Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREFACE

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Il n'était pas possible que la biographie de Marie Durand, cette héroïne populaire de la foi huguenote, cessât d'être lue dans les églises protestantes, parce que l'édition en était épuisée. Trop de souvenirs émouvants, trop de grandes leçons de fidélité et de fermeté dans l'épreuve s'attachent au nom de cette humble femme, pour laisser le voile de l'oubli s'étendre peu à peu sur son histoire, parmi les générations nouvelles.

Mais, d'autre part, un trop grand nombre de documents ont été découverts et mis en oeuvre, dans des travaux récents qui éclairent d'un jour très vif cette période de notre histoire, pour qu'il soit possible de rééditer purement et simplement un ouvrage, excellent d'ailleurs, qui date de plus de cinquante ans. Un proverbe familier dit : « les morts vont vite ». Il indique par là qu'ils disparaissent rapidement de la mémoire ingrate et infidèle des vivants. Raison de plus pour les faire revivre avec toute l'exactitude à laquelle on peut atteindre, quand leur souvenir est entré, chargé de richesses et d'exemples bienfaisants, dans le patrimoine que nos pères nous ont laissé.

C'est pourquoi la Nouvelle Société d'éditions de Toulouse (Dieulefit), a chargé M. le pasteur André Fabre de réviser le travail de Daniel Benoît, pour le faire bénéficier des recherches historiques, qui ont été si fructueuses dans ce domaine, depuis un demi-siècle.

M. Fabre est tout à fait qualifié pour cette entreprise. Biographe du pasteur Pierre Durand, frère aîné de Marie, il a su faire revivre, avec autant d'exactitude que de clarté, la figure sympathique de ce pasteur du désert, mort à Montpellier sur l'échafaud, victime du devoir qui s'imposait à sa conscience. Ainsi entré, par une sympathie active, dans l'intimité de la famille Durand, M. Fabre se trouvait naturellement dans les conditions les plus favorables pour raconter la vie de la soeur, comme il avait raconté celle du frère.

Sans suivre pas à pas l'oeuvre de Daniel Benoît, qu'il a dû modifier sur bien des points, en même temps, qu'il la complétait, il s'est attaché à n'en rien perdre. Son récit, conçu sur un plan un peu différent et avec le souci de laisser les leçons se dégager d'elles-mêmes des faits, se poursuit clair, vivant, évocateur. Il nous est particulièrement agréable de relever, à côté des qualités d'un style simple et objectif, l'aisance de l'exposition et l'habileté à rattacher sans cesse à l'histoire générale l'histoire d'un personnage. Tout cela dénote un historien de race, duquel nous attendons d'autres travaux. Il permettra bien à son ancien professeur de lui en témoigner ici, et très affectueusement, sa confiance.

Ce livre se fera sa place dans nos bibliothèques. Il contribuera à répandre dans nos milieux protestants, avec la connaissance d'un passé qui nous est cher, parce qu'il est fait de la vie, des espoirs, des luttes et des souffrances de nos aïeux, l'amour de l'Evangile, dont les dévouements qu'il a inspirés et les sacrifices, que des hommes ou des femmes ont acceptés pour lui rester fidèles, nous disent la valeur infinie.

Jean BARNAUD.

Montpellier, 21 mai 1935.

SCEAU DES ÉGLISES SOUS LA CROIX

 

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NOTE DES EDITEURS

Les Editeurs expriment ici leur profonde gratitude à tous ceux qui ont contribué au succès du présent ouvrage par leur vif intérêt et leur bienveillante collaboration.

Pour la mise au point du texte, nous citerons :

- M. le Pasteur André Fabre, de Générac (Gard), qui a si heureusement réalisé la refonte de l'ancien ouvrage de D. Benoît ;

- M. le Pasteur Charles Bost, du Havre, et M. Aurenche, de Paris, qui ont permis une généreuse utilisation de leurs travaux historiques (Editions de « La Cause », Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme) ;

- M. le Professeur Barriaud, de la Faculté de Théologie de Montpellier, dont la Préface sanctionne un bienveillant travail de révision.

L'illustration abondante de l'ouvrage est due au concours de :

- M. le Pasteur Pierre Bourguet, de Vincennes, auteur de la plupart des dessins in-texte et de la couverture ;

- M. le Pasteur Jacques Pannier et la Société d'Histoire du Protestantisme français ;

- M. Gaston Tournier et M. Pierre Hugues, du Comité du « Musée du Désert ».

Le « cheminement spirituel » de cet ouvrage, dans les coeurs et les esprits, sera le fruit légitime de cette harmonieuse collaboration.


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P.-S. 1938. - L'accueil fait à la première édition (1935) de cet ouvrage nous crée l'agréable obligation de cette réédition. Nos voeux ont donc été largement dépassés.


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AVANT-PROPOS

Cet ouvrage, sensiblement différent de celui que Daniel Benoît a rédigé sur le même sujet, ne se donne cependant point pour offrir le résultat de recherches inédites.

Depuis l'édition primitive, en 1884, il a paru nombre d'articles, de notes, et même de volumes touchant le drame dont le pasteur de Montauban s'était fait l'historien.

En particulier, AI. le pasteur Charles Bost a publié à maintes reprises, dans le « Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français », des communications très étendues qui renouvellent le sujet ; et, en 1922, un livre saisissant, « Les Martyrs d'Aigues-Mortes » (1),  auquel tout lecteur intéressé par ces questions devra recourir.

Pris d'émulation plusieurs auteurs se sont également consacrés à ces recherches. M. le professeur Marmelstein, d'Amsterdam, et M. L. Aurenche ont donné eux aussi, dans le Bulletin, les intéressants résultats auxquels ils sont parvenus, et qui éclairent d'un jour nouveau les suprêmes amertumes connues par la prisonnière après sa libération (1b). Nous avons pour notre part retracé la carrière de son frère, pasteur du désert et mort martyr à Montpellier en 1732 (2).

Nous ne pouvions donc songer à composer, après tant de découvertes où nous n'avons joué aucun rôle, un ouvrage qui fût réellement de première main. Comme nous nous ouvrions de nos scrupules à M. Bost, celui-ci nous a répondu avec son habituel désintéressement, pour nous encourager malgré tout à entreprendre notre travail, et il ajoutait « que la mise en avant du fait devait passer avant toute question d'amour-propre d'auteur ». Il nous incombe ainsi le devoir très doux de lui redire une fois de plus une gratitude depuis longtemps éveillée. Grâce à ses savantes recherches nous pouvons présenter au public protestant un ouvrage qui reste dans ses grandes lignes celui que nos parents ont connu, mais remis au point et, croyons-nous, exempt de certaines erreurs que notre devancier, moins bien informé, n'avait pu éviter.

On verra que nous avons adopté pour la mise en chapitres une répartition nouvelle et moins morcelée. Elle nous paraît susceptible de faire ressortir les phases et les aspects divers d'une histoire d'âme qui, marquée par la foi la plus profonde, laisse aussi découvrir les plus beaux élans de tendresse humaine.

Nous nous sommes abstenu, pour autant qu'il était possible, de tout commentaire, estimant que le simple et sobre récit suffit par lui-même à mettre en évidence les grandes leçons qu'il comporte.

La marque de la « Nouvelle Société d'Editions de Toulouse » représente un campanile surmonté d'une croix et, supportée par lui, la cloche qui sonne le Réveil.

Le Réveil, il est toujours nécessaire. Plus que jamais en ces jours d'universel laisser-aller où nos églises elles-mêmes ne restent pas à l'abri de la vague sinistre, et marquent le pas ou reculent. Mais il n'est possible que dans l'obéissance sincère et fidèle aux enseignements de l'Evangile, précédant l'action de la grâce de Dieu.

Une vie comme celle de l'héroïne de la Tour de Constance nous est la forte preuve de ce que cette grâce a pu faire dans un coeur de femme, naturellement faible et par cela même très près du nôtre, et qu'il nous est arrivé durant nos recherches de voir prêt à tomber dans l'erreur ou le découragement ; mais qui s'est maintenu toujours « disponible » au souffle d'En-Haut.

Puisse notre foi faire en sorte que le Dieu de Jésus-Christ permette « à ce qui fut, d'être de nouveau ».

André FABRE, pasteur.

Générac, 10 février 1935.


SOURCES UTILISEES

L. AURENCHE : La maison de Marie Durand, une brochure, Fischbacher, 1935.

D. BENOIT » Marie Durand, un volume, Société d'Editions de Toulouse, 1884.

Ch. BOST - Les martyrs d'Aigues-Mortes, un volume, Editions « La Cause », 1922.

Ch. BOST : Mémoires inédits d'Abraham Mazel et d'Elie Marion, un volume, Fischbacher, 1931.

Ch. DARDIER : Lettres de Paul Rabaut à divers, deux volumes, Grassart, 1892.

André FABRE : Pierre Durand, un volume, Editions « La Cause », 1930,

Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme Français, 54, rue des Saints-Pères, Paris, articles divers

Années 1890, page 10.

- 1933, page 53 ss., M. le Professeur MARMELSTEIN.

- 1934, page 289 ss., M. Ch. BOST.

- 1934, page 513 ss., M. L. AURENCHE (celui-ci reproduit dans la brochure mentionnée ci-dessus).


(Cliché Musée du Désert).
PLAQUE COMMÉMORATIVE APPOSÉE
SUR LASUR LA MAISON NATALE DE PIERRE ET MARIE DURAND



 

1) Les Martyrs d'Aigues-Mortes », par C. BOST. Editions « La Cause », Carrières-sous-Poissy (Seine-et-Oise).
1b) Depuis la rédaction de notre avant-propos, M. L. Aurenche a publié le résultat de ses recherches en une brochure: « La maison de Marie Durand ». Fischbacher, 1935. 

2) « Pierre Durand », par André FABRE. Editions « La Cause », Carrières-sous-Poissy (Seine-et-Oise), 1930.
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