SECTION Il. - De l'esprit dans lequel la Bible doit être étudiée.

 

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§ 83. Soumission du coeur aux enseignements de l'Esprit. - Il est essentiel, quand on entreprend l'étude de la Parole de Dieu, d'apporter à ce travail des dispositions humbles et pieuses, le désir de connaître, une attention recueillie et sérieuse, un esprit de recherches et une soumission absolue aux directions intérieures de cet Esprit que Dieu ne refuse à aucun de ceux qui le lui demandent.

On trouvera peut-être que ce n'est pas là une règle bien savante, mais elle n'en est pas moins essentielle pour la vraie application de toutes les règles de l'herméneutique proprement dite. C'est d'ailleurs une règle admise pour l'étude de toutes les sciences et de tous les arts. Pour apprécier sainement la poésie, il faut le goût de la poésie. Pour l'étude de la philosophie il faut un esprit philosophique. Pour l'étude de l'histoire naturelle il faut cet esprit d'induction et d'observation que recommandait Bacon. Il faut également pour l'étude de la religion un esprit religieux.

L'homme a besoin d'être instruit de Dieu, non point d'une manière spéciale à cause des difficultés que présente le langage biblique, ni même à cause des profondeurs de la doctrine chrétienne ( et en effet les choses les moins comprises sont ordinairement celles qui sont le plus clairement révélées) , mais parce que , sans cet enseignement d'en haut, l'homme n'apprendra pas, ne pourra, ni ne voudra connaître ces vérités élevées qui ne sont pleinement comprises que de celui qui les sent avec le coeur. Quand Jésus-Christ parut, la lumière luit dans les ténèbres , mais les ténèbres ne la reçurent point. L'oeil spirituel est obscurci par les affections terrestres ; des ombres l'environnent, et l'organe lui-même est altéré. Cet aveuglement a produit l'ignorance ou l'inintelligence des vérités les plus simples. Cette ignorance à son tour éloigne l'homme de la vie de Dieu ( Ephés., IV, 18 ). La source de toute lumière, c'est Dieu; c'est lui qui seul pouvait donner aux Ephésiens l'esprit de sagesse et de révélation ( Ephés. , I , 17 ). C'est lui seul aussi qui peut préserver d'erreur et de doute, et guider Mme en toute vérité. Si quelqu'un manque de sagesse , qu'il la demande à Dieu. Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra de sa doctrine, si elle est de Dieu. Une docilité enfantine, un coeur obéissant, la persévérance dans la prière, sont nécessaires à l'étude de la vérité divine. Luther, sous l'influence du Saint-Esprit , a pu dire avec vérité - Bene grasse est bene studuisse. Avoir bien prié , c'est avoir bien étudié.

La Bible elle-même nous donne cette règle fondamentale. Et notre Seigneur, dans son entretien avec Nicodème (Jean, III, 3 ) , lui dit: Si un homme n'est pas né de nouveau il ne peut point voir le royaume de Dieu : il n'en comprendra ni la nature, ni les bénédictions.

( Voyez encore 1 Cor., II, 14; I, 21 ; XII, 8. 2 Cor., IV, 1-6. 1 Jean, II, 20, 27. 1 Pierre, II, 1, 2. Jacq., I, 24. 2 Tim., III, 13. Ps., XXV, 1, 5; CXIX, 12.)

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§ 84. Rien au-delà de ce qui est écrit. - Il est nécessaire d'ajouter, pour éviter toute confusion et toute conclusion hasardée que l'on pourrait tirer de ce qui vient d'être dit touchant l'enseignement de l'Esprit, que Dieu ne révèle à personne, quelque docile, pieux, obéissant qu'il soit, une autre sagesse et une autre doctrine que celle qui nous est révélée dans sa Parole. Il ne veut pas nous rendre « sages au-delà de ce qui est écrit. » Christ ouvrit l'esprit de ses apôtres « pour entendre les Ecritures (Luc, XXIV, 45), » et le coeur de Lydie « afin qu'elle se rendit attentive aux choses que Paul disait (Actes, XVI, 14). » Si David demande que Dieu dessille ses yeux, c'est « afin qu'il regarde aux merveilles de sa loi (Ps. CXIX, 18). » La Bible est ainsi le sujet , l'objet de l'enseignement divin ; elle en est aussi le moyen et la méthode. La Bible par la Bible. Tout ce qui lui est contraire , tout ce qu'on peut y ajouter, tout ce qui est en dehors d'elle, est sans valeur et ne peut être attribué qu'à l'esprit de ténèbres.


Table des matières

Page précédente: CHAPITRE IV. DE L'INTERPRÉTATION DES ÉCRITURES. SECTION I. - Des précautions à prendre dans l'étude de l'Ecriture

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