SECTION III. - Les livres de Jonas, Joël, Amos, Osée, Esaïe, Michée, Nahum. (Suite 2)

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§ 86. Michée (758-699). - Le prophète Michée s'appelle lui-même Morastite , du nom de son lieu d'origine Marésa, ou plutôt Moréseth, près de Gath, village de peu d'importance , situé au sud de Juda (I, 1, 15). Il paraît avoir commencé son ministère peu de temps après qu'Osée, Amos et Esaïe eurent commencé le leur; les sujets qu'il traite sont les mêmes ; ses conseils, ses avertissements, ses exhortations à Israël et à Juda sont les mêmes. Quelques écrivains grecs, entre autres Epiphane, disent qu'il fut mis à mort sous Joram, fils d'Achab; mais ils le confondent avec le fils de Jimla, qui vivait deux siècles auparavant (1 Rois, XXII, 8-28). Notre prophète parait au contraire s'être endormi en paix aux jours d'Ezéchias (Jér., XXVI, 18, 19). Son nom et l'amertume de ses prophéties contribuèrent, cent ans plus tard, à sauver les jours de Jérémie , que les principaux de Jérusalem voulaient faire périr , parce qu'il avait annoncé la ruine de la ville sainte et la destruction du temple (Jér. , XXVI, 18. Cf. Michée, III, 12). Michée rédigea lui-même ses prophéties (III, 1, 8). Il est désigné comme prophète par Jérémie , et dans le Nouveau-Testament (Matth., II, 5. Jean , VII 42). Il est cité Soph. , III, 19. Ezéch. , XXII, 27. Esaïe, II, 2-4 XLI, 15, et par notre Seigneur (Matth. , X, 35, 36).

Son livre peut se diviser en trois parties :

a. Il décrit la ruine prochaine des deux royaumes. Le jugement de Dieu commencera par Samarie , mais il s'étendra bientôt jusqu'aux portes de Jérusalem , et le prophète jette un regard douloureux sur les différentes villes et villages qui entourent le lieu de sa naissance et qui lui sont plus particulièrement chers (chap. I). Il s'adresse ensuite aux princes, aux grands, aux prophètes et au peuple , et leur reproche leurs péchés avec des menaces qui laissent toujours entrevoir des promesses de miséricorde (II et III).

b. Il dévoile dans l'avenir des jours meilleurs; il montre l'Eglise, heureuse, bénie et glorieuse sous le sceptre et le gouvernement du Messie. Cette prophétie messianique est digne des derniers chapitres d'Esaïe par la magnificence et la clarté des images; puis, revenant en quelque sorte en arrière , le prophète termine en annonçant la délivrance prochaine des Juifs et la destruction de la puissance assyrienne (IV et V).

c. Retour à la première partie. Le prophète fait ressortir combien sont raisonnables, pures et justes les exigences de Dieu, et il les met en contraste avec l'ingratitude , l'injustice et les superstitions du peuple, cause de sa ruine. Après avoir annoncé la catastrophe, le prophète exhorte le peuple à ne pas se décourager; il lui montre la fidélité et la miséricorde de l'Eternel comme le mobile le plus puissant qui doive les porter à une repentance sincère et profonde (VI et VII).

Son style est vif, animé, chaleureux; il a la poésie de celui d'Esaïe et la vigueur de celui d'Osée; parfois cependant il devient obscur à force de concision et par la brusque rapidité des transitions.

Michée prédit clairement les invasions de Salmanéser , I, 6-8 (2 Rois, XVII, 4, 6), et de Sanchérib, I, 9-16 (2 Rois, XVIII, 13); la dispersion d'Israël, V, 7, 8; la cessation de la prophétie, III, 6, 7 ; la totale destruction de Jérusalem, III, 12; la délivrance d'Israël, II, 12; IV, 10; V, 8; la ruine de l'Assyrie et des ennemis qu'elle représente, V, 5, 6; VII, 8, 10; l'endroit de la naissance du Sauveur, sa nature divine , « car ses issues sont d'ancienneté dès les jours éternels, » V, 2 (Matth., II, 6); la promulgation de son Evangile sur la montagne de Sion, ses résultats, IV, 1-8 (Esaïe, II, 2-4) ; enfin, l'exaltation de ce royaume spirituel par-dessus toutes les nations, IV, 1-7 (Luc, I, 33); V, 5 (Ephés., II, 14); VII, 17, 18 (Luc, I, 72, 73).

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§ 87. Nahum (720-698). - Le nom du prophète signifie consolation, et son livre est bien de nature à fortifier la foi du fidèle, à le consoler dans l'épreuve, à l'encourager lorsque tout semble l'abandonner.

Nahum était d'Elkos ; c'est tout ce qu'on sait de sa personne; et encore Elkos est-il complètement inconnu, bien que Jérôme, qui vivait mille ans plus tard, le place en Galilée.

On suppose qu'il prophétisa en Juda , après que les dix tribus eurent été emmenées captives, et entre les deux invasions de Sanchérib. Dans ces temps d'angoisse et de perplexité , lorsque la ruine de Samarie devait inspirer à Juda tant de craintes sur sa propre existence, lorsque Jérusalem avait été dépouillée de ses trésors par Ezéchias, qui espérait ainsi détourner la fureur de Sanchérib, quand les rumeurs lointaines d'une conquête partielle de l'Egypte ajoutaient aux inquiétudes et à la démoralisation générales, le prophète se lève pour annoncer le pouvoir et les miséricordes de l'Eternel (I , 1-8); il prédit la ruine de l'empire d'Assyrie (I, 9-12), la mort de Sanchérib et la délivrance d'Ezéchias (I, 13-15). Il raconte par avance la ruine de Ninive, et il la décrit avec de si vives couleurs et avec tant «exactitude dans les détails, qu'on dirait qu'il en a sous les yeux le spectacle; l'histoire profane dit, en effet, que ces prophéties ont été littéralement accomplies.

Pour bien comprendre Nahum, il faut le comparer avec Jonas , dont il est la continuation et le complément. Les deux prophètes nous donnent la même leçon morale en deux parties : l'un nous montre l'ajournement des jugements de Dieu, l'autre nous en montre l'exécution finale et définitive. La cité condamnée reçut encore une fois, quelques années plus tard, un dernier avertissement par la bouche de Sophonie (II, 13) ; puis la ruine fut consommée, 606 avant Christ.

Ninive, dont parle le prophète, était alors la capitale d'un empire immense et florissant. C'était une ville considérable par son étendue et par sa population ; elle était le centre du plus grand commerce du monde. Elle ne devait cependant pas au commerce toutes ses richesses ; c'était une « ville sanguinaire, » toute pleine de mensonges et de rapine (III, 1). Elle pillait les nations voisines, et le prophète la compare à une famille de lions qui remplissent leurs tanières de proie et leurs repaires de rapines (II, 11 , 12). Elle était extrêmement bien fortifiée; des murailles colossales , de 100 pieds de hauteur, armées de quinze cents tours, semblaient défier tous les ennemis. Elle a été si complètement détruite , que , dans le second siècle de l'ère chrétienne, il n'en restait déjà plus aucun vestige , et que sa position exacte a été longtemps matière à contestation.

Le livre de Nahum est sans égal pour la sublimité des descriptions ; c'est tout un poème. Il s'ouvre par un solennel hommage rendu à la puissance divine (2-8), puis il s'adresse aux Assyriens (9-14) ; les versets 12 et 13 sont une parenthèse ayant pour but de consoler les Israélites par la perspective d'un prochain repos et de leur future restauration. Le chapitre Il décrit le siège et la ruine de Ninive. Au IIIe il revient sur ce sujet , et indique les causes de la condamnation, les désordres de Ninive, ses péchés, sa méchanceté. Le prophète rappelle l'exemple de No-Ammon (Thèbes) en Egypte, pour illustrer par un grand souvenir les malheurs prochains qu'il prophétise (III, 8-40).


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