Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II

« DIEU ... »

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« Au commencement DIEU... »
Voilà le seul mot que nous donne la révélation divine quant à l'origine de toutes choses: Dieu. C'est absolu.

Ce n'est pas une discussion qui s'ouvre; c'est une affirmation qui se pose. C'est à prendre ou à laisser.
Par ces trois mots, le rideau qui cache l'éternité du passé se lève, et dans un foyer éblouissant de lumière céleste, nous voyons paraître ce seul mot: Dieu. Il se détache sur le fond infini du passé impénétrable.

C'est toute l'histoire ancienne, c'est l'histoire de l'éternité écoulée. Et c'en est assez pour tous les enfants de Dieu, pourvu qu'ils soient enfants. La Parole du Père leur suffit. Un pareil Père ne peut leur apprendre ni trop ni trop peu.
Vouloir comprendre comment Dieu peut être le commencement de toutes choses sans avoir eu lui-même un commencement, serait nous mettre au dessus de Dieu. Cela équivaudrait à déclarer que ce qu'il nous dit le concernant lui-même ne suffit pas; ce serait prétendre qu'il aurait dû nous en dire davantage, et rejeter comme insuffisant le mot unique qui nous est donné, comme point de départ de toutes choses DIEU (1).

Passer outre, et vouloir plonger un regard au delà, vouloir d'autres renseignements que ceux que Dieu donne, serait non seulement tomber dans le péché de la curiosité (péché qui a perdu l'homme en Éden et qui a ruiné le monde), mais serait encore téméraire au plus haut degré. Un enfant doit accepter simplement l'affirmation de son père quant à son origine, et ne demander rien de plus. Lorsque l'enfant de Dieu sera prêt pour d'autres révélations, le Père les lui accordera, et à l'heure de sa maturité spirituelle il lui fera comprendre les mystères de toute création; alors, lorsqu'il sera pleinement uni à Christ, et par cette union seule, il pourra saisir les choses qui sont cachées aux impies, aux curieux, aux profanes. Alors il les connaîtra par expérience, et, en les connaissant, il comprendra les mystères de l'amour parfait par lequel tout est créé, dans l'univers spirituel comme dans l'univers matériel.




Dès qu'on veut en savoir plus que Dieu ne nous en dit dans sa Parole, dès qu'on n'accepte pas ses déclarations avec une foi enfantine, on tombe dans la débauche des spéculations, des théories.

Quiconque refuse d'entendre sa voix, est dorénavant condamné à écouter cent mille voix contradictoires.

Oui, sa parole doit être définitive pour nous, comme lui-même est absolu.




La Bible commence donc par une affirmation et non par une discussion, et tout le Livre existe pour provoquer l'obéissance, non l'argumentation. Les vérités divines sont là pour être vécues.
Elles n'ont de réalité pour nous qu'en tant que nous les expérimentons.
« Les choses cachées sont à l'Éternel, les choses révélées sont pour nous et nos enfants, afin que nous les pratiquions. »




Qui peut regarder le soleil en face et ne pas être ébloui? Qui peut voir Dieu (dans le sens humain) et vivre ? Qui peut fixer un regard curieux et inquisiteur sur ce foyer de lumière divine où paraît comme au commencement de la Bible le seul mot Dieu, sans être comme frappé d'aveuglement? Voilà ce que fait l'incrédule ou le théologien insoumis, et voilà ce qui leur arrive. L'aveuglement spirituel est le sort de quiconque ose examiner Dieu sans. lui obéir, de l'homme avide de science, mais non pas avide d'obéissance, désireux de posséder la vérité sans être possédé par la Vérité. Il n'est rien de plus redoutable que de s'approcher de Dieu en amateur!

On ne s'étonne pas que lorsque l'Éternel rencontra le théologien Saul sur le chemin de Damas, son premier acte ait été de le frapper d'aveuglement et de le laisser ainsi trois jours jusqu'à ce qu'il eût reçu son Dieu de nouveau, dans l'abaissement, sous la forme de ce simple ouvrier Ananias, qui vint lui rendre la vue.

Pour ce théologien inconverti, le commencement de Dieu fut pour ainsi dire un coup de foudre dans les yeux qui l'anéantit. Alors, une fois anéanti, et après avoir passé trois jours dans ce tombeau moral, sa vie réelle commença: Dieu choisit, pour la lui communiquer, un des plus petits de ceux qu'il avait méprisés et persécutés.

Oui, qui peut voir l'Éternel et vivre ? Ne cherchons pas à le « voir » pour satisfaire une curiosité charnelle, mais à lui obéir.
La vérité n'opère que de deux façons: elle vivifie ou elle tue, elle donne la vue ou elle frappe d'aveuglement. Dieu est notre salut, on bien il est pour nous un feu consumant. Autant vaudrait monter sur une montagne au moment d'un orage et vouloir jouer avec les éclairs en les saisissant dans sa main, que de vouloir manier les vérités divines autrement que dans le Saint-Esprit et dans le néant d'un abandon absolu de notre être entier à notre Créateur, pour être, faire et souffrir, tout ce qu'il voudra.

« Au commencement Dieu... »
Cette parole, sur laquelle ma foi d'enfant a failli faire naufrage, m'a sauvé de l'incrédulité avant que je n'eusse dix ans. J'avais été torturé par cette tentation enfantine: « Qui créa Dieu? » Je me perdais dans cet abîme. Ma souffrance morale devint grande. Alors, dans mon effroi, saisi par le sentiment de ma témérité, je coupai court à tout par la décision par laquelle j'aurais dû commencer: celle d'accepter sans autre explication cette parole : au commencement Dieu. Depuis cette heure-là je n'ai jamais eu la moindre tentation à l'incrédulité intellectuelle quant aux choses spirituelles. Dieu m'en a délivré une fois pour toutes.

Et quand même il a plu à sa providence de fixer dans la suite mon habitation pendant quatorze années dans la « ville-lumière », la capitale de l'incrédulité, où j'ai entendu tout ce que l'incroyant peut avancer pour ne pas croire en Dieu ni se soumettre à lui, je puis dire que mon âme n'a jamais été effleurée par un doute quant à Dieu et quant à sa révélation par les Saintes-Ecritures.

Enfant, j'avais triomphé du doute en me décidant à être ce que j'étais: un enfant. Et c'est là le sens des paroles de Jésus: « A moins que vous ne deveniez comme de petits enfants, vous ne pouvez entrer dans le royaume des cieux », et : « Je te rends grâces, ô Père, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. » Être enfant, c'est croire réellement que nous avons un Père; c'est le traiter en Père, c'est croire à sa parole, et l'accepter comme absolument suffisante.

Plus tard, lorsqu'après ma conversion, je voulus étudier la Vérité, afin de mieux connaître la volonté de Dieu pour mieux la faire, je me fixai une règle très simple et très absolue quant à mes études: je ne lirai jamais, me dis-je alors, un ouvrage traitant des choses de Dieu, à moins de m'être assuré tout d'abord que son auteur ait été un réel apôtre, quelqu'un qui ait fait l'expérience personnelle de ce dont il parle, quelqu'un, homme ou femme, qui ait été rempli du Saint-Esprit, et qui ait lutté pour Dieu comme Jésus-Christ et ses apôtres, parmi les plus malheureux et les plus bas tombés, aussi bien que dans d'autres milieux, et qui, par conséquent, ait en à porter l'opprobre, l'humiliation et la persécution. Je n'osais considérer comme bibliques les ouvrages les plus renommés, s'il n'était pas établi que leurs auteurs eussent été eux-mêmes bibliques, au point d'avoir mis Dieu au commencement (Dieu - non pas une théorie sur Dieu!) dans leur vie, et d'avoir été baptisés du Saint-Esprit. Je ne voulais lire que les écrits de ceux qui parlaient de « l'abondance du coeur » (et non de l'abondance de la tête seulement), et qui pouvaient dire : « Ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché - nous vous l'annonçons. (2) »




La religion, comme l'homme, doit marcher sur deux pieds, et non sur un seul : sur l'expérience, sur le témoignage personnel, aussi bien que sur la doctrine; et celui qui dit: « Jésus peut sauver », doit pouvoir dire: « Jésus m'a sauvé. » On ne peut donner que ce qu'on a; et si on n'a pas DIEU on doit se taire, car comment pourrait-on nourrir l'âme avec ce qui vient de l'homme?

Et quand même il serait possible de donner à la vérité une forme extérieure irréprochable, à quoi cela servirait-il si c'était un corps sans vie?




« Ce qui était dès le commencement... »
Ce sont là les premières paroles de la première épître de Jean. Il annonçait ce qui était non seulement depuis le commencement du monde, mais dès ses commencements à lui. Et il ne savait annoncer que ce qu'il avait vu et entendu. Il n'avait pas reçu son message par ouï-dire ou par l'étude; il avait eu une RENCONTRE AVEC JÉSUS-CHRIST, et cette rencontre avait fait de lui ce qu'il était. Voilà le commencement de la théologie de Jean: « Je l'ai rencontré! Il m'a rencontré! Je l'ai vu! Je l'ai entendu! Je vous l'annonce! » Et pourquoi? Afin que votre cerveau soit satisfait? Afin que votre savoir soit parfait?
Non! mais « afin que votre joie soit parfaite. » Puis il explique comment cette joie est acquise : par la possession de l'amour parfait, par la purification entière « comme lui-même est pur », par la sainteté personnelle, en un mot.

Pour avoir qualité pour parler des choses saintes, il faut avant tout avoir eu une rencontre avec Jésus-Christ comme l'ont eue les apôtres et les saints. C'est le commencement de toute religion, de tout témoignage et de tout travail religieux.

On ne peut récolter que ce qu'on sème. Quiconque sème une religion purement intellectuelle ne récoltera qu'une croyance intellectuelle chez les autres. Ne semer que des sermons, c'est récolter une religion de théorie. Mais quiconque sème une religion spirituelle et vivante fera une récolte spirituelle. Quiconque sème, non pas seulement ses paroles, mais son âme, sa vie, verra se lever une récolte du même genre.
Et comment pourrait-on semer la vie divine si l'on n'a que la vie humaine, et encore celle-là déchue et dégradée par la chute originelle?




Quand Dieu LUI-MÊME est ainsi au commencement, toute la science religieuse nécessaire s'acquiert dans la suite d'une manière simple et naturelle. On croît dans ce domaine comme croissent les lis des champs, On voit Dieu partout. Sa parole est toute lumineuse et révèle à cet «enfant» la science secrète qu'elle « cache aux sages. » Dans la lutte pratique pour le salut des âmes, qui est la conséquence nécessaire et naturelle de la VIE qu'on a en soi, on acquiert une connaissance intime du coeur humain, - cette science des sciences. On possède la clef divine qui résout tous les problèmes sociaux: le salut de l'âme. Tout devient pratique, vécu, réel. Les épais brouillards de la théologie spéculative et abstraite ne viennent jamais obscurcir ce ciel serein - pas plus qu'ils n'ont troublé celui de l'église de la Pentecôte.

Celui qui vit d'une théorie quelconque est condamné à une agitation, une incertitude et une instabilité éternelles, tandis que celui qui vit de la personne divine du Christ en lui-même, participe à son immutabilité. Il ne s'agit pas tellement pour lui de comprendre, d'analyser, que de « voir », de « toucher », de « posséder. »
Dès lors on saisit facilement comment il se fait que tant d'étudiants en théologie deviennent incrédules, et que les efforts de tant d'autres se combinent dans la suite pour enlever à la Bible toute sa force divine et pour l'abaisser au niveau d'un livre ordinaire.

Ils connaissent la théorie chrétienne, ils ne connaissent pas le Christ. Et la conséquence infaillible la voici : sans peut-être s'en rendre compte, ils travaillent à prouver qu'en somme Jésus-Christ ne peut pas sauver, et cela avec autant d'ardeur que l'âme naïve et simple cherche dans la Bible un SAUVEUR.




Il n'y a rien qui trahit la présence et l'activité du démon sous le manteau de la religion comme l'incroyable hostilité qui se manifeste aussitôt que l'on prend l'enseignement de Jésus-Christ au sérieux, que l'on veut croire à une délivrance réelle et entière du péché, ou affirmer que le Sauveur peut effectivement sauver. La jalousie que témoignent les formalistes pour sauvegarder quelque dogme ou rite favori n'a d'égale que leur indifférence à l'égard de la personne du Sauveur lui-même ou du devoir de mettre ses commandements en pratique. Je voudrais répéter ici ce que je disais dans le volume Liberté, publié au moment des persécutions en Suisse :




« On dirait qu'on ignore systématiquement l'histoire du christianisme vivant. On la lit pourtant, mais comme on lit l'Évangile : en limitant au passé son application.
« Cela provient du fait très simple que le démon, les mondains et les pharisiens ne peuvent pas supporter la vérité vécue. Ils la tolèrent seulement morte, de même qu'ils préconisent le christianisme d'après « la lettre qui tue » et non selon « l'esprit qui vivifie ». Ils tolèrent le salut relégué dans un passé éloigné ou dans l'avenir lointain. Ils admettent la sainteté chez les apôtres ou les ancêtres, ou bien de l'autre côté de la tombe, mais jamais de leurs jours. Ils veulent bien étudier Dieu, mais à distance, comme on étudie une force de la nature, un problème psychologique; ils veulent aussi étudier sa Parole, mais en employant à ce travail les procédés de critique qu'on applique à un document humain, tel que l'Iliade ou l'Enéide. Au lieu de se jeter dans le courant de la Révélation, comme dans un fleuve divin, pour ressentir la vertu vivifiante de ses eaux, on fait passer ces eaux à l'alambic de l'analyse, on en décompose les éléments et l'on classe et étiquette ces éléments. Et, à ce misérable travail de la pensée, l'âme se dessèche. Ce qu'on ne veut pas, c'est envisager virilement les saintes exigences de Dieu, renoncer à son égoïsme et à sa mondanité; ou repousse toute manifestation de vie qui trouble et accuse. On veut bien retenir de la religion la sécurité qu'elle assure pour l'avenir, et envisager avec complaisance les satisfactions célestes entrevues par l'égoïsme pour le moment où l'on aura épuisé les plaisirs de la terre. Mais on ne veut pas accepter une conception de la religion qui oblige l'homme à sortir de lui-même et à vivre pour Dieu et pour les autres.

« En un mot, ces personnes osent « étudier » Dieu sans lui obéir. Ils le lorgnent, pour ainsi dire, de toute la hauteur de l'intelligence bornée et rebelle de l'homme irrégénéré - tout en fermant leur coeur à sa vie et à son amour.
N'est-ce pas là le véritable « blasphème ? » N'est-il pas temps de traiter Dieu en DIEU?

Parmi eux y en a-t-il un qui supporterait qu'on enlevât une seule des doctrines qu'ils conservent dans leur musée religieux, comme des reliques sacrées, doctrines qui leur furent pourtant transmises par des hommes courageux au péril de leur vie, lorsqu'ils luttaient pour Dieu dans les rues et les forêts, dans les prisons et les cavernes de la terre; doctrines qui, lorsqu'elles étaient vécues en chair et en os, furent proscrites par la loi et poursuivies comme des blasphèmes. Et pourtant ces doctrines, quelques précieuses qu'elles soient pour ces chrétiens-amateurs, ne sont plus pour eux des réalités d'expérience mais des vérités-cadavres, des vérités-squelettes, des vérités de musée.




Oui, on veut toujours que les persécutés morts aient eu raison, on veut toujours que les persécutés vivants aient tort. « Vos pères tuaient les prophètes, et vous, vous bâtissez leurs sépulcres », disait le Sauveur aux pharisiens de son temps.

Peu importe aux pharisiens de tous les temps où le salut agit, pourvu que ce ne soit pas au sein de leur génération où il pourrait les condamner, eux, et en sauver d'autres. C'est pourquoi ils préconisent la croyance qu'on pouvait être sauvé dans les temps apostoliques et qu'on pourra l'être dans le ciel. Comme le démon, ils admettent le salut dans un passé reculé ou dans un avenir lointain car là il n'atteint pas les vivants.

Ils tolèrent bien la religion parmi les vivants, mais jamais le salut. Est-ce étonnant que nous allions parfois jusqu'à dire avec une sainte audace: Enlevez-nous tout le reste de la religion, pourvu que vous nous laissiez le salut ? Si c'est la coquille que vous voulez, prenez-la, mais laissez-nous la noix.




La vérité vécue sera-t-elle jamais agréable au monde? L'esprit de l'homme naturel n'a-t-il pas toujours été en rébellion contre l'Esprit de Dieu ? N'y aura-t-il pas toujours conflit entre la lumière et les ténèbres ? ... Quand on aura affadi, affaibli, abaissé la vérité divine au point qu'elle sera agréable au coeur naturel et acceptable au mondain, le sel n'aura-t-il pas perdu sa saveur et la vérité sa vie ?




Les autopsies se font après la mort, et quand un homme n'a en lui que la religion à l'état de cadavre et traite la Bible en cadavre aussi, il ne faut pas s'étonner que son occupation favorite soit de disséquer, disséquer toujours, ni qu'il en arrive à la fin à prouver que cette chose mystique qui s'appelle VIE spirituelle, n'existe pas. Tout dès lors: la Bible, Dieu lui-même, les apôtres de tous les temps, deviennent pour lui matière à disséquer, car tout est cadavre, et ce sera à celui qui apportera à ce travail sinistre le plus d'art, et qui découvrira les choses les plus curieuses, que reviendront les plus grands honneurs.




Je reviens donc à la question de l'étude de la Vérité et je répète: où aurais-je trouvé l'autorisation divine d'étudier pour l'édification de mon âme des ouvrages religieux, théologiques ou autres, émanant de personnes qui ne donnaient pas des preuves évidentes de leur apostolat et d'avoir reçu le Saint-Esprit? Ne me serais-je pas rendu coupable d'une insulte à l'adresse de CELUI dont le nom sacré, DIEU, est au commencement de la Bible et dont la divine personne est au commencement de toute vie spirituelle en l'homme?

Oui, j'aurais cru pécher en étudiant quelque chose qui ne vint pas d'un homme qu'on pût "reconnaître à ses fruits », de quelqu'un dont le ministère n'eût pas reçu des sceaux multiples sous forme de conversions, de transformations, de miracles moraux ou autres, et dans les écrits duquel ne se rencontrât pas cette sève divine, ce quelque chose de caché, de subtil, de vécu, dont l'absence rend quelques-uns des ouvrages théologiques les plus renommés absolument insupportables aux âmes spirituelles.

L'oeuvre de l'homme, comme l'oeuvre de Dieu, porte en elle-même les marques de son origine. Ce principe: «au commencement l'homme », « au commencement moi », s'y reconnaît quoi qu'on fasse. Ce qui est né de la chair est chair. Ce qui est né de l'Esprit est Esprit; l'écrit venu du Saint-Esprit parle à l'âme, et l'Esprit qui l'a inspiré y demeure fidèle; sa présence y sera reconnue par ceux qui sont nés de l'Esprit; leur âme en est nourrie et baptisée de lumière.




Et combien je serais coupable d'offrir dans ce livre que j'écris quelque chose qui vint simplement de moi! Quelle responsabilité j'encourrais devant Dieu et devant les âmes immortelles que j'aurai à rencontrer un jour devant son trône, si à la multitude des livres religieux émanant du pauvre cerveau humain, de ces livres « nés de la chair », j'en ajoutais un seul !
De quel droit viendrais-je présenter même la vérité si, en effet, je n'avais la certitude intérieure que sans prétendre à l'inspiration dans le sens spécial du terme, j'écris néanmoins dans le Saint-Esprit, et que je puis par conséquent m'attendre à ce que sa bénédiction accompagne la lecture de cet ouvrage!

Comment avoir autrement la certitude de ne pas faire plus de mal que de bien, de ne pas égarer plutôt que de guider, de ne pas attirer à l'homme plutôt qu'à Dieu?
Effrayante responsabilité!

Oui, moi aussi qui ne suis que poudre et que pauvreté, je veux rendre mon témoignage. Ah! non pas à moi, Dieu m'en préserve! mais à Celui que j'ai rencontré, à Celui qui m'a rencontré, qui m'a terrassé, qui m'a vaincu, qui m'a conquis par son amour.

Oui, je dois témoigner. Je ne puis m'en empêcher; force m'est de le faire. Ce n'est pas un besoin de mon esprit, c'est un besoin de mon âme. Ces lignes que je trace, ce livre que je commence, c'est un cri de mon coeur, ou mieux c'est un cri du Vainqueur qui l'habite. Et l'âme plus que vaincue peut devenir plus que vainqueur!

Oui, Seigneur, c'est toi qui occupes la première place dans mon coeur et dans ce livre; ce n'est pas l'homme, ce n'est pas une préoccupation humaine quelconque. La recherche de la gloire de Dieu en est l'origine, et elle en est la fin. Dans ma main la plume courra sur le papier sans autre désir que de te plaire, et de faire et de dire ton oeuvre.
S'il y a une vérité que tu aies écrite plus que toute autre, en lettres de feu, sur les parois du temple de mon âme, c'est celle-ci: « Ce qui est né de la chair est chair! » Donne-moi la force de crier cette vérité d'une voix de tonnerre par le moyen de ce livre. Qu'au moins dans quelques coeurs ce témoignage que je te rends soit plus que vainqueur sur toute idée, toute pensée, tout dogme, toute religion qui tiennent de la chair, et que toi tu puisses régner! et qu'il puisse amener des âmes immortelles à une RENCONTRE PERSONNELLE avec TOI, afin que ton règne vienne en eux!

Qu'on puisse se convaincre qu'on ne te connaît que par révélation personnelle, individuelle, que le sens humain est un épais voile qui te cache, et que tout écrit né de la chair - quelque parfait qu'il soit comme forme ou comme fond - ne fait qu'obscurcir la vérité et éloigner les âmes de Celui qui EST, en les tournant vers les hommes et les choses, et en leur donnant une pierre pour du pain, des dogmes au lieu de Dieu.

Toi qui m'as donné rendez-vous dans ce livre, donnes-y aussi rendez-vous à des âmes immortelles qui cherchent à être plus que vainqueurs. Et maintenant que je vais quitter pour la seconde fois de ma vie mon pays et mon peuple, pour aller dans l'inconnu, donne-moi de laisser derrière moi un témoignage rendu à TOI, à TOI SEUL.

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(1) Voir le commencement de l'appendice. 

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(2) Au moment où j'écrivais ceci, un ami me communiqua le propos tenu par un théologien a une personne qui lui citait une des épîtres de l'apôtre, Jean comme ayant été particulièrement en bénédiction à son âme : « Oh! mais cette épître est du nombre des livres de la Bible dont l'authenticité est contestée ! ... » Voilà où l'on en est aujourd'hui dans certains milieux religieux. 
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