Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V

Croissance.

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Nous venons de voir que dans le domaine spirituel comme dans le domaine naturel, la force est produite directement ou indirectement par la combustion, c'est-à-dire par un sacrifice. Mais il existe dans la nature une autre loi, complément nécessaire de la première, et qui en est la contre-partie: il s'agit ici du phénomène de la croissance. Ne doit-il pas, lui aussi, être un symbole, une image d'un phénomène analogue dans le monde spirituel, et renfermer un enseignement d'une valeur proportionnée à l'importance de la place qu'occupe cette loi dans la nature ?

L'existence du monde et de tout ce qu'il contient repose sur deux lois d'une sublime simplicité. Elles ont leurs expressions scientifiques qu'il est inutile de citer. Il suffit de dire que dans le règne végétal ces deux phénomènes, à la fois opposés et correspondants, sont appelés en langage courant la combustion et la croissance. La croissance est simplement une opération qui est l'inverse de la combustion.
Il faut qu'un arbre croisse avant qu'il puisse brûler; sa valeur, comme combustible, sera en raison directe de ce qu'aura été sa croissance et de ce qu'il aura ainsi acquis en volume et en densité.

De même les matières décomposées - minérales, végétales ou animales - qui ont constitué le sol dans lequel l'arbre a grandi, ont dû passer par une désagrégation qui n'a été dans chaque cas ni plus ni moins qu'une forme de la combustion. C'est ainsi que partout la vie sort de la mort, la croissance de la combustion.




Dans le domaine spirituel, nous retrouvons deux phénomènes semblables: la croissance et le sacrifice. Dans la mesure où un homme croît en grâces, ses facultés naturelles sont affranchies à un point qui lui permet de supporter de plus grandes croix et, en même temps, élevées à un tel degré, que cet homme sent, avec une intensité proportionnée, toutes les croix qui lui sont envoyées, et donne une plus grande gloire à Dieu par la manière dont il les porte.
Plus le coeur est pur et plus il a de capacité pour aimer purement et puissamment; plus aussi il a par conséquent de capacité pour souffrir.
Combien douloureux a dû être pour Abraham et pour la mère du Seigneur le sacrifice d'un fils qu'ils aimaient avec toute la puissance d'une affection dépouillée d'égoïsme!

Pour la même raison, le caractère de la croix change selon les progrès de l'âme. Cette marche, ces progrès, sont indiqués par les mots « chaque jour ». « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. »




Et, si nous examinons la vie des saints hommes de la Bible, nous constatons une progression régulière dans les épreuves de foi auxquelles ils ont été soumis, et nous leur voyons porter des croix de plus en plus lourdes. Cela est remarquable surtout dans le cas d'Abraham : les épreuves de sa foi ont augmenté dans la mesure où sa foi grandissait et où il croissait dans la connaissance de Dieu. La croissance et la combustion, si nous pouvons nous exprimer ainsi, progressent parallèlement dans la carrière d'Abraham, nous démontrant les lois simples et sublimes par lesquelles Dieu se glorifie dans le domaine de la grâce comme dans celui de la nature.
Toutes les manifestations de la beauté de ce monde si merveilleux sont produites par l'activité de ces deux phénomènes sous une forme ou sous une autre.
Dans leur travail incessant, ils font résonner les louanges du Créateur par mille notes harmonieuses. La fleur épanouie, la forêt majestueuse, la cataracte mugissante, le météore éblouissant, sont tous des manifestations de ces deux lois à l'oeuvre, glorifiant le grand Législateur. À mesure qu'elles nous livrent leur secret, nous comprenons mieux comment Dieu est glorifié dans le monde spirituel, et par quoi il est glorifié.




Une augmentation de valeur a toujours été pour les saints de Dieu accompagnée d'une croix plus lourde, et le Seigneur semble traiter ses meilleurs amis moins bien que les autres; à mesure qu'ils ont avancé, leur chemin a été plus escarpé, semé de plus d'épines; leurs épreuves sont devenues plus dures, ils ont vu diminuer le nombre de ceux qui pouvaient les comprendre; leur sentier spirituel est devenu toujours plus solitaire. Il est de fait que l'isolement parait être une des formes les plus douloureuses sous lesquelles la croix nous est présentée, de même que de s'unir, s'associer à d'autres enfants de Dieu, est une des plus grandes joies de la terre et du ciel.




Quelle profondeur de tristesse ne révèlent-elles pas ces visites répétées de Christ à ses disciples, à Gethsémané! Trois fois il va, brisé de fatigue et d'angoisse, vers le lieu où ils sont livrés à l'insensibilité du sommeil. Et lui! à cette heure, son âme si tendre traversait une agonie parvenue à son comble, et, ce moment de suprême souffrance, il avait à le traverser seul! Dans le drame de cette nuit, nous voyons son âme passer d'un stage à un autre dans sa solitude. Premièrement, Jésus doit laisser en arrière la foule des croyants, puis les douze apôtres, puis les trois; et, lorsqu'il retourne auprès de ceux-ci, il les voit, eux, l'élite de ses fidèles, si insensibles, si aveugles, si indifférents, qu'il doit se résigner à, demeurer seul jusqu'au bout...




La quantité diminue nécessairement à mesure que la qualité augmente. Il en est ainsi dans la nature.
L'UNE SERA TOUJOURS EN RAISON INVERSE DE L'AUTRE.

Lorsque les hommes progressent en qualité, la quantité de leurs semblables ou de leurs associés doit diminuer. Devenant plus forts, plus fermes, plus indépendants, sauf vis-à-vis de Dieu, ils doivent naturellement avoir des appels et des croix d'un ordre plus élevé. Leur âme forte marche dans un désert plus sauvage et affronte des orages plus furieux; à mesure qu'ils en arrivent à une union plus intime, plus personnelle avec le Créateur, leur indépendance vis-à-vis de la créature devient plus complète; ils parviennent à accepter d'être sevrés de plus en plus de l'approbation, de la sympathie, des encouragements humains. Le Maître aura toujours à manger d'une nourriture que le disciple ne connaît pas; la chaussure de l'enfant ne convient plus à l'homme fait.

Un Abraham qui commence par le sacrifice négatif, qui abandonne son propre pays et sa parenté, doit progresser jusqu'à ce qu'il puisse offrir le sacrifice positif: le fils que Dieu lui avait donné.
Les dons de la nature ont dû les premiers passer par le feu de l'autel et, plus tard, il a dû en être de même pour ceux de la grâce; mais si ces derniers ont eu à passer par la fournaise, si les dons de la grâce ont été sacrifiés afin que le Donateur fût tout, combien plus devait il en être ainsi des premiers! Et combien ils sont encore sur les degrés inférieurs de l'échelle divine, ceux qui hésitent à quitter sur l'appel de Dieu « maison, père, mère ou enfant » (sous une forme quelconque mais réelle) à cause de l'Évangile!

Si le sacrifice que Dieu réclame est si absolu, si complet, est-il étonnant qu'il soit possible de voir des âmes en être à des degrés si différents dans la vie spirituelle, que celles qui sont en avant sont peu comprises de celles qui sont restées en arrière? Celles qui sont déjà haut sur l'échelle seront forcément en butte, de la part de celles qui sont en bas, à quelque reste de l'esprit de persécution.




Bien n'est plus frappant que de constater combien sont différents les mondes religieux dans lesquels vivent les chrétiens. Et, entre ces différents mondes, quel contraste offrent les opinions sur ce qui est permis ou défendu et sur ce qui constitue le « nécessaire » ou le « superflu! » Combien est grand le contraste entre les idées qui peuvent exister, au sujet du « sacrifice », dans divers milieux chrétiens! Et, lorsqu'on a depuis longtemps abandonné ce monde religieux où existent encore des salons et des bibelots, par exemple, quel étrange sentiment l'on éprouve lorsqu'on a l'occasion de pénétrer dans ce milieu-là, et que l'on a sous les yeux les objets inutiles et encombrants dont la marche d'un « pèlerin », « un étranger sur la terre », peut être encore embarrassée!

Et il en est ainsi dans tous ces mondes religieux superposés. Quelles vues divergentes on y entretient concernant ce que Dieu peut « raisonnablement » nous demander; le degré jusqu'auquel la créature doit être abandonnée; celui encore jusqu'auquel il est permis de laisser père, mère, fils ou fille; combien l'on diffère aussi dans ces milieux au sujet du degré où les âmes apostoliques doivent cesser de s'apitoyer sur elles-mêmes, ou les unes les autres sur leur sort, ou à quel point elles peuvent tenir pour assuré que chacune d'elles possède Dieu pour elle-même et n'a pas besoin d'autre chose.
À travers tous ces degrés, la pierre de touche de la croissance d'une âme sera toujours son indépendance vis-à-vis de ce qui est humain, ce qui est divin lui suffisant, pleinement, car la marche du progrès de l'âme va toujours de ce qui est naturel à ce qui est spirituel. Ceux qui auront le mieux appris à se passer de l'amour de la créature seront en même temps ceux dont le coeur débordera le plus d'amour envers toutes les créatures.
Il se réalisera une sainte économie de leur puissance de sympathie ; n'ayant plus de sympathie pour eux-mêmes, toute la force de cette divine faculté pourra être dépensée au service de leurs frères et des âmes perdues.




Un homme de Dieu, dont l'âme sanctifiée avait beaucoup souffert à cause de sa fidélité aux principes et à la pratique véritable d'une spiritualité sans alliage, a dit un jour à un de mes amis : « A trois périodes de ma vie spirituelle, tous mes amis chrétiens m'ont tourné le dos et m'ont fait de l'opposition; mais je ne me suis jamais senti si rapproché d'eux que lorsqu'ils s'éloignaient de moi, et jamais je n'ai eu pour eux un amour plus vrai ou plus pur. »




L'abandon du péché est obligatoire et doit, par conséquent, être instantané. L'abandon de notre « vie » naturelle, étant en quelque sorte facultatif, peut être progressif, et même il l'est naturellement. « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul. » Ainsi de l'âme : elle peut être et rester une âme sauvée et demeurer « seule » ; mais si elle veut en sauver d'autres, elle doit consentir à mourir. Le vieux grain deviendra l'engrais de la plante nouvelle; de cette manière seulement, il peut multiplier. Pour être un véritable « disciple », l'homme doit. « haïr , sa propre vie afin de la retrouver.

Comme Christ, nous sommes appelés à mourir pour sauver; la seule différence entre sa mort et la nôtre est celle-ci : la sienne était en même temps une mort expiatoire, et c'était seulement après cette mort, qu'il pouvait envoyer le « feu » de la Pentecôte sur ce monde qui l'a rejeté. Qu'est-ce qui aurait pu être plus absolument semblable à un tas de combustible passif et livré au feu que ces apôtres réunis dans la Chambre haute? Aussi, immédiatement, comme leur Maître, ils se sont chargés de leur croix et ont commencé à brûler; afin d'éclairer le monde ils sont devenus INCANDESCENTS.




Si un objet augmente de valeur il sera nécessairement employé pour une acquisition proportionnellement plus grande, de manière à obtenir un bénéfice plus élevé. À supposer qu'une pièce de monnaie pût, par la croissance, augmenter en volume et en valeur, ou qu'une pièce d'argent pût se changer en or, pourrions-nous croire que celui auquel elle appartiendrait, serait content de la dépenser pour une acquisition inférieure à sa dernière valeur? Pouvons-nous penser que Dieu, le grand « Maître de Maison » en agisse autrement? Dans la proportion où il réussit de jour en jour à faire augmenter de valeur ceux qui le servent, ne les dépensera-t-il pas aussi dans un service plus difficile et ne les mettra-t-il pas à une épreuve plus grande, ne s'attendra-t-il pas à ce qu'ils donnent un « rendement » toujours supérieur ? Si, d'une part, il ne permet pas que nous soyons tentés (éprouvés) au delà de nos forces, peut-il, d'autre part, par une vraie mise en valeur, permettre que l'épreuve soit au-dessous de ce que nos forces peuvent supporter? Cette question nous amène à en envisager une autre, la plus élevée de toutes : Quelle est cette chose, d'une valeur si grande, que nous ayons à être dépensés pour la procurer ? Quel est le produit de l'épreuve et de la croix? Quel est ce « trésor » qui doit être amassé dans les cieux? C'est la gloire de Dieu, rien de moins. Dieu étant lui-même la bonté, la justice suprême, tout ce qui le glorifie atteint la note la plus élevée dans l'harmonie finale. Il n'y a rien au-dessus. « Ton nom soit sanctifié » est la première prière. « A toi la gloire » est la dernière. Glorifier Dieu est le but suprême de notre existence; même le salut des âmes est moins que cela comme la partie est moins que le tout.




Ainsi, une chose a de la valeur selon le degré où elle contribue à la gloire de Dieu. Donc, pour une âme qui progresse, être employée selon sa valeur, c'est avoir à porter des croix toujours plus lourdes pour glorifier Dieu, pour honorer son Esprit. Cela est un mystère, mais, comme pour tous les mystères divins, ce qui en fait le mystère c'est sa simplicité suprême et finale. Tout ce qui est bon dans l'univers tend vers un même point: la gloire de Dieu. Il ne peut y avoir en toute chose qu'un centre; il n'y en a qu'un dans l'univers moral: la gloire de Dieu. C'est sublime parce que c'est simple. Ce qui est de nature à avancer la gloire de Dieu, et cela seulement, atteint le point de mire de l'univers moral. Dieu agit de bien des manières qui sont au-dessus de la portée de l'homme, même de l'homme chrétien, mais à tous ces mystères il y a la même clef, et cette clef, c'est sa gloire « qu'Il ne donnera point à un autre. »

La valeur d'une âme s'estime donc suivant le degré où elle contribuera à la gloire de Dieu; il en résulte que la croissance des âmes est un moyen et non une fin; elles croissent afin d'augmenter de valeur, c'est-à-dire de contribuer dans une plus grande mesure à la gloire de Dieu. Par conséquent, des progrès en croissance impliquent plus de croix, de pertes, de solitude, d'opprobre, de souffrance, et aussi plus de cette charité inaltérable, inextinguible, qui ne cherche point son intérêt, ne s'irrite point, supporte tout, croit tout, se réjouit sans cesse, ne se fait gloire que de la croix, et rend grâce pour toutes choses.




C'est pourquoi, ainsi que nous l'avons dit plus haut, Dieu semble toujours traiter le plus mal ses meilleurs amis, et avoir traité son propre Fils plus mal que tous les autres. Pouvait-il les dépenser pour moins que leur valeur, pouvaient-ils eux-mêmes souhaiter de produire un prix de rapport inférieur à celui qu'ils pouvaient donner? Non! cela aurait été une tache sur la perfection des saints. Désirant la fin, ils doivent vouloir les moyens; et, plus épaisse est l'obscurité de leur agonie, plus leur Gethsémané est étrange et mystérieux, plus profonde aussi est leur conviction que Dieu a un plan, qu'il en poursuit la réalisation à sa gloire, et que l'éclat de cette gloire se mesurera à l'intensité des ténèbres qu'ils ont traversées.
C'est ainsi que parmi les plus grands saints, il y en a dont la vie a paru finir dans l'obscurité, la défaite et l'abaissement, au lieu de se terminer au milieu de l'admiration et des applaudissements.
Ainsi en a-t-il été, en apparence, du Christ vaincu et solitaire; ainsi d'un Paul seul et honni; ainsi d'un Jean exilé et seul également. Une fin, accompagnée d'apparent insuccès et de ténèbres dans la nuit de l'ignominie, leur a été réservée comme à leur Maître; mais c'est derrière les nuages noirs de la défaite terrestre que la gloire de Dieu brille avec plus d'éclat.

Hier, je visitais la petite ville de Thonon; c'est là que Mme Guyon eut à porter quelques-unes de ses croix les plus lourdes. Le sombre donjon de Vincennes a été ensuite sa demeure pendant quinze ans, au point que tout son être lui semblait être engourdi par la solitude de ce tombeau; à la fin il ne restait de sensible à son âme que la faculté d'aimer - c'était assez. Le ministère de cette sainte femme se réduisit à ceci: aimer Dieu dans une obscure prison. Et pourtant, dans ces pénibles heures, n'avait-elle pas atteint le centre de toutes choses ?
Pour que son âme fût employée selon sa valeur, il n'a pas fallu une épreuve moindre. Un peu moins d'isolement ou d'opprobre, une amitié qui la comprit, et ce rayon de lumière terrestre aurait atténué la gloire divine de cette fin plongée dans les ténèbres. Son Maître n'avait pas un ami parfait; Démas le bien-aimé avait abandonné Paul, l'amour du monde ayant causé sa chute; et les dernières années de Mme Guyon fuirent honorées par une nuit sans une seule étoile.




Plus la valeur des pièces de monnaie augmente, plus leur volume diminue; une pièce d'or de vingt francs est plus petite qu'une pièce de cuivre de dix centimes. Il en est de même dans le royaume de Dieu, pour les âmes qui sont en circulation: humainement parlant, elles diminuent à mesure que s'accroît leur valeur divine; elles perdent en « surface » chaque fois qu'elles sont promues à une croix plus haute; le monde a moins de prise sur elles; elles en sont moins dépendantes, lui glissent plus aisément entre les doigts, tiennent moins à la place qu'elles y occupent, et sont plus facilement reléguées dans quelque lieu ignoré; d'après leur surface et les apparences, elles semblent valoir beaucoup moins, mais, en réalité, elles sont dépensées pour un achat de l'invisible autrement considérable que si elles eussent été d'un volume plus important.

Ainsi, tout homme qui aime ce qui est divin, qui adore Dieu en esprit et en vérité, s'il est tenté de croire que sa vie est dépensée pour rien, pourra toujours reprendre courage en se rappelant que le terme, le centre, le but final, c'est la gloire de Dieu, et en se souvenant que Dieu n'a jamais poursuivi ce but a J'aide d'autre moyen que celui de la croix.
Ce qui est naturel doit céder le terrain a ce qui est spirituel; ce qui est humain doit être sacrifié à ce qui est divin; ce qui est mortel doit revêtir l'immortalité. Alors seulement, on peut dire que la mort a été engloutie par la vie. Ces choses qui peuvent être ébranlées (tout ce qui est humain peut l'être) doivent être enlevées afin que celles-là restent qui sont inébranlables.

Dieu semble avoir condensé en une simple et terrible formule cette loi de la grâce (qui a déjà projeté son ombre en avant dans la nature) : la puissance par le sacrifice. Cette formule apparaît le jour où les disciples, montant plus haut, deviennent apôtres, et elle semble être une formule complète pour tous ceux qui deviennent ainsi apôtres. La voici : « Du sang, du feu et de la fumée »; le sang du Calvaire, le feu de la Pentecôte et la fumée de la combustion de la « vie » naturelle.
Dans la croissance, chaque degré doit être marqué par un feu plus ardent, une combustion plus vive, et une fumée plus épaisse. La plupart des hommes ne verront que la « fumée » : les humiliations, les croix par lesquelles devra passer l'âme apostolique. Elles la rendront pour eux un objet de pitié, de mépris ou de défiance, mais néanmoins la puissance et la lumière produites pour le salut, la sanctification, le crucifiement d'âmes sincères et leur consécration à une vie d'apôtre, seront toujours en proportion directe avec le combustible brûlé. Plus l'âme apostolique croît à la ressemblance d'Abraham et de son divin Maître, et plus elle connaîtra les épreuves et les croix du Morija et du Calvaire.


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