HISTOIRE DES VAUDOIS.
II2°
EXTRAITS DE POÊMES VAUDOIS
SANS INDICATION DE DATE.
LA BARQUE.
- La sainte Trinité nous
permette (donne) parler
- Chose qui soit d'honneur et de
gloire,
- Et qui au profit de tous puisse
tourner,
- Et aux écoutants donne
désir
- Qu'ils mettent la volonté
et le coeur
- À entendre bien les notres
discours.
- ...............................................................
- De quatre éléments a
Dieu le monde formé
- Feu, air, eau et terre sont
nommés,
- Étoiles et planètes
fit de feu;
- Le zéphir et le vent ont en
l'air leur lieu
- L'eau produit les oiseaux et les
poissons,
- La terre les animaux et les hommes
félons.
- La terre est le plus vil des
quatre éléments
- De laquelle fut fait Adam
père de toute gent.
- O fange! ô poussière!
maintenant te glorifie
- O vaisseau de misère !
maintenant t'enorgueillis
- Orne-toi bien, et cherche vaine
beauté ;
- La fin te montrera ce que tu auras
ouvré.
- ...............................................................
- Regarde dès la notre
naissance
- De combien est de valeur le notre
vêtement
- Nus au monde venons et nus nous en
retournons
- Pauvres y entrons et avec
pauvreté sortons
- Et riches et pauvres ont
même entrée
- Seigneurs et serfs ont même
sortie.
- Car, selon le mien avis, je les
vois beaucoup fort errer,
- Car ils laissent le bien et
opèrent beaucoup fort le mal
- Tous cessent de faire bien par
crainte de la gent
- Les uns par convoitise d'amasser
or et argent,
- Les autres aiment tant l'honneur
et leur plaît le plaisir
- Que peu soignent d'opérer
par quoi ils soient élus
- Bien voudraient paradis en tant
que pour désirer,
- Mais ce par quoi il s'acquiert ne
voudraient guère faire,
- ...............................................................
- Mais je prie Dieu le Père
et le sien Fils glorieux
- Et le Saint-Esprit, lequel est des
deux,
- Que sauve tous ceux qui
ouïront les leçons
- Et qui les garderont selon ce qui
est raison
- Bien je voudrais que tous ceux qui
sont au temps présent,
- Eussent volonté, pouvoir et
entendement
- De servir ce Soigneur, lequel
promet et tient
- Lequel donne richesses
très-abondamment,
- Délices et grand honneur,
sans manquement.
- Par les trois choses dites vient
l'oeuvre à complément
- Quand l'homme a volonté, et
pouvoir et entendement
- Alors fait le service qui est
à Dieu très-agréable
- Mais quand il a sagesse et n'a le
pouvoir,
- Dieu lui compte pour fait, tant il
a bon vouloir
- Mais quand il a puissance et grand
entendement,
- Lui profite très-peu, quant
à son salut,
- S'il n'accomplit par oeuvre,
puisqu'il a la volonté
- Quand viendra au jugement, il sera
moult condamné
- Mais si aucun (quelqu'un) a
volonté de bien faire,
- Et a la puissance qui pourrait
bien opérer,
- S'il n'a la sagesse, il ne se peut
sauver,
- Car l'ignorance le Lait
très-fort errer.
- Donc à tout homme, lequel
se veut sauver,
- Besoin est qu'il entende quelle
chose est bien et mai
- Et ait grande force en (dans) bien
persévérer,
- Et porte en patience, quand il
aura adversité,
- Et aime Dieu surtout par bonne
volonté
- Et avant soi le prochain par voie
de charité
- Que les autres soient plus grands
en sagesse et bonté.
- Donc sagesse nous enseigne, si
nous la voulons tenir,
- Que nous devons aimer Dieu et
craindre et servir
- Et avoir vraie foi en le sien
accomplissement,
- C'est oeuvre vertueuse et droit
entendement :
- Puis recevrons la gloire que
l'espérance attend.
- Servons donc ce Seigneur que la
sagesse dit,
- Lequel est moult puissant et sage
aussi
- Juste et bon et
miséricordieux,
- Lequel est Roi des rois et
Seigneur des seigneurs.
- Beaucoup sont hors sens ceux qui
laissent tel Seigneur
- Pour servir ce monde de qui en
auront mauvais guerdon
- Mais qui regarde bien à
hommes de ce monde,
- Parce qu'ils n'ont sagesse, sont
en plusieurs erreurs,
- Car n'est sinon un Dieu, et ils en
vénèrent plusieurs.
- ...............................................................
- Brièvement est
raconté, en la raison qui est dite,
- Des quatre services qui sont faits
en la vie,
- Le premier est beaucoup vain,
c'est de servir le monde,
- Car il trépassera et perdra
son guerdon,
- Le second est très-vil,
c'est de servir le corps;
- Vers mangeront la chair, et
dépériront les os.
- Mais le troisième est
très-grief, c'est servir l'ennemi,
- L'âme sera tourmentée
et le corps sera puni ;
- Quand il sera ressuscité au
jour du jugement,
- Recevra telle sentence dont il
sera dolent.
- Mais le quatrième est
très-digne, c'est de servir le Seigneur,
- Ceux-là seront bienheureux
qui auront fait tel labeur
- Rois seront couronnés, et
jugeront le monde.
- Donc ceux-là qui disent
qu'ils se veulent tenir
- Avec la plus grande partie, pour
être plus sûrs,
- Que ne regardent-ils avec la
pensée avisée
- En la raison écrite qui est
ici racontée ?
- Les trois parties sont perdues et
la quatrième sauvée
- Et l'Évangile dit, lequel
Christ a parlé,
- Que peu sont les élus et
beaucoup les appelés
- Ce sont les douze apôtres,
lesquels furent élus,
- Pour suivre le Seigneur
laissèrent le, plaisir :
- Ceux qui sont serfs de Christ
tiennent cette voie
- Mais ils sont en ce monde petite
compagnie ;
- Mais ils sont moult
confortés de Christ, le leur Seigneur,
- Car ils recevront le royaume pour
paie du labeur,
- Et auront en aide en
l'assemblée céleste toujours avec (en) eux
- Vu que nul ne peut compter combien
est grande la compagnie.
- Alors les félons seront
moult trompés ;
- Mais tard connaîtront qu'ils
auront mal ouvré
- Alors sera fait change d'un chacun
présent.
- Ceux qui ont ici
(deçà) le délice auront là le
tourment
- Mais les serfs du Seigneur, qui
ont ici (deçà) tribulation
- Auront là éternelle
gloire et grande consolation.
- Bienheureux seront ceux qui sont
des parfaits,
- Quand là sera complet le
nombre les élus
- La puissance du Père et la
sagesse du Fils
- Et la bonté du Saint-Esprit
nous garde tous
- D'enfer et nous donne paradis !
Amen.
LE NOUVEAU CONFORT.
- Ce nouveau confort de vertueux
labeur
- J'envoie, vous écrivant en
charité et en amour
- Je prie vous chèrement par
l'amour du Seigneur
- Abandonnez le siècle,
servez à Dieu avec crainte.
- Vous dormez longuement en la votre
tristesse,
- Vous ne voulez veiller, parce que
suivez la paresse
- De (pour) bellement reposer au lit
d'avarice
- Faisant à votre chef
coussin de convoitise.
- Toute la votre vie est un petit
dormir
- Dormant vous songez un songe de
plaisir
- Paraît à vous que
votre songe ne puisse défaillir,
- Moult ébahis serez et
triste au réveiller.
- À votre vain songe vous
avez tel plaisir,
- Subitement vous frappera le
bâton de la mort,
- Et vous réveillera et serez
à mauvaise contenance (en mauvais port);
- N'aurez parents ni richesses qui
vous donnent confort.
- ...............................................................
- Le corps sera posé en une
fosse obscure,
- L'esprit rendra raison selon la
droiture,
- Et ne serez excusés ni par
pleur ni par regret
- De tout serez payés, mesure
par mesure.
- ...............................................................
- Plusieurs suivent le monde par
grande ignorance ; Ne connaissant pas Dieu, étant
en mécroyance,
- Vont par la voie mondaine, comme
bestiale essence (contenance)
- Ne savent servir Dieu ni faire
vraie pénitence.
- Car quoique la droite voie
entendront (entendraient) clairement,
- Jamais pour cela ne la croient ni
donnent l'ouïe;
- Le démon leur dérobe
(aveugle) l'oeil de l'entendement,
- Si (tellement) qu'en eux ne se
prend (prend vie) la divine semence.
- ...............................................................
- Car tant mettent le soin à
(en) la vie présente
- En leur mauvaise chair nourrir
délicatement,
- En manger, et en boire, et vivre
grassement;
- Tous les leurs désirs
veulent accomplir entièrement.
- Car plusieurs sont tentés
avec fausse tentation,
- Encontre l'Écriture mettent
leur intention,
- En les liens charnels mettent leur
dévotion
- Avec lesquels le démon les
tire à perdition.
- ...............................................................
- Serfs sont du Seigneur,
marqués de son sceau
- Jésus-Christ les appelle
son petit troupeau :
- Ceux-ci sont ses brebis et ses
vrais agneaux,
- Souvent sont
persécutés des mauvais
enragés.
- Ces bons agneaux suivent le leur
pasteur,
- Et bien connaissent lui, et
lui-même connaît eux,
- Et les appelle par nom et va
devant eux :
- Ils entendent la sienne voix
plaisant avec douceur.
- Et les mène paître au
champ spirituel;
- Trouvent moulte pâture moult
substantielle,
- Ne mangeront herbe mauvaise ni
pâture mortelle
- Mais sont repus du pain vivant et
céleste.
- À la fontaine de vie les
mène avec joie,
- Boivent eau précieuse qui
leur donne confort;
- Tout homme qui en boira est de si
noble sort
- Que jamais n'aura tare (et non
trahison), ne tâtera la mort.
- Le notre bon pasteur le sien
troupeau aimait,
- Et pour les siens agneaux la
sienne vie quittait,
- La volonté du Père
il leur annonçait,
- La voie de salvation (salut) bien
leur admonestait (montrait).
- ...............................................................
- La joie et la grande gloire ne se
peut raconter
- N'est homme vivant qui au coeur
puisse penser,
- Ni langue tant subtile qui sache
tant parler,
- Ni vue d'oeil si claire qui puisse
regarder (voir).
- 0 chers amis! levez-vous du
dormir,
- Car vous ne savez l'heure que
Christ doit venir
- Veillez toujours (toute vie) de
coeur en Dieu servir,
- Pour être à la
gloire, laquelle ne doit finir.
- Ores venez au jour clair, et ne
soyez négligents,
- Frappez à la porte, faites
vertueusement,
- Et le Saint-Esprit vous ouvrira
doucement
- Et amènera vous à la
gloire du ciel vraiment.
- Venez et n'attendez à la
nuit ténébreuse,
- Laquelle est très-obscure,
horrible, épouvantable;
- Celui qui vient de nuit, jamais
l'époux ni l'épouse
- N'ouvrira à lui la porte
précieuse. Ainsi soit-il.
LE PÈRE
ÉTERNEL.
- Roi indulgent et
miséricordieux,
- Donne aux croyants en toi coeur
(courage) d'être bons,
- Et les autres convertis par les
tiens prédicateurs.
- Consolateur droiturier, saint et
principal,
- Purifie la mienne âme de
tout péché mortel,
- Plantes-y les vertus et
déracine les véniels.
- Roi glorieux, régnant sur
tous les royaumes,
- Fais-moi régner avec toi au
tien céleste royaume
- Que je chante avec tous les saints
et toujours louer toi je sois digne
- Héritier gracieux de tous
les bons trésors,
- Donne vive espérance et
conforte (fortifie) le mien coeur.
- Et à moi et à tous
les miens donne du tien trésor.
- Gage ferme et non muable de la
notre hérédité,
- Donne-moi ici goûter de la
tienne grande bonté,
- Que les vertus soient douces et
haïs soient les péchés.
- Gouverneur éternel de
toutes les créatures,
- Ôte de nous les vices, et
répare les figures,
- Afin que luisent de vertu, et
jamais ne soient obscures.
- ...............................................................
- Agneau de Dieu vrai, non coupable
qui ôtes les péchés,
- Mène-moi an mont de Sion
allègre et très-sûr, suivant les non
souillés,
- En herbes verdoyantes et fleurs
bien odorantes là sois de toi gardé.
- Conseiller fidèle,
merveilleux et fort,
- Conseille le tien peuple qui est
tourmenté à tort
- Afin qu'il abandonne ce monde pour
venir au tien jardin.
- Engendreur des vivants,
lumière merveilleuse et grande,
- Toutes choses sont semblables, le
tien oeil regardant,
- Tu es garde (gardien) des hommes,
des petits et des grands.
- Pasteur grand et bon des brebis
suivant toi,
- Garde-les d'ours et de lions et de
loups méconnus
- Comme tu connais eux, fais-leur
connaître toi.
- ...............................................................
- Avocat entendant (entendu) en lois
et en décrétales,
- Envers Dieu notre Père
parle pour nous mortels,
- Afin que par ton amour nous fasses
héritiers célestes.
- ...............................................................
- Évêque pur, saint et
fidèle selon (second) Adam
- Offre-nous à ton Dieu comme
fit son fils Abraham,
- Pain vivant et quotidien,
garde-nous de toute déréglée faim.
- Amitié divine de gracieuse
existence,
- Donne vraie amitié à
mon entendement,
- Afin que comme tu veux et non je
veuille une même oeuvre.
- Trinité benignissime,
première volonté,
- Contre ton bon plaisir ont les
méchants ouvré,
- Mais selon un tien vouloir ne peut
être contesté.
LE MÉPRIS DU
MONDE.
- 0 très-chers ! mettez ici
le votre soin
- Car c'est par la divine
Écriture,
- Que personne ne mette
l'espérance ni l'amour
- Dans les choses du monde qui
mènent à douleur
- Et quiconque Jésus-Christ
veut aimer
- Le monde mesquin il doit fortement
haïr
- Et ce que le monde aime et tient
pour doux,
- Il doit tenir pour amer et pour
fort venimeux
- Et comme grand crachat et grief
venin mortel
- La pompe et l'honneur du monde il
doit fortement esquiver
- Et comme fumier sale doit
haïr son honneur,
- Et vers le royaume du ciel
soupirer par grande vigueur.
- ...............................................................
- 0 frère très-cher !
au monde ne te réjouis,
- Car la mort par aventure demain
t'en vient mener
- À la cruelle mort tu ne
peux contester
- Par aucun pacte ni raison que tu
lui puisses trouver.
- Ores serait venu le temps de
pleurer
- Et d'avoir grande douleur et de
grièvement soupirer
- Ores serait temps de mener grande
joie (douleur, deuil)
- Et tous les notres
péchés pleurer dévotement.
- ...............................................................
- Nous tous voyons le monde
misérable et douloureux
- Périr sous la mort et
n'avoir recours.
- Et elle n'a d'aucun aucune
miséricorde ;
- Aux dues et aux princes elle est
fort commune
- À jeune comme à viel
elle ne veut pardonner ;
- Par aucun moyen (engin) ne peut
éviter (échapper) le fort
- Qu'il ne soit broyé
(atterré) sous le pied de la mort.
- ...............................................................
- Car la vie vite passe comme le
léger vont
- Et comme ombre, et fuseau, elle
tourne à néant.
- De qui te rempareras-tu
(rachèteras), quand la mort t'occira:
- Car pacte ni convention la mort ne
recevra
- L'or ni l'argent ne te secourra
- Ni prière d'ami ne te
délivrera.
- ...............................................................
- Donc opérons voyageusement
le bien que nous pouvons faire,
- Car la mort ne cesse toujours de
menacer ;
- Ni dans les choses du monde ne
veuillons espérer,
- Mais mettons la notre
espérance dans les biens célestes.
- Le fol est trompé en
l'amour de la vie présente,
- Mais le sage connaît combien
elle est pleine de tourment
- La beauté et le
trésor du monde comparé
- À la fleur du champ,
laquelle est noblement honorée
- Qui, quand elle est
taillée, subitement sèche
- Dès que la chaleur du
soleil la touche,
- Et la beauté qu'elle avait
premièrement
- Est aussitôt tournée
en grande difformité.
- L'honneur du monde je te veux
raconter,
- À ce que tu entendes et ne
puisses nier
- Combien est brève et
combien peu peut durer
- Toute puissance terrestre et
royale seigneurie.
- ...............................................................
- Vous pouvez tous connaître
que n'a grand profit
- En possessions de terre, ni en les
autres grandes délices,
- Ni en tours, ni en palais, ni en
grands édifices,
- Ni en tables, ni en repas, ni en
les grands mangers,
- Ni en les lits honorables, ni en
les belles parures,
- Ni en vêtements clairs et
fortement resplendissants,
- Ni en troupeaux de bêtes, ni
en travail de moult champs.,
- Ni en belles vignes, ni en verger,
ni en jardin grand,
- Ni en moults fils, ni en autre
grande famille,
- Ni en autre honneur mondain
tournant comme étincelle
- Quel est donc le sage qui a souci
d'acquérir
- Ce qui avec travail s'acquiert et
tant peu peut durer
- Celui-là n'est
très-sûr ni très-bien logé
- Lequel peut être de la mort
subitement attrapé.
L'ÉVANGILE DES QUATRE
SEMENCES.
- Ores parlons de l'Évangile
des quatre semences
- Que Christ disait au siècle
actuel,
- Par quoi il eut au monde aucun
(quelque) commencement
- De la sienne créature
engendrée nouvellement.
-
- Le semeur la sienne semence
semait;
- L'une tomba en la voie (chemin) :
fruit ne germait
- Et ne pouvait naître, la
racine ne prenait (reprenait)
- Les hommes la foulaient, les
oiseaux la dévoraient.
-
- L'autre entre les pierres ne
faisait profit
- Sentant la chaleur elle
sécha sans retard ;
- L'autre entre les épines
eut grande suffocation,
- Et ne pouvait faire fruit ni bon
portement.
-
- L'autre en bonne terre droitement
croissait
- Faisant bon épi droit et
plein ;
- Le sien cultivateur droitement
recueillait
- Pour une, cent ou cinquante ou
trente en recueillait.
-
- L'Évangéliste
démontre qui est le semeur
- Celui-là est
Jésus-Christ, le notre Sauveur,
- Roi des rois, Prince des pasteurs,
- Semant la graine du céleste
labeur.
- Cette semence était la
sienne prédication
- Laquelle il semait avec grande
affection
- Mais souvent rencontrait grande
tentation :
- Tombant en vile terre souffrait
destruction.
- Car les oiseaux de l'air viennent
à batailler
- À bon semeur pourtant
veulent contester (s'opposer),
- Toute la sienne semence cherchent
à dévorer,
- Car en plusieurs manières
l'essayent de tenter.
- Ces faux oiseaux sont les malins
esprits :
- L'Écriture cela
démontre et en l'Évangile est
écrit
- Et veulent dévorer le
troupeau petit petit
- Duquel est bon pasteur le Seigneur
Jésus-Christ,
- Quand ces oiseaux trouvent la
semence
- Éparse par la voie, sans
culture,
- Qui n'a racine, ni pris
renaissance,
- À l'instant la
dérobent moult (fort) cruellement..
- ...............................................................
- Mais quand le semeur sème
la semence,
- L'une tombe dans les pierres
où a peu d'aliment
- Et, parce que y a peu terre, en
sort subitement,
- Mais fait petite racine et
chétive pousse.
- Quand cette semence est de terre
sortie,
- Elle n'a ferme tuyau (racine), ni
la moelle remplie,
- Est brûlée du soleil
et de grande chaleur frappée
- Ensuite (ainsi) tournent
sèche et sans vigueur.
- Ceux-là sont ceux qui,
quand on les admoneste.
- Qu'ils entendent la parole et
l'écoutent avec fête,
- Volontiers la reçoivent, et
bien leur paraît honnête
- Mais trop sont temporels et de
méchant geste (action)
- Et à l'instant qu'ils
sentent la persécution
- Un peu d'épouvante, ou de
tribulation,
- Ils renient et laissent la
prédication
- Laquelle ils écoutaient
avec si grande dévotion.
- ...............................................................
- Le leur adversaire, l'ennemi
éternel,
- Dragon, serpent antique, plein de
venin mortel,
- Lequel est Satan, semeur de maux,
- Mêlait la sienne ! vraie
avec la semence royale.
- Cette mauvaise herbe, semence de
tristesse,
- Ce sont les fils félons,
pleins de toute malice,
- De poursuivre les justes ont
grande convoitise,
- Veulent (voulant) eux
dévier de la divine justice,
- Tribulations leur donne et les
travaille fort,
- Faisant à eux incultes
angoisses et tourments jusqu'à la mort
- Mais les justes sont fermes ; en
Christ ont leur confort
- Au royaume de paradis seront avec
volupté.
- Pour cela craignent Dieu, gardent
soi de mal faire;
- La loi du Seigneur s'efforcent de
garder
- Et toutes adversités en
patience porter,
- Jusqu'à ce que soit venu le
temps du moissonner.
- Et quand Christ fera le grand
jugement,
- Dira aux siens anges : «
Faites séparation
- Entre les bienheureux et la
mauvaise semence. »
- Alors les félons seront
tristes et dolents.
- Car le Seigneur
Jésus-Christ, la divine sagesse,
- Donnera contre eux
très-amère sentence,
- Disant : «
Séparez-vous de la mienne présence,
-
- Descendez en l'enfer en la grande
pestilence. »
- Car c'est la paie de vos travaux
- Et de vos désirs ; faisant
sans crainte,
- Servant à votre corps, avez
laissé le Seigneur;
- Vous posséderez grande
peine, pleurs et douleur.
- Recevrez héritage qui
jamais ne peut mourir,
- Cruel serpent venimeux qui jamais
ne peut finir,
- Et l'âpre feu ardent vous
conviendra souffrir,
- Jamais de la ténèbre
obscure vous ne pourrez sortir. »
- Alors il parlera avec
agréable allégresse
- Aux siens bienheureux remplis de
force:
- Venez à posséder le
royaume de beauté,
- Jamais ne sentirez pleurs, ni
douleur, ni détresse. »
- Comme (ainsi) le bon pasteur bien
les admoneste,
-
- Livrera à eux le
règne du Père avec fête ;
- Ne craindront l'adversaire ni la
sienne mauvaise action,
- Ni la sienne tentation pleine de
grande tempête.
- Avec le céleste Père
auront leur compagnie,
- Porteront royale couronne de
grande seigneurie,
- Précieuse, et noble, et de
beauté remplie
- En joie et plaisir sera toute leur
vie.
- Car seront fils de Dieu,
père d'indulgence (d'humilité)
- Posséderont la gloire par
propre héritage,
- Seront anges glorieux, luisant en
clarté ;
- Par (pendant) tout temps seront
devant la sainte Trinité. Ainsi soit-il.
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