SECTION IV. - L'emploi de ces règles dans l'interprétation, leur Importance.

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§ 95. Développements. - On vient de rappeler que les règles exposées dans la section précédente reposent sur des principes communs à toutes les langues; il importe, en effet, de ne pas l'oublier, car ces principes servent à la fois à justifier les règles et à en faciliter l'application.

Pour la plus grande partie de la Bible, il suffit , en général , de savoir de quoi il s'agit et de comprendre la langue dans laquelle on essaie de lire. Si on lit l'Ecriture-Sainte dans la langue vulgaire, à quelque page qu'on l'ouvre , pourvu qu'on sache à peu près de quoi il est question, la lecture sera facile. Il n'y a pas d'exemple possible d'un passage obscur dont on puisse supposer raisonnablement qu'il renferme une doctrine qui ne serait exposée et développée nulle part ailleurs.

Aussi les règles qu'on a indiquées n'ont pas pour objet de faciliter la recherche du sens de passages simples et clairs, mais d'aider à déterminer le sens de passages obscurs ou douteux. Or, comme sur beaucoup de points nous sommes appelés à comparer les Ecritures dans le but de prouver et d'établir certaines vérités , comme cette comparaison des Ecritures est une partie de notre tâche , qu'elle est un moyen de sanctification et qu'elle nous ouvre les trésors de la grâce et de la vérité divine salutaire à tous les hommes, il importe au plus humble chrétien de bien se rendre compte de ces règles et de savoir les appliquer. La révélation doit être l'étude de notre vie, et c'est la volonté de Dieu que nos études, nos travaux et nos prières arrivent à nous en donner une intelligence toujours plus claire.

A cet égard, l'homme est tellement sous la dépendance de l'Esprit de Dieu bénissant ses efforts qu'un chrétien humble et persévérant dans la prière acquerra dans l'intelligence des Ecritures une connaissance plus sûre et plus étendue que tel autre, mieux doué peut-être et plus savant , mais dont la piété sera moins fervente. L'exercice d'un esprit docile, attentif et recueilli, est donc un des principes les plus importants à rappeler pour l'interprétation des saintes Ecritures.

Le vrai sens d'un passage ne se trouve pas toujours dans le sens littéral des mots ni dans telle interprétation qu'on pourrait supposer, si même elle renfermait une vérité absolue, mais il est dans ce qu'ont voulu dire les auteurs sacrés, ou quelquefois encore le Saint-Esprit, alors que les écrivains inspirés n'auraient qu'imparfaitement compris sur le moment les paroles qui leur étaient dictées.

Mais, comme c'est dans les mots que le sens est enveloppé, il s'agit de comprendre ce que signifient ces mots. C'est l'usage de la langue qui pourra seul le fixer, et cet usage, c'est autant que possible par l'Ecriture qu'il faut le déterminer.

Une fois ce sens acquis, il faut prendre les mots dans leur signification ordinaire, à moins qu'elle ne soit en désaccord positif, soit avec le sens de la phrase ou du fragment , soit avec l'analogie de la foi.

De deux interprétations on doit généralement préférer celle qui pouvait se présenter le plus naturellement aux auditeurs ou aux lecteurs primitifs, plus familiers que nous avec le langage pittoresque et figuré de l'Orient.

Le sens doit toujours convenir au contexte.

Le but spécial d'un passage, ou le raisonnement d'un écrivain, peut, s'il est clair et précis, indiquer, entre deux sens possibles , celui qui doit être choisi à l'exclusion de l'autre.

Pour qu'un passage parallèle serve à fixer le sens d'un mot, il faut, ou bien qu'il renferme le même mot dans un autre contexte, ou, au contraire, que, dans un contexte analogue, il se serve d'un mot différent.

Une doctrine fondée sur un seul passage ne saurait être dans l'analogie de la foi.

On ne peut dans la discussion en appeler à l'analogie de la foi

qu'autant que la doctrine dont il s'agit est acceptée de part et d'autre ; sans cela le raisonnement serait vicieux et sans effet. - De moine, si les deux sens possibles d'un même passage sont tous les deux conformes à l'analogie de la foi , on ne peut plus l'invoquer ni d'un côté ni de l'autre.

La théologie comprend l'étude de l'ensemble des Ecritures ; elle est le sens même des Ecritures, complété, limité, restreint, expliqué par les Ecritures elles-mêmes. La théologie scripturaire n'est pas une chose , et l'interprétation ou le sens des Ecritures une autre chose. La théologie est l'exposition intelligente et fidèle de tout ce que le livre de Dieu révèle en fait d'histoire, de doctrines et de préceptes.


Table des matières

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