Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIII

« D'éternité en éternité. »

(INVOCATION.)

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« D'éternité en éternité tu es DIEU. »
Dans l'éternité du passé, dont je suis sorti sur ton ordre, tu régnais sans moi. Aucun souci, aucun désir chez moi aujourd'hui ne pourrait rien y changer, rien y ajouter, rien en retrancher.
Et pour ce qui est de l'éternité de l'avenir, que me demandes-tu? Que je te l'abandonne aussi complètement que l'éternité du passé était à toi.

Alors mon existence, dans l'éternité de l'avenir, sera un repos aussi parfait que celui de mon néant, dans l'éternité du passé. Si un souci quant au passé ne peut profiter à rien, un souci quant à l'avenir, pourrait-il profiter davantage?
Si tout a été bien dans un passé qui pour moi n'est autre chose que DIEU, tout ne serait-il pas bien dès que Dieu seul devient mon avenir? Pourrai-je en désirer ou en choisir un meilleur ?




Entre ces deux éternités, sur l'étroit plateau du présent, tu m'as fait paraître. Respectueux du libre arbitre que tu m'as donné, tu présentes à mon choix les deux seuls gouvernements possibles : le mien ou le tien; les deux seuls dieux possibles: moi ou toi.
Force m'est de prendre une décision. Ayant maintenant une existence immortelle, étant sorti à tout jamais du néant, je serai infailliblement ou heureux ou malheureux. Tu me montres comment je pourrai posséder le premier de ces deux états, et éviter le second. Tu me dis: « Veux-tu me prendre pour ta fin, moi qui suis ton origine? Issu de moi, sans ton choix, veux-tu rentrer en moi par ton choix? A cette seule condition je puis te faire participer à ma propre nature, et t'unir à moi, car je ne puis te faire violence, même dans ton propre intérêt. Tu es un être libre.

« Je suis heureux parce que je suis bon. Toi aussi tu seras heureux, uni à moi, puisque tu seras bon. Tu participeras à ma sagesse et à mon immutabilité. Tu m'adoreras en esprit et en vérité. »




J'entends sa voix.
Je mesure du regard cet étroit plateau où je me trouve, entre deux éternités; un abîme à chaque côté, un abîme au-dessous de moi; derrière moi l'inconnu; devant moi l'impénétrable; autour de moi l'espace; et partout Dieu.

La gravité de ma position me saisit.
Et que puis-je, infime atome dans l'espace? Saurais-je me diriger, moi, sans force, moi qui ne puis voir un pas devant moi?
Je ferai la seule chose qui me reste à faire: je m'abandonnerai à Celui qui est. Il sera mon Dieu. Il sera mon tout. En lui, je serai en sécurité. En lui, je m'avancerai en paix vers l'inconnu. Il sera mon bouclier et ma très grande récompense.




Je choisis pour demeure DIEU, celui qui a été, d'éternité en éternité.
Tout, en dehors de Dieu, sera néant pour moi dans l'éternité de l'avenir, comme tout, sauf Dieu, était néant pour moi dans l'éternité du passé.
Et pourquoi m'a-t-il appelé du néant? Afin de ne pas garder pour lui seul la félicité suprême que lui confère sa nature sainte. Il a voulu avoir des enfants et des amis qui participent à cette nature divine et à son propre bonheur, qui soient capables de s'associer avec lui dans ses oeuvres merveilleuses. Il m'a créé pour sa gloire, pour mon bonheur et pour le bien de l'univers.

Lui - il est donc le seul but. Tout ce qui est moins que lui ne peut servir que de moyen. Ma vie, mon entourage, ma nourriture, mes amis, les êtres qui me sont les plus chers, tout ne sert que de moyen pour avancer sa gloire. Laisser occuper par ces objets intermédiaires la place qui doit lui revenir, serait de l'idolâtrie - une atteinte portée à ses droits. Mais aussi, en cherchant premièrement le royaume des cieux et sa justice, j'assurerai le bonheur éternel des miens.




Et alors, mon oeuvre, que doit-elle être?
Ce qu'est la tienne, ô mon Créateur!
Je ne dois pas garder pour moi seul la félicité suprême que me confère la participation à ta nature sainte. Je dois en amener d'autres à y participer. A mon tour, je dois répandre le bonheur par le bien, jusqu'à ce que tu sois devenu tout en tous, d'éternité en éternité.


Seigneur, tu as été pour nous un refuge
De génération en génération.
Avant que les montagnes fussent nées,
Et que tu eusses créé la terre et le monde,
D'éternité en éternité tu es Dieu.
Tu fais rentrer les hommes dans la poussière,
Et tu dis: Fils de l'homme, retournez!
Car mille ans sont, à tes yeux,
Comme le jour d'hier, quand il n'est plus,
Et comme une veille de la nuit.


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