Nous venons de voir que dans le domaine spirituel comme dans le domaine naturel, la force est produite directement ou indirectement par la combustion, c'est-à-dire par un sacrifice. Mais il existe dans la nature une autre loi, complément nécessaire de la première, et qui en est la contre-partie: il s'agit ici du phénomène de la croissance. Ne doit-il pas, lui aussi, être un symbole, une image d'un phénomène analogue dans le monde spirituel, et renfermer un enseignement d'une valeur proportionnée à l'importance de la place qu'occupe cette loi dans la nature ?
L'existence du monde et
de tout ce
qu'il contient repose sur deux lois d'une sublime
simplicité. Elles ont leurs expressions scientifiques
qu'il est inutile de citer. Il suffit de dire que dans le
règne végétal ces deux
phénomènes, à la fois opposés et
correspondants, sont appelés en langage courant la
combustion et la croissance. La croissance est simplement
une opération qui est l'inverse de la
combustion.
Il faut qu'un arbre
croisse avant
qu'il puisse brûler; sa valeur, comme combustible,
sera en raison directe de ce qu'aura été sa
croissance et de ce qu'il aura ainsi acquis en volume et en
densité.
De même les matières décomposées - minérales, végétales ou animales - qui ont constitué le sol dans lequel l'arbre a grandi, ont dû passer par une désagrégation qui n'a été dans chaque cas ni plus ni moins qu'une forme de la combustion. C'est ainsi que partout la vie sort de la mort, la croissance de la combustion.
Dans le domaine
spirituel, nous
retrouvons deux phénomènes semblables: la
croissance et le sacrifice. Dans la mesure où un
homme croît en grâces, ses facultés
naturelles sont affranchies à un point qui lui permet
de supporter
de plus grandes croix et, en même temps,
élevées à un tel degré, que cet
homme sent,
avec une intensité
proportionnée, toutes les croix qui lui sont
envoyées, et donne une plus grande gloire à
Dieu par la manière dont il les porte.
Plus le coeur est
pur et plus il a
de capacité pour aimer purement et puissamment; plus
aussi il a par conséquent de capacité pour
souffrir.
Combien douloureux a
dû
être pour Abraham et pour la mère du Seigneur
le sacrifice d'un fils qu'ils aimaient avec toute la
puissance d'une affection dépouillée
d'égoïsme!
Pour la même raison, le caractère de la croix change selon les progrès de l'âme. Cette marche, ces progrès, sont indiqués par les mots « chaque jour ». « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. »
Et, si nous examinons la
vie des
saints hommes de la Bible, nous constatons une progression
régulière dans les épreuves de foi
auxquelles ils ont été soumis, et nous leur
voyons porter des croix de plus en plus lourdes. Cela est
remarquable surtout dans le cas d'Abraham : les
épreuves de sa foi ont augmenté dans la mesure
où sa foi grandissait et où il croissait dans
la connaissance de Dieu. La croissance et la combustion, si
nous pouvons nous exprimer ainsi, progressent
parallèlement dans la carrière d'Abraham, nous
démontrant les lois simples et sublimes par
lesquelles Dieu se glorifie dans le domaine de la
grâce comme dans celui de la nature.
Toutes les
manifestations de la
beauté de ce monde si merveilleux sont produites par
l'activité de ces deux phénomènes sous
une forme ou sous une autre.
Dans leur travail
incessant, ils
font résonner les louanges du Créateur par
mille notes harmonieuses. La fleur épanouie, la
forêt majestueuse, la cataracte mugissante, le
météore éblouissant, sont tous des
manifestations de ces deux lois à l'oeuvre,
glorifiant le grand Législateur. À mesure
qu'elles nous livrent leur secret, nous comprenons mieux comment
Dieu est glorifié dans le monde
spirituel, et par
quoi il est
glorifié.
Une augmentation de valeur a toujours été pour les saints de Dieu accompagnée d'une croix plus lourde, et le Seigneur semble traiter ses meilleurs amis moins bien que les autres; à mesure qu'ils ont avancé, leur chemin a été plus escarpé, semé de plus d'épines; leurs épreuves sont devenues plus dures, ils ont vu diminuer le nombre de ceux qui pouvaient les comprendre; leur sentier spirituel est devenu toujours plus solitaire. Il est de fait que l'isolement parait être une des formes les plus douloureuses sous lesquelles la croix nous est présentée, de même que de s'unir, s'associer à d'autres enfants de Dieu, est une des plus grandes joies de la terre et du ciel.
Quelle profondeur de tristesse ne révèlent-elles pas ces visites répétées de Christ à ses disciples, à Gethsémané! Trois fois il va, brisé de fatigue et d'angoisse, vers le lieu où ils sont livrés à l'insensibilité du sommeil. Et lui! à cette heure, son âme si tendre traversait une agonie parvenue à son comble, et, ce moment de suprême souffrance, il avait à le traverser seul! Dans le drame de cette nuit, nous voyons son âme passer d'un stage à un autre dans sa solitude. Premièrement, Jésus doit laisser en arrière la foule des croyants, puis les douze apôtres, puis les trois; et, lorsqu'il retourne auprès de ceux-ci, il les voit, eux, l'élite de ses fidèles, si insensibles, si aveugles, si indifférents, qu'il doit se résigner à, demeurer seul jusqu'au bout...
La quantité diminue
nécessairement à mesure que la qualité
augmente. Il en est ainsi dans la nature.
L'UNE SERA TOUJOURS
EN RAISON
INVERSE DE L'AUTRE.
Lorsque les hommes progressent en qualité, la quantité de leurs semblables ou de leurs associés doit diminuer. Devenant plus forts, plus fermes, plus indépendants, sauf vis-à-vis de Dieu, ils doivent naturellement avoir des appels et des croix d'un ordre plus élevé. Leur âme forte marche dans un désert plus sauvage et affronte des orages plus furieux; à mesure qu'ils en arrivent à une union plus intime, plus personnelle avec le Créateur, leur indépendance vis-à-vis de la créature devient plus complète; ils parviennent à accepter d'être sevrés de plus en plus de l'approbation, de la sympathie, des encouragements humains. Le Maître aura toujours à manger d'une nourriture que le disciple ne connaît pas; la chaussure de l'enfant ne convient plus à l'homme fait.
Un Abraham qui commence
par le
sacrifice négatif, qui abandonne son propre pays et
sa parenté, doit progresser jusqu'à ce qu'il
puisse offrir le sacrifice positif: le fils que Dieu lui
avait donné.
Les dons de la
nature ont dû
les premiers passer par le feu de l'autel et, plus tard, il
a dû en être de même pour ceux de la
grâce; mais si ces derniers ont eu à passer par
la fournaise, si les dons de la grâce ont
été sacrifiés afin que le Donateur
fût tout, combien plus devait il en être ainsi
des premiers! Et combien ils sont encore sur les
degrés inférieurs de l'échelle divine,
ceux qui hésitent à quitter sur l'appel de
Dieu « maison, père, mère ou enfant
» (sous une forme quelconque mais réelle)
à cause de l'Évangile!
Si le sacrifice que Dieu réclame est si absolu, si complet, est-il étonnant qu'il soit possible de voir des âmes en être à des degrés si différents dans la vie spirituelle, que celles qui sont en avant sont peu comprises de celles qui sont restées en arrière? Celles qui sont déjà haut sur l'échelle seront forcément en butte, de la part de celles qui sont en bas, à quelque reste de l'esprit de persécution.
Bien n'est plus frappant que de constater combien sont différents les mondes religieux dans lesquels vivent les chrétiens. Et, entre ces différents mondes, quel contraste offrent les opinions sur ce qui est permis ou défendu et sur ce qui constitue le « nécessaire » ou le « superflu! » Combien est grand le contraste entre les idées qui peuvent exister, au sujet du « sacrifice », dans divers milieux chrétiens! Et, lorsqu'on a depuis longtemps abandonné ce monde religieux où existent encore des salons et des bibelots, par exemple, quel étrange sentiment l'on éprouve lorsqu'on a l'occasion de pénétrer dans ce milieu-là, et que l'on a sous les yeux les objets inutiles et encombrants dont la marche d'un « pèlerin », « un étranger sur la terre », peut être encore embarrassée!
Et il en est ainsi dans
tous ces
mondes religieux superposés. Quelles vues divergentes
on y entretient concernant ce que Dieu peut «
raisonnablement » nous demander; le degré
jusqu'auquel la créature doit être
abandonnée; celui encore jusqu'auquel il est permis
de laisser père, mère, fils ou fille; combien
l'on diffère aussi dans ces milieux au sujet du
degré où les âmes apostoliques doivent
cesser de s'apitoyer sur elles-mêmes, ou les unes les
autres sur leur sort, ou à quel point elles peuvent
tenir pour assuré que chacune d'elles possède
Dieu pour elle-même et n'a pas besoin d'autre
chose.
À travers tous ces
degrés, la pierre de touche de la croissance d'une
âme sera toujours son indépendance
vis-à-vis de ce qui est humain, ce qui est divin lui
suffisant, pleinement, car la marche du progrès de
l'âme va toujours de ce qui est naturel à ce
qui est spirituel. Ceux qui auront le mieux appris à
se passer de l'amour de la créature seront en
même temps ceux dont le coeur débordera le plus
d'amour envers toutes les créatures.
Il se réalisera une
sainte
économie de leur puissance de sympathie ; n'ayant
plus de sympathie
pour
eux-mêmes, toute la force de cette divine
faculté pourra être dépensée au
service de leurs frères et des âmes
perdues.
Un homme de Dieu, dont l'âme sanctifiée avait beaucoup souffert à cause de sa fidélité aux principes et à la pratique véritable d'une spiritualité sans alliage, a dit un jour à un de mes amis : « A trois périodes de ma vie spirituelle, tous mes amis chrétiens m'ont tourné le dos et m'ont fait de l'opposition; mais je ne me suis jamais senti si rapproché d'eux que lorsqu'ils s'éloignaient de moi, et jamais je n'ai eu pour eux un amour plus vrai ou plus pur. »
L'abandon du péché est obligatoire et doit, par conséquent, être instantané. L'abandon de notre « vie » naturelle, étant en quelque sorte facultatif, peut être progressif, et même il l'est naturellement. « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul. » Ainsi de l'âme : elle peut être et rester une âme sauvée et demeurer « seule » ; mais si elle veut en sauver d'autres, elle doit consentir à mourir. Le vieux grain deviendra l'engrais de la plante nouvelle; de cette manière seulement, il peut multiplier. Pour être un véritable « disciple », l'homme doit. « haïr , sa propre vie afin de la retrouver.
Comme Christ, nous sommes appelés à mourir pour sauver; la seule différence entre sa mort et la nôtre est celle-ci : la sienne était en même temps une mort expiatoire, et c'était seulement après cette mort, qu'il pouvait envoyer le « feu » de la Pentecôte sur ce monde qui l'a rejeté. Qu'est-ce qui aurait pu être plus absolument semblable à un tas de combustible passif et livré au feu que ces apôtres réunis dans la Chambre haute? Aussi, immédiatement, comme leur Maître, ils se sont chargés de leur croix et ont commencé à brûler; afin d'éclairer le monde ils sont devenus INCANDESCENTS.
Si un objet augmente de valeur il sera nécessairement employé pour une acquisition proportionnellement plus grande, de manière à obtenir un bénéfice plus élevé. À supposer qu'une pièce de monnaie pût, par la croissance, augmenter en volume et en valeur, ou qu'une pièce d'argent pût se changer en or, pourrions-nous croire que celui auquel elle appartiendrait, serait content de la dépenser pour une acquisition inférieure à sa dernière valeur? Pouvons-nous penser que Dieu, le grand « Maître de Maison » en agisse autrement? Dans la proportion où il réussit de jour en jour à faire augmenter de valeur ceux qui le servent, ne les dépensera-t-il pas aussi dans un service plus difficile et ne les mettra-t-il pas à une épreuve plus grande, ne s'attendra-t-il pas à ce qu'ils donnent un « rendement » toujours supérieur ? Si, d'une part, il ne permet pas que nous soyons tentés (éprouvés) au delà de nos forces, peut-il, d'autre part, par une vraie mise en valeur, permettre que l'épreuve soit au-dessous de ce que nos forces peuvent supporter? Cette question nous amène à en envisager une autre, la plus élevée de toutes : Quelle est cette chose, d'une valeur si grande, que nous ayons à être dépensés pour la procurer ? Quel est le produit de l'épreuve et de la croix? Quel est ce « trésor » qui doit être amassé dans les cieux? C'est la gloire de Dieu, rien de moins. Dieu étant lui-même la bonté, la justice suprême, tout ce qui le glorifie atteint la note la plus élevée dans l'harmonie finale. Il n'y a rien au-dessus. « Ton nom soit sanctifié » est la première prière. « A toi la gloire » est la dernière. Glorifier Dieu est le but suprême de notre existence; même le salut des âmes est moins que cela comme la partie est moins que le tout.
Ainsi, une chose a de la valeur selon le degré où elle contribue à la gloire de Dieu. Donc, pour une âme qui progresse, être employée selon sa valeur, c'est avoir à porter des croix toujours plus lourdes pour glorifier Dieu, pour honorer son Esprit. Cela est un mystère, mais, comme pour tous les mystères divins, ce qui en fait le mystère c'est sa simplicité suprême et finale. Tout ce qui est bon dans l'univers tend vers un même point: la gloire de Dieu. Il ne peut y avoir en toute chose qu'un centre; il n'y en a qu'un dans l'univers moral: la gloire de Dieu. C'est sublime parce que c'est simple. Ce qui est de nature à avancer la gloire de Dieu, et cela seulement, atteint le point de mire de l'univers moral. Dieu agit de bien des manières qui sont au-dessus de la portée de l'homme, même de l'homme chrétien, mais à tous ces mystères il y a la même clef, et cette clef, c'est sa gloire « qu'Il ne donnera point à un autre. »
La valeur d'une âme s'estime donc suivant le degré où elle contribuera à la gloire de Dieu; il en résulte que la croissance des âmes est un moyen et non une fin; elles croissent afin d'augmenter de valeur, c'est-à-dire de contribuer dans une plus grande mesure à la gloire de Dieu. Par conséquent, des progrès en croissance impliquent plus de croix, de pertes, de solitude, d'opprobre, de souffrance, et aussi plus de cette charité inaltérable, inextinguible, qui ne cherche point son intérêt, ne s'irrite point, supporte tout, croit tout, se réjouit sans cesse, ne se fait gloire que de la croix, et rend grâce pour toutes choses.
C'est pourquoi, ainsi
que nous l'avons
dit plus haut, Dieu semble toujours traiter le plus mal ses
meilleurs amis, et avoir traité son propre Fils plus
mal que tous les autres. Pouvait-il les dépenser pour
moins que leur valeur, pouvaient-ils eux-mêmes
souhaiter de produire un prix de rapport inférieur
à celui qu'ils pouvaient donner? Non! cela aurait
été une tache sur la perfection des saints.
Désirant la fin, ils doivent vouloir les moyens; et,
plus épaisse est l'obscurité de leur agonie,
plus leur Gethsémané est étrange et
mystérieux, plus profonde aussi est leur conviction
que Dieu a un plan, qu'il en poursuit la réalisation
à sa gloire, et que l'éclat de cette gloire se
mesurera à l'intensité des
ténèbres qu'ils ont
traversées.
C'est ainsi que
parmi les plus
grands saints, il y en a dont la vie a paru finir dans
l'obscurité, la défaite et l'abaissement, au
lieu de se terminer au milieu de l'admiration et des
applaudissements.
Ainsi en a-t-il été,
en apparence, du Christ vaincu et solitaire; ainsi d'un Paul
seul et honni; ainsi d'un Jean exilé et seul
également. Une fin, accompagnée d'apparent
insuccès et de ténèbres dans la nuit de
l'ignominie, leur a été réservée
comme à leur Maître; mais c'est derrière
les nuages noirs de la défaite terrestre que la
gloire de Dieu brille avec plus d'éclat.
Hier, je visitais la
petite ville de
Thonon; c'est là que Mme Guyon eut à porter
quelques-unes de ses croix les plus lourdes. Le sombre
donjon de Vincennes a été ensuite sa demeure
pendant quinze ans, au point que tout son être lui
semblait être engourdi par la solitude de ce tombeau;
à la fin il ne restait de sensible à son
âme que la faculté d'aimer - c'était
assez. Le ministère de cette sainte femme se
réduisit à ceci: aimer Dieu dans une obscure
prison. Et pourtant, dans ces pénibles heures,
n'avait-elle pas atteint le centre de toutes choses
?
Pour que son âme fût
employée selon sa valeur, il n'a pas fallu une
épreuve moindre. Un peu moins d'isolement ou
d'opprobre, une amitié qui la comprit, et ce rayon de
lumière terrestre aurait atténué la
gloire divine de cette fin plongée dans les
ténèbres. Son Maître n'avait pas un ami
parfait; Démas le bien-aimé avait
abandonné Paul, l'amour du monde ayant causé
sa chute; et les dernières années de Mme Guyon
fuirent honorées par une nuit sans une seule
étoile.
Plus la valeur des pièces de monnaie augmente, plus leur volume diminue; une pièce d'or de vingt francs est plus petite qu'une pièce de cuivre de dix centimes. Il en est de même dans le royaume de Dieu, pour les âmes qui sont en circulation: humainement parlant, elles diminuent à mesure que s'accroît leur valeur divine; elles perdent en « surface » chaque fois qu'elles sont promues à une croix plus haute; le monde a moins de prise sur elles; elles en sont moins dépendantes, lui glissent plus aisément entre les doigts, tiennent moins à la place qu'elles y occupent, et sont plus facilement reléguées dans quelque lieu ignoré; d'après leur surface et les apparences, elles semblent valoir beaucoup moins, mais, en réalité, elles sont dépensées pour un achat de l'invisible autrement considérable que si elles eussent été d'un volume plus important.
Ainsi, tout homme qui
aime ce qui est
divin, qui adore Dieu
en esprit et
en vérité, s'il est tenté de croire que
sa vie est dépensée pour rien, pourra toujours
reprendre courage en se rappelant que le terme, le centre,
le but final, c'est la gloire de Dieu, et en se souvenant
que Dieu n'a jamais poursuivi ce but a J'aide d'autre moyen
que celui de la croix.
Ce qui est naturel
doit
céder le terrain a ce qui est spirituel; ce qui est
humain doit être sacrifié à ce qui est
divin; ce qui est mortel doit revêtir
l'immortalité. Alors seulement, on peut dire que la
mort a été engloutie par la vie. Ces choses
qui peuvent être ébranlées (tout ce qui
est humain peut l'être) doivent être
enlevées afin que celles-là restent qui sont
inébranlables.
Dieu semble avoir
condensé en
une simple et terrible formule cette loi de la grâce
(qui a déjà projeté son ombre en avant
dans la nature) : la puissance par le sacrifice. Cette
formule apparaît le jour où les disciples,
montant plus haut, deviennent apôtres,
et
elle semble être une formule complète pour tous
ceux qui deviennent ainsi apôtres. La voici : «
Du sang, du feu et de la fumée »; le sang du
Calvaire, le feu de la Pentecôte et la fumée de
la combustion de la « vie » naturelle.
Dans la croissance,
chaque
degré doit être marqué par un feu plus
ardent, une combustion plus vive, et une fumée plus
épaisse. La plupart des hommes ne verront que la
« fumée » : les humiliations, les croix par
lesquelles devra passer l'âme apostolique. Elles la
rendront pour eux un objet de pitié, de mépris
ou de défiance, mais néanmoins la puissance et
la lumière produites pour le salut, la
sanctification, le crucifiement d'âmes sincères
et leur consécration à une vie d'apôtre,
seront toujours en proportion directe avec le combustible
brûlé. Plus l'âme apostolique croît
à la ressemblance d'Abraham et de son divin
Maître, et plus elle connaîtra les
épreuves et les croix du Morija et du
Calvaire.
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