tout notre passé, je veux dire ce qu'elle a encore de l'Eglise du Christ, ou plutôt c'est l'Eglise du Christ que j'aime en elle. (1)

Si Vinet veut que l'Eglise nationale soit libre, il veut aussi, et dans l'intérêt même de cette Eglise, à laquelle ne petit que profiter le voisinage d'autres églises vivantes, la liberté des églises dissidentes. Celles-ci, du reste, dont il continue, comme par le passé, à n'approuver complètement ni les doctrines ni les procédés religieux, ne peuvent que prendre des forces du fait de la persécution :

La loi, dit-il, appelait sur les dissidents un intérêt de compassion et de sympathie qui faussa le jugement de bien des personnes. Parce qu'ils souffraient avec courage, plusieurs crurent qu'ils souffraient pour la vérité. Et sans doute il y avait dans leur cause de la vérité et de la raison; mais ou en vit plus qu'il n'y en avait. Libres et tranquilles, ils eussent été jugés avec moins de préoccupation. Leur position n'en eût pas imposé sur le mérite de leurs doctrines... Ce qu'elles renferment d'étroit, d'arbitraire et d'exclusif, ce qui les rend incompatibles avec la loi de progression de l'esprit humain et avec quelques-uns des principes de la nature humaine, eût mis des bornes encore plus étroites à leur crédit et à leurs progrès. Avec la liberté, le séparatisme, dépossédé de la dignité de victime, sera facilement apprécié au plus juste... Il restera de la dissidence ce qu'il doit en rester... Mais ce qui est exagéré, faux, mal fondé en raison tombera nécessairement. C'est dans ces conditions qu'il fallait la placer dès l'origine, et la loi a fait tout le contraire. (2)

La position prise par Vinet, et qu'il défendait avec cette ardeur de désintéressement, ce frémissement, si l'on peut dire, dans l'objectivité et le détachement complet de soi dont les polémiques humaines offrent si peu d'exemples, ne satisfaisait que fort peu de gens. Trop favorable aux dissidents pour les nationaux ordinaires, trop ami de l'Eglise établie pour les partisans du Réveil, on l'accusait soit ici, soit là, de pusillanimité, ou, pis encore, d'une habileté mondaine incompatible avec la foi chrétienne. La vérité est qu'il parlait de trop haut pour que sa voix pût atteindre la foule. Seule une toute petite élite pouvait applaudir à des paroles comme celles qu'il adressait, le 1er juin 1831, au journal La Discussion publique :

Nous avancerons, il le faut. Plus que d'Eglises nationales, nous avons besoin d'une religion nationale, d'un sentiment national sur la religion, d'une intime correspondance de la vie civile avec la vie chrétienne, d'une communion de coeur des citoyens en Dieu leur Sauveur, d'une sève de foi répandue dans le corps social, de cette unité, en un mot, qu'il est si raisonnable de désirer, et si inutile de poursuivre par des moyens extérieurs. Par la liberté à l'unité! telle va être la devise du christianisme. Cette idée renferme tout un monde. (3)

Les temps n'étaient pas mûrs. Après cent ans, ils ne le sont Pas encore, bien que l'aube du jour qu'annonçait le génie religieux du grand penseur commence à blanchir l'horizon. Ne soyons pas trop surpris de voir l'assemblée constituante de 1831 refuser d'inscrire dans la loi soit la liberté des cultes, soit l'indépendance de I'Eglise nationale en matière de doctrine. Vinet rentra alors dans le silence, avec le sentiment douloureux de n'avoir pas été assez fort pour faire triompher la cause de la vérité. Sa modestie ne lui permettait pas de se rendre compte qu'il avait à pleines mains semé le bon grain, et que s'il ne lui était pas donné de le voir lever, l'heure de la moisson n'en était pas moins marquée au cadran de l'avenir.

Une distraction assez violente vint d'ailleurs arracher Vinet à ses préoccupations de polémique religieuse: le canton de Bâle, lui aussi, entrait en effervescence. «Ce sont, dit-il, de pauvres gens que la fièvre révolutionnaire avait gagnés, et qui se seraient crus cri arrière du siècle s'ils n'avaient pas eu au moins une révolte. »

Le motif ou le prétexte de l'agitation était le nombre trop restreint de députés envoyés par la campagne bâloise au Grand Conseil, en comparaison de ceux que nommait la ville. Les adversaires du mouvement alléguaient que la campagne, peu instruite, avait déjà grand peine à trouver dans son sein le nombre de députés auquel elle avait droit : comment en trouverait-elle le double ? La discussion s'envenima, et ne tarda pas, grâce aux soins des politiciens, à dégénérer en disputé violente. Le gouvernement aristocratique de Bâle, sans refuser expressément d'examiner les revendications de la campagne, leur était peu favorable, et mettait à cet examen beaucoup de mollesse. Cependant on entendait gronder le mécontentement populaire, habilement exploité par des meneurs. Le temps pressait. « Ont-ils regardé à l'horloge politique, s'écrie Vinet, dont l'aiguille, sous un doigt de fer, tourne comme un moulin à vent ? »

Bientôt, poussés par leurs mauvais bergers, les gens de la campagne s'insurgent, menacent, et la ville, qui se croit en danger, arme ses citoyens. Parmi les soldats à l'exercice, on peut voir un homme de haute taille, au regard lumineux et profond, pas trop adroit au maniement du mousquet, mais faisant de son mieux, et donnant aux camarades l'exemple d'une impeccable discipline: c'est Vinet, qui de tout son coeur et de toute son intelligence est avec la ville, et qui voit surtout, dans le soulèvement de la campagne, une entreprise de la démagogie universellement menaçante. Il écrit :

La constitution qu'on leur offrait (aux campagnards) est plus libérale que celle de France ; mais il leur fallait écraser la ville, et la ville n'a pas voulu être écrasée. Ce n'a point été, comme on pourrait l'imaginer, une guerre de gouvernement à gouvernement, mais de peuple à peuple. Aussi la bourgeoisie a vraiment gouverné dans le premier danger ; l'unanimité a été imposante, l'élan admirable, plein de gravité et de religion. Moi qui vous parle, j'ai pris le mousquet et la giberne, je me suis trouvé à l'appel du tocsin, J'ai monté la garde, le tout sans enthousiasme et sans héroïsme, mais avec le sentiment d'un père de famille qui défend ses foyers, et d'un particulier qui défend la ville où il a passé quatorze heureuses années. Il n'y avait pas besoin d'idées politiques ; nous savions à qui nous avions affaire et pourquoi ces gens voulaient entrer chez nous. Ils seraient plus aisément entrés que sortis; les barricades des faubourgs marquaient l'espace où ils devaient périr. Dieu soit loué ! nous n'avons pas vu ces horreurs. Quelques sorties, quelques coups de canon ont nettoyé les environs de la ville ; ils se sont dispersés à tous les vents, laissant quelques blessés et beaucoup de prisonniers entre nos mains... Tout ceci n'en est pas moins un grand malheur ; les traces de ces discordes ne s'effaceront pas (4).

Cependant le gouvernement de Bâle était mal jugé en Suisse, où dans ce temps de libéralisme idéologique commençant, pas mal de gens croyaient déjà devoir réprouver l'emploi de la force mise au service du droit, et être indulgents aux entreprises de la démagogie, comme si la tyrannie du grand nombre était plus respectable que la tyrannie de quelques-uns. Un comité se constitua pour répandre en Suisse des écrits propres à éclairer l'opinion : Vinet échange alors le corps de garde contre son cabinet de travail et rédige une brochure, Les Bâlois à leurs Confédérés, qui est « un appel à la Suisse entière sur ses dangers, un appel à tous les honnêtes gens contre l'anarchie ».

L'entrée de quelques milliers de paysans armés dans une ville désarmée est une chose dont ou prend son parti quand on ne peut faire mieux, lit-on dans cet opuscule. La ville de Bâle crut qu'elle pouvait faire mieux. Elle avait laissé un libre cours à des travaux législatifs dont le résultat devait être de la priver de ses anciens avantages et de faire passer au peuple des campagnes la majorité dont elle jouissait dans le Grand Conseil. Tout ce qui était légal lui avait paru bon. Elle jugea que les paysans devaient le trouver bon aussi. A la nouvelle de leurs préparatifs militaires, elle se leva d'un commun accord pour la défense de la légalité, de l'ordre et de la propriété. Elle ne voulait pas mettre ses biens, ses enfants et ses demeures à la merci d'une bande indisciplinée, qu'elle avait vue pendant plusieurs semaines s'exalter dans l'oisiveté et dans les excès. Ces vues du bon sens, ces sentiments de la nature, le devoir et l'intérêt de la propre conservation, enfin la conscience du bon droit, créèrent dans la ville une unanimité que rien de factice ou de faux n'aurait pu produire... »

Les factieux étaient entraînés par une poignée de bolchévistes du temps, fort peu différents des bolchévistes d'aujourd'hui :

Ceux qui connaissent le personnel de nos agitateurs, écrit Vinet, l'un postillon de son métier, un autre repris de justice pour incendie, plusieurs autres en état de faillite ou à peu près ; ceux qui savent quels indignes moyens ils ont employés, de quelles vexations ils se sont rendus coupables, n'en demanderont pas davantage. On ne croira pas que de tels hommes eussent vocation de présider à la régénération du pays. (5)

Un peu plus tard, il écrivait à M. Charles Monnard:

J'envoie au Nouvelliste un document important que je recommande à votre attention particulière. Il vous mettra à même de porter un jugement sur les événements qui viennent de se passer dans ce canton, et dont le gros vous est déjà connu. Il n'y a qu'une chose qu'il ne contient pas : c'est le récit des horreurs commises par cette bande de cannibales pour qui la Suisse réclame une plus grande extension de droits politiques. Vous verrez, quand les détails vous seront connus, que les passions viles ont disputé le terrain aux passions féroces, et que le vol a utilisé l'assassinat. Je vous écris ces choses le coeur outré ; je sais que la Suisse n'ouvrira point les yeux ; que la chute de cet Etat est résolue : et qu'on ne se donnera bientôt plus la peine de chercher des prétextes... J'ai honte de vous parler de moi : mais j'ai besoin de vous dire qu'après m'être bien interrogé, je n'ai pas la conscience de céder à une prévention. Je me suis invariablement attaché aux intérêts de la civilisation et de la liberté ; c'est pour l'une et l'autre que je suis en peine. Je bénis le ciel de ce que mon cher canton jouit à la fois de l'une et de l'autre ; mais je le supplie de comprendre que le même moule ne convient Pas à tous les peuples (6).

Et à M. Grandpierre :

Dans mon intime conviction, jamais cause ne fut plus juste que la sienne (celle de Bâle), jamais cause ne se recommanda mieux aux vrais amis de la liberté. La résistance de Bâle a contenu le radicalisme en Suisse, a maintenu le principe de la souveraineté cantonale, sur lequel repose notre fédérativité, et par une suite nécessaire, notre neutralité (7).

Les écrits se montrant insuffisants à faire comprendre une situation qui restait trouble, et où le parti de l'ordre et du droit s'était du reste donné aussi des torts, Vinet fut investi par le gouvernement bâlois d'une mission diplomatique : celle de se rendre à Lausanne, où il alla à deux reprises, pour exposer aux autorités vaudoises l'état des choses dans le canton de Bâle. Il importait en effet que les cantons y vissent clair, car on parlait d'une intervention fédérale de grande envergure : les troupes fédérales, une première fois, s'étaient bornées à faire acte de présence, et s'étaient trop prudemment retirées en laissant aux prises les deux partis.

Dans ces voyages à Lausanne, Vinet put constater que d'excellents esprits, et en particulier son ami Monnard, ne jugeaient pas la situation tout à fait comme lui. « Dans toute cette affaire, lui écrit Monnard après son retour à Bâle, vous vous êtes placé dans le point de vue le plus élevé, le seul qui fût digne de vous. Votre erreur a été de croire que MM. de Bâle s'y plaçaient avec vous... Comprenez bien ma pensée : ce que je vous dis là n'est point pour vous donner des torts dans une affaire où tout le monde en a eu, ni pour justifier les miens, peut-être, par les vôtres, mais pour vous montrer que dans la réalité des faits la question n'est pas placée aussi haut que votre âme. »

Après bien des essais de conciliation, de nombreux pourparlers, des efforts tentés de part et d'autre pour harmoniser les intérêts des partis et calmer leur amour-propre, il fallut renoncer à une entente, et la Diète fédérale prononça la séparation de Bâle-ville et de Bâle-campagne en deux demi-cantons distincts. Solution boiteuse, mais pourtant solution. L'effervescence se calma ; les choses, du moins quant à l'extérieur, rentrèrent dans l'ordre.

Un jour l'histoire résumera ces trois années, écrit Vinet à M. Alexis Forel. Elle n'oubliera pas les fautes, et même les torts de Bâle; mais ce résumé sera tel pourtant que la Suisse baissera les yeux. Il est certain que dans ce moment le principe fédératif est immolé à Bâle. Que chacun prenne garde à soi.

Nous vivons tristes, mais tranquilles, tâchant d'élever nos yeux vers les saintes montagnes.

P. S. - Bâle a eu cinquante-huit morts et quatre-vingts blessés sur mille quatre cents hommes. (8)

Relevons encore à propos de cette triste période ces lignes adressées à un ami français :

J'avoue que j'ai trop accordé aux impressions de la nature et à l'effet moral des scènes hideuses et basses dont j'ai été le témoin, et de toute cette prostitution de la parole humaine, qui est le grand levier de tout ce qui se fait.

... Devrais-je en être encore à m'étonner ? Et à quoi servent les lamentations? Ne vaut-il pas mieux adorera voix qui parle dans la tempête ?... Mais je ne sais par quel charme étrange et sinistre la perversité humaine attire et enchaîne mes regards. Il y a peu de profit à la considérer autre part qu'en soi-même - on apprend presque à haïr, et quand la haine ne serait pas haïssable elle serait toujours si absurde! (9)

Au total, et comme résultat de toute cette campagne, Vinet se sent découragé, passablement dégoûté des choses et des hommes. Il écrit à Leresche, à l'ami vers lequel toujours il se tourne d'instinct dans les heures difficiles :

Du creuset où bouillonnent nos méchancetés Dieu fait sortir, par un procédé qui n'est qu'à lui, les plus heureux résultats pour son règne de paix; c'est toi qui l'as dit, et il est impossible de mieux dire. Je demande à Dieu de me pénétrer de cette consolante vérité : j'en ai besoin, car les temps sont mauvais. Oh ! que la paix du vrai chrétien est belle, puisqu'elle n'a rien d'égoïste ou d'indolent, et que ce n'est pas par méconnaissance du danger qu'il est en paix devant le danger ! Demande pour moi cette paix que Dieu t'a donnée ; demande-lui tout ce dont j'ai besoin pour aller à sa rencontre : que la prière d'un ami me serve d'appui.

J'étais bien malade avant de partir pour Lausanne. Les souffrances qui m'accablent depuis trois mois avaient redoublé de vivacité. Mais le voyage m'a fait du bien, peut-être aussi le bon air du pays natal. Je suis bien retombé depuis ; mais au total je me sens mieux qu'avant mon départ. Oh ! si je dois vivre, que ne puis-je vivre où je suis né ! (10)

A M. Grandpierre :

Que de choses qui détachent ! Si on se laissait détacher. Le ciel est bien sombre ; mais gardons-nous, quand les nuages le couvrent, de dire qu'il n'y a plus de soleil. Le soleil est derrière les nuages ; il les percera de sa gloire, et un jour rien n'interceptera ses rayons bienfaisants (11).

Citons encore, comme résumé de l'expérience qu'avaient value à Vinet ses incursions si désintéressées dans le domaine impur de la politique, quelques lignes adressées par lui à M. Scholl, pasteur à Londres :

Si j'avais eu besoin de connaître combien il y a de faux dans les vertus de l'homme et dans tout ce qu'il admire, ces deux années me l'auraient appris. Je suis profondément dégoûté. Je suis prêt à adorer les résultats comme oeuvre de Dieu ; mais les principes, les moyens, les agents, tout cela me paraît misérable ! Vienne à ma patrie un messager de Dieu qui lui dise sa misère ! Je n'excepte aucun parti ; la bonne cause aussi est souillée par les passions de ceux qui la soutiennent. L'égoïsme est partout, parce que l'incrédulité est partout (12).

Malgré son découragement, Vinet ne regrette pas de s'être mêlé des affaires de son pays. Si c'était à refaire, sans doute il recommencerait : car pour lui le patriotisme est « une de ces affections naturelles par lesquelles on n'est pas chrétien, mais sans lesquelles on ne saurait l'être ; et le vrai patriotisme, n'est qu'une des manifestations de ce principe moral que le christianisme a déposé dans le coeur de l'homme ».

(1) Article recueilli dans Liberté religieuse et questions ecclésiastiques, p. 48. 

(2) Article recueilli dans Liberté religieuse et questions ecclésiastiques. p. 22, 23.

(3) Ouv, cité, p. 9 2, 93,

(4) Lettre à Monnard, 6 février 31. Citée Par RAMBERT.

(5) Lettres, I, p. 247. 

(6) Inédit. (11 avril 32).

(7) Inédit.

(8) Lettres,t. 1, p. 328. 

(9) Lettres, t. 1, p. 317.

(10) 12 mai 1832. Inédit.

(11) 14 juin 1832. Inédit.

(12) lez sept. 1831. Cité Par RAMBERT.
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