Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II

Le Programme de la Pentecôte.

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Ce devait être vers six heures du matin que cent vingt hommes et femmes, baptisés de feu, descendirent comme un torrent de la « Chambre haute » dans les rues de Jérusalem; et à neuf heures environ (la « troisième heure » du matin), l'impression faite par eux sur la multitude qui s'était rassemblée était déjà si puissante que l'heure avait sonné où, selon les desseins de Dieu, Pierre devait se lever et proclamer le Programme de la Pentecôte, le plus merveilleux programme que le monde ait jamais entendu annoncer.
Jérusalem était à ce moment providentiellement inondée d'un million de visiteurs environ, venant de tous les bouts de la terre. La ville entière fut soulevée par une émotion intense. L'attention du public avait soudain été captivée par cette poignée d'hommes illettrés et de femmes qu'il voyait tout à coup prier et chanter, seuls ou par groupes, aux coins des rues ou sur le pas des portes, sur les toits plats des maisons les plus basses ou. bien encore dans les parvis du temple.

La religion était descendue pour ainsi dire du temple dans la rue, son grand champ de bataille à l'avenir, sur les voies populeuses et les places publiques. La nuée de feu avait quitté le silence sacré du sanctuaire (dont le voile était maintenant déchiré en deux pour toujours), et s'était transportée au sein du nouveau peuple de Dieu; elle avait envahi leur « chambre-haute » ; comme un vent puissant, elle avait pénétré dans leur réunion de prières (prolongée pendant quelques centaines d'heures, sans autres interruptions que celles qu'exigent les nécessités humaines); elle s'était divisée en cent vingt nuées de feu plus petites, et elle était tombée sur chacun d'eux avec une gloire incomparable, sous forme de légères langues de feu, de flammes d'amour et de lumière. « Chacun d'eux », même la pauvre blanchisseuse du coin, même les quatre filles de Philippe, remplies de la timidité des vierges juives, - mais qui devaient dorénavant être des « évangélistes », - même la chère Mme Marc, « chacun » avait reçu une flamme entière pour lui-même ou pour elle-même. Tous leurs besoins spirituels et même intellectuels avaient été soudainement satisfaits, pour tout ce qui concernait leur mission, et qui oserait nier que le plus faible des « corps mortels » se trouvant dans cette chambre, ne fût tout d'un coup vivifié et doué de toute la force physique extraordinaire nécessaire pour le rendre capable de s'acquitter du message qu'ils venaient de recevoir?

Et ce n'est pas tout, mais Dieu - qui a solennellement promis à ses serviteurs dans tous les temps et dans toutes les situations de leur donner des grâces plus que suffisantes pour toutes les circonstances où il les placerait, - ce Dieu, au service duquel ils devaient dès lors « partir en guerre », leur accorda le don qui leur était spécialement nécessaire pour ces temps-là, le don des langues. Et nous voyons dès lors ces paysans, ces pêcheurs, ces faiseurs de sandales, ces blanchisseuses, ces servantes, avec des visages rayonnant d'une lumière nouvelle, d'intelligence et de grâce divines, prêchant avec une éloquence passionnée, accompagnée de gestes énergiques, dans toutes les langues diverses de la foule qui s'amassait autour d'eux et qui avait été ainsi arrêtée par la sagesse d'en-haut à l'heure où elle montait au Temple pour le sacrifice du matin.




Alors Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix, et annonça à la foule que ce qu'elle voyait devant elle était l'accomplissement de « ce qui a été dit par le prophète Joël » (Joël II, 28-32. Actes II, 17-21).
« Dans le derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon esprit sur toute chair; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, dans ces jours-là, je répandrai de mon esprit et ils prophétiseront, je ferai paraître des prodiges en haut dans le ciel et des miracles en bas sur la terre, du sang, du feu et une vapeur de fumée, le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant l'arrivée du jour du Seigneur, de ce jour grand et glorieux. Alors quiconque invoquera le nom dit Seigneur sera sauvé. »

Tel est, sublime dans sa simplicité, le programme de Dieu pour le salut du monde. Rien de plus, rien de moins.

Il ne doit pas être accompli par des anges, mais par des hommes et des femmes simples, naturels, et semblables à des enfants. Des hommes et des femmes remplis du Saint-Esprit, dans lesquels s'est allumée la flamme inextinguible de l'amour divin, la détermination passionnée de voir des âmes sauvées et de faire avancer sur la terre le règne du Christ. Des hommes et des femmes qui, comme tous les vrais soldats, ont accepté la mort d'avance, et par conséquent peuvent facilement accepter tout ce qui est moins douloureux que la mort, comme le tout contient la partie. Des hommes et des femmes de feu, rien moins que cela.




Et le but précis, défini, de toute cette manifestation de puissance divine qui se déroulait devant la multitude émerveillée, ce but était renfermé dans les derniers mots qui tombèrent, comme un éclat de tonnerre, des lèvres de Pierre: « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera SAUVÉ ». Sauvé! Sauvé! SAUVÉ! Tout est là. Beaucoup de mal a été fait dans le monde par la « religion », mais le salut n'a jamais nui à personne; le monde a été couvert de rationalistes et d'incrédules par une théologie morte, mais le salut, la seule chose nécessaire, indispensable, la seule importante aux yeux de Dieu, n'a jamais eu de funestes conséquences. Que Dieu nous aide à être au sens réel, entier, primitif, au sens de la Pentecôte, une Armée de Feu!

Tout le reste du discours de Pierre au sujet du sang n'est qu'une explication des moyens adoptés par Dieu pour ôter le péché de son peuple et le mettre en liberté, afin qu'il puisse devenir comme une vaste flamme de feu. Il doit avoir la souplesse, la douceur d'une flamme, en même temps que sa puissance, sa force dévorante, capable non seulement de brûler toute l'offrande déposée sur l'autel, mais, comme ce fut le cas sur le mont Carmel, d'absorber l' « eau » des formes et cérémonies par laquelle cette offrande a été noyée.

Il ne suffit pas d'être chaud, ou même bouillant. La chaleur ne se propage que si elle jaillit en FLAMMES; alors elle balaye tout devant elle. Une mèche chaude n'allume rien. Il faut avant tout qu'elle flambe. Ce qui est simplement chaud se refroidit bientôt dans ce monde, mais une flamme jette de l'éclat et brûle, brûle, brûle, aussi longtemps qu'il reste quelque chose à brûler.

Examinons rapidement la nature de ce baptême de Pentecôte et ses conséquences.




I. Le moment où il s'est produit: - « Dans ces jours-là», c'est-à-dire dans la nouvelle économie. Tous les patriarches, prophètes et prophétesses, avaient le Saint-Esprit et étaient des hommes et des femmes baptisés de feu; cependant le monde devait recevoir plus encore, un don qui ne pouvait lui être accordé qu'après le Calvaire. De même pour toute âme sa Pentecôte doit suivre son Calvaire, et non le précéder.
Elle ne peut recevoir la puissance de Pentecôte qu'après avoir passé par le crucifiement absolu, une fois pour toutes, par la perte complète de toutes choses, par la mort entière et définitive. Elle peut posséder les bénédictions de la sainteté et d'un ministère bouillant comme celui des prophètes; mais il y a encore quelque chose au delà, à savoir la grâce et la puissance apostoliques.

Ces paroles: « dans ces jours-là » ont comme toutes les paroles bibliques un sens double, un sens historique et un sens spirituel ; elles ont trait d'abord aux « trois jours » de Golgotha et ensuite aux jours où chaque chrétien passera par son Calvaire.
Mon frère, toutes les bénédictions de votre vie, tous les dons, toutes les grâces du passé « diminueront » et disparaîtront, comme Jean-Baptiste devant Jésus-Christ, comme disparaît une étoile dans le rayonnement de l'aurore, quand la gloire incomparablement puissante, l'apostolat de la Pentecôte, se lèvera sur vous. Alors, oh! alors, - « dans ces jours-là » - et dès ces jours-là « votre soleil ne se couchera plus jamais et votre lune ne disparaîtra plus. L'Éternel sera pour vous une lumière perpétuelle, et les jours de votre deuil seront finis. »
Alors, comme les Apôtres, vous recevrez le témoignage intérieur que vous êtes « affermi dans la grâce », selon l'expression des anciens « Pères »; que vous êtes scellé. Alors toutes choses vous seront indifférentes en comparaison du service de Dieu et de sa gloire. Alors vous pourrez dire en réalité: « Je suis crucifié avec Christ et si je vis encore dans la chair, je vis par la foi au Fils de Dieu. » Alors vous tirerez votre gloire de la croix, vous vous plairez dans les misères et dans les détresses, et vous marcherez comme Christ, cherchant toujours à perdre votre vie. Alors la nuée de feu sera pour toujours sur l'autel de votre âme.

Mais j'anticipe. Ne sont-ce pas là les conséquences de la Pentecôte? Non, cependant. Tout au moins une partie de ce qui précède a trait au caractère de ce baptême. La base première de la Pentecôte est toujours la croix. La faculté de se multiplier n'est donnée au grain de semence que s'il tombe en terre et meurt. Jusque-là « il demeure seul. » Ainsi DIEU TIRE TOUJOURS SES NOUVELLES CRÉATIONS DE LA POUSSIÈRE DE LA TERRE. Retournons à la poudre d'où nous avons été tirés, alors notre esprit retournera à Dieu qui l'a donné, alors nous saurons ce que c'est que de crier, dans les angoisses dernières de la mort: « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Dès lors ce ne sera vraiment plus nous qui vivrons, mais Christ en nous. Alors notre esprit purifié recevra son Hôte divin, et pour toujours. Alors seront enlevés tous les obstacles qui nous empêchaient de posséder le couronnement de toutes les grâces divines, le point culminant de la Pentecôte: l'inspiration.

Mais, ô mon frère, c'est « dans ces jours-là. » Les avez-vous traversés? Êtes-vous mort à tout et à tous, dans ce monde? Avez-vous remis à d'autres mains même l'être que vous aimez le plus - même la mère qui se tient au pied de votre croix, - êtes-vous restés seul dans l'agonie finale qui devait préparer votre Pentecôte ?




Il. Ceux à qui le baptême était destiné. - Combien d'êtres pouvaient aspirer à cet honneur crucifiant d'être les frères cadets du Christ? Combien étaient appelés au ministère? Combien étaient autorisés à sauver ceux qui périssent? Combien devaient recevoir la « puissance » et, pour obtenir cette grâce suprême, combien devaient « perdre leur vie » pour la retrouver en puissance de Pentecôte glorieuse, en vie qui donne la vie?

Voici le programme entier:

JEUNES
HOMMES
TOUTE CHAIR
FEMMES
VIEUX


Pourrait-il être plus simple? - «Toute chair»: hommes et femmes, « fils et filles, serviteurs et servantes, jeunes gens et vieillards. » Tous devaient être remplis de l'Esprit; et les commandements de Dieu sont aussi des promesses. Tous devaient « prophétiser » ou prêcher. LE MINISTÈRE DES FEMMES, AUSSI BIEN QUE CELUI DES ENFANTS, SONT NON SEULEMENT AUTORISÉS, MAIS COMMANDÉS. Est-il étonnant que l'Armée du Salut soit soucieuse « d'obéir aux commandements de Dieu? » L'ordre d'être baptisé de feu est assurément aussi important que tous les rites et toutes les cérémonies extérieures que diverses sectes affirment être des « commandements », et au sujet desquels les chrétiens ont dépensé tant de forces pendant dix-sept siècles. Que de temps, en effet, ces chrétiens non baptisés de feu ont employé en discussions et en luttes, à propos de ces rites, sans jamais arriver à une entente mutuelle!

Il est naturel qu'en ce grand jour inaugurant l'ère nouvelle (car c'est de la Pentecôte et non du Calvaire que date la nouvelle ère qui commence « après » les trois jours de la tombe), il est naturel que LE COMMANDEMENT DU FEU soit inscrit si nettement dans le programme divin, qu'il serait inutile de chercher à le contester. Le voici : « toute chair. »

La religion rouge de l'Armée du Salut fait flamboyer sur le monde un signal fidèle, un signal rouge. Mais aussi quelle lourde responsabilité! Je comprends notre cher Général s'écriant à haute voix dans un Conseil d'officiers: « Peu m'importe ce qui adviendra de l'Armée du Salut, si elle n'accomplit pas sa mission de baptiser le monde de feu ! »




III. Son but. - Ils prophétiseront. Cela signifie simplement qu'ils annonceront le salut avec une puissance surnaturelle qui viendra sur eux lorsque, prosternés sur le sol de la « Chambre-haute », ils auront une fois pour toutes livré leurs facultés naturelles à « la mort », de telle sorte que leur esprit puisse retourner à Dieu et que l'Esprit du Père puisse retourner en eux.




IV. Ses résultats. - Le salut du monde. Ce but unique est rendu plus clair par la dernière ligne du programme: « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera SAUVÉ. »
Ainsi, le programme de notre Père ne contient aucun arrangement égoïste en vertu duquel ses enfants pourraient se délecter du miel de son Royaume, dans le secret de tabernacles choisis. Non! non! La Lumière devait briller dans les ténèbres. Combien il peut y avoir de danger à prêcher la sainteté ou le baptême de l'Esprit sans descendre au sein des masses pour y faire lever une nouvelle création de la poussière de la terre!

N'est-ce pas une erreur d'abandonner l'oeuvre du sauvetage dans l'espoir que Christ viendra faire lui-même, par son retour, l'oeuvre à laquelle il nous a appelés, et pour laquelle il a répandu son Esprit? N'est-ce pas une erreur de croire que, dans l'économie actuelle, il faille fixer les yeux sur le ciel dans cette attente? Jésus n'a-t-il pas donné nettement à ses disciples le programme du travail du chrétien dans cette économie - l'Économie du Saint-Esprit: « Vous recevrez la puissance du Saint-Esprit qui viendra sur vous et vous serez mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre ? » Et les anges n'ont-ils pas dit aux apôtres après l'ascension du Seigneur: « Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? »
Comme notre Frère aîné il faut regarder en bas ET DESCENDRE, et plus l'oeil de notre foi s'arrêtera sur la poussière de la terre à nos pieds, et plus nos mains saisiront, comme celles de Dieu, cette poussière (les foules inconverties), plus la nouvelle création se lèvera rapidement dans sa beauté. A vous seuls qui laisserez tout ciel terrestre pour descendre dans le chaos moral du monde, est réservée la joie de voir surgir de nouvelles créations, de voir s'élever de nouveaux « corps » de soldats du royaume des cieux.

Le programme commença par ces mots - « en ces jours-là », c'est-à-dire après les jours du calvaire. Il continua par l'effusion de l'Esprit. Cela signifie que l'Esprit de Pentecôte viendra sur nous quand nous serons crucifiés au monde. Il se termine par le grand mot, le mot SAUVÉ. Là, il y a un point final. Ne sortons donc pas des limites du programme qui nous a été donné par notre Maître: SAUVER.




Oh! comme mon âme est affamée de la «venue de Christ » dans les cafés, dans les gares, dans les rues! Oh! puisse chacun de nos pas, chaque ligne de notre visage, chaque centimètre de notre personne (revêtue s'il le faut, d'un uniforme pour Christ) crier: « Viens, Seigneur Jésus, viens bientôt! » Car il désire maintenant venir où il est venu autrefois - dans les lieux les plus sombres de la terre, partout où il y a des captifs à délier, ou des coeurs brisés à bander.
Alors, et alors seulement, nous avancerons le grand « avènement » final, c'est-à-dire quand l'Esprit du Père (Esprit de Pentecôte) ayant amené tous les ennemis du Fils repentants à ses pieds, il pourra « se lever », et recevoir le Royaume que le Père lui a préparé par ses apôtres. Jusque-là, le Fils - comme Pierre l'a déclaré plus loin en citant David, doit rester « assis ». Jusque-là il ne pourra « se lever ». Tout cela est dans le Programme - lisez-le vous-mêmes. (Actes II, 35.)




N'est-il pas probable, en présence de ce programme, en présence de cette parole divine, que la seconde venue de Notre Seigneur ne sera réalisée que lorsqu'il se sera formé un corps complet: un nombre déterminé de véritables « membres» de lui-même, et que le Seigneur pourra « subitement venir en son temple » avec une plénitude de puissance jusqu'ici inconnue. C'est alors que « des nations seront nées en un jour », et que ce « corps » pourra convertir une nation comme un individu convertit un autre individu aujourd'hui. Mais ce sont là des domaines où personne ne peut être affirmatif, et où chacun doit respecter les convictions de son frère, et chercher à faire prévaloir ce qu'il estime être la vérité - avec amour.
Mais nous ne sommes pas plus appelés à chercher à amener la venue de Jésus-Christ d'une manière directe que nous ne sommes appelés à chercher le bonheur d'une manière directe. Nous « cherchons premièrement le royaume de Dieu » - et le bonheur nous est donné par-dessus et comme conséquence. Pareillement nous sommes appelés à chercher premièrement le salut et la sanctification des âmes, et la venue de notre Seigneur viendra en son temps et comme conséquence.




Le vrai christianisme ne veut donc pas simplement dire « être sauvé », mais aussi vivre pour sauver. Voici ses deux côtés, les deux sources d'où il découle:

LE CALVAIRE
LE SANG
et
et
LA PENTECOTE
LE FEU
Le chrétien

Sauvé
Libéré
qui posséde
qui vit
qui devient
qui devient
puis
et
SAUVEUR
LIBERATEUR
REND TEMOIGNAGE
TRAVAILLE
Il est

FILS DE DIEU
PAS DU MONDE
AIMANT DIEU
et
mais
et
FILS DE L'HOMME
DANS LE MONDE
AIMANT SON PROCHAIN


Toute oeuvre chrétienne qui ne marche pas sur ces deux pieds, boite. Toute oeuvre qui cherche à se passer de l'une ou de l'autre de ces deux ailes, ne peut pas prendre son essor, mais traîne par terre. Toute oeuvre qui ne demeure pas sur ces deux grands rails, déraille.
Les excroissances d'un christianisme maladif et ses faiblesses, les erreurs et les fanatismes étranges, les spéculations oisives, les émotions malsaines dans lesquelles sont tombés tant de sectes ou d'individus, ont tous eu leur point de départ soit dans l'absence, soit dans l'ignorance, soit encore dans l'oubli de l'une ou de l'autre de ces deux grandes lignes. Souvent ils proviennent d'une attention exclusive donnée à telle question secondaire - aux dépens, pour ainsi dire, de ces grands principes - et sans portée pratique. Partout, par exemple où dans les Évangiles, le Sauveur entretient ses auditeurs de la fin du monde ou de, son retour, Il termine par une application et un appel éminemment pratiques et actuels, un ordre d'être fidèle dans la vie, dans le travail et dans le combat, et il en est de même dans les épîtres, partout où les apôtres font allusion à ces grandes et solennelles questions de l'avenir; questions qui, à leur place, ont leur importance.

Une des plus puissantes ruses du démon est de détourner l'attention du chrétien du but de sa vie : l'avancement du règne de Dieu sur la terre, en occupant son temps par des questions abstraites et spéculatives.
Que celui-là s'égare qui se consacre à l'oeuvre du salut des âmes, sans être d'abord sauvé lui-même - chacun serait disposé à le reconnaître. Ce qu'il faut également comprendre, c'est que celui qui se contente d'être sauvé sans chercher à en sauver d'autres - s'égare aussi.
Le christianisme tout entier peut se résumer dans ces deux mots : sang et feu. Le sang qui fait de nous des sauvés, le feu qui fait de nous des sauveurs. Le sang est représenté par le Calvaire, le feu par la Pentecôte.

La Pentecôte constitue le côté positif du christianisme, le Calvaire en est le côté négatif, représentant l'oeuvre préparatoire. C'est là que Jésus nous rend la vie spirituelle que l'homme avait perdue; c'est la qu'il ôte notre péché et brise nos chaînes. Mais dans quel but ? C'est afin que nous accomplissions l'oeuvre à laquelle nous sommes destinés. Il nous libère pour son service.

Aucun vrai chrétien ne peut se contenter d'être « fils de Dieu »; il faut qu'il soit véritablement « fils de l'homme », en se donnant pour l'humanité. Il ne doit pas rester dans son ciel. Il doit descendre dans le monde. C'est à ceci surtout que l'humanité reconnaîtra sa puissance divine. S'il sort du monde et s'en sépare - pour trouver Dieu - il doit rentrer de nouveau dans le monde pour trouver l'homme. Il y rentre comme son Maître, en qualité d' « Ami des pécheurs.»




De nos jours on se préoccupe trop exclusivement des fruits du Calvaire, on oublie la Pentecôte - le feu. C'est naturel, car l'homme est toujours enclin à l'égoïsme même en religion. Il veut le sacrifice du Christ, pour son salut - il accepte le sang versé - mais se sacrifier pour le salut d'autrui, se livrer à tel point que Dieu puisse le baptiser de feu et faire de lui dans un sens un « sauveur » - le chrétien est en général lent à accepter cela.

Ces 120 hommes et femmes qui, baptisés du Saint-Esprit, dans la chambre haute, descendent dans la rue pour parler, prier et témoigner avec une ardeur qui les fit signaler comme « pleins de vin doux », voilà l'inauguration du christianisme, voilà son type primitif, son type normal. « Sur mes serviteurs et mes servantes, je répandrai mon Esprit, et ils prophétiseront » («parleront pour l'exhortation et l'édification. »)

Après avoir été baptisé du Saint-Esprit, on comprend infiniment mieux les pensées de Dieu et toutes les vérités divines. On voit comme avec des yeux nouveaux. On sent comme avec un nouveau coeur. On est tout pénétré de ce que l'un des Commissaires de l'Armée du salut a désigné du nom d' «amour furieux » pour le sauvetage des perdus. Des paroles prononcées par un homme baptisé du Saint-Esprit ont infiniment plus de force pénétrante que si elles sont prononcées par un homme qui n'a pas reçu l'onction divine.




Il nous reste à examiner les conséquences du baptême de Pentecôte pour ceux qui en furent les objets.

Voyez Pierre - étudiez-le de près. Comparez le nouvel homme avec l'ancien - l'apôtre avec le disciple. La transformation est complète, absolue. Pourquoi? - Son abandon a été absolu. Cette récente grande fête des Juifs, où il a renié son Seigneur, a fait l'oeuvre. Et maintenant cette nouvelle fête le trouve un autre homme. Lui qui tremblait devant une servante, à la lueur incertaine d'un feu de sarments, et dans l'obscurité de cette nuit fatale, prend aujourd'hui hardiment le front de la bataille, en plein jour, dans la rue, au sein de la multitude qui déborde.
Et il n'est plus jamais retourné en arrière! Le sable a été changé en roc.
Désormais un amour passionné le consumera, dominant toute inclination naturelle. Désormais la seule aspiration de Pierre sera, non d'échapper à la mort, mais de l'affronter. Désormais son caractère nouveau sera diamétralement opposé à son caractère ancien. Désormais il est un lion.

Sa résurrection glorieuse et complète est la contrepartie naturelle de son absolu crucifiement et de son ensevelissement.
Une résurrection véritable doit, en règle générale, être permanente en grâce, permanente en puissance.
Dès lors Pierre ne se découragea plus. Une fois le moi disparu, aussitôt tous les découragements disparaissent avec lui.




Tout cela est pour nous: si nous voulons acheter « la perle » de Pentecôte au prix de notre « vie », et livrer notre tout sur le Calvaire que Dieu a préparé pour nous par ses providences, ou qu'il préparera pour nous dès que nous recherchons de tout notre coeur le baptême de FEU ...

Le feu est promis : « Vous serez baptisés du Saint-Esprit. » « Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit. »

Le feu est COMMANDÉ! « Soyez remplis de l'Esprit. » Obéissons aux commandements de Dieu!


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