SECTION III. -Les promesses de l'Ecriture.

 

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§ 135. Considérations générales. Divers genres de promesses. - La foi aux promesses de l'Evangile est, par l'opération du Saint-Esprit, un puissant moyen de renouvellement et de sanctification pour l'homme. C'est la semence incorruptible de la Parole de Dieu reçue dans le, coeur, qui régénère et ramène l'homme au caractère et a la confiance de l'enfant. C'est la foi qui le justifie; c'est la foi qui le sanctifie. La foi aux promesses est notre bouclier, notre oeuvre, notre victoire, notre vie.

Quand on se propose d'étudier les promesses de la Bible, il est important de se rappeler les observations suivantes.

Les promesses générales de la Bible sont l'expression du conseil immuable de Dieu. On a souvent rattaché l'idée de conseil exclusivement aux secrets desseins de Dieu, comme s'ils pouvaient être en contradiction avec sa Parole, et comme s'ils étaient de nature à en annuler ou à en éluder les déclarations. Mais lus l'Ecriture il est toujours parlé des promesses comme étant la révélation des desseins de Dieu, et de la violation de ses promesses comme d'une impossibilité qui ne serait rien moins que le reniement , non-seulement de sa Parole, mais de lui-même. Il a promis « avant les temps éternels » (Tite, I, 2), et ses promesses sont citées comme preuve de son immutabilité (Héb., VI, 17, 18).

Il faut distinguer les promesses universelles, faites à tous, de celles qui sont particulières et temporaires. Il y a en effet des promesses faites à des individus, à Noé, Moïse, , David, Pierre, qui ne peuvent pas s'appliquer à tous. La promesse faite aux Israélites , d'une prospérité matérielle, n'était que temporaire; elle était appropriée à l'ensemble de la dispensation mosaïque, et avait pour but, à cette époque où les choses éternelles étaient encore peu comprises , de stimuler l'obéissance extérieure à la loi. Il en est de même du don des miracles, de l'infaillibilité des écrivains sacrés, du don des langues; accordés au premier âge de l'Eglise, ils ont peu à peu disparu (peut-être avec la vive foi des premiers chrétiens). L'Evangile est la promesse, mais la seule promesse universelle. Il est à cause de cela la base et la mesure de notre foi. Mais il y a néanmoins des promesses individuelles qui peuvent être considérées comme faisant partie de la promesse universelle, et qui par conséquent s'appliquent, sous ce rapport, aux croyants de tous les siècles. Ainsi , ces paroles de Dieu à Josué: « Je De te laisserai point, je ne t'abandonnerai point (Josué, I, 5), » sont appliquées par l'Apôtre aux chrétiens hébreux (Héb., XIII , 5), et Néhémie invoque pour lui l'accomplissement d'une promesse faite à Moïse (Néh., I, 5-11 ; cf. Deut., IV, 25; XXX, 2).

A cette classe appartiennent les promesses relatives à la vie présente, particulièrement celles qui sont contenues dans l'Ancien-Testament. Elles sont vraies de tout chrétien fidèle et conséquent, en ce sens que la religion, en rendant l'homme honnête, sobre et industrieux , a pour conséquence naturelle la santé, le contentement et une certaine prospérité extérieure. La main de l'homme diligent l'enrichit, dit le sage , et l'Evangile stimule l'activité. Mais la portée trop absolue de cette règle générale est restreinte par trois considérations.

Des souffrances et des persécutions, pour le nom de Christ, sont expressément annoncées à l'Eglise et aux chrétiens en particulier; et ces souffrances sont elles-mêmes l'objet de promesses spéciales.

Les promesses temporelles de l'Ancien-Testament sont restreintes et limitées par le caractère même de la nouvelle dispensation, dont les membres sont appelés à marcher par la foi et non par la vue.

Enfin, il faut remarquer que les grâces temporelles, devant avoir pour objet de développer la vie intérieure du chrétien, elles lui sont accordées ou refusées, suivant que la jouissance ou la privation sera le plus propre à favoriser son développement et à le faire avancer dans la sanctification. Sous l'ancienne alliance, la verge destinée au méchant s'appesantissait rarement sur le juste , parce que les leçons de la Providence comptaient au nombre des enseignements le plus faciles à comprendre pour le monde et pour l'Eglise. Aujourd'hui la révélation est complète et Dieu est plus libre, si l'on peut s'exprimer ainsi, d'approprier les leçons de sa discipline aux besoins personnels de chacun de ses enfants. Si donc nous pouvons demander à Dieu d'accomplir en notre faveur les promesses temporelles qu'il a faites à tous, nous ne devons pas oublier que la prospérité a cessé d'être aujourd'hui l'expression uniforme ou même principale de la faveur divine, et que les soins de la Providence ne sont plus qu'une forme, subordonnée au bien général et spirituel de l'Eglise.

Distinguons encore les promesses absolues et les promesses conditionnelles. Celle de la venue du Messie et celle de la vocation des Gentils étaient absolues. Celle du pardon et des bénédictions qui en découlent est conditionnelle ; elle dépend de notre foi. Les progrès du chrétien dans la sainteté, sa délivrance de l'épreuve dépendent également de son zèle, de son obéissance, de sa persévérance dans la prière.

On peut dire d'une manière générale que toute promesse de bénédictions spirituelles, adressée à des chrétiens, est faite au caractère et sous certaines conditions. C'est ainsi que Néhémie, dans la prière déjà citée , avait la foi qu'il serait exaucé, et néanmoins il termine en reconnaissant que les promesses ne sont faites qu'à ceux qui « prennent plaisir à craindre le nom de l'Eternel » et « qui gardent ses commandements (voyez aussi 1 Chron. , XXVIII, 9, 19. Ezéch., XXXIII, 13-15. Jacq., I, 5-7. 1 Sam., II, 30. Rom., IV, 3, 12. Héb. , IV, 1). » Les promesses sont faites au caractère, à des qualités particulières ; la foi et la sincérité sont toujours exigées de celui qui prie; et si nous voulons avoir part aux bénédictions d'Abraham, nous devons suivre les traces d'Abraham; si nous soupirons après des preuves spéciales de la faveur divine , nous devons revêtir le caractère, nous devons aimer l'esprit humble et contrit dans lequel Dieu se plaît à habiter. Les promesses sont faites sous conditions; une intelligence plus complète, des grâces plus excellentes sont toujours promises et accordées en proportion des efforts faits pour les obtenir, de la ferveur, de la patience, de la fidélité dans le travail de la sanctification.

Dans ces limites, lorsqu'une promesse de l'Ecriture est générale, faite à tous, et que nous accomplissons les conditions qu'elle exige , chacun peut s'en faire à lui-même l'application avec autant. de confiance que si elle lui était faite en personne. S'il s'agit même d'une promesse spéciale faite à un enfant de Dieu, mais appartenant à la promesse universelle de l'Evangile , et que nous vivions et agissions comme celui à qui elle a été faite, elle devient nôtre au même titre qu'elle était sienne.

On a souvent oublié cette corrélation entre les promesses de l'Ecriture et les conditions qui en déterminent l'accomplissement. Quelquefois, par exemple, on a invoqué certaines promesses comme si elles étaient faites d'une manière absolue à la douleur , au chagrin, à la détresse, tandis qu'en réalité il n'est fait aucune promesse à la souffrance comme telle, mais seulement à la souffrance qui implore du soulagement et qui le cherche de la manière que Dieu a commandée : « Invoque-moi au jour de la détresse, et je te délivrerai , et tu me glorifieras (Ps. L, 15). » C'est le langage constant de l'Ecriture ; sous ce rapport, ses promesses diffèrent de ses appels. L'invitation à se convertir s'adresse à tous, même aux impénitents et aux incrédules (Marc, I, 15) ; les promesses ne s'adressent qu'à ceux qui se repentent et qui croient, ou aux impénitents, dans la supposition qu'ils se convertiront et viendront à la foi.

Quant à l'époque où les promesses auront leur accomplissement, Dieu ne la détermine presque jamais. Il promet de délivrer le juste de tous les maux qui le pressent, mais il ne dit pas quand (Ps. XXXVII). Christ doit revenir une seconde fois pour nous emmener avec lui, mais personne ne connaît ni le jour ni l'heure de son avènement (Jean, XIV, 1-3). Se confier dans ses promesses doit être par conséquent un acte de patience et de foi. Celui qui croira ne se hâtera point (Esaïe, XXVIII, 16. Rom., I, 7. 2 Thes., III, 5).

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§ 136. Du bon usage des promesses. - Les promesses que contient l'Ecriture ont pour but , lion pas essentiellement de servir de base , de direction et de mesure à l'accomplissement du devoir, mais surtout de nous exercer à la piété et à la prière. - Dieu a promis de délivrer son Eglise et de détruire ses adversaires, mais ces promesses ne sont pas notre guide ni la règle de notre conduite. Paul avait reçu la promesse qu'il irait à Rome, et néanmoins , quand il apprit qu'un complot avait été formé, pour l'assassiner, il prit toutes les précautions nécessaires pour protéger sa vie, comme s'il n'avait reçu aucune promesse (Actes, XXIII, 11-17). Toujours c'est le précepte qui doit être notre règle, bien que la promesse puisse nous servir d'encouragement et stimuler notre zèle et nos prières. - Dieu avait promis à David qu'il établirait sa maison à perpétuité, et néanmoins David ne s'appuie sur la promesse que pour demander à Dieu de vouloir bien l'accomplir (2 Sam., VII, 16-25). - Aux jours d'Elie Dieu promit d'envoyer de la pluie sur la terre, ce qui n'empêcha pas le prophète de prier avec ferveur et persévérance pour obtenir l'accomplissement de la promesse (1 Rois, XVIII , 42-44). - Daniel savait que les soixante-dix années de la captivité touchaient à leur fin lorsqu'il se prosterna devant Dieu pour lui demander de finir les désolations de Jérusalem (Dan., IX, 2, 3). - Et quand les disciples eurent reçu la promesse du Saint-Esprit, ils persévérèrent en prières jusqu'au moment où la promesse fut accomplie (Actes, I, 14).

Il faut encore, pour que les promesses répondent à l'intention de Dieu, qu'elles contribuent à la sanctification du chrétien. Elles nous ont été données pour nous rendre en quelque manière participants de la nature divine , et ne répondraient pas aux intentions de Dieu si elles ne rendaient pas notre reconnaissance plus vive et plus profonde, notre vie plus sainte et notre obéissance plus dévouée (2 Pierre , I, 4. 2 Cor., VII, 1).


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