Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE III

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N'allons pas croire que, chez Vinet, la question de la liberté des cultes soit devenue tyrannique au point de chasser de son esprit tout le reste. Sans parler de sa famille, il a, même à Bâle, quelques amis, quelques excellentes amies que les préoccupations d'ordre général ne lui font point négliger. A l'une de celles-ci, en séjour à Paris, il écrit un soir, Sophie tournant à ses côtés les pages d'un livre, une longue lettre terminée par ces mots :

Adieu, Madame et chère amie, vous vous attendiez à des nouvelles, mais je suis mauvais chroniqueur. Toutefois la provision ne manque pas. Il y a fête le 26, anniversaire de la bataille de Saint-Jacques... Rodolphe vous salue... Votre frère, qui aurait été charmé de recevoir une lettre de vous, se porte bien. Il a un nouveau chien. Après cela, je vous crois convaincue de mon incapacité comme nouvelliste. Encore une fois, adieu ; je fais bien des voeux pour l'amélioration de votre santé. J'en fais presque autant pour votre prochain retour. Sophie, qui est là près de moi, à onze heures du soir, vous embrasse tendrement, ce que je ferais aussi, si j'osais (1).

Avec M. Monnard, le ton est plus grave. Vinet lui écrit au cours de ce même printemps:

Vous voulez que je vous parle de moi. Quoique je sois encore malade et peut-être en danger, la vie renaît. Peut-être ma maladie m'a profité. J'ai une vue plus sérieuse des choses, et des désirs plus solides. Je voudrais être plus capable et plus à portée de faire du bien ; ici je suis un peu isolé, et mon cercle d'activité est un peu étroit. Je m'en console par des rêves. Et savez-vous ce que je rêve depuis quelque temps ? Liberté de conscience. J'y avais peu pensé jusqu'à certains événements qui m'ont semblé la compromettre un peu ; aujourd'hui, c'est mon idée fixe... (2)

Quand on a une idée fixe, tout s'organise et se cristallise autour d'elle : il semble que les événements eux-mêmes acceptent le mot d'ordre et viennent, eux aussi, fournir leur contribution. Vinet apprend par hasard qu'à Paris la Société de la Morale chrétienne, dont font partie des hommes tels que Guizot, le duc de Broglie, Barante, de Rémusat, et ce Stapfer qu'il connaît par ses écrits et admire profondément, ouvre un concours sur le sujet de la liberté des cultes. C'est pour lui un coup d'éperon. S'il se mettait sur les rangs ? Il la connaît bien sous tous ses aspects et dans son intimité, cette question qu'il tourne et retourne dans son esprit depuis des mois. Il s'agirait seulement de faire de ces idées éparses un tout organique, de mettre ordre et méthode dans les matériaux accumulés peu à peu. Gros travail, certes, mais beau travail, qui répondrait, comme il le dit, « aux convictions les plus profondes de son esprit et aux sentiments les plus invincibles de son coeur ».

Il sent déjà cette légère ivresse qui accompagne un grand projet qu'une ambition légitime vous pousse à réaliser ; et aussitôt qu'il peut disposer d'une soirée, il esquisse à grands traits le plan de cette bataille qu'est tout travail sérieux du cerveau et de la plume. Les feuillets se couvrent de sa petite écriture fine, nette, aristocratique dans sa simplicité et sa sobre élégance. Parfois il s'arrête, perplexe, et fait quelques pas dans la chambre, les bras croisés. Il aurait besoin d'un conseil, car ceci est son coup d'essai, et il ne possède pas les secrets du métier nécessaires à qui entreprend de bâtir un livre. Et puis la nature l'a doué pour l'analyse mieux que pour la synthèse. L'ordonnance des idées, leur hiérarchie, la composition enfin, pécheront plus ou moins, il en a le sentiment confus sans trop savoir comment y porter remède. N'importe, il reprend la plume, et il va, il va, emporté par une conviction qui se fortifie en s'exprimant. Ce printemps-là, toutes les heures de loisir qu'il ne donne pas à sa femme et à ses enfants, il les consacre au Mémoire.

L'été approche, amenant avec lui le temps béni des vacances. Sur l'avis des médecins, on les consacrera cette année à une cure de bains de nier. Des amis, restés obstinément anonymes, ont tenu à en faire les frais (3). L'année d'avant, une cure aux bains de Baden n'a pas réussi ; aucune amélioration ne s'est manifestée dans l'état du malade, à qui les souffrances ne laissent presque pas de répit depuis des mois. Aussi quel soulagement à la perspective de quelques semaines de repos ! Ne plus expliquer la règle des participes, ne plus entendre ânonner, avec un formidable accent tudesque, la mort d'Hippolyte, ne plus corriger à l'encre rouge, sur trente cahiers, les mêmes fautes d'orthographe... Enfin dire momentanément adieu à ces petits Bâlois qu'il aime cependant, auxquels il distribue sans regret et avec libéralité sa propre substance, mais qu'il aimera davantage s'il ne les voit pas pendant quelque temps... La patience n'est pas chez lui affaire de tempérament, et si, dans ses leçons, il réussit presque toujours à rester maître de ses nerfs, ce n'est qu'au prix d'incessants combats. Une seule fois Sophie se rappelle l'avoir vu rentrer bouleversé : il avait souffleté un élève. Peu s'en fallut qu'il n'en tombât malade.

A ce régime, ses forces s'usent ; il a un urgent besoin de refaire provision de calme et de courage. Ses propres enfants, eux aussi, bénéficieront de ce repos qu'il va pouvoir s'accorder. Si souvent il lui arrive de les brusquer! Il se reproche d'oublier leur âge; à quatre et cinq ans, il les voudrait raisonnables, tranquilles, enfin parfaits. C'est lui qui est absurde. Il s'accuse d'être un mauvais père et un mauvais mari, car Sophie, tout comme les enfants, a maintes fois a souffrir de ses nerfs à vif quand il rentre abîmé de fatigue après plusieurs heures de leçons. Elle comprend tout, sa courageuse et excellente femme, elle excuse tout ; sa sollicitude n'est jamais en défaut. Ne vient-elle pas de décider qu'Alexandre est trop peu valide pour faire seul le grand voyage projeté, et qu'elle l'accompagnera à la Méditerranée ? Avec leur grand'mère et leur tante Elise, les enfants seront sous bonne garde ; rien à craindre pour eux. Et cette excursion dans le pays bleu sera pour le mari et la femme comme un voyage de noces après six ans de mariage.

On se mit en route par une superbe matinée de juillet. L'adieu n'était pas allé sans émotion, surtout l'adieu aux enfants, trop jeunes cependant pour s'attrister beaucoup d'un départ. Stéphanie était restée placide. Quant à Auguste, en voyant sa mère fermer sa malle, il avait éclaté en pleurs, larmes d'ailleurs bien vite séchées. Papa et maman reviendraient bientôt, les mains pleines de beaux coquillages où l'on entend le bruit de la mer... Il n'en faut pas plus pour faire épanouir la joie sur des visages enfantins.

Vinet emportait dans sa valise le manuscrit de son mémoire, déjà en bonne voie, mais auquel il lui tarde de pouvoir travailler avec plus de suite qu'à Bâle. Pour l'instant, sa pensée est fort loin de la liberté des cultes. Vrai écolier en vacances, il jouit de tout ; l'existence lui semble belle, pleine d'imprévu et de pittoresque. Si seulement il ne souffrait pas, maints détails l'amuseraient encore davantage, car il est observateur, et rien ne lui échappe de ce qui trahit un caractère, montre les gens au naturel, enfin exprime la vie. Plus d'une fois, quand se produit un de ces incidents un peu ridicules que fait naître la promiscuité d'un voyage en chaise de poste, Sophie remarque un sourire qui passe dans les yeux de son mari et plisse malgré lui sa lèvre mobile.

Les malaises, la fatigue, atténuent à peine le plaisir très vif qu'éprouve le jeune homme à se trouver pour la première fois de sa vie sur terre française. Le paysage est aimable ; les voyageurs qui entrent et sortent aux relais ont une aisance gracieuse, cordiale ; et quelle joie d'entendre parler français ! Vinet note dans son journal de route :

Il y avait dans la voiture un jeune négociant de Besançon, d'une physionomie agréable et gaie. Le temps était fort beau, et la campagne bien plus jolie que je ne m'y étais attendu. Nous avons peu à peu laissé tomber le manteau de tristesse dont nous étions enveloppés, et la conversation n'a pas tardé à s'engager. Bien n'est si communicatif qu'un Français. Le nôtre, sans babil et sans indiscrétion, nous l'a bientôt prouvé. Il nous a fait toute sa biographie. Elle n'a rien de fort remarquable, et cependant mon esprit s'y attachait comme à un récit de Walter Scott, tant Il est donné à l'homme d'intéresser l'homme.

A Lyon, plusieurs voyageurs montent dans la voiture, et parmi eux un officier du génie qui, voyant Vinet souffrant, veut absolument lui céder la première place à laquelle il avait droit.

Le militaire qui entra dans la diligence, note encore Vinet, est un Français aimable. C'est dire peu de chose pour ceux qui ne connaissent d'autre amabilité que celle qui résulte d'un ton léger, d'un esprit facile, d'une culture superficielle et d'une gaîté soutenue. Pour moi, un Français aimable est celui qui joint à des formes gracieuses et de bon goût une moralité solide et de l'instruction. Nous avons rencontré tout cela chez notre nouveau compagnon de voyage, qui s'est trouvé être l'ancien ami de M. X. La rencontre a paru faire plaisir à tous deux. Je regrette de n'avoir pas conservé un souvenir plus exact de leur conversation, qui a été aussi instructive que variée. Ils n'ont pas touché à la politique, sujet délicat que s'interdit tout fonctionnaire public dans ce pays ; mais de beaux souvenirs guerriers et des détails pleins d'intérêt sur l'industrie dans ses rapports avec l'art militaire et la navigation ont agréablement occupé mon attention pendant la traversée d'un pays qui n'a rien de remarquable (4).

On s'arrêta à Montpellier, puis à Nîmes. La vivacité des habitants, leur grâce aimable, cette culture ancestrale qui en Provence comme en Italie affine la population et lui donne un naturel savoir-vivre, charmaient le couple voyageur. Ces paysans, ces gens de la rue ont une aisance, une dignité simple qui les ferait prendre, sans leur accent trop parfumé d'ail, pour des grands seigneurs. Et que les femmes sont jolies avec leurs coiffes, leur teint mat, leurs yeux noirs !

En passant à Nîmes, Vinet et sa femme font connaissance avec un homme brillant et charmant, le jeune pasteur Petitpierre, qui peu de jours après allait les rejoindre à Cette. La gaîté de Petitpierre, son esprit, les grands éclats de rire qu'on faisait ensemble, tout cela était pour Vinet une détente délicieuse. Puis, après avoir bien ri en se promenant à la fraîcheur sur la plage, le sérieux reprenait ses droits. Vinet, qui travaille chaque jour quelques heures à son mémoire, essayait en quelque sorte ses idées sur l'esprit de son compagnon, ou lui demandait son avis à propos des questions auxquelles il n'avait pas encore trouvé de réponse ; si bien que le mémoire, assure-t-il, si jamais il voit le jour, sera leur oeuvre à tous les deux. Petitpierre, dont la vive intelligence n'avait pas eu de peine à saisir l'exceptionnelle valeur intellectuelle de son nouvel ami, excitait de tout son pouvoir le zèle du travailleur. « Votre but est grand et noble, lui disait-il. Délivrez le christianisme des entraves qui nuisent à son développement, repoussez les bras de chair qui veulent soutenir l'arche sainte, brisez les étais pourris sur lesquels les hommes veulent faire reposer le temple de l'Eternel... Travaillez ferme, et surtout, dans les endroits où la matière l'exigera, montrez-vous fortement chrétien, pour faire voir aux ultramontains et aux incrédules que la tolérance n'est pas l'indifférence... »

Puis c'étaient encore des promenades, des causeries à bâtons rompus auxquelles Sophie apportait le charme de son naturel et de la grâce vive de son esprit. Ou bien on rêve ensemble devant l'horizon méditerranéen tout gorgé de lumière. Là-bas, tout là-bas, l'imagination, sinon le regard, discerne la côte africaine, la terre de Saint Augustin perdue dans la brume bleuâtre. A l'occident, c'est l'Espagne, violente, cruelle, amoureuse et mystique, avec tous ses prestiges venus de l'enfer et du ciel. Quelque jour peut-être, qui sait ? y pourra-t-on faire un voyage ? Ou bien on s'en ira du côté de l'est, voir Rome, Naples, Florence, Assise, toute la divine Italie... Et par delà il y a les enchantements de la Grèce, la mer d'Ulysse, celle où faillit périr, pendant le fameux orage, le vaisseau qui portait Saint Paul... A chaque pas que font les promeneurs sur le sable de la grève se lèvent en foule les grands souvenirs. Pour des jeunes gens qui en sont à leur premier voyage, il y a bien de quoi être enivrés. Ils l'étaient. L'air vivifiant et nouveau que respirait à pleins poumons le malade, s'il n'améliorait pas beaucoup sa santé, faisait du moins grand bien à son esprit, et ce fut tout rafraîchis, tout restaurés, qu'à la fin de l'été le mari et la femme regagnèrent leur home bâlois. Vinet y rapportait un manuscrit augmenté de bon nombre de pages et pas loin d'être terminé grâce au coup de fouet que lui avait donné le dépaysement matériel et moral. Quant à la maladie, force était de reconnaître qu'elle n'avait pas lâché prise.

J'ai été chercher la santé au bord de la Méditerranée et dans ses ondes amères, écrit-il après son retour, à Isaac Secrétan. Je ne crois pas l'y avoir trouvée. Jean s'en alla comme il était venu. Il faudrait au moins y avoir trouvé beaucoup de patience.. de confiance en Dieu et de courage. J'ai peu de tout cela ; et c'est une plus grave maladie que l'autre.

... Plus j'avance, dit-il dans la même lettre, plus j'ai besoin de ces coeurs fraternels et dévoués que la Providence m'a donnés avec tant de bonté. L'absence, les nouvelles relations, rien ne m'apprend à me passer de vous, et n'est-ce pas, braves gens, que vous avez aussi quelquefois besoin de votre pauvre Vinet ?

Pendant les semaines suivantes, la rédaction du Mémoire marcha à grandes guides. Avec les derniers jours de cette année 1825 l'auteur y put mettre le point final. Puis, comme il arrive, ayant jeté sur son oeuvre un coup d'oeil d'ensemble, les défauts lui en apparurent dans une lumière crue, et il la jugea, il le dit, « singulièrement mauvaise. » Mais l'échéance était là : il ne pouvait songer à la refondre, ni même à y apporter des modifications importantes. Le manuscrit, tel quel, devait courir sa chance. Il partit donc pour Paris, non signé, selon les conditions du concours, et portant cette devise

Là où est l'esprit de Dieu, là est la liberté.

Couvé, pour ainsi dire, sous l'influence de ce qui se passait depuis quelques années dans le canton de Vaud, le mémoire, en même temps qu'une énergique protestation locale, était un plaidoyer éloquent en faveur d'une cause d'intérêt général.

Après avoir établi que la liberté des cultes est une conséquence obligée de la liberté de conscience, et que ces deux libertés constituent ensemble la liberté religieuse, l'auteur, dans la première partie de son travail, fournit les preuves de son affirmation. Dans la seconde partie, intitulée Système, il étudie la manière dont la liberté des cultes peut être réalisée, et quels sont, entre la société civile et la société religieuse, les rapports qui la sauvegardent le mieux ; et il est amené, par une logique irrésistible, à conclure en faveur de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il reconnaît néanmoins que cette séparation n'est pas possible dans les pays qu'une longue tradition a habitués à un autre régime ; et il bornerait ses désirs à ce que l'état civil des particuliers ne dépende plus de la profession religieuse des citoyens, et à ce que toute secte soit tolérée du moment qu'elle ne porte aucune atteinte à la morale.

La sécheresse d'un tel résumé ne saurait donner l'idée du souffle qui anime ces 250 pages écrites en vertu d'une sorte d'instinct, comme l'auteur le dira lui-même, où l'émotion parle selon la raison, et où la logique est éloquente, convaincue et convaincante. Avec sa modestie coutumière, Vinet était néanmoins persuadé n'avoir fait qu'un travail fort médiocre. Aussi ne s'attendait-il point à remporter le prix de 2.000 francs offert au vainqueur du concours. D'ailleurs, tout au soulagement d'être délivré d'une tâche à laquelle ses forces avaient à peine suffi, il était devenu presque indifférent au verdict de ses juges. « Je n'ai pas une tête à couronne, écrira-t-il à Leresche, et j'avais facilement réduit mes désirs à une mention, désir vaniteux encore; mais puis-je me dépouiller entièrement de moi-même ? »

Les juges parisiens y virent plus clair. Des vingt-neuf manuscrits présentés au concours, celui de Vinet fut jugé le meilleur sans contestation possible. Après avoir signalé quelque inexpérience dans la composition et dans le style, le rapporteur, M. Guizot s'exprime ainsi :

« Ces défauts sont bien plus que rachetés par les rares et nombreux mérites dont le mémoire abonde. Je ne saurais assez dire, Messieurs, quelle joie profonde nous avons ressentie au spectacle d'une âme ainsi disposée, d'une âme pieuse pour qui le respect de la liberté de conscience est une affaire de conscience, et qui croirait offenser Dieu en méconnaissant, même en pensée, les droits de la foi d'autrui. »

Du coup se trouvait établie la réputation de Vinet comme penseur chrétien. « Le mémoire produisit une impression profonde, surtout en France. Il répondait aux besoins les plus intimes, aux aspirations les plus élevées de tout ce que le libéralisme français comptait d'hommes éminents et de penseurs convaincus. Les membres de la Société de la Morale chrétienne n'hésitent pas à proclamer le principe de la liberté des cultes au-dessus de toute incertitude. Le Globe, grand journal libéral, s'exprime ainsi à son tour : «On vient de publier fort à propos l'excellent mémoire de M. Vinet sur la liberté des cultes. C'est là qu'il faut voir un croyant sincère se vouer comme par acte de foi à la défense de la liberté de tous. Ce livre est un honneur pour le protestantisme français. M. Vinet est un croyant des vieux âges avec la philosophie du nôtre, et un écrivain plein de force et de goût. » (5)

Le succès du mémoire, très vif dans la France pensante, fut assez médiocre dans le canton de Vaud, du moins en ce qui concernait le grand publie. Mais, dans un groupe d'intellectuels avancés, l'enthousiasme débordait. «On ne lit pas le Mémoire, on le dévore », écrit Leresche à son ami.

La joie avait été grande dans la petite maison de Bâle quand y était arrivée la nouvelle que le Mémoire était couronné. Mme Vinet la mère, Elise, Sophie, jubilaient, et ne s'en vantaient pas moins d'avoir de longue date prévu cet heureux résultat. Très sincèrement étonné, le lauréat, que la nouvelle trouva dans son lit, n'essayait de dissimuler ni son plaisir, ni sa légitime fierté. Les lettres de félicitations, les visites d'amis pleuvaient. Vinet était passé grand homme : mais il avait beaucoup de peine à se persuader que ce fût bien à lui qu'arrivait cette surprenante aventure.

(1) Lettres, t. 1, p. 76, 

(2) Cité par RAMBERT, P. 103.

(3) Vinet s'obstina, lui aussi, à considérer cet argent comme un prêt, et n'ayant pu, malgré ses recherches, découvrir les prêteurs, il rendit la somme, aussitôt que l'état de ses finances le lui permit, en instituant une fondation charitable.

(4) Cité Par RAMBERT, P. 118 et suiv.

(5) JACQUES CART, Mouvement religieux dans le canton de Vaud.
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