Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V

« L'homme à son image... »

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« Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu. »
Un des premiers indices d'une véritable conversion, c'est le besoin chez le nouveau converti d'amener d'autres âmes à Dieu. Un des premiers instincts du sauvé c'est d'en vouloir sauver d'autres à son tour. Celui qui n'est pas réellement à Dieu, ne peut pas, au fond, vouloir en amener d'autres à Lui; il pourrait vouloir les amener à « la religion », mais son but ne sera jamais réellement de les amener au salut. Le besoin donc de gagner les âmes et d'étendre le règne de Dieu sur la terre est un des signes de la réapparition de l'image de Dieu en un homme, et, pour peu que les influences du demi-christianisme ne viennent pas égarer cet homme, ce besoin deviendra le besoin suprême, le but unique de sa vie.

L'homme a été créé pour « dominer » sur « tout ce qui se meut sur la terre », et maintenant que la race humaine est en révolte contre Dieu, un des premiers indices du retour de l'image de Dieu en l'homme sera sûrement celui de vouloir ramener toutes choses à un état conforme à la volonté de Dieu, afin que le bien domine de nouveau, et que tous les hommes qui se meuvent sur la terre soient soumis au règne du Saint-Esprit. L'absence de cet instinct, de ce besoin impérieux, de ce désir intense, laisse immédiatement supposer qu'il n'y a point eu de nouvelle naissance, et qu'on ne participe pas à la nature divine.

Quand l'Esprit du Créateur est dans une âme, Celui qui a fait luire la lumière dans les ténèbres, qui a tiré l'ordre du chaos, la vie et la beauté du sein du néant doit nécessairement vouloir faire des choses pareilles au sein des ténèbres et du chaos du péché de ce monde et y rétablir le règne de la lumière, de l'ordre et de la vie. Il est impossible que la nature divine en l'homme puisse désirer ou chercher un autre but; c'est pourquoi le vrai sauvé devient à son tour un sauveur et celui qui a été créé à nouveau à l'image de Dieu, devient à son tour dans un certain sens, un créateur.
Et c'est précisément ce besoin instinctif de sauver, et les expériences acquises dans l'oeuvre de sauvetage qui feront constater à l'homme plus que toute autre chose, l'impossibilité de travailler et de combattre pour Dieu avec une parfaite liberté ou un entier succès tant qu'il n'est pas lui-même « délivré de la main de tous ses ennemis » intérieurs, pour pouvoir « servir Dieu sans crainte en marchant devant lui dans la sainteté et la justice, tous les jours de sa vie. »

La Bible lui apprend qu'il est appelé à « dominer sur tout ce qui se meut » dans son monde intérieur, sur toutes ses facultés, sur tous ses membres, sur tous ses désirs naturels, les contraignant à se soumettre à Dieu et à servir sa cause. C'est ainsi que le devoir de la sainteté s'impose à son âme.
Les vrais fils de Dieu seront donc comme Dieu, et, en Dieu, des créateurs - ce qui, dans l'état actuel du monde, voudra dire des sauveurs. Comme lui, ils se tiendront, dans toute la force d'une foi divine, au sein du néant moral et spirituel de ce monde perdu dans ses ténèbres horribles. Au sein de ce chaos du péché ils ordonneront à une nouvelle création de paraître - une nouvelle création en Jésus-Christ !
Ce sera là leur passion, leur joie, leur vie, leur suprême occupation, leur suprême préoccupation. Sauver des mondes - car chaque homme est en lui seul tout un monde, un univers de malheur ou de bonheur - sauver des mondes de la damnation éternelle sera une oeuvre d'une telle splendeur, un privilège d'une telle hauteur, une joie d'une telle profondeur, que pour eux toute autre chose ne sera rien, oui, moins que rien.

Glorifier ainsi leur Dieu en manifestant sa puissance sera la passion de leur vie.
On reconnaîtra ces hommes de Dieu, ces fils de Dieu à ce dernier trait peut-être plus qu'à tout autre: tout le reste ne sera rien pour eux en comparaison de ce but. Sur une terre toute peuplée d'égoïstes, pour lesquels ce monde est tout, ce sera un sujet d'étonnement à nul autre pareil que de voir des hommes pour lesquels ce « tout » n'est « rien ». Notons bien le mot: Rien ! Le monde sera convaincu et converti par ce moyen-là plus que par tout autre - ah! cela sera de la lumière au sein des ténèbres!

Comment!... famille ou terres, père, mère, fils, fille, biens ou vie, tout cela n'être rien en comparaison de la joie de gagner des âmes, est-ce bien biblique cela? Se peut-il que ce soit là la pensée, plus encore, l'ordre de Dieu? Peut-on, doit-on prendre les paroles de la Bible à la lettre à ce point-là?
Est-ce le fanatisme et la cruauté, ou bien la sagesse éternelle et l'amour parfait qui ont dicté ces paroles ?

« Lévi dit de son père et de sa mère: je ne les ai point vus. Il ne distingue point ses frères. Il ne connaît point ses enfants. »

« Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

« Quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple. »

« J'ai renoncé à tout, et je regarde toutes choses comme de la boue, afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances. »

C'est seulement lorsque les hommes seront parvenus à leur fin : DIEU, qu'ils commenceront à pouvoir vraiment aimer les leurs et les servir de la véritable manière.
Jusqu'alors ils n'auront de pouvoir que pour nuire, et leur meilleur amour, leur plus grand dévouement pour père ou mère, pour fils ou fille, pour l'humanité en général, ne sera qu'un leurre pour eux-mêmes et pour l'objet de leur amour. N'étant pas encore bons, comment pourraient-ils faire le bien? Etant aveugles eux-mêmes, comment pourraient-ils voir clair pour procurer le vrai bonheur à ceux qu'ils aiment ? Ne sachant les aimer qu'humainement, avec la faiblesse et la stupidité d'une nature déchue, comment pourraient-ils leur être réellement utiles ?
Aussi leur dévouement le plus généreux deviendra damnation pour les leurs. L'homme étant au commencement en eux, et non pas Dieu, l'homme et le bonheur humain étant la fin qu'ils cherchent dans les leurs, et non pas Dieu, ils ne parviendront en définitive qu'à commettre le crime suprême d'exclure de leur propre vie, et de la vie de leurs « bien-aimés » l'Auteur unique de tout bien.

Ce ne sera que lorsqu'ils seront « morts au monde » qu'ils verront clair et pourront agir avec une sagesse véritable dans l'intérêt des leurs.
C'est là ce que signifiaient ces paroles de Jésus-Christ : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur et ma mère. » C'est aussi ce que signifiait cette scène du Calvaire où, en mourant à ce monde pour nous, Jésus-Christ dit, en jetant un dernier regard d'amour sur sa mère: « Femme, voilà ton fils », et, s'adressant à Jean (l'apôtre de l'amour divin), ajouta: « voilà ta mère ».

Oh! grâce ineffable. Oh! sublime sécurité. Amour divin, amour parfait, c'est à vous que nous devons remettre les nôtres, et à vous seul, avec l'assurance absolue qu'ils seront en vous dans une complète sécurité!
Car cet amour-là est Dieu, et Dieu est amour. Celui qui met le Dieu-amour au commencement, a le Dieu-amour comme fin, comme habitation, comme atmosphère, pour le temps et pour l'éternité, aussi bien pour les siens que pour lui-même. Et qui pourrait nuire à ce qui est caché en Dieu?...




Oui, Dieu doit être le commencement. Et comme à la création, il ne doit y avoir à côté de Dieu que le rien. Dieu et Rien ; le Créateur agissant dans une âme vide d'elle-même, voilà le point de départ. C'est le commencement de tout bien en l'homme, ou de toute bonne oeuvre accomplie par lui.
L'homme de Dieu a toujours conscience que ce n'est qu'en demeurant dans le rien au dedans de lui c'est-à-dire dans un abandon absolu - qu'il saura être comme il doit être, et faire ce qu'il doit faire.
Au sein de son propre monde à lui, son univers intérieur, il vivra toujours dans le rien, avec Dieu. Il ne comptera que sur Dieu, et il comptera sur lui toujours. C'est dans son vide qu'il trouvera tout, qu'il trouvera Dieu. Là le Créateur pourra se mouvoir librement. Là - dans ce néant de l'homme naturel - ni désirs ni craintes ne viendront entraver l'oeuvre du Créateur. Quand Dieu est ainsi tout pour l'homme, la foi de l'homme est pure. C'est dans le sentiment de sa propre impuissance qu'il trouvera le secret de la force. Il sait que Dieu ne crée qu'avec du Rien, pour ainsi dire, et il a toujours soin de lui apporter du « Rien»; en d'autres termes « le juste vivra par la foi » - par la foi nue.

C'est ainsi que Dieu peut l'utiliser au plus haut degré dans son service, tirant de cet instrument docile, libre de toute volonté propre, le plus grand « rendement » possible pour son royaume. Et comme au commencement de toutes choses Dieu s'est mis à créer n'ayant que le rien autour de lui, il ne manque pas de commencer à créer quelque chose par l'homme qu'il a réduit au rien.
Il commence immédiatement - avec la promptitude de la sagesse divine. Et il emploie chacun de ses enfants juste dans la mesure où ils en sont là. Celui qui est arrivé au rien a la joie indicible de savoir que Dieu ne peut manquer de tirer de lui' le plus grand parti possible. Faible jusqu'au néant en lui-même, il se sent puissant en Dieu pour faire n'importe quel travail créateur que la Providence prépare sur sa route.
Et l'état actuel du monde, état de damnation, sera le fait épouvantable, le fait de tous les jours, de toutes les heures et de tous les endroits, qui donnera la direction à ses pensées et à ses efforts, Sauver, sauver, en faisant connaître le Sauveur, sera pour lui le suprême devoir en présence de la situation atroce des milliers qui l'entourent.

Son état spirituel se résumera en ceci : Liberté et puissance au sein du Rien.




Il commence, lui aussi, à créer et à sauver, Il commence à faire ce que Dieu a fait au commencement.
Et ce vrai fils de Dieu vous le verrez aller au sein du chaos et des ténèbres du péché dans le monde, crier « que la lumière soit! » et croire que la lumière luira dans le coeur des hommes. Vous le verrez oser tout et ne craindre rien. Vous le verrez croire au sein du vide, et luire au milieu des ténèbres, d'une foi et d'une lumière qui sont surnaturelles.
Dans son propre coeur il n'ira chercher aucun don, aucune capacité, aucune puissance naturelle pour l'offrir comme appui à ce Dieu qui règne en lui, afin de lui faciliter son oeuvre; il n'en cherchera pas non plus au dehors, dans les hommes ou dans les choses. En un mot, il travaillera dans et par la foi.
Et plus il y aura de « créations », plus il y aura d'âmes sauvées, et plus il recherchera les déserts arides du monde, afin de les faire fleurir. Son élément naturel, au dehors comme au dedans, sera le dépouillement, le vide, ou en d'autres termes l'épreuve de la foi. Il ira au sein du chaos moral du monde et sera comme Jésus l'« ami des pécheurs ». Et quant aux mondains religieux, et aux « demi-chrétiens », l'homme de Dieu estimera que toute leur « religion » n'est rien, puisque il n'y a pas eu en eux de création divine. Il agira avec, eux en conséquence, sans se soucier s'il les offense ou non, craignant plus la perte de leur âme que celle de sa propre vie, s'ils devaient le tuer en retour de son effort pour les sauver.

Comme il n'est arrivé lui-même à la conversion que le jour où il a envisagé sa religion comme n'étant rien, il cherchera à les amener à la fin de leur propre « religion », là seulement où Dieu peut commencer à agir en eux. En un mot, son but suprême sera de leur ménager une RENCONTRE AVEC DIEU, d'amener le RIEN à rencontrer le TOUT, afin que de ce contact surgisse une nouvelle CRÉATION. Pour cette joie qui lui est réservée, il endurera la croix, méprisera l'ignominie, et se plaira dans les difficultés, les outrages et les détresses.

La joie de créer (de sauver) sera sa joie suprême. Le plaisir par excellence pour lui, ce sera de donner la vie par l'amour divin, et de ressusciter des mondes (des âmes) d'entre les morts.
Il sait que lorsque cet amour pour Dieu et les hommes est véritable, on s'y abandonne avec autant d'ardeur et de saint entraînement que le mondain s'abandonne aux plaisirs corrompus et corrompants de ce monde. Il sait que lorsque cette passion est pure, elle est la suprême passion de la vie. Il sait que tout y est soumis, et qu'elle est la fin comme elle a été le commencement.




Voir un monde damné faute de connaître l'amour de son Dieu, est un spectacle tellement insupportable pour lui, qu'il est comme anéanti et brisé de douleur, et qu'il pourrait facilement mourir cent morts pour sauver les âmes. La croix est sa gloire. Les tonnerres et les éclairs du champ de bataille divin, c'est là son milieu. Il descend dans les arènes du monde pour lutter contre les bêtes féroces du péché avec une joie et une confiance absolument délicieuses.
Il est aveugle et sourd à toute autre chose. Pour lui, père ou mère, fils ou Cille, biens ou vie, n'ont de valeur que dans la mesure où ils pourront contribuer à ce but : le bien universel.
Ses oreilles sont pleines du bruit d'un ouragan de gémissements qui gronde et hurle sans cesse à travers les déserts arides de ce monde où les foules errent égarées, poussant éternellement les cris plaintifs et monotones de ceux qui, cherchant toujours, sont toujours déçus! La clameur des victimes de l'iniquité résonne incessamment autour de lui, et cette note a quelque chose de si affreusement désolant qu'il ne peut penser à rien autre qu'à se porter à leur secours, et à entraîner tous les siens dans cette lutte, s'immolant, et invitant ses bien-aimés à s'immoler pour SAUVER!

Dans chaque homme ou femme inconvertis qu'il rencontre dans la rue, il voit le fils perdu, la fille perdue de quelqu'un qui les a aimés. Et si repoussants que certains d'entre eux puissent paraître, il sent comme s'ils étaient chair de sa chair, os de ses os, sa propre main ou son propre bras gangrené. Il veut les sauver avec autant de promptitude énergique, perspicace et courageuse, qu'il voudrait sauver un de ses propres membres.

La religion pour lui n'est RIEN si elle n'est pas TRAGIQUE!
C'est cet esprit-là qui inspire toutes ses actions.

Il est naturellement un fou et un fanatique pour les aveugles qui ne voient pas le danger, ou pour les myopes qui ont cherché à empêcher Dieu de les guérir absolument, en ne voulant pas être absolus eux-mêmes dans leur obéissance. Mais, plus on l'accable de haine et plus il veut accabler tout le monde d'amour.
Les choses ne se présentent pas à lui sous le même jour qu'aux autres, car il a reçu de nouveaux yeux, des yeux spirituels. Il a perdu ses yeux charnels. Il n'en a plus pour les choses « belles » selon le monde, car il ne voit partout que ruine et désolation. Toutes les « créations de l'art » de l'homme pécheur ne peuvent l'intéresser. Il ne connaît et ne veut connaître que l'art divin de sauver et de bénir. Ce sont les créations de cet art-là qui l'intéressent et l'enthousiasment à un degré indicible. Et quand il verrait le plus pauvre des pauvres, le plus gauche des gauches, faire ou souffrir quelque chose par pur amour et pour sauver, ce spectacle serait pour lui le plus attrayant de tous les spectacles. Voir quelqu'un s'abaisser et aller dans les rues ou aux portes des lieux de plaisir lutter pour le salut des âmes, serait pour lui une jouissance à nulle autre pareille, quand bien même les allures de ce « petit » serviteur d'un grand Dieu, seraient aussi grotesques aux yeux des « superbes » et des « orthodoxes » de ce monde que les idées et les actions de ces derniers sont absurdes aux yeux du ciel. Il sait fort bien que Dieu fait toujours les choses d'une manière aussi absolument contraire aux idées des hommes, que leur état moral et le but qu'ils poursuivent sont absolument contraires à son état et à son but à lui.




L'homme de Dieu sera ingénieux dans toute la sagesse divine pour sauver: l'amour rend toujours ingénieux pour procurer le bonheur de l'objet aimé. Il sera non seulement aussi ingénieux pour sauver que le mondain l'est pour damner, mais il le sera davantage encore. Il ne sera plus dit de lui : « Les enfants du siècle sont plus sages que les enfants de la lumière». Car il aura passé par son Calvaire et sa Pentecôte, et sera baptisé du Saint-Esprit et de feu. Il ne saura qu'aimer, AIMER, AIMER.

Il sera maître de tous les objets créés; il ne sera l'esclave d'aucun d'eux. Il pourra les contraindre tous à l'aider dans son service d'amour. Tous les objets, tous les temps, tous les endroits, seront également bons pour lui dans son service de vérité et d'amour, sous la direction du Saint-Esprit.

Dieu, non pas l'homme, sera toujours au commencement dans sa manière d'envisager l'emploi de ces moyens. Il ne dira pas: « Qu'en penseront les mondains ou les « demi-chrétiens » si je fais ainsi ou autrement? » mais: « Qu'en pense le Dieu-amour ? »
Il ne sera compris que de ceux qui voient le danger et connaissent le Sauveur.

L'amour, - la passion du salut de ses semblables, sera le mobile de toutes ses actions, et pourra seul les expliquer. Comme une mère qui, apprenant que sa maison brûle, et que ses enfants sont en danger, ne saurait, en courant chez elle, être attirée et arrêtée par la vue de quelque beau chapeau dans une devanture de magasin de modes, de même l'homme de Dieu ne saura, au milieu d'un monde incendié par le péché, être détourné de l'oeuvre de sauvetage par l'amour des biens ou des vanités de la terre.

Comme un homme en rencontrant un autre dont le corps serait tout recouvert des plus hideuses plaies de la lèpre, et qui connaîtrait un moyen de guérison, n'aurait pas l'idée de s'arrêter à admirer ou à convoiter quelque misérable joyau dont le malheureux aurait orné sa personne, de même l'homme de Dieu ne saurait convoiter les colifichets et le clinquant dont les hommes ornent leur monde lépreux et leur propre vie, toute corruption, maladie, plaies béantes!
Il sera comme un homme qui se trouverait transporté tout seul au milieu d'une vaste plaine couverte de milliers de cadavres hachés et broyés par quelque cyclone de fer et de plomb qui aurait passé sur eux! Connaissant une puissance capable de leur rendre la vie, de rapprocher tous les débris épars de leurs chairs et de leurs os, et de les relever pleins de santé et de force, il ne saurait aller chercher parmi eux quelques lambeaux ensanglantés d'étoffe, ou quelques pièces de monnaie pour s'enrichir ! Ses yeux seraient tellement pleins de l'horreur d'un tel spectacle, ses narines seraient tellement remplies de l'odeur qu'exhalerait ce champ de mort, qu'il ne songerait pas à commettre en un moment pareil le crime insigne d'être comme une hyène humaine au milieu de ce carnage !

Tels pourtant sont les demi-chrétiens au sein de ce monde, pour peu qu'il y ait un atome de vérité dans la Bible !


Le Bataillon sacré.

L'Éternel fonde une armée
D'hommes résolus,
Proclamant la renommée
Du Seigneur Jésus.
Affranchis de toute crainte,
Ignorant la peur,
Ils ont pour seule contrainte
L'amour du pécheur.

Sur le front de cette Armée
Marche un bataillon,
Cohorte ardente, « enflammée »,
Au coeur de lion ;
D'un courage à toute épreuve,
D'amour « furieux »,
C'est le salut comme un fleuve
Coulant - glorieux

Le secret de leur puissance,
Ce qui seul rend fort,
C'est leur sainte indifférence
A leur propre sort.
Aucun ne vit pour lui-même,
Tout leur est égal,
Dans leur coeur l'Être suprême
N'a point de rival.

Oh! qu'importe la souffrance,
Qu'importe la mort,
Si nous avons l'assistance
Du ciel, du Dieu fort ?
Et si nous perdons la vie,
Nous récolterons
Dans la céleste patrie,
Ce que nous semons.


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