« Dieu créa
l'homme
à son image, il le créa à l'image de
Dieu. »
Un des premiers
indices d'une
véritable conversion, c'est le besoin chez le nouveau
converti d'amener d'autres âmes à Dieu. Un des
premiers instincts du sauvé c'est d'en vouloir sauver
d'autres à son tour. Celui qui n'est pas
réellement à Dieu, ne peut pas, au fond,
vouloir en amener d'autres à Lui; il pourrait vouloir
les amener à « la religion », mais son but
ne sera jamais réellement de les amener au salut. Le
besoin donc de gagner les âmes et d'étendre le
règne de Dieu sur la terre est un des signes de la
réapparition de l'image
de Dieu en un
homme, et, pour
peu que les influences du demi-christianisme ne viennent pas
égarer cet homme, ce besoin deviendra le besoin
suprême, le but unique de sa vie.
L'homme a été créé pour « dominer » sur « tout ce qui se meut sur la terre », et maintenant que la race humaine est en révolte contre Dieu, un des premiers indices du retour de l'image de Dieu en l'homme sera sûrement celui de vouloir ramener toutes choses à un état conforme à la volonté de Dieu, afin que le bien domine de nouveau, et que tous les hommes qui se meuvent sur la terre soient soumis au règne du Saint-Esprit. L'absence de cet instinct, de ce besoin impérieux, de ce désir intense, laisse immédiatement supposer qu'il n'y a point eu de nouvelle naissance, et qu'on ne participe pas à la nature divine.
Quand l'Esprit du
Créateur est
dans une âme, Celui qui a fait luire la lumière
dans les ténèbres, qui a tiré l'ordre
du chaos, la vie et la beauté du sein du néant
doit nécessairement vouloir faire des choses
pareilles au sein des ténèbres et du chaos du
péché de ce monde et y rétablir le
règne de la lumière, de l'ordre et de la vie.
Il est impossible
que la
nature divine en l'homme puisse désirer ou chercher
un autre but; c'est pourquoi le vrai sauvé
devient à son tour un sauveur et celui qui a
été créé à nouveau
à l'image de Dieu, devient à son tour dans un
certain sens, un créateur.
Et c'est précisément
ce besoin instinctif de sauver, et les expériences
acquises dans l'oeuvre de sauvetage qui feront constater
à l'homme plus que toute autre chose,
l'impossibilité de travailler et de combattre pour
Dieu avec une parfaite liberté ou un entier
succès tant qu'il n'est pas lui-même «
délivré de la main de tous ses ennemis » intérieurs,
pour pouvoir « servir Dieu sans crainte
en marchant devant lui dans la sainteté et la
justice, tous les jours de sa vie. »
La Bible lui apprend
qu'il est
appelé à « dominer sur tout ce qui se
meut » dans son monde intérieur, sur toutes ses
facultés, sur tous ses membres, sur tous ses
désirs naturels, les contraignant à se
soumettre à Dieu et à servir sa cause. C'est
ainsi que le devoir de la sainteté s'impose à
son âme.
Les vrais fils de
Dieu seront donc
comme Dieu, et, en Dieu, des
créateurs - ce
qui,
dans l'état actuel du monde, voudra dire des
sauveurs. Comme lui, ils se tiendront, dans toute la force
d'une foi divine, au sein du néant moral et spirituel
de ce monde perdu dans ses ténèbres horribles.
Au sein de ce chaos du péché ils ordonneront
à une nouvelle création de paraître -
une nouvelle création en Jésus-Christ
!
Ce sera là leur
passion,
leur joie, leur vie, leur suprême occupation, leur
suprême préoccupation. Sauver des mondes - car
chaque homme est en lui seul tout un monde, un univers de
malheur ou de bonheur - sauver des mondes de la damnation
éternelle sera une oeuvre d'une telle splendeur, un
privilège d'une telle hauteur, une joie d'une telle
profondeur, que pour eux toute autre chose ne sera rien,
oui, moins que rien.
Glorifier ainsi
leur Dieu en
manifestant sa puissance
sera la passion de leur vie.
On reconnaîtra ces
hommes de
Dieu, ces fils de Dieu à ce dernier trait
peut-être plus qu'à tout autre: tout le reste
ne sera rien pour eux en comparaison de ce but. Sur une
terre toute peuplée d'égoïstes, pour
lesquels ce monde est tout,
ce sera un
sujet d'étonnement à nul autre pareil que de
voir des hommes pour lesquels ce « tout » n'est
« rien ». Notons bien le mot: Rien !
Le monde
sera convaincu et converti par ce moyen-là plus que
par tout autre - ah! cela sera de la lumière au sein
des ténèbres!
Comment!... famille ou
terres,
père, mère, fils, fille, biens ou vie, tout
cela n'être rien
en
comparaison de la joie de gagner des âmes, est-ce bien biblique
cela? Se peut-il que ce soit là la
pensée, plus encore, l'ordre de Dieu? Peut-on,
doit-on prendre les paroles de la Bible à la lettre
à ce point-là?
Est-ce le fanatisme
et la
cruauté, ou bien la sagesse éternelle et
l'amour parfait qui ont dicté ces paroles ?
« Lévi dit de son père et de sa mère: je ne les ai point vus. Il ne distingue point ses frères. Il ne connaît point ses enfants. »
« Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »
« Quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple. »
« J'ai renoncé à tout, et je regarde toutes choses comme de la boue, afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances. »
C'est seulement lorsque
les hommes
seront parvenus à leur fin : DIEU, qu'ils
commenceront à pouvoir vraiment aimer les leurs et
les servir de la véritable
manière.
Jusqu'alors ils
n'auront de
pouvoir que pour nuire, et leur meilleur amour, leur plus
grand dévouement pour père ou mère,
pour fils ou fille, pour l'humanité en
général, ne sera qu'un leurre pour
eux-mêmes et pour l'objet de leur amour.
N'étant pas encore bons, comment pourraient-ils faire
le bien? Etant aveugles eux-mêmes, comment
pourraient-ils voir clair pour procurer le vrai bonheur
à ceux qu'ils aiment ? Ne sachant les aimer
qu'humainement, avec la faiblesse et la stupidité
d'une nature déchue, comment pourraient-ils leur
être réellement utiles ?
Aussi leur
dévouement le
plus généreux deviendra damnation pour les
leurs. L'homme étant au commencement en eux, et non
pas Dieu, l'homme et le bonheur humain étant la fin
qu'ils cherchent dans les leurs, et non pas Dieu, ils ne
parviendront en définitive qu'à commettre le
crime suprême d'exclure de leur propre vie, et de la
vie de leurs « bien-aimés » l'Auteur unique
de tout bien.
Ce ne sera que
lorsqu'ils seront
« morts au monde » qu'ils verront clair et
pourront agir avec une sagesse véritable dans
l'intérêt des leurs.
C'est là ce que
signifiaient ces paroles de Jésus-Christ : « Qui
est ma mère et qui sont mes frères ? Quiconque
fait la volonté de Dieu, celui-là est mon
frère, ma soeur et ma mère. » C'est aussi
ce que signifiait cette scène du Calvaire où,
en mourant à ce monde pour nous, Jésus-Christ
dit, en jetant un dernier regard d'amour sur sa mère:
« Femme, voilà ton fils », et, s'adressant
à Jean (l'apôtre de l'amour divin), ajouta:
« voilà ta mère ».
Oh! grâce ineffable. Oh!
sublime
sécurité. Amour divin, amour parfait, c'est
à vous que nous devons remettre les nôtres, et
à vous seul, avec l'assurance absolue qu'ils seront
en vous dans une complète
sécurité!
Car cet amour-là est
Dieu,
et Dieu est amour. Celui qui met le Dieu-amour au
commencement, a le Dieu-amour comme fin, comme habitation,
comme atmosphère, pour le temps et pour
l'éternité, aussi bien pour les siens que pour
lui-même. Et qui pourrait nuire à ce qui est
caché en Dieu?...
Oui, Dieu doit être le
commencement. Et comme à la création, il ne
doit y avoir à côté de Dieu que le rien. Dieu
et Rien
; le Créateur
agissant dans une âme vide d'elle-même,
voilà le point de départ. C'est
le commencement de tout bien en l'homme, ou de toute bonne
oeuvre accomplie par lui.
L'homme de Dieu a
toujours
conscience que ce n'est qu'en demeurant dans le rien
au dedans de lui c'est-à-dire dans un abandon
absolu - qu'il saura être
comme
il doit être, et faire
ce qu'il
doit faire.
Au sein de son
propre monde
à lui, son univers intérieur, il vivra
toujours dans
le rien, avec
Dieu. Il ne
comptera que sur Dieu, et il comptera sur lui toujours.
C'est dans son vide qu'il trouvera tout, qu'il trouvera Dieu.
Là le Créateur pourra se
mouvoir librement. Là - dans ce néant de
l'homme naturel - ni désirs ni craintes ne viendront
entraver l'oeuvre du Créateur. Quand Dieu est ainsi tout
pour l'homme, la foi de l'homme est pure.
C'est dans le sentiment de sa propre impuissance qu'il
trouvera le secret de la force. Il sait que Dieu ne
crée qu'avec du Rien,
pour ainsi
dire, et il a toujours soin de lui apporter du « Rien»;
en d'autres termes « le juste
vivra par la foi » - par la foi nue.
C'est ainsi que Dieu
peut l'utiliser
au plus haut degré dans son service, tirant de cet
instrument docile, libre de toute volonté propre, le
plus grand « rendement » possible pour son
royaume. Et comme au commencement de toutes choses Dieu
s'est mis à créer n'ayant que le rien
autour de lui, il ne manque pas de commencer
à créer quelque chose par
l'homme qu'il
a réduit au rien.
Il commence
immédiatement -
avec la promptitude de la sagesse divine. Et il emploie
chacun de ses enfants juste dans la mesure où ils en
sont là. Celui qui est arrivé au rien
a la joie indicible de savoir que Dieu ne peut
manquer de tirer de lui' le plus grand parti possible.
Faible jusqu'au néant en lui-même, il se sent
puissant en Dieu pour faire n'importe quel travail
créateur que la Providence prépare sur sa
route.
Et l'état actuel du
monde,
état de damnation, sera le fait épouvantable,
le fait de tous les jours, de toutes les heures et de tous
les endroits, qui donnera la direction à ses
pensées et à ses efforts, Sauver, sauver, en
faisant connaître le Sauveur, sera pour lui le
suprême devoir en présence de la situation
atroce des milliers qui l'entourent.
Son état spirituel se résumera en ceci : Liberté et puissance au sein du Rien.
Il commence, lui aussi,
à
créer et à sauver, Il commence à faire
ce que Dieu a fait au commencement.
Et ce vrai fils de
Dieu vous le
verrez aller au sein du chaos et des ténèbres
du péché dans le monde, crier « que la
lumière soit! » et croire que la lumière
luira dans le coeur des hommes. Vous le verrez oser tout et
ne craindre rien. Vous le verrez croire au sein du vide, et
luire au milieu des ténèbres, d'une foi et
d'une lumière qui sont surnaturelles.
Dans son propre
coeur il n'ira
chercher aucun don, aucune capacité, aucune puissance
naturelle pour l'offrir comme appui à ce Dieu qui
règne en lui, afin de lui faciliter son oeuvre; il
n'en cherchera pas non plus au dehors, dans les hommes ou
dans les choses. En un mot, il travaillera dans
et par la foi.
Et plus il y aura de
«
créations », plus il y aura d'âmes
sauvées, et plus il recherchera les déserts
arides du monde, afin de les faire fleurir. Son
élément naturel, au dehors comme au dedans,
sera le dépouillement, le vide, ou en d'autres termes
l'épreuve de la foi. Il ira au sein du chaos moral du
monde et sera comme Jésus l'« ami des
pécheurs ». Et quant aux mondains religieux, et
aux « demi-chrétiens », l'homme de Dieu
estimera que toute leur « religion » n'est rien,
puisque il n'y a pas eu en eux de création divine. Il
agira avec, eux en conséquence, sans se soucier s'il
les offense ou non, craignant plus la perte de leur
âme que celle de sa propre vie, s'ils devaient le tuer
en retour de son effort pour les sauver.
Comme il n'est arrivé lui-même à la conversion que le jour où il a envisagé sa religion comme n'étant rien, il cherchera à les amener à la fin de leur propre « religion », là seulement où Dieu peut commencer à agir en eux. En un mot, son but suprême sera de leur ménager une RENCONTRE AVEC DIEU, d'amener le RIEN à rencontrer le TOUT, afin que de ce contact surgisse une nouvelle CRÉATION. Pour cette joie qui lui est réservée, il endurera la croix, méprisera l'ignominie, et se plaira dans les difficultés, les outrages et les détresses.
La joie de créer (de
sauver)
sera sa joie suprême. Le plaisir par excellence pour
lui, ce sera de donner la vie par l'amour divin, et de
ressusciter des mondes (des âmes) d'entre les
morts.
Il sait que lorsque
cet amour pour
Dieu et les hommes est véritable, on s'y abandonne
avec autant d'ardeur et de saint entraînement que le
mondain s'abandonne aux plaisirs corrompus et corrompants de
ce monde. Il sait que lorsque cette passion est pure, elle
est la suprême passion de la vie. Il sait que tout y
est soumis, et qu'elle est la fin comme elle a
été le commencement.
Voir un monde damné
faute de
connaître l'amour de son Dieu, est un spectacle
tellement insupportable pour lui, qu'il est comme
anéanti et brisé de douleur, et qu'il pourrait
facilement mourir cent morts pour sauver les âmes. La
croix est sa gloire. Les tonnerres et les éclairs du
champ de bataille divin, c'est là son milieu. Il
descend dans les arènes du monde pour lutter contre
les bêtes féroces du péché avec
une joie et une confiance absolument
délicieuses.
Il est aveugle et
sourd à
toute autre chose. Pour lui, père ou mère,
fils ou Cille, biens ou vie, n'ont de valeur que dans la
mesure où ils pourront contribuer à ce but :
le bien universel.
Ses oreilles sont
pleines du bruit
d'un ouragan de gémissements qui gronde et hurle sans
cesse à travers les déserts arides de ce monde
où les foules errent égarées, poussant
éternellement les cris plaintifs et monotones de ceux
qui, cherchant toujours, sont toujours déçus!
La clameur des victimes de l'iniquité résonne
incessamment autour de lui, et cette note a quelque chose de
si affreusement désolant qu'il ne peut penser
à rien autre qu'à se porter à leur
secours, et à entraîner tous les siens dans
cette lutte, s'immolant, et invitant ses bien-aimés
à s'immoler pour SAUVER!
Dans chaque homme ou femme inconvertis qu'il rencontre dans la rue, il voit le fils perdu, la fille perdue de quelqu'un qui les a aimés. Et si repoussants que certains d'entre eux puissent paraître, il sent comme s'ils étaient chair de sa chair, os de ses os, sa propre main ou son propre bras gangrené. Il veut les sauver avec autant de promptitude énergique, perspicace et courageuse, qu'il voudrait sauver un de ses propres membres.
La religion pour lui
n'est RIEN si
elle n'est pas TRAGIQUE!
C'est cet esprit-là
qui
inspire toutes ses actions.
Il est naturellement un fou
et un fanatique
pour
les aveugles qui ne voient pas le danger, ou pour les myopes
qui ont cherché à empêcher Dieu de les
guérir absolument, en ne voulant pas être absolus
eux-mêmes dans leur obéissance.
Mais, plus on l'accable de haine et plus il veut accabler
tout le monde d'amour.
Les choses ne se
présentent
pas à lui sous le même jour qu'aux autres, car
il a reçu de nouveaux yeux, des yeux spirituels. Il a
perdu ses yeux charnels. Il n'en a plus pour les choses
« belles » selon le monde, car il ne voit partout
que ruine et désolation. Toutes les «
créations de l'art » de l'homme pécheur
ne peuvent l'intéresser. Il ne connaît et ne
veut connaître que l'art divin de sauver et de
bénir. Ce sont les créations de cet
art-là qui l'intéressent et l'enthousiasment
à un degré indicible. Et quand il verrait le
plus pauvre des pauvres, le plus gauche des gauches, faire
ou souffrir quelque chose par pur amour et pour sauver, ce
spectacle serait pour lui le plus attrayant de tous les
spectacles. Voir quelqu'un s'abaisser et aller dans les rues
ou aux portes des lieux de plaisir lutter pour le salut des
âmes, serait pour lui une jouissance à nulle
autre pareille, quand bien même les allures de ce
« petit » serviteur d'un grand Dieu, seraient
aussi grotesques aux yeux des « superbes » et des
« orthodoxes » de ce monde que les idées et
les actions de ces derniers sont absurdes aux yeux du ciel.
Il sait fort bien que Dieu fait toujours les choses d'une
manière aussi absolument
contraire aux idées des hommes, que leur état
moral et le but qu'ils poursuivent sont absolument
contraires à son état et à son but
à lui.
L'homme de Dieu sera ingénieux dans toute la sagesse divine pour sauver: l'amour rend toujours ingénieux pour procurer le bonheur de l'objet aimé. Il sera non seulement aussi ingénieux pour sauver que le mondain l'est pour damner, mais il le sera davantage encore. Il ne sera plus dit de lui : « Les enfants du siècle sont plus sages que les enfants de la lumière». Car il aura passé par son Calvaire et sa Pentecôte, et sera baptisé du Saint-Esprit et de feu. Il ne saura qu'aimer, AIMER, AIMER.
Il sera maître de tous les objets créés; il ne sera l'esclave d'aucun d'eux. Il pourra les contraindre tous à l'aider dans son service d'amour. Tous les objets, tous les temps, tous les endroits, seront également bons pour lui dans son service de vérité et d'amour, sous la direction du Saint-Esprit.
Dieu, non pas l'homme,
sera toujours au
commencement dans sa
manière
d'envisager l'emploi de ces moyens. Il ne dira pas: «
Qu'en penseront les mondains ou les «
demi-chrétiens » si je fais ainsi ou autrement?
» mais: « Qu'en pense le Dieu-amour ?
»
Il ne sera compris
que de ceux qui
voient le danger et connaissent le Sauveur.
L'amour, - la passion du salut de ses semblables, sera le mobile de toutes ses actions, et pourra seul les expliquer. Comme une mère qui, apprenant que sa maison brûle, et que ses enfants sont en danger, ne saurait, en courant chez elle, être attirée et arrêtée par la vue de quelque beau chapeau dans une devanture de magasin de modes, de même l'homme de Dieu ne saura, au milieu d'un monde incendié par le péché, être détourné de l'oeuvre de sauvetage par l'amour des biens ou des vanités de la terre.
Comme un homme en
rencontrant un autre
dont le corps serait tout recouvert des plus hideuses plaies
de la lèpre, et qui connaîtrait un moyen de
guérison, n'aurait pas l'idée de
s'arrêter à admirer ou à convoiter
quelque misérable joyau dont le malheureux aurait
orné sa personne, de même l'homme de Dieu ne
saurait convoiter les colifichets et le clinquant dont les
hommes ornent leur monde lépreux et leur propre vie,
toute corruption, maladie, plaies
béantes!
Il sera comme un
homme qui se
trouverait transporté tout seul au milieu d'une vaste
plaine couverte de milliers de cadavres hachés et
broyés par quelque cyclone de fer et de plomb qui
aurait passé sur eux! Connaissant une puissance
capable de leur rendre la vie, de rapprocher tous les
débris épars de leurs chairs et de leurs os,
et de les relever pleins de santé et de force, il ne
saurait aller chercher parmi eux quelques lambeaux
ensanglantés d'étoffe, ou quelques
pièces de monnaie pour s'enrichir ! Ses yeux seraient
tellement pleins de l'horreur d'un tel spectacle, ses
narines seraient tellement remplies de l'odeur qu'exhalerait
ce champ de mort, qu'il ne songerait pas à commettre
en un moment pareil le crime insigne d'être comme une
hyène humaine au milieu de ce carnage !
Tels pourtant sont les demi-chrétiens au sein de ce monde, pour peu qu'il y ait un atome de vérité dans la Bible !
Le
Bataillon
sacré. |
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