Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IV

« ... Le Ciel et la terre... »

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Le salut, c'est pour ainsi dire le redressement de l'homme. C'est sa remise en place. C'est son réajustement dans le mécanisme universel.

Dieu « créa l'homme droit », de corps et d'âme.

L'homme qui se tient debout, sur une plaine, regardant droit devant lui, voit en même temps une quantité exactement égale de ciel et de terre. Son regard embrasse les deux mondes. Il les voit, non seulement tels qu'ils sont, mais dans la position respective qui leur est propre: le ciel au-dessus de la terre; l'infini au-dessus du fini. Il voit là une image de la position respective des deux mondes -. le monde spirituel et le monde naturel, l'un infiniment supérieur à l'autre. Tout le langage de la nature autour de lui est propre à lui faire comprendre que le fini n'est que la préparation pour l'infini; et puisqu'il est lui-même le sommet, l'expression suprême, le point final de ce monde fini sur lequel il marche, il doit être en même temps le point de départ d'un monde supérieur. L'instinct de sa destinée s'impose. Il ne se peut pas qu'étant doué d'une intelligence qui participe déjà à quelque chose de cet infini qu'il voit au-dessus de lui, il ne soit après tout qu'un simple animal appartenant exclusivement à la partie inférieure de ce double monde qu'il voit en regardant devant lui.

Or, qu'arrive-t-il, dès que l'homme se courbe et prend la position pour ainsi dire de l'animal? Dès qu'il baisse la tête et regarde en bas, son regard est circonscrit, limité aux quelques mètres de terre qu'il a à ses pieds. Qu'arrive-t-il, au contraire, lorsque l'homme lève la tête et regarde en haut? Son regard plonge dans l'infini, il n'est plus circonscrit; les bornes n'existent plus.
Cette simple image donne une idée absolument juste de la valeur respective des choses matérielles et des choses spirituelles, de la valeur respective du vrai chrétien et de celle du mondain, de celui qui est né d'en-haut et de celui qui ne l'est pas.

L'homme qui regarde à terre ne peut voir le ciel au-dessus de lui; de même « l'homme-animal » ne comprend pas les choses du royaume des cieux.




Si nous voulons avoir un terme pour mesurer l'étendue de la perte que fait l'homme qui s'attache aux choses de la terre, y met son coeur et se laisse dominer par les soucis du monde au point de négliger son âme - nous l'avons là devant nous. Voilà les deux concurrents en présence: quelques mètres de terre, et l'infini. L'homme qui sacrifie le second au premier, fait donc une perte illimitée. Il vend pour un plat de lentilles son droit d'aînesse, son droit aux grâces infinies qu'apporte le Saint-Esprit dans un coeur humain.

Autant le ciel est plus vaste que la terre, autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant les pensées et les desseins de Dieu à notre égard sont élevés au-dessus de nos pensées et de nos desseins à notre propre égard. Perdre Dieu, perdre l'infini pour une poignée de terre!...
Nous sommes tenus par tout ce à quoi nous tenons. L'homme n'est jamais véritablement libre tant qu'il tient à quoi que ce soit en dehors de Dieu - le bien suprême. Celui qui ne tient plus à rien peut dès lors régner sur toutes choses.




Pour comprendre nos devoirs (1) nous nous trompons donc nécessairement dès que nous n'en envisageons pour ainsi dire que le côté matériel. Lorsque nous avons une droiture d'âme absolue, de même que lorsque nous sommes droits de corps, notre regard embrassera non seulement la terre, mais aussi le ciel, non seulement te monde matériel, mais le monde spirituel, tous deux occupant dans nos préoccupations la position qu'ils occupent dans la nature: le ciel sera au-dessus de la terre; les choses spirituelles seront au-dessus des choses matérielles, et alors, et alors seulement, toutes choses seront à leur vraie place, Le principe central étant satisfait, tout le reste s'harmonisera.
C'est pourquoi l'homme de Dieu, qui seul est l'homme complet, trouvera dans la fidélité au monde supérieur le moyen d'être fidèle au monde inférieur; accomplissant ses devoirs spirituels, il accomplira aussi inévitablement ses devoirs matériels. Aimant Dieu de tout son coeur, il aura le pouvoir d'aimer son prochain comme lui-même.

Pauvre monde, en effet, que celui que les incrédules nous donnent, voulant pour ainsi dire se tenir sur leur tête et fouler le ciel (le monde spirituel) sous leurs pieds! Toutes choses pour eux ne sont pas seulement à moitié renversées, mais elles le sont complètement; elles sont sens dessus dessous dès que l'homme change l'ordre de Dieu.




Comment donc pourrons-nous savoir nous acquitter fidèlement de tous nos devoirs matériels? Comment, par exemple, les devoirs que désignent ces expressions familières : devoirs de famille, devoirs de société, peuvent-ils être placés sous un jour qui donnera à chacun d'eux sa réelle valeur, relativement à tous les autres départements de nos obligations ?
Ici encore, la nature et Dieu fournissent la réponse: mettez le spirituel où Dieu l'a placé, c'est-à-dire au-dessus du matériel. « Que toutes choses soient faites avec ordre », disait l'apôtre Paul. Remettons donc les choses dans leur ordre, dans l'ordre où ils étaient au commencement: « le ciel et la terre ». « Cherchez premièrement le royaume de Dieu, dit Jésus-Christ, et toutes ces choses (parlant du monde matériel) vous seront données par-dessus ». Il indiquait par là que la fidélité au monde spirituel était la condition même pour pouvoir y voir clair dans les questions d'ordre matériel et Pour attacher à chacune d'elles sa juste valeur.




La lumière vient toujours d'en haut; elle vient du ciel pour éclairer la terre; elle vient du spirituel pour éclairer le matériel; elle vient de Dieu pour éclairer l'homme. Pour y voir clair dans notre devoir, il faut donc s'abandonner à Dieu. Immédiatement alors, une autre loi de la lumière entre en jeu: la lumière, en effet, part toujours du centre pour aller à la circonférence. Le Dieu-lumière assis sur le trône de notre volonté, rayonnera de ce centre sur toutes les parties de la circonférence également, c'est-à-dire sur toutes nos circonstances matérielles. Sa lumière révélera le devoir comme principe et son application dans chacune de ces circonstances, et contiendra en même temps la force qui nous permettra de l'accomplir. Tel le rayon de soleil venant d'en haut est à la fois lumière et force.




L'incrédule, le matérialiste, ou le chrétien inconverti, ont toujours interverti cet ordre : ils voudraient que la lumière vînt de la terre, et non pas du ciel; d'en bas, et non pas d'en haut; de la circonférence, et non pas du centre. Il n'est pas étonnant qu'ils voient tout à l'envers, et que lorsque le divin rayon est descendu du ciel sur la terre, ils n'aient pas voulu le recevoir, et qu'ils l'aient cloué à la croix du Calvaire. Telle est fatalement la conduite de tout homme, en tous temps, s'il n'est pas absolu dans sa soumission à Dieu et à l'ordre qu'il a établi, et qui se préoccupe davantage de ce monde matériel que du monde spirituel, qui est plus dévoué à ses intérêts terrestres qu'aux intérêts de son âme immortelle et au salut des hommes créés à l'image de Celui qui habite les cieux.

. (1) Voir le chapitre : Le devoir. 
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